Revue hebdomadaire du web par Khrys
Publié le 30.03.2023 à 09:30
La translittératie numérique, objet de la médiation numérique (première partie)
Cette semaine, le collectif « Lost in médiation » vous invite à découvrir la première partie d’un article de Corine Escobar, Nadia Oulahbib et Amélie Turet dans lequel elles nous partagent leur analyse d’une expérimentation qu’elles ont menée lors d’une recherche-action. Bonne lecture !
La translittératie numérique, objet de la médiation numérique. Analyse d’une expérimentation : remobilisation scolaire et articulation de médiations.
L’expérimentation choisie pour illustrer la translittératie numérique s’appuie sur la pédagogie du détour pour relancer des dynamiques éducatives, culturelles, et socio-économiques d’apprentissage au profit de la remobilisation scolaire. La démarche de recherche action s’ancre sur un territoire pour lequel, elle a su rendre visible des questions d’apprentissage avec une population cible permettant des interventions de médiation mobilisatrices transdisciplinaires. Elle se fonde sur le principe de la continuité éducative et pédagogique grâce à l’utilisation d’une articulation de différents socles de médiations1. Elle se déploie en s’étayant par l’utilisation des connaissances des phénomènes de translittératie numérique.
Les résultats de cette expérimentation vont éclairer la question initiale : « La médiation numérique est-elle soluble dans la médiation sociale ? ». L’objet de cet article est d’apporter, avec l’analyse de cette expérimentation, des éléments de réflexion qui montrent les complexités des articulations entre médiations à l’œuvre et gestion des risques inhérents à leurs dynamiques : la fusion de médiations d’ordres différents (juridique, culturelle, …) peut effectivement être porteuse d’une altération profonde d’une médiation par rapport à l’autre. L’expérimentation montre par exemple, qu’un seul médiateur porteur de plusieurs médiations, se perd dans ses différents rôles et logiques d’action, ce qui peut dégrader une synergie opérante et pertinente.
Pour découvrir les altérations citées plus haut sur la médiation numérique, l’expérimentation montrera que la fusion entre médiation sociale et médiation numérique relève souvent de problématiques circonstanciées de régulations. Pendant l’expérimentation, par exemple, l’usage des tablettes à vocation de continuité pédagogique ont immédiatement donné lieu à une régulation des usages par les médiateurs : des consignes d’utilisation suivis de « rappels à l’ordre » sur les sites WEB autorisés ou non à la consultation et sur les moments dédiés à l’utilisation à titre de récompense ou pour la réalisation d’exercices pédagogiques.
Pour approfondir l’explicitation de cette question des altérations de médiations, il convient de définir précisément les objets de la médiation sociale et de la médiation numérique en partant de la translittératie numérique et de son lien avec la médiation numérique.
Première partie : Observations d’émergences, de coexistences et d’hybridations de médiations
1.1. La translittératie numérique, objet de la médiation numérique
L’usage du numérique marque aujourd’hui l’ensemble des activités humaines. Par analogie avec l’homo faber ou l’homo economicus, concepts théoriques utilisés pour montrer respectivement l’homme aux prises avec la fabrication, puis avec l’économie, l’homo numericus (Compiègne, 20102) désigne l’homme aux prises avec son environnement numérique (Doueihi, 20133). Par opposition avec l’environnement pré-numérique, dans l’environnement numérique, toute information se présente sous forme de nombre, qu’elle ait été numérisée ou directement créée grâce à des outils informatiques. L’enjeu de la translittératie numérique est l’éducation à l’autonomie dans cette nouvelle ère communicationnelle : « La translittératie définie comme la convergence de l’éducation aux médias, de l’éducation à l’information et de l’informatique rend possible l’autonomisation. » (Frau-Meigs, 20194).
La translittératie se définit comme le « passage d’un système d’écriture à un autre » (Frau-Meigs, 2012). Elle désigne une double capacité : celle de savoir maîtriser l’architecture du multimédia qui englobe les compétences de lecture, d’écriture et de calcul avec tous les outils disponibles (du papier à l’image, du livre au wiki) ; et celle de naviguer dans de multiples domaines, et ainsi de se permettre de rechercher, d’évaluer, de tester, de valider et de modifier l’information en fonction de ses contextes d’utilisation (code, actualités, sources documentaires) et d’usages5. Elle fait également référence aux modes de transfert de compétences numériques d’un univers culturel et cognitif à un autre (ANR Translit, 2017).
Avec la translittératie numérique, la médiation numérique s’invite et ainsi relève des humanités numériques : « les modèles scientifiques sont en train de donner une nouvelle forme à la « créativité » à travers le Web, combinant « médiation » et « médiatisation » afin de construire un répertoire des « e-strategies » en « humanités créatives » (Frau-Meigs, 2019). Elle a pour objet d’expliciter et d’accompagner pour favoriser la prise d’autonomie et ainsi le pouvoir d’agir par une maîtrise critique de l’environnement numérique. Elle nécessite pour exercer cette éducation, formation et transformation des représentations et des apports des autres médiations qui œuvrent au même moment parfois, sur d’autres besoins de maîtrise et d’émancipation de l’apprenant : « Ce renouvellement des études créatives modifie les Humanités classiques en les invitant à une forme de coopération interdisciplinaire. » (Frau-Meigs, 2019). La modélisation des processus d’apprentissage par la translittératie ne suffit pas sans une compréhension des interrelations entre la médiation numérique et la médiation pédagogique : « Ce projet rend possible de nouveaux modes cognitifs d’apprentissage partagés, centrés sur l’apprenant, libérés de l’aspect technologique dans la perspective d’une alliance SMILE (Synergies for Media and Information Littératies) » (Frau-Meigs, 2019).
1.1.1 L’expérimentation : les ateliers de remobilisation scolaire
L’expérimentation construite en 3 phases s’appuie sur des observations de terrain liées à un groupe de 70 enfants de 6 à 15 ans et leurs familles, accompagnés par 7 étudiants, 6 médiateurs, 4 enseignants, 4 chefs d’entreprise, des partenaires culturels et psycho-sociaux, 1 responsable de projet, sur le sujet de la remobilisation scolaire des enfants.
Les 3 phases sont :
- phase 1 : ateliers de remobilisation de compétences,
- phase 2 : ateliers de mobilisation de nouvelles connaissances culturelles, numériques, scientifiques et de mobilité,
- phase 3 : ateliers de fabrication du jeu vidéo
L’expérimentation a produit à travers ces trois phases des données qualitatives et quantitatives qui ont permis une analyse d’émergences, de coexistences et d’hybridations de médiations. L’observation in situ a eu lieu pendant 11 mois.
La première phase nommée « ateliers de remobilisation de compétences » met en situation des enfants et des pré-adolescents de 6 à 15 ans non scolarisés ou peu scolarisés, et des médiateurs pédagogiques pendant 2 mois au sein d’une association socio-culturelle implantée depuis plusieurs années dans un quartier. Cette association de quartier est associée à ce travail de remobilisation car elle a un savoir-faire d’activités musicales auprès des enfants. Cette association a la confiance des familles du quartier : les familles ne confient pas leurs enfants à l’école, mais les confient à cette association même pour des déplacements éloignés pour des concerts et des journées éducatives.
Six étudiantes en sciences de l’éducation et une étudiante en FLE (français langues étrangères) ont été mobilisées pour y effectuer respectivement leur stage de 180 heures et de 300 heures. L’objectif de ces ateliers était de commencer l’apprentissage de base des fondamentaux (lire, écrire, compter), d’évaluer le niveau d’apprentissage scolaire des enfants, de transmettre des connaissances aux enfants par le biais d’activités ludiques afin de mieux repérer leurs difficultés et réussites. Il s’agissait également de tester des méthodes d’apprentissage adaptées pour identifier les apports possibles de recours à des dispositifs numériques socio-culturels (tablettes, jeux multimédia). Chaque étudiante a développé un atelier avec les enfants présents dont les objectifs et intitulés étaient littéralement les suivants :
- Atelier 1 : « Situer des repères géographiques et identifier les noms des rues au sein du quartier avec Google Maps, Mixmo »,
- Atelier 2 : « le train des mots » : jeu avec des syllabes pour ceux qui savent lire,
- Atelier 3 : « Représenter son quartier et le situer dans la ville, en France et en Europe en lien avec l’actualité sportive »,
- Atelier 4 : « Animaux connus, animaux de la ferme, animaux marins : chaîne alimentaire et milieux de vie ». Supports : écriture, lecture sur feuille et sur tablette numérique, dessin sur un livre imagé,
- Atelier 5 : « Fresque : réaliser une fresque sur panneau » à partir des expériences des enfants : sortie à l’aquarium, repères familiaux. » Supports : peinture, photomontages, écriture de mots, lecture, analyse spatiale (noms de rue).
- Atelier 6 : Exploration numérique de documents authentiques sur Excel avec les encadrants : formulaires administratifs de la vie courante (CV, permis de conduire, constat d’accident routier…)
- Atelier 7 : Exercices d’entraînements au français / langues étrangères
Ces ateliers ont facilité et permis l’implication des familles qui ont contribué à leur élaboration (accès à leur domicile pour les photos) puis sont venues aux restitutions organisées en fin de première session expérimentale.
Une deuxième phase « les ateliers de mobilisation de nouvelles connaissances culturelles et scientifiques » a été mise en œuvre par les mêmes intervenants, exceptées les 6 stagiaires futures professeures des écoles : notamment l’étudiante en FLE, et la médiatrice artistique. Sont alors nouvellement mobilisés cinq enseignants de l’école du secteur, une association de médiation sur la vulgarisation scientifique par le jeu théâtral, deux animateurs d’Escape Game et deux psychologues :
- Atelier 8 : Capsules vidéo en QR codes disséminées dans le quartier : vulgarisation scientifique sous forme de chasse aux trésors et déambulation. Les enfants ont été très participatifs sur des contenus scientifiques d’accès difficile car la forme était très attractive et inhabituelle.
- Atelier 9 : Compréhension du vocabulaire des chansons de la chorale de l’association : hymne européen, chanson sur les addictions (réseaux sociaux, alcool, drogues), et sur le quartier.
- Atelier 10 : Reportage photos par les enfants dans les maisons des familles et exposition au festival international de photographies.
- Atelier 11 : Escape Game avec des casques de réalité virtuelle avec accompagnement par des psychologues spécialisés sur l’accès aux droits et à la santé : les enfants ont été très performants et solidaires.
- Atelier 12 : Déplacement en soirée des enfants à l’école du secteur en mini bus pour travailler sur des activités scolaires classiques par petits groupes (2 à 4 enfants) avec les professeurs des écoles de l’école du secteur.
Les observations récoltées par les médiateurs, incluant les psychologues dans la phase 2, lors de ces ateliers non obligatoires dans l’expérimentation, ont été par exemple les suivants.
L’intérêt des enfants envers ces ateliers a été mesuré par :
- leur fréquentation aux ateliers : elle a augmenté au cours du temps : 30 enfants présents au début et 47 à la fin
- leurs réalisations concrètes pendant les ateliers
- leur temps de concentration a augmenté au fur et à mesure de leur niveau d’apprentissage et donc de réalisation
En 2 mois, les étudiantes ont vu des améliorations sur les connaissances des enfants qui sont venus régulièrement aux ateliers. Quelques retours à l’école notables mais non explicitement corrélés ont été comptabilisés : 4 sont retournés à l’école après le premier mois d’ateliers.
La démarche a été bien accueillie et identifiée dans le quartier :
- les ateliers ont permis de créer un premier travail collaboratif avec les familles : elles sont venues à l’association pour assister à la restitution des premiers ateliers et sont devenues force de proposition pour la suite des activités, notamment numériques.
- Les parents commencent à se confier sur les raisons du décrochage de leurs enfants notamment au collège : « se retrouver seul en classe est difficile, anxiogène ».
Les types de données recueillies ont été des photos et des vidéos des ateliers avec les enfants à l’œuvre, des verbatims des parties prenantes (enfants et adultes référents : professionnels, bénévoles), des relevés statistiques des présences aux ateliers et à l’école, les mémoires des 6 stagiaires professeurs des écoles, le mémoire de l’étudiante en FLE, les travaux d’analyse et d’orientation des consultants extérieurs qui ont accompagné l’expérimentation sur un mode startup de mai à juillet 2022.
Lors de la phase 3, « Co-création d’un jeu vidéo ludo-éducatif », ces données ont fait l’objet d’une première analyse entre les médiateurs et les chefs d’entreprise (création de jeu de plateau, design, évènementiel), l’objectif de la phase 3 étant d’inciter et de motiver l’enfant à aller à l’école en créant un scénario suffisamment efficace pour intéresser le triptyque (enfant, parents, école) avec un support numérique accessible.
1.1.2. L’expérimentation : la translittératie numérique à l’œuvre entre médiations
L’expérimentation est un exemple concret de translittératie numérique dans un cadre transculturel d’intervention sociale : des enfants et des adolescents en absentéisme scolaire issus d’un quartier. Cet exemple porte pour partie sur la remédiation du passage vers l’école dans une démarche d’aller vers, par la mobilisation de compétences et de modes d’apprentissages numériques. La stratégie de remédiation propose des trajectoires expérimentales innovantes qui articulent différentes natures de médiation dont la médiation sociale et la médiation numérique. Il s’agit concrètement d’identifier et d’expérimenter de nouveaux leviers de remobilisation scolaire pour ces jeunes.
