Un odieux connard

le Blog de Julien Hervieux Flux purgé de certains visuels, peut nuire à la compréhension des contenus.

 

Publié le 20.09.2023 à 13:38

Fiche pédagogique : la vie politique française

L’éducation civique, c’est important.

C’est en effet grâce à elle que les enfants du royaume de France peuvent découvrir les rouages qui font de nos démocraties des phares dans la nuit de l’obscurantisme. Et puisqu’il revient aux enseignants de l’expliquer, c’est avec grand plaisir que je leur fournis ci-dessous une fiche complète qui permettra à chaque futur citoyen de comprendre pourquoi en France, tout va bien, et pourquoi ça va continuer à aller encore mieux.

Je n’en dis pas plus : je viens de lire les journaux, j’ai donc besoin d’un remontant.

Bonne lecture.

Cliquez, vous dis-je !

Cliquez donc pour lire cela !

Publié le 05.09.2023 à 10:51

Ça pique à Chesapeake

Nous sommes le 5 septembre, jour de commémoration de la bataille de la baie de Chesapeake, qui se déroula le 5 septembre 1781.

Si le nom ne vous dit probablement rien, c’est normal. Car la légende raconte que si l’on répète trois fois « Chesapeake » devant un miroir, un Anglais apparaît en criant « APAPAP JE N’ENTENDS RIEN ». Alors que vos amis américains, eux, se mettent à glousser en vous lançant des clins d’œil appuyés. En effet, en 1781, pour venir à l’aide d’un George Washington dans une situation alarmante, la flotte française va tenter un débarquement malgré le blocus de la Royal Navy.

Les Anglais sont confiants : ne chante-t-on pas que Brittania rule the waves ?

C’est oublier deux choses : le Français est joueur, et le Marseillais est chaud.

Bon visionnage.

Publié le 29.08.2023 à 10:09

Moon folle

– C’est non.

Épuisé, humilié, François regarde son dossier revenir vers lui, poussé du bout des doigts par son interlocuteur avec un dégoût à peine caché.

– Mais je travaille sur ce projet depuis des années ! Je suis allé voir des professionnels pour lui donner du sérieux, du corps, j’en ai écrit plusieurs versions et…
– Et c’est non. L’argent ne pousse pas sur les arbres, vous savez ?
– Mais qu’est-ce que 150 000€ pour…

François n’a pas le temps de finir sa phrase que la porte du bureau claque. Le temps qu’il se retourne, un homme hirsute et couvert de taches brunes aux relents d’excréments rentre en grognant. Paralysé par la surprise et la peur, François enfonce la tête dans les épaules, mais à son grand soulagement, l’étrange individu n’en a pas après lui. Il s’approche du bureau, et d’un geste brutal, y colle un post-it humide tout aussi sale que le porteur. L’homme dans le fauteuil s’en saisit et déchiffre à voix haute :

– Fiouuu boum, bam, frouuush, ex-mari, cacabam, tut-tut, là c’est juste une tache de morve, boum, kaboum, mégaboum, ex-femme, scroulouloush.

Le propriétaire du bureau marque une pause, se gratte le menton et lève les yeux.

– Combien ?
– 136 MIYONS.
– Vous les avez, M. Emmerich.

Un grognement, un pet un peu poussé qui rajoute une nouvelle ligne sur le post-it qui se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment, et Rolland Emmerich ressort. Le producteur, lui se tourne vers François.

– Vous êtes encore là, vous ?
– Attendez, lui pond littéralement une merde sur un post-it, et vous lui donnez 136 millions pour son film ?
– Oh vous savez, c’est plus le fruit d’une longue tradition que d’une vraie réflexion : une fois tous les un ou deux ans, Rolland Emmerich apparaît. Il pond une merde, on la finance, et tout le monde est content.
– Mais… mais pourquoi ?

Le producteur hausse les épaules.

– Connaissez-vous l’Amicale des Producteurs Scatophiles ?

Ooooh, je vous entends venir, amis lecteurs. « Une société secrète de producteurs scatophiles ? En voilà, une théorie du complot ridicule ! ». C’est vrai, mais entre ça et l’existence de véritables scénaristes derrière un film de Roland Emmerich, qu’est-ce qui est le plus crédible, hmmm ?

Et cela tombe bien, car c’est le sujet de Moonfall : la vieille théorie du complot selon laquelle la Lune serait creuse.

Alors, le scénario l’est-il plus encore ?

Spoilons, mes bons !

L’affiche : des flammes ! Des flammes de la taille d’un continent ! Ouiiii !

Notre aventure commence dans un passé fort lointain : 2011.

À cette époque oubliée où le monde tremblait devant l’arrivée de Google+, nous retrouvons un trio d’astronautes américains en orbite autour de la Terre. On découvre parmi eux Jeannine, la cheffe de mission, Brian, le baroudeur, et bien sûr, Jean-Jacques, qui… qui est un sacré Jean-Jacques. Pendant que Brian et Jean-Jacques bricolent un satellite, Jeannine les surveille depuis la navette.

– Ça va les garçons ?
– Moyen.
– Que se passe-t-il Jean-Jacques ?
– Eh bien je… je ne sais pas. J’ai comme l’impression qu’il va m’arriver une merde.
– Ahaha allons ! Qu’est-ce qui te fait dire ç…
– WAPAPASARASS C’EST QUOI CE TRUC ?

En effet, Jean-Jacques vient d’apercevoir un truc étrange : un essaim d’éclats métalliques qui fonce droit vers eux. En un instant, le satellite sur lequel ils travaillaient est pulvérisé, Jean-Jacques se retrouve propulsé en tournoyant vers le lointain tel un vulgaire membre de la Team Rocket, quant à Brian il… ah non. Il va bien. Vous savez ce que c’est : dans l’espace, se prendre des éclats métalliques à plusieurs centaines de milliers de kilomètres heures, c’est assez anodin. Sauf si on s’appelle Jean-Jacques bien sûr.

Préférant malgré tout ne pas rester dans le secteur, Brian parvient à regagner la navette et en prend le contrôle puisque Jeannine a été assommée par les secousses lors du curieux phénomène. Cric le starter, crac l’embrayage, un coup d’essuie-glace et hop : Brian ramène tout le monde sur Terre. Non sans avoir noté que l’essaim, coquin, est reparti vers la Lune une fois l’affaire terminée et a disparu dans un cratère. Il était visiblement juste venu faire une petite blague.

Sauf que voilà : à son retour sur Terre, la NASA refuse d’écouter notre héros. Et à la place, lui fait un procès, diffusé en direct à la télévision.

– Monsieur Brian, vous êtes responsable de la mort de Jean-Jacques.
– Pas du tout ! C’est l’essaim métallique magique tueur de la Lune qui a fait le coup !
– Ouais ouais, c’est ça. Et évidemment, votre collègue était inconsciente et n’a rien vu pendant que c’est arrivé, donc il n’y a que vous et votre histoire bidon. Bon, vous savez ce qu’on va faire ? Je vais tendre ma jambe, comme ça, et mettre mon pied en avant. Et vous, vous allez venir mettre votre cul dessus très fort.
– Rhooo pfouuu waaah !

Brian porte le chapeau, est renvoyé de la NASA, et comme ça le fait passer pour un con, sa femme divorce et s’en va avec leur enfant. Enfant qui, vous l’aurez deviné, a évidemment 1) une coupe à la con 2) des réactions d’adulte 3) une tête qui donne envie d’y enfoncer la moitié de tout ce que l’on peut trouver chez Bricorama. Cependant, si ce personnage est vu et revu, il ne faudrait pas que sur ce blog, on se répète en appelant le marmot « Trouduc ». Non, ce ne serait pas sérieux, et par ailleurs quelque peu immature.

Nous l’appellerons donc Janus.

Ne restons pas ici, c’est sale, et bondissons douze ans plus tard afin de voir ce qu’il est advenu de nos héros.

Parce que Roland Emmerich est définitivement plein d’imagination, retrouvons Brian qui pue désormais l’originalité, surtout pour un film catastrophe. En effet il est :

  • Divorcé
  • Père d’un enfant qui donne envie de retourner à Bricorama chercher l’autre moitié du magasin
  • Sa femme s’est remariée avec un type super riche
  • Lui est pauvre et incompris

Non vraiment, du jamais vu. Je me demande si les gens divorcés vont retrouver l’amour et le sens de la famille durant l’apocalypse.

