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Publié le 27.09.2023 à 06:00 Victoria Berni Publié le 26.09.2023 à 06:00 Victoria Berni Publié le 25.09.2023 à 06:00 Mr Mondialisation Publié le 23.09.2023 à 12:35 Simon Verdiere Publié le 22.09.2023 à 12:13 Mr Mondialisation Publié le 21.09.2023 à 06:00 Victoria Berni Publié le 20.09.2023 à 06:00 Victoria Berni Publié le 19.09.2023 à 06:00 Victoria Berni Publié le 18.09.2023 à 06:00 Victoria Berni Publié le 16.09.2023 à 09:58 Sharon Houri Publié le 27.09.2023 à 06:00 Sharon Houri Au rayon des poncifs les plus souvent véhiculés dans la société, « les chômeurs refusent de travailler » est sans doute en bonne place. Dans la droite lignée de la, non moins fallacieuse, dénonciation des « assistés », cette accusation permet surtout de diviser les classes populaires et de détourner leur regard de l’accaparement des richesses par une minorité. Mr Mondialisation vous donne cinq raisons pour mettre à mal ce préjugé. Diplômes, chômage, pauvreté, espérance de vie : la carte de France des précarités https://t.co/pQ3hWsRjuF #data pic.twitter.com/JWJ4B5TTGT — Alternatives Économiques (@AlterEco_) December 29, 2017 Une des premières raisons qui peut pousser un chômeur à refuser une offre d’embauche peut être la contrainte géographique. Il existe en effet une nette inégalité territoriale entre les différentes zones de France. Les ruraux et les citadins ne disposent par exemple pas des mêmes chances, en particulier dans certaines branches totalement absentes en dehors des grandes villes. D’autres emplois sont par ailleurs situés uniquement en périphérie et engendrent de gros déplacements. Parfois à tel point qu’ils peuvent obliger certains à refuser les offres. En outre, cette contrainte pose évidemment le problème de la mobilité. Si en moyenne, les Français consacrent pas moins de 50 minutes de temps de trajet de leurs domiciles à leur lieu de travail, cette durée peut être bien plus importante pour certains individus. De surcroît, ces trajets doivent être effectués soit en transports en commun pas forcément adaptés aux besoins des usagers, soit en voiture, ce qui entraîne nécessairement un surcoût pas toujours simple à assumer. Certains libéraux rétorquent que les chômeurs n’auraient qu’à déménager plus près des bassins d’emplois. Un discours qui ne tient bien sûr pas compte des attaches sentimentales pour son lieu de vie ou pour son entourage qui habite sur place et tout simplement de la tension immobilière. Ce comportement aurait par ailleurs tendance à accentuer les inégalités territoriales en accélérant la désertification des campagnes et la surconcentration des populations en milieu urbain. Des conditions de travail indignes sont bien sûr une autre raison évidente de refuser un poste pour un chômeur. C’est d’ailleurs souvent le cas des secteurs qui se plaignent régulièrement de « peiner à recruter ». La jérémiade est même largement relayée par les médias et le grand patronat. Pourtant, c’est peut-être bien les employeurs eux-mêmes qui devraient parfois se remettre en question sur ce qu’ils proposent. Entre la surcharge de travail, des horaires inflexibles, la précarité des contrats, la pénibilité et surtout des salaires très bas en rapport à la mission demandée, il n’est pas étonnant que certaines offres ne trouvent pas preneur. On a particulièrement pu observer ce phénomène dans le monde de la restauration où les conditions sont extrêmement dures. Le secteur public n’est d’ailleurs pas non plus en reste de ce type de constat. Avec les diverses cures d’austérité imposées par les gouvernements néolibéraux successifs, la tâche se fait de plus en plus difficile, notamment pour les enseignants ou les soignants. Rien d’étonnant dans ces conditions à ce que le recrutement se complique et que certains décident purement et simplement d’abandonner leurs métiers. Si certains offrent d’emplois restent sans preneur, c’est aussi parce que la main d’œuvre disponible n’est pas obligatoirement qualifiée pour occuper ces postes. À l’inverse, certains chômeurs sont formés dans des domaines qui embauchent peu. Le problème réside donc peut-être dans le fait que la société valorise des activités qui ne sont pas nécessairement en adéquation avec la volonté des citoyens. Pour appuyer ce constat, on peut rappeler que selon une étude de 2021, pas moins de 30 % des interrogés trouvaient leur travail inutile. Dans un monde sain, les individus devraient pouvoir choisir d’exercer une profession par envie. C’est même dans cette optique que Bernard Friot a proposé le concept du salaire à vie. Un certain nombre d’individus ne sont, de plus, pas à l’aise avec un marché du travail qui prône avant tout la production de richesses, en particulier lorsqu’elle repose sur des activités sans intérêt (et souvent nocives pour la planète). D’autres sont en outre en incompatibilité psychologique ou physique avec l’emploi tel qu’il est imposé dans un monde capitaliste. Dans ce contexte, le chômage représente d’ailleurs régulièrement une souffrance, et ceux qui en sont tributaires sont en moyenne en moins bonne santé que les autres. Lorsque certains qualifient les chômeurs de paresseux refusant tout simplement le labeur, ils oublient également bien souvent que quelqu’un sans emploi peut en réalité avoir de nombreuses activités bénévoles et être plus utile à la société qu’à travers un métier rémunéré. Il s’agit là d’une typique confusion entretenue par le système capitaliste entre travail et emploi. Le parfait exemple de ce phénomène est sans aucun doute celui du travail reproductif (soin aux personnes, tâches domestiques, éducation). En effet, une personne qui passe ses journées à prendre soin de ses enfants ne dispose pas d’un emploi, ce qui ne l’empêche pourtant pas de réaliser un travail. La meilleure preuve en est que cette occupation est bien exercée par d’autres individus en tant que profession. 5. Il y a bien plus de chômeurs que d’offres L’argument le plus objectif et le plus marquant contre l’affirmation qui ferait des chômeurs une bande de paresseux qui refuseraient de travailler est sans aucun doute la forte disproportion existant entre le nombre d’offres d’emplois et celui des candidats. Ainsi, au deuxième trimestre de 2023, toutes catégories confondues, on comptait plus de 6 millions de demandeurs d’emploi en France (sans compter les personnes radiées de listes). Dans le même temps, on évaluait à peine 367 000 les postes n’ayant pas trouvé preneurs en France. Comme vu précédemment, la paresse ne peut décemment pas être avancée comme unique explication de ce chiffre. Les contraintes géographiques, de travail et l’incompatibilité des profils des postulants sont des raisons bien plus crédibles. Mais y compris en validant cette supposition, on peut aisément constater qu’il existe un véritable gouffre entre les propositions et le nombre de demandeurs. Même si ces offres étaient instantanément pourvues, il resterait encore des millions de gens sur le carreau. Des faits incontestables pourtant bien mal acceptés par beaucoup de Français, souvent influencé par les propos de la classe patronale et de ses soutiens. C’est d’autant plus vrai parmi les anciennes générations qui ont des difficultés à saisir que la conjoncture économique n’est plus aussi favorable qu’à l’époque de leur jeunesse durant les trente glorieuses. En réalité, le chômage est structurel et même indispensable à ce système capitaliste. Récemment, un grand patron australien souhaitait qu’il explose pour « écraser l’arrogance des travailleurs » qui osent demander de meilleures conditions. « Nous devons rappeler aux gens qu'ils travaillent pour l'employeur, et non l'inverse. Nous devons écraser cette arrogance. Il faut que le nombre de chômeurs augmente. L'économie doit souffrir. » Parfois, un capitaliste dit tout haut ce que les autres pensent pas si bas que ça. pic.twitter.com/OQyRas1hSJ — Oui d'accord (@OuidaccordOK) September 12, 2023 Car c’est bien le taux de chômage qui installe un rapport de force entre la bourgeoisie et les classes populaires. Plus il existe de concurrence entre les candidats, plus les conditions de travail pourront aisément être abaissées par les employeurs. Dans la même veine, pointer du doigt les chômeurs comme des parasites permet au patronat de monter les plus pauvres les uns contre les autres, et ainsi les empêcher de se retourner contre eux. Pour combien de temps encore ? – Simon Verdière Photo de couverture de Ron Lach Publié le 26.09.2023 à 06:00 Sharon Houri Un peu moins de six ans après son lancement sur internet, Le Média va ainsi émettre directement à la télévision. Après avoir obtenu l’accord de l’ARCOM (le régulateur du paysage audiovisuel français), il sera dans un premier temps uniquement diffusé via les boxes télé. Mais il ambitionne déjà à l’avenir de faire une demande pour intégrer les chaînes de la TNT. Évidemment, jusqu’ici, la télévision laissait bien peu de place aux médias indépendants. C’est d’ailleurs la première fois qu’une chaîne d’information de cette nature va être diffusée par ce biais. Qu’un canal avec une ligne éditoriale clairement opposée au système capitaliste ait voix au chapitre représentera également une nouveauté. Depuis toujours, on sait, en effet, que l’immense majorité des médias distillent une parole favorable à l’ordre établi. LA CHAÎNE QUI FAIT TREMBLER MACRON DÉBARQUE LE 20 OCTOBRE Soutenez-nous sur KissKissBankBank : — Le Média (@LeMediaTV) September 7, 2023 Face aux mastodontes détenus par des milliardaires comme CNEWS, BFM et LCI ou bien encore au canal d’État France Télévision, Le Média aura fort à faire. Organisé en société coopérative (un modèle unique dans le secteur), il tentera de proposer un contenu alternatif à la pensée dominante largement propagée par les éditorialistes néolibéraux sur nos postes. Ce que le Média sera en capacité de proposer dépendra évidemment des spectateurs puisqu’il est entièrement tributaire des dons de ses sympathisants. Sans aucun soutien de l’État, ni de la publicité ou d’un riche mécène, il a donc lancé une nouvelle campagne de financement. Si plusieurs paliers sont franchis, l’équipe composée d’une vingtaine de membres pourra concrétiser plusieurs projets. En fonction du budget, on pourrait alors voir sur le canal des flashes d’actualités, une page humoristique, des émissions thématiques et des reportages. Bien sûr, leur régularité sera également liée aux revenus. Par ailleurs, plusieurs intervenants extérieurs participeront sans doute à l’aventure. Ce sera par exemple le cas du Canard réfractaire dont certaines vidéos seront utilisées. Yohan du @canard_media a une grosse annonce à vous faire : il débarque à la TV, avec son équipe, aux côtés du Média ! Le 20 octobre, on est là ! Enfin une chaîne d'info sans milliardaires ! Soutenez-la ! — Le Média (@LeMediaTV) September 14, 2023 Évidemment, Le Média a déjà une audience importante en ligne avec près d’un million d’abonnés sur YouTube. Il émet même 24 h/24, 7 jours sur 7, avec des programmes en direct, et des rediffusions. Preuve s’il en est qu’il est bien prêt à assumer une place à la télévision. Et il s’agit plutôt d’une bonne nouvelle, puisque la petite lucarne garde un pouvoir d’influence considérable. Ainsi, en 2022, 43,3 millions de nos concitoyens ont regardé la télévision quotidiennement. Deux Français sur trois continuent par ailleurs d’affirmer qu’elle reste leur source favorite d’information. Les milliardaires, gardiens du système en place qui pérennise leurs privilèges, l’ont d’ailleurs bien compris puisqu’ils ont mis la main sur l’ensemble des canaux d’actualités (hormis ceux contrôlés par l’État). Dans ce contexte, un autre son de cloche sur l’actualité apparaît capital, d’autant plus pour convaincre les personnes les plus âgées, bien souvent réfractaires à l’information en ligne et extrêmement perméables à la télévision. Pour parvenir à faire évoluer les mentalités, on ne peut donc que se réjouir de l’arrivée du Média sur les petits écrans. – Simon Verdière Photo de couverture : Le Média sur KissKissBankBank Publié le 25.09.2023 à 06:00 Sharon Houri Contrairement à la poitrine des hommes, celle des femmes est encore bien trop souvent sexualisée au point que des mères sont encore prises à partie pour avoir eu le “culot” de vouloir allaiter leur enfant en public (ce