Lors de l’expérimentation, ont été observés et analysés plusieurs types de transferts de compétences numériques et analogiques vers l’école et les jeux ludo-éducatifs numériques :
- les compétences de socialisation et de créativité développées dans la famille et son écosystème,
- les compétences artistiques et de socialisation développées dans l’espace socioculturel associatif,
- les compétences de manipulation des smartphones, tablettes, navigateurs WEB et applications ludiques et médiatiques (voir tableau ci-dessous) des jeunes entre pairs,
- les compétences de calcul, expression, stratégies sur les temps de jeux ludo-éducatifs physiques proposés par les différents profils de médiateurs (enseignants, artistes, étudiants, services civiques, adulte relais, psychologue, intervenante numérique, vidéaste…),
- les compétences inter-relationnelles entre les enfants, pendant leurs jeux traditionnels en présentiel (copains, rue, fratries) et en ligne avec les jeux multi-joueurs sur le WEB…
L’observation des pratiques numériques de ces jeunes a eu lieu pendant et entre les ateliers. Elle a permis l’analyse de leurs évolutions à partir de ces différents espaces de socialisation, de formation, et d’acquisition de compétences en savoirs, en savoir-faire et en savoir-être. Des tableaux de compétences en lien avec les référentiels de compétences scolaires ont été renseignés par les sept étudiantes stagiaires. Les pratiques numériques observées chez les 70 enfants participant à l’expérimentation montrent les fréquences d’usage suivantes :
Les réseaux sociaux et les jeux privilégiés sont ceux qui font le moins appel à l’écrit mais le plus appel à l’image fixe et animée. Le schéma ci-dessous montre les institutions dans lesquelles évoluent les 70 enfants pendant l’expérimentation ainsi que les différents types de médiations dont ils sont l’objet.

Compositions structurelles des différentes médiations co-existantes auprès des enfants :médiateurs et outils mobilisés pendant l’expérimentation
Ces compositions structurelles (structures publiques et groupes sociaux) des différentes médiations et outils mobilisés sont autant de repères d’influence pour les enfants. Elles permettent de rendre intelligibles les liens entre les 5 espaces de socialisation et d’apprentissages des enfants. Le 6ème espace, numérique, existe de manière transversale dans les « médiations par l’outil » qui instituent des logiques d’action comme le jeu vidéo qui véhicule les valeurs, les principes et les modes de fonctionnement de ses constructeurs. Les contextes institutionnels d’usage des outils socio-techniques, comme l’école ou l’association de quartier, influent sur les modes d’utilisations : temporalités, interdits de contenus ou de formes d’utilisation (comportements appropriés).
La translittératie numérique désigne ici le transfert de compétences numériques par les enfants d’un espace à l’autre. La médiation numérique explicite et accompagne ces processus de transfert pour permettre aux enfants d’en prendre conscience et de s’autonomiser dans leurs usages. Par exemple, lors de l’atelier « Escape Game » : confrontation à un univers numérique où la place de l’écrit est déterminante pour avancer : le besoin d’un facilitateur est formulé par l’enfant. La réponse du médiateur s’inscrira dans sa logique de médiation d’appartenance : pour à la fois répondre à la demande immédiate de l’enfant et embarquer son expérience dans une réflexion pour un agir en devenir.
1.2. La distinction entre logiques de Médiations et stratégies de médiateurs
Pour comprendre la distinction entre les logiques de médiations, il convient d’analyser les évolutions des objets des médiations dans la sphère des politiques publiques et des activités libres. L’observation des tensions et des controverses sur les pratiques et les attendus permet d’inventorier les distorsions entre les logiques professionnelles des médiateurs et les logiques politiques des médiations.
Les différentes stratégies des médiateurs mises en œuvre pour « faire » et « réaliser » (Clot, 20106), relèvent effectivement de leurs référentiels métiers : « Les différentes théorisations de la médiation nous engagent … à considérer les relations entre individualités, représentations et sociabilités. » (Gadras, 20107). La spécification des champs d’intervention des médiateurs, dans un cadre de dispositif public, définit de fait la nature de leur activité et par conséquent leurs conditions d’emploi et d’exercice économique et administratif (statuts, rémunérations, profils de poste), professionnel (métiers, compétences, modalités possibles d’exercice pédagogique, offres de formations).
1.2.1. Le métier de médiateur numérique : une histoire de dispositifs publics à caractère social
La question La médiation numérique est-elle soluble dans la médiation sociale ? interroge la formation et la qualification des métiers de la médiation numérique mobilisés sur la translittératie numérique.
La qualification et la formation de tout médiateur dépend de son cœur de métier et de son statut qui résulte lui-même des dispositifs publics ou privés en cours. Ces dispositifs sont la concrétisation de perceptions politiques structurelles et conjoncturelles pour résoudre des urgences et des problèmes fluctuants selon les actualités socio-politiques. Dans les années 2000, l’urgence était la lutte contre le chômage et la mise à niveau des demandeurs d’emploi à grand renfort de production de « CV / lettre de motivation ». Dans les années 2010, il est attendu de tous les demandeurs d’emploi, la maîtrise du socle de compétences numériques de base8 énoncé par la DGEFP (Direction Générale de l’Emploi et de la Formation Professionnelle) . Dans les années 2015, le développement de l’e-administration impose aux médiateurs numériques de former l’ensemble de la population à la maîtrise des formulaires administratifs en ligne. En 2020, le développement de l’e-commerce (« Clic and Collect ») et de « Stop Covid » fait que l’ANCT (Agence nationale de la Cohésion des Territoires) fournit un numéro vert d’assistance téléphonique en médiation numérique ouvert à tous, puis transforme les Maisons de Services Au Public (MSAP) en Maisons France Services (MFS).
L’accompagnement et la formation au numérique de la population non éligible à la formation professionnelle au numérique initialement prises en charge par les médiateurs numériques s’étend dès lors à l’ensemble des travailleurs sociaux.
1.2.2. Illectronisme : des besoins de médiations sociales et numériques
La médiation numérique est une figure centrale des démarches de lutte contre l’illectronisme au même titre que la médiation sociale l’est dans la lutte contre l’illettrisme ainsi que la médiation culturelle l’est depuis quelques années dans le domaine des Arts et des Cultures. Ces types de médiations ne relèvent pas de la stricte acception juridique de la médiation au sens de négociation. Ces médiations renvoient néanmoins à une forme de négociation avec soi-même : entrer dans un processus de transformation de soi (compréhension, regard, point de vue, …) soutenu ou non (autodidactes) par des tiers (humains ou outils). La médiation sociale et la médiation culturelle sont également convoquées depuis l’origine du développement des outils numériques en soutien aux populations nécessitant une assistance particulière pour leur inclusion numérique. Il s’agit là de soutiens à visée de compensation de difficultés de santé et de nature sociale (socio-économique) ou culturelle : éducative et socioculturelle (déficits de culture administrative, culture documentaire, illettrisme, codes conversationnels, …).
Concernant le processus de la translittératie numérique et le domaine de la lutte contre l’illectronisme, la théorie des champs éclaire ce qui se noue sur ce sujet de l’autonomisation progressive de domaines d’activité (Bourdieu, 20229). La translittératie numérique se trouve à la croisée de plusieurs champs de médiations, dès lors répondre à la question initiale de fusion de la médiation numérique dans la médiation sociale nécessite de répondre à des questions intermédiaires et situées. Par exemple, celle posée par notre terrain d’expérimentation, serait : la médiation numérique et la médiation sociale sont-elles réductibles l’une à l’autre quand il s’agit d’une logique d’inclusion socio-numérique s’inscrivant dans une dynamique d’égalité des chances ? Cet exemple de problématique nécessite même d’inclure deux autres points de vue : celui de la formation initiale normée par l’Éducation Nationale et celui pluriel de l’éducation populaire, toutes deux génératrices de médiations et de médiateurs spécifiques.
Le capital culturel mobilisable de chacun est inégal pour appréhender l’innovation permanente du secteur du numérique. Dans une société numérique, la maîtrise de l’environnement socio-numérique et des logiques générales de l’innovation sont des prérequis technologiques et socio-économiques incontournables pour faire face à l’incertitude du changement permanent. La société numérique a fait émerger une nouvelle capacité à acquérir, le « Savoir Devenir » : la maîtrise du numérique est un des leviers de l’émancipation sociale (Frau Meigs, 2019). De nature environnementale, cette maîtrise nécessite un corpus de compétences socio-techniques et socio-culturelles : elle s’inscrit dans le phénomène de l’« habitus » (Bourdieu, 197210).
1.2.3. Fractures numériques économiques et culturelles : médier la translittératie numérique
Des fractures numériques économiques et matérielles aux fractures numériques ergonomiques et culturelles, la médiation numérique est-elle par nature socio-économique ou universelle ? En 2013, le rapport du Conseil National du Numérique sur la littératie numérique (CnNum, 201311) a documenté, à la demande de l’État, l’étendue de l’illectronisme dans la population générale française face à une innovation numérique renouvelée et sans cesse en accélération. Ce rapport faisait suite à de nombreux travaux universitaires déjà existants sur le sujet (Turet, 201812). La question de la nature socio-professionnelle, culturelle, et générationnelle des fractures numériques est ajoutée officiellement aux analyses antérieures.
L’illectronisme doit alors être combattu par des améliorations ergonomiques réalisées par les producteurs de matériels, de logiciels et de services en ligne. De nouvelles pratiques de production dites de développement en mode agile centrées sur l’expérience des utilisateurs (« UX ») sont déployées. L’État encourage via des dispositifs publics une dématérialisation qui passe par un intérêt pensé comme commun, allant de la simplification à la protection des usagers.
L’actualisation renouvelée du Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité (RGAA) pour les personnes en situation de handicap fait partie de cet arsenal. Le Règlement Général de la Protection des Données (RGPD) éduque la population et fournit des outils de protection des données personnelles. Le lancement du dispositif Démarches simplifiées de l’Observatoire des services en ligne de l’administration et de l’outil « Vox Usagers »13 soutiennent un accès facilité à une e-administration ouverte sur les smartphones. Mais toutes ces approches visant la simplification de l’utilisation procédurale des outils ne parviennent pas à compenser un illectronisme socio-culturel rendu encore plus visible par la pandémie. La nécessité d’autonomie numérique non seulement opératoire mais aussi stratège, en situation de confinement (télétravail, e.commerce, e.administration, associative…) est, depuis mars 2020, devenue indispensable tant le numérique a été placé au centre du fonctionnement socio-économique et culturel de la France.
Dès le premier confinement, l’État est contraint de lancer deux dispositifs d’urgence : une assistance téléphonique14 soutenue par le secteur de la médiation numérique (le 2 avril 2020) et la mise à disposition des collectivités territoriales d’une nouvelle cohorte de médiateurs numériques : les conseillers numériques France services (CNFS). Ceux-ci sont les derniers nés d’une longue liste de médiateurs numériques subventionnés – Cf. emplois aidés : « emplois jeunes » en 2000, « emplois d’avenirs numériques » en 2012 (Oulahbib, Turet, 201715), « services civiques numériques » (2014). Ces dispositifs d’urgence visent prioritairement des bénéficiaires dans l’incapacité d’accéder aux services publics dématérialisés pour des raisons multiples qui relèvent de situations de handicap de différentes natures face au numérique : physiologiques, cognitifs, culturels, économiques, psychologiques.
1.2.4. Médiation numérique et continuité éducative pendant les confinements
Durant cette même période, l’Éducation Nationale, pour assurer la continuité de son service public a dû recourir aux outils numériques. Cet impératif lié à une situation extraordinaire a mis en exergue une fracture numérique des élèves et d’une partie des enseignants démultipliée par des conditions familiales d’accompagnement très diverses, jusqu’à ne pas permettre la continuité pédagogique pour les enfants (Escobar, 200716).
Pendant le confinement, la continuité éducative a été interrompue notamment faute d’équipement informatique des élèves. Cette période a cristallisé la déscolarisation des enfants qui étaient dans ce parcours, et d’autres issus de certaines cartographies urbaines, comme les enfants issus de quartiers pouvant être déjà déscolarisés à 70 % avant le confinement. La majorité des enfants issus de ces quartiers ne fréquente pas ou très peu les établissements scolaires de proximité au contraire des structures socio-culturelles.
Dans le cas de notre expérimentation, les enfants du quartier sont en contact avec le numérique via des pratiques diffusées par leur écosystème : pairs, familles et modélisations quotidiennes proposées par différents canaux. L’usage des smartphones est répandu mais ils n’émargent pas aux dispositifs publics dont ils ne sont pas des cibles identifiées et souvent éloignées. Ils ont découvert pendant l’expérimentation les tablettes diffusées dans les écoles au titre de la continuité pédagogique pendant le confinement par une fédération d’éducation populaire venue en soutien.
La conduite de l’expérimentation a montré l’émergence de discontinuités voire de conflits de logiques et de champs d’actions entre les médiations et les médiateurs. La deuxième partie de l’expérimentation vise à articuler les interventions entre les médiations et les médiateurs pour identifier des aménagements plus fluides favorables à une mise en synergie.
La semaine prochaine, dans la deuxième partie de l’article, nous aborderons donc une réflexion sur les articulations et les dynamiques de ces différentes natures de médiations pour qu’elles fassent système afin de guider à « savoir devenir ».
Publié le 28.03.2023 à 08:08
Nous avons profité de la sortie d’une nouvelle version de l’application mobile pour interroger l’équipe de Piwigo, et plus particulièrement Pierrick, le créateur de ce logiciel libre qui a fêté ses vingt ans et qui est, c’est incroyable, rentable.
Salut l’équipe de Piwigo ! Nous avons lu avec intérêt la page https://fr.piwigo.com/qui-sommes-nous
Moi je note que « Piwigo » c’est plus sympa que « PhpWebGallery », comme nom de logiciel. Enfin, un logiciel libre qui n’a pas un nom trop tordu. Qu’est-ce que vous pouvez nous apprendre sur Piwigo, le logiciel ?
Piwigo est un logiciel libre de gestion de photothèque. Il s’agit d’une application web, donc accessible depuis un navigateur web, que l’on peut également consulter et administrer avec des applications mobiles. Au-delà des photos, Piwigo permet d’organiser et indexer tout type de média : images, vidéos, documents PDF et autres fichiers de travail des graphistes. Originellement conçu pour les particuliers, il s’est au fil des ans trouvé un public auprès des organisations de toutes tailles.
La gestation du projet PhpWebGallery démarre fin 2001 et la première version sortira aux vacances de Pâques 2002. Pendant les vacances, car j’étais étudiant en école d’ingénieur à Lyon et j’ai eu besoin de temps libre pour finaliser la première version. Le logiciel a tout de suite rencontré un public et des contributeurs ont rejoint l’aventure. En 2009, « PhpWebGallery » est renommé « Piwigo » mais seul le nom a changé, il s’agit du même projet.
