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Publié le 29.03.2023 à 06:00 Victoria Berni Publié le 27.03.2023 à 06:00 Victoria Berni Publié le 24.03.2023 à 05:00 Victoria Berni Publié le 22.03.2023 à 05:00 Victoria Berni Publié le 21.03.2023 à 05:16 Mr Mondialisation Publié le 20.03.2023 à 16:27 Victoria Berni Publié le 18.03.2023 à 05:00 Victoria Berni Publié le 17.03.2023 à 05:00 Victoria Berni Publié le 16.03.2023 à 05:10 Sharon Houri Publié le 15.03.2023 à 05:00 Victoria Berni Publié le 29.03.2023 à 06:00 Victoria Berni Dans cet article, nous vous proposons de découvrir les techniques de restauration des coraux en partant à la rencontre d’associations françaises qui œuvrent pour la protection des coraux. Bien que cette démarche soit nécessaire, elle demande de suivre certaines précautions dans des fonds marins sensibles aux moindres changements. Nous verrons de quelle manière les Antilles sont particulièrement touchées par cette destruction des coraux, quelles espèces de coraux sont les plus résistantes et les plus utilisées et les dernières innovations en matière de transplantations coralliennes.
Passionné de plongée, le couple fondateur de l’association La tête dans l’eau, une organisation qui met en avant la beauté des fonds marins en sensibilisant à leur protection, a suivi une formation de transplantation à Bonaire, une île des Caraïbes : « La formatrice, qui travaille avec Reef Renewal Fondation Bonaire, nous a appris que le choix des coraux se faisait en fonction des sites. Par exemple, à Bonaire, les premiers coraux réintroduits étaient des coraux “corne d’élan” et des coraux “corne de cerf”. Ces coraux présents autour de l’île ont la particularité de se reproduire rapidement et d’être robustes ».
IGREC Mer, une autre association dont l’objectif est la préservation et la restauration des écosystèmes marins, a la vaste tache de protéger les coraux. Mariane Aimar, directrice d’IGREC Mer témoigne : « Nous avons pu restaurer des mangroves en cultivant des palétuviers. Nous avons collecté en mer des petits larves de poisson puis les avons conservées. Sachant qu’elles se font manger par 95 % des gros poissons, nous les avons relâchées dans la mer une fois que les larves avaient atteint leur taille adulte, pour repeupler des zones dévastées. Nous sommes la première organisation européenne à avoir utilisé cette méthode de préservation des poissons ainsi que celle de transplantation des coraux. Les espèces que nous utilisons le plus sont l’Acropora Palmata et la Silviporis ». La particularité du corail est de se reproduire de manière asexuée et sexuée. À ce sujet, Mariane Aimar ajoute que « si l’on investit la reproduction asexuée, on prélève des petits morceaux de coraux qu’on accroche à différentes structures. Le corail se reproduit aussi de manière sexuée : d’aout à septembre, des œufs vont être expulsés et vont s’installer sur le corail mort ou bien dans un fond sableux ».
Ensuite, Coral Planters, créé en 2017 à Bayonne et Anglet, un an après un épisode catastrophique de blanchiment des coraux en 2016, est aussi une association de conservation des coraux. Elle procède de plusieurs manières pour replanter les coraux. « D’abord naturellement en récupérant des fragments directement tombés des coraux ou bien indirectement en les élevant dans des nurseries et pépinières puis en les posant sur des structures. Tous les 6 mois, une nouvelle photo des récifs est transmise par une IA qui permet de déterminer le taux de survie des coraux. Nos structures sont plantées aux Maldives et sur l’île Rodrigues » précise Coral Planters.
En 20 ans, Mariane Aimar de l’association IGREC Mer a vu la destruction inexorable des coraux. Une dégradation massive qui ne s’est pas arrangée dans les Antilles Françaises avec la mise en place d’un traité environnemental de Ségolène Royal signé en 2017, toujours en vigueur. Cet arrêté de protection des coraux interdit toute recherche scientifique sur les espèces protégés de coraux, entraînant l’arrêt des recherches d’IGREC Mer. Depuis l’association ne peut plus poursuivre ses actions de transplantation de coraux, réduite à n’utiliser plus que des espèces de coraux protégées qui ont une croissance plus lente que les coraux auxquels l’association avait recours. « La Guadeloupe était l’une des îles les plus avancées en matière de protection des coraux mais avec cet arrêté, nous devons faire de longues procédures administratives » déplore l’association. In this video you can see Marina, our Deep CORE project manager, performing a transplant operation on one of the chandelier #corals in our area of action in #Spain!
Coral Guardian prépare le terrain, un passage obligé pour optimiser l’effet des transplantations. Elle nettoie donc d’abord les fonds marins avec une équipe de plongeurs techniques aguerris. L’équipe locale transplante ensuite les coraux en utilisant une résine non toxique. Pour les coraux d’eaux froides, l’organisation doit faire face à des difficultés techniques. La transplantation corallienne s’effectue alors avec des Véhicules d’Opération Remote.
Toutes les Antilles françaises sont menacées par la destruction de coraux : 85 % de coraux sont anéantis dans cette zone. On retrouve de rares endroits préservés comme à Saint Barthélemy et à Saint Martin, des îles non urbanisées. En Guadeloupe, les réserves naturelles ont aussi vu leurs coraux se dégrader. La réserve naturelle nationale des îles de la Petite Terre est impactée. La réserve Cousteau conserve, quant à elle, quelques coraux intacts.
Le dérèglement climatique s’accentue. D’août a novembre, l’eau au large des Antilles était généralement à 29 degrés. Sa température avoisine désormais les 31 degrés. Au-delà de 29 degrés, le blanchiment devient inévitable. Ce sont alors les algues qui sont impactées, elles qui assurent la bonne santé des coraux en agissant sur leur teneur en sucre et leur couleur. Les épisodes d’eau chaude se sont aussi rallongés. « La période d’eau chaude s’étendait de deux à trois semaines. Maintenant, elle dure trois mois » alerte IGREC Mer.
En Guadeloupe, 75 % des eaux usées sont rejetées dans la mer là où les stations d’épuration ne sont plus aux normes. Un constat étayé par la responsable d’IGREC Mer : « La pollution est la cause principale de la destruction des coraux. Dès qu’il pleut beaucoup, les stations d’épuration débordent en mer. Les pratiques de pêche et l’agriculture intensive renforcent la destruction des coraux ».
D’autres menaces planent sur le corail alerte IGREC Mer : « On a découvert depuis quelques années une nouvelle maladie. La maladie des pertes des tissus coralliens (SCTLD) qui vient de Floride et gagne à présent toutes les Antilles. Elle a dévasté les coraux ronds mais n’a pas eu le même impact partout. On a remarqué que les coraux en meilleure santé sont les moins touchés. Un constat surprenant a été fait : à condition égales, certains coraux résistent mieux. Des études génétiques sont en cours pour voir pourquoi certains sont plus résistants que d’autres. En Polynésie et en Australie, on tente même de créer des espèces plus résistantes à partir de ces coraux ». Des recherches scientifiques sur l’aspect probiotique des coraux ont lieu pour récupérer de leur souche bactérienne afin de la disperser sur les coraux, dans les zones dévastées.
L’introduction des substrats artificiels comme les coques de bateaux, les pneumatiques ou les grilles métalliques peut endommager l’environnement si l’opération est mal controlée. « Si on parle de restauration écologique, il faut que ces nurseries contribuent à la récupération de l’écosystème, et qu’elles n’endommagent pas davantage les écosystèmes coralliens à travers la libération de polluants ! Les coques de bateaux sont connues pour avoir des métaux lourds et des substances anti-fouling, qui évitent la colonisation d’organismes marins. Nous faisons des analyses afin de s’assurer que leur introduction ait un impact positif et ne représente pas une menace en plus » signale Coral Guardian. Adopt a coral in the Mediterranean Sea
« Il ne faut pas introduire une espèce étrangère dans une nouvelle zone. On fait très attention avant de replanter. Il faut bien réfléchir et faire une étude d’impact ! Il faut savoir quelles espèces on met les unes à côté des autres selon leur taux de croissance » ajoute Coral Planters.
Coral Planters, qui s’investit dans des projets de trois ans au moins, a recours à plusieurs espèces de coraux d’eau chaude qu’elle transplante sur le temps long : « On réintroduit essentiellement des espèces Acropora au taux de croissance assez élevé. La résistance n’est pas la même en fonction des espèces : les Acropora sont moins résistantes que les Porites, des coraux à la forme de cerveaux massifs. Nous avons récupéré de l’Acropora Digitifera, de l’Acropora Humilis, de la Pocillopora Verrucosa. Nous utilisons aussi des Digitifera en eaux peu profondes. Nous avons recours à l’Acropora Secales dans des eaux plus profondes. On a observé une augmentation des espèces biologiques depuis replantage. Au bout de six mois, on voyait déjà les espèces revenir ».
En dessous de trois ans, les coraux n’ont pas atteint la majorité sexuelle donc c’est plus difficile de statuer sur leur récupération. « C’est pourquoi nous menons un projet sur le long terme qui peut durer pendant plus de vingt ans. Reefscapers est un partenaire terrain actuel qui a pu nous transmettre des données antérieures » souligne Coral Planters.