qui n’est pourtant pas illégal en France). « Couvrez ce sein que je ne saurais voir, par de pareils objets, les âmes sont blessées. » disait Tartuffe dans l’œuvre éponyme de Molière. Parfois en effet, on croirait encore vivre au 17e siècle. L’histoire de Marina s’inscrit sans conteste dans ce continuum patriarcal. Voici son témoignage. « Quatre semaines après mon interpellation suivie de ce magnifique soutien de plusieurs milliers de personnes, je n’ai toujours pas de nouvelles de ma condamnation. Car oui, contrairement à ce qu’ont affirmé le maire et le directeur du festival, l’amende n’est pas “annulée” : les poursuites pour exhibition sexuelle sont maintenues. Une belle promesse dans le vent puisque le maire n’a pas le pouvoir de faire annuler la décision du procureur. Aurait-il été pris d’une soudaine amnésie sur la séparation des pouvoirs en France ? N’a-t-il pas eu le courage de me l’annoncer lui-même au lieu de me laisser le soin de l’apprendre par la presse ? Y avait-il besoin d’aller jusqu’à mentir publiquement pour calmer la situation après la manif, quitte à me donner de faux espoirs ? Le 23 août dernier, Marina a été verbalisée par la police parce qu'elle se promenait seins nus pendant le Festival du théâtre de rue d'Aurillac. La jeune femme explique que son geste était lié à la canicule et précise que les hommes autour d'elle étaient presque tous torse nu… pic.twitter.com/PSJNM3esFv — Loopsider (@Loopsidernews) August 30, 2023 Autant de questions sans réponses, et ce ne sont pas les seules. L’ordonnance pénale est toujours entre les mains du procureur, et aucune idée de ce qu’il en fera. Après plusieurs tentatives, j’ai enfin réussi à joindre le tribunal d’Aurillac. Comme je n’ai eu aucune réponse, j’ai demandé à être informée de la suite de la procédure par un simple coup de fil, ce qui m’a été refusé. Et pendant ce temps, tandis que je reçois des soutiens de toute part, l’encre de la presse et la bave des réacs continuent de couler. Difficile de croire qu’on est en 2023. Petite compilation des pires arguments que j’ai lus : Pour le coup je suis plutôt d’accord, dans 99% des cas. Le 1% restant, c’est les exceptions : canicule, festival, etc. De toute évidence cette tolérance est appliquée puisque la moitié des gars autour de moi étaient torses nus. Et c’est là tout le problème : si on ne peut pas se balader torse nu même en contexte exceptionnel, alors c’est TOUT LE MONDE qui devrait être concerné. Je n’ai pas à m’excuser d’imiter exactement le même comportement que les hommes sous prétexte que moi je suis une femme. Et je n’ai pas à m’excuser de me sentir suffisamment à l’aise et non jugée par les autres pour le faire. La composition des seins est identique chez les deux genres : une glande mammaire, un mamelon et une aréole. La taille et la forme dépendent des hormones produites : les œstrogènes font développer la croissance, tandis que la testostérone l’atrophie. Les enfants ne sexualisent pas un corps nu. Il n’y a que certains adultes qui sexualisent le corps des femmes à leurs dépens. Tiens tiens, le marketing fainéant engendre des commentaires sexistes ? Qui l’aurait cru — Pépite Sexiste (@PepiteSexiste) June 30, 2020 Être topless ne signifie pas être nu, cela signifie ne pas avoir le torse couvert. Être nu signifie exposer ses organes sexuels. Simple, basique. Les seins ne sont pas un organe sexuel. Ils ne sont pas liés au système reproducteur. La glande mammaire des femmes sert simplement à nourrir les bébés. Depuis 1994, se promener torse nu n’est plus un outrage à la pudeur. Le code pénal ne spécifie pas que cela ne concerne pas les femmes. Et quand bien même la jurisprudence pencherait en faveur d’une interdiction, ce qui est légal est parfois loin d’être légitime. Pour info, la loi interdisant le pantalon pour les femmes, qui était toujours en vigueur depuis 1800, a été abrogée en… 2013. Justement non, pas du tout. Déjà, le topless était beaucoup plus répandu il y a 50 ans (presque la moitié des femmes le pratiquaient contre seulement un quart maintenant). De plus, dans l’art et dans la culture occidentale, la poitrine féminine a longtemps été montrée sans censure. Ce n’est que depuis récemment à l’échelle de l’Histoire que la poitrine féminine a été sexualisée et donc rendue impudique : tétons féminins censurés sur les réseaux sociaux (mais pas masculins), femmes sommées de se rhabiller même sur des plages (mais pas les hommes), et j’en passe. J’espère que, par souci de cohérence, les gens qui se permettent de donner ces leçons de morale le font à chaque fois qu’ils voient un homme torse nu. Ou bien c’est que pour les femmes la pudeur et le respect ? Et d’ailleurs ce sont des notions extrêmement mouvantes. Pour rappel, les épaules et les jambes étaient naguère considérées comme intimes et c’était un outrage de les montrer. C’est aux agresseurs de cesser leur prédation sexuelle, pas aux femmes de se couvrir. C’est aux hommes d’être mieux éduqués, pas aux femmes de se couvrir. C’est aux député·es de légiférer pour une égalité de traitement entre les genres, pas aux femmes de se couvrir. C’est aux juges de condamner systématiquement les violeurs, pas aux femmes de se couvrir. C’est à l’État d’avoir une réelle politique de lutte contre la culture du viol et les violences faites aux femmes. PAS AUX FEMMES DE SE COUVRIR ! Tous ces arguments montrent que les seins nus dérangent non pas parce qu’ils sont choquants en eux-mêmes, mais parce qu’ils bousculent toutes nos croyances sexistes intériorisées depuis notre naissance, croyances elles-mêmes ancrées dans les sociétés occidentales depuis des siècles. Pourtant, quand il s’agit de vendre tout et n’importe quoi, ça ne pose aucun problème d’étaler des nichons partout. Ce slogan féministe en Argentine résume bien l’hypocrisie de nos sociétés : “Les seins qui dérangent ne sont pas ceux qui vendent”. En illustration, un petit top des pubs (bien sexistes) où l’on montre des nichons alors que ça n’a rien à voir avec la choucroute. Cette banalisation du sexisme a des conséquences directes sur la vie des femmes. Outre les discriminations et violences quotidiennes, elles osent de moins en moins porter les vêtements qui leur conviennent à cause du jugement d’autrui. Quant au traitement médiatique de cette affaire, les grands médias ont fait le choix d’invisibiliser le fond du débat en se focalisant uniquement sur des dégradations survenues lors de la manifestation de soutien. La revendication du droit à l’égalité, qui était le but premier de la manif, est traitée de manière anecdotique, presque triviale. Rien d’étonnant à cela quand l’État lui-même est complice, à l’instar de son ministre de la justice et de ses propos choquants en pleine conférence de presse. Quand on pense que c’est sur ces gens-là que doivent compter les 250 femmes par jour victimes de viol ou tentatives de viol en France, c’est flippant. — SDJ BFMTV (@sdjbfmtv) August 29, 2023 Bref, il est grand temps que les mentalités évoluent. Une bonne fois pour toutes, lâchez-nous le sein. Et n’oubliez pas que la tête, c’est comme la chambre : faut aérer de temps en temps sinon ça pue le renfermé. » – Marina Pour aller plus loin sur le sujet, on vous recommande la lecture de cet excellent article de Dieses. Photo de couverture de Fernand De Canne sur Unsplash Publié le 23.09.2023 à 12:35 Sharon Houri Depuis cet été, le chantier des 54 km d’autoroute entre Toulouse et Castres, détruisant tout sur son passage, a débuté. Les raisons de la colère des défenseurs de la planète sont multiples : artificialisation des sols, saccage de forêts et de terres agricoles ou encore promotion des énergies fossiles. Le tout pour un gain de temps ridicule et l’enrichissement d’un concessionnaire arrosé de fonds publics. Les données objectives concernant ce projet clivant vieux de presque 30 ans donnent raison aux locaux qui défendent l’environnement. En premier lieu, ce sont en effet 300 hectares de terres agricoles qui vont être artificialisés. Selon certaines méthodes de permaculture, il aurait donc pu être produit pas moins de 60 tonnes de fruits et légumes par an sur cette zone. Un chiffre qui représente tout de même laconsommation annuelle de plus de 450 Français moyens, et ce alors que la pérennité alimentaire est chaque jour davantage menacée. En outre, l’artificialisation des lieux aura bien évidemment des conséquences dramatiques et très difficilement réversibles pour les sols. En effet, la bétonisation élimine toute vie souterraine et stérilise le secteur pour très longtemps. Dans cette affaire, ce sont également un bon millier d’arbres qui devraient être abattus. Certains (parmi lesquels on comptait des centenaires) ont d’ailleurs déjà été mis à terre, sous protection policière. À l’heure du dérèglement climatique, il n’est pourtant plus permis de douter de leur rôle pour stocker le carbone à l’origine du phénomène. Leur préservation est donc un enjeu crucial, bien avant celui d’en planter de nouveaux tel que le suggère chaque année Emmanuel Macron pour réaliser des effets d’annonce politiques discrédités depuis par les associations et de la recherche. La société Atosca, responsable du projet, a en effet également lancé une campagne de greenwashing en expliquant qu’elle replantera des arbres pour compenser cette perte. Cette méthode – en plus d’être purement compensatoire d’un modèle de société qui s’autorise à continuer de détruire ce qu’elle a l’arrogance de croire pouvoir réparer – a sévèrement été critiquée par les scientifiques pour son inefficacité. Plus encore qu’un désastre écologique, le projet de l’A69 va coûter très cher. 450 millions d’euros seront ainsi mis sur la table, dont 23 de subventions publiques accordées par les collectivités locales. Dans la lignée du scandale de la privatisation des autoroutes, la voie sera également confiée à un concessionnaire privé qui détiendra les droits d’exploitation pour 55 ans à partir de l’entrée en service. L’essence même de ce projet est donc bien d’engendrer des profits pour le secteur privé. Il faut dire que la firme responsable de la gestion souhaite réclamer pas moins de 8 € 37 pour un aller entre la ville rose et la capitale du Tarn. À raison de 8400 voyageurs prévus par jour, l’entreprise emmagasinerait alors aux alentours de 70 000 €, quotidiennement. L’essence même de ce projet est donc bien d’engendrer des profits pour le secteur privé. À raison de 8400 voyageurs prévus par jour, l’entreprise emmagasinerait alors aux alentours de 70 000 €, quotidiennement. De quoi largement alimenter les actionnaires de la société, à l’encontre total du bien commun. D’abord d’un point de vue environnemental, mais également au niveau pratique, puisque cette nouvelle voie ne fera gagner que 15 minutes de temps de trajet par rapport à la route actuelle. Un avantage dérisoire en comparaison des conséquences et du tarif à débourser, sans compter la diffusion désastreuse d’une philosophie du toujours-plus-vite dans un monde déjà frénétique qui réclame urgemment plus de lenteur. C’est donc en toute légitimité que des milliers de citoyens se sont mobilisés contre le projet depuis ses débuts. Comme le collectif La Voie est libre qui organise des marches, des actions et des rapports, mais également des vidéos, afin de contrer la stratégie de promotion de l’autoroute par ses décideurs. Après plus de deux ans de lutte, certains n’hésitent désormais plus à donner de leur personne, comme Olga, Marion, Reva, Victoria, Matthieu, Bernard et Celik. Marion, par exemple, est une paysanne boulangère qui refuse le saccage de plus de 300ha de terres nourricières fertiles. La Voie est Libre l’a rencontrée : voici son portrait. Initiateur de ce grand mouvement exprimant l’état de tension et d’impasse où est parvenu le conflit, le militant Thomas Brail a décidé de mener une grève de la faim jusqu’à l’arrêt des travaux et un rendez-vous avec Carole Delga, présidente de la région, et Clément Beaune, ministre des Transports. Toutefois, ce dimanche 24 septembre au matin, la police a grimpé haut pour déloger l’activiste. Évacuation de @BrailThomas au petit matin par les forces de l’ordre. Plutôt que d’agir pour protéger les arbres et arrêter la gabegie de l’#A69, le gouvernement agit au petit matin pour masquer la lutte des défenseurs de la nature. pic.twitter.com/TbLKSqZDfH — Sagaspe Chloé (@Csagaspe) September 24, 2023 Pour défendre les arbres menacés par le projet, il s’était lui-même symboliquement installé dans un platane face au ministère de la Transition écologique en plein Paris. Soutenu jusque-là par plusieurs passants et par divers représentants politiques, il n’a – à l’heure actuelle – plus mangé depuis le premier septembre. Évidemment, cet énième projet autoroutier pose également la question de la promotion systématique de la mobilité individuelle en véhicule thermique face à d’autres solutions plus écologiques. On pense bien sûr aux transports en commun comme le train dont l’état ne cesse de se dégrader – ce qui n’est pas sans lien avec les politiques successives de dévalorisation systématique des services publics et de privatisation de ceux-ci au profit de quelques multinationales. Dans l’hexagone, on a ainsi pu constater l’augmentation constante des prix sur les lignes ferroviaires et la diminution de la fréquence de leur circulation. Pourtant, dans le cas du trajet Toulouse-Castres, comme ailleurs, abaisser les tarifs des billets et proposer plus de créneaux de voyage pourrait représenter une alternative crédible et beaucoup plus propre que la voiture et la route, en particulier pour les entreprises. Bien sûr, les opposants à l’A69 ne se contentent donc pas de critiquer le chantier en cours, ils proposent également des moyens alternatifs à ce chantier. Le collectif « La voie est libre » a ainsi mis sur la table un dossier complet sur le réaménagement du territoire tout en évitant l’établissement de l’autoroute. Face à l’autoroute #A69 du passé, entrons partout en campagne citoyenne pour #uneautrevoie . En avant pour une mobilisation nationale historique ! 