13.05.2025
Anne-Laure Navarro
Dans les années 1990 des personnes ayant envie d’agir face à la pénurie de logements sociaux ont réuni leurs capitaux et ont acheté un appartement sous la forme juridique d’une Société civile immobilière. Pour la constitution de cette structure et la location de ce logement elles ont fait appel à Un Toit Pour Tous. Accompagnées par l’association, vingt SCI « Ensemble offrir un toit » ont été créés avec l’objectif de confier ces logements à des familles en grande précarité.
Des gérants soutenus par Un Toit Pour Tous
Le fonctionnement de ces sociétés civiles repose sur l’engagement d’un(e) gérant(e) bénévole, épaulé(e) par un référent (lui aussi bénévole) — actuellement Philippe Bernadat — qui accompagne les gérants dans leurs démarches administratives, comptables et fiscales. La gestion locative et les relations avec les locataires sont assurées par Territoires, l’agence immobilière à vocation sociale d’Un Toit Pour Tous. En cas de besoin, cette dernière fait appel au gérant pour traiter les situations impliquant les propriétaires.
Une rencontre annuelle des SCI
Chaque année, en avril, les différentes SCI Ensemble offrir un toit se réunissent en assemblée générale. C’est ainsi que le 10 avril dernier, une quarantaine de personnes étaient réunies à Échirolles pour cette rencontre animée par Philippe, référent des SCI. Chaque gérant a présenté les comptes de sa SCI et évoqué les actualités concernant le logement loué et le fonctionnement de la société.
Des sociétés civiles à durée de vie limitée
Le principe est de confier ces logements à des familles en grande précarité financière avec un loyer très modéré. Pour compenser ce manque à gagner comparé à une location traditionnelle, une convention est signée avec l’Agence nationale pour l’habitat (ANAH) permettant d’appliquer des déductions fiscales conséquentes sur les loyers perçus. Cela nécessite de s’engager pour au moins six ans. Les durées de fonctionnement des SCI sont donc le plus souvent établies pour tenir compte de ce cadre, elles durent en général 12 ou 18 ans.
Des démarches complexes
Ce fonctionnement en SCI solidaire a permis d’impliquer des citoyens dans la lutte contre le mal logement par un acte concret financier. Soit la création de 21 SCI réunissant près de 200 associés. Néanmoins cela demande pour la création, la gestion et la dissolution que des personnes compétentes consacrent du temps pour toutes les démarches qui se sont fort complexifiées ces dernières années. Aujourd’hui, il reste une dizaine de SCI Ensemble offrir un toit en fonctionnement.
Une nouvelle opportunité : la coopérative foncière Un Toit Pour Tous Développement
Lorsque la SCI prend fin, l’appartement est vendu. Jusqu’à présent, toutes les SCI qui ont cessé leur activité ont vendu leur logement à Un Toit Pour Tous Développement à un prix sensiblement inférieur au marché car les sociétaires ont voulu que leur appartement continue à loger les plus démunis. L’autre solution possible, après qu’il soit mis fin au bail, est de vendre l’appartement sur le marché libre à un prix nettement supérieur. Dans tous les cas, il est proposé aux sociétaires, qui veulent continuer à placer leur argent sur du long terme pour agir en faveur du logement très social, de prendre des parts dans la coopérative foncière solidaire Un Toit pour Tous Développement. Son Président, Paul Coste, est venu présenter la coopérative et ses actions en cours aux membres des SCI.
Les SCI « Ensemble offrir un toit » ont été une belle solution pour aider au logement de personnes défavorisées. Mais la complexité administrative de leur gestion conduit Un Toit Pour Tous à orienter les apporteurs solidaires de capitaux à prendre des parts dans la coopérative foncière, en bénéficiant d’une réduction d’impôt. Un apport de 15K€ à 20K€ à la foncière permet d’acquérir et réhabiliter un logement alors qu’avec le système des SCI il fallait trouver suffisamment d’associés pour réunir au minimum 100K€.
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06.05.2025
Anne-Laure Navarro
Dans le rapport annuel 2025 de la Fondation pour le logement des défavorisées (ex-Fondation Abbé Pierre) : un long chapitre « Handicap et mal-logement : le parcours des combattants » est consacré aux difficultés de logements des personnes dont le handicap aggrave une situation de précarité marquée.