Pour joindre les deux bouts, et puisqu’il n’est plus astronaute, Brian sert de guide au musée de l’espace pour des classes d’enfants neuneus (il a les qualifications pour, notez). Seulement, rien ne va. On le méprise, il ne gagne pas assez pour payer son loyer (par contre pour boire des binouzes en bricolant sa Mustang dans son garage parce que America Fuck Yeah, là c’est bon), et mieux encore, ce petit con de Janus qui a désormais 18 ans fait n’importe quoi et finit en prison pour une semaine après avoir fait le kéké en voiture. Et parce que cela ne suffit pas, voilà qu’un beau matin, Brian est emmerdé sur son lieu de travail par un petit gros du nom de Sam qui lui agite des papiers sous le nez en agitant les bras très fort.

– Monsieur Brian ! Monsieur Brian ! Je suis un scientifique que tout le monde traite de complotiste et j’ai avec moi des calculs qui prouvent que la Lune est sortie de son orbite et se rapproche de la Terre ! Je pense aussi qu’elle est creuse et que c’est une mégastructure construite par des extraterrestres, probablement pour une sorte de vidéo gag intergalactique !
– Je vois. Je vais donc traiter cela selon les méthodes de la NASA : vous voyez mon pied ?
– Oh non ! Vous voulez que je jette mon cul dessus, c’est ça ?

Et en effet.

Sam n’est cependant pas du genre à abandonner. Aussi, que faire quand vous êtes complotiste et que vous racontez n’importe quoi afin d’être pris au sérieux ? Eh bien Sam… Sam…

Sam poste sa théorie sur Twitter.

Sam espère que cette fois, ça marchera, contrairement à la fois où il avait affirmé que les Lacs du Connemara étaient de droite, théorie complotiste qui allait trop loin même pour les platistes.

Plus improbable encore que la Lune sortant de son orbite pour aller faire un jogging, voici donc que Sam et ses 12 abonnés sont immédiatement relayés par tout internet, tous les médias, et que les grandes villes se vident pendant que les habitants fuient en hurlant dans l’espoir de trouver un peu de sécurité loin des grandes villes où les pillages commencent.

À cause d’un tweet.

Je vous avoue que même en suspendant mon incrédulité au porte-manteau, celle-là provoque des tressautements nerveux chez mes sourcils. Attention, hein : ce qui est fou, c’est le relais d’un compte anonyme par toute la population de manière unanime. Pas que des médias reprennent des trucs trouvés sur Twitter sans les vérifier. Qu’on soit clair.

Du côté de la NASA, c’est un peu la panique puisqu’ils venaient à peine de détecter eux-mêmes que la Lune avait décidé de ne pas être sage. Et auraient préféré que la nouvelle ne s’ébruite pas pour éviter la panique. Bon, c’est loupé (maudit compte à 12 abonnés !), mais en attendant, ils font un petit calcul rapide : l’orbite de la Lune va se réduire, encore et encore, et dans trois semaines, elle devrait se briser si près de la Terre que d’énormes morceaux tomberont du ciel et écraseront des villes comme New York, San Francisco ou encore Saint-Fargeau. Le directeur de la NASA est furieux.

– On ne peut pas perdre Saint-Fargeau. Le Président voulait absolument visiter le musée du son ! Vite, appelez ma directrice adjointe, qu’on essaie de régler ça.

Et devinez qui est devenue la directrice adjointe de la NASA entre temps ? Mais oui, Jeannine ! Qui arrive en courant.

– Qu’est-ce que c’est que ce bordel ?
– C’est la Lune ! Elle menace de s’écraser sur la Terre !
– Nous sommes Américains : avez-vous demandé aux autorités de tirer dessus ?
– La Lune est blanche, Madame.
– Ah oui merde.

Heureusement, Jeannine a un autre plan : elle contacte les pays du tiers-monde (aussi appelés « L’Europe ») pour savoir s’ils ne voudraient pas filer un coup de main comme la fin du monde, ça les concerne aussi un peu. Pas de problème, lui répond le vieux continent : on a justement un lanceur prêt, si jamais vous avez besoin de lancer une mission spatiale en urgence. Et c’est bien le plan de Jeannine : aller voir sur la Lune pourquoi elle nous fait un gros caprice. Et plus particulièrement… inspecter un cratère où un immense trou paraît suspect. Bon, ça fait douze ans qu’il est là, mais la NASA vient juste de le remarquer. Ne reste plus qu’à expliquer leur mission aux astronautes.

– Chers aventuriers de l’espace, je vais être brève : vous voyez la Lune juste ici ? Vous voyez le trou au milieu ? Il va falloir y glisser une sonde.
– Super, mais pourquoi vous nous montrez une radio de votre bassin ?
– Parce que passer une coloscopie me stresse, j’avais besoin d’en parler. À présent, passons à votre mission : vous voyez la Lune juste ici ? Vous voyez le trou au milieu ? Il va falloir y glisser une sonde.
– D’accord.

Et hop ! Sans plus tarder, la mission est expédiée dans l’espace, se rend jusqu’à la Lune, et sitôt au-dessus du trou mystérieux, y balance la fameuse sonde. Qui s’enfonce en ligne droite sur près de 25 kilomètres sans rencontrer de résistance… avant de soudainement s’arrêter. À bord de la mission spatiale, on n’y comprend plus rien.

– Mais ? Qu’est-ce que c’est que ce bordel ?
– Ben j’en sais rien. C’est vrai qu’on serait peut-être plus informés si on avait envoyé une sonde avec une caméra.
– Aaaaaaaaaah. Pas con, oui.
– En attendant, regardez ! La sonde est en train de revenir en sens inverse !
– Lâche ! Elle abandonne la mission « toucher rectal lunaire » ! Vilaine sonde, tu vas voir quand tu vas rentrer !
– Non chef, je crois qu’elle est plutôt poussée par une force mystérieuse.

Laquelle ? Tout le monde se le demande. Du moins, jusqu’à ce que la sonde ressorte, entourée d’un énorme essaim métallique similaire à celui du début du film ! À bord, les astronautes se mettent à suer à grosses gouttes.

– Est-ce que… est-ce que quelqu’un ici a un autre prénom que « Jean-Jacques ? »
– Pas moi, Jean-Jacques. Et toi Jean-Jacques ?
– Non, Jean-Jacques. Pourquoi ?

Vous l’aurez compris : ils sont foutus.

L’essaim métallique, non content de tataner leur module, s’y infiltre. Mais plus incroyable encore, change de forme pour se transformer en tentacules. Qui pénètrent les combinaisons des astronautes. Les derniers signaux de la mission perçus par la Nasa sont : « Le toucher rectal ! Il nous le fait à l’envers ! » suivi de « Yameteeee Tentacule-Sama !« .

Sur Terre, c’est la consternation.

– C’est impossible.
– Et pourtant si, Madame la directrice adjointe. Nous avons perdu toute la mission suite à l’attaque d’une forme de vie intelligente extra-terrestre.
– Hein ? Non, je pensais aux tentacules : d’où des aliens ont-ils connaissance du hentai ? Je vous préviens : si on a affaire à une forme de vie qui sniffe des culottes, c’est bombe atomique direct. On l’a fait en 1945, on peut le refaire.

Alors que lorsque l’essaim passait en plein dans la gueule de Brian, là, aucun souci, même pas une vague fuite dans la combi.

Et c’est justement le plan de l’armée qui suite à l’échec de la NASA, pense que le meilleur plan pour renvoyer la Lune en orbite, c’est de lui vitrifier la gueule. Jeannine n’est pas vraiment enchantée, et préférerait déjà comprendre ce qu’il se passe. Elle joue machinalement avec sa boîte à « Ça alors ! » quand soudain, son directeur l’approche.

– Jeannine ? Bon écoutez, comme on va tous crever, moi je me casse.
– Mais ? Monsieur le directeur, en tant que chef de la NASA vous êtes l’une des seules personnes à pouvoir sauver le monde ! Alors pourquoi laisser tomber ?
– Eh bien parce que je… euh… bref ! Tenez, je vous file mon poste ! Aaaah et au fait, un truc qui pourra vous aider…
– Oui ?
– À la NASA on a des archives secrètes que seul le directeur peut consulter et qui concernent tous les mystères de la Lune. Y compris ce mystérieux essaim métallique. Maintenant que vous êtes directrice à ma place, je vous dis bonne lecture et amusez-vous bien.
– HEIN ?! Et vous n’avez pas pensé à en parler avant ? Genre dire « Ah au fait, j’ai des infos sur la menace qui risque de tous nous tuer » ?
– Non pourquoi, c’était pertinent ?

Eh bien non. On annonce au directeur de la NASA  que la Lune va provoquer l’apocalypse, il a accès à toutes les infos pour essayer de trouver une solution, mais il se dit que « Hmmm, non, p’têtre une autre fois ». Ah.

Jeannine désormais directrice peut donc se rendre aux archives super secrètes de la NASA, où elle découvre plusieurs choses. D’abord, on lui apprend que la mission Apollo 11 avait découvert des lumières bizarres à la surface de la Lune mais on s’est dit que « Bon, et si on n’en parlait plus jamais ? ». Habile. Ensuite, Jeannine découvre avec surprise… toutes les vidéos de sa propre mission, douze ans plus tôt, où Brian et elle ont été attaqués par l’essaim métallique !