100 000 tracts pour changer l’histoire et le destin de nos enfants — La Voie Est Libre (@LaVoieEstLibre_) September 5, 2023 Il suggère par exemple la réhabilitation du parcours actuel, l’instauration d’une véloroute pour développer un tourisme vert, la plantation d’arbres et des haies ou encore la conservation des zones agricoles, le tout avec 1000 emplois à la clef. Preuve s’il en est, que l’enjeu est purement politique et idéologique : avec la volonté de penser au bien commun avant le profit, trouver des bonnes idées est à notre portée. – Simon Verdière Image d’entête de @TiphaineBlot Publié le 22.09.2023 à 12:13 Sharon Houri “A quoi bon m’préoccuper. Du ch’min que j’dois emprunter Où qu’il veuille aller, Je saurai l’aimer” – Thomas O’Malley Redonnons tout son sens à la célèbre formule de Robert Louis Stevenson : « L’important, ce n’est pas la destination, c’est le voyage ». Ce vieux poncif résume bien l’esprit des lignes ci-dessous. Exit l’injonction implicite aux selfies dans les spots les plus « instagrammables » à l’autre extrémité de la planète, du moment que l’expérience est bonne ! Peut-être gagnerait-on à repenser non pas en termes de consommation, mais de ce que l’on souhaite faire et comment on veut/peut le faire, sans forcément aller le plus loin possible, dans l’endroit le plus huppé ou le plus promotionnel… En d’autres termes, la question est celle du type d’image sociale à laquelle on s’accroche s’agissant de “voyage” : est-ce que pour se distinguer, il faut être parti à l’autre bout du monde ? Ou est-ce qu’il peut être plus distinctif à notre époque de réfléchir davantage à la définition de l’accès aux temps-libre (1) ? L’idée, pour Paul Coudrier, est ainsi de proposer un aperçu des situations qui découlent d’un pouce levé et tente sur le dos, traversant l’Europe, en solitaire ou à plusieurs, durant ces cinq dernières années. Repas partagés, rencontres incongrues, nuits insolites… C’est très simple, une fois photographié et posé sur l’écran. Mais qui l’eut cru avant le départ ! Une spontanéité doublée d’une simplicité bienvenue en cette Semaine européenne de la mobilité qui place l’économie d’énergie au cœur des débats. Sans compter la nécessité d’accélérer la décarbonation des transports, d’adopter une approche respectueuse de nos espaces naturels, de prendre part à une gestion des flux touristiques intelligente et juste (2)… En dépit de son image peu engageante en lien avec les dangers de la route (criminalité, accidents, violences sexuelles, etc.), et n’échappant pas aux discriminations, l’auto-stop confirme malgré tout sa place aux côtés du train, de la marche et du vélo dans le panel des mobilités douces à disposition pour contribuer à un tourisme plus durable. Une popularité qui contredit les quelques critiques de « resquillage routier » purement économique. La voiture individuelle représente à elle seule plus de 15% des émissions de GES en France. Partager un véhicule permet de diviser par deux les émissions de CO² de son trajet (3). En 2018, le covoiturage aurait ainsi permis d’économiser 1,6 million de tonnes de CO2 – soit l’équivalent des émissions générées par les transports à Paris en 1 an ! Mais on se doute bien – pour la plupart – qu’éviter de prendre la voiture fera du bien à l’environnement… le covoiturage aurait ainsi permis d’économiser 1,6 million de tonnes de CO2 Par ailleurs, qui veut encore visiter une ville devenue une énième vitrine de la mondialisation ? A fortiori lorsque l’on sait que le tourisme de masse est responsable, selon les équipes de Datatagueule, de 8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, entrainant par la même occasion les choix de consommation low-cost en produits industriels (4). De plus, même à l’autre bout de la planète, se suivent les mêmes grandes chaînes de restauration, les mêmes logos, les mêmes relations aux lieux… Un sentiment familier et par le biais duquel se réduit de plus en plus le contact avec ce qui nous est complètement étranger. Or, quel meilleur moyen de sortir de cette facilité, de découvrir des lieux locaux hors des sentiers battus qu’en tendant l’oreille aux recommandations des personnes qui vous ont prises en stop et qui connaissent les environs mieux que quiconque ? L’occasion de découvrir cette buvette d’habitués, cette rivière pour se baigner, cette vieille fontaine à l’architecture atypique, de partager un repas, de profiter du gîte pour la nuit… En permettant de rencontrer des personnes que nous ne devrions jamais croiser dans notre vie au quotidien, l’auto-stop est une façon de réintroduire de l’étrangeté et de l’enrichissement culturel et humain. Bien sûr, ce mode de transport prend généralement plus de temps. Dans ce cas, pourquoi ne pas partir moins souvent mais plus longtemps, prendre son temps et redonner au mot « voyage » tout son sens ? L’une des étymologies latines de « voyage » étant viaticus de la racine via, signifiant la « voie ». En aucun cas il ne s’agit de basculer dans la moralisation et autre mise au pilori de nos désirs naturels de repos, de coupure et de légèreté. La démarche vise davantage à mettre en lumière une expérience personnelle ainsi que ses bienfaits communs pour ouvrir et inspirer d’autres imaginaires du voyage. C’est un élan vers toujours plus d’adéquation volontaire à des modes d’existence respectueux du monde qui nous entoure, comme de soi-même, de façon positive. « J’avais conscience de cette « ringardise » […]. Je voulais réaffirmer ça avec le côté donquichottesque de l’auto-stoppeur ; il est quelqu’un qui se trompe d’époque et qui, de ce fait, ré-interroge la nôtre. » Sylvain Prudhomme – Paul Coudrier – Photographe Retrouvez les photographies de Paul Coudrier sur son compte instagram & son site internet. Notes : (1) Tourisme : Tristes tropismes – #DATAGUEULE 87 (2) Itinéraire Bis – Charte éditoriale (3) Le covoiturage en France, ses avantages et la réglementation en vigueur Publié le 21.09.2023 à 06:00 Sharon Houri Il n’y a même jamais eu autant de monnaie fiduciaire en circulation dans le monde ! Depuis l’introduction de la monnaie européenne en 2002, la valeur des euros en circulation a ainsi été multipliée par six, selon la Banque centrale européenne (BCE), soit une hausse moyenne de plus de 8 % par an. Le dollar américain connaît une croissance similaire : la valeur totale des dollars en circulation a été multipliée par trois en vingt ans. Même si la carte bancaire et les applications numériques continuent à gagner du terrain, le paiement en espèces reste majoritaire en France. Selon la dernière étude de la Banque de France, publiée en mai 2023, 50 % des achats ont été réalisés en espèces en 2022, 43 % par carte bancaire et 6 % en chèques, virements ou paiements mobiles. Cette résistance de la monnaie fiduciaire (les pièces et les billets) est loin d’être une exception française : en moyenne, le recours au cash au sein de la zone euro est estimé à 59 % en 2022, selon la dernière étude de la BCE. Les Allemands, les Espagnols ou les Italiens utilisent même à plus de 60 % l’argent liquide dans leurs paiements. À l’échelle mondiale, les chiffres sont encore plus éloquents : les espèces restent le moyen de paiement favori dans près de 85 % des transactions des consommateurs autour du globe. Utilisé dans les achats du quotidien par des milliards d’individus, l’argent liquide reste en effet un rouage essentiel de l’économie. C’est le moyen de paiement le plus utilisé dans pour régler ses dépenses dans les commerces de proximité, pour les paiements de petit montant et pour les transactions de particulier à particulier. Dans les pays en développement, en particulier, le cash constitue un socle indispensable au fonctionnement des échanges. Une étude de l’Ifop pour la Monnaie de Paris confirme qu’en France, par exemple, 83 % des citoyens sont toujours attachés au paiement en liquide et que 70 % y ont recours au quotidien. C’est aussi le moyen de paiement dans lequel ils ont le plus confiance : 61 % des Français ont ainsi « très confiance » dans les espèces, contre 47 % dans la carte bancaire, 29 % dans le chèque, 18 % dans les services en ligne et 8 % dans le smartphone. La monnaie fiduciaire est plébiscitée parce qu’elle est à la fois gratuite, pratique, sûre, et qu’elle préserve la vie privée et les données personnelles, contrairement aux technologies de paiement dématérialisées. C’est aussi un moyen de paiement universel, accessible à tous et accepté par tous. Pour de nombreux ménages, utiliser l’argent liquide plutôt qu’une carte bancaire se révèle aussi plus efficace pour contrôler son budget et ses différents postes de dépenses (logement, alimentation, loisirs, etc.) grâce à la technique des « enveloppes budgétaires ». L’argent liquide constitue un des piliers de la confiance dans la monnaie. Sa production répond à des besoins et des processus strictement encadrés, ce qui assure un haut niveau de confiance dans ce moyen de paiement. On parle d’ailleurs de monnaie « fiduciaire », par référence à cette confiance (fides) des citoyens. Une confiance qui repose également sur les dispositifs de sécurité ultrasophistiqués aujourd’hui intégrés dans les billets de banque, devenus de véritables « forteresses technologiques », quasiment infalsifiables. Lettres minuscules lisibles uniquement à la loupe, nombre émeraude détectable sous infrarouge, fibres incorporées dans le papier visibles uniquement à la lumière ultraviolette… De nouveaux signes de sécurité sont régulièrement ajoutés par les fabricants de billets de banque qui travaillent en étroite relation avec les banques centrales afin de lutter efficacement contre les tentatives de faux-monnayage. À titre d’exemple. les nouveaux billets que la Banque de réserve sud-africaine a mis en circulation, en mai 2023, sont aussi dotés « de nouveaux dessins et de caractéristiques de sécurité renforcées qui utilisent les dernières avancées technologiques pour protéger l’intégrité de la monnaie et maintenir la confiance du public. » La monnaie fiduciaire est un « bien public », qui favorise l’inclusion financière et l’accès de tous à la monnaie, en particulier des personnes les plus fragiles. L’argent liquide est en effet la seule façon d’accéder à un moyen de paiement pour ceux qui n’ont pas de compte bancaire ou ne maîtrisent pas les outils numériques. Sans cash, des centaines de millions d’individus ne pourraient acheter des biens essentiels. En effet, 1,7 milliard d’individus dans le monde n’ont pas de compte bancaire selon la Banque mondiale, soit un quart de l’humanité. Mais cela concerne aussi les pays riches : 8,2 % des foyers aux