Parmi les sources d’information utilisées pour sa rédaction, trois importants documents ont été élaborés par l’Observatoire de l’hébergement et du logement d’Un Toit Pour Tous : « Handicap et privation de domicile personnel : les besoins des personnes et leur prise en compte » – « Logement social et handicap » – « L’habitat inclusif : une autre façon d’habiter en réponse à un besoin d’entre-deux » (1)
Ces trois Cahiers de l’Observatoire documentent longuement les problématiques du handicap face au logement telles qu’elles sont vécues par les personnes privées de domicile personnel et les organisations et dispositifs qui leurs viennent en aide.
Sont plus particulièrement détaillés les thèmes généraux du difficile accès aux soins et aux droits des personnes en perte d’autonomie (y compris celles affectées par le vieillissement) et les difficultés spécifiques au logement dans le parc social public. L’expérience d’habitats collectifs innovants existant ou en cours de mise en œuvre dans le département de l’Isère exposée en complément donne l’exemple de solutions positives.
L’exposé exhaustif de ce que contiennent ces études sort du cadre du présent article. En prendre connaissance est cependant d’un grand intérêt pour saisir l’ampleur considérable des défis auxquels sont confrontés les personnes souffrant de handicap pour leur logement.
En guise d’invitation à la lecture, nous avons extrait, pêlemêle, quelques courts passages ou citations.
« Handicap et privation de domicile personnel : les besoins des personnes et leur prise en compte »
Des informations de terrain
Aux informations recueillies « à la source » auprès de multiples organisations grenobloises s’ajoutent le résultat du questionnement plus organisé de trois dispositifs de la Plateforme Alliance à Lyon (2) et du Réseau des possibles à Grenoble (3).
Quelques extraits pour un aperçu de l’étendue de la question
« La rue abîme, et elle abîme fortement ». Totem (page 6)
Les personnes en situation de grande vulnérabilité vis-à-vis du logement sont davantage touchées par le handicap que le reste de la population (4). Pour elles le besoin d’adaptation des habitats aux spécificités des conditions de vie des publics marqués par un handicap ou une dépendance est encore plus primordial.
« Les personnes avec des troubles psychologiques, on les prend en charge tant bien que mal. »
De plus en plus, les accueils de jour doivent gérer des personnes en situation de fragilité psychique, de moins en moins bien accompagnées et suivies par ailleurs (5).
« L’inadaptation du système médico-social de droit commun »,
Les limites majeures de l’accès aux soins et aux droits pour les personnes handicapées : « un sous-dimensionnement, et le manque de coordination entre les acteurs sanitaires et sociaux » (6)
Des exigences administratives « coincent » des personnes dans des structures non adaptées à leurs besoins, (page18)
Le parcours d’hébergement et de logement des personnes cumulant situation de handicap et précarité est jonché de difficultés, (Dispositif Alliance – Lyon)
Quelle considération des situations de handicap dans le logement social ?
Cette étude fait état de l’expérience des multiples défis en matière de logement dans le parc social rencontrées par les publics aux conditions de vie aggravées par une grande variété de handicaps. Sont soigneusement documentés les difficultés et initiatives des multiples acteurs publics ou privés en charge de satisfaire au mieux les besoins et droits de ces publics.
Principales difficultés identifiées dans l’accès au logement adapté dans le parc social
- Absence de données fiables sur le nombre et les caractéristiques des logements accessibles ou adaptés existants.
- Manque de clarté terminologique, avec des définitions floues et non harmonisées entre « logement accessible », « adaptable », « évolutif » et « adapté ».
- Progression insuffisante de l’offre accessible, limitée essentiellement à la construction neuve.
- Réduction du champ du handicap aux seules personnes à mobilité réduite (PMR), au détriment d’une approche inclusive de toutes les formes de handicap.
- Surcoût des logements adaptés dans le neuf, représentant un frein supplémentaire pour les ménages concernés.
- Impossibilité ou refus d’adaptations, liés à des contraintes techniques ou à des arbitrages restrictifs opérés par les bailleurs.
- Parcours d’accès complexe et peu lisible, rendant difficile l’attribution effective de logements adaptés aux personnes en situation de handicap.
- Charge financière et mentale importante, supportée majoritairement par les personnes handicapées pour adapter leur logement.