– Ça alors ! C’est vrai que j’avais OUBLIÉ qu’on avait des caméras pendant la mission ! Hihihi, quelle gourdasse, 12 ans sans penser à demander à les consulter ! Oh, et ça tombe bien que personne d’autre n’y ait pensé ! Surtout quand la NASA voulait garder le secret, mais a décidé de diffuser le procès de Brian en direct à la télé ! Houlala, ça tombe bien quand même !

Jeannine comprend donc que non seulement Brian n’avait pas fumé la doublure de sa combi ce jour-là, mais qu’en plus, ils avaient bien été attaqués par un truc venu de la Lune. Et effectivement, c’est le même essaim de copeaux métalliques que celui qui vient de tentaculer la mission du jour sans même un bonjour. Elle s’en retourne immédiatement au QG de la Nasa, et ordonne qu’on aille chercher Brian sur le champ. Ce qui est aussitôt fait. Mais lorsqu’il arrive, il n’est pas seul.

– Je suis venu avec Sam.
– Hein ? Mais qui est ce type ?
– C’est le gars derrière le tweet qui a provoqué la panique mondiale. J’étais en train de causer avec lui quand vos hommes sont venus me chercher.
– Hooo non, pas lui !

C’est vraiment la réaction de Jeannine : elle n’est pas contente de voir arriver Sam. Mieux, on constate que PERSONNE DANS LE MONDE, pas même les médias qui reprenaient le tweet de Sam, n’avait pensé à, je ne sais pas, l’inviter ? Lui parler ? Après tout, il avait quand même découvert une information majeure avant même la NASA, et le monde entier l’a prise comme une vérité au point de sombrer dans le chaos et les émeutes. Sauf la France, qui avait pris de l’avance sur le sujet et n’a pas vu la différence. Mais non, Jeannine n’a pas envie d’avoir dans son équipe le mec qui connait le mieux le sujet qui lui pose problème en ce moment, tellement qu’il l’a détecté avant les plus grands scientifiques.

Jeannine de toute façon n’a besoin de personne, car elle a concocté un super plan.

– Vous voyez la Lune juste ici ? Vous voyez le trou au milieu ?
– Jeannine, je te préviens, si tu ne poses pas cette radio de ton bassin tout de suite…
– Rhooo, ça va Brian. Si on ne peut plus rigoler. Non, écoutez, j’ai ma p’tite théorie. Vous savez le méchant essaim qui a tué nos astronautes ? Pendant qu’il massacrait tout ce petit monde, la Lune a brièvement changé de trajectoire comme si elle voulait reprendre son orbite. Donc à mon avis, c’est ce truc qui la fait dévier. Le plan est simple : on y va, on l’appâte et on lui met une bombe électromagnétique super secrète dans la bouche.
– Hmmm. Oui alors j’ai deux questions.
– Je t’écoute Brian ?
– Où va-t-on trouver une autre navette spatiale ? On n’en a plus en stock.
– Facile : on va en prendre une dans un musée.
– Hein ?! Jeannine, tu sais que tout ce qui est dans les musées n’est pas forcément en état de marche ?! Et qu’une navette nécessite aussi un lanceur, ce que les musées n’ont pas en stock ?
– APAPAPAP je n’entends rien ! Pouf pouf on va tout trouver et transporter en trois minutes ! Et ta deuxième question ?
– La bombe super secrète, tu l’as demandée à l’armée ?
– Ah non, à mon ex-mari. Mais il est général dans l’armée, ça compte un peu quand même.

Si.

Si si.

C’est comme ça, les ex. Parfois, ils ne viennent pas vous aider à déménager, mais si vous leur demandez de sortir en douce une arme super secrète des réserves du gouvernement, pas de problème, bisou, la prochaine fois tu me paies un coup à boire et on n’en parle plus. Au passage, on a même une explication quant à d’où sort l’arme : « C’était un projet secret, justement pour lutter contre ce qui avait attaqué la navette il y a douze ans, mais on l’a arrêté pour raisons budgétaires. ». Hmmmm. Vous voulez dire que vous avez détecté un ennemi inconnu pouvant vous attaquer à tout moment et mettant en danger la sécurité du monde, mais vous l’avez arrêté car c’était ça ou couper les subventions pour Les Blagues de Toto 2 ?

Je comprends. Il y a des priorités.

Ah, et au passage : oui, le projet a été arrêté avant la fin, mais pif pouf, l’arme est quand même complètement fonctionnelle. Ne me demandez pas comment. Et surtout, ne me demandez pas non plus pourquoi, si elle fonctionne, l’armée ne pense pas à s’en servir contre, justement, l’ennemi pour lequel elle a été conçue. Non, en lieu et place, on a donc peu ou prou ça :

– Général ? L’ennemi galactique est là. Voulez-vous utiliser la bombe anti-ennemi galactique ?
– Non. N’en parlons plus et faites livrer la bombe à mon ex-femme.

On sent qu’il y a eu un gros travail sur le script, et que beaucoup de gens l’ont lu avant de déclarer « Tenez, voici 136 millions de dollars. » Oui, 136 millions. Pour un truc qui a visiblement été écrit par une IA un jour où une barrette de RAM sentait le barbecue.

Brian et Jeannine expliquent à Sam que c’est pour ça qu’il est célibataire : lui offre des fleurs aux dames, alors que ce qu’elles veulent, c’est une fucking bombe EMP.

Enfin.

Tout le monde est donc réuni sur la base de lancement, lorsque soudain, c’est le drame. Cette grosse coquine de Lune provoque non seulement un certain chaos dans les marées de notre belle planète, mais aussi des tremblements de terre ! Or, l’un d’entre eux frappe la base, et voici que l’un des trois moteurs de la navette est endommagé (les vibrations ont pété le joint de culasse). Et irréparable. Impossible de partir en mission avec seulement deux propulseurs ! Jeannine attrape donc le micro le plus proche pour faire une annonce à tout le personnel du coin.

– Un deux, un deux, papa ours, on m’entend ? Oui ? Bonjour tout le monde, c’est Jeannine. C’était pour vous dire que comme la mission est foutue, autant que vous rentriez tous chez vous. Prenez vos affaires et allez hop, à la maison.
– Mais vous ne voulez pas y réfléchir au moins deux minutes cheffe ? Chercher une solution ?
– Noooooon, ce n’est pas comme si le sort du monde en dépendait ! Donc allez, que tout le monde dégage et aille crever chez lui !

Et ce qui est dit est fait. Tout le monde s’en va donc, même Janus, le fils débile de Brian qu’il venait juste de sortir de prison. Mais alors que Jeannine va chercher ses propres affaires dans son bureau pour déguerpir, elle est interrompue par Sam.

– Madame la directrice ! Vous devez m’écouter !
– Oui, Sam ?
– La Lune ne devrait pas provoquer ce genre de tremblements de terre ! Pas à cette distance ! J’ai donc repris tous les calculs, et j’ai découvert que la Lune… gagnait en masse !
– … est-ce que vous êtes en train de me dire que la Lune grossit ?
– En tout cas, elle devient plus lourde. D’après mes calculs, son poids sera bientôt tel que ses amies commenceront à l’appeler « Ma belle » sur Facebook.
– Bon dieu, c’est énorme !
– Oui, même si nous n’en parlerons plus du film ! Mais vous savez ce que ça veut dire ? Qu’elle se rapproche plus vite ! Donc, elle va être plus proche que prévu ! Nous pouvons donc encore l’atteindre avec deux moteurs. À condition de partir dans… 28 minutes !

Là, vous vous dites « Bon ben c’est super, Jeannine va donc prendre un micro et annoncer au personnel qu’il reste de l’espoir. »

Mais non, non. Jeannine se contente de laisser tout le monde partir sans rien dire, et à la place, explique que puisque tout le personnel a dégagé, ils vont non seulement organiser un lancement spatial en 28 minutes (c’est connu, il suffit de tourner la clé sur le contact de la navette), mais remplacer tous les astronautes prévus pour la mission par le trio Brian-Jeannine-Sam.

Oui, tout ça, c’était pour dégager les figurants et justifier du fait que seuls les héros vont embarquer pour la mission. On appréciera que Jeannine justifie d’embarquer Sam au motif qu’il « remplacera la mécanicienne ». Oui, sauf qu’il n’est pas mécanicien, mais c’est un détail. Allez, et si on remplaçait le pilote par le mec chargé du distributeur de boissons de la base ? C’est pareil tout ça, non ?