États-Unis (soit 17 millions d’adultes) et 7 % des foyers en Europe (soit 30 millions d’adultes) n’ont pas non plus de compte bancaire. L’accès aux services numériques est tout aussi discriminant : 17 % de la population française, par exemple, souffre d’« illectronisme. » L’exemple de la Suède, qui avait programmé la fin du billet de banque et a dû faire marche arrière, illustre bien le rôle primordial de la monnaie fiduciaire. Face à une vague de protestations, les autorités suédoises n’ont pu que constater que le cashless perturbe le bon fonctionnement de la société et augmente les difficultés d’accès aux biens de première nécessité pour certaines catégories de la population. La banque centrale suédoise a ainsi dû affirmer que « tous les commerces essentiels devraient être obligés d’accepter les espèces » et le gouvernement a fait voter une loi imposant aux banques de continuer à proposer des services liés au cash. L’argent liquide se distingue aussi par sa résilience : il ne nécessite pas de branchement électrique ni de liaison internet. En cas de catastrophe naturelle, de cyberattaque ou de panne généralisée des infrastructures électroniques bancaires, qui entraînerait une perte d’accès aux comptes en banque et l’incapacité d’effectuer des paiements par carte, seul le cash permettrait d’assurer la continuité de l’activité économique et l’approvisionnement des populations en biens essentiels. Cela se vérifie lors de catastrophes naturelles d’ampleur comme lors du séisme qui a frappé la Turquie et la Syrie en février 2023 où des distributions d’argent liquide ont été nécessaires pour aider les personnes les plus touchées. Conserver des réserves d’argent liquide et faciliter l’accès au cash est donc aussi un enjeu de sécurité nationale. La monnaie fiduciaire est également un support d’épargne ou une valeur refuge (le fameux « bas de laine »), vers lequel les ménages, notamment les plus modestes, se tournent en temps de crise. Selon la BCE, entre 28 % et 50 % de la valeur totale des billets est conservée au domicile des particuliers, chez les commerçants et dans les entreprises. La peur de l’avenir ou les faillites bancaires renforcent ce rôle des espèces comme réserve de valeur. Durant les six mois qui ont suivi la faillite de Lehman Brothers en 2008, la demande de billets de 100 dollars a ainsi bondi de 10 %. Durant la crise grecque de 2015, les ménages se sont précipités vers les banques pour retirer trois milliards d’euros en une semaine. Dans certains pays d’Europe du Nord et de l’Est, comme en République Tchèque, en Finlande ou en Slovaquie, le remplissage des distributeurs a grimpé de 30 % suite à la guerre en Ukraine, sur fond de craintes de cyberattaques. Pour toutes ces raisons, la monnaie fiduciaire reste donc incontournable, comme le montre bien la hausse du volume d’espèces en circulation. Malgré l’essor des moyens de paiement numériques, le règne du cash est donc loin de s’achever. – Hugo Photo de couverture de Tima Miroshnichenko. Pexels Publié le 20.09.2023 à 06:00 Sharon Houri Contextualiser le rôle du néolibéralisme dans son essence économique et marchande est salutaire pour comprendre le monde actuel, les différents conflits mondiaux ainsi que les cycles économiques. Le terrain et la période la plus significative pour étudier l’évolution et l’impact du néolibéralisme se trouvent dans l’espace géographique de l’Amérique latine durant la période allant de 1950 à 2015. Là, où tout a commencé. On vous propose de plonger dans cette fresque contant l’épopée de notre temps. Désormais actrice de l’économie capitaliste mondialisée, l’Amérique latine reste cependant un espace de développement aux multiples facettes. En effet, depuis quelques années, le sous-continent latin occupe une place importante dans les débats publics et politiques notamment par le biais des traités de libre marchandisation avec l’Europe ou bien les luttes politiques qui s’y opèrent sont bien souvent incomprises par les regards occidentaux. Depuis des décennies, l’espace géographique de l’Amérique latine connaît de forts bouleversements sur le plan économique, politique et social en rapport avec son rôle dans la mondialisation. Ses veines encore écarlates, autels d’un passé douloureux et réceptacle des différentes évolutions du sous-continent, n’ont pas fini de cicatriser. Elles sont les témoins d’un passé complexe, douloureux, fait de terre, de sueur, de sang et de corruption. Un passé biaisé par les différentes colonisations extérieures ainsi que par une haute bourgeoisie locale et ancienne qui maintient par tous les moyens ses privilèges, ses influences sur le reste d’une population elle-même divisée par la pauvreté, la violence et le racisme envers les peuples autochtones. En effet, le sous-continent latin est la région du monde la plus inégalitaire du point de vue social, conduisant ainsi à un boum de l’économie dite « informelle » touchant près de 127 millions de personnes selon l’Organisation Internationale du Travail [1]. Cette économie dite informelle est multiple et désigne des réalités diverses tout en pointant du doigt le même souci, celui de la paupérisation des sociétés modernes [2]. Cette économie échappe aux regards étatiques et aux instances de régulation économique mondiales permettant ainsi à des millions de personnes pauvres de survivre grâce à la « débrouille » quotidienne. Cette économie qui regroupe à la fois le travail non déclaré dans les grandes firmes, le trafic de drogue, emploi de rue, permet de faire vivre des familles, des villages, des régions délaissées par les pouvoirs politiques. Et cela n’est pas réservé qu’au cas spécifique de l’Amérique latine. Non, l’économie parallèle des trafics permet avant toute chose de faire (sur)vivre des personnes dans le monde entier, de faire vivre certaines familles dans les endroits délaissés par les politiques, dans les « zones de non-droits » [3] comme cela est vulgairement appelé de nos jours. Cette économie informelle est la Némésis de ce néolibéralisme qui tisse sa toile dans le monde entier entraînant avec lui de cruelles disparités entre Nord et Sud. Cependant, pour venir contrarier notre imaginaire, cette économie informelle ne touche pas seulement les classes les plus pauvres, elle est également présente dans les classes les plus riches de la société et notamment dans les gros consortiums privés. Dans les hauts miradors de l’Amérique latine, l’économie parallèle y est des plus criantes. Les mêmes grands groupes, bien souvent étrangers, qui ont le monopole des secteurs économiques et énergétiques stratégiques du continent, disposent ainsi de plusieurs échelles de pressions sur la société et la politique des pays d’Amérique latine et ça depuis plusieurs décennies voire plusieurs siècles. Il est nécessaire de les identifier pour comprendre les rapports entre l’arrivée massive des capitaux étrangers, les privatisations de grands groupes privés ainsi que l’enracinement de la pensée libérale avec les différents bouleversement sociaux, politiques de la région de l’Amérique latine. Il ne faut pas non plus négliger le rôle crucial des régimes militaires et autoritaires dans la construction de ce système politico-économique. Une région qui, bien souvent, se trouve en avance sur les autres continents à savoir que les différents évènements économiques ou politiques se répercutent quelques années plus tard à travers le monde et notamment en Europe. L’Amérique latine n’a jamais eu pleinement prise sur son destin, elle n’a jamais pu œuvrer complètement pour son émancipation. Si on se penche sur son Histoire, on constate que la culture, les terres, la religion, leur idéal, ont été profondément modifiés par la colonisation des Européens. Modifiés à un tel point que, maintenant, les réels descendants des anciens peuples d’Amérique Latine sont appelés autochtones, minorités, sans terre ou autres. La mise sous tutelle du continent latin, par les Espagnols et les Portugais durant plusieurs siècles, a eu l’effet de déposséder les amérindiens du destin de l’Amérique latine. Les guerres d’indépendance du début du XIXe siècle, menées par les figures emblématiques de José de San Martin, Bernado O’Higgins et Simon Bolivar, furent les premiers actes majeurs dans la volonté d’émancipation et de création d’une identité latine. Les guerres d’indépendance, qui eurent lieu de 1810 à 1825, constituèrent la première phase importante dans la création et la revendication de la conscience nationale et de l’idée d’une grande Amérique latine unie. Cependant, quelques années plus tard avec la montée en puissance des États-Unis entraînant son expansion territoriale, l’Amérique Latine se retrouve une nouvelle fois sous le joug d’une puissance étrangère qui a bien compris le potentiel que détient cet espace géographique. Si on prend le cas de Cuba à la fin du XIXe siècle début XXe siècle, on y voit bien la volonté des États-Unis de mettre en place la « destinée manifeste » et leur « doctrine Monroe », en faisant de l’île un protectorat par le biais, entre autres, de l’amendement Platt [4]. D’autres traités viennent donner l’exemple d’une tutelle étasunienne sur l’Amérique latine comme celui du traité interaméricain d’assistance réciproque. Traité qui devient la clé de voûte de l’influence américaine sur l’Amérique latine. Mais cet espace géographique n’est pas tenu seulement par des traités politiques, il est également tenu, de plus en plus, par les capitaux étrangers qui viennent investir dans les secteurs-clés énergétiques du continent. En effet, les grosses entreprises américaines voient dans le sous-continent latin un gigantesque potentiel énergétique, tant la richesse naturelle y est grande. Un exemple avec l’entreprise Ford qui crée Fordlândia sur les terres latines. Bâtie en 1928 par Ford, cette ville-usine, véritable cité ouvrière, est construite sur une immense concession au bord du Rio Tapajos dans l’État du Para au Brésil. Ford a la volonté d’utiliser cette ville comme une source d’approvisionnement en caoutchouc. Il y déploie alors un vaste chantier faisant émerger une ville de toutes pièces des terres du Para. Cependant, Ford se base sur les normes américaines en oubliant totalement les caractéristiques propres au climat du continent latin. À l’époque, l’industriel tient publiquement un pernicieux discours philanthropique « Nous n’irons pas en Amérique du Sud pour faire de l’argent, mais pour aider à développer cette terre merveilleuse et fertile ». Mais la réalité une fois sur place n’est pas la même de même que sa vision sur les personnes peuplant l’Amérique Latine. Il est totalement opposé au syndicalisme et aux différentes revendications des ouvriers. Il met alors en place une police privée interne, recrute localement des employés qui doivent porter un badge d’identification et il fait face à la connaissance des terres latines. Le résultat est l’échec de ce projet, montrant ainsi le caractère autoritaire et prétentieux des États-Unis sur le sous-continent latin menant à des fins pas toujours heureuses. La ville est abandonnée en 1945 devenant le symbole de l’échec de l’American Way of Life dans le sous-continent latin. Durant les décennies suivantes, l’emprise américaine s’est consolidée au fur et à mesure que sa puissance grandissait dans le monde. Tissant des traités, des partenariats et envoyant une nuée de capitaux en Amérique Latine favorisant certes une forme de développement du sous-continent, mais étendant surtout le contrôle sur celui-ci. L’Amérique latine est la pierre angulaire de la politique étrangère des États-Unis, politique qui trouve surtout naissance avec le président James Monroe et qui continue de nos jours. La politique étrangère du président Trump et la prédation financière qui en découle proviennent de ces décennies passées à façonner et contrôler l’Amérique latine pour finalement exporter les structures politiques de la pensée néolibérale. – Baptiste Teychon Notes : Photo de couverture : La marche de l’humanité sur Terre et dans le Cosmos peinte par l’artiste mexicain DAVID ALFARO SIQUEIROS Cette fresque murale est, par sa taille, la plus grande peinture de l’histoire. Publié le 19.09.2023 à 06:00 Sharon Houri Quid de l’empreinte des livres publiés chez les éditions Massot, qu’ils soient sous la forme papier ou numérique ? Éditeur indépendant et