Rappel fondamental : le handicap est permanent et impose des besoins quotidiens constants en matière d’habitat.
Logement inclusif : une autre façon d’habiter en réponse à un besoin d’entre-deux
Des solutions alternatives apparaissent
Les personnes en situation de handicap et/ou vieillissantes rencontrent fréquemment des difficultés d’accès à des solutions de logement adaptées à leurs besoins spécifiques. Les établissements ou services médico-sociaux, comme les Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) ou les foyers spécialisés restent majoritaires, mais ne répondent pas toujours aux aspirations des personnes concernées à vivre dans des environnements plus autonomes et inclusifs. Face à cette situation, des solutions alternatives, telles que l’habitat inclusif, émergent pour offrir un cadre de vie différent.
L’Observatoire s’appuie plus particulièrement sur deux réalisations de l’Isère : « Vivre aux Vignes » regroupant des personnes âgées depuis plusieurs années et « Le Bercail Paysan » qui abritera prochainement des adultes en situation de handicap.
Par ailleurs, l’habitat inclusif situé dans la plaine de la Bièvre et dont l’ouverture est prévue fin 2025 regroupera 8 colocataires en situation de handicap mental qui souhaitent vivre en milieu rural et bénéficier d’un accompagnement 24h/24.
Et pour aller plus loin
Nous vous invitons à prendre connaissance du rapport annuel 2025 « L’état du mal logement en France » de la Fondation pour le logement des défavorisés.
« Un profond retard à combler » : le titre de la conclusion du cahier consacré au handicap est avec la présentation de 8 préconisations concrètes à débattre une invitation sans équivoque à l’action.
- https://www.untoitpourtous.org/etudes-et-rapports/analyses-thematiques/
- L’objectif des partenaires du réseau lyonnais le Foyer Notre-Dame des sans-abri, France horizon – Réseau social Rue- Hôpital est de faciliter l’accès aux soins des personnes en situation de grande exclusion sociale sur la Métropole de Lyon
- Le Réseau des possibles au sein des CHRS Oiseau Bleu et Relais Ozanam a l’ambition d’assurer une offre de service élargie aux personnes en situation de vulnérabilité
- « 12-14 » d’Un Toit Pour Tous, mars 2024« De la rue au logement : quels enseignements retenir de l’expérience de Totem ?
- Enquête flash du printemps 2024
- Médecins du Monde, Observatoire de l’accès aux droits et aux soins dans les programmes de Médecins du Monde en France – Rapport 2021,
- 12-14 d’Un Toit Pour Tous d’octobre 2024
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29.04.2025
Anne-Laure Navarro
À l’heure où les inégalités sociales et les violences faites aux femmes occupent une place croissante dans le débat public, la question du mal-logement des femmes reste encore largement sous-estimée. Pourtant, les situations vécues par les femmes rendent leur accès au logement particulièrement complexe. En 2024, la Coordination des accueils de Jour, en partenariat avec l’Observatoire de l’hébergement et du logement d’Un Toit Pour Tous, a publié un bilan alarmant sur les conditions d’accueil et d’hébergement des femmes en grande précarité. À partir de ce document et en écho au cahier « Femmes et mal-logement » publié fin 2022, nous proposons ici un article actualisé de la situation.
Logement : entre violences et précarité structurelle
Le genre peut constituer un facteur aggravant dans les situations de mal-logement. Les parcours de femmes sont parfois marqués par des contextes de précarité économique, de violences ou de ruptures familiales, qui fragilisent l’accès et le maintien dans un logement stable. Prendre en compte ces dimensions permet de mieux adapter les réponses proposées.
D’après le Service intégré d’accueil et d’orientation (SIAO) 38, 25 % des femmes seules et 36 % des familles monoparentales ayant fait une demande d’hébergement d’insertion ont cité les violences comme motif, contre 1 % des hommes isolés. De plus, plus de 80 % des familles monoparentales en Isère sont composées de femmes seules avec enfants. Le recours au 115, surchargé, laisse souvent place à l’hébergement chez un tiers pouvant mener à d’autres formes d’exploitation (Cahier de l’Observatoire, n°2, 2022).