Les huit premières années, le projet était entièrement bénévole, avec des contributeurs (de qualité) qui donnaient de leur temps libre et de leurs compétences. Le passage d’étudiant à salarié m’a donné du temps libre, vraiment beaucoup. Je faisais pas mal d’heures pour mon employeur mais en comparaison avec le rythme prépa/école, c’était très tranquille : pas de devoirs à faire le soir ! Donc Piwigo a beaucoup avancé durant cette période. Devenu parent puis propriétaire d’un appartement, avec les travaux à faire… mon temps libre a fondu et il a fallu faire des choix. Soit j’arrêtais le projet et il aurait été repris par la communauté, soit je trouvais un modèle économique viable et compatible avec le projet pour en faire mon métier. Si je suis ici pour en parler douze ans plus tard, c’est que cette deuxième option a été retenue.
En 2010 vous lancez le service piwigo.com ; un logiciel libre dont les auteurs ne crèvent pas de faim, c’est plutôt bien. Est-ce que c’est vrai ? Avez-vous trouvé votre modèle économique ?
Pour ce qui me concerne, je ne crève pas du tout de faim. J’ai pu rapidement retrouver des revenus équivalents à mon ancien salaire. Et davantage aujourd’hui. J’estime vivre très confortablement et ne manquer de rien. Ceci est très subjectif et mon mode de vie pourrait paraître « austère » pour certains et « extravagant » pour d’autres. En tout cas moi cela me convient :-)
Notre modèle économique a un peu évolué en 12 ans. Si l’objectif est depuis le départ de se concentrer sur la vente d’abonnements, il a fallu quelques années pour que cela couvre mon salaire. J’ai eu l’opportunité de réaliser des prestations de dev en parallèle de Piwigo les premières années pour compenser la croissance lente des ventes d’abonnements.
Ce qui a beaucoup changé c’est notre cible : on est passé d’une cible B2C (à destination des individus) à une cible B2B (à destination des organisations). Et cela a tout changé en terme de chiffre d’affaires. Malheureusement ou plutôt « factuellement » nous plafonnons depuis longtemps sur les particuliers. Nos offres Entreprise quant à elles sont en croissance continue, sans que l’on atteigne encore de plafond. Nous avons donc décidé de communiquer vers cette cible. Piwigo reste utilisable pour des particuliers bien sûr, mais ce sont prioritairement les organisations qui vont orienter notre feuille de route.
Grâce à la réorientation de notre modèle économique, il a été possible de faire grossir l’équipe.
Donc on a Piwigo.org qui fournit le logiciel libre que chacun⋅e peut installer à condition d’en avoir les compétences, et Piwigo.com, service commercial géré par ton équipe et toi. Vous vous chargez de la maintenance, des mises à jour, des sauvegardes.
Qui est vraiment derrière Piwigo.com aujourd’hui ? Et combien de gens est-ce que ça fait vivre ?
Une petite équipe mêlant des salariés, dont plusieurs alternants, des freelances dans les domaines du support, de la communication, du design ou encore de la gestion administrative. Cela représente 8 personnes, certaines à temps plein, d’autres à temps partiel. J’exclus le cabinet comptable, même s’il y passe du temps compte tenu du nombre de transactions que les abonnements représentent…
Qu’est-ce qui est lourd ?
Certains aspects purement comptables de l’activité. La gestion de la TVA par exemple. Non pas le principe de la TVA mais les règles autour de la TVA. Nous vendons en France, dans la zone Euro et hors zone Euro : à chaque situation sa règle d’application des taxes. Les PCA (produits constatés d’avance) sont aussi une petite source de tracas qu’il a fallu gérer proprement. Jamais je n’aurais imaginé passer autant de temps sur ce genre de sujets en lançant le projet commercial.
Qu’est-ce qui est cool ? Constater que Piwigo est leur principal outil de travail de nombreux clients. On comprend alors que certains choix de design, certaines optimisations de performances font pour eux une grande différence au quotidien.
Nous avons lancé depuis quelques semaines une série d’entretiens utilisateurs durant lesquels des clients nous montrent comment ils utilisent Piwigo et c’est assez génial de les voir utiliser voire détourner les fonctionnalités que l’on a développées.
D’un point de vue vraiment personnel, ce que je trouve cool c’est qu’un projet démarré sur mon temps libre pendant mes études soit devenu créateur d’emplois. Et j’espère un emploi « intéressant » pour les personnes concernées. Qu’elles soient participantes à l’aventure ou utilisatrices dans leur métier. Je crois vraiment au rôle social de l’entreprise et je suis particulièrement fier que Piwigo figure dans le parcours professionnel de nombreuses personnes.
Votre liste de clients https://fr.piwigo.com/clients est impressionnante…
Oui, je suis d’accord : ça claque ! et bien sûr tout est absolument authentique. Évidemment on n’affiche qu’une portion microscopique de notre liste de clients.
Recevez-vous des commandes spécifiques des gros clients pour développer certaines fonctionnalités ?
Pourquoi des « gros » ? Certaines entreprises « pas très grosses » ont des demandes spécifiques aussi. Bon, en pratique c’est vrai que certains « gros » ont l’habitude que l’outil s’adapte à leur besoin et pas le contraire. Donc parfois on adapte : en personnalisant l’interface quasiment toujours, en développant des plugins parfois. C’est moins de 5 % de nos clients qui vont payer une prestation de développement. Vendre ce type de prestation n’est pas au cœur de notre modèle économique mais ne pas le proposer pourrait nuire à la vente d’abonnements, donc on est ouverts aux demandes.
Est-ce que vous refusez de faire certaines choses ?
D’un point de vue du développement ? Pas souvent. Je n’ai pas souvenir de demandes suffisamment farfelues… pardon « spécifiques » pour qu’on les refuse a priori. En revanche il y a des choses qu’on refuse systématiquement : répondre à des appels d’offre et autre « marchés publics ». Quand une administration nous contacte et nous envoie des « dossiers » avec des listes de questions à rallonge, on s’assure qu’il n’y a pas d’appel d’offre derrière car on ne rentrera pas dans le processus. Nous ne vendons pas assez cher pour nous permettre de répondre à des appels d’offre. Je comprends que les entreprises qui vendent des tickets à 50k€+ se permettent ce genre de démarche administrative, mais avec notre ticket entre 500€ et 4 000€, on serait perdant à tous les coups. Le « coût administratif » d’un appel d’offre est plus élevé que le coût opérationnel de la solution proposée. C’est aberrant et on refuse de rentrer là-dedans.
Bien que nous refusions de répondre à cette complexité administrative (très française), nous avons de nombreuses administrations comme clients : ministère, mairies, conseils départementaux, offices de tourisme… Comme quoi c’est possible (et légal) de ne pas gaspiller de l’énergie et du temps à remplir des dossiers.
Y a-t-il beaucoup de particuliers qui, comme moi, vous confient leurs photos ? Faites péter les chiffres qui décoiffent !
Environ 2000 particuliers sont clients de notre offre hébergée. Ils sont bien plus nombreux à confier leurs photos à Piwigo, mais ils ne sont pas hébergés sur nos serveurs. Notre dernière enquête en 2020 indiquait qu’environ un utilisateur sur dix était client de Piwigo.com [donc 90% des gens qui utilisent le logiciel Piwigo s’auto-hébergent ou s’hébergent ailleurs, NDLR] .
Si on élargit un peu le champ de vision, on estime qu’il y a entre 50 000 et 500 000 installations de Piwigo dans le monde. Avec une énorme majorité d’installations hors Piwigo.com donc. Difficile à chiffrer précisément car Piwigo ne traque pas les installations.
Pour des chiffres qui « décoiffent », je dirais qu’on a fait 30 % de croissance en 2020. Puis encore 30 % de croissance en 2021 (merci les confinements…) et qu’on revient à notre rythme de croisière de +15 % par an en 2022. Dans le contexte actuel de difficulté des entreprises, je trouve qu’on s’en sort bien !
Autre chiffre qui décoiffe : on n’a pas levé un seul euro. Aucun business angel, aucune levée de fonds auprès d’investisseurs. Notre croissance est douce mais sereine. Attention pour autant : je ne dénigre pas le principe de lever des fonds. Cela permet d’aller beaucoup plus vite. Vers le succès ou l’échec, mais beaucoup plus vite ! Rien ne dit que si c’était à refaire, je n’essaierais pas de lever des fonds.
Encore un chiffre respectable : Piwigo a soufflé sa vingtième bougie en 2022. Le projet a connu plusieurs phases et nous vivons actuellement celle de la professionnalisation. Beaucoup de projets libres s’arrêtent avant et disparaissent car ils ne franchissent pas cette étape. Si certains voient dans l’arrivée de l’argent une « trahison » de la communauté, je trouve au contraire que c’est sain et gage de pérennité. Lorsque les fondateurs d’un projet ont besoin d’un modèle économique viable pour payer leurs propres factures, vous pouvez être sûrs que le projet ne va pas être abandonné sur un coup de tête.
Est-ce que les réseaux sociaux axés sur la photographie concurrencent Piwigo ? On pense à Instagram mais aussi à Pixelfed, évidemment.
J’ai regardé rapidement ce qu’était Pixelfed. Ma conclusion au bout de quelques minutes : c’est un clone opensource à Instagram, en mode décentralisé.
Piwigo n’est pas un réseau social. Pour certains utilisateurs, Piwigo a perdu de son intérêt dès lors que Facebook et ses albums photos sont arrivés. Pour d’autres, Piwigo constitue au contraire une solution pour ceux qui refusent la centralisation/uniformisation telle que proposée par Facebook ou Google. Enfin pour de nombreux clients pro (photographes ou entreprises) Piwigo est un outil à usage interne de l’équipe communication pour organiser les ressources média qui seront ensuite utilisées sur les réseaux sociaux. Il faut comprendre que pour les chargés de communication d’un office de tourisme, mettre sa photothèque sur Facebook n’a aucun sens. Ils ou elles publient quelques photos sur Facebook, sur Instagram ou autres, mais leur photothèque est organisée sur leur Piwigo.
Bref, même si les premières années je me suis demandé si Piwigo était encore pertinent face à l’émergence de ces nouvelles formes de communication, je sais aujourd’hui que Piwigo n’est pas en concurrence frontale avec ces derniers mais qu’au contraire, l’existence de ces réseaux nécessite pour les marques/entreprises qu’elles organisent leurs photothèques. Piwigo est là pour les y aider.
Quelles sont les différences ?
La toute première des choses, c’est la temporalité. Les réseaux sociaux sont excellents pour obtenir une exposition forte et éphémère de votre « actualité ». À l’inverse, Piwigo va exceller pour vous permettre de retrouver un lot de photos parmi des centaines de milliers, organisées au fil des années. Piwigo permet de gérer son patrimoine photo (et autres médias) sur le temps long.
L’autre aspect important c’est le travail en équipe. Un réseau social est généralement conçu autour d’une seule personne qui administre le compte. Dans Piwigo, plusieurs administrateurs collaborent (à un instant T ou dans la durée) pour construire la photothèque : classification, indexation (tags, titre, descriptions…)
Enfin, certaines fonctionnalités n’ont tout simplement rien à voir. Par exemple, dans un réseau social le cœur de métier va être d’obtenir des likes. Dans un Piwigo, vous allez pouvoir mettre en place un moteur de recherche multicritères avec vos propres critères. Par exemple on a un client qui fabrique des matériaux acoustiques. Ses critères de recherche sont collection, coloris, lieu d’implantation… Cela n’aurait aucun sens sur l’interface uniformisée d’un Instagram.
Qui apporte des contributions à Piwigo ? Est-ce que c’est surtout la core team ?
Cela a beaucoup changé avec le temps. Et même ce qu’on appelle aujourd’hui « équipe » n’est plus la même chose que ce qu’on appelait « équipe » il y a 10 ans. Aujourd’hui, l’équipe c’est essentiellement celle du projet commercial. Pas uniquement mais quand même pas mal.
On a donc beaucoup de contributions « internes » mais ce serait trop simplificateur d’ignorer l’énorme apport de la communauté de contributeurs au sens large. Déjà parce que l’état actuel de Piwigo repose sur les fondations créées par une communauté de développeurs bénévoles. Ensuite parce qu’on reçoit bien sûr des contributions sous forme de rapports de bugs, des pull-requests mais aussi grâce à des bénévoles qui aident des utilisateurs sur les forums communautaires, les bêta-testeurs… sans oublier les centaines de traducteurs.
Petite anecdote dont je suis fier : Rasmus Lerdorf, créateur de PHP (le langage de programmation principalement utilisé dans Piwigo) nous a plusieurs fois envoyé des patches pour que Piwigo soit compatibles avec les dernières versions de PHP.
Quel est votre lien avec le monde du Libre ? (<troll>y a-t-il un monde du Libre ?</troll>)
Je ne sais pas s’il y a un « monde du libre ». Historiquement Les contributeurs sont d’abord des utilisateurs du logiciel qui ont voulu le faire évoluer. Je ne suis pas certain qu’il s’agisse de fervents défenseurs du logiciel libre.
Franchement je ne sais pas trop comment répondre à cette question. Je sais que Piwigo est une brique de ce monde du libre mais je ne suis pas sûr que l’on conscientise le fait de faire partie d’un mouvement global. Je pense qu’on est pragmatique plutôt qu’idéologique.
En tant que client, je viens de recevoir le mail qui annonce le changement de tarif. Pouvez-vous nous expliquer l’origine de cette décision ?
Là on est vraiment sur l’actualité « à chaud ». Le changement de tarif pour les nouveaux/futurs clients a fait l’objet d’une longue réflexion et préparation. Je dirais qu’on le prépare depuis 18 mois.
Si j’ai bien compris la clientèle particulière est un tout petit pourcentage de la clientèle de Piwigo.com ?