militant depuis 40 ans, j’ai plus à cœur de faire circuler les idées que l’objet livre en soi. Pourtant, j’ai choisi ce support pour l’expérience sensorielle inédite qu’il offre. Pour l’approfondir, je vous emmène dans les coulisses des éditions Massot. Alors que les technologies numériques ont révolutionné la façon dont nous accédons à l’information et aux divertissements, les livres papiers continuent d’être produits et consommés à grande échelle malgré leur impact écologique. La production de livres numériques ne serait pas pour autant la solution. À chaque fois que nous publions des livres, la question se pose : Devons-nous puiser dans les ressources planétaires pour publier des livres qui défendent la sauvegarde de celles-ci ? Le bilan écologique comparé du livre numérique et du livre papier est assez difficile à réaliser. Il existe plusieurs études mais la plupart du temps elles sont partisanes et les chiffres varient à la faveur du commanditaire. Amazon a commandé à Cleantech une étude qui défend que sa liseuse Kindle ne serait responsable que de l’émission de 168 kg de CO2, alors qu’un seul livre le serait de 7,4 kg. À l’inverse, l’étude commandé par Hachette livre qui plebiscite la production du livre papier estime quant à elle que la fabrication d’un livre émettrait 1,3 kg de CO2, quand une liseuse Sony Reader 1re génération en produirait 235 kg. Dans le premier cas, il faudrait lire 23 livres pour que la liseuse soit écologiquement rentable. Dans le deuxième, il en faudrait 180. La réalité se situe sans doute entre les deux. Depuis une vingtaine d’années, en tant qu’éditeur indépendant et militant j’ai essayé de faire des livres avec la meilleure empreinte écologique et sociale mais c’est loin d’être facile. Il y a quelques années, nous avions un imprimeur dans l’est de la France qui essayait d’être le plus vertueux en utilisant de l’encre végétale, du papier recyclé et qui utilisait des systèmes d’aération permettant aux salariés de l’imprimerie de respirer le moins possible les particules fines qui se dégagent des machines d’impression (il y a beaucoup de cancer du poumon dans cette profession) mais le coût de ces livres était de plus de 50% du prix d’un livre imprimé industriellement. L’imprimerie a fermé car les éditeurs n’étaient pas prêts à payer ce surcoût, et les lecteurs n’auraient sans doute pas été prêts à supporter une augmentation du prix du livre en conséquence. Après leur fermeture, j’ai bien sûr continué à privilégier l’impression de proximité, soit en Île-de-France ou dans les régions autour afin de limiter le transport entre l’imprimerie et notre stock chez le distributeur. J’ai essayé d’utiliser des papiers recyclés mais la dernière fabrique en France de papier recyclé pour l’impression de livre – Arjowiggins dans la Sarthe en 2019 – a fermé en 2019, faute de volonté politique qui aurait pu soutenir et subventionner cette fabrication afin d’arriver à des prix concurrentiels et que cela puisse rentrer dans les mœurs car de la même manière, les éditeurs n’étaient pas prêts à payer plus cher un papier recyclé, certes moins beaux mais plus vertueux et sans doute le lectorat non plus. Pour un papier qui comporte déjà des certifications écologiques qui coûtait 1€, il fallait compter vingt centimes de plus en moyenne pour un recyclé de bonne qualité fabriqué en France. Le papier recyclé est souvent moins souple et moins blanc même si de gros progrès ont été fait. Il est vrai que nous avions des remarques sur l’objet du livre, un peu plus dense et lourd. C’est donc tout un travail d’éducation au niveau du lectorat et au niveau de la chaîne du livre qu’il faudrait faire. Certains éditeurs font du greenwashing en utilisant du papier recyclé qui provient d’usines lointaines. Quand on commande ce papier recyclé en Chine ou aux États-Unis et que l’on imprime en France, l’empreinte écologique de ce livre est catastrophique même si on peut marquer en gros : livre imprimé en France sur du papier recyclé ! Pour parler de la production du livre Vous êtes l’Évolution publié pour les 10 ans de Mr Mondialisation, nous avons cherché à rendre ce livre le plus vertueux. Nous avons quand même pris le parti de faire un beau livre, ce qui veut dire de la couleur à la place du noir et blanc donc 4 fois plus d’encre. Mais les encres utilisées pour ce livre ont comme principaux constituants des ingrédients issus de matières premières renouvelables. Ces encres standards contiennent une part importante d’huiles végétales telles que l’huile de lin ou l’huile de soja. Aucune huile minérale n’est introduite volontairement dans la formulation de ces encres et vernis gras. L’ensemble des encres et vernis utilisés pour ce livre ne contient aucun ingrédient issu d’organismes génétiquement modifiés (OGM). Nous avons choisi aussi, puisque c’est un beau livre, un format un peu plus grand qu’un livre noir et blanc standard, ce qui entraîne plus de papier. Nous avons essayé de réduire l’empreinte en ne faisant pas de couverture cartonnée et en n’utilisant pas de pelliculage pour la couverture mais un vernis qui permet à l’encre de ne pas finir sur les doigts du lecteur. Il est primordial de bien choisir la matière première de son livre. Nous avons choisi le grammage le plus faible possible sans qu’il ne soit transparent, le format le plus proportionné avec le moins de perte et utilisé un papier ayant obtenu le label Pan European Forest Certification (PEFC), ce qui permet d’identifier la provenance du bois venant de forêts gérées durablement. Le PEFC a cependant été critiqué par des ONG pour ses failles systémiques qui autorisent la déforestation et permettent à des entreprises parfois douteuses en matière de droits humains de bénéficier de la certification. Il y a encore beaucoup à faire et à améliorer sur l’empreinte, l’éthique et la fabrication du papier, mais le PEFC est pour le moment le meilleur choix à défaut d’autres possibilités comme des papiers recyclés. Nous avons essayé d’adapter notre production en réduisant les distances le plus possible avec un papier français et un imprimeur en France. Nous imprimons le livre à la Nouvelle Imprimerie Laballery qui se trouve en Bourgogne-Franche-comté au sud d’Auxerre. Elle est détentrice de la marque Imprim’vert, utilise des papiers PEFC et aucun produit toxique. Le distributeur est à Malsherbe en Seine-et-Marne. Il y a seulement 150 km entre les deux endroits. J’ai essayé de dimensionner l’empreinte carbone de nos livres. Cette une démarche complexe. Revenons aux fondamentaux : L’empreinte carbone, c’est le décompte des émissions de gaz à effet serre (les différents gaz qui réchauffent le climat terrestre) sur le cycle de vie d’un livre. On mesure la quantité d’émissions de gaz à effet de serre, convertis en « équivalent dioxyde de carbone » ce qui permet de convertir les différents gaz à effet de serre en une unité commune, en tenant compte de leurs effets variables sur le climat. Selon les différentes études, comme nous l’avons vu, l’empreinte carbone d’un livre varie entre 1,2 kg pour un livre de faible pagination et 7,5 kg de CO2. Je me méfie de ces chiffres sans connaître le mode de calcul car cette empreinte, même à 7,5 kg de CO2, prend-elle bien tout en compte ? La méthode la plus honnête serait de prendre en compte le bilan carbone des trois étapes de la vie du livre : l’avant, le pendant et l’après. Mais où s’arrête l’après et où commence l’avant ? L’avant, cela peut-être les émissions liées à la gestion des plantations d’arbres mais aussi le transport vers la fabrique de papier et de quelle manière est acheminé le bois ? Le pendant, c’est la fabrication proprement dite des matières premières (papier très chronophage en eau et les encres qui peuvent être très différentes dans leur impact selon qu’elles soient végétales ou minérales), puis la livraison de ces matières chez l’imprimeur. Jusqu’à l’impression et le brochage des livres en imprimerie. Mais est-ce que ce calcul prend bien en compte les ouvrages défectueux en bout de chaîne et la passe, c’est-à-dire les feuilles qui servent à caler la machine et qui finiront dans une benne ? Pour un livre en couleur cela peut être important. L’après, ce sont toutes les interventions externes pour la distribution, l’empaquetage, le transport jusqu’aux points de vente… Il y a aussi une grande variable selon que ce livre soit imprimé en France ou en Asie avec les conséquences de sa livraison sur l’empreinte CO2. Mais l’après c’est aussi ce que génère un livre quand il est retourné par le libraire vers le distributeur puisque le libraire a la faculté de retourner les invendus et ce n’est certainement pas pris en compte à sa juste valeur dans ces calculs. Les calculs que l’on trouve prennent-ils réellement en compte le pilonnage (destruction) du livre ou encore son stockage ? J’ai une anecdote par rapport au groupe Hachette qui aujourd’hui s’engage à donner l’empreinte carbone de ses livres. J’avais participé à la réunion du syndicat national de l’édition lors de l’ouverture d’une section écologie. Le directeur de la communication d’Hachette était venu car le gouvernement de l’époque réfléchissait à faire passer une taxe sur un grand nombre de produits par rapport à leur empreinte écologique. Ce directeur, numéro 2 du 1er groupe d’éditions s’était déplacé en personne dans l’intention de convaincre les autres d’éditeurs de faire du lobbying pour éviter que le livre n’ait de taxe carbone. Son argument : « Un livre ça ne se jette pas ! » Les livres invendus et retournés chez le distributeur par le libraire représentent 21,2% du flux « Aller » des commandes. « Un livre ça ne se jette pas ! » mais plus de la moitié de ces livres sont pilonnés soit en moyenne 26 300 tonnes chaque année. 100% des ouvrages mis au pilon sont censés partir au recyclage nous dit le SNE (Syndicat national de l’édition) pour en refaire du papier mais… Une couverture de livre pelliculée par exemple n’est pas recyclable. Mais il n’y a plus de fabricant de papier recyclé pour l’impression de livre en France… Ce que ne dit pas le SNE c’est que ce papier recyclé, en fait ne redevient quasi jamais du livre. Il est transformé en papier hygiénique ou en cartons d’emballage. Recycler un livre est aussi très énergivore et demande l’utilisation de beaucoup d’eau et de nombreux produits chimiques comme le peroxyde d’hydrogène ou le carbonate de calcium. Le papier peut être recyclé 6 à 7 fois au maximum. Au-delà, la fibre est cassée et inutilisable. Il est donc nécessaire pour les éditeurs de s’efforcer à baisser le nombre de livres mis au pilon. Le think tank Shift Project qui travaille sur ces questions estime que la distance parcourue lors des différentes étapes de cycle de vie d’un livre pourrait être divisée par 20. Le premier transport c’est la matière première qui va chez le papetier ou le fabricant d’encre. Puis ces matières sont livrées à l’imprimeur. Après son impression, le livre peut être broché sur place mais peut aussi être broché/relié à un autre endroit. Puis le livre part au stock du distributeur qui ensuite va le livrer à des sous-stocks régionaux. Le livre est ensuite livré chez le libraire ou aux plateformes de ventes ; soit il est vendu soit il ne l’est pas et le libraire décide le renvoi au stock qui ensuite peut soit l’envoyer à un pilonneur soit le rentrer à nouveau en stock pour refaire le chemin dans l’autre sens. Ça fait beaucoup de kilomètres tout ça. Un des points les plus importants est donc le nombre de livres retournés et invendus. La surproduction de titres et la mauvaise gestion des mises en place rendent effectivement la gestion compliquée pour le libraire. Les plus grandes librairies ont plus de 100 000 références ; autour de 50 000 pour les moyennes ; 5000 à 20 000 pour les spécialisés (jeunesse, BD, religion…) et 5 000 à 10 000 pour les plus petites. Le libraire doit réaliser un turnover entre les nouveautés et le fond donc quand un livre ne se vend pas, souvent il le retourne. La durée de mise en place d’un livre se raccourcit, à cause du nombre de titres publiés qui a augmenté d’année en année. La durée de vie d’un livre en librairie peut aller de 2 mois à 1 an. Les libraires normalement ne peuvent retourner les livres qu’au bout de 3 mois mais la durée s’est réduite d’année en année. Les ouvrages doivent également avoir été