Hébergement : un modèle inadapté aux réalités féminines
Malgré leur nombre croissant, les femmes sont encore peu présentes et peu visibles dans les dispositifs d’hébergement. À Grenoble, elles ne représentent que 10 % du public dans les accueils de jour mixtes, alors qu’elles constituent 38 % des personnes sans domicile. Cette invisibilité s’explique par des stratégies d’évitement des espaces mixtes ou insécurisants, comme l’évitement des douches collectives ou des maraudes tardives.
Quelles réponses locales ?
En 2024, 12 accueils de jours répartis sur le territoire de l’Isère ont noté une augmentation générale de la fréquentation des accueils de jour. Certains accueils, comme Femmes-SDF, a vu son public – exclusivement féminin – triplé depuis 2021. Le Local des Femmes, créé à Grenoble en 2004, constitue une réponse locale exemplaire : un accueil de jour non-mixte pensé pour répondre aux besoins spécifiques des femmes (sécurité, anonymat, repos).
Vers une approche inclusive du mal-logement des femmes
Les difficultés d’accès au logement ne se limitent pas à des causes comme la précarité financière ou le manque de logements sociaux. Elles prennent des formes variées et spécifiques selon le parcours de vie des femmes, notamment celles qui sont migrantes, mères isolées ou en situation de prostitution. Parmi elles, les femmes exilées isolées apparaissent particulièrement vulnérables, à la croisée de plusieurs facteurs d’exclusion. Leurs conditions d’existence, marquées par l’errance, l’absence d’hébergement stable et la méconnaissance de leurs droits peuvent les exposer à des violences physiques, sexuelles ou domestiques.
Certaines situations demandent un accompagnement adapté. À Grenoble, par exemple, l’Amicale du Nid accompagne des femmes en situation ou en danger de prostitution, confrontées à des parcours de vie complexes, marquées par l’isolement ou l’insécurité.
Enfin, même si la politique du Logement d’abord constitue un socle essentiel, elle reste encore difficilement accessible pour de nombreuses femmes. En Isère, 90 % des personnes appelant le 115 ne sont pas éligibles au logement social, et parmi les femmes sans-abri, une majorité sont migrantes (SIAO, 2024).
Penser des réponses inclusives, c’est adapter les dispositifs de logement et d’insertion aux réalités diverses des femmes, pour mieux répondre aux besoins de chacune.
Pour aller plus loin :
- Cahiers de l’Observatoire – Cahier n°11, décembre 2022. « Les femmes face au mal-logement », Observatoire de l’Hébergement et du Logement en Isère.
- INSEE, 2012. « Les personnes sans domicile en 2012. Une population diverse, majoritairement masculine ».
- SIAO Isère, Rapport annuel 2023. « Les demandes d’hébergement et de logement adapté en Isère ».
- SIAO Isère, Enquête thématique 2024. « Femmes et sans-abrisme : quelles réalités ? ».
- Un Toit Pour Tous, Base Tous Parcs, octobre 2024.
- 12/14 UTPT – Maïwenn Abjean, intervention sur « Les femmes privées de domicile personnel », février 2024.
- Oxfam France, 28 février 2025. « Intersectionnalité : quand les discriminations s’entrecroisent ».
- Coordination des Accueils de Jours, Bilan 2024. « 10 ans après ! ».
- France terre d’asile. (2023). Exilées et isolées : une réalité ignorée.
L’article Les femmes face au mal-logement : une réalité invisible, des besoins spécifiques est apparu en premier sur Un Toit Pour Tous.
15.04.2025
Anne-Laure Navarro
Selon une étude de la Direction de recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DRESS), 7,6 millions de personnes en France, de plus de 15 ans sont en situation de handicap et vivent à domicile. 26% des personnes handicapées de 15 à 64 ans sont sous le seuil de pauvreté. 25% des plus de 60 ans sont en situation de handicap contre 8,7% pour les 15-59 ans.
Une plateforme pour une prise en compte spécifique
Pascal Bruneau est chargé de mission à la plateforme Vieillissement et Précarité (VIP). Celle-ci est un service du Relais Ozanam, membre du Groupement des Possibles.
Depuis dix ans, au sein des pensions de famille des relais Ozanam, on constate une évolution des besoins des personnes vieillissantes en grande précarité. Les problèmes concernent autant les personnes elles même que les accompagnants ou les structures.