– Audrey Poussines
Photo de couverture : Un arbre, structure avec des cornes d’élans en haut et des cornes de cerf en bas. Page Facebook de la tête dans l’eau
Publié le 27.03.2023 à 06:00 Victoria Berni C’est finalement vers les années 1970 que l’on commence réellement à constater les méfaits des activités humaines sur l’environnement, notamment avec le rapport Meadows sur les limites de la croissance (1972) qui a marqué un réel tournant dans l’écologie. Autrice de « Je suis une ville » et contestataire jusqu’au bout des ongles, Made relate, sur ces pages de papier recyclé, non sans une bonne dose d’humour et d’originalité, des « petits et grands moments choisis d’une ville à l’histoire forcément singulière », Grenoble, sans se priver d’y dénoncer les ravages d’une industrialisation débridée portée par une mondialisation frénétique. Portrait inspirant d’une femme engagée aux multiples talents. Made a pendant longtemps exercé le métier de professeur de dessin mais à partir des années 1970, sa vie a pris un tout autre tournant. Fréquentant un milieu de précurseurs de l’écologie telle qu’on la connaît aujourd’hui, elle s’est rapidement empreinte d’un vif intérêt pour la défense de l’environnement. Avec son mari François, elle a créé un atelier de fabrication de capteurs solaires thermiques avec pour ambition première d’équiper des maisons individuelles. Une démarche low-tech avant leur émergence. Secrétaire de cette petite entreprise, Made s’occupait notamment de renseigner les clients dont peu encore connaissaient les tenants et les aboutissants de l’énergie solaire. Son époux, lui, se chargeait de la partie fabrication, conseillé par un ami ingénieur qui était l’un des premiers spécialistes de l’énergie solaire à Grenoble. Pendant plusieurs années, la réussite de leur projet leur a valu des encouragements de l’État qui leur a accordé des subventions pour équiper des endroits publics (écoles, HLM…). Certains de ces panneaux, à l’époque garantis 10 ans, sont encore à ce jour en état de marche. Une des particularités de leur petite entreprise était qu’elle vendait des capteurs solaires sous forme de kits, pour permettre aux particuliers disposant de compétences en bricolage de les monter eux-mêmes, maximisant ainsi leur autonomie. La quantité de matériel utilisée était minime pour fabriquer ces panneaux qui nécessitaient seulement une surface noire (peinte avec une peinture spéciale capable de résister aux chaleurs extrêmes) pour absorber l’énergie du soleil et un circuit de tuyaux passant à l’intérieur pour chauffer l’eau et l’envoyer ensuite dans le ballon. Une technique très simple qui a permis à de nombreuses personnes de réduire drastiquement leur dépendance à l’industrie au regard de l’eau chaude sanitaire, mais aussi, accessoirement, du chauffage (grâce à des tuyaux d’eau circulant dans le sol). Ce type de chauffage au sol était en effet très répandu à l’époque, plus agréable et plus sain que celui nécessitant de l’électricité selon Made. La petite entreprise de Madeleine et François a connu un réel succès pendant un temps, jusqu’à un changement fatidique de gouvernement qui a mis fin aux subventions dont ils bénéficiaient. Ne pouvant plus assurer le salaire de ses quelques ouvriers, l’entreprise a dû fermer ses portes en 1989. Malgré cette déception, Made considère à ce jour que ces capteurs solaires constituaient une énergie durable de par notamment la longévité du matériel, l’entretien minime que celui-ci nécessitait et les économies conséquentes d’énergie réalisées. Un seul point faible : la peinture noire résistante aux températures très élevées, pour laquelle ils devaient alors s’approvisionner en Allemagne car elle était introuvable en France. Selon Madeleine, les panneaux solaires vendus aujourd’hui ressemblent beaucoup à ceux de l’époque mais ils sont devenus excessivement coûteux et, qui plus est, tout prêts à poser. L’idée du capteur solaire bon marché à installer soi-même s’est peu à peu évanouie au fil des années. Pourtant, dans ce contexte de crise énergétique, recréer ce type d’autonomie ne serait pas un luxe… Durant ces années, Made a également écrit des articles pour plusieurs revues locales et des associations de protection de l’environnement. De fil en aiguille, elle a fini par être embauchée par la revue écologiste et altermondialiste Silence, à Lyon, où elle a travaillé pendant 10 ans, jusqu’à devenir directrice de publication dans les années 2000. Toujours portée par un désir ardent de s’investir dans la cause environnementale, Madeleine a participé à de nombreux mouvements de désobéissance civile, notamment le « démontage du McDonald’s de Millau » dans le Larzac pour dénoncer la stupidité de la malbouffe, mais aussi la révolte Creys-Malville pour s’opposer au projet de construction du réacteur nucléaire Superphénix (qui n’a finalement jamais fonctionné et a été totalement arrêté en 1997), une période qu’elle qualifie aujourd’hui de particulièrement mémorable. Creys-Malville a réuni non seulement les écologistes locaux mais aussi ceux des villes alentours comme Lyon, ainsi que des citoyens suisses : « Nous n’étions pas dupes, nous savions bien que les radiations franchissent très aisément les frontières, contrairement à ce que racontaient les gouvernements à l’époque. » Dans les rangs du Comité Malville, créé pour s’opposer à cette abomination de l’industrie nucléaire, on pouvait trouver de simples habitants locaux mais aussi des spécialistes, dont un ingénieur en mécanique des fluides qui s’était occupé des tuyauteries à Creys-Malville et qui s’inquiétait particulièrement de l’inévitabilité de fuites radioactives étant donné que les matériaux n’étaient pas conçus pour supporter de tels fluides ou de telles températures. Résultat, un dossier conséquent et détaillé remis EDF, aussitôt passé à la trappe, nous raconte Made : « On n’a jamais entendu parler de ses conclusions. Pourtant, c’était quelqu’un d’éminent dans son domaine. Tous les constructeurs de centrales nucléaires ont négligé l’avis des spécialistes qui alertaient des dangers extrêmes de cette nouvelle industrie. » Triste est de constater qu’à ce jour, les négligences continuent de se multiplier. Rapidement, la lutte a donné naissance au journal Superpholix auquel plusieurs journalistes ont prêté leur plume, dont Madeleine qui nous raconte l’histoire de ce journal militant : « Une communauté d’universitaires qui n’étaient pas d’accord avec la politique des années 1970 s’était fondée à La Monta, une petite commune près de Grenoble. Rêvant de vivre autrement, ils avaient acheté en commun une immense bâtisse qui disposait d’espaces ateliers et d’espaces logements où ils se sont installés avec leur famille. Un atelier par exemple, était destiné à retaper des vélos (on pensait déjà, peu à peu, à abandonner la voiture). Il y avait également un atelier d’imprimerie qu’ils ont mis à notre disposition pour tirer des journaux. C’était vraiment très intéressant comme métier parce qu’on faisait tout nous-mêmes. On écrivait les articles, on imprimait les journaux et on allait les vendre sur les marchés, de Grenoble et des environs. Le projet a bien marché, on était bien accueillis ! C’était une époque glorieuse parce que réellement, on partait de rien et on s’attaquait à très gros. On a vite compris ce qu’était l’industrie nucléaire et à qui on avait à faire. Il y avait, dans les années 1970, beaucoup de conférences qui se passaient à Grenoble et aux environs, avec comme adversaires, des ingénieurs d’EDF, des gens tout à fait au courant de ce qui se passait. J’ai pu prendre la parole durant l’une d’entre elles et je leur ai demandé s’ils savaient que la centrale de Creys-Malville ainsi que beaucoup d’autres dans la région avaient été construites sur des zones sismiques, où l’on sait qu’éventuellement, un jour ou l’autre, il peut y avoir un tremblement de terre. Bien entendu, mon interlocuteur m’a assuré que tout était prévu, que toutes les centrales sont faites pour résister aux séismes. Pourtant, il y a quelques années, on a frôlé la catastrophe avec le séisme survenu non loin de la centrale de Cruas qui dû être temporairement mise à l’arrêt. » Plusieurs manifestations ont eu lieu pour s’opposer au projet « Superphénix ». Le rassemblement du 31 juillet 1977 à Creys-Malville a été l’un des plus importants de l’histoire du mouvement antinucléaire en France et a réuni plusieurs dizaines de milliers de personnes venues de tous les coins de l’Hexagone, mais aussi des pays alentours. Il a donné lieu à de violents affrontements entre les forces de l’ordre et les manifestants dont un a été tué par la police ce jour-là : Vital Michalon, un professeur de physique pacifiste. Aujourd’hui, le mouvement « antinuk » semble marquer le pas tant l’énergie nucléaire parait constituer la solution ultime pour lutter contre le réchauffement climatique. « Une énergie verte », qu’ils disent, omettant de mentionner la consommation démesurée d’eau que celle-ci nécessite, tout comme les déchets radioactifs dont on ne sait toujours pas quoi faire. Sans oublier les industries annexes, comme nous le rappelle Made, dont celle du ciment (car non, une centrale nucléaire n’apparaît pas par magie, il faut pour la construire, des tonnes de matériaux, mais aussi et avant tout, détruire des habitats naturels) : « Tout se tient et tout est dangereux en fin de compte » nous dit-elle, « Il n’existe pas d’énergie qui n’ait pas d’impact sur l’environnement. Même en ce qui concerne le solaire que je vantais… il nécessite cette peinture noire résistante aux chaleurs extrêmes et honnêtement, je ne sais même pas ce qu’elle contient. L’industrie peut être très nocive. En fin de compte, nous les écolos, on ne fait pas beaucoup mieux que les autres… On évite le pire quelques fois mais on n’a pas les solutions idéales, ou du moins, pas encore. » conclut-elle, en toute humilité. En 2021, Made publie son livre « Je suis une ville » où elle offre sa voix à la ville de Grenoble dont elle nous fait une visite guidée haute en couleurs, racontant non seulement des épisodes choisis de son histoire avec une bonne touche de fantaisie, mais aussi des moments-clés de la vie de petites gens qui y ont vécu, et dont elle reste à ce jour le dernier témoin. Un véritable régal. Elle évoque par exemple, la Journée des Tuiles du 7 juin 1788, nom donné à une émeute au cours de laquelle les insurgés affrontent l’autorité royale à coups de tuiles. C’est un prélude de la Révolution française. Elle ne se prive pas d’y faire transparaître avec une pointe de dérision son militantisme bien ancré : « Conclusion à l’intention des contestataires de toute époque : la tuile est un excellent matériau de défense populaire quand elle vole bas et vient de haut, mais nécessite de leur part qu’ils soient jeunes et agiles. Le pavé exige moins de performances physiques. » Dans ce livre édifiant, Made évoque également la vie de sa grand-mère, Marie Coulaud, issue d’une famille de paysans ardéchois qui s’est mariée à un cheminot, Louis Bonnardel, décédé plus tard à la gare Paris-Lyon-Méditerranée de Grenoble en voulant sauver des voyageurs d’un wagon fou qui arrivait sur les quais à cause d’une erreur d’aiguillage. Un geste héroïque qui n’a pourtant jamais été récompensé car suite à cela, Marie, mère de trois filles en bas-âge n’a reçu aucune indemnisation du PLM, sous prétexte que son époux était « employé de bureau » et n’avait rien à faire sur les quais de gare. Un récit poignant sur une jeune mère qui devra ensuite travailler chaque nuit en tant que couturière pour nourrir seule ses filles. « C’était une femme drôle et adorable. J’ai un souvenir formidable de cette grand-mère qui avait une vie très dure mais pas épouvantable car elle parvenait à garder sa bonne humeur malgré tout ce qui lui arrivait. » nous raconte Madeleine. « J’avais envie de parler de ces histoires, qu’on sache ce qui s’était passé à Grenoble. Toutes les anecdotes sont authentiques, telles que jamais personne ne les contera car les témoins de l’époque sont tous décédés et que rien n’a jamais été écrit sur ce sujet. Des histoires de petites gens, extrêmement modestes… Comme il n’y avait plus que moi qui pouvait en parler, je l’ai fait, pour ne pas qu’elles tombent dans l’oubli. » Dans « Je suis une ville », Madeleine dénonce également les dérives du capitalisme, le développement à tout prix d’industries toujours plus dangereuses et polluantes pour remplir quelques poches déjà débordantes et ce, au détriment du bien-être des habitants et de l’environnement, mais aussi le monopole grandissant des machines qui prend chaque jour un peu plus le pas sur l’homme, le tout au nom de la sacro-sainte croissance et de son fidèle compagnon, le progrès… Somme toute, la « conception d’un autre type d’économie qui ne pense qu’à grossir pour réussir » pour citer notre autrice. Férue depuis bien longtemps d’écriture et de militantisme, Made a également écrit deux autres livres antérieurs à « Je suis une ville », mais qui n’ont jamais été publiés car jugés trop contestataires. L’un d’entre eux défendait le droit à l’avortement à une époque où personne n’osait en parler et l’autre, proposait de réformer les méthodes éducatives : « Je trouvais qu’on pouvait faire beaucoup mieux dans les écoles, ayant été professeur moi-même. Mais bon, ce n’était pas bien de critiquer le système. Je n’ai donc pas trouvé d’éditeur qui aurait voulu publier sur ces sujets-là. » Aujourd’hui, du haut de ses 91 ans, Madeleine continue d’écrire des articles pour Le Crestois, un journal hebdomadaire local de la vallée de la Drôme. Une plume toujours furieusement aiguisée qui continue d’épingler les absurdités inhérentes au système capitaliste. – Elena M. Photo de couverture : L’équipe du journal Silence avec Made au centre. Publié le 24.03.2023 à 05:00 Victoria Berni Pour les personnes se battant pour la justice sociale et la sauvegarde des conditions de vie sur la planète, il y a de quoi tomber de sa chaise face aux positions lamentables d’une immense partie des journalistes vis-à-vis ces combats. Avant de rentrer dans les détails, on peut déjà commencer par noter que l’immense majorité des médias de masse appartient à des milliardaires qui l’ont achetée pour défendre leurs propres intérêts. Dès lors, on se demande bien pourquoi des journaux ou des chaînes de télévision détenues par de grandes fortunes viendraient adopter une ligne éditoriale de gauche et ainsi prôner un programme politique qui nuirait directement à leur enrichissement. Est-ce qu’on imagine vraiment les Drahi (Libération, BFM, RMC), Bolloré (C8, Cnews), ou Bouygues (TF1, LCI) voter pour Jean-Luc Mélenchon ? Peut-on se figurer un service public soutenir une politique adverse à celle d’Emmanuel Macron alors que les dirigeants sont nommés par le président de l’ARCOM, lui-même désigné par le pouvoir en place ? Bien sûr, en faisant l’affirmation d’une « gauchisation des médias », la droite cherche avant tout à se victimiser. Cependant, il existe aussi une part de sincérité chez certains observateurs politiques qui placent simplement le curseur de la gauche sur un point bien précis. On parle ici du refus des discriminations. Certes, cette lutte est historiquement de gauche. Et sur ce point, on peut dire qu’elle a sans doute fait progresser ce combat de société. Il devient aujourd’hui de plus en plus compliqué de se revendiquer ouvertement du racisme, du sexisme ou de toute autre forme d’intolérance. Bien évidemment, ces fléaux sont toujours très présents dans notre monde, mais une bonne partie de la presse bourgeoise tente de s’en écarter (pas toujours avec réussite). Pour la droite réactionnaire, ce phénomène qu’elle appelle tantôt « le wokisme » tantôt la « bien-pensance » est l’apanage de la gauche. Or, en réalité, essayer de lutter contre les discriminations n’est pas suffisant pour qualifier quelqu’un de gauche. C’est pourtant ce qu’ont longtemps voulu nous faire croire des idéologues néolibéraux comme François Hollande. Est-ce qu’avoir mis en place le mariage pour tous fait de l’ancien président un homme de gauche ? Il semble compliqué de l’affirmer tant celui-ci a mené une politique de droite sur les plans économique, social et environnemental. C’est d’ailleurs typiquement ce genre de positionnements qui sème un confusionnisme sémantique. On peut observer le même comportement dans beaucoup de médias, y compris appartenant à des milliardaires. Il s’agit en réalité d’un libéralisme conduit à son paroxysme : sur la société et sur l’économie. Et si beaucoup d’ultra-riches sont si coulants sur ce point, c’est sans aucun doute parce que cela permet de forger une image positive tout en ne mettant pas en danger leurs affaires. Pourtant, Joffrin et Onfray (et derrière eux une immense partie de la droite et de l’extrême droite) poussent le bouchon encore plus loin en affirmant que la presse serait pro-Mélenchon. Dans ce cas, la confusion avec le « centre gauche » sauce Hollande n’est même plus possible. Entre le programme proposé par le fondateur de la France Insoumise et les idées prônées par les médias de masse, on a beaucoup de mal à voir les points communs. D’un point de vue socio-économique, en particulier, on constate clairement que la virulente critique du capitalisme n’est pas partagée par grand monde dans ce milieu. Dire que la presse serait majoritairement pro-Mélenchon relève au mieux d’une malhonnêteté totale, au pire d’un délire absolu. Pour s’en convaincre, il suffit de consulter les photographies de l’ex-candidat aux présidentielles choisies par les médias pour illustrer leurs articles. Presque systématiquement, on le verra grimaçant ou vociférant pour véhiculer une image d’agressivité et d’antipathie. Dans le contenu, ce n’est pas plus reluisant. Depuis près de dix ans, la quasi-intégralité de la presse tire sur lui à boulets rouges. Il n’y a guère que l’Humanité qui l’épargne plus ou moins ; et encore, le quotidien fondé par Jaurès a préféré soutenir Fabien Roussel durant les présidentielles. Dans une moindre mesure, Libération (décrit comme un journal de gauche) lui a parfois été favorable, mais n’a pas manqué non plus de l’attaquer frontalement régulièrement. Si l’on excepte quelques rares chroniques sur le service public et les médias en ligne, c’est bien une vague de critiques envers ce courant politique que l’on peut retrouver dans la presse. Le Monde, le Figaro, Le Parisien, L’opinion, Les échos, Le Point, l’Obs, Challenges, Valeurs Actuelles, le JDD, l’Express, CNEW, BFM, France Info, LCI : tous défendent un point de vue économique libéral. Au contraire, l’information de gauche altermondialiste passe essentiellement par des petites structures indépendantes sur internet. Ce qui est encore une fois logique étant donné qu’ils prônent un projet opposé aux grandes fortunes qui financent les autres médias. Pour appuyer leur thèse, les droites soulignent le remous médiatique provoqué par la création de la NUPES lors des législatives de 2022. Cette première historique avait entraîné une augmentation du temps de paroles des représentants de la gauche durant le mois de mai. Pourtant, il ne s’agissait que de la moitié de la campagne. Dans son rapport de fin 2022, l’Arcom précise ainsi : « La surexposition initiale de la Nupes a été corrigée au cours des dernières semaines de la campagne électorale. En définitive, la Nupes a bénéficié sur l’ensemble de la période d’un accès à l’antenne légèrement inférieur à celui de la coalition Ensemble, ce qui a conduit l’Arcom à estimer qu’il était conforme aux critères définis par la recommandation du 30 mars 2022. » En outre, le temps de parole ne prend en considération que les interventions des partis politiques. Rien ne mesure les propos tenus par les journalistes et éditorialistes. Or, ces derniers sont pourtant particulièrement engagés et monopolisent les micros pendant de longues heures. En réalité, le discours de ces têtes de gondole compte sans doute bien plus que celle des candidats, puisque c’est eux que le grand public écoute et lit. Et à ce petit jeu, force est de constater que très peu d’entre eux sont partisans des idées politiques de Jean-Luc Mélenchon. En 2017, le site Le vent se lève, qui racontait l’importance capitale des médias dans l’élection d’Emmanuel Macron, soulignait d’ailleurs le rôle des éditorialistes. Balayons enfin l’argument qui met en avant un sondage ancien exposant que 52 % des journalistes seraient de gauche. Les biais de cette étude ont largement été démontrés, d’autant plus qu’elle partait du postulat que François Hollande était de gauche, ce qui, comme nous l’avons vu est plutôt discutable. Non seulement la gauche ne s’impose pas spécialement dans les médias, mais par-dessus le marché, elle est aujourd’hui moins bien représentée que l’extrême droite, jadis bannie du débat public. On peut certes imputer ce phénomène à Vincent Bolloré qui a propulsé ces idées sur le devant de la scène en bâtissant un empire de l’information, notamment par le biais de C8 et CNEWS. Mais on peut aussi blâmer les libéraux qui n’ont cessé de banaliser ce clan politique. Emmanuel Macron a d’ailleurs fondé sa stratégie sur le fait d’affronter l’extrême droite au second tour des élections afin d’emporter la victoire à tous les coups grâce au « barrage républicain ». Une ruse éculée qui risque de ne plus fonctionner très longtemps, d’autant que la frontière entre les deux camps s’amenuise d’année en année. Bien sûr, le journalisme n’est jamais neutre, et courir après l’objectivité n’a aucun sens. Le véritable problème réside dans le manque d’équilibre dans la diversité des forces politiques passant à l’antenne. Tandis que l’extrême droite s’est vue offrir une place dans le paysage audiovisuel français, le néolibéralisme y reste toujours omniprésent. La gauche, elle, est bien plus timidement représentée (et ne parlons même pas de l’extrême gauche), n’étant soutenue par aucun grand propriétaire de médias de masse. Heureusement, les nouvelles générations semblent multiplier les sources d’informations et ne se contentent plus des canaux traditionnels. – Simon Verdière Photo de couverture de Andrea Piacquadio. Source : Pexels Publié le 22.03.2023 à 05:00 Victoria Berni Ce constat est d’autant plus alarmant que la probabilité que nous connaissions de nouveaux troubles prochainement est très élevée. Entre le désastre environnemental en cours, les futures pandémies à venir, et les menaces de guerre, les risques ne manquent pas. Voici cinq secteurs stratégiques qui pourraient nous affaiblir. Sur l’hexagone, l’industrie est bien évidemment l’une des premières victimes de la mondialisation. Le domaine a, en effet, été massacré par les délocalisations massives afin de toujours plus réduire les coûts de production pour les grands patrons. Entamé dans les années 70 à la suite du choc pétrolier, le phénomène a décimé des bassins entiers d’emploi au cours des années 80. Rien que sur cette décennie, la sphère industrielle a été amputée de 25 % de ses salariés en France. Accélérée par le progrès technique, l’Union européenne et son élargissement, puis la crise de 2008, la désindustrialisation n’aura jamais cessé jusqu’à aujourd’hui. Depuis 1974, on a ainsi perdu pas moins de 2,5 millions de postes dans le secteur, passant de 22,3 % à 11,2 % du PIB. Au-delà de la question du chômage qui est directement lié à ce domaine, c’est surtout notre aptitude à fabriquer ce dont nous avons réellement besoin qui est en jeu. En délocalisant à tout va à l’étranger, nous sommes devenus incapables de confectionner la plupart des objets dont nous nous servons tous les jours. On l’a d’ailleurs constaté lors de la crise du covid-19 avec les pénuries de masques ou de blouses. Ramener notre industrie en France, c’est également remettre la main sur les conditions de production de ce que nous consommons. On pourrait ainsi veiller à ce que des normes sociales et environnementales soient rigoureusement appliquées. La gestion de l’énergie est sans aucun doute l’un des défis les plus importants qui se présentent devant nous pour l’avenir. Qu’il s’agisse des énergies fossiles ou des minerais nécessaires à la mise en œuvre du nucléaire ou des énergies renouvelables, il existe peu de matière première présente sur le territoire français. Avant de s’écharper sur des débats sur la manière la plus propre et la plus soutenable de procéder, il faut en priorité s’interroger sur notre consommation. C’est en effet par la sobriété que nous aurons le plus de chances de garantir notre indépendance. Moins nos modes de vie seront gourmands et moins nous aurons à chercher des solutions. C’est donc par une réduction drastique de notre utilisation que nous trouverons la clef de notre résilience. Mais il va aussi falloir penser à faire un meilleur usage de notre production, par exemple en limitant les pertes grâce à l’isolation massive des logements. C’est d’ailleurs ce que préconisait le scénario Negawatt, basé sur une énergie 100 % renouvelable. Nul besoin de préciser que des infrastructures énergétiques en bon état et indépendantes de l’importation sont absolument indispensables pour maintenir le pays à flot en cas de crise importante. Charge à nous d’identifier les moyens qui nécessitent le moins d’achats à l’étranger tout en respectant l’environnement. Dans un monde idéal et raisonnable, la France produirait la quasi-intégralité de la nourriture nécessaire à son peuple. L’importation n’aurait finalement de sens que pour des aliments dont la fabrication est inadaptée à nos contrées. À l’heure du désastre climatique, ces importations devraient même faire figure de très rares exceptions. Pourtant, on est très loin de ce constat. En effet, à l’heure actuelle près de 50 % de ce qui est mangé par les Français vient de l’extérieur du territoire. Depuis 20 ans, ces transactions ont d’ailleurs bondi de 87 %. Un fruit ou légume sur deux consommés dans notre pays a également poussé à l’étranger. Paradoxalement, la France exporte un quart des aliments qu’elle produit : elle est la troisième dans ce domaine en Europe. Il apparaît pourtant absurde de vendre de la nourriture alors même que l’on n’arrive pas à sustenter soi-même sa population. Le problème réside sans aucun doute dans le manque de diversité de notre paysannerie (même si elle reste bien meilleure que celle d’autres États). Pour être autonome, il faudrait indubitablement manger moins de mets carnés. 40 % de nos terres arables sont en effet utilisées pour la production animale. Selon l’ADEME, un gros amateur de viande (170 g par jour) mobiliserait 4,6 fois plus de surface agricole qu’un végétalien. [#LeSaviezVous] — ADEME (@ademe) February 13, 2021 Évidemment, il serait sans doute aussi nécessaire d’avoir une consommation beaucoup plus en adéquation avec les saisons et soutenable sous nos latitudes. Enfin, c’est également le métier de fermier qui devrait être repensé et revalorisé. D’ici 2026, la moitié de nos paysans actuels seront en âge de partir en retraite. Il est donc indispensable de rendre la profession à nouveau attractive par des rémunérations et des conditions de travail correctes. La pandémie de covid-19 a eu le mérite de mettre en lumière notre extrême faiblesse en matière de santé. Bien évidemment, on peut en premier lieu souligner nos manques de moyens humains et matériels. On peut imputer ces problèmes aux absences d’investissement de nos gouvernements successifs, uniquement animés par l’idée de faire des économies. Mais on peut également pointer du doigt notre manque de résilience. Comme nous ne formons plus assez de professionnels, nous sommes d’abord contraints de faire venir des soignants depuis l’étranger, en particulier en milieu rural. 