exposés 2 mois minimum en librairie mais souvent au bout d’une semaine le livre n’est plus sur table et peut se retrouver dans la réserve. Certains livres rentrés ne seront même jamais sur table et mis directement en rayon. Bien sûr, je suis pour la multiplicité des créations et des références mais savez-vous que 80% du chiffre d’affaires de l’édition de livre est réalisé par une dizaine de maisons d’éditions – Hachette et Editis en sont les principales – et la surproduction vient surtout de ces grands groupes qui inondent les librairies de livres qui tiennent parfois plus du renvoi d’ascenseur ou du copinage que de livres sélectionnés pour leur qualité et donc de livres qui ne seront pas forcément lus mais qui sont là pour rendre service. Je parle de la publication d’un ou une journaliste pour ensuite avoir un article de sa part pour un autre livre. Je parle de la publication de telle ou telle personnalité pour ensuite se rapprocher d’elle et lui demander certains services… tous ces livres encombrent la librairie et laisse moins de chance aux éditeurs indépendants et aux jeunes auteurs. Je serai d’ailleurs pour la création d’un label éditeur indépendant et que les médias et les libraires s’engagent à prendre un certain quota des livres provenant de ces éditeurs afin de respecter une pluralité qui se réduit d’année en année. Pour exemple, le groupe Editis, c’est 56 marques en France et le groupe Hachette 200 marques différentes d’éditions dans le monde dont une cinquantaine en France mais les lecteurs ont l’impression d’une certaine pluralité alors que ce ne sont que deux structures éditoriales qui se partagent cette centaine de marques. Il serait juste que le lecteur puisse lire sur une couverture si un livre est publié par une maison d’éditions indépendante ou par une marque d’un grand groupe d’éditions. Acheter un livre à des artisans du livre n’a pas le même impact écologique et social qu’à des industriels du livre. Je serai pour que chaque maison d’édition appartenant à ces grands groupes ou dont le groupe est majoritaire fasse figurer aux côtés de sa marque le nom du groupe propriétaire afin que le lecteur et le libraire puissent s’y retrouver. Une des empreintes principales étant le transport, je serai aussi pour le développement de l’impression à la demande qui pour l’instant est réservé aux grands groupes, dans leurs entrepôts de distribution mais qui pourrait être présente au sein de librairies, de bibliothèques ou d’autres points afin que le public puisse imprimer des livres qui ne sont pas forcément en stock chez le libraire et ainsi réduire les flux aller et retour, et le transport qui va avec. Un livre à la demande, c’est un livre produit et livré directement à son lecteur, il ne sera pas invendu et retourné au distributeur puis pilonné. Il existe donc des solutions pour que l’édition puisse faire sa révolution écologique mais nous en sommes loin. L’exemple de la fermeture de la dernière usine de papier recyclé en France le montre bien. On voit qu’il n’y a pas de volonté politique de donner plus de vertu aux livres mais ce n’est pas étonnant quand on sait qui sont les propriétaires de 80% de l’éditions, des oligarques pour la plupart…. Pour minimiser l’empreinte de ce livre nous avons demandé à notre distributeur d’affiner au maximum la quantité de livres à mettre en place en librairie afin que le tirage ne soit pas trop important et qu’il y ait peu de retours et peu de stocks en invendu. Mais ce n’est pas évident car comme pour les trois autres plus gros distributeurs – qui donc à eux quatre s’occupent de la livraison de 90% des livres sur le marché – ils n’ont pas assez développé d’outils permettant d’anticiper ces retours et la justesse des mises en place. Il faudrait des outils accessibles pour tous donnant plus d’informations sur les sorties caisses et les précommandes de libraires. Florent Massot : « Face aux grands groupes, l’édition indépendante doit se montrer solidaire » https://t.co/m8aJNnlWwS via @LObs — MASSOT éditions (@massot_editions) July 27, 2022 Il y a beaucoup d’efforts à faire encore. Souvent les prises de commandes de la mise en place arrivent après que nous ne devions décider du tirage, ce qui veut dire que nous devons en gros être visionnaire ou médium, pour anticiper en imaginant qu’elle sera la mise en place finale. Par exemple pour ce livre, nous avons fixé avec le distributeur le nombre de 2950 exemplaires comme objectif de mise en place en librairie, mais à ce jour la tendance donnée par le distributeur à l’heure où j’écris cet article, ne nous donne que 690 exemplaires alors que nous devons lancer le tirage auprès de l’imprimeur. Nous avons décidé d’en imprimer quand même 3000 exemplaires car nous savons que la tendance des commandes va grandir mais au final nous ne connaitrons le nombre d’exemplaires mis en librairie qu’un mois avant la sortie du livre ce qui sera trop tard. Si finalement, l’objectif n’est pas atteint et que nous n’avons que 1500 exemplaires de mis en place et non 2950 que se passe-t-il ? Nous aurions imprimé 1500 exemplaires de trop par rapport à nos prévisions. Vous me direz, vous les vendrez sans doute par la suite, nous l’espérons. Mais si nous regardons sur l’ensemble de notre catalogue se sont des dizaines de milliers de livres qui ont été imprimés en trop. Heureusement, nous avons pour ce livre recours aux préventes en passant par le site Kiss Kiss Bank Bank, ce qui est une autre façon de mieux maîtriser la vente et la production et d’éviter ces retours ou surstocks. Une partie de la production sera faite en fonction du nombre des précommandes et sans doute l’objet d’une impression avec la quantité juste que nous déciderons en fin de campagne. L’empreinte écologique du livre sera quand même impactée à travers l’envoi postal du livre mais nous n’aurons pas de surproduction. Il faudrait d’ailleurs réfléchir même si c’est ambitieux à une possibilité pour les acheteurs de la campagne de venir chercher les livres à un endroit pour éventuellement éviter un transport fort en carbone. Un des autres problèmes du livre concerne les livres invendus. Comment éviter le pilon et que ces livres puissent avoir une vie sans être détruit ? Le prix unique du livre depuis la loi Lang de janvier 1982 a sauvé l’existence de la librairie en empêchant les grands groupes de vendre à des prix plus bas que les librairies indépendantes ne pourraient le faire. Mais cela a pour conséquence que ces stocks de livres invendus ne peuvent être mis sur le marché à un autre prix, mis à part le prix du solde. Bien sûr, il y a la possibilité de faire un changement de prix au bout de 2 années mais c’est assez compliqué à mettre en place. Le lecteur n’est pas habitué à trouver un livre à moitié prix et il aura tendance à se reporter sur le poche quand il veut un livre à moindre coût. Le libraire ne prendra pas de commande particulière sur cette remise en circuit de ces livres invendus. Là encore, il faudrait que cela évolue. En réaction à ce gaspillage qu’est le pilon, My Fair Book, plateforme de vente de livres neufs en ligne lancée en 2022, se présente comme une librairie virtuelle qui déniche des ouvrages éclipsés et les revend après sélection. Des applications de vente, comme Book Village ou Recyclivre font du prêt et de la location de livre d’occasion, une des meilleures façons de lutter contre le taux de pilon. Il reste le solde peu développé et très mal vu. La loi oblige à vendre à 10% du prix public d’origine et l’auteur ne touche rien !!! Il faudrait donc réfléchir à de nouveaux statuts et circuits entre le prix de vente d’une nouveauté et un livre soldé, sans pour autant mettre en danger les libraires. Réfléchir à la gratuité des invendus ou à des bibliothèques de ceux-ci et permettre d’éviter le pilonnage. Bien sûr, l’impact écologique n’est pas le seul critère et il y a aussi l’impact social qui doit être pris en compte. L’écologie, ce n’est pas seulement une question d’avoir l’empreinte la plus faible, c’est aussi une question d’être respectueux des droits humains. Je pense aux personnes qui travaillent en imprimerie et à la santé des gens qui travaillent sur toutes la chaîne du livre. Nous avons aussi choisi la Nouvelle Imprimerie Laballery car le capital appartient aux salariés qui sont tous associés et les décisions sont prises en interne, meilleur gage de l’indépendance de l’entreprise. Des pistes existent, à nous de les développer. En fin de compte, la clé pour réduire l’impact environnemental des livres est de trouver un équilibre entre la production de livres durables et la préservation de l’environnement mais nous ne réussirons qu’en nous regroupant en tant qu’éditeur indépendant pour faire pression sur les politiques, pour accompagner ce changement car nous ne pouvons compter sur les oligarques qui n’ont aucun intérêt que cela change, si ce n’est pour la survie de leurs enfants, ce qui ne semble pas être un argument suffisant à leurs yeux mais ça c’est un autre débat. Sources : Photo de couverture de Antoni Shkraba. Pexels Publié le 18.09.2023 à 06:00 Sharon Houri Au delà des 75 % d’émissions de gaz à effet de serre en moins, une alimentation excluant les produits d’origine animale comme la viande, le poisson mais aussi les oeufs, le lait et le miel, présente d’autres avantages environnementaux notables : la réduction des surface agricoles nécessaires à la production alimentaire, la baisse de l’eutrophisation (accumulation d’azote et de phosphore), la réduction de l’utilisation d’eau douce et une limitation de la perte de la biodiversité. En 2015, on estimait déjà que le système alimentaire était responsable de 18 gigatonne (Gt) d’émissions de gaz à effet de serre (GES) en équivalent carbone (CO2e),« soit 34 % du total des émissions mondiales de GES cette année-là », déplorent l’équipe de Peter Scarborough et Richard Harrington, auteurs principaux de l’étude et chercheurs au département des Sciences de soins de santé à l’Université d’Oxford, au Royaume-Uni. Depuis, rien a beaucoup évolué : nos systèmes agroalimentaires apparaissent encore comme un des secteur les plus polluants de notre société. En cause ? L’artificialisation des territoires, l’utilisation massive d’engrais et de pesticides de synthèse, la consommation d’eau douce mais aussi l’élevage. En effet, l’impact environnemental des aliments d’origine animale est généralement plus élevé que celui des aliments d’origine végétale en raison à la fois des processus directs liés à la gestion du bétail (par exemple, la production de méthane par les ruminants et leurs excréments) mais aussi des processus indirects dus par exemple à l’utilisation des cultures pour l’alimentation animale, plutôt que directement destinés à la consommation humaine. Dans tous les cas, « pour nourrir une population mondiale croissante tout en restant dans les limites environnementales sûres proposées en matière d’émissions de GES, d’utilisation des terres, d’utilisation de l’eau, de pollution de l’eau et de perte de biodiversité, nous devrons modifier nos régimes alimentaires », assurent les scientifiques. Pour ces derniers, si les autres moyens de réduire l’impact environnemental du système alimentaire (par exemple, les progrès technologiques, la réduction des écarts de rendement ou la réduction du gaspillage alimentaire) sont essentiels, ils ne suffiront pas sans une transition alimentaire majeure partagée par l’ensemble de nos sociétés modernes, et en particulier par les populations des pays occidentaux. Afin de quantifier les effets bénéfiques d’une baisse voire d’une suppression des aliments d’origine animale dans notre alimentation, l’équipe de l’Université d’Oxford a analysé les relevés alimentaires annuels de plus de 55 000 britanniques, végétaliens, végétariens, mangeurs de poisson et/ou de viande. En comparant ces éléments avec une base de données recensant les conséquences environnementales de 57 000 aliments (celle-ci repose sur 570 évaluations du cycle de vie, couvrant plus de 38 000 fermes dans 119 pays), les auteurs entendaient déterminer avec précision les impacts de chaque modes alimentaires. les résultats découverts sont sans appel : « tous les indicateurs environnementaux ont montré une association positive à mesure que les quantités d’aliments d’origine animale consommés réduisaient ». En effet, les