Pour un accompagnement digne et adapté
Le vieillissement prématuré, dès 40-45 ans des personnes en précarité est peu pris en compte. Se pose d’abord le problème de l’acceptation par les personnes concernées de cette évolution de leur situation. Il faut ensuite qu’elles puissent accéder à des aides adéquates. Pour cela, il est nécessaire que les personnels des services sociaux et médicaux sociaux aient conscience des réalités spécifiques pour assurer un bon accompagnement.
La difficulté du maintien des liens avec les familles de cœur ou les familles de sang se pose pour toutes ces personnes vieillissantes en situation de handicap. Aborder la fin de vie et la mort avec ces dernières est compliqué.
Le rôle de la plateforme est d’inciter les professionnels et les structures intervenant auprès de ces personnes à prendre en compte ces spécificités sans les rejeter. Cela peut passer par une adaptation des locaux mais aussi des formations pour les personnels en charge des accompagnements de ce public.
Un réseau pour une meilleure prise en compte
Yanis Bediat et Léonore Boile sont ensuite intervenus pour le Réseau Santé et Précarité, émanation du Réseau Social Rue Hôpital. Ce dispositif rassemble de nombreux acteurs intervenants dans le secteur de la grande précarité sur la métropole de Lyon.
Il est important qu’il y ait un guichet unique qui permette de coordonner les parcours des personnes en grande précarité en situation de handicap afin qu’elles puissent être orientées soit vers des Lits haltes soins santé (LHSS), des Lits d’accueil médicalisés ou des appartements de coordination thérapeutiques. Chaque structure est adaptée à des réalités différentes en fonction de la situation des personnes (avec ou sans papiers, seules ou en couple etc.). Une formation et une coordination des personnels des différents services en contact avec ces personnes sont indispensables.
Pour aller plus loin sur le sujet de la difficile adaptation du logement pour les personnes en situation de handicap, l’Observatoire pour l’hébergement et le logement a rédigé des études pour la Fondation pour le logement des défavorisés :
Les-cahiers-de-lOHL_decembre-2024_Handicap-et-logement-social.pdf,
Les-cahiers-de-lOHL_decembre-2024_lhabitat-inclusif.pdf,
Les-cahiers-de-lOHL-decembre-2024_handicap-et-privation-de-domicile-personnel.pdf
L’article La prise en compte spécifique du vieillissement des personnes en grande précarité, un enseignement du dernier 12/14 est apparu en premier sur Un Toit Pour Tous.
15.04.2025
Anne-Laure Navarro
Philippe Tournier, anciennement artisan et gérant d’une entreprise de plomberie, chauffage et sanitaire, est bénévole et administrateur d’Un Toit Pour Tous. Il rencontre des salariés de l’association en réalisant des travaux de plomberie dans leurs appartements, motivé notamment par les perspectives d’engagement social. Il devient bénévole en 2021 à sa retraite et référant du GAST (Groupe d’appui aux services techniques).
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Philippe Tournier, j’ai 64 ans, et je suis bénévole depuis plusieurs années et référent du GAST (Groupe d’appui aux services techniques) depuis deux ans.
J’ai travaillé longtemps dans la tuyauterie, puis j’ai créé ma propre entreprise de plomberie, chauffage et sanitaire en 2003, avec une dizaine de salariés.
Depuis quand connaissez-vous l’action d’Un Toit Pour Tous ?
J’ai commencé à travailler avec Un Toit Pour Tous en 2004, en réalisant tous les travaux de plomberie, chauffage et sanitaire dans leurs appartements. Ce n’était pas juste un client pour moi : en tant que patron, je considère qu’on ne doit pas se limiter à faire de l’argent, mais aussi mettre ses compétences au service d’actions sociales. J’ai toujours essayé d’adapter mon travail aux contraintes budgétaires de l’association, tout en garantissant des logements de qualité aux locataires.
En 2021, à ma retraite, Claire, la salariée responsable de la maitrise d’œuvre m’a proposé de rejoindre le GAST.
Qu’est-ce qui vous a motivé à vous engager en tant que bénévole ?
Quand j’ai intégré le GAST, c’était une manière de continuer ce que je faisais déjà dans mon travail : mettre mes compétences au service des projets de l’association. J’ai toujours eu des relations avec des architectes, maîtres d’ouvrage et artisans, et c’est exactement ce qui fait aussi le quotidien du GAST.