12 % des médecins de l’hexagone ont ainsi étudié hors de France. Directement liée à la désindustrialisation, l’absence d’indépendance dans le domaine sanitaire touche pareillement la recherche ainsi que la production de matériel et de médicaments. On a, de cette façon, récemment pu observer des pénuries de produits pharmaceutiques à cause de la délocalisation massive des usines françaises. On a également pu constater le manque d’équipements médicaux qui ne sont pas toujours fabriqués dans notre pays. Dans un secteur aussi crucial que la santé, il est pourtant nécessaire que la France manufacture elle-même ses propres marchandises indispensables à une médecine efficace. Pour ce faire, il faudra sans doute songer à nationaliser une partie des laboratoires pour éviter qu’ils ne fassent passer le profit avant le bien commun. On a pu le constater régulièrement, la France prend beaucoup de ses décisions internationales en fonction de l’opinion des États-Unis. Véritable vassal de l’oncle Sam, l’hexagone a fréquemment manqué d’indépendance en rejoignant les positions impérialistes américaines. C’est par exemple souvent le cas à l’occasion de tentatives de coups d’État ou de déstabilisation des gouvernements socialistes en Amérique latine. On se souvient récemment que, dans le sillage étasunien, la France avait reconnu Juan Guaido comme président du Venezuela alors que celui-ci n’avait été élu par personne et a fini par se ridiculiser. En agissant de cette manière, la France perd finalement sa crédibilité sur la scène internationale, en particulier auprès des pays qui ne sont pas alignés sur les USA. Elle gagnerait sans doute à faire ses choix en fonction de la situation et non pour flatter Washington. Une orientation qui nécessiterait certainement de quitter l’OTAN, alliance militaire qui risque au demeurant de nous entraîner dans une nouvelle guerre impérialiste. En restant indépendants, nous pourrions ainsi prendre les décisions les plus avisées pour le bénéfice des Français. Mais il est vrai que nous sommes beaucoup plus habitués à ce que nos dirigeants défendent surtout les intérêts de l’oligarchie avant ceux du peuple. – Simon Verdière Photo de couverture de Mick Haupt sur Unsplash. À Orlando en Floride. États-Unis. Mars 2020. Publié le 21.03.2023 à 05:16 Victoria Berni Les États-Unis entretiennent l’image d’un pays très consommateur de viande. Dans un sens, c’est vrai ! La consommation de viande par habitant des consommateurs américains était de 63,9 kilogrammes en 2021, en augmentation constante. Mais les USA sont plein de contrastes. C’est également là où la lutte contre la violence animale – probablement en réaction à ses excès de société -, est la plus vive et active. Ce sont désormais près de 6% des Américains qui se revendiquent aujourd’hui vegans, contre à peine 1% en 2014. (ndlr : vegan n’est pas un nouveau terme pour parler de végétal/risme. Le second ne concerne que l’alimentation, quand le premier est un mode de vie, voire une philosophie, appliqué à toutes les consommations courantes). Et de toute évidence, par la force des choses, cette “minorité” gagne du terrain sur les marchés. “6% des Américains se revendiquent aujourd’hui vegans” Ainsi, il est de plus en plus facile de trouver des plats végétaliens sur les menus des restaurants à travers les États-Unis, selon le nouveau rapport sur l’état du végétalisme dans l’industrie de la restauration publié par l’Association des aliments à base de plantes (PBFA). En effet, près de la moitié (48,4 %) des restaurants américains proposent désormais des options à base de plantes, ce qui représente une croissance de 62 % depuis 2012 ! Et rien ne semble arrêter ce changement vers moins de violence envers les animaux dans l’assiette des américains. Pour arriver à cette estimation, la PBFA a analysé des données provenant d’opérateurs de différents segments, notamment les restaurants traditionnels, les fast-food, les restaurants gastronomiques et bien d’autres, de manière à dresser un tableau des options végans adoptées dans le monde de la restauration. Les conclusions de l’organisation révèlent que les restaurants de l’Ouest des États-Unis sont les plus susceptibles d’utiliser des termes tels que “végétalien”, “sans produits laitiers” et “végétarien” sur leurs menus, tandis que les établissements du Sud sont les moins susceptibles de mettre l’accent sur ces termes probablement par réactance. Le Nord-Est est la région la plus susceptible de mentionner le terme “sans viande” (meatless) sur ses menus. Le terme “à base de plantes” (plant-based) est mentionné sur seulement 5% des menus à travers le pays, mais c’est celui qui connaît la plus forte croissance. Il est aussi largement utilisé sur le plan international. Mais qui sont les personnes les plus intéressées par les options à base de plantes ? Selon la PBFA, un tiers des Américains sont attirés par le terme “à base de plantes”, avec un intérêt accru chez les femmes de la génération Y et de la génération Z, en particulier celles appartenant aux groupes ethniques asiatiques et afro-américains. De manière générale, les femmes sont plus susceptibles de changer leurs habitudes alimentaires et de passer au véganisme. “Les aliments à base de plantes sont le bras de l’innovation pour les opérateurs de services alimentaires et une opportunité clé pour attirer un nouveau segment de consommateurs à la recherche d’une variété d’options à base de plantes”, Hannah Lopez, directrice du développement de marché chez PBFA” La pérennité des substituts de viandes à base de plantes a été sujet à débat ces derniers mois suite à un recul des ventes chez certaines grandes marques. Pourtant, l’étude de la PBFA souligne que lorsqu’il s’agit de restauration, 28 % prévoient d’ajouter de ces simili-viandes à base de plantes à leur menu, courant 2023. Seulement 7 % prévoient de la supprimer… Le bilan est donc assez porteur pour l’avenir. Quand on pose la question aux restauratrices et restaurateurs, leur opinion diffère quant à savoir si ces alternatives ont une chance de perdurer : 60 % pensent que c’est une tendance à long terme tandis que 40 % déclarent que le véganisme est une mode passagère… Le secteur est donc assez divisé bien que majoritairement en faveur du changement. les alternatives laitières sont également en forte croissance dans tous les secteurs de l’industrie de la restauration. On constate que les alternatives laitières (type lait de soja, d’amande, de coco,…) sont également en forte croissance dans tous les secteurs de l’industrie de la restauration. Le lait d’amande est en tête des offres sur les menus et la croissance du lait d’avoine explose dans les boissons au café. Là aussi, la violence animale tend à reculer, même si on reste sur une demande encore relativement faible. Même constat concernant les fromages alternatifs qui gagnent aussi du terrain dans les menus. Autant de changements qui donnent à rappeler qu’au niveau mondial : 80% de la population de plus de 7 ans est intolérante au lactose, car contrairement aux campagnes de lobbysime avec lesquelles nous avons grandi, les produits laitiers ne sont pas nos amis pour la vie. Les fast-food, véritable culture américaine, ne sont pas en reste ! En dehors des burgers végétariens de plus en plus communs, les chaînes populaires aux Etats-Unis et difficilement évitables explorent à leur tour d’autres options véganes. Au cours des 12 derniers mois seulement, la PBFA a constaté que les alternatives végétales pour les fruits de mer, les œufs et les poissons ont augmenté sur les menus respectivement de 57 %, 52 % et 44 % ! L’évolution est assez remarquable. Bien sûr, il est important de souligner que ces produits, quand ils restent industriels, ne sont pas forcément meilleurs pour la santé. Mais il est surtout ici question d’éviter de la souffrance animale et de réduire notre impact écologique en déconstruisant l’omniprésence de la viande dans nos assiettes. Impact écologique qui s’avère, a fortiori, être un enjeu de santé majeur sur le long-terme et à très grande échelle. En effet, les rapports s’accumulent démontrant que manger végétal est crucial pour la santé humaine à venir, car notre consommation de viande menace la sécurité alimentaire mondiale, pollue massivement et nous est directement nocive à l’excès. D’autant que la plus grande partie des viandes et produits laitiers actuellement consommés dans le monde sont déjà, eux-mêmes, le fruit d’une ultra-transformation généralisée : tranches de jambons, saucisses et saucissons, steaks hachés, nuggets, cordons bleus, yaourts, crèmes, lait, gâteaux et on en passe… sont remplis de nitrites, de sucres, de colorants, d’exhausteurs de goûts et autres ingrédients de synthèse. Cela, sans compter que les animaux, pour survivre à leurs conditions extrêmes, sont majoritairement traités aux antibiotiques, que nous consommons en les consommant, provoquant une accoutumance autrement plus grave sur le plan sanitaire. D’autre part, il est crucial de rappeler que certaines sociétés ancestrales, notamment asiatiques, travaillent traditionnellement des substituts depuis des siècles pour le meilleur de leur santé : seitan, tofu, tempeh, quorn, légumineuses,… les sources de protéine végétale peuvent être d’origine artisanale et cuisinées selon des recettes très saines. Attention : les cultures de soja OGM qui sont en partie responsables de la déforestation amazonienne ne servent pas aux substituts végétaux (qui se fournissent principalement auprès de producteurs bio), mais à nourrir les élevages pour répondre à la demande mondiale en viande. Le secteur de l’alimentation sans violence animale est en plein boom à travers le monde des conséquences d’une double prise de conscience : – La crise écologique et climatique nous impose de changer radicalement nos choix alimentaires qui, sinon, seront de toute façon modifiés de force par les limites planétaires elles-mêmes. – Les animaux sont des êtres dotés d’une sentience d’après le consensus scientifique et leur souffrance dans les industries est intolérable, permise par le déni de leurs droits. Il y aurait bien d’autres raisons de consommer végan de toute urgence, mais toutes reposent sur des notions d’empathie et de remise en question de ses propres comportements. Comme le veut le proverbe “Une société peut grandir lorsque ses anciens commencent à planter des arbres sous lesquels ils ne s’assiéront jamais”… En d’autres termes, cessons d’être des enfants-rois, osons poser un vrai regard sur ces cohabitants invisibilisés, comprenons que l’univers ne tourne pas autour de notre individualité et que la vie vaut souvent bien plus que nos petites frustrations personnelles. – Mr Mondialisation Source : https://vegnews.com/2023/2/us-restaurants-vegan-options-50-percent Publié le 20.03.2023 à 16:27 Victoria Berni Réalisé chaque année depuis 2000, ce baromètre a pour objectif de modéliser les représentations des phénomènes liés au changement climatique au sein de la société française. Il se base pour cela sur des enquêtes réalisées par sondage auprès d’un échantillon de 1 575 personnes représentatif de la population française âgées de 15 ans et plus, « constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence représentatif de la population », détaille l’agence française. Le premier constat est clair : « cette année, l’enjeu crucial de la hausse des prix domine de loin tous les autres », révèlent les experts dans leur rapport. Situation qu’ils ne qualifient cependant de « pas tout à faire inédite », puisque « dans les années 2013-2015 on avait vu l’emploi occuper une place presque aussi massive dans les préoccupations des Français (37 %) ». Ceci dit, le contexte particulier de la guerre en Ukraine et l’explosion des prix de l’énergie contribuent sans aucun doute à ces résultats. En deuxième position, on retrouve cependant la question de la transition écologique (aussi nommé « environnement » dans le sondage) avec 35% des voix. Une certaine dualité peut toutefois être observée au sein des répondants, puisqu’elle concerne « 23 % des plus jeunes (15-17 ans) contre seulement 8 % des 65 ans et plus, toujours plus préoccupés par la santé (16 %) ». Plus précisément, c’est « l’effet de serre / le changement climatique » qui inquiète le plus (43%), loin devant la détérioration de la faune et la flore (16%), la pollution de l’air (11%) ou de l’eau (8%). 72 % considère que le dérèglement climatique est aujourd’hui une certitude pour la plupart des scientifiques (contre 60% en 2000), et les répondants se tournent aujourd’hui massivement vers une explication d’origine anthropique (humaine) pour expliquer ce phénomène (81%). « Ce constat est d’autant plus net qu’il varie assez peu dans les différentes catégories sociales et culturelles, même parmi des groupes habituellement plus réticents à partager cette opinion », analysent les chercheurs. « L’idée d’un point de basculement des opinions directement lié à l’occurrence d’évènements climatiques hors norme peut être raisonnablement soutenue, d’autant plus que si notre terrain d’enquête (22 au 29 juin) se situe en aval de la première vague de canicule (mai) il n’enregistre pas la suite catastrophique des désordres climatiques des mois de juillet et août », estiment-ils. On constate également une nette évolution dans les secteurs considérés comme les plus émetteurs de gaz à effet de serre. Ainsi, si les activités industrielles restent depuis 2000 considérées comme les plus polluantes, le secteur du bâtiment (chauffage, éclairage, électroménager) est désigné par 89% des répondants (contre 39% en 2000), suivi de près par l’agriculture qui passe de 33% en 2000 à 75% aujourd’hui. Cette année l’augmentation des réponses désignant les secteurs contribuant pour « beaucoup » ou « assez » aux émissions de gaz à effet de serre (GES) est la règle, sauf à de rares exception près comme pour les centrales nucléaires ou les activités volcaniques. « Ces accroissements sont modestes, mais ils atteignent ou dépassent 5 points de pourcentage pour la destruction des forêts, les transports et les bâtiments, peut-être parce que ces enjeux ont été très présents dans les actualités relatives à la transition écologique », soulignent les scientifiques. Du côté traitement médiatique de la crise écologique justement, 42% des français estiment que la presse en parle suffisamment, alors que 39% estiment que ce n’est pas assez. Près d’un cinquième de la population (19%) estime quant à elle qu’on en parle trop. De manière générale, ces chiffres sont assez stables depuis la création du baromètre. Pour l’ADEME, ils démontrent que l’augmentation d’informations dans les médias concernant le changement climatique ne semble par pour autant susciter « de sentiments de lassitude ou de saturation ». Une importante fracture politique est tout de même à noter, puisque 71 % des personnes se situant « très à gauche » souhaitent plus d’informations sur le changement climatique contre seulement 26 % de celles se situant « très à droite ». Selon l’Institut de sondage, les Français se montrent globalement plutôt pessimistes vis-à-vis des conséquences du réchauffement climatique. 