impacts environnementaux des régimes végétaliens correspondent à seulement 25,1 % des impacts enregistrés chez les « grands » mangeurs de viande (plus de 100g de viande totale consommée par jour) pour les émissions de gaz à effet de serre, 25,1% pour l’utilisation des terres, 46,4% pour l’utilisation de l’eau, 27,0% pour l’eutrophisation et 34,3% pour la biodiversité. Des données particulièrement illustratives du poids environnemental de la viande et des autres produits d’origine animale dans nos assiettes. Outre la suppression complète de ce type d’aliments, les personnes ayant une consommation de viande réduite participent également à limiter les effets néfastes de notre alimentation sur l’environnement. A ce titre, « au moins 30 % de différences ont été constatées entre les consommateurs de viande faibles et élevés pour la plupart des indicateurs », ajoutent les chercheurs. Ainsi, « malgré des variations substantielles liées au lieu et à la manière dont les aliments sont produits, la relation entre l’impact environnemental et la consommation alimentaire d’origine animale est claire et devrait inciter à réduire cette dernière ». Autrement dit, que l’entrecôte consommée lors de votre repas provienne des méga-fermes brésiliennes nourries au soja ou d’un producteur local, elle représentera toujours plus d’impacts néfastes pour l’environnement qu’un repas sans produit d’origine animal, même si elle favorise le bien-être animal et renforce le tissu économique de votre région. L’équipe de scientifique de l’Université d’Oxford n’est pas la seule à plébisciter une diminution drastique des produits d’origine animale pour amorcer une véritable transition alimentaire. La commission EAT-Lancet, composée de 37 scientifiques de renommée mondiale provenant de 16 pays différents, a été créée dans l’objectif d’établir un consensus scientifique autour d’un régime alimentaire de santé globale, capable d’assurer santé des êtres humains et de l’environnement. Dans son rapport de synthèse publié en 2019, elle assure également que « la plupart des études concluent qu’un régime riche en plantes (fruits, légumes, noix, graines complètes) et contenant une plus petite proportion d’aliments d’origine animale confère des avantages à la fois pour la santé et l’environnement ». Une assiette suivant ces principes devrait ainsi comprendre en volume une moitié de fruits et légumes et une autre moitié composée principalement de grains entiers, de protéines végétales (légumineuses et noix), d’huile végétale non-saturées et (éventuellement) de protéines animales en quantité modérée. Cette alimentation fait ainsi la part belle aux aliments bruts, de saison et locaux limitant les intrants (biologiques) et les transformations industrielles. Si cette transition alimentaire globale est nécessaire face aux enjeux environnementaux que nous connaissons aujourd’hui, elle pose toutefois encore de nombreuses questions quant à la transformation du secteur agricole engendrée ou des habitudes de consommation de la population. Comment assurer la transition des exploitations agricoles ? Comment limiter la perte d’emplois occasionnée ou assurer la reconversion des agriculteurs concernés ? Quels leviers économiques et culturels peuvent-être mobilisés pour faire évoluer les habitudes des consommateurs ? Autant d’interrogations qui devront trouver un écho politique indispensable à la transition de nos régimes alimentaires. – L.A. Photo de couverture de Ny Menghor sur Unsplash Publié le 16.09.2023 à 09:58 Sharon Houri Dans un an jour pour jour, la séquence des jeux olympiques et paralympiques de Paris devrait prendre fin. Nous, collectifs militants, associations et mouvements écologistes, profitions de cette date pour réitérer notre opposition à ces jeux et annoncer une mobilisation pour l’année à venir. Les Jeux Olympiques de Paris sont un grand projet inutile et imposé qui saccage notre environnement, porte atteinte aux droits sociaux des travailleurs et des habitants et accélère la dérive autoritaire de l’État français. Nous nous opposons également à la candidature des Alpes pour les jeux olympiques d’hiver 2030 : après avoir fait fondre les glaciers par le tourisme de masse et l’inaction climatique, faire des jeux sur de la neige artificielle est d’un cynisme édifiant. Écologiquement, les constructions des Jeux et du Grand Paris sont responsables de la destruction d’espaces de nature dans la métropole parisienne et les départements alentours. Des installations routières comme l’échangeur place Pleyel va encore augmenter la pollution de nos villes, et ce à proximité d’un établissement scolaire. Les municipalités de Paris et de plusieurs villes concernées sont pourtant dirigées par des coalitions socialistes, communistes et écologistes qui voient dans ces constructions des moyens d’améliorer les conditions de vie des habitants. Mais sans contrôle des prix, l’explosion des loyers empêche les gens de rester dans leur quartier. Ces aménagements ont des qualités, mais en accélérant la gentrification, ils ne profiteront pas longtemps à celles et ceux qui vivent au quotidien les travaux et leurs nuisances. Les habitants pauvres sont chassés de la capitale Les habitants pauvres sont chassés de la capitale : ainsi, les campements d’exiléEs ont été déplacés loin des regards alors que leur accueil dans des conditions dignes n’est toujours pas envisagé par notre gouvernement, sensible aux sirènes de l’extrême droite qu’il prétend combattre. Les personnes sans domiciles, toujours plus nombreuses dans nos rues, seront envoyées dans d’autres villes. Les étudiants qui ne peuvent déjà plus se loger, devaient être virés de leurs logements CROUS réquisitionnés pour l’occasion. Un référé a heureusement annulé l’exécution de cette injustice. L'un de ces "sas" est sur un terrain vague, jouxtant une voie ferrée et pollué par des hydrocarbures et des métaux lourds. #JO #JO2024 #JOdeParis Pour financer la lutte dessinée — Allan BARTE Concernant les retombées économiques des jeux, elles sont dans tous les pays négatives pour les habitants, qui doivent rembourser les surcoûts astronomiques des constructions et des équipements. Les jeux n’auront pour public qu’une minorité fortunée, et ne pourront être suivis qu’à la télévision par les supporters pour qui les prix des billets et d’un séjour dans la capitale ne sont tout simplement pas accessibles. C’est aux plus pauvres de payer le prix fort pour ces jeux de la Honte. Les jeux ne respectent pas le droit du travail. Contrairement aux athlètes de certains sports dont on connait les salaires pharaoniques, les personnes qui travailleront sur place n’auront pas droit à des conditions de travail dignes, en particulier les armées de vigiles et d’agents d’entretiens qui seront mobilisés sur le projet. Ainsi, le comité olympique manque cruellement de vigiles pour assurer la sécurité de l’événement, et une pression est actuellement exercée sur tous les demandeurs d’emploi de la région pour qu’ils acceptent ce travail, alors que leur formation ou leur santé ne le permet pas. Et les milliers de bénévoles de ces jeux qui brassent des milliards d’euros, et auxquels on a vendu le soi-disant rêve olympique, ne seront pas défrayés et ne pourront, dans la plupart des cas, pas assister à la moindre compétition. L’enjeu de la sécurité est tel que l’État, via des lois scélérates, a considérablement réduit les libertés publiques avec pour prétexte les jeux olympiques, introduisant notamment de multiples amendes forfaitaires délictuelles jusqu’ici rarissimes, ou la surveillance algorithmique. Celle-ci, dans les endroits où elle a été expérimentée, a conduit à des erreurs graves et grotesques, racistes ou sexistes, sans compter une massive et incontrôlée collecte des données personnelles via le traitement par l’Intelligence Artificielle des images de vidéosurveillance. Les jeux olympiques de Paris ne sont pas pires que la coupe du Monde de football au Qatar, mais ils ne sont pas meilleurs. Partout où ils passent, les JO produisent les mêmes résultats : faire violence aux habitants les plus vulnérables, renforcer le pouvoir policier des États, mais surtout servir de diversion aux graves problèmes sociaux, écologiques et démocratiques que traversent nos sociétés. Ils exacerbent également les nationalismes et sont historiquement des accélérateurs des tensions internationales. Depuis l’aube des temps, les tyrans utilisent des grands jeux pour acheter la bienveillance des peuples, mais aujourd’hui la situation écologique et sociale est trop grave. Les JO sont la vitrine du système qui saccage la planète et asservit les peuples. Les JO sont la vitrine du système qui saccage la planète et asservit les peuples. Les États-nations y font leur propagande, les multinationales leur publicité. Les chefs d’État y lavent leur image et les grandes entreprises y font oublier leurs crimes contre l’environnement et les travailleurs dans les pays du Sud comme dans les pays du Nord. Macron veut se mettre en scène comme champion de la démocratie et de l’écologie alors qu’il piétine notre population en lui imposant une réforme des retraites inutile et injuste, qu’il réprime nos manifestations et nos quartiers dans une violence policière prise en exemple par tous les dictateurs, et qu’il ment quotidiennement sur l’écologie. On ne se proclame pas champion de la Terre en prétendant ne pas prévoir les incendies, les sécheresses, les inondations annoncés par les scientifiques depuis plus de 50 ans, ni en défendant l’agro-industrie qui saccage les terres et exploite les agriculteurs. Nous ne sommes pas contre les sportifs et leur supporters. Pour nous, la pratique sportive est nécessaire et bénéfique. C’est une aventure humaine et une source de plaisir physique, émotionnelle et sociale. Elle crée du lien et du partage. Nous appelons de nos vœux le soutien et le développement des clubs de sport dans nos quartiers et nos villages. De nombreux clubs se meurent faute de subventions: le sport est-il, lui aussi, réservé à une élite? Les JO produisent l’effet inverse d’une conception saine du sport : nous dénonçons le monde économique qui instrumentalise les sportifs et les supporters. A quoi sert le sport s’il sert de publicité à des entreprises comme Coca-cola qui sont responsables des problèmes de santé liés à la malbouffe de centaine millions de personnes dans le monde – Coca-cola qui puise dans les réserves d’eau des pays du Sud ? Airbnb, Alibaba, Allianz, Samsung, Visa, Carrefour, LVMH, Orange, Sanofi, Accor, Danone, Enedis, pour ne citer que les plus connus des partenaires des JO, forment une collection sinistre d’entreprises aux pratiques écocidaires et sans égards pour les travailleurs et les habitants. Les JO sont une gigantesque vitrine de la consommation à outrance. Les athlètes olympiques et paralympiques servent de mascottes commerciales à des nations et des entreprises menteuses et criminelles. A l’heure où l’action contre la destruction de l’environnement terrestre est vitale pour l’humanité et l’ensemble des êtres vivants, nous ne pouvons plus laisser faire. Nous appelons les sportifs, les bénévoles, les supporters à prendre conscience qu’ils sont l’outil d’une vaste entreprise de détournement de l’opinion publique, loin des enjeux vitaux de notre époque. Ne laissons pas se faire ces jeux Olympiques d’un capitalisme qui se prétend Vert. Ni ici, ni ailleurs, la propagande d’une destruction joyeuse de l’environnement et de nos conditions de vie ne doit pas continuer. Pas de retraite, pas de JO. Pas de Justice, pas de JO. Pas d’écologie, pas de JO ! Signataires : Alternatiba Paris/ Collectif Pleyel / Les Insurgés/ NPA/ PEPS/ Saccages 2024/ Les soulèvements des terres comités du 11e, 12e et 20e/ Youth for Climate… – Initiative soutenue et relayée par : Mr Mondialisation Photo d’entête @Jeanne Menjoulet/FlickrNon, les chômeurs ne refusent pas de travailler
Une nouvelle chaîne TV arrive sur écran pour contrer les monopoles
Torse nu à un festival, elle est accusée d’exhibition sexuelle
Grève de la faim contre l’autoroute A69 : la tension grimpe
L’auto-stop, ça vaut le coup ? réflexion sur un tourisme responsable
L’argent liquide n’est pas encore mort : comprendre son rôle
Comment l’histoire de l’Amérique latine a été confisquée
Faire un livre écologique est possible. Démonstration !