Les clients de l’ancienne offre « individuelle » représentent 30 % du chiffre d’affaires des abonnements pour 91 % des clients. J’exclus les prestations de dev, qui sont exclusivement ordonnées par des entreprises. Donc « tout petit pourcentage », ça dépend du point de vue :-)
Est-ce que l’offre de stockage illimité devient trop chère ?
En moyenne sur l’ensemble des clients individuels, on est à ~30 Go de stockage utilisé. La médiane est quant à elle de 5Go. Si la marge financière dégagée n’est pas folle, on ne perd pas d’argent pour autant, car nous avons réussi à ne pas payer le stockage trop cher. Pour faire simple : on n’utilise pas de stockage cloud type Amazon Web Services, Google Cloud ou Microsoft Azure. Sinon on serait clairement perdant.
Ceci est vrai tant qu’on propose de l’illimité sur les photos. Sauf que la première demande au support, devant toutes les autres, c’est : « puis-je ajouter mes vidéos ? », et cela change la donne. Hors de question de proposer de l’illimité sur les vidéos. De l’autre côté, on entend et on comprend la demande des utilisateurs concernant les vidéos. Donc on veut proposer les vidéos, mais il faut en parallèle introduire un quota de stockage.
Ensuite nous avions un souci de cohérence entre l’offre individuelle (stockage illimité mais photos uniquement) et les offres entreprise (quota de stockage et tout type de fichiers). La solution qui nous paraît la meilleure est d’imposer un quota pour toutes les offres, mais un quota généreux. L’offre « Perso » est à 50 Go de stockage, donc largement au-delà de la conso moyenne.
Enfin la principe de l’illimité est problématique. En 12 ans, la perception du grand public sur le numérique a évolué. Je parle spécifiquement de la consommation de ressources que le numérique représente. Le cloud, ce sont des serveurs dans des centres de données qui consomment de l’électricité, etc. En 2023, je pense que tout le monde a intégré le fait que nous vivons dans un monde fini. Ceci n’est pas compatible avec la notion de stockage infini. Je peux vous assurer que certains utilisateurs n’ont pas conscience de cette finitude.
Est-ce que des pros ont utilisé cette offre destinée aux particuliers pour « abuser » ?
Il y a des abus sur l’utilisation de l’espace de stockage, mais pas spécialement par des pros. On a des particuliers qui scannent des documents en haute résolution par dizaine de milliers pour des téraoctets stockés… On a des particuliers qui sont fans de telle ou telle star de cinéma et qui font des captures d’écran chaque seconde de chaque film de cet acteur. Ne rigolez pas, cela existe.
En revanche on avait un soucis de positionnement : l’offre « individuelle » n’était pas très appropriée pour les photographes pros mais l’offre entreprise était trop chère. On a maintenant des offres mieux étagées et on espère que cela sera plus pertinent pour ce type de client.
Enfin on a des entreprises qui essaient de prendre l’offre individuelle en se faisant passer pour des particuliers. Et là on est obligés de faire les gendarmes. On a même détecté des « patterns » de ses entreprises et on annulait les commandes « individuelles » de ces clients. J’en avais personnellement un petit peu ras le bol :-)
Les nouvelles offres, même « Perso » sont accessibles même à des multinationales. Évidemment, les limites qu’on a fixées devraient naturellement les orienter vers nos offres Entreprise (nouvelle génération) voire VIP.
Est-ce qu’il s’agissait d’une offre qui se voulait temporaire et que vous avez laissé filer parce que vous étiez sur autre chose ?
Pendant 12 ans ? Non non, le choix de proposer de l’illimité en 2010 était réfléchi et « à durée indéterminée ». Les besoins et les possibilités et surtout les demandes ont changé. On s’adapte. On espère ne pas se tromper et si c’est le cas on fera des ajustements.
L’important c’est de pas mettre nos clients au pied du mur : ils peuvent renouveler sur leur offre d’origine. On a toujours proposé cela et on ne compte pas changer cette règle. C’est assez unique dans notre secteur d’activité mais on y tient.
Nous avons vu que votre actualité c’était la nouvelle version de Piwigo NG. Je crois que vous avez besoin d’aide. Vous pouvez nous en parler ?
Nous avons plusieurs actualités et effectivement côté logiciel, c’est la sortie de la version 2 de l’application mobile pour Android. Piwigo NG (comme Next Generation) est le résultat du travail de Rémi, qui travaille sur Piwigo depuis deux ans. Après avoir voulu faire évoluer l’application « native » sans succès, il a créé en deux semaines un prototype d’application mobile en Flutter. Ce qu’il avait fait en deux semaines était meilleur que ce que l’on galérait à obtenir avec l’application native en plusieurs mois. On a donc décidé de basculer sur cette nouvelle technologie. Un an après la sortie de Piwigo NG, Rémi sort une version 2 toujours sur Flutter mais avec une nouvelle architecture « plus propice aux évolutions ». Le fameux « il faut refactorer tous les six mois », devise des développeurs Java.
En effet nous avons besoin d’aide pour bêta-tester cette version 2 de Piwigo NG. Plus nous avons de retours, plus nous pouvons la stabiliser.
Pour aller plus loin
- Vous pouvez auto-héberger votre Piwigo, rendez-vous sur cette page
- ou vous pouvez prendre un abonnement ici
- Piwigo est également une application intégrée à la solution d’auto-hébergement Yunohost
Publié le 27.03.2023 à 07:42
Khrys’presso du lundi 27 mars 2023
Comme chaque lundi, un coup d’œil dans le rétroviseur pour découvrir les informations que vous avez peut-être ratées la semaine dernière.
Tous les liens listés ci-dessous sont a priori accessibles librement. Si ce n’est pas le cas, pensez à activer votre bloqueur de javascript favori ou à passer en “mode lecture” (Firefox) ;-)
Brave New World
- La cuve du réacteur 1 de Fukushima Daiichi menace de s’effondrer (fukushima-blog.com)
le réacteur 1, construit en 1967-1971, aurait pu durer jusqu’en 2040 s’il n’y avait pas eu la fusion du cœur, l’explosion et le séisme. À cause de la catastrophe, il a vieilli d’un coup et on découvre, 12 ans après, qu’il est toujours une menace permanente. On découvre également que l’industrie nucléaire cache l’essentiel, en particulier en France : le message est depuis 12 ans que, le corium étant refroidi, tout est sous contrôle. […] il n’en est rien.
- U.S. and China wage war beneath the waves – over internet cables (reuters.com)
Subsea cables, which carry the world’s data, are now central to the U.S.-China tech war. Washington, fearful of Beijing’s spies, has thwarted Chinese projects abroad and choked Big Tech’s cable routes to Hong Kong
- En Iran, le nouvel an perse fêté au cri de « mort au dictateur » (huffingtonpost.fr)
Les Iranien·nes fêtent le Norouz alors que la colère contre le gouvernement après la mort de Mahsa Amini ne retombe pas.
- What you need to know about Uganda’s anti-LGBTIQ bill (opendemocracy.net)
- Dans les piscines de Berlin, les seins nus ont désormais droit de cité (liberation.fr)
Après plusieurs plaintes pour discrimination, la capitale allemande a reconnu que les femmes avaient le droit de se baigner torse nu, comme les hommes, dans les piscines publiques. D’autres villes ont suivi son exemple.
- L’exposition Vermeer, les copyrights abusifs et le domaine public (zdnet.fr)
Sur les 14 musées qui ont prêté des œuvres à l’exposition d’Amsterdam, 9, dont le Louvre, prétendent à un copyright sur la reproduction numérique des œuvres du peintre… mort il y a 3 siècles et demi.
- Au Royaume-Uni, le mouvement social ne désarme pas (contretemps.eu)
- Visite de Charles III reportée : « révolution », « chaos » et « humiliation » dans la presse britannique (huffingtonpost.fr)
- La police de Londres institutionnellement raciste et sexiste selon un rapport indépendant (rts.ch)
- Les policiers ont blessé plus de 120 000 personnes dans des manifestations dans le monde depuis 2015, selon un rapport (francetvinfo.fr)
Trois organismes ont épluché les comptes-rendus médicaux dressés, entre autres, en France, aux Etats-Unis, à Hong Kong et en Birmanie.
- En Floride, cette professeure d’art renvoyée après avoir montré le « David » de Michel-Ange à ses élève (huffingtonpost.fr)
La leçon de la directrice d’une école d’art de Floride sur ce chef-d’œuvre de la Renaissance italienne a été qualifiée de « pornographique » par les parents d’élèves.
- Poorer States Suffer Under New Organ Donation Rules, As Livers Go to Waste (themarkup.org)
New rules requiring donated livers to be offered for transplant hundreds of miles away have benefited patients in New York, California, and more than a dozen other states at the expense of patients in mostly poorer states with higher death rates from liver disease
- The Internet Archive is defending its digital library in court (theverge.com) – voir aussi Internet Archive se défend face à Hachette au sujet de sa bibliothèque numérique devant les tribunaux (developpez.com)
le tribunal doit décider si les bibliothèques doivent s’appuyer sur les licences numériques souvent temporaires proposées par les éditeurs ou si elles peuvent numériser et prêter des copies des exemplaires qu’elles détiennent.
- ChatGPT Bug Accidentally Revealed Users’ Chat Histories, Email Addresses, and Phone Numbers (futurism.com)
It was clearly other people’s contact information. […] the incident is certainly a reminder that, as OpenAI warns in its ChatGPT FAQ, users should refrain from sharing any “sensitive information” in conversations.
- Tenez-vous prêts, la 6G ne devrait plus tarder à faire son apparition (korii.slate.fr)
Reste une question : pour quoi faire ?
- Le « plasticroûte », une roche créée par la pollution plastique (reporterre.net)
Les premières « plasticroûtes » ont été observées par des biologistes portugais en 2016, lors d’une expédition sur l’île de Madère. Selon leurs travaux, ces fragments plastiques recouvriraient 9,46 % de la surface rocheuse de l’île.
Spécial femmes dans le monde
- Féminicides politiques : tuées parce que femmes et militantes (information.tv5monde.com)
Il s’agit de la première enquête internationale sur les féminicides politiques. Le collectif de journalistes d’investigation « Femmes à abattre » met au jour les mécanismes d’effacement, d’élimination, de femmes qui ont osé s’engager pour défendre leurs droits, leur communauté, l’environnement, les minorités ou tout à la fois : 300 partout dans le monde.
Spécial France
- Olivier Dubois, journaliste otage au Mali, a été libéré (liberation.fr) – voir aussi Libération d’Olivier Dubois : pour ses proches, « c’est comme une forte décélération, le bonheur en plus » (liberation.fr)
- La justice française refuse une nouvelle fois d’extrader Vincenzo Vecchi vers l’Italie (basta.media)
La Cour d’appel de Lyon déclare que le mandat d’arrêt européen à l’encontre du militant altermondialiste n’est pas applicable et refuse de le remettre aux autorités italiennes. L’État français fera-t-il, encore, appel ?
- L’Assemblée adopte le projet de loi de relance du nucléaire (liberation.fr)
Une large majorité de députés macronistes, LR, RN et même communistes s’est dégagée en faveur de ce texte, qui doit permettre de bâtir six EPR d’ici à 2035
- En pleine crise, le gouvernement décide de reporter la loi sur l’immigration (liberation.fr) – voir aussi Immigration : un projet de loi divisé pour mieux passer (liberation.fr)
Le chef de l’Etat a annoncé ce mercredi décaler la présentation du projet de loi cher à Gérald Darmanin, qu’il souhaite aussi découper en plusieurs textes courts afin de trouver plus facilement une majorité.
- Les députés de la Nupes s’insurgent contre l’adoption d’un amendement cosigné par le RN et la majorité (lemonde.fr)
Après la cosignature de cet amendement lors de l’examen du projet de loi sur la préparation des Jeux olympiques, les députés dénoncent un « point de bascule dans l’histoire de la république ».
- Chaos post-motion de censure chez « Les Républicains » (humanite.fr)
Le vote de la motion de censure par 19 députés du parti de droite, en dépit des consignes de leurs chefs de file, ont mis le feu dans un mouvement au bord de la scission. Aurélien Pradié est à demi-mot menacé d’exclusion. Quant à la stratégie à adopter vis-à-vis du gouvernement, rien n’est tranché.
- Réforme des retraites : les sénateurs de gauche déposent un recours devant le Conseil constitutionnel (liberation.fr)
Au cœur du recours adressé par les sénateurs de gauche au Conseil constitutionnel, le véhicule législatif et les leviers de procédures utilisés par le gouvernement pour accélérer le calendrier de la réforme et pour l’adopter.
- Retraites. Que contient le recours de la gauche au Conseil constitutionnel ? (humanite.fr)
Comme les sénateurs de gauche, les députés de la Nupes ont déposé ce mardi un recours devant les Sages sur le texte du gouvernement. Tour d’horizon des principaux arguments avancés.
- Le déploiement de la fibre à nouveau pointé du doigt (zdnet.fr)
Chiffres à l’appui, l’Avicca fustige le ralentissement du déploiement de la fibre optique dans les villes moyennes comme dans les grandes agglomérations. Représentant les collectivités, l’association s’inquiète de ces retards à quelques années de la fermeture du réseau cuivre.
- Orange attaque l’Arcep devant le Conseil d’État (zdnet.fr)
Accusé par le régulateur de ne pas avoir respecté ses engagements dans le déploiement de la fibre optique, l’opérateur contre-attaque en saisissant le Conseil d’Etat. Le bras de fer juridique dure depuis près d’un an.
- Déploiement de la fibre : Paris-Saclay poursuit l’Arcep devant le Conseil d’État (zdnet.fr)
Couverture incomplète et dysfonctionnements en série, les habitants des 27 communes de Paris-Saclay vivent « un véritable calvaire ». Après avoir multiplié les plaintes et les mises en demeure, la Communauté d’agglomération hausse le ton en poursuivant le gendarme des télécoms.