72 % d’entre eux considèrent en effet que les conditions de vie deviendront extrêmement pénibles d’ici une cinquantaine d’années, soit +8 points par rapport à 2021 et le niveau le plus élevé observé dans ce baromètre. « De même, à la question de savoir si le changement climatique restera limité à des niveaux raisonnables d’ici la fin du siècle, le degré d’optimisme a sensiblement diminué : de 40 % en 2014 à 33 % aujourd’hui ». La grande majorité de la population (62%) considère aujourd’hui qu’une modification importante de nos mode de vie est importante pour limiter le phénomène, contre seulement 11% qui estime que le progrès technologique permettra de trouver des solutions. Pour entamer la transition, « les Français expriment ainsi le besoin de changements structurels au niveau des modèles de production et de consommation. Tout ne peut reposer sur la responsabilité individuelle », expliquent les chercheurs. Ils estiment en parallèle que les Français se montrent plutôt pessimistes quand il est question de l’avenir de la planète. Les citoyens interrogés se disent dès lors prêts à accepter des changements importants dans leurs modes de vie, à condition que ceux-ci soient partagés de façon juste entre tous les membres de la société (pour 67 %) et qu’ils soient décidés collectivement (41 %). « Ainsi, pour les Français, l’enjeu est de s’engager dans une démarche de long terme, partagée collectivement et juste socialement ». Pour cela, ils se disent largement en faveur d’une action importante de l’État, jugé insuffisamment engagé aujourd’hui. 84 % des répondants souhaitent que les mêmes moyens déployés contre la Covid-19 le soient en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique ! « De même, concernant la priorité du gouvernement vis-à-vis de la situation économique actuelle, le public maintient sa préférence pour une réorientation en profondeur de l’économie soutenant exclusivement les activités qui préservent l’environnement, la santé et la cohésion sociale (63 %) plutôt qu’à une relance économique par tous les moyens afin de renouer au plus vite avec l’activité (35 %) », constate l’ADEME. Des chiffres qui démontrent une réelle prise de consciences des enjeux liés aux dérèglement climatique, même si les impacts de l’effondrement de la biodiversité ne semblent pas correctement estimés pour la grande majorité des Français. Ils restent tout de même désireux d’entamer une réelle transition des modes de vie, jugée indispensable aujourd’hui. Rien d’étonnant quand on sait que 51 % des personnes interrogées déclarent avoir subi, « souvent ou parfois », « les conséquences de désordres climatiques », contre moins d’un Français sur 3 en 2015 (27 %). Le changement climatique apparait dès lors pour beaucoup comme une réalité tangible qui nécessite une action urgente de la part de chaque acteur de la société. Il était temps ! – L.A. Photo de couverture : Des manifestants contre le changement climatique défilent dans les rues de Paris. Marche pour le climat du 13 octobre, Paris. Source : Flickr Publié le 18.03.2023 à 05:00 Victoria Berni Selon le dernier rapport de l’Institut européen Copernicus, les huit dernières année ont été les huit plus chaudes jamais enregistrées. Durant cette période (2015-2022), la température moyenne annuelle était supérieure de 0,3°C à la période de référence 1991-2020, ce qui équivaut à environ 1,2°C de plus que la période 1850-1900, précédant l’industrialisation. Ces chiffres ne sont pas étonnants : ils corroborent malheureusement les constats cinglants dressés par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) depuis 1990. Depuis quelques années, les vagues de chaleur intenses et prolongées se succèdent en Europe occidentale et septentrionale. La persistance de faibles niveaux de précipitations, associée à des températures élevées et à d’autres facteurs climatiques, entrainent une sécheresse généralisée. En 2022, le Système européen d’information sur les feux de forêt décompte pas moins de 988 283 hectares de forêts brûlés, libérant malgré elles 40 mégatonnes de dioxyde de carbone (CO2) et pas moins de 87 mégatonnes de méthane (CH4), de quoi charger lourdement l’atmosphère et accélérer encore le changement climatique. En ville, la situation est quelque peu différente. Si les habitants ne sont pas encore menacés directement par les flammes, un autre phénomène devrait réveiller leurs inquiétudes : les ICU ou îlots de chaleur urbains. Définis comme des élévations localisées des températures en milieu urbain par rapport aux zones rurales ou forestières voisines ou par rapport aux températures moyennes régionales, ces phénomènes sont favorisés par la massification des villes. Avec une population grandissante, les espaces publics sont de plus en plus minéralisés, les activités urbaines rejetant de l’air chaud se multiplient (chauffage, climatisation, industries, circulation routière ou éclairage public) et la densité du bâtiment agit comme un capteur de chaleur diurne, ensuite restituée pendant la nuit, alors qu’elle limite également la circulation des vents rafraichissants. Ce réchauffement urbain semble aujourd’hui en voie d’aggravation et n’est pas sans conséquence : inconforts thermiques, insuffisances respiratoire, maladies cardiovasculaires, cérébrovasculaires, neurologiques et rénales et même mortalités prématurées… En plus d’augmenter la consommation énergétique urbaine, les ICU menacent sérieusement la santé humaine. « La combinaison du réchauffement climatique dû au changement climatique et de l’expansion de l’environnement bâti mondial signifie que l’intensification des îlots de chaleur urbains (ICU) est attendue, accompagnée d’effets néfastes sur la santé de la population », expliquent ainsi Tamara Iungman, biologiste à l’Institut de santé mondiale de Barcelone. Malgré l’ampleur du phénomène, des solutions existent. Certains d’entre elles paraissent même évidentes, comme la limitation des surfaces minéralisées, la végétalisation des bâtiments et des espaces urbains, la rétention de l’eau par le sol ou dans des bassins, l’écoconstruction et la valorisation des modes de transport sans émissions. Une équipe de chercheurs dirigée par Mark Nieuwenhuijsen, directeur de l’Urban Planning, Environment and Health Initiative chez ISGlobal, a tenté d’estimer le nombre de décès évitables liés aux îlots de chaleur urbains en 2015. Leur étude, publiée le 18 février dans la revue scientifique The Lancet, estime qu’un tiers des décès survenus cet été-là à cause de la chaleur auraient pu être évités en Europe si la couverture végétale urbaine était plus importante. Pour parvenir à ces résultats, les scientifiques se sont basé sur les taux de mortalité des résidents âgés de plus de 20 ans dans 93 villes européennes (un total de 57 millions d’habitants), entre juin et août 2015, et collecté des données sur les températures rurales et urbaines quotidiennes pour chaque ville. « Dans un premier temps, ils ont estimé la mortalité prématurée en simulant un scénario hypothétique sans îlot de chaleur urbain. Deuxièmement, ils ont estimé la réduction de température qui serait obtenue en augmentant le couvert arboré à 30 % et la mortalité associée qui pourrait être évitée », décrypte le journal scientifique ScienceDaily. Les résultats de leurs calculs sont en appel : 2 644 décès auraient pu être évités en 2015 si la couverture arborée des villes européennes atteignait en moyenne 30% de leur surface totale, sur les 6700 décès prématurés attribuables aux effets des ICU. « Nous avons estimé que l’augmentation de la couverture arborée à 30 % refroidirait les villes de 0,4 °C en moyenne. Nous avons également estimé que 2 644 décès prématurés pourraient être évités en augmentant la couverture des arbres de la ville à 30 %, ce qui correspond à 1,84 % de tous les décès estivaux », notent les chercheurs qui estiment avoir démontré les effets délétères des îlots de chaleur urbains sur la mortalité. Selon eux, l’étude révèle également les avantages sanitaires de l’augmentation de la couverture arborée, permettant de refroidir les environnements urbains mais également d’accéder à un modèle urbain plus durable et plus résistant aléas climatiques. Actuellement, les villes européennes enregistrent en moyenne des températures supérieures de 1,5°C par rapport à la campagne environnante selon les données de l’étude. Dans l’hexagone par exemple, Paris grimpe à 2,5°C de plus que sa périphérie, alors que Strasbourg se limite à +1,14°C. Marseille et Lyon enregistrent quant à elles +1,81°C et 1,73°C. En Grèce, Thessalonique bat tous les records avec une température supérieure de +2,74°C par rapport à la campagne alentour. Sans surprise, les villes dont le thermomètre grimpe le plus sont aussi souvent celles qui détiennent une surface végétale moindre. À titre d’exemple, Paris est de loin la ville comptant la plus faible couverture arborée (5%), à distance de Nice (23%) ou Nantes (18%). Seules trois villes européennes atteignent déjà les 30% de surface végétale recommandée par les auteurs de l’étude. Il s’agit de Genève, Berlin et Oslo. Si chaque zone urbaine du continent leur emboitait le pas, la température en ville baisserait en moyenne de 0,4°C l’été, de quoi améliorer considérablement la santé de leurs habitants. En résumé, l’étude met en évidence les avantages substantiels de planter plus d’arbres dans les villes, bien que ses auteurs reconnaissent aussi les difficultés pratiques qu’entrainerait l’entérinement d’une telle mesure dans certaines métropoles européennes « La vulnérabilité à la chaleur change d’une ville à l’autre en fonction de plusieurs facteurs. Comprendre les avantages de politiques telles que l’augmentation du couvert forestier peut aider à éclairer les actions visant à réduire les risques et à prévenir les décès évitables, en particulier avec le changement climatique », conclut Antonio Gasparrini, professeur de biostatistique et épidémiologie à la London School of Hygiene & Tropical Medicine (LSHTM) et l’un des auteurs de l’étude. – L.A. Photo de couverture : Maraudes – plan canicule © Croix-Rouge française – COM 75 – Benjamin Vancrayenest. Source : Flickr Publié le 17.03.2023 à 05:00 Victoria Berni Rappelons, avant tout chose, qu’environ un tiers des pertes se fait lors de la production, un autre tiers pendant la transformation et la distribution et le reste durant la consommation. C’est bien sûr sur ce dernier point que nous pouvons agir en priorité. Près de 20 % du gaspillage alimentaire serait dû aux dates de péremption inscrites sur les produits. D’abord parce que beaucoup de gens jettent la nourriture dès qu’une de ces dates est atteinte, sans même vérifier grâce à ses sens si nos vivres sont vraiment devenus inconsommables. C’est d’autant plus dramatique qu’il existe une confusion entre deux indications très différentes apposées sur les articles. La date limite de consommation signifiée par « à consommer jusqu’au… » est impérative et doit être respectée pour ne prendre aucun risque. En revanche, la date de durabilité minimale, retranscrite par la mention « à consommer de préférence avant… » peut être dépassée. Ici, seul le goût est éventuellement affecté, mais il n’y a pas de danger pour la santé. Au bout du compte, il suffit de se fier à ses yeux ou à son odorat pour voir qu’un produit est encore mangeable, c’est d’ailleurs ce que nous faisons déjà avec les fruits et les légumes. Après tout, ces dates ne sont apparues en France qu’en 1984. Et parfois, les industriels n’hésitent pas à en profiter pour nous pousser à la consommation. On associe souvent les menus à la monotonie ou la rigueur d’un régime très pénible. Pourtant, dans les faits, identifier à l’avance ce que l’on va manger a beaucoup d’avantages. D’abord, contrairement à ce que l’on pourrait penser, on se nourrit sans doute de façon plus variée en prévoyant plutôt qu’en improvisant au dernier moment. Mais anticiper ses repas permet aussi de savoir exactement quoi acheter lorsque l’on se trouve dans un magasin. On prend ainsi strictement ce dont on a besoin et plus aucun aliment dans l’hypothèse de peut-être le cuisiner un jour. En procédant de cette manière, on ne jette pratiquement plus rien puisque tout est décidé auparavant. Évidemment, cela suppose également de prévoir les quantités de nourriture. En pesant par exemple des portions de pâtes ou de riz, on évite qu’il y en ait beaucoup trop et qu’une bonne partie finisse à la poubelle. Une excellente nouvelle pour la planète, mais aussi pour le portefeuille : un Français gaspille en moyenne jusqu’à 160 € de cette façon tous les ans. Éviter les pertes c’est aussi prendre garde à ce que l’on achète. En optant pour des produits de saison et de qualité, on prévient un pourrissement plus rapide. Au contraire, on peut indirectement limiter le gâchis au sein de la distribution en choisissant volontairement des marchandises abîmées (mais consommables) pour ne pas qu’ils ne soient écartés. Il est de même possible d’utiliser des applications pour faciliter la lutte contre le gaspillage. On connaît d’abord de plus en plus le célèbre Too Good to go, qui permet de récupérer des aliments presque périmés à des prix cassés auprès de commerçants. Mais on peut également citer Frigo Magic, qui offre des recettes avec la liste d’ingrédients présents dans notre cuisine. Pratique quand on ne sait pas quoi faire des denrées sur le point d’être perdues. On a parfois dans nos placards une grosse quantité de nourriture sans utilité et qui sera bientôt bonne à jeter. Et pourquoi ne tout simplement pas la partager avec les autres ? Évidemment, cela peut se faire aisément en organisant un repas en famille ou entre amis ; on peut aussi toquer chez nos voisins pour leur proposer nous courses en trop. Et il existe aussi des solutions pour aider les plus démunis. On peut bien sûr citer bon nombre de banques alimentaires et d’associations comme les restos du cœur. Mais il y a également des « frigos solidaires » qui fonctionnent sur un principe proche de celui de la boîte à livres. Souvent branché devant chez un commerçant, chacun peut ainsi se servir comme il le souhaite, de même que déposer des produits autorisés. Plus convivial, on peut aussi parler des disco soupes. Ces évènements festifs mettent à l’honneur des aliments invendus qui sont cuisinés puis distribués gratuitement par des bénévoles, le tout lors d’une soirée musicale. Ou encore des cantines solidaires en manifestation pour soutenir les militants ! Naturellement, la vie étant imprévisible, il y aura toujours un moment ou un autre ou chacun d’entre nous laissera malheureusement perdre des aliments. Heureusement, il reste encore des solutions pour faire quelque chose de ces déchets et faire en sorte que leur production n’ait pas été vaine. On peut dans certains cas les donner à manger à nos animaux de compagnie. Pour les personnes qui vivent en milieu rural, il est aussi possible d’alimenter les bêtes sauvages, simplement en déposant la nourriture périmée à l’extérieur (en se souciant bien sûr de ce qui peut être nocif pour eux ou non). À défaut, il est également imaginable de réaliser un traditionnel compost qui aura ensuite toute son utilité pour fertiliser les sols. Dans un registre proche, mais un peu différent, nous évoquions dans un précédent article la méthode du regrowing qui permet de cultiver ses propres déchets. Si on veut limiter notre gaspillage au maximum, les techniques ne manquent donc pas et nos gestes individuels sont loin d’être insignifiants. Néanmoins, il