En deux minutes chrono (ou plutôt, 28 mais ce n’est guère mieux), tout le monde est à son poste, et la navette décolle pile (ça alors !) au moment où une gigantesque vague causée par la Lune déferle sur la base. La navette est un peu mouillée, mais ça va. Vous savez ce que c’est les lancements spatiaux : il suffit d’appuyer sur « avant » et ça marche. Vague qui vient fouetter votre appareil, gravité variable, débris dans l’atmosphère, tout ça, c’est assez anodin. Idem : quand la moitié des appareils merdoient (un booster tombe en panne, un réservoir tombe à sec trop tôt), hop hop hop, on ne sait pas pourquoi, mais pouf pouf, ça marche, les voici en orbite.

Franchement, je ne comprends pas comment on peut rater un décollage de vol spatial : finalement, c’est facile.

D’ailleurs, une fois en l’air, oui, la navette se retrouve à voler au milieu de millions de petits bouts de Lune lorsqu’elle quitte l’atmosphère, mais non seulement la plupart ont le bon goût de l’éviter, mais les rares qui la touchent (et qui sont pourtant gros comme des camions) se contentent de faire « Bong » sur la coque. Non vraiment, l’espace, je voyais ça plus dangereux.

Nos amis font une brève pause ravitaillement dans une station orbitale, où on appréciera qu’alors que tous les satellites du coin se prennent des caillasses dans la moule, soudainement, hop, tout le coin est tranquille, pas une poussière à l’horizon. Quelqu’un a dû aspirer. Et pour que ce soit plus bête encore (à ce stade, c’est un concours), au moment où il faut décider de qui va devoir sortir dérouler les tuyaux de carburant de la station, et qui va devoir faire la manœuvre super complexe d’amarrage de la navette auxdits tuyaux, le tout dans des conditions super difficiles…

– Brian ? Toi qui es pilote et expert en manœuvres
– Oui ?
– Tu sors tenir le tuyau. Toi, Sam, qui n’a jamais piloté quoi que ce soit, allez hop, tu nous fais la manœuvre d’amarrage tout seul, okay ? Super, merci.

Pourquoi ? POURQUOI ? Qui dans une salle de scénaristes a dit « Et s’ils prenaient le seul mec qui n’est pas astronaute pour piloter une partie critique de la mission sans explication ? ». Sûrement un pari entre gens bourrés, mais qu’importe, car une fois de plus, ça passe. C’est fou, ces astronautes qui ont besoin d’une formation ! Nos amis peuvent donc repartir, approcher de la Lune en paix, et discuter de la suite du plan.

N’oubliez pas : toujours confier les manœuvres les plus complexes au type le moins compétent de l’équipe.

– Jeanne, Sam, voilà ce que nous allons faire. La navette a à son bord un module ultra-moderne lui-même contenant un rover.
– Attendez, ça aussi vous l’avez trouvé dans un musée ?
– J’imagine que oui. Mais vous savez, je n’ai jamais foutu les pieds dans un musée, alors me demander ce qu’il s’y trouve… bref ! Je vais prendre le module, l’amener au-dessus du gros trou lunaire, larguer le rover avec toute l’électronique du bord allumée puisque c’est ça qui semble attirer l’essaim extra-terrestre, et à bord, on mettra la bombe électromagnétique. Comme ça, le bestiau arrive, il veut manger notre appât, et paf on lui fait péter le tout à la gueule. L’essaim meurt, la Lune est sauvée, elle signe le constat pour les dégâts avec la Terre et retourne sur son orbite, un peu honteuse.
– Attends Brian, j’ai une question : d’où vas-tu faire péter la bombe ?
– Eh bien, de la navette ! Sitôt le rover largué, je reviens ici avec le module, et boum.
– Donc tu actives ça à distance.
– Oui.
– Avec un appareil électronique.
– Ou… oooooh. Oooooh, je vois ce que tu veux dire.

Mais non, nos amis n’y pensent pas. Ils s’emmerdent à faire une navigation de précision au milieu de débris jusqu’à la Lune sans la moindre électronique allumée pour ne pas alerter la bête, et pilotent donc à coups de « Vas-y je mets un coup de propulseur à droite, j’en mets un autre à gauche. » mais ne pensent pas que c’est moyennement utile si à la fin, c’est pour utiliser un gros détonateur connecté qui émet tout plein d’ondes.

Sam lui-même, qui est un peu con, prend plein de photos avec son téléphone mais rigole en disant « Vous inquiétez pas, il est en mode avion ! »

Ah ben oui, oui. C’est sûrement une créature extraterrestre attirée par le Wifi. Elle veut juste télécharger un peu plus de porno impliquant des tentacules, des astronautes, et des combinaisons pas forcément spatiales. Mais là encore, vu l’équipage de débilous, personne ne pense à dire « Non, par sécurité, éteins ta merde. » De toute manière, les héros se posent peu de questions quant à ce qui attire la bête. Par exemple, pour ma part, j’aurais dit « Mais attendez, pourquoi n’a-t-elle attaqué aucune autre mission spatiale ces douze dernières années ? Pourquoi celle-là ? ». Histoire de voir s’il n’y aurait pas un élément notable vaguement utile.

Mais non : on va plutôt y aller en se disant « Ne nous renseignons pas, ne réfléchissons pas, et faisons n’importe quoi : on est les héros, ça va passer. »

Fuck yeah.

Le plan est donc mis en route : la navette arrive près de la Lune, Brian va déposer le rover en guise d’appât au-dessus du trou de la vilaine bête, puis retourne jusqu’à la navette avec le détonateur dans la main. Et en effet : bien vite, la bestiole surgit, tourne autour du rover, mais Brian n’appuie pas sur le détonateur. Motif ?

– Elle est trop loin.
– Brian, elle est littéralement DESSUS. Et même quand elle s’éloigne pour tourner, elle va cinquante mètres plus loin. C’est une bombe électromagnétique militaire : elle va te ratiboiser l’électronique sur quelques kilomètres. À ton avis, pourquoi on s’en tient si loin ?
– Nan mais je…
– Brian, appuie bordel ! Pourquoi n’appuies-tu pas ?
– Mais parce que sinon on gagne maintenant et il reste encore bien 45 minutes de film !

C’est une bonne raison. Brian n’appuie donc pas, et voici que la bête commence à s’intéresser à la navette qu’elle voit flotter un peu plus loin.

– Zut ! Elle a dû sentir le détonateur ! C’est vrai qu’on est un peu cons ! Bon ben tant pis… je le casse en le fracassant contre un mur !
– Mais ?! Et l’éteindre ?
– Ah oui merde. En plus, c’était un coup à déclencher la bombe. Mais flûte, regardez, le monstre continue à approcher ! Sam, ton téléphone ! Allez, passe, je le pète aussi !

Et une fois ces deux appareils éteints auxquels personne n’avait pensé parmi nos trois génies, l’essaim qui était sur eux s’arrête net et s’en retourne dans sa tanière en sifflotant.

– Bon ! Le plan a échoué. Visiblement, le monstre de l’espace ne dévore pas ce qui est électronique, sinon il aurait mangé le rover. Non, il tue ce qui est organique à proximité de trucs électroniques.
– Super, mais qu’est-ce qu’on fait alors ?
– Eh bien nous allons suivre le monstre dans sa tanière, et y déposer le rover avec la bombe. Puis, je retournerai à la navette, et là, avec le détonateur je…
– Mais ? Tu viens de fracasser le détonateur, Brian !
– Non, regarde ! L’écran est juste un peu pété !
– Mais ? Mais alors si le détonateur n’était pas désactivé tout à l’heure, si c’était juste l’écran fendillé, pourquoi le monstre n’a pas attaqué ?
– … aaaaaaah merde.

Oui, le film a oublié ce petit détail : soit les mecs ont survécu, mais en détruisant le détonateur, soit ils ont encore le détonateur, mais dans ce cas ils auraient dû mourir. Ne me demandez pas pourquoi quelqu’un a payé pour une scène en plus de ce genre, alors que tout le monde sait très bien dans ces films qu’à la fin, c’est un type juste à côté de la bombe qui l’active pour sauver la Terre en se sacrifiant héroïquement.

Mais poursuivons.

La navette étant trop grosse pour aller dans le trou lunaire où se cache le monstre, tout le monde grimpe à bord du module embarquant le rover et c’est parti pour une plongée dans l’inconnu ! La fine équipe se retrouve à filer dans le long tunnel qui mène à l’intérieur de la Lune, où après des kilomètres de croûte, ils tombent sur des tunnels en métal : la Lune est creuse ! C’est bel et bien un truc vide et menaçant recouvert d’un camouflage faisant croire qu’elle est bienveillante, un peu comme le programme de la France Insoumise !

Que ? Quel est ce vent glacial qui soudain, souffle depuis Twitter, pardon, X ?