- La DGSE soupçonnée d’avoir extorqué un homme d’affaires (radiofrance.fr)
- À l’université, le cercle vicieux de la précarité étudiante (theconversation.com)
- Un lycéen décède après un malaise cardiaque durant une épreuve du bac (liberation.fr)
« Il y avait huit adultes dans la salle, aucun ne bougeait »« Les élèves se levaient pour aller voir ce qu’il avait, on leur criait dessus, on leur disait de se rasseoir, de continuer le bac. Un adulte continuait à passer dans les rangs pour faire signer la feuille de présence, alors que [la victime du malaise] était toujours par terre. Il ne parlait plus, commençait à devenir bleu. » […] « Une élève s’est levée quand même et l’a mis en PLS [position latérale de sécurité, ndlr], reprend-il. Nous, on disait qu’il fallait appeler les secours. Ils nous ont laissé 20 minutes avec lui, sans le toucher, sans pouvoir l’aider. » Puis, « la CPE est arrivée en courant, elle a appelé les secours »
Spécial femmes en France
- Du harcèlement de rue au cyberharcèlement, une même misogynie (liberation.fr)
Ni l’homme qui a harcelé Marie Laguerre en pleine rue avant de la frapper, ni celui qui l’a insultée sur Facebook n’estiment avoir fait preuve de sexisme. Tous deux s’en sont d’ailleurs péniblement défendus. Avant d’être condamnés. Et si les centaines d’hommes qui se sont acharnés sur l’étudiante, via Internet, avaient été identifiés et poursuivis, il eût été étonnant qu’un seul d’entre eux s’excuse
- « Ils veulent intimider les femmes qui s’informent », nouveau tag anti-IVG contre le Planning familial à Strasbourg (rue89strasbourg.com)
Un message contre le droit à l’avortement a été tagué devant les locaux du Planning familial de Strasbourg dans la nuit du 21 au 22 mars. C’est la deuxième fois en deux semaines que l’association subit une telle attaque.
- Un surveillant de collège de 62 ans mis en examen pour le viol d’une élève de 4e à Montauban (liberation.fr)
L’homme de 62 ans était assistant d’éducation et maître nageur dans une piscine de la ville. Les faits auraient commencé quand la jeune fille était âgée de 13 ans.
Spécial médias et pouvoir
- 49.3, motion de censure, réquisitions : à la télé, la normalisation des violences policières (acrimed.org)
- Interview d’Emmanuel Macron aux JT de 13 heures : les raisons d’un choix de com (telerama.fr)
Spécial emmerdeurs irresponsables gérant comme des pieds (et à la néolibérale)
- Une réforme des retraites adoptée, mais à quel prix ? (liberation.fr)
La réforme des retraites est adoptée, mais il est impossible pour Emmanuel Macron et Elisabeth Borne, qui a sauvé sa peau d’un cheveu lundi soir, de s’en réjouir. Ils auront depuis deux mois, en défendant mal un projet bâclé, fait la démonstration de leur amateurisme. […] Le Président et la Première ministre auront aussi largement contribué à creuser un peu plus ce fossé qui éloigne, année après année, les citoyens de la politique. Ils auront fait, en passant, le lit du RN et plus globalement de cette mouvance complotiste d’extrême droite qui boit chaque crise politique comme du petit-lait. Ils auront enfin, alors que cette réforme était censée faire la démonstration de la capacité d’action d’Emmanuel Macron, transformé ce dernier en roi quasi nu. Des vrais champions.
- Selon Emmanuel Macron : “On passe trop par la loi dans notre République” (lessurligneurs.eu)
- Après la manifestation du 23 mars, Darmanin préfère parler de « black bourges » plutôt que de « black bloc » (huffingtonpost.fr)
Pour le ministre de l’Intérieur, parmi les « 1 500 casseurs » se cachent « parfois des enfants de bonnes familles ».
- Les trois fautes d’Emmanuel Macron (alternatives-economiques.fr)
- La démocratie, Emmanuel Macron l’aura reniée trois fois (liberation.fr)
Rien de neuf dans ce discours […] Face au soulèvement populaire de juin 1848 pour le droit au travail, le président de l’Assemblée nationale Jules Senard, un bon républicain, déclarait déjà des « insurgés » qu’ils voulaient « l’anarchie, l’incendie, le pillage ». Le même jour, il faisait voter les pleins pouvoirs au général Cavaignac, conquérant sanglant de l’Algérie dont la répression allait faire des milliers de morts dans les rues parisiennes. C’étaient les chefs légitimes d’une assemblée républicaine, élue au suffrage dit universel – en fait masculin. […] Macron et les députés qui le suivent ne sont pas les seuls à tenir leur légitimité de l’élection, c’est aussi le cas des syndicats. En effet, ce qui rend un syndicat représentatif, en France, c’est d’obtenir une partie significative des voix aux élections professionnelles. Des millions de voix se sont portées sur les élus syndicaux, et ces voix les légitiment autant, dans le monde du travail, que les députés dans la sphère parlementaire. Si le peuple s’exprime, ce n’est donc pas seulement par les députés, mais bien aussi par les syndicats […] ceux-ci n’expriment pas un point de vue parmi d’autres – ils sont bien des représentants du peuple. Et en l’occurrence, alors que la loi de réforme des retraites n’a même pas obtenu de majorité à l’Assemblée nationale, elle fait, en revanche, l’unanimité contre elle du côté des élus des travailleurs.
- Un « misérable calcul politique » : les propos de Macron sur les allocataires du RSA indignent les associations (liberation.fr)
Dans son interview ce mercredi à 13 heures, le Président a en partie rejeté la colère des Français à qui il demande de partir plus tard à la retraite sur ceux « qui ne travaillent jamais ».
- L’interview de Macron vue depuis l’incinérateur d’Issy-les-Moulineaux : « C’est lui, le violent ! » (liberation.fr)
« Qu’il vienne travailler en 3×8 avec les camarades pour voir s’il tient deux ans de plus » : « La seule force qui va compter, c’est le nombre de gens dans la rue demain. » […] « Il faut que ça pète un bon coup pour les faire reculer. »
- Comment crisper davantage les syndicats enseignants ? La leçon d’Emmanuel Macron (liberation.fr)
- Geoffroy de Lagasnerie : « Macron est un chef de guerre sociale » (reporterre.net)
- Réforme des retraites : comment se construit une crise politique ? (theconversation.com)
Spécial recul des droits et libertés, violences policières, montée de l’extrême-droite…
- La France, premier pays d’Europe à légaliser la surveillance biométrique (laquadrature.net)
- Réforme des retraites : il y a un “déni de démocratie parlementaire”, estime le constitutionnaliste Dominique Rousseau (francetvinfo.fr)
- Réforme des retraites : « Quasiment toutes les règles du maintien de l’ordre ont été violées » (lejdd.fr)
Le drame est qu’on a l’impression que le ministère de l’Intérieur n’a rien appris. Ils ont eu les Gilets jaunes avec une stratégie de police qui a revigoré le mouvement et la France a été la risée du monde entier. C’est la troisième crise où la France est publiquement et unanimement mise au ban des pays civilisés.
- Le Conseil de l’Europe s’inquiète de l’usage de la force contre les manifestants en France (rts.ch)
La commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe Dunja Mijatovic s’est alarmée vendredi d’un “usage excessif de la force” envers les manifestants contre la réforme des retraites. Elle a appelé la France à respecter le droit de manifester.
- Violences policières : “On est dans une situation alarmante pour la démocratie”, dénonce le président de la Ligue des Droits de l’Homme (francetvinfo.fr)
- Pour le syndicat des avocats de France, « il y a une volonté d’intimider et de ficher » (humanite.fr)
La présidente du Syndicat des avocats de France, Claire Dujardin, fustige la répression violente du mouvement social, qui est montée d’un cran depuis l’utilisation du 49.3 par le gouvernement. […] En 2021, [le CE] a considéré que la technique de la nasse, telle que rédigée dans le SNMO, était illégale. Le ministère de l’Intérieur a réécrit ce passage, que nous avons à nouveau attaqué. Nous attendons la décision du Conseil d’État. D’ores et déjà, celui-ci a dit que cette pratique devait rester exceptionnelle, et laisser accessible une sortie aux manifestant·es. Il faudra regarder au cas par cas ce qui a été fait ces derniers jours.
- Révélation : le ministère du Travail ouvre la chasse aux syndicalistes grévistes (humanite.fr)
En marge de la répression des manifestations dans la rue – avec, au bas mot, plus de mille interpellations, n’ouvrant, dans l’écrasante majorité des cas, sur aucune poursuite et donc manifestement arbitraires –, une autre répression est en cours, dans les entreprises, petites ou grandes, dans les administrations et les services publics.
- Méga-bassines : des élus écologistes mis illégalement sous écoute (humanite.fr)
Avant le rassemblement de samedi, les services de renseignement auraient mis sur écoute des activistes écologistes, mais aussi des élus, selon les révélations du Canard enchaîné, ce qui est interdit par la loi. Ce vendredi, la secrétaire nationale EELV Marine Tondelier a interpellé par courrier la première ministre Elisabeth Borne.
- À Sainte-Soline, la manifestation contre les bassines tourne à l’affrontement, de nombreux blessés (humanite.fr)
Ces affrontements, qui ont largement éclipsé le débat de fond sur le partage de l’eau, ont un coût : le dispositif policier mis en place à Sainte-Soline s’élèverait à 5 millions. Soit le prix de deux méga-bassines, selon les élus écologistes…
- Sainte-Soline : empêcher l’accès à la mégabassine, quel qu’en soit le coût humain. (ldh-france.org)
Dès l‘arrivée des cortèges sur le site de la bassine, les gendarmes leur ont tiré dessus avec des armes relevant des matériels de guerre : tirs de grenades lacrymogènes, grenades assourdissantes, grenades explosives de type GM2L et GENL, y compris des tirs de LBD 40. Nous avons observé des tirs au LBD 40 depuis les quads en mouvement. Des grenades ont été envoyées très loin et de manière indiscriminée dans les cortèges, à l’aide de lanceurs et de dispositifs de propulsion à retard. Les détonations très rapprochées de grenades explosives étaient régulièrement suivies de cris d’appel au secours pour assistance médicale. Certaines grenades lancées n’ayant pas explosé, le terrain était miné, donnant lieu à des explosions différées.
- Mégabassines : le parquet confirme qu’un manifestant blessé à Saint-Soline est entre la vie et la mort (lemonde.fr)
- Des casseurs d’extrême-droite derrière la tentative d’incendie de la mairie de Bordeaux ? (rue89bordeaux.com)
Si les regards se sont rapidement portés sur des participants aux manifestations sauvages contre la réforme des retraites, la vidéo tournée par Rue89 Bordeaux pose la question de la responsabilité de militants d’extrême droite. […] Sur d’autres vidéos de la même scène, « Front national remplace Macron ! » est clairement audible.
- Le Procureur de la République saisi pour une nasse policière contestée à Strasbourg. (humanite.fr)
Le député du Bas-Rhin Emmanuel Fernandes (NUPES/FI) dénonce auprès de la justice une nasse qu’il juge illégale, opérée lundi par les forces de l’ordre dans une ruelle de Strasbourg. 80 manifestants y ont été enfermés puis soumis à des jets de gaz lacrymogène. Plusieurs ont perdu connaissance.
- Réforme des retraites : La police abuse-t-elle des gardes à vue ? (20minutes.fr)
Les gardes à vue de masse qui ont été décidées sont pour nous un véritable détournement de l’appareil judiciaire au service du maintien de l’ordre, dénonce la secrétaire générale du Syndicat de la magistrature
- Retraites : le gouvernement ressort la matraque (reporterre.net)
Les manifestations qui ont suivi le 49.3 et le passage en force de la réforme des retraites sont fortement réprimées. Une situation « extrêmement inquiétante » pour La Ligue des droits de l’Homme et les syndicats.
- Frapper, cogner, frapper encore : au cœur de la violence policière après le 49.3 (politis.fr)
- Étudiants et lycéens mobilisés : « une volonté de museler cette jeunesse par la violence » (rapportsdeforce.fr)
- “Arrêtez le massacre” : des violences policières signalées lors des manifestations contre la réforme des retraites ce lundi (bfmtv.com)
- Manifestations contre la réforme des retraites : dans quel cadre un policier peut-il faire usage de la force physique ? (francetvinfo.fr)
Des images de participants poursuivis par les forces de l’ordre puis roués de coups, submergés par les gaz lacrymogènes ou pris dans une nasse […] Des manifestants, des élus, des avocats et des magistrats ont dénoncé des violences policières et des interpellations arbitraires. Ils pointent aussi un usage disproportionné de la force.
- Répression policière : « Des violences inacceptables dans un État de droit » (politis.fr)
Des élu.es parisien.nes et francilien.nes dénoncent la violente répression policière qui a cours contre les manifestants, depuis le déclenchement du 49.3, qui installe un climat de peur et de haine.
- Coups de poing et matraques : une compagnie parisienne en roue libre (politis.fr)
Lundi 20 mars, lors des manifestations spontanées dans tout Paris, un policier a frappé violemment un homme, qui a fini inconscient au sol. La compagnie dont fait partie cet agent, la 12CI, est à l’origine de nombreuses violences depuis plusieurs mois.
- Une enquête préliminaire confiée à l’IGPN après la publication d’une vidéo d’un policier frappant un manifestant à Paris (liberation.fr)
- « Merci de m’avoir ouvert la tête » : Adam, 21 ans, raconte son agression par des CRS lors d’une manifestation (liberation.fr)
« Je pense déposer une plainte. On a des témoins. Je veux dénoncer ça. » […] « dès que ça ira mieux, je continuerai à me battre pour mes convictions […] Quitte à mieux me protéger à l’avenir, quitte à mettre un casque pour manifester. »
- Manifestation à Paris : une nouvelle enquête ouverte pour soupçons de violences policières (huffingtonpost.fr)
la plaignante a reçu un coup de matraque de la part d’un policier casqué, alors qu’elle semblait immobile, coincée contre un mur avec d’autres personnes. […] « Les actions des BRAV-M sur cette vidéo s’apparentent à des violences pures et irrationnelles. Ces violences multiples et réitérées ne peuvent que découler d’une stratégie de la préfecture de police »
- Rouen : après le pouce arraché d’une manifestante, une enquête ouverte (huffingtonpost.fr)
une manifestante d’une trentaine d’années, mère de deux enfants et travaillant avec des enfants handicapés, a eu un pouce arraché. Selon les témoignages, la blessure au pouce de la manifestante a été provoquée par un tir de grenade de désencerclement.