faut tout de même bien garder à l’esprit que, comme toujours en matière d’écologie, le rôle des pouvoirs publics reste déterminant. Pour aller dans le bon sens, il est en effet avant tout indispensable que nous repensions en intégralité notre modèle agricole. – Simon Verdière Photo de couverture de l’association Open Bidouille. Source : Flickr Publié le 16.03.2023 à 05:10 Victoria Berni Elles s’appellent Máxima, Berta et Carolina. Trois femmes d’Amérique latine qui se battent au péril de leur vie, pour la vie. Leur lutte est quotidienne contre ces industriels qui s’imposent depuis des siècles sur leur territoire ancestral afin d’en exploiter les ressources, détruisant et épuisant au passage tous les écosystèmes alentours, impunément. Deux cinéastes ont décidé de suivre ces trois militantes de l’ombre pour nous dévoiler la face cachée du modèle dont nous jouissons. Leurs noms ? Erika Gonzalez Ramirez et Matthieu Lietaert. Leur film : « L’illusion de l’abondance ». En tournée dans plusieurs festivals du monde entier à partir du 28 mars, retour à cette occasion sur l’urgence de leur message, encore scandaleusement méprisé. L’Amérique latine est un vaste territoire aussi riche que complexe. Pour aborder au mieux ses divers enjeux, Erika Gonzalez Ramirez et Matthieu Lietaert confient s’être reposés sur deux livres : Les Veines Ouvertes de l’Amérique latine d’Eduardo Galeano (1971) et Les limites à la croissance, publié en 1972 par le Club de Rome. Deux ouvrages qui se croisent autour d’un même problème : les écosystèmes latino-américains meurent depuis des siècles sous la coupe des industriels occidentaux et de leur soif de croissance infinie. les écosystèmes latino-américains meurent depuis des siècles sous la coupe des industriels occidentaux et de leur soif de croissance infinie. En effet, l’emprise des puissances étrangères sur ces terres remonte à la colonisation européenne du 16ème siècle, lorsque les conquistadors espagnols s’y installent à la poursuite de métaux précieux. La France, le Portugal et la Grande-Bretagne ne tardent pas à suivre et s’y établissent en vue de profiter, eux aussi, des ressources naturelles abondantes dont regorgent les reliefs du continent. Au 19ème siècle, les États-Unis s’y infiltrent également, en se mêlant de politique interne, afin de mieux se servir en matières premières pour leur propre développement thermo-industriel. Exploitations des terres et des humains, expropriations, acculturation, déforestation par milliers d’hectares, destruction de la biodiversité, pollutions toxiques des eaux, de l’air, de la nourriture… : jusqu’à aujourd’hui encore, les pays d’Amérique latine sont spoliés par les intérêts étrangers sans aucune considération pour les locaux – humains et non-humains -, ni pour la flore, et pas davantage pour la dépendance de la vie sur Terre à ces espaces. Le Pérou, par exemple, avec ses près de 25 000 espèces de plantes et 1 800 espèces d’oiseaux, accueille une des plus grandes biodiversité au monde. Mais l’exploitation minière y fait des ravages considérables. En témoigne la mine d’or de Yanacocha, qui est l’une des plus grandes mines à ciel ouvert du monde et dont les effets se sont traduits par une pollution importante de l’eau et des terres environnantes. La déforestation est également un problème important au Pérou, avec une perte de forêts estimée à 120 000 hectares annuels. Le Honduras est quant à lui confronté à l’avancée de la disparition de ses forêts humides du fait de l’expansion de l’agriculture et de l’élevage. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, le Honduras a perdu environ 12 % de ses forêts entre 1990 et 2005, et de nouveau 11% entre 2010 et 2021… En outre, la pollution ou l’assèchement des cours d’eau représente également un problème majeur dans le pays, en particulier dans les zones industrialisées, mais également par le biais des déchets plastiques remontés par les courants. Enfin, le Brésil, plus grand pays d’Amérique latine composé d’une immense partie de la forêt amazonienne, est aujourd’hui menacé par de nombreuses industries dont celle de l’huile de palme. Selon le système d’observation par satellites DETER, l’année 2022 a connu les plus tristes records de déforestation en Amazonie avec 9 494 km² de végétation partie en fumée, pour 9 178 km² au cours de l’année 2021. En cause ? Une combinaison des facteurs précédents que sont l’exploitation minière, l’expansion de l’élevage, ainsi que de l’agriculture, notamment de soja destinée aux animaux européens afin de nourrir la demande en viande. Face à ces conséquences encore actuelles du colonialisme idéologique, politique puis industriel des puissances occidentales, des femmes ont décidé de faire valoir leurs droits à la dignité, à la protection de leurs terres ainsi qu’à la réparation. Et ce, au sacrifice de leur sécurité : Carolina, elle, vit dans la région minière de Minas Gerais, au Brésil. Elle est témoin en 2019 de la mort de 272 personnes suite à la rupture du barrage de déchets miniers à Brumadinho. Son but à présent ? Rendre justice aux victimes de ce désastre, comme aux écosystèmes souillés par cet écocide indéniable. Ecocide d’autant plus grave qu’il était évitable, puisque l’exploitant minier Vale s’est avéré indifférent aux défaillances qui lui étaient remontées. Ecocide d’autant plus grave qu’en 2016, lors d’une autre rupture de barrage, la même compagnie fit 17 morts et répandit ses boues toxiques sur 600km. Máxima est une paysanne autochtone péruvienne voisine de la mine de Yanacocha. Une mine exploitée à 50% par la firme américaine Newmont Mining Corporation et soutenue par la Banque Mondiale. En projet d’extension, l’exploitation minière menace soudain la maison de Maxima. Et en 2011, alors qu’elle refuse l’expropriation, sa famille est violemment agressée chez elle par les forces de l’ordre qui incendient les lieux en partant. Máxima porte plainte, mais face à ces mastodontes, elle perd, et est accusée en retour. Il faudra attendre des années de persévérance pour obtenir gain de cause, non sans traumatismes. Quant à Berta, elle lutte contre les projets de barrages hydroéléctriques de la société Desarrollos Energéticos SA (DESA) en Honduras. Mais en 2016, elle est assassinée et c’est sa fille Bertita qui reprend désormais le flambeau : « L’assassinat et les arrestations arbitraires de citoyen∙ne∙s défenseurs∙euses de droits humains et de l’environnement sont monnaies courantes au Honduras. En 6 ans, 109 personnes sont mortes assassinées pour avoir lutté contre différents projets de ce type » précise Oxfam. « L’illusion de l’abondance » raconte ainsi leurs combats contre différents industriels, au sein d’un modèle qui voue un culte à la croissance infinie bien plus qu’aux droits des vivants. Pourtant, pendant que dirigeants et décideurs, PDG et banques, gouvernements et élites financières, courent après cette fameuse abondance et continuent de nous emporter avec eux dans ce mythe d’éternité à travers l’éloge du consumérisme, notre espèce fonce droit dans le mur, emportant avec elle la biosphère, ainsi que toute conscience morale du monde. « En 70 ans, avec la montée du consumérisme, nous avons détruit la planète. Le changement climatique en est l’un des résultats. Il est important que nous fassions face à cette situation et que nous protégions ceux qui risquent leur vie en protégeant la nature » souligne le réalisateur Matthieu Lietaert auprès de Brennpunkt. Maxima, Berta et Carolina sont des gardiennes de la nature péruvienne, hondurienne et brésilienne. Mais leur rébellion leur coûte terriblement, insiste le cinéaste : « Ce que nous constatons, c’est que l’exploitation minière et l’extractivisme sont plus importants et plus agressifs que jamais et dès que quelqu’un se lève pour protéger la nature (une rivière ou un territoire) ou pour protéger sa communauté, il est d’abord menacé, puis blessé et enfin tué. C’est un schéma qui se répète ». Il poursuit pour Mr Mondialisation : « Ici, on nous demande de trier le papier, le plastique et le métal. Or, chaque année 200+ défenseur.es de l’environnement qui résistent sérieusement sont tué.es sur notre planète. Plus de 1000 blessé.es ou menacé.es. 2/3 uniquement en Amérique latine, raison pour laquelle le film se concentre sur ce continent ». Les femmes sont d’autant plus visées que l’idéologie patriarcale constitutive de nos sociétés accentue d’un même geste la frénésie de l’appropriation du monde par la force, que la volonté d’emprise sur les femmes, leurs corps et leurs voix. Un rapport de domination qui n’empêche pas ces dernières d’être très représentées au sein des luttes de terrain, dans les lieux collectifs et solidaires, entre autres par la transmission des savoir-faire, de la culture locale et de ses philosophies. « Les femmes nous envoient des messages d’alerte très clairs et très forts : cette idéologie de domination masculine nous conduit dans le mur. Notre film écoute donc les voix de ces femmes ». La réalisatrice Erika Gonzalez Ramirez vient d’Amérique latine, ce qui lui a permis d’évoluer dans un contraste culturel et environnemental unique, tout en côtoyant cependant la faim, la corruption et la misère. Pourquoi sa région ne se sort-elle pas de cette tension ? se demande-t-elle en grandissant. C’est que le problème est global, il dépasse son paysage natal et se niche plus largement dans les structures du modèle économique mondial. Elle le résume ainsi pour la CIDSE : « Les « ennemis », les multinationales dans ces cas, surgissent et divisent les communautés ; ils vont devant les tribunaux avec une armée d’avocats si nécessaire et, si la lutte est très grande, ils sont prêts à tuer. Avec notre film, nous voulons montrer tout cela et faire comprendre au public que nous avons choisi le Pérou, le Honduras et le Brésil, mais que tous les défenseurs de la terre dans le monde vivent la même situation. Nous voulons montrer qu’il existe une manière systémique d’agir pour les multinationales » Féministe, Erika insiste sur la place des femmes dans l’écologie profonde et notamment l’injustice dont elles sont encore victimes, possédant moins de 20% des terres dans le monde tandis qu’elles représentent la moitié de l’espèce humaine, mais surtout qu’elles se trouvent à l’avant-garde de la résistance s’agissant de protéger la planète. Quant aux défis qu’elles doivent relever pour se faire entendre, en plus d’être un danger permanent sur le plan citoyen, ils sont semés d’infantilisation, de décrédibilisation, de mutisme et de moqueries. Mêlant écologie décoloniale, anticapitaliste et féministe, le documentaire « L’illusion de l’abondance » nous plonge au cœur d’une lutte profonde et concrète contre les manifestations les plus palpables de la destruction du vivant : celles des abus industriels. Comme d’autres dans le monde, trois femmes ont décidé de résister directement là où le réel est fracturé, mais comme d’autres aussi, leur vie en est sacrifiée. Ce sont ces combats, et ceux d’autres activistes du climat en toile de fond, qui sont racontés dans ce film poignant, sélectionné dans plusieurs festivals et soutenu par plus de 20 ONGs internationales, dont Oxfam Belgique. Ce 28 mars, l’avant-première au festival Millenium (Belgique) annoncera le début d’une tournée de projections de deux ans, dans une trentaine de pays. Mais à partir du 29 Mars, il sera disponible en VOD en Belgique, puis en France après la tournée des salles. Et puisque l’on doit atteindre nos décideurs ici, où tout démarre, et non pas à l’abri de leurs regards : le documentaire sera aussi diffusé à l’Assemblée Nationale le 11 avril 2023….Puis à l’ONU, au parlement Belge, autrichien, celui de l’UE, ou encore à la COP15 à Montréal. Autant de sommets et lieux de pouvoir qu’il faut pouvoir secouer en marge de la lutte juridique et de terrain. Le but ? Sans excès d’idéalisme : obtenir la création d’un cadre contraignant avec obligations et sanctions sur la chaîne de production internationale des entreprises, avec une traçabilité et responsabilité clairement établie s’il y a investissement, commerce et profit. Un socle qui aiderait bien plus qu’on ne le pense la lutte des David contre Goliath à travers le monde. – S.H. Suivre l’actualité du film sur les réseaux : Facebook et Instagram Publié le 15.03.2023 à 05:00 Victoria Berni Crises économiques, accaparement des richesses par une minorité, conditions d’existence compromises – y compris pour les classes moyennes -, États autoritaires réprimant violemment les révoltes pour se maintenir au pouvoir… Le schéma semble se répéter et s’amplifier à travers le monde, malgré des contextes et des degrés de répression différents. Celui de l’Iran est d’autant plus particulier qu’une révolution a déjà bousculé le pays 43 ans plus tôt, en 1979, avec le renversement de l’Etat impérial d’Iran et la destitution du Shah, remplacés par la République islamique d’Iran et la prise de pouvoir de l’ayatollah Khomeini. Avant toute chose et pour se prévenir des raccourcis racistes : la révolte contre la République islamiste d’Iran n’est pas une révolte contre l’islam ni contre le hijab ; mais contre un État autoritaire, patriarcal, violent, assassin, réactionnaire, capitaliste, qui s’est servi du pouvoir religieux pour imposer son idéologie politique et ses choix de société. Pour citer Bernard Friot dans une interview pour Blast : « la seule religion qui nous emmerde, c’est la religion capitaliste ». En 1997, l’élection du président Mohammad Khatami, populaire parmi les jeunes et les femmes, ressemblait à une éclaircie par celui qui projetait la démocratisation de l’État et la libération des mœurs. C’est alors que le puissant clergé islamique bloque les réformes : le pouvoir détenu par le guide suprême de la révolution (Ali Khamenei, toujours en place et désigné par Rouhollah Khomeini peu avant sa mort en 1989) est supérieur à celui du président de la République : une dictature déguisée sous ses allures mensongères de démocratie républicaine. Le Canard Réfractaire nomme la classe dominante qui dirige le pays « l’État profond », derrière l’ayatollah Khamenei, qui détient le pouvoir politique, religieux, médiatique, judiciaire ou encore militaire via le corps des gardiens de la révolution islamique – qui le protège des coups d’État militaire -. Son pouvoir va grandir avec le temps, notamment grâce à sa fidélité envers les plus puissants du pays, renforçant sa position de dictateur. Si une petite élite accapare les richesses du pays (les 20% les plus riches détiennent la moitié des richesses selon la Banque Mondiale) et que la première puissance