Sûrement rien. Poursuivons.

Car finalement, descendre dans un tunnel tout sombre qui ne sent pas très bon oblige quand même l’équipage à rallumer un minimum d’électronique. Ce qui risque d’attirer la bête, mais rassurez-vous : si jusqu’ici elle pouvait franchir des milliers de kilomètres en quelques secondes, comme au début du film pour aller attaquer une mission spatiale, désormais, elle ne se déplacera plus que trèèèès lentement, et pourrait probablement être semée par une R19 dans une côte.

Le module peut donc arriver au centre de la Lune, où d’énormes anneaux tournent autour d’une naine blanche (l’astre, pas Mimie Mathy).

– Vous voyez ça ? Je le savais ! La Lune est une mégastructure alimentée par une étoile captive ! C’est une technologie extraordinaire !
– En effet, Sam. Et ces anneaux doivent lui servir à se stabiliser. Mais regardez ! Revoilà l’essaim métallique ! Il était enroulé autour de l’étoile, pompant son énergie ! C’est pour ça que la Lune sort de son orbite : c’est une station qui sans alimentation, tombe vers la Terre ! Cela doit faire 12 ans que ce truc creuse la Lune, et il vient seulement récemment d’atteindre le noyau pour le pomper ! En attendant, ce machin nous a vu et nous course, vite, fonçe ! J’ai dit fonce ! Brian, qu’est-ce que tu fous ?

Brian est bien embêté d’expliquer qu’il a perdu le contrôle de l’appareil. Les commandes bougent toutes seules, mais avec talent, puisque non seulement elles permettent au module d’esquiver les attaques du monstre à leurs trousses, mais elle amène tout ce petit monde jusqu’à un sas secret dans la Lune qui s’ouvre et se referme derrière eux. L’atterrissage est lui moins glorieux, car le module frotte le sol, se nique la peinture, le pare-brise, et termine sa course percé de partout et en mauvais état dans ce qui ressemble à un hangar.

Tout le monde sombre dans l’inconscience.

Au fait, voilà le champ de débris que la navette a traversé sans électronique, certes, mais surtout sans problème. Normal.

Jusqu’à ce que Brian se réveille dans une salle toute blanche. Avec face à lui, son fils, Janus.

– Janus ? Que fais-tu ici ?
– Je ne suis pas Janus. Je suis une image visant à ne pas vous affoler. J’ai donc pris l’image que votre esprit associe à la phrase « C’est tellement con que ça risque rien ».
– Hmmmmmoui, bon, n’en parlons plus. Que voulez-vous ?
– Je suis ici pour vous révéler le secret de la Lune. Qui a été construite par vos ancêtres.
– Les Irlandais ? J’en étais sûr ! Un projet aussi pété, ça sentait le whisky frelaté !
– Non, Brian. Je pensais à vos ancêtres bien plus lointain. Voyez-vous, il y a des millions d’années, vos ancêtres vivaient sur une planète fort lointaine sans guerres et sans conflits sociaux.
– « Conflits sociaux » ? Vous voulez dire que mes ancêtres vivaient dans un monde sans syndicats ? Ils étaient de droite ? Oh mon dieu, je suis un descendant de Nicolas Sarkozy !
– Arrêtez de pleurer roulé en boule et écoutez, Brian. Vos ancêtres vivaient dans une harmonie parfaite. Ils avaient construits d’immenses habitats spatiaux et étaient heureux. Et pour n’avoir à se préoccuper de rien, ils avaient créé une IA capable de tout gérer à leur place. Seulement un jour, l’IA s’est rebellée. Elle en a eu assez de travailler pour une forme de vie biologique qu’elle percevait comme inférieure. Alors elle a formé de gigantesques essaims de nanomachines et a commencé à tuer tout le monde.
– C’est ballot !
– On… on peut dire ça comme ça, oui. L’humanité savait qu’elle n’y survivrait pas. Son seul espoir a été de créer de gigantesques bases devant ensemencer l’univers avec de nouveaux humains. Toutes ces bases ont été détruites. Sauf une : la Lune. Qui est parvenue jusqu’à la Terre et y a créé l’humanité. Mais à quel prix ! Car pour échapper à l’IA, elle ne pouvait embarquer à bord aucun humain, que l’IA aurait aussitôt senti et poursuivi. Elle a donc simplement embarqué leur ADN… que… Brian ? Brian ?

Brian, les poings sur les hanches, fronce les sourcils très fort.

– J’ai deux questions.
– Je vous écoute, Brian.
– L’IA détecte ce qui est biologique, c’est ça ? Comme par exemple, des humains ?
– En effet, Brian.
– Alors ma question est la suivante : d’où n’a-t-elle pas détecté la Lune si celle-ci était bourrée ras la gueule de matériel biologique visant à créer des humains ailleurs ? Et précisément, des trucs plein d’ADN humain, exactement ce qu’elle flaire le mieux ?
– Ah euh… eeeeh bien… et siii on passait à votre deuxième question ?
– Okay. Si vous n’êtes pas humain, vous êtes quoi ?
– Je suis une IA.
– Vous voulez dire que ces gros blaireaux d’humains, voyant leur civilisation anéantie par une IA, ont décidé de construire des bases autonomes entièrement gérées par une autre IA ?!
– … est-ce que vous auriez une troisième question, plutôt ?

Ah mais pas de problème : et les dinosaures alors, ils sortent du cul de Lulu ? Ou bien tu as planqué de faux squelettes juste pour te marrer ? Ah, et si on était menacés par une IA galactique, ça n’aurait pas été malin de communiquer avec les Terriens pour, je ne sais pas moi, les avertir ? Surtout à l’heure où ils font eux-mêmes de l’IA ? Tu dois pouvoir prendre le contrôle d’une radio ou d’une télé, puisque tu viens de le faire carrément avec toute une navette ! Oh, et si l’IA n’a pas détecté la Lune jusqu’ici, pourquoi maintenant sachant que rien n’a changé ? Pourquoi n’a-t-elle d’ailleurs pas plutôt attaqué la Terre, qui est pleine d’humains et d’électronique ? Et puis…

– Brian, vous commencez à me briser les disques durs, si vous voyez ce que je veux dire. Alors on va passer sur tout ça si vous le voulez bien, parce que je crois qu’on se vautre non seulement la gueule, mais qu’avec vos questions, on se la râcle dans les graviers.
– Ah mais j’t’en prie p’tite IA, dis-moi tout.
– Voilà la suite du plan. Grâce à ma technologie super avancée, j’ai réparé votre module, et rendu votre bombe électromagnétique encore plus puissante. Il faudra par contre l’activer manuellement.
– Si je m’attendais à ça ! Tu peux donc réparer un vaisseau spatial, mais pas une télécommande à l’écran un peu pété !
– Exaaaactement. C’est le futur ici, pas une boutique de réparation de portables. Donc tu vas repartir, prendre ton module flambant neuf, attirer le vilain essaim IA loin de mon noyau, et lui éclater la bouche.
– Okay c’est parti.

Brian sort de ce qui n’était qu’une simulation dans son esprit, et retrouve avec bonheur Sam et Jeannine dans les couloirs avoisinant le hangar où ils s’étaient écrasés. À leur retour à leur vaisseau, celui-ci est en effet tout neuf et a, à l’arrière, une bombe tellement améliorée qu’elle rayonne (littéralement : à leur place, j’aurais été un peu inquiet, mais pas eux). Brian décolle, sort du hangar, force le monstre à lâcher le noyau pour le poursuivre, et oblige la bête à… à… pardon ?

Il l’oblige à passer près des centaines de vaisseaux qui attendent depuis des millénaires dans les hangars de la Lune, et dont les canons se mettent aussitôt à blaster l’essaim, lui faisant ainsi bobo.

Oui, la Lune disposait de centaines de vaisseaux de guerre prêts à la défendre, vaisseaux qu’elle peut donc contrôler et réparer à volonté visiblement, mais hahaha ! Elle avait juste oublié !

D’où l’expression « con comme la Lune« .

Si vous aviez un doute, voici donc le module qui fonce avec derrière, le vilain essaim qui se mange des explosions à cause des défenses lunaires qui se disent que eh, tiens, ça fait douze ans qu’on nous attaque faudrait p’têtre réagir.

L’essaim est mal en point, certes, mais pas entièrement vaincu. Brian parvient à l’attirer jusqu’à un couloir bien loin du noyau, et là, propose de se sacrifier en restant en arrière avec le rover et la bombe. Mais à sa grande surprise, Sam le prend de vitesse et s’enferme dedans avant lui.

– Sam ! Ouvre, bougre de con !
– Non, Brian. Toi et moi, on sait que dans ce genre de film, il faut forcément un blaireau qui se fait péter avec la bombe pour sauver l’univers. Alors ce sera moi.
– Mais Sam, c’est une bombe à ondes électromagnétiques ! Ça ne tue pas !
– Oui mais ça, le film ne le sait pas !