- Violences policières : un cheminot grièvement blessé à l’oeil (humanite.fr)
Quarante-huit heures après la journée nationale de mobilisations de jeudi 23 mars, les témoignages s’accumulent concernant des interventions policières à l’encontre de militants syndicaux identifiés comme tel dans les cortèges.
- « J’ai peur qu’un de mes gars tue un manifestant » : un commandant CRS avertit Macron sur l’épuisement de la police (linsoumission.fr)
- “On m’a étranglée” : une manifestante contre la réforme des retraites dénonce des violences policières (bfmtv.com)
Son amie, une étudiante d’origine iranienne âgée de 25 ans très engagée dans les combats pour les femmes en Iran et habituée des manifestations, a comparu aujourd’hui et été déférée pour violences notamment, outrages et rébellion. […] Elle nie les faits qui lui sont reprochés, à savoir des insultes envers des policiers et une morsure sur l’une des policières
- Après les insultes et les coups, les Brav-M accusées d’agression sexuelle par le jeune manifestant tchadien (liberation.fr)
Menaces, gifles, injures à caractère homophobe… Les conditions de l’arrestation d’un jeune Tchadien révélées par plusieurs médias provoquent une vague d’indignation après de nombreuses violences policières. Une enquête IGPN a été ouverte.
- Yona, 19 ans : « J’ai peur de me retrouver encore dans une cellule » (humanite.fr)
« les forces de police ont nassé une cinquantaine de personnes, y compris des clients en terrasse de cafés » […] « Un policier a balancé une bombe lacrymogène au milieu du groupe, sans raison. »[…] « Nous voulions aller aux toilettes. Ils nous ont dit d’uriner sur le trottoir. » […] « Dans une petite pièce, une femme m’a demandé de me déshabiller […] Elle m’a palpé avec insistance la poitrine »
- Agressions sexuelles présumées sur des étudiantes par des policiers à Nantes (france3-regions.francetvinfo.fr)
La jeune femme dit également avoir subi “une palpation en partant de l’entrée du vagin jusqu’au dessus du pubis, et puis elle y est revenue mais cette fois-ci, c’était intra vaginal”. […] “Je rappelle que la fouille en question c’était pour trouver des papiers d’identité […] à quel moment je vais cacher des papiers d’identité à l’intérieur de mon vagin ?” […] “Encore une fois sans me prévenir, elle a passé sa main sous mon jean et mon short de sport que je portais en dessous […] à travers les sous-vêtements que je portais, j’ai senti ses doigts s’insérer dans la fente de mon appareil génital”, tout en insultant l’étudiante, “elle me disait que j’étais dégueulasse, qu’on était transpirantes, qu’on ne se lavait pas”
- Les violences sexuelles de la police sur les manifestant·es sont une arme de guerre (blogs.mediapart.fr)
Spécial résistances
- Réforme de l’assurance-chômage : plusieurs syndicats déposent des recours devant le Conseil d’Etat (francetvinfo.fr)
Une (autre) réforme qui ne passe pas. Plusieurs organisations syndicales ont annoncé vendredi 24 mars le dépôt de recours contre la réforme de l’assurance-chômage, qui engendre depuis le 1er février une baisse de la durée d’indemnisation pour tous les nouveaux demandeurs d’emploi.
- Cartographie des députés LR qui ont voté la motion de censure (legrandcontinent.eu)
- Mettre des noms sur des votes (blast-info.fr)
Louis Boyard a tweeté, ce lundi 20 mars 2023, la liste des comptes Twitter des députés qui venaient, par leur vote, d’empêcher l’adoption d’une motion de censure transpartisane visant à faire tomber le gouvernement d’Élisabeth Borne, et d’adopter définitivement la réforme des retraites, contre l’avis de 70 % des Français. Ce n’était pas une première : le 9 février dernier, déjà, le même Louis Boyard avait publié la liste des comptes, évidemment publics, des élus macronistes qui venaient de voter contre la généralisation des repas à un euro pour tous les étudiants. Cette initiative du député insoumis avait alors plongé ceux de la majorité présidentielle dans un abîme de fureur, et certains d’entre eux avaient eu un peu de mal à se contenir.
- L’autorité judiciaire n’est pas au service de la répression du mouvement social (syndicat-magistrature.fr)
- Violences policières : LFI réclame le démantèlement de la BRAV-M, la brigade des voltigeurs parisiens (liberation.fr)
- Réforme des retraites : boulangers, artistes, expatriés… Ils lancent des caisses de grève pour “rendre visible la colère” (francetvinfo.fr)
Le statut de ces travailleurs indépendants ou salariés installés à l’étranger ne leur permet pas de faire grève ou de façon peu visible, estiment-ils. Pour soutenir les grévistes, ils ont donc créé des cagnottes solidaires.
- Un cycle de formation sur les attaques contre les associations et la “loi séparatisme” (lacoalition.fr)
L.A Coalition vous invite le jeudi 27 avril, de 19h à 20h30, pour un temps d’échange et de partage en ligne […] Ce moment sera organisé pour entendre les besoins des participant·es, et partant de là, organiser après la mi-juin, une formation en présentiel de deux jours à Paris
- « Méga-bassines : pas question de subir les choix gouvernementaux face à la sécheresse ! » (lareleveetlapeste.fr)
- Une bassine de moins en Charente (lundi.am)
- Appel à la Saison 5 des Soulèvements de la Terre (lundi.am)
Alors que la mobilisation contre les méga-bassines dans les Deux-Sèvres devrait connaître son apogée ce week-end, les Soulèvements de la Terre annoncent dores et déjà le programme de leur 5e saison : « Que fleurissent mille Sainte-Soline ! »
- Balance ta pub (extinctionrebellion.fr)
“Balance Ta Pub” est une campagne accessible à toutes et tous. Des actions avec divers degrés de risques (de sans risque à risque élevé) sont proposées pour tous niveaux d’expériences : actions en ligne, actions ne nécessitant pas de matériel (juste une imprimante et du ruban adhésif), actions en solo ou en groupe, actions désobéissante ou pas, actions impliquant une préparation, actions comprenant des dégradations, actions engagées…
Spécial outils de résistance
- Caisses de grève contre la réforme des retraites ! (paris-luttes.info) Liste des caisses de grève mise à jour régulièrement. Envoyez-vos infos à paris-luttes-infos@riseup.net ou en commentaires sous l’article.
- La grève, c’est cool. (greve.cool)
- Le syndicalisme, c’est cool. (syndicalisme.cool)
- La manif’, c’est cool. (manif.cool)
- MediaManif.org : une cartographie collaborative des manifestations et blocages (lundi.am)
Apparu pendant le mouvement des Gilets Jaunes, la cartographie collaborative MediaManif.org fait son grand retour. Un outil idéal pour suivre en temps réel ce qui se passe autour de chez vous, retrouver des amis et éviter les dangers. Mode d’emploi.
- « Le guide du manifestant arrêté » écrit par le Syndicat de la magistrature est offert gratuitement en pdf sur le site de l’éditeur (lepassagerclandestin.fr)
- Défendre vos droits (ldh-france.org)
- Réforme des retraites : participer à une manifestation non déclarée est-il illégal ? (publicsenat.fr)
la simple participation à une manifestation non déclarée ne constitue pas un délit
- Droit de grève : dans quelles conditions les réquisitions sont-elles justifiées ? (basta.media)
- Se protéger des armes de police : quelques bases de survie (desarmons.net)
- En techno-manif avec Alternatiba : « La danse est un outil de lutte » (reporterre.net)
- Les chanteureuses de manifs (streetpress.com)
- La retraite à 64 ans comme nos voisins ? Les vrais chiffres derrière les arguments du gouvernement (basta.media)
- Debunkons les 28 garanties de Darmanin sur la vidéosurveillance algorithmique (blog.davidlibeau.fr)
- « L’eau qui atteint la mer est perdue » : les arguments des pro-bassines battus en brèche (basta.media)
Spécial Foutons le Zbeul
- Il ne nous reste que l’émeute (grisebouille.net)
Nous voulons la paix, nous haïssons la violence, nous voulons vivre dans une société où les problèmes se règlent par la discussion et le compromis. Mais regardons les choses en face : pour la fin du monde comme pour les fins des mois, nous avons épuisé tous les recours ; nous n’avons plus aucun moyen institutionnel à notre disposition ; nous n’avons plus aucun moyen raisonnable. Il ne nous reste que l’émeute.
- Un pays qui se soulève (blog.mondediplo.net)
Le dé à coudre est à l’image de la tête d’épingle, les journalistes scotchés à Macron et Borne, aussi ignorants les uns que les autres de ce qui se passe vraiment : l’ébullition. C’est beau ce qui se passe quand l’ordre commence à dérailler. Des choses petites mais inouïes, qui rompent l’enfermement résigné et l’atomisation dont les pouvoirs font leur pouvoir. […] s’il y a quelque part au ministère de l’intérieur un big board façon Dr Folamour, il doit être en train de clignoter comme un sapin de Noël — mais avec que du rouge partout. La police avait tenu pendant les « gilets jaunes », et encore : non sans frôler l’épuisement, parce que ça se passait dans un nombre limité de grandes villes et une fois par semaine seulement. Voilà que ça part de partout en France et tous les jours. Il faut leur mettre un feu d’artifice, que le sapin ne soit plus qu’une énorme guirlande et que le big board fasse sauter le tableau. L’épuisement de la police : voilà un lieu névralgique pour le mouvement.
- Faisons tomber le régime (frustrationmagazine.fr)
Les ordures ne jonchent pas seulement les rues, elles ont une chaîne en leur honneur. CNews demande ainsi : « Doit-on craindre le retour du communisme ? » S’il est le nom de la vie juste pour le plus grand nombre, on est même en droit de l’espérer. C’est-à-dire de le construire. Les crises de régime offrent parfois cette sorte d’occasion. Il ne tient qu’à nous.
- La macronie, bientôt finie ? (lundi.am)
- Retraites : après un “méga” don de 100 000 euros, la caisse de grève Solidarité interprofessionnelle passe la barre des deux millions (francetvinfo.fr)
Cela représente 299 dons par jour en moyenne, pour un montant moyen de 75 euros, depuis l’annonce, par Elisabeth Borne, des principales mesures de la réforme des retraites, le 10 janvier dernier.
- Macron annule sa présence au Stade de France (contre-attaque.net)
Toute la journée, des appels à siffler Macron au stade, voire à envahir le terrain ou encore à faire le maximum de bruit lorsque le chrono du match des Bleus afficherait 49 minutes et 3 secondes étaient proposés. […] Les communicants du pouvoir ont du estimer que 80.000 personnes hurlant « Macron démission » pendant tout un match retransmis sur les écrans du monde entier aurait fait désordre.
- « Ce sera sans nous ! » : le personnel du Mobilier national refuse de participer à l’accueil de Charles III (bfmtv.com)
- Retraites : la visite de Charles III en France est reportée, annonce l’Elysée (liberation.fr) – voir aussi Le roi d’Angleterre ne viendra pas en France par peur de la révolte (contre-attaque.net)
- Éducation : retraites, salaires, conditions de travail, pour gagner, c’est maintenant ! (ul38.cnt-f.org)
- Les syndicats reprennent la main contre la réforme (humanite.fr)
« L’intersyndicale et singulièrement la CGT appellent à amplifier la mobilisation, à prendre toutes les initiatives dans les entreprises, les administrations et les lieux de vie, pour porter, encore plus nombreux et plus fort, le rejet de la réforme des retraites »
- 20 mars : nuit de feu dans toute la France (contre-attaque.net)
- Réforme des retraites : des rassemblements un peu partout en France après le rejet des motions de censure (huffingtonpost.fr)
- Face à Macron, les manifestations font le plein et haussent le ton (rapportsdeforce.fr)
si l’exécutif espérait un essoufflement, c’est l’exact inverse qui s’est produit. La mobilisation retrouve ses plus hauts niveaux depuis le 19 janvier. Avec un grand changement : l’ambiance est bien plus déterminée et revendicative. […] « Il se passe quelque chose aujourd’hui. On a des débrayages partout. Dans la territoriale, des agents se mettent en grève dans des villages, même quand il n’y a pas de présence syndicale » explique, tout sourire, un syndicaliste CGT, peu enclin à l’optimisme habituellement.
- Les poubelles portent plainte ! (dijoncter.info)
Elles souffrent et vivent dans la peur. Les vitrines et les murs, odieusement défigurés par des inscriptions subversives, comptent aussi se porter partie civile.
- Grèves, blocages, filtrages… Plus aucun débouché pour les déchets de Paris ? (blogs.mediapart.fr)
La mobilisation des travailleur·ses du déchet s’étend bien au-delà de la région parisienne, immobilisant de nombreux incinérateurs français (Agen, Le Havre, Dunkerque, Couëron…). La créativité militante (dessins, graffitis, pancartes, autocollants…) et les techniques de lutte (renversement et feux de poubelles, liées par serre-flex) montrent bien que les grévistes du déchet sont justement considérés, à ce jour, comme l’avant-garde du mouvement social.
- Réforme des retraites : les trois incinérateurs parisiens reconduisent la grève jusqu’à dimanche (liberation.fr)
« C’est assez particulier ce que l’on voit chez les salariés depuis le 49.3 et les motions de censures rejetées […] Ils sont passés rapidement de la résignation à la colère. Est-ce qu’on pourra la canaliser ? »
- Réforme des retraites : à Saint-Denis, les grévistes de Paris-8 font un chèque de 5000 euros aux éboueurs de Paris (leparisien.fr)
- Grève des éboueurs à Paris : cinq arrondissements concernés par un nouveau préavis (francebleu.fr)
- La colère ouvrière monte en puissance (contre-attaque.net)
- Au terminal ferry de Ouistreham : une barricade pour empêcher les camions d’entrer (actu.fr)
- Les manifestant·es envahissent l’aéroport de Roissy (bfmtv.com)
- Nantes ville morte (contre-attaque.net)
- Retraites : la CGT coupe le courant à la préfecture de Haute-Vienne (liberation.fr)
Mairie du Ve, préfecture de Haute-Vienne, gare de Lyon… La FNME-CGT a revendiqué ce jeudi « la mise en sobriété énergétique » de plusieurs bâtiments et administrations en France.