économique du monde bloque les transactions commerciales avec l’Iran, l’État profond doit faire face à une forte pression sociale, notamment auprès de sa jeunesse : le taux de chômage atteint les 40% des moins de 25 ans dans certaines provinces (Alternatives Economiques, 2006). L’autorité religieuse fait donc office d’outil de contrôle de la population et de maintien au pouvoir. D’après le Canard Réfractaire, la loi du port du voile obligatoire en public pour les femmes datant de 1983, non seulement sexiste et patriarcale, cache des agissements de manipulation politique. Cette loi permet en effet de renforcer la présence et le contrôle de la police, tout en modelant la société en fonction des besoins des élites. La religion est en réalité instrumentalisée à des fins politiques. Tout en contrôlant les tenues vestimentaires, la police est aussi chargée d’annihiler toute marginalité de la jeunesse et d’intervenir dans les lieux non contrôlés par le pouvoir (un contrôle total de l’espace public donc). Sans surprise, les classes populaires sont bien plus souvent réprimées que les classes bourgeoises. Même l’espace digital est un lieu de répression, Internet ayant été coupé pour certains militant·es, alors que les caméras de surveillance sont partout, des camps de rééducation viennent finir de marteler la propagande d’État aux étudiant·es qui manifestent et des artistes sont arrêtés à la moindre contestation. S’opposer au pouvoir est donc un crime. L’avocate Nasrin Sotoudeh qui lutte pour les droits humains en Iran et défend celles qui manifestent pacifiquement contre le port du voile, en a fait les frais lors de son arrestation scandaleuse en 2019. Si l’oligarchie iranienne utilise le religieux pour imposer sa loi, la réciproque est vraie : quiconque s’oppose aux lois religieuses injustes conteste en réalité la légitimité du pouvoir de la classe dominante. Pour le Canard Réfractaire, critiquer l’obligation du port du voile revient à remettre en cause l’omniprésence policière, la puissance du clergé chiite, les manipulations politiques ou encore le creusement des inégalités sociales. Le soulèvement populaire suite à l’assassinat de Mahsa Amini n’arrive donc pas de nul part. Non seulement la colère du peuple n’avait besoin que d’un déclic pour exploser, mais l’Iran a un précédent : la révolution de 1979. La trahison de Khomeini quant à l’autodétermination du peuple a fait de cet événement une révolution inachevée. 43 ans plus tard, la dictature islamique n’a certes rien à voir avec celle de la monarchie du Shah, mais le fond des revendications reste la même : la fin de la dictature et des privilèges d’une minorité. La dernière révolution est récente et subsiste dans les mémoires à l’heure d’en réaliser une nouvelle. Les premières perdantes de la révolution sont évidemment les femmes, dont la valeur et la voix sont considérées comme deux fois inférieures à celles des hommes. En effet, le témoignage d’une femme vaut deux fois moins que celle d’un homme lors d’un procés et son héritage est également deux fois inférieur. Sur le marché du travail, elles gagnent en moyenne 20% de moins que les hommes à travail égal ; au parlement, elles ne représentent plus que 5,6% des sièges occupés. En revanche, les portes de l’Université leur sont ouvertes et leur taux de présence y est supérieur à leurs homologues masculins : 70% des étudiant·es en science et ingénierie par exemple sont des femmes. L’Université devient ainsi le noyau féministe du pays pouvant combattre politiquement la répression sexiste et religieuse – violences policières – ainsi que les difficultés financières. Le féminisme parvient à se propager dans les différents lieux de l’espace public malgré le contrôle policier : dans les facs, les lieux de travail, les quartiers, internet… Pour contrer la révolte féministe, le dogme religieux se renforce (son éternel méthode de contrôle), ce qui renforce à son tour la détermination des femmes. Le gouvernement paye aujourd’hui sa tactique autoritaire et son incapacité à répondre autrement que par la force aux problèmes sociétaux qu’il a lui-même engendrés. Un féminisme qui se diffuse à travers de nombreuses actions individuelles dont le refus de porter le voile en public. Unprecedented scenes in Iran: woman sits on top of utility box and cuts her hair in main square in Kerman to protest death of Mahsa Amini after her arrest by the morality police. People clap their hands and chant “Death to the dictator.” #مهسا_امینی pic.twitter.com/2oyuKV80Ac — Golnaz Esfandiari (@GEsfandiari) September 20, 2022 Mais l’Iran a connu d’autres mouvements de contestation depuis la révolution, plus particulièrement ces dernières années, preuve de l’intensification de la colère sociale. Les femmes ont organisé les « mercredis blancs » alors que les ouvriers se sont mis en grève à plusieurs reprises sur la période 2018-2020 contre la pauvreté, notamment suite à la hausse du prix de l’essence en 2019. Certes, ces mobilisations ne se sont pas traduites en mouvements révolutionnaires contre la dictature islamique, mais ont joué un rôle important dans la politisation et la conscience des classes. De plus, la classe ouvrière a su se réorganiser autour de formations syndicales indépendantes, faisant écho aux « shoras » de la révolution de 1979. L’expérience des luttes passées est déterminante pour les travailleurs afin de faire face à la vague de privatisation des années 2000, synonyme de précarisation et d’insécurité professionnelle. Mais ce mouvement que l’on pourrait rapprocher de celui des Gilets jaunes en termes de timing, de spontanéité, d’élément déclencheur, de ras-le-bol des classes populaires et d’anticapitalisme, a cependant connu une répression encore plus sévère : 1500 morts selon Reuters, près de 4000 morts et 10000 personnes arrêtées selon des sources iraniennes reportées par l’UIT-QI, sans compter les actes de tortures et les longues peines d’emprisonnement. L’organisation socialiste révolutionnaire affirme par ailleurs que « le régime contre-révolutionnaire des mollahs (ndlr : chefs religieux islamiques) a écrasé le peuple travailleur par l’oppression, mais il n’a pas pu effacer la mobilisation de 2019 de la mémoire des masses ». La répression de la police et des gardiens de la révolution est colossale et effrayante. Et elle s’accompagne d’une violence économique et sociale aux conséquences gravissimes : aujourd’hui, on estime que 45% des Iranien·nes vivent sous le seuil de pauvreté et 10% d’entre eux n’ont rien à manger ; alors que l’inflation a atteint les 54% en juillet 2022. Le pouvoir d’achat des Iranien·nes a largement diminué jusqu’à rendre difficile l’accès aux produits de première nécessité. Une crise sociale qui rend d’autant plus insupportable la captation des richesses par les millionnaires de la bourgeoisie du Bazar et des échelons supérieurs des Gardiens de la Révolution (UIT-QI, op. cit.). Autres protagonistes de la crise sociale actuelle : les États-Unis et l’Union Européenne, dont les embargos impérialistes excessifs et les menaces de sanctions dissuadent les partenaires commerciaux d’investir en Iran. L’unité Internationale des Travailleurs nous explique que les luttes et les répressions passées jouent un rôle déterminant dans la ténacité des manifestant·es des révoltes actuelles. Les revendications concernent par ailleurs les besoins basiques de la population, à savoir la lutte contre la faim, la soif, le manque de soins, la misère, le chômage, les privations de libertés, les exécutions et les arrestations arbitraires. Le slogan féministe entonné après la mort de Mahsa Amini « Femmes, vie, liberté » s’est naturellement fusionné avec « À bas la dictature ! », « Nous refusons une République Islamique », « Mort à l’oppresseur » ou encore « Mort au dictateur, mort à Khamenei ». Une révolte finalement logique dès lors que la population et les mouvements sociaux décident de pointer les responsables des injustices. La haine envers la dictature, les bourgeois et les mollahs iraniens ne peut faire que consensus. مراسم سومینروز در گذشت #عرفان_زمانی#مهسا_امینی pic.twitter.com/Va3397N4N7 — Masih Alinejad Dans son appel du 29 novembre 2022 à la solidarité internationale avec la mobilisation du peuple iranien contre le régime dictatorial, l’Unité Internationale des Travailleurs liste les nombreuses revendications faisant littéralement consensus au sein des minorités et du peuple iranien contre le pouvoir en place : « il y a les revendications des femmes iraniennes contre l’oppression de la charia, la violence patriarcale et l’exploitation capitaliste ; les revendications démocratiques et économiques de la classe ouvrière iranienne ; les revendications démocratiques, économiques et sociales des minorités ethniques et religieuses du pays, comme les Kurdes, les Baloutches et les Azéris, opprimées et surexploitées par le régime au fil des ans ; la revendication de liberté des jeunes, qui représentent 60% de la population ». Précisons d’ailleurs que Mahsa Amini était une femme kurde, son assassinat est une atteinte révélant l’oppression raciste contre la population kurde et autres minorités ethniques et religieuses, en plus de l’oppression patriarcale. Enfin, la colère de la révolte actuelle semble avoir atteint un niveau trop avancé pour envisager tout retour en arrière. D’un côté, les mollahs ont perdu leur légitimité à gouverner par leur incapacité à répondre aux besoins vitaux du peuple. De l’autre les massacres et les arrestations génèrent une détermination toujours plus grande. Si les dirigeants n’ont plus d’autres solutions que la répression et la terreur pour se maintenir en place, les manifestants aussi ne peuvent qu’aller au bout du combat révolutionnaire. La misère et les injustices sociales sont telles qu’il n’y a plus grand chose à perdre. Surtout, une attitude défensive du peuple iranien conduirait à une duplication des violences d’Etat pour se prévenir d’une nouvelle vague de révoltes. Toujours dans son appel, l’UIT considère que l’auto-organisation par les conseils des travailleurs constitue un élément clef du processus révolutionnaire iranien, sur la base de l’expérience des shoras de la révolution de 1979. L’organisation socialiste appelle au développement et à l’extension de ces comités à l’échelle nationale, afin de permettre à tous les secteurs opprimés (femmes, jeunes, classe ouvrière, minorités religieuses et ethniques) de renverser le régime injuste de la République islamique. Mais pas seulement, il s’agit pour le peuple d’envisager son auto-détermination post-révolution et de ne pas subir la domination d’un nouvel oppresseur. La révolution de 1979 a échoué dès lors que le peuple iranien a accordé sa confiance à un soi-disant homme providentiel, malgré les promesses séduisantes. Les relations étroites entre les mollahs et la bourgeoisie du Bazar ont donné la prime aux intérêts capitalistes, sans parler du pouvoir élitiste des gardiens de la révolution. Afin de sortir du cycle infernal des dictatures et des inégalités du néo-libéralisme, le salut du peuple iranien passera par sa capacité à s’organiser à travers une « direction socialiste révolutionnaire » selon l’UIT, mais aussi par l’instauration d’une « Assemblée Constituante Libre et Souveraine ». En somme, il est indispensable que le peuple détienne le pouvoir décisionnel dans une société -réellement- démocratique, afin de protéger les populations aujourd’hui opprimées. Le drame cependant pour le peuple iranien, c’est son histoire de soumission aux Etats impérialistes, qui confère une légitimité aux grandes puissances tels que les Etats-Unis de disposer d’un monopole économique sur les pays les plus pauvres. Un gouvernement à la fois socialiste et anti-impérialiste en Iran pourrait conduire à un énième blocus de la part des Américains et donc à l’impossibilité pour le pays de se développer économiquement. Pour le Canard Réfractaire, il n’y a pas de fatalité. Même si cela semble difficilement imaginable à l’instant T, l’explosion du nombre de révoltes populaires à travers le monde donne un nouvel espoir de solidarité internationale pour lutter contre les impérialismes néolibéraux. Iranian oppositions unites against the Islamic republic. — Masih Alinejad Le salut du peuple iranien face à l’isolement et au blocus américain passera par une solidarité profonde à l’international. En tant que Français, il y a donc urgence de mener notre propre lutte de justice sociale et de renversement du système néolibéral, afin de défendre nos propres droits humains et ensuite ceux des peuples en lutte contre les dictatures. La solidarité dont le peuple iranien a besoin, ce n’est pas simplement soutenir le renversement de la République Islamique (surtout si c’est pour soutenir ensuite la mise en place d’un gouvernement fantoche et exploiter les ressources du pays), mais aussi de soutenir politiquement et économiquement la mise en place d’un gouvernement au service des intérêts du peuple perse, et de mettre fin à toutes les injustices et oppressions qui gangrènent l’Iran, qu’elles soient intérieures ou venues des puissances impérialistes. Pour conclure, nous relayons l’appel final de l’Unité International des Travailleurs : « Pour la fin de la criminalisation de la protestation et l’exécution de la peine de mort ! Liberté immédiate pour les prisonniers politiques ! Pour la fin de l’oppression de la charia, de la violence patriarcale et de l’exploitation capitaliste des femmes et des personnes LGBTQI+ ! Pour l’abolition de la loi sur le hijab ! Pour tous les droits démocratiques des nations opprimées, y compris l’autodétermination ! À bas la dictature du régime des mollahs ! » Crédit photo de couverture : Matt Hrkac (Flickr)La transplantation : cette piste pour sauver les coraux abîmés
Rencontre avec Made, militante écologiste depuis 1970
Non, la majorité des médias n’est pas de gauche
5 secteurs où notre dépendance nous met gravement en danger
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Le peuple d’Iran en quête d’une révolution inachevée
La transplantation : cette piste pour sauver les coraux abîmés
En 20 ans, les coraux ont subi une destruction massive aux quatre coins du globe. Dans un récent article, nous vous montrions que pour mieux les protéger, il faut lutter contre le réchauffement climatique en amont et limiter la pollution à l’échelle du globe. En parallèle, plusieurs associations restaurent des coraux en ayant recours à des méthodes naturelles et innovantes. Menées sur le long terme et contrôlées, ces restaurations ont un impact bénéfique sur les écosystèmes marins.