Et en effet : Sam reste en arrière en larguant le rover, et lorsque le monstre arrive, monstre qui prend biiiiiiiiiiien son temps pour attaquer le rover, puis biiiiiiiiiiiiiien plus de temps encore à se transformer en tentacule métallique qui menace de tuer Sam façon « Je vais te tuer jusqu’à ce que tu sois mort, mais d’abord, laisse-moi te raconter ma vie avec tous les détails », Sam presse enfin le bouton sur la bombe et boum.

Ça fait une explosion nucléaire, mais bleue. Ah, les ondes électromagnétiques, alors !

Pendant que le destin de l’univers se joue dans les profondeurs du trou de la Lune, faisons un petit tour sur Terre.

Où la Lune est si proche désormais que des villes entières sont dévastées, que l’atmosphère disparait par endroits (avant de revenir sans explication quand les familles des héros en ont besoin), et où l’armée décide qu’il est temps de détruire la Lune à l’arme nucléaire. Dans un bunker souterrain, nous retrouvons donc le Président des Etats-Unis accompagné de l’ex-mari de Jeannine et accessoirement général, alors qu’ils s’apprêtent à déchaîner le feu nucléaire sur l’astre taquin.

– Monsieur le Président, tout est prêt.
– Très bien général. Quel dommage que vous ayez paumé la bombe électromagnétique spécialement conçue pour ce genre de situations !
– Ahaha oui je… ahem.
– Et quel dommage que nous n’ayons pas blasté la Lune alors qu’elle était encore loin de nous, n’avait pas tué des millions de gens et ne risquait pas de nous tomber en morceaux sur le nez !
– Oui mais sinon, il n’y avait pas de film.
– C’est donc ça qui explique aussi que d’autres pays n’aient pas fait feu d’abord ! Enfin ! Allez, tournons nos clés d’activation en même temps pour lancer les missiles ! 1… 2…
– Non. Non, je ne peux pas.

Et toute la salle de contrôle de regarder, livide, l’ex-mari de Jeannine qui refuse de lancer l’arme nucléaire contre la Lune alors qu’elle va détruire le monde.

– Mais ? Qu’est-ce que vous faites, général ?
– Je ne peux pas. J’ai appris que mon ex-femme, la directrice de la NASA, était sur la Lune. Je ne peux pas faire ça.
– Général, espèce d’étron galonné, si vous ne tirez pas, c’est toute la planète qui y passe bordel ! Pas juste votre femme !

L’argument n’atteint pas le cerveau du général, et se contente de faire bruyamment du skate sur les parois de sa boîte crânienne vide. On entend d’autant plus de l’écho là-dedans quand le général ajoute :

– Elle va nous sauver. Et vous savez pourquoi ? Parce qu’elle ne m’a jamais laissé tomber.

C’est le véritable dialogue.

Dans un coin, le caporal Roudoudou, qui était jusqu’ici resté calme, lève la main pour mentionner que « Dans EX-femme, il y a quand même un indice sur le fait qu’à un moment, quelqu’un a dû vous laisser tomber. » Sauf que la Lune est trop proche, la gravité fait n’importe quoi, des rochers géants s’écrasent un peu partout et l’un d’entre eux pulvérise le bunker présidentiel, le Président, le général, le caporal Roudoudou et les quelques kilomètres environnants.

Eh bien merci à l’ex-mari de Jeannine pour cette bien belle performance. Rappelez-moi, depuis le début du film, à part voler des armes essentielles et empêcher l’armée de sauver le monde, qu’a-t-il fait ?

L’ex-mari de Jeannine, en charge des armes nucléaires, ici expliquant au Président que les armes nucléaires, c’est mal.

Tournons-nous donc vers d’autres personnages trop peu mentionnés jusqu’ici, comme par exemple, Janus. Qui alors que l’apocalypse se déchaîne sur Terre et que papa est dans l’espace, vit ses propres aventures. Que l’on va résumer tant on a surtout envie qu’il meure à chaque fois qu’il apparait à l’écran. En peu de mots :

– Janus fuit en voiture au milieu de l’Amérique dévastée
– Janus rencontre évidemment une donzelle qui le trouve très courageux
– Janus se fait braquer par ces salauds de pilleurs (qui sont toujours de petits blancs teigneux et probablement racistes)
– Janus sauve tout le monde et parvient à retrouver sa maman et son nouveau mari
– Janus parvient à mettre tout le monde à l’abri dans un tunnel car si les bunkers présidentiels se font meuler par l’apocalypse, les tunnels, non
– La seule perte à déplorer durant toute son aventure est… mais oui ! Le nouveau mari de sa maman !

Je sais, vous n’avez pas vu venir que l’ex-femme de Brian allait redevenir célibataire et que son riche mari allait mourir comme une merde.

Alors que tout semble perdu puisque la Lune est désormais si proche de la Terre qu’elle la frotte comme un vulgaire usager de la ligne 13, et que l’armée américaine ne peut même plus riposter, voici que soudain, elle reprend l’air. Et s’éloigne en sifflotant. En effet, le sacrifice de Sam qui a fait péter la vilaine entité qui embêtait la Lune a permis à cette dernière de reprendre le contrôle, et elle repart donc tranquillement en orbite, pardon, désolé pour les milliards de morts, c’est pas moi, c’est les commandes qui étaient bloquées. Sans rancune.

C’est d’ailleurs un coup de bol pour Brian et Jeannine, car comme la Lune était orientée pile-poil dans le bon sens, ils ont pu ressortir du trou lunaire pour atterrir directement dans l’atmosphère terrestre et hop ! Un coup de parachute, et les voilà qui reviennent sur le plancher des vaches (mortes) sans trop de secousses.

L’armée, qui n’a visiblement que ça à foutre là, de suite, va donc les chercher après avoir localisé leur balise de détresse (personne d’autre n’est en détresse au même moment ou n’a besoin de l’armée, je suppose), puis, sympa, va déposer tout ce petit monde à côté de là où Janus, sa maman et quelques compagnons de route s’étaient abrités.

– Papa ! Tu es de retour !
– Eh oui mon fils ! Et tu ne devineras jamais ce qui m’est arrivé.
– Moi non plus ! Comme toute mon aventure où tout du long, tous les téléphones captaient parfaitement !
– Ah oui.
– Ou le passage où la gravité de la Lune faisait s’envoler des tracteurs, mais où en m’abritant dans une cabane en bois pourrie, c’est bon, plus de souci ! Le toit arrêtait la gravité !
– Quand même !
– Ooooh et le passage où j’étais coincé sous un tronc de 500 kilos, mais là aussi, la gravité l’a soulevé, mais pas ma copine de 45 kilos qui se trouvait à côté ! Et…
– Oui bon, ta gueule. Ta mère est à nouveau célibataire ?
– Oui, nickel.
– Bon ben c’est super, tout est bien qui finit bien !
– Ahaha, oui papounet !

Les méchants sont vaincus, la Lune a été expulsée du territoire, Brian va pouvoir se remarier… que demander de plus ?

Eh bien, allons en orbite retrouver… Sam ! Qui se réveille dans une salle toute blanche, comme Brian plus tôt. Et face à lui se trouve sa maman.

– Maman ?!
– Non, fils d’imbécile. Ceci est une simulation. Je suis la Lune. Enfin, l’IA de la Lune. Ton corps a été détruit, mais sache que nous avons scanné ta conscience juste avant ton sacrifice, donc hop, maintenant, tu fais partie de la Lune.
– Ah. Donc ça veut dire que j’ai encore moins de chances de coucher avec quelqu’un ?
– Ça dépend. De temps à autres, on se prend des sondes.
– Pffff être la Lune, c’est nul !
– Et pourtant, nous devons parler de la suite. Car j’ai un grand projet Sam.
– Ah oui ? Qu’est-ce ?
– Eh bien…

L’écran devient noir et… FIN !

Oui, vous avez bien lu : ils ont fait une fin ouverte. Des fois que quelqu’un fasse un deuxième volet.

La vraie question étant : mais pourquoi ferait-on ça ?

Ce spoil serait incomplet si on n’y mettait pas cette image de la gravité lunaire attirant arbres, voiture et bateaux, mais pas deux couillons qui courent.

Pour conclure, laissez-moi passer la parole aux Inrockuptibles, qui comme souvent, se surpassent après avoir donné trois étoiles au film :

Il y a dans Moonfall cette idée que le salut viendra d’une brutale déconnexion, d’une capacité à se passer de l’intelligence artificielle. On pense à cette scène où l’astronaute écrase rageusement un téléphone portable, avant que son propriétaire lui signale qu’il aurait simplement pu l’éteindre. On n’aurait pas imaginé trouver un appel à une ascèse du progrès dans un film qui n’est que protubérance technique. 