Régime végétal : jusqu’à 75% d’émissions en moins qu’une alimentation carnée
Tribune : les JO2024 de Paris sont un désastre écologique et social
Non, les chômeurs ne refusent pas de travailler
Bien aidé par une partie du spectre politique et les médias dominants, un nombre grandissant d’individus semble s’être mis en tête que si les chômeurs étaient sans emploi, c’était avant tout par paresse et rejet de l’effort. Toutefois, cette affirmation ne pèse pas grand-chose face à la réalité.
1. La contrainte géographique
La mobilité domicile-travail, un facteur déterminant dans le choix d’un emploi. Photo de Meruyert Gonullu
2. Des conditions de travail déplorables
3. L’incompatibilité de profil avec la tâche demandée
4. On peut travailler sans emploi
Un chômage indispensable au grand patronat
Une nouvelle chaîne TV arrive sur écran pour contrer les monopoles
Le 20 octobre prochain, la chaîne YouTube Le Média débarquera à la télévision. Pour la première fois, un canal d’information entièrement financé par ses spectateurs sera donc disponible sur la petite lucarne. Avec à la clef une ligne éditoriale altermondialiste et humaniste.
Un modèle collaboratif inédit
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Besoin vital de soutiens
Le Canard Réfractaire débarque à la TV !
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De l’importance de jouer sur le terrain des puissants
Torse nu à un festival, elle est accusée d’exhibition sexuelle
Marina nous a confié son témoignage après son interpellation et la procédure la visant pour exhibition sexuelle. Son tort ? S’être mise torse nu, comme de nombreux hommes, le 23 août, un jour de pleine canicule, durant le Festival d’Aurillac de théâtre de rue… Elle a été la seule a être contrôlée par la police qui lui a demandé de se couvrir, chose qu’elle a refusé. Sa mise en examen a mobilisé plus d’un millier de personnes réunies pour la soutenir et dénoncer cet injustice sexiste. Forte de ce vécu, elle tient à en rappeler le contexte et ce qu’il révèle de l’inégalité entre les femmes et hommes toujours aussi criante.
Une procédure toujours en cours
Florilège d’arguments ubuesques
cc @FranceSoudal, on a repéré un truc qu’il faudrait fixer… #pubsexiste pic.twitter.com/LHHAsWQP03
Photo de Annie Spratt sur Unsplash
Photo de Pablo Heimplatz sur Unsplash
La culture du viol
Grève de la faim contre l’autoroute A69 : la tension grimpe
Le projet d’autoroute A69 entre Toulouse et Castres ne cesse de faire polémique depuis son lancement. Décrié pour des raisons environnementales, il est aussi dénoncé en raison de son inutilité troublante. Fin août dernier, plusieurs personnes sont entrées en grève de la faim pour protester. Le militant Thomas Brail, installé dans un arbre face au ministère de la Transition écologique, réclamait ainsi l’arrêt des travaux et un entretien avec les autorités. Ce dimanche 24 septembre, il a été délogé de son platane par les forces de l’ordre.
Des terres qui auraient pu produire 60 tonnes de fruits et légumes par an
Un millier d’arbres abattus
Des millions d’euros pour le contribuable
Des bénéfices insignifiants… sauf pour les actionnaires
Grève de la faim pour se faire entendre
Voitures à tout va
D’autres solutions préconisées par les militants
Les pièces ici pour nous aider : https://t.co/yX5bP5hxTF pic.twitter.com/kr8IhDToeu
L’auto-stop, ça vaut le coup ? réflexion sur un tourisme responsable
Photographe à tendance aventurier, Paul Coudrier s’est lancé dans un tour d’Europe en auto-stop, la tente sur le dos. Son projet : témoigner de la possibilité de vivre une aventure à moindre frais et au bilan carbone limité tout en s’enrichissant de rencontres. L’occasion aussi, pour le photographe, de proposer une réflexion sur la pratique de l’auto-stop afin de lui rendre sa place parmi les mobilités douces. Il nous partage son carnet de voyage responsable.
Crédit Photo ©Paul Coudrier
Crédit Photo ©Paul Coudrier
Crédit Photo ©Paul Coudrier
Crédit Photo ©Paul Coudrier
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L’argent liquide n’est pas encore mort : comprendre son rôle
Utilisé dans les achats du quotidien par des milliards d’individus, l’argent liquide – appelé aussi monnaie « fiduciaire » – reste un rouage essentiel de l’économie, y compris dans les pays les plus avancés. Gratuit, pratique, sûr et universel, le cash a encore de beaux jours devant lui, malgré le développement des paiements dématérialisés.
LE paiement favori en Europe
Photo de Markus Spiske sur Unsplash
Un rouage essentiel de l’économie du quotidien
L’argent liquide pour régler ses dépenses dans les commerces de proximité. Photo de Alev Takil sur Unsplash
Un pilier de la confiance dans la monnaie
Source : flickr
Un véritable « bien public »
Une valeur résiliente face aux crises
Photo de Omid Armin sur Unsplash
Photo de Eduardo Soares sur Unsplash
Comment l’histoire de l’Amérique latine a été confisquée
Entre l’envahissement européen et la violence économique des États-Unis, l’Amérique latine a été dépossédée de sa destinée. Retour historique sur les fracas du libéralisme et du colonialisme dont le centre et le sud du continent américain portent encore les traces.
L’Amérique latine, acteur majeur de l’hégémonie mondiale des États-Unis
Montages de représentations et de photographies de différents peuples amérindiens les plus connus et les plus nombreux. Wikimedia
Et au début, il eut l’Amérique latine…
Troupes indépendantistes de Simon Bolivar contre celles espagnoles d’Agualongo. 17 July 1823. Wikimedia
L’implantation du travail à la chaîne
Travailleurs à Fordlândia, la ville ouvrière de l’entreprise Ford abandonnée en 1945. Source : Belterra do Tapajos
L’héritage libéral du contrôle étasunien
Faire un livre écologique est possible. Démonstration !
Lorsque nous avons décidé de retracer dans un livre les 10 années d’information indépendante publiées chez Mr Mondialisation, nous avons tenu, en toute cohérence, à travailler avec un co-éditeur indépendant et engagé : Les éditions Massot. Pour l’occasion de la sortie du livre, nous inversons les rôles et laissons la plume le temps d’un article au fondateur de la maison d’édition : Florent Massot.
Imprimer ou ne pas imprimer
Liseuse versus livre. Quel est le plus écologique ? Photo de Perfecto Capucine sur Unsplash
La difficulté d’imprimer écologiquement
Rouleaux de papier. Photo de JJ Ying sur Unsplash
Le livre des 10 ans de Mr Mondialisation
L’empreinte carbone des livres
Source : Shift Project
Le difficile recyclage des livres
« Un livre ça ne se jette pas ! » pourtant de nombreux livres sont pilonnés en cas d’invendus. Photo de Patrick Tomasso sur Unsplash
Les kilomètres parcourus par les livres
Le transport des livres est le plus impactant pour l’empreinte carbone. Photo de Wolfgang Hasselmann sur Unsplash
L’édition, un petit monde
Photo de Bank Phrom sur Unsplash
Encore bien du chemin à parcourir
« Vous êtes l’Évolution » de Mr Mondialisation
Éviter le gaspillage des invendus
Photo de Susan Q Yin sur Unsplash
Régime végétal : jusqu’à 75% d’émissions en moins qu’une alimentation carnée
Si vous hésitiez encore à adapter le contenu de votre assiette aux enjeux environnementaux actuels, cette récente étude devrait vous convaincre. Publiée dans la revue scientifique Nature Food le 20 juillet dernier, elle assure que le régime alimentaire des personnes véganes représente seulement 25,1 % des gaz à effet de serre émis par l’assiette d’un gros consommateur de viande.
Les algues vertes mortelles en Bretagne, une des conséquences de l’eutrophisation, accumulation d’azote du fait de l’agro-industrie. Wikimedia
Les systèmes agro-alimentaires sous la loupe
Empreinte environnementale relative de l’utilisation des terres, de l’utilisation de l’eau, du potentiel d’eutrophisation et de l’impact sur la biodiversité des groupes alimentaires par rapport aux grands mangeurs de viande (>100 g /jour). Source : Nature
Vers une transformation globale du contenu nos assiettes
Un élevage industriel de poulets aux États-Unis. Wikimedia
Un an de relevés alimentaires
Empreinte environnementale relative des émissions de GES des groupes suivant un régime alimentaire par rapport aux grands mangeurs de viande (>100 g/jour). Source : Nature
Manger moins de viande fait indéniablement partie de la solution
Photo de Marisol Benitez sur Unsplash
Une assiette planétaire. Source : Rapport de synthèse de la Commission EAT-Lancet
Accompagner la transition
Organiser la transformation du secteur agricole vers une alimentation végétale. Photo de Zoe Schaeffer sur Unsplash
Tribune : les JO2024 de Paris sont un désastre écologique et social
Collectifs militants, associations et mouvements écologistes prennent la parole contre l’organisation des JO de Paris. Pollutions, projets délétères, atteintes au droit du travail, dérives autoritaires, surveillances,… les coût sont multiples pour notre avenir commun, au nom d’un vieux modèle élitiste qui n’est plus tenable. Tribune.
Un projet écocidaire
Un projet anti-social
Source : https://t.co/3xWRjTzpx9
https://t.co/0masgFkbV8 pic.twitter.com/pnomUYg6AL
(@AllanBARTE) May 26, 2023
Un projet qui exploite
Un projet liberticide
Un projet vitrine
Manifestation contre la loi sécurité globale