- « On ira jusqu’au retrait » : à Grenoble, une marche aux flambeaux massive contre la réforme des retraites (liberation.fr)
- Extension du domaine de la mobilisation étudiante (humanite.fr)
Depuis le recours au 49.3, la colère est montée d’un cran parmi la jeune génération. Pour la défense des retraites, mais aussi contre la précarité et la sélection universitaire.
- Réforme des retraites : à l’université de Montpellier, « le ras-le-bol est tel qu’on n’attend pas, on y va » (liberation.fr)
- Manifestation sauvage et bâtiment universitaire évacué : la quatrième nuit après le 49-3 (rue89strasbourg.com)
« Et nous, aussi, on va passer en force ! »
- 49.3 : Elisabeth Borne malmenée sur Instagram (nextinpact.com)
Spécial GAFAM et cie
- Meta lance un service d’abonnement aux États-Unis : Meta Verified. (developpez.com)
S’inspirant de Twitter Blue, il permettra aux utilisateurs de Facebook et d’Instagram de payer mensuellement pour la vérification
- Meta : Zuckerberg enterre le Metavers en toute discrétion (zdnet.fr)
Le patron de Meta a écrit dans une lettre au personnel que “l’investissement le plus important du groupe” porterait désormais sur l’intelligence artificielle. Exit donc le Metavers comme figure de proue du géant de la tech.
- Amazon va encore supprimer 9 000 postes, soit un total de 27 000 (liberation.fr)
- Nuance intègre GPT-4 dans ses outils à destination des médecins (siecledigital.fr)
Microsoft et sa filiale Nuance viennent d’annoncer le déploiement d’une application destinée aux médecins qui transcrit instantanément des notes lors des consultations, tâche habituellement réalisée par les professionnels de santé.
- Le compte Twitter de la présidente du Parti Pirate a été suspendu et personne ne sait pourquoi (numerama.com)
- Twitter définitivement condamné pour n’avoir pas fourni des informations sur ses pratiques de modération (lemonde.fr)
La Cour de cassation a confirmé jeudi la condamnation du réseau social en 2021 pour ses manquements à la loi sur la confiance dans l’économie numérique.
Les autres lectures de la semaine
- La démocratie des interstices. Que reste-t-il de l’idéal démocratique ? – par feu David Graeber (cairn.info)
- Sommes-nous entré·es dans les sociétés du profilage ? (hubertguillaud.wordpress.com)
- ChatGPT, Bard et Cie : nouvelle course à l’IA, et pourquoi faire déjà ? (framablog.org)
- Enquêter sur les policiers – Entre devoir de réserve, héroïsation et accès au monde privé (journals.openedition.org)
- Rapport de synthèse du GIEC : chaque dixième de degré compte (bonpote.com)
- What Would It Look Like If We Treated Climate Change as an Actual Emergency ? (currentaffairs.org – article de 2021)
It is possible to keep global heating under 1.5 degrees, but it requires that we shift into emergency mode. […] First, we have to nationalize the fossil fuel industry and the energy companies, bringing them under public control, just like any other essential service or utility. […] At the same time, we need to scale down less-necessary parts of the economy in order to reduce excess energy demand : SUVs, private jets, commercial air travel, industrial beef, fast fashion, advertising, planned obsolescence, the military industrial complex and so on. We need to focus the economy on what is required for human well-being and ecological stability, rather than on corporate profits and elite consumption. […] Second, we need […] to guarantee universal public healthcare, housing, education, transport, water, and energy and internet, so that everyone has access to the resources they need to live well […] Third, we need to tax the rich out of existence.
- Santé mentale et soins psychiques de l’enfant : les impasses du « tout biologique » (theconversation.com)
Les BDs/graphiques/photos de la semaine
- Espérance de vie
- Iels n’ont pas voté
- Poubelle
- Dépassés
- Sacrifice
- Feu vert
- Un peu trop
- Enfants
- À chaque fois
- Parlementaire
- Macron s’exprime
- Macron apaise
- Nique le GIEC
- Fine
- T’inquiète
- Puni
- Grève
- France bloquée
- Zbeul général
- Classement
- Iran
- Rebondir
- Question con
- Allumettes
- Tout crâmer
- Heure d’été
- JO
- Paris 2024
- Parfum de France
- Mascotte
- Sécurité
- Assange
- Smartphone
- Epson
- Braille
Les vidéos/podcasts de la semaine
- Nouvel épisode du podcast Fronde(s) : comment fabriquer une barricade (podcast.ausha.co)
- Place de la Concorde : Colère populaire, violences policières (lemediatv.fr)
- Est-ce que vous condamnez les violences ? La chronique de Waly Dia (invidious.fdn.fr)
Il y a un journaliste qui s’est dit, dans tout ce bordel les français ont besoin de savoir ce que pense Bayrou. Bayrou, c’est tout de même un exemple lumineux d’inutilité, c’est la quintessence du rien, il est tellement vide qu’il rend le néant jaloux […] C’est Macron qu’on voudrait bien entendre. On a le droit à des selon l’entourage du président, d’après l’Élysée, et à chaque fois qu’on le voit il est dans un autre pays.C’est un chef d’État ou c’est un mec en cavale ? ? ?
- Macron matraque sa réforme (peertube.tweb.tv)
- “C’est la fin de la Macronie, je suis ravi de ce 49.3” (invidious.fdn.fr)
- Franchise et macronisme – Le Moment Meurice (peertube.stream)
- Vulves assassines – La Retraite (invidious.fdn.fr)
- Darmanin – compilation (mini-vidéo mamot.fr)
- BFM (mini-vidéo mamot.fr)
- Mathilde Panot : Vous céderez (mini-vidéo mamot.fr)
- Macron : “une révolution ne s’invite pas, c’est le peuple qui la décide” (mini-vidéo mamot.fr)
- Petite compilation en musique (mini-vidéo mamot.fr)
- Qu’attend-on aujourd’hui d’un représentant du peuple ? (radiofrance.fr)
- Proposition de loi (mini-vidéo mamot.fr)
Les trucs chouettes de la semaine
- Actualités des organisations du Libre (linuxfr.org)
Dans l’agenda du libre, il y avait des évènements et des organisations. Il y a maintenant les actualités des organisations. Essentiellement, il s’agit d’une syndication de leur flux (Atom/RSS), s’il a été saisi. C’est un peu un planet.Il y a une fonction filtrable par lieu, mot-clé ou organisation, et il est possible de s’abonner
- CLIC : Un projet pour des apprentissages numériques plus interactifs (framablog.org)
- PVH éditions et Ludomire : édités, libérés (framablog.org)
- From Freedom Trail to free boot and free farms : Charting the course at LibrePlanet day two (fsf.org)
Retrouvez les revues de web précédentes dans la catégorie Libre Veille du Framablog.
Les articles, commentaires et autres images qui composent ces « Khrys’presso » n’engagent que moi (Khrys).
Publié le 24.03.2023 à 07:42
Échirolles libérée ! La dégooglisation (3)
Voici déjà le troisième volet du processus de dégooglisation de la ville d’Échirolles (si vous avez manqué le début) tel que Nicolas Vivant nous en rend compte. Nous le re-publions volontiers, en souhaitant bien sûr que cet exemple suscite d’autres migrations vers des solutions libres et plus respectueuses des citoyens.
Dégooglisation d’Échirolles, partie 3 : les solutions
par Nicolas Vivant
L’organisation est structurée, les enjeux sont posés, place à la mise en œuvre opérationnelle.
L’âge de la maturité
Les informaticiens utilisent des logiciels libres, pour le fonctionnement de leur système d’information, depuis toujours. Pas par militantisme, dans la plupart des cas, mais simplement parce que ce sont les plus stables, les plus sûrs et souvent les meilleurs. L’immense majorité des serveurs web, par exemple, fonctionne avec Apache ou, de plus en plus, NGINX, et tournent sur des systèmes d’exploitation libres (GNU/Linux, souvent).
La nouveauté concerne le poste client, la communication et les applications métier. Dans ces trois domaines, les logiciels libres ont atteint un niveau de maturité inédit jusqu’alors. L’absence de publicité et de marketing ne favorise pas la découverte des solutions disponibles, mais certains logiciels ont fait leur chemin dans les organisations. Comment ? Par le bouche à oreille, les échanges sur les réseaux sociaux, la communication (et le travail) de différentes associations et structures étatiques (Adullact, April, Framasoft, Etalab, etc.) ou la contagion entre collectivités : une collectivité utilise un logiciel, j’en entends parler (ou je l’utilise dans mes échanges avec elle), je me renseigne et je finis par l’adopter.
Souvent, plusieurs solutions libres existent pour un même usage. L’exemple de la messagerie électronique est parlant. Microsoft (avec Outlook/Exchange) et Google (Gmail) sont dominants sur le marché. Pourtant, il existe au moins 6 alternatives « open source » : Zimbra, BlueMind, OpenXchange, SOGo, Kolab et eGroupWare qui ont peu ou prou les mêmes fonctionnalités ? Comment faire un choix ?
Savoir faire un choix
À Échirolles, après que les aspects fonctionnels sont validés, nous nous appuyons sur 4 piliers :
- la feuille de route et le schéma directeur qui en découle (voir Échirolles libérée (I) : structuration)
- l’analyse technique (voir Échirolles libérée (II) : transformation)
- la coopération intercommunale (qui utilise déjà, et comment ça se passe ?)
- le coût (combien ça coûte, pour quel niveau de service ?)
→ Le schéma directeur évoque des solutions gérées et maintenues en interne et met en avant les concepts de souveraineté numérique et d’autonomie vis-à-vis des éditeurs. C’est une première base de jugement : lesquelles de ces solutions correspondent le mieux aux enjeux identifiés par nos élus ? → L’analyse technique permet de vérifier les qualités intrinsèques de la solution, son interopérabilité correcte avec les outils existants, notre capacité à la gérer en autonomie, sa cohérence avec notre préoccupation de l’impact environnemental → La coopération intercommunale nous permet d’avoir une idée des problèmes rencontrés, de la réactivité des éventuels prestataires et, globalement, du niveau de satisfaction des collègues. → Le coût est évalué sur devis (le code de la commande publique nous contraignant, à raison, à la consultation de plusieurs acteurs et à la justification de nos choix) et par la vérification des références existantes même si pour nous, bien souvent, libre veut dire gratuit.
Les échanges entre services, et en interne au sein de la direction de la stratégie numérique, éclairent également nos décisions.
Go go go !
Sur la base de ces critères, Échirolles a fait le choix de SOGo, une solution fonctionnelle, éprouvée (par Gandi, notamment, en France), solide et qui semble le mieux correspondre à ce que sont nos orientations. D’autres communes font d’autres choix, privilégiant d’autres critères (le nombre et la qualité des prestataires susceptibles d’apporter une assistance sur la solution, par exemple).
Le choix d’une solution de Cloud et d’édition collaborative (alternative à Microsoft Teams ou Google Workspace) s’est fait selon les mêmes critères. Pour la partie Cloud/gestion de fichiers, la coopération intercommunale nous a conduit à éliminer Alfresco Share, peu adapté à nos usages. Pour l’édition collaborative, nous avons préféré Collabora à OnlyOffice, sur les conseils de différentes associations et partenaires et parce que le projet nous semblait mieux correspondre à nos valeurs.
Enfin, le passage à un système d’exploitation libre pour les postes clients est entamé à Échirolles. La ville a fait le choix de Zorin OS, pour de nombreuses raisons qui ont été expliquées dans des articles plus complets :
→ La stratégie gagnante d’une migration du poste de travail sous Linux (LeMagIT) → Le poste de travail Linux (étude d’ATOS réalisée par Arawa pour le Ministère des Finances)
Pour le reste, nous utilisons trop de logiciels libres pour les lister tous (les systèmes de gestion de bases de données, par exemple). Certains sont en place depuis très longtemps (Firefox, Thunderbird, 7zip…), d’autres ont été installés récemment (Peertube, Nextcloud, Joplin, Psono…), d’autres sont en cours de déploiement (Proxmox, Maarch courrier, Keycloak…). Quelques-uns, méconnus ou parce qu’ils ont fait l’objet d’une mise en œuvre particulière, ont fait l’objet d’articles dédiés sur mon blog : Mastodon, OBS Studio, Porteus Kiosk, BigBlueButton, etc.