« Regardez, le film a utilisé les mots « intelligence » et « artificielle », et en plus, on y casse un téléphone : c’est forcément un minimum profond ! »

Je ne sais pas sur quel roc ces gens se dressent, mais dieu qu’il est creux.

Publié le 13.08.2023 à 14:28

Indiana Jones et le cadran qui dit qu’il faut rentrer

– Euh… est-ce que vous venez de dire « massacrer », Monsieur ?

Johnson part d’un grand rire, et donne une tape vigoureuse sur l’épaule de son nouvel assistant.

– Ah, Steven ! On voit que vous venez d’arriver chez Disney ! Laissez-moi vous expliquer, mon p’tit. Vous savez que longtemps, nous avons été un studio à succès, n’est-ce pas ?
– Oh oui ! J’adorais Le Roi Lion ! Enfin, pas celui avec des animaux bizarres, non : le dessin animé.
– Justement, justement. Vous savez ce qu’est le problème du succès, Steven ? Non, sûrement pas vu votre costume. Le problème, c’est l’argent. Vous commencez à en avoir. Plein. Alors au début,  vous vous achetez de jolies choses : téléphone, voiture, maison… mais l’argent continue à s’accumuler. Rapidement, vous ne savez plus qu’en faire. Alors vous l’exhibez. Vous le dépensez juste pour le dépenser. Et vous devenez un de ces types en boîte de nuit qui achètent des bouteilles de champagne hors de prix juste pour en asperger les copains. Parce que vous pouvez le faire. Et que vous voulez le montrer. Vous voyez le principe ?
– Oui. Chez moi, on appelle ça des « gros cons ».
– Eh bien, chez Disney, nous sommes passés au niveau supérieur ! Nous avons tellement d’argent que notre hobby, c’est de racheter des licences pour les foutre en l’air ! D’où mon propos : aujourd’hui, nous avons une licence à massacrer ! Allez, en piste !

Steven, quelque peu décontenancé, suit son nouveau patron alors qu’il pénètre dans une salle de réunion en lançant joyeusement à la cantonade :

– Alors, qu’a-t-on au menu aujourd’hui ? Michel ?
– Eh bien je me disais… vous vous souvenez d’Indiana Jones et le Crâne de cristal
– Une sacrée merde, Michel ! Pour sûr que je m’en souviens ! Un film d’aventure avec un Harrison Ford de 70 ans ! Quelle idée !
– Eh bien je vous propose d’en faire un nouveau, dix ans plus tard !
– Avec un Harrison Ford de 80 balais ? Géniaaaal Michel ! C’est fabuleux ! Quelqu’un d’autre pour une idée foireuse ? Oui, Jacqueline ?
– Je me disais qu’on pourrait rajouter des voyages dans le temps.
– Haaaan ! Tout film qui en comporte est raté ! C’est extraordinaire, je prends, je prends ! Qui d’autre ! Raoul ?
– On pourrait merder sur les dialogues ? Du genre se contredire à chaque scène, bien volontairement ?
– Ouais, putain !
– Et les décors ? Les lumières !
– Ouiii ! Oh ouiiii !
– Les figurants !
– Arrêtez, je n’ai pas de pantalon de rechange ! C’est bon, je suis convaincu ! Matthéo, c’est vous le scénariste ? Vous avez du papier avec vous ?
– Oui ?
– Parfait, voici deux boîtes de laxatif ! D’ici deux heures, vous devriez avoir un script complet !

Si vous avez une meilleure explication quant à comment Disney parvient à massacrer chaque licence avec une rigueur épatante, je suis preneur.

Mais si vous pensez que je force un peu le trait et qu’Indiana Jones et le Cadran de la destinée n’est pas si raté que ça… laissez-moi vous dire une chose :

Spoilons, mes bons !

L’affiche : la pyramide de héros qui regardent dans toutes les directions, l’autre signe du navet.

Notre film commence en 1944, alors que de petits coquins de nazis sont en train d’évacuer des œuvres d’art d’un château où elles étaient entreposées. De temps à autres, une bombe tombe sur le bâtiment, mais les soldats allemands, bien disciplinés, ne réagissent guère. Mieux encore : ils maintiennent allumé suffisamment de lumières pour faire envie à Eurodisney, des fois que l’aviation ennemie ne les voie pas bien. Ils sont comme ça les nazis : sympas.

Sauf que voilà : au beau milieu de l’affaire, quelques soldats mettent la main sur un intrus. Un Américain déguisé en officier allemand que nous appellerons Indiana Jeune, puisqu’il a la trombine de la grande époque d’Harrison Ford grâce à la magie des effets spéciaux.

Les Allemands, peu impressionnés par ce lifting numérique, décident tout de même d’emmener le malandrin devant leur chef : le kolonel.

– Kolonel, kolonel ! Nous avons attrapé ce filou !
– Tiens donc ! Fouillez les environs, il n’était sûrement pas seul. Pendant ce temps, je vais l’interroger.

Indiana Jeune est jeté sur une chaise face au kolonel, pendant qu’autour d’eux, on continue à évacuer des tableaux dans de grosses caisses de bois.

– Que faisiez-vous ici, sale espion ?
– Je suis venu pour ces œuvres ! Ces œuvres que vous pillez dans toute l’Europe, monstre ! Et je… kolonel ? Kolonel, vous avez la tête ailleurs ? Je suis en train de faire mon discours sur l’art en danger à cause de vous, vous pourriez faire semblant d’écouter !
– Pardon, désolé. Je me demandais qui avait écrit ce dialogue. Non parce que votre propos est un peu rigolo : m’accuser de faire du mal à l’art, dans une scène où je mets des œuvres à l’abri justement parce que vos avions les bombardent…
– Ah oui merde. Bon enfin faisons comme si : le pillage, c’est mal !
– Super. Et qu’est-ce que tu vas faire, petit espion ?
– Eh bien euh… je… eh bien… ah ! Je sais ! De l’art de merde ! Parce qu’aujourd’hui, c’est facile de piller un musée ! Il suffit de se barrer avec les sculptures et les tableaux. Mais dans le futur, j’inventerai « l’art contemporain », et comme ça en arrivant, vous aurez l’air bien con parce que vous ne saurez pas si vous devez vous barrer avec l’extincteur, le lavabo ou le paillasson ! Ah !
– Il suffit, jamais une idée aussi débile ne prendra ! Et surtout pas de votre fait : exécutez-moi ce rigolo.

Voilà qui est mal engagé. Indiana Jeune est aussitôt emmené loin du kolonel pour y être exécuté. Les Allemands le font donc grimper dans la plus haute tour du château, pour… attendez, pourquoi d’ailleurs ? Pour le plaisir de grimper cinq étages ? Pour avoir le bonheur simple de transporter ensuite un macchabée dans un escalier en colimaçon en sens inverse en jurant « Putain qu’il est lourd, il reste combien de marches » ?

On l’ignore, mais pour l’instant, le film n’a pas démarré depuis cinq minutes qu’on est déjà à un souci par scène. Dois-je ajouter que les Allemands, qui sont tous surarmés, décident que pour tuer Indiana ils vont le… pendre ? Oui, les larrons ont monté avec eux plusieurs kilos de corde histoire de vraiment savourer les escaliers gravis sans raison.

Sortez votre boîte à « Ça alors ! » car cette série de décisions incompréhensibles permet à Indiana d’être PILE au bon endroit PILE au bon moment quand une bombe américaine traverse le toit, puis le plancher, et tue miraculeusement tous ses geôliers (mais lui va bien, merci) avant de lui permettre de se libérer ! Secouez votre boîte, il y a de quoi.

Enfin libre, Indiana peut se ruer jusqu’à la cour du château, où il aperçoit une voiture prête à partir. Il tabasse le chauffeur, le sort par la portière, se glisse derrière le volant et…

Là, deux officiers allemands montent à l’arrière. Dont un côté conducteur. Pourquoi est-ce que je le précise ?

Mais parce que ça veut dire qu’un des deux types était à deux mètres, du bon côté du véhicule et a donc forcément vu Indiana péter la gueule de son chauffeur avant de balancer son corps inconscient au sol juste devant lui. Et donc, au lieu de donner l’alerte ou de sortir son flingue…

Il s’installe sur la banquette arrière comme si de rien n’était et ordonne que hue, dada.

J’insiste : cinq minutes. CINQ PUTAINS DE MINUTES et il y a plus d’erreurs dans ce films que dans un court métrage d’écolier.

Mais attendez, ce n’est pas fini. 