Puis le président de la coopérative foncière m’a proposé d’intégrer le conseil d’administration. J’ai pris mon temps avant d’accepter, parce que c’est une autre manière d’aborder Un Toit Pour Tous. Je suis davantage dans le concret, la réalisation, et le CA implique une vision plus globale. Mais c’est aussi l’opportunité de donner un autre regard, d’apporter de nouvelles idées, et de participer aux décisions stratégiques.
Sur quelles actions êtes-vous impliqué ?
Je suis référent du GAST. Dernièrement, le fonctionnement du groupe a évolué, avec une nouvelle organisation en lien avec les salariés, la direction et la présidente de l’association. Nous n’avons pas toujours les mêmes points de vue, et c’est aussi pour représenter le GAST que j’ai accepté d’intégrer le conseil d’administration.
Comment envisagez-vous votre rôle en tant qu’administrateur de l’association ?
Mon parcours me permet d’apporter une approche plus pratique et terrain. Je ne suis pas là pour être en contradiction, mais pour ouvrir le débat et faire entendre d’autres perspectives, notamment plus techniques.
Quels sont, selon vous, les enjeux prioritaires pour Un Toit Pour Tous dans les années à venir ?
La situation politique en France suscite des inquiétudes, notamment en ce qui concerne les politiques du logement et l’impact sur le travail des associations. Un Toit Pour Tous s’engage depuis toujours à défendre l’accès au logement pour tous, indépendamment des évolutions politiques. De mon côté, mon engagement en tant que bénévole repose sur des valeurs fortes que je continue à porter, car je suis convaincu que notre action est essentielle pour accompagner ceux qui en ont besoin. J’ai commencé à évoquer cette question en conseil d’administration, c’est un sujet central pour une association à vocation sociale.
Quelles sont vos relations avec les autres bénévoles et les salariés de l’association ?
Les relations avec les bénévoles sont simples et sincères. On se retrouve régulièrement, une fois par mois, et entre-temps, on est souvent en contact pour les visites de chantiers, les restitutions d’appartements, les diagnostics avant travaux, etc.
Avec les salariés, les relations sont bonnes. Je vois souvent Claire, la salariée responsable de la maitrise d’œuvre, avec qui j’ai une relation de longue date et avec qui je partage une manière similaire de travailler.
Y a-t-il un moment fort à Un Toit Pour Tous qui vous a particulièrement marqué ?
En 20 ans d’engagement, ce qui me marque le plus, c’est ma rencontre avec Claire. C’était sur mon premier chantier avec Un Toit Pour Tous : elle nous avait reçus pour chiffrer des appartements. Je l’ai tout de suite trouvée engagée et déterminée. Pour moi, elle est une personne clé pour Un Toit Pour Tous.
Quel événement ou action de l’association vous semble particulièrement emblématique de son engagement ?
C’est un ensemble de choses. Les Rencontres d’UTPT sont bien sûr un moment fort. Mais j’apprécie aussi les visites de chantier avec les salariés et les autres bénévoles. On est sur la même longueur d’ondes, et ces échanges sont très enrichissants.
Un dernier mot pour conclure ?
Ce que la vie t’a donné, il faut que tu le rendes. C’est comme ça que l’on avancera !
L’article De l’artisan engagé à la gouvernance de l’association : parcours d’un bénévole est apparu en premier sur Un Toit Pour Tous.
11.04.2025
Anne-Laure Navarro
Mardi 1er avril à 17 h, allée des Maires à Voreppe, Un Toit Pour Tous a convié les collectivités et ses différents partenaires à l’inauguration de cinq logements, résultat d’une collaboration longue et performante pour le logement de familles très défavorisées.
Au départ, il y avait deux maisons proches, dans un état délabré, abritant chacune une famille. Elles étaient en vente. La commune de Voreppe a proposé à l’Etablissement public foncier local d’acquérir ces habitations. Celles-ci ont ensuite été cédées à la Communauté de commune du Pays Voironnais.