Liste non exhaustive de logiciels libres utilisés à Échirolles
Postes clients :
- 7Zip : https://www.7-zip.org (compression/décompression de fichiers)
- FileZilla : https://filezilla-project.org (client FTP)
- Firefox : https://www.mozilla.org/fr/firefox (navigateur web)
- FOG Project : https://fogproject.org (gestion d’image de postes clients)
- Joplin : https://joplinapp.org (notes synchronisées)
- LibreOffice : https://fr.libreoffice.org (suite bureautique)
- Remmina : https://remmina.org (connexion à distance)
- Shotcut : https://shotcut.org (montage vidéo)
- Signal : https://signal.org (chat)
- Thunderbird : https://www.thunderbird.net (client de messagerie)
- VLC : https://www.videolan.org (lecteur vidéo)
- Zorin OS : https://zorin.com/os/ (système d’exploitation sur poste client)
Applications collectivité :
- Collabora : https://www.collaboraoffice.com (édition collaborative)
- Keycloak : https://www.keycloak.org (gestion des identités/SSO)
- Maarch courrier : https://maarch.com/maarch-courrier/ (gestion électronique de courrier)
- NextCloud : https://nextcloud.com (cloud)
- Odoo : https://www.odoo.com (ERP, utilisé pour la gestion du recrutement)
- KeePassXC : https://keepassxc.org (gestion de mots de passe)
- SOGo : https://www.sogo.nu (messagerie e-mail, agenda, carnets d’adresse)
- Sympa (via Framasoft) : https://framalistes.org (liste de discussion par e-mail)
- WordPress : https://fr.wordpress.org (intranet, sites web associatifs)
Applications DSI :
- BackupPC :https://backuppc.github.io/backuppc/ (sauvegarde)
- Apache : https://httpd.apache.org (serveurs web applicatifs)
- Checkmk : https://checkmk.com (monitoring serveurs)
- Debian : https://www.debian.org (système d’exploitation sur serveur)
- Docker : https://www.docker.com (conteneurs pour serveur)
- GLPI : https://glpi-project.org (gestion de parc)
- LibreNMS : https://www.librenms.org (monitoring réseau)
- NGINX : https://www.nginx.com (serveur web applicatifs, proxy)
- pfSense : https://www.pfsense.org (pare-feu)
- Proxmox : https://www.proxmox.com (virtualisation de serveurs)
- Psono : https://psono.com (gestion des mots de passe)
- QGIS : https://www.qgis.org (géomatique)
- Ubuntu : https://www.ubuntu-fr.org (système d’exploitation sur serveur)
- Wiki.js : https://wiki.js.org (documentation des procédures)
- XiVO : https://wisper.io/xivo/ (téléphonie/voix sur IP)
- Zammad : https://zammad.org (gestion de tickets/boîtes e-mail génériques)
Communication :
- Audacity : https://www.audacityteam.org (montage audio)
- Drupal : https://www.drupal.fr (site web de la ville)
- Mastodon : https://joinmastodon.org (réseau social)
- Matomo : https://fr.matomo.org (mesure d’audience de site web)
- OBS Studio : https://obsproject.com (streaming vidéo)
- Peertube : https://joinpeertube.org (hébergement vidéos)
- Porteus Kiosk : https://porteus-kiosk.org (PC en libre service, écrans de présentation)
Dématérialisation :
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- Asalae : https://www.libriciel.fr/logiciels/asalae/ (archivage électronique)
- Idélibre : https://www.libriciel.fr/logiciels/idelibre/ (gestion des instances municipales)
- iParapheur : https://www.libriciel.fr/logiciels/iparapheur/ (signature électronique)
- Pastell : https://www.libriciel.fr/logiciels/pastell/ (passerelle applicative)
- Slow : https://www.libriciel.fr/logiciels/slow/ (télétransmission des actes)
- WebDelib : https://www.libriciel.fr/logiciels/webdelib/ (préparation des instances municipales)
À noter l’excellente initiative de l’Adullact à destination des collectivités et des prestataires, qui permet d’identifier les acteurs pour chaque logiciel référencé : Comptoir du Libre. Échirolles y maintient les informations concernant les choix de logiciels de la commune.
Cet article ne serait pas complet sans dire un mot sur l’équipement des écoles maternelles et élémentaires, dont l’équipement en informatique incombe aux communes. Si les postes clients disposent des mêmes logiciels que ceux que nous déployons au sein des services municipaux, le passage à Linux attendra encore un peu, pour des raisons que j’ai détaillées dans un article dédié.
Structuration, transformation, mise en œuvre opérationnelle, tout cela est bel et bon. Mais comment être sûr de ne laisser personne au bord de la route ? C’est tout l’enjeu de l’inclusion numérique, sujet de l’article suivant.
→ L’épisode 1 (structuration) → L’épisode 2 (transformation)
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- Source image :
- Auteur : Erich Lessing Culture and Fine Arts Archives via artsy.net
- Description : Tableau d’Eugène Delacroix « La Liberté Guidant le Peuple », commémorant la révolution des Trois Glorieuses (27-28-29 juillet 1830) en France.
- Licence : Domaine public
Retrouvez-moi sur Mastodon : https://colter.social/@nicolasvivant
Publié le 23.03.2023 à 17:02
CLIC : Un projet pour des apprentissages numériques plus interactifs
La proposition de CLIC est de s’auto-héberger (de faire fonctionner des services web libres sur son propre matériel) et de disposer de ses contenus et données localement, et/ou sur le grand Internet avec un système technique pré-configuré. Le dispositif s’adresse plutôt à des militant⋅es, des chercheur⋅euses, des formateur⋅ices… amené⋅es à se rendre sur le terrain, où la connexion Internet n’est pas toujours stable, voire est inexistante.
Depuis décembre 2022, un an après une première rencontre, la clique du projet CLIC s’est retrouvée deux fois :
- à Paris au CICP et en ligne pour une nouvelle session de travail et d’échange avec des chercheur⋅ses de l’IRD.
- à Montpellier au Mas Cobado dans une ambiance de fablab éphémère
À la fin de la session de novembre 2021, l’objectif pour 2022 était d’avoir testé le dispositif dans plusieurs contextes. Des CLICs ont ainsi été mis en place pour les labs d’innovation pédagogique, et pour les territoires d’expérimentation Colibris, des contenus accessibles hors ligne ont été ajoutés avec kiwix.
Une difficulté s’est cependant vite posée, liée à l’état de développement du dispositif : l’installation nécessitait alors un accompagnement humain qui manquait une fois de retour sur le terrain, si la CLIC ne fonctionnait plus. Pour les CLICs livré⋅es clé en main, la maintenance et parfois l’usage lui-même étaient donc dépendants des humain⋅es de la clique. Enfin, la pénurie de nano-ordinateurs comme les Raspberry Pi a empêché de s’approvisionner en matériel à déployer. Le projet a donc peu avancé, mais l’intérêt est resté présent.
Premiers retours d’usage
Une priorité pour les retrouvailles de décembre 2022 a donc été d’identifier la cause des problèmes surgissant à l’installation d’une part, et de rédiger un tutoriel pour accompagner l’installation pour les personnes souhaitant plonger dans le projet d’autre part.
Des premiers retours d’usages des chercheur⋅ses de l’IRD ont permis de soulever plusieurs questions :
- celle de l’usage d’un logiciel d’enquête non-libre en lien avec un CLIC,
- celle de la récupération de sauvegarde de ce qui a été travaillé localement en vue de le publier en ligne,
- celle de la compatibilité avec différentes bases de données.
Sur la question de l’usage de solutions techniques non-libres, le projet CLIC s’appuyant sur YunoHost, rapidement la réponse a été qu’on ne chercherait pas de compatibilité avec de telles solutions, préservant nos ressources pour la recherche sur des solutions libres.
Concernant la récupération « facile » des sauvegardes, la réponse reste à être identifiée et implémentée, car il n’y a pour le moment pas de solution clé en main le permettant, autre que l’outil de sauvegarde intégré à YunoHost. Si l’utilisateur⋅ice peut se passer d’une aide graphique, le transfert vers une autre CLIC ou vers un YesWiki devrait pouvoir se faire sans trop de difficultés.
Pour la compatibilité avec les bases de données, plusieurs sont supportées par le projet CLIC : MariaDB (ou MySQL), PostGreSQL. Pour des solutions personnalisées (par exemple à partir d’openHDS), des installations supplémentaires sont à envisager, mais pas impossibles.
Les discussions tout au long de 2022 ont mis en évidence un intérêt pour plusieurs cas d’usage :
- pour un usage pédagogique en classe, en formation (apprendre à administrer un serveur, se former à l’utilisation de logiciels…),
- pour réaliser un travail de terrain en Sciences Humaines et Sociales (anthropologie, démographie, linguistique, etc.) sans connexion,
- pour s’affranchir du recours à la 4G en cas de connexion Internet défaillante ou restreinte (réseaux d’université par exemple),
- pour mettre à disposition des contenus (supports pédagogiques, informations utiles dans un contexte précis, partages au sein d’une communauté…).
Si vous vous retrouvez dans ces cas, ou que vous en identifiez d’autres et que vous souhaitez participer aux tests du prototype du CLIC, contactez-nous sur contact AT projetclic.cc. Nous pouvons vous accompagner dans les premières étapes, et vos retours seront très utiles pour avancer ce projet.
Vous pouvez aussi regarder par vous-même, auquel cas vous aurez besoin :
Des améliorations logicielles et matérielles
Après ces deux rencontres, on compte cinq grosses améliorations :
- Un site a été créé pour le projet pour y retrouver actus, communauté, images à télécharger et tutoriels : https://projetclic.cc.
- Le hotspot wifi affiche une popup permettant de retrouver le portail sans connaitre son adresse url d’avance,
- L’installateur permet de choisir les applications qu’on veut utiliser parmi une sélection,
- Le portail de sélection de service a été travaillé graphiquement et une démo est disponible,
- Des images sont mises à disposition pour les modèle de nano-ordinateurs Odroid en plus des RaspberryPi.
Les améliorations matérielles ne sont pas en reste :
- Design et impressions 3D de boîtiers pour nano-ordinateur Odroid
- Travail sur la Chatravane avec des ateliers pédagogiques sur la consommation énergétique en autonomie avec des panneaux solaires.
Pour la suite, il est prévu :
- De continuer de travailler sur le système et son installation, notamment pour s’approcher au maximum d’une installation « en un clic ».
- D’ajouter une facilitation graphique au tutoriel, pour aider à la compréhension du fonctionnement d’une CLIC.
- De continuer les tests sur le terrain (et adapter la documentation en fonction des observations).
- De prévoir un hackathon axé sur le design et la communication.
Le projet CLIC avance doucement mais sûrement, grâce à du temps de travail bénévole et rémunéré (ritimo, Mouvement Colibris, YunoHost) et au soutien de Framasoft.
Nos prochaines retrouvailles seront aux Journées du Logicel Libre (JDLL) les 1er et 2 avril 2023, où vous nous retrouverez en déambulation et de manière plus posée, au stand de nos ami·es de YunoHost.
Crédit photos : 12b Fabrice Bellamy et Mathieu Wostyn Crédit vidéo : Mouvement Colibris Licence CC BY SA
Publié le 23.03.2023 à 14:43
ChatGPT, Bard et cie : nouvelle course à l’IA, et pourquoi faire déjà ?
Google va ajouter de l’IA générative dans Gmail et Docs. Énième actualité d’un feuilleton permanent depuis « l’irruption » de ChatGPT. Et chez moi, un sentiment de malaise, d’incompréhension, et même de colère.
Qu’est-ce que ChatGPT ? Qu’est-ce que l’IA1 ? Ce sont d’abord d’immenses infrastructures : les câbles sous-marins, les serveurs des datacenters, mais aussi nos ordinateurs et nos smartphones. Donc ce sont des terres rares et des minerais, dégueulasses à excaver et à purifier (heureusement un jour il n’y en aura plus2). Ensuite, c’est du traitement MASSIF de données. Du vrai gavage de programmes d’apprentissages par des quantités phénoménales de données. C’est donc des infrastructures (encore) et de l’énergie. Une quantité phénoménale d’énergie, très largement carbonée. Enfin, c’est beaucoup de main-d’œuvre sous-payée pour entraîner, tester, et entretenir les systèmes d’IA. ChatGPT, il ne faut pas l’oublier, ce n’est que la face émergée d’un très très gros iceberg. Très gros et très sale.
Ce n’est pas un film. ÇA, c’est l’ambiance dans une mine de cobalt.
Image issue du documentaire d’Arte : Cobalt, l’envers du rêve électrique
Bref, développer une IA a un coût environnemental et humain énorme (et largement opaque), ce n’est pas que du code informatique tout propre. À la rigueur, si le rapport coût/bénéfice était largement positif… Par exemple, si l’IA développée permettait des économies d’énergie de 30 % dans le monde, ou qu’elle permettait de mieux gérer les flux alimentaires et donc d’endiguer la faim, alors on pourrait sérieusement discuter de moralité (est-ce acceptable de détruire la planète et d’exploiter des humains pour sauver la planète et d’autres humains ?).
Mais à quoi servent ces IA génératives ? Pour le moment, à faire joujou, principalement. À chanter les louanges de l’innovation, évidemment. À se faire peur sur l’éternelle question du dépassement de l’humain par la machine, bien sûr. Et ensuite ? Supprimer des postes dans des domaines plutôt créatifs et valorisés ? Défoncer les droits d’auteur en pillant leur travail via des données amassées sans régulation ? Gagner un peu de temps en rédigeant ses mails et ses documents ? Transformer encore un peu plus les moteurs de recherche en moteurs de réponses (avec tous les risques que ça comporte) ? Est-ce bien sérieux ? Est-ce bien acceptable ?
Tout ça me laisse interrogateur, et même, en pleine urgence environnementale et sociale, ça me révolte. À un moment, on ne peut pas continuer d’alerter sur l’impact environnemental réel et croissant du numérique, et s’enthousiasmer pour des produits comme ChatGPT et consorts. Or souvent, ce sont les mêmes qui le font ! Ce qui me révolte, c’est que toute cette exploitation humaine et naturelle3, inhérente à la construction des Intelligences Artificielles, est tellement loin de ChatGPT que nous ne la voyons pas, ou plus, et nous ne voulons pas la voir. Cela se traduit par tous les messages, enthousiastes et même volubiles, postés quotidiennement, sans mauvaise intention de la plupart de leurs auteur⋅ice⋅s.
Symboliquement, je propose de boycotter ces technologies d’IA génératives. Je ne suis heureusement pas utilisateur de Google et Microsoft, qui veulent en mettre à toutes les sauces (pour quoi faire ?). J’espère que mes éditeurs de services numériques (a priori plus éthiques) ne céderont pas un pouce de leurs valeurs à cette hype mortifère…

Au vu de ce qu’elles apportent, les IA génératives sont-elles vraiment soutenables humainement et environnementalement ? Je ne le crois pas.
Pour poursuivre sa lecture et ses réflexions
- Intelligence artificielle : Nous n’avons pas besoin de plus de contenus, mais de meilleures analyses
- Cobalt, l’envers du rêve électrique
- Ruée minière au XXIè siècle : jusqu’où les limites seront-elles repoussées ? – Aurore Stephant à USI
- La responsabilité chez Fairphone – Agnès Crépet & Alix Dodu – Ethics by design 2020
- Anatomy of an AI system, Kate Crawford and Vladan Joler
- The carbon impact of artificial intelligence