Spécimen de corail Neptune : ” La nuit, ces cerveaux ont des cheveux. Les Polypes sortent leurs tentacules. “. Page Facebook de la tête dans l’eau
Transplanter des coraux
Cornes de cerfs réintroduites par transplantation. Page Facebook de la tête dans l’eau
Un arbre, structure avec des cornes d’élans en haut et des cornes de cerf en bas. Page Facebook de la tête dans l’eau
Des recherches et des restaurations laborieuses
You too can #adoptacoral in the #Mediterranean https://t.co/egNHdZDtAR
Rafael Camacho
Coral Soul pic.twitter.com/tUbu1aUNLW
Les Caraïbes, zone corallienne en voie de disparition
Des stations d’épuration dégradées
Quels risques lors de la transplantation ?
Here we go!! You can now participate in our #DeepCOREproject in the Mediterranean with our local nonprofit partner Coral Soul.
Join us today by adopting a coral in the Mediterranean https://t.co/slxUcMsYoR
Javier Sánchez pic.twitter.com/5JfPDNauXm
Une restauration durable ?
” La transplantation corallienne est une technique de restauration écologique des coraux. L’opération consiste à prélever des fragments de coraux et à les transplanter sur une structure de récif. Une fois transplantés, les coraux vont se développer sur la structure pour former une colonie de corail. “/ Page Facebook de Coral Planters
Rencontre avec Made, militante écologiste depuis 1970
À l’heure où les mouvements écologistes fourmillent, symbolisant une prise de conscience collective grandissante, la majorité des luttes demeurent pourtant synonyme d’échec face au monstre industriel qui continue de dévorer notre planète à grandes bouchées. Mais qu’en était-il de cela il y a quelques décennies ? Partons aujourd’hui à la rencontre de Madeleine Nutchey, alias Made, âgée de 91 ans, qui nous raconte son parcours éclectique teinté d’un engagement profond pour la cause environnementale.
Une entreprise à taille humaine, vectrice d’autonomie
Installation des capteurs solaires thermiques dans les années 70.
De « petite plume » à « reine des manifs »…
Numéro 520 de la revue Silence – avril 2023 : On ouvre une épicerie collective !
Vital Michalon qui vient de recevoir une grenade offensive (31 juillet 1977) – “Aujourd’hui Malville, demain la France : Livre Noir”
« Je suis une ville » : une voix pour Grenoble
La journée des Tuiles par Alexandre Debelle (musée de la Révolution française). Source : Wikicommons
La bastille de Grenoble. Source : Flickr.
Non, la majorité des médias n’est pas de gauche
« Tous les journalistes sont de gauche ». Ce cliché, véhiculé essentiellement par la droite et l’extrême droite, a la peau dure. On a même récemment entendu Michel Onfray déclarer que la majorité de la presse était « mélenchoniste ». Le son de cloche est d’ailleurs identique chez Laurent Joffrin. De manière factuelle, on est pourtant très loin de ces annonces.
Les propriétaires des médias ne sont pas marxistes
Confusion sur ce qu’est la gauche
Ne pas être raciste, ne veut pas dire être de gauche
Photo de cottonbro studio. Source : Pexels
Des médias pro-Mélenchon, sérieusement ?
Le feu de paille des législatives
L’écran de fumée des temps de parole
Montage Le Vent se Lève
L’émergence d’une presse d’extrême droite
5 secteurs où notre dépendance nous met gravement en danger
Les conflits et les crises ne cessent de se multiplier. Pourtant, notre modèle de société continue de reposer en grande partie sur la mondialisation. En agissant ainsi, la France reste extrêmement vulnérable face à de potentiels évènements aussi bien sur les plans sanitaire, énergétique, industriel, géopolitique qu’alimentaire.
Photo de cottonbro studio
#1 – L’industrie
#2 – L’énergie
#3 – L’alimentation
On passe de 4 à 16 m²/jour et par pers. de surface agricole mobilisée entre un repas strictement végétal et un autre riche en viande.
Pour tt savoir de l'empreinte de l'#alimentation sur nos #sols, RDV en p.9 de l'#ADEMEMagazine
https://t.co/G4ZBvifrUD pic.twitter.com/gShaEq12N5
#4 – La santé
#5 – La géopolitique
Aux USA, 50% des restaurants ont désormais une option Vegan
Le véganisme gagne du terrain un peu partout sur terre devant l’ampleur de la cause écologique et en réponse à la violence systémique envers les animaux dans les industries. Mais c’est probablement au États-Unis, contre toute attente, que le changement est le plus étonnant, avec des bouleversements profonds du modèle alimentaire. Ainsi, le pays est sur le point de franchir un cap symbolique : pratiquement la moitié des restaurants de tous les Etats proposent désormais au moins une option sans violence animale ! La France, particulièrement sujette à la réactance, reste loin derrière ces considérations pour le bien être animal.
Londres a été pionnière dans la restauration végan/végétarienne. Café vegan à Londres @SamuelRegan/Unsplash
Peut-on s’attendre à voir la situation évoluer positivement ?
Moon and Son, un café Vegan à Caen @MoonAndSon
Les subtitus végétaux aux produits laitiers prend aussi de l’ampleur @lubo-minar/Unsplash
Un changement bon pour la santé des américains ?
Burger végétalien @LikeMeat/Unsplash
Cuisine asiatique à base de tofu @cloris-ying/Unsplash
Un peu d’espoir ?
@gemma-evans/Unsplash
L’environnement est devenu la 2e préoccupation des Français
Si la hausse générale des prix est aujourd’hui à la première place des préoccupations majeures des Français, ces derniers sont de plus en plus nombreux à afficher leurs appréhensions quant à l’évolution du changement climatique. L’ADEME souligne ainsi dans la 23e vague du Baromètre des représentations sociales du changement climatique qu’il s’agit d’un niveau « jamais atteint ». Des chiffres records qui démontrent l’inquiétude grandissante des Français à l’égard de leur environnement et qui appellent à penser une transition brutale et urgente de nos modes de vie.
L’environnement, une préoccupation importante pour la majorité des Français
Une certitude de moins en moins contestée
Qui sont les coupables désignés ?
Et les médias dans tout ça ?
Un avenir plutôt sombre…
Entamer une réelle transition des modes de vie
84 % des répondants souhaitent que les mêmes moyens déployés contre la Covid-19 le soient en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique !
Canicules : ce qui pourrait éviter un tiers des décès
Le dérèglement climatique impose chaque année des étés de plus en plus chauds : depuis 2015, les températures mondiales n’ont cessé de croitre. En ville, les canicules à répétition provoquent de nombreux dégâts, en particulier sur la santé humaine. Des milliers de décès liés à ces températures extrêmes sont ainsi enregistrés chaque année. Pourtant, ce phénomène n’est pas inexorable : une nouvelle étude estime qu’un tiers des disparitions attribuables à la chaleur estivale pourrait être évité. La solution ? Augmenter la couverture végétale des villes pour atteindre 30% de surface arborée.
Les vagues de chaleur se succèdent
Ces dernières années, la Californie a du faire face à des incendies de plus en plus extrêmes et des épisodes de sécheresse de plus en plus intenses – image Flickr
Un modèle urbain à bout de souffle
Des solutions à portée de main
Les Murs à pêches, un poumon vert dans l’urbanité de la région parisienne © Victoria Berni
Plus d’un tiers des décès liés aux ICU pourrait être évité
Canicule sociale. Paris 16 octobre 2022. Source : Flickr
Tour d’Europe
À Paris, la couverture arborée ne dépasse pas les 5%. Source : dnovac / Pixabay
À chaque ville sa stratégie
En 2014, c’est une pépinière de quartier, La Pousse qui Pousse, qui a vu le jour au milieu des logements sociaux dans la commune de Saint-Gilles à Bruxelles © Victoria Berni
5 méthodes pour éviter le gaspillage alimentaire
Chaque année en France, 10 millions de tonnes de nourriture sont jetées à la poubelle ; un chiffre effarant qui représente pas moins de 20 % de la production de l’hexagone et 155 kg par personne. Un constat alarmant quand on sait le coût écologique de la production alimentaire et le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde. On vous propose donc sept méthodes pour lutter contre ce fléau, à notre échelle.
1. Se méfier des dates de péremption
2. Faire des menus
3. Surveiller sa consommation
4. Partager !
Cantine solidaire lors du rassemblement antifasciste le 25 février 2023 à Saint-Brévin-les-Pins (44) © Victoria Berni
5. Valoriser ses déchets
Amérique latine : 3 femmes attaquent des multinationales
Au Pérou, au Honduras et au Brésil : trois femmes défendent corps et âme les droits humains des autochtones ainsi que leurs terres natales contre les intérêts dévastateurs de multinationales puissantes. Un combat de tous les jours mis en images par un film percutant : L’illusion de l’abondance, en première au 15eme festival Millenium. Présentation d’un regard inédit sur les coulisses de la destruction du vivant.
La situation en Amérique Latine est alarmante
Les cultures d’huile de palme au Brésil ravagent les terres locales @Miguel Pinheiro/CIFOR – Flickr
Mine de Yanacocha @Elbuenminero/Wikicommons
Máxima, Berta et Carolina : le cri du cœur de la biosphère colonisée
Carolina en Allemagne @IllusionofAbondance
Bertita lors de la cérémonie pour la mort de sa mère Berta @IllusionofAbondance
Un message féministe à entendre
Un film à voir, en tournée dans le monde
Le peuple d’Iran en quête d’une révolution inachevée
La révolte actuelle est née de la mort de Mahsa Amini, une jeune femme irano-kurde de 23 ans arrêtée à Téhéran le 13 septembre 2022 pour un port du voile « inapproprié », puis morte sous les coups de la police des mœurs 3 jours plus tard. Selon la sociologue iranienne Mahnaz Shirali – interrogée peu après les faits -, cet évènement est « le symbole de l’injustice qui règne depuis 43 ans », dans un régime qui « tue ses propres ressortissants en toute impunité ». Après un premier volet sur les dégâts de l’impérialisme américain, analysons le mouvement de révolte déterminé à renverser la République islamique d’Iran, son autoritarisme et sa politique néolibérale.
Confusion entre le religieux et le politique
Visite du Président Khatami et de son cabinet au Guide suprême de l’Iran, Ali Khamenei – 24 août 1997. Crédit : r khamenei.ir
“A Marseille, bâche de soutien à Nasrin Sotoudeh, réclamant sa libération.” Crédit : Lewisiscrazy.
Prémices de la révolte féministe
Au delà de la colère des femmes, l’insoumission d’un peuple
Lors de manifestations populaires contre le rationnement de l’essence en Iran, un certain nombre de banques, de stations-service et de magasins ont été incendiés. Crédit : Far News.
Processus révolutionnaire, pas de retour en arrière possible
(@AlinejadMasih) November 7, 2022
Appel à la construction d’une direction socialiste révolutionnaire et à la solidarité internationale des peuples
Au centre social occupé “Pedro” à Padoue, Italie. Crédit : Fsociété.
This is the new phase of Iran’s revolution against the gender apartheid regime.
Both within and outside of Iran we are united in common cause for a secular, pluralistic, democratic Iran,
And this pic.twitter.com/2ZJIpsvey9… https://t.co/HgY6uGtm7E (@AlinejadMasih) February 11, 2023