La volonté de l’ancienne municipalité était d’utiliser ces bâtisses pour en faire des logements pour les familles défavorisées. C’est pourquoi il a été fait appel à l’association Un Toit pour Tous et sa coopérative foncière Un Toit pour Tous Développement. Le résultat, ce sont cinq logements dans un quartier résidentiel avec de magnifiques vues, de belles pièces de vie, des cuisines équipées, avec des commerces et des transports en commun à proximité. Dans quelques semaines des familles (une commission pilotée par le Pays Voironnais se charge de proposer des candidats par ordre de priorité) pourront venir vivre dans ces beaux cadres de vie.
Réhabiliter sans démolir
Comme l’a rappelé Monsieur Maire, Luc Rémond, ce n’a pas été un fleuve tranquille. Mais grâce à cette opération, des familles parmi les plus fragiles vont construire un nouvel avenir. Ces réalisations représentent la force d’un partenariat. Il a rappelé que selon Victor Hugo : « Le premier des droits de l’homme c’est la liberté. Le premier des besoins de l’homme c’est d’avoir un toit »
Pour le président du Pays Voironnais, Monsieur Bruno Cattin, la réhabilitation de ces deux maisons pour en faire cinq logements répond aux trois grands enjeux de centralité, sobriété et solidarité. La nécessité de préserver les espaces agricoles et naturels entraine l’obligation de mobiliser les logements vacants en ville. Ces réalisations en sont l’illustration. Le coût du logement ayant fortement augmenté ces dernières années il est important de pouvoir proposer des logements aux familles les plus précaires. Il a rappelé la devise d’un Toit Pour Tous « S’approprier son espace de vie est un droit humain fondamental.»
Madame Anne Gérin, conseillère départementale, rappelle que le logement ne fait pas partie des missions obligatoires du département. Mais celui-ci a choisi de soutenir ce projet et continuera à apporter son appui à d’autres démarches similaires.
Pour Monsieur Christophe Ferraris, député suppléant de Sandrine Nosbé, s’abriter, avoir un toit sur la tête est un droit humain fondamental conditionnel à une vie saine. Pour les gouvernements successifs le logement n’est pas une priorité. Madame la Députée a proposé que la Constitution reconnaisse le Droit au logement.
De nombreux partenariats indispensables
Michelle Daran, présidente d’un Toit Pour Tous a remercié tous les partenaires qui ont permis à l’association de réaliser cette opération. C’est la volonté de la commune qui déclenche cette opération mais il faut aussi compter sur le soutien important du Pays Voironnais en particulier grâce à l’engagement de sa vice-présidente, Alyne Motte. Michelle Daran souligne également le soutien du département de l’Isère et des mécènes, le Crédit agricole et la Fondation Saint Gobain, et aussi les appuis de la Fondation pour le Logement des Plus Défavorisés et de l’associé principal de la coopérative, Pluralis. Elle remercie tous les professionnels techniques, les bénévoles d’un Toit Pour Tous ainsi que les entreprises qui ont participé à cette opération.
Grâce à ces aides, la coopérative Un Toit pour Tous Développement peut réaliser des logements très sociaux dans des secteurs très diffus par le biais d’un bail à réhabilitation. Ensuite Un Toit Pour Tous interviendra pour accompagner les familles proposées et favoriser ainsi leur insertion.
Un financement solide et citoyen pour une rénovation ambitieuse
Paul Coste, président d’un Toit Pour Tous Développement, a indiqué que le coût de cette opération s’est monté à 954 000 euros qui comprend pour l’essentiel des travaux de réhabilitation. Un peu plus de la moitié des financements est assurée par des emprunts auprès de la Caisse des dépôts, un tiers par des subventions et le reste par des fonds propres de la coopérative foncière solidaire. Le président de cette dernière a rappelé que le financement de la coopérative s’appuie non seulement sur Pluralis mais aussi depuis deux ans sur des particuliers qui choisissent d’y placer leur argent. Il a invité chacun à faire connaitre ce type de placements en faveur du logement très social. Enfin, il a signalé que par cette opération le classement énergétique de ces maisons est passé de E à B ou C.
Cette opération montre que, pour un Toit Pour Tous, proposer des logements très sociaux ne se limite pas à prendre en charge des appartements dans des immeubles. Grâce aux aides de l’État et autres partenariats comme Action logement, il est possible de réhabiliter des anciens bâtiments dans des communes en manque de logement social et disposant de services (transports, commerces etc.) à proximité.
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