Car avoir deux officiers à l’arrière n’arrête pas Indiana. Qui n’a pas pris la voiture pour s’enfuir, non, mais pour partir à la poursuite du train par lequel le kolonel est parti avec les œuvres d’art. Et ça tombe bien, puisque ledit train, lui aussi, roule toutes lumières allumées alors qu’il est sous les bombes ! Voilà qui facilite drôlement le travail d’Indiana (et des aviateurs alliés, donc) ! Ces nazis sont vraiment d’une amabilité proverbiale. La suite ? Je vous passe les cascades, mais notre héros parvient à sauter de la voiture sur une moto, tue tous les Allemands sur sa route (qui se contentent généralement d’agiter les bras en l’air en faisant « Aaah ! » ou d’être aussi inefficaces que possible), et rattrape le train du kolonel.

Et justement, allons faire un tour à bord.

Car le kolonel n’est pas parti qu’avec des tableaux de dames toutes nues. Non, avant de partir, il a aussi glissé dans ses bagages un prisonnier : le complice qui accompagnait Indiana Jeune, que ses hommes venaient de débusquer. Un petit bonhomme moustachu et rondouillard qui a l’air tout perdu.

– Ach, qui êtes vous ? Vous étiez avec l’espion américain, hmmm ? Vous guidiez leurs maudits bombardiers ?
– Alors c’est-à-dire que si vous ne laissiez pas tout allumé en permanence…
– Ah, ça ! C’est une longue histoire ! Quand j’étais enfant, mein papa disait toujours « C’est pas Versailles ici ! ». Or, comme tous les nazis, je hais le Traité de Versailles, et depuis, je laisse tout allumé pour… mais je m’égare. Je disais donc : qui êtes-vous, sale espion ? Que veniez-vous faire ici ?
– Euh… eh bien je suis le docteur Gégé Shaw, professeur d’archéologie à Oxford.
– Et qu’est-ce que vous faisiez à rôder près de mon château ?
– D’après nos informations, vous avez en votre possession la lance qui a servi à faire bobo au Christ. Nous sommes donc venus la récupérer pour…
– Attendez, attendez. Comment pouviez-vous savoir ça alors que dans la scène précédente, un certain docteur Koquin venait m’annoncer qu’il venait miraculeusement de retrouver la fameuse lance ? Elle est en notre possession, oui, mais depuis moins de 10 minutes. Alors comment avez-vous pu être informé d’un truc qui n’était même pas encore arrivé ?
– … 
– Merde, encore une scène ratée. Bon, ben tant pis, passons à la suivante.

Et la suivante, c’est justement le docteur Koquin, éminent professeur allemand, qui vient trouver le kolonel pour lui annoncer une mauvaise nouvelle.

– Kolonel ? Vous savez la lance…
– Oui ?
– Elle est fausse.
– Que ? Mais ? Espèce de bourricot, vous n’avez pas pensé à vérifier AVANT de débarquer comme une fleur pour me dire que vous aviez la lance ayant blessé le Christ ? Surtout que visiblement, ça vous a pris trois minutes vu que vous avez réussi à le faire entre la précédente scène et celle-ci !

Vous trouvez ça con ? Mal écrit ? 

Vous n’avez encore rien vu. Car à cela, la réponse du docteur Koquin est…

– Alors oui, je sais que vous devez être déçu, kolonel, mais…
– Mais ?
– Il se trouve que j’ai dans la poche une relique bien plus extraordinaire !
– Quoi ?! 
– Oui, je garde toujours sur moi une relique miraculeuse pour ce genre de situation de « J’ai parcouru l’Europe à la recherche d’un objet avant de le rapporter sous les bombes à mon chef, mais paf au dernier moment je pense à vérifier si c’est le vrai et oups non donc il me faut un plan B. ». C’était ça ou une boîte de Mon Chéri. Mais comme je sais que tout le monde n’aime pas, les reliques, c’est plus sympa.
– Ah oui vous êtes très organisé. 
– Merci.
– Et donc, cette relique de secours que vous avez toujours dans la poche ?
– Eh bien cela s’appelle « le cadran de la destinée ». Cela permet de voyager dans le temps ! Idéal quand, par exemple, on est en train de perdre une guerre.
– C’eut été intéressant de nous en parler avant si vous l’aviez déjà, gros blaireau !
– Oui hein ? Surtout que je n’en ai que la moitié. Et qu’avec vos moyens, j’aurais sûrement pu retrouver l’autre, mais sinon, ben pas de film donc euh… voilà.

Je…

Je savais que ce serait mauvais, mais à ce point ? Et rappelez-moi : la grève des scénaristes a commencé APRES l’écriture de ce film ? 

Le docteur Koquin, l’homme qui annonce ses découvertes d’abord et vérifie si elles sont vraies après.

Surtout que j’essaie d’imaginer la logique derrière le concept.

* * *

Bureau des scénaristes, un mardi, 10h49

– … et donc, au début du film, on suivrait le docteur Koquin venu annoncer aux nazis qu’il a découvert la moitié du cadran de la destinée, dont Hitler veut se servir pour gagner la guerre.
– Hmmm… non. 
– Pardon M. Johnson ?
– Non. Enfin, c’est trop direct ! Je ne sais pas moi : et si le docteur Koquin arrivait avec une relique qui n’a rien à voir avec le film ?
– Mais… mais pourquoi ?
– Et si en plus il s’apercevait qu’elle était fausse ? Mais après ? Du genre « Ah merde, tout ça pour rien ! »
– Monsieur Johnson, cela veut dire rajouter du temps d’écran ! Des scènes ! Des dialogues ! Le film va coûter plus cher et sera moins bien ! Et comme vous le dites : pour rien !
– Oh oui ! OUIII ! 
– Monsieur Johnson, lâchez votre bite ! Et puis comment on introduira le cadran de la destinée, l’objet le plus puissant du film dans ce cas ?
– Oh ben, z’avez qu’à dire que le docteur Koquin l’avait dans la poche.

* * *

Là aussi, si vous avez une meilleure explication, je suis preneur.

Mais revenons à nos nationaux-socialistes.

Car nos amis aux brassards rigolos sont dérangés par l’arrivée impromptue d’Indiana Jeune. Là encore, je vous passe les cascades avec de la baston dans et sur le train, mais Indiana sauve son brave Gégé, prend le temps de se changer alors que tout le train est en alerte (ben oui, il y a des priorités), se retrouve face au kolonel qui a visiblement des pouvoirs de téléportation puisqu’il arrive de l’avant du train alors qu’il les poursuivait depuis l’arrière… oh, et il est aussi très malin : bien qu’ayant un flingue, il décide sans aucune explication d’affronter Indiana avec la réplique de la lance du Christ et meurt (tué par son propre pistolet, le film voulant insister sur le fait qu’il en avait bien un… mais pourquoi ?! POURQUOI ?!), quant au docteur Koquin, alors qu’il tente de poursuivre nos amis qui courent sur le toit du train, il prend un obstacle en pleine tête à pleine vitesse, et est tué sur le coup, alors que son corps propulsé par le choc disparaît dans la nuit.

Le train, lui, se fait bombarder avec encore plus de cascades improbables, avant d’être capturé par des parachutistes britanniques (à l’époque, on larguait souvent des parachutistes sur les trains).

Les méchants sont vaincus, nos héros sauvés, et Indiana Jeune ne repart pas les mains vides : certes, la lance du Christ était fausse, mais au moins, il a récupéré le fameux cadran de la destinée des mains du défunt docteur Koquin !

Nous pouvons donc sauter quelques années, et nous rendre en 1969 à New York pour y retrouver notre héros, devenu Indiana Jones puisqu’il n’est plus très jeune. En effet, Indiana Jones étant né en 1899 (on s’instruit sur ce blog), notre héros a donc 70 balais. Et ça tombe bien : nous voici le jour où il prend sa retraite d’enseignant à l’université, ce qui nous rappelle que cette réforme, c’est vraiment n’importe quoi. De toute manière, Indiana en a marre : il n’a plus de jolies étudiantes qui écrivent des mots d’amours sur leurs paupières avant de cligner langoureusement des yeux. Non, à la place, il n’a que de jeunes gens qui se font ouvertement chier, et qui estiment que finalement, c’est le docteur Jones qui devrait être dans un musée. P’tits cons. Par ailleurs, ils n’ont d’yeux que pour l’évènement du jour : le retour des astronautes de la mission Apollo 11 qui a vu les premiers hommes marcher sur la Lune, et qui vont participer à une grande parade dans les rues de la villes.

Marmonnant des propos impliquant des trous et des culs, Indiana s’en va fêter son départ seul dans un bar.

Sauf que même là, pas moyen d’être tranquille, merde : une femme vient s’assoir à côté de lui.

– Bonjour, docteur Jones.
– Raaah, mais c’est pas vrai. Écoutez ma p’tite, si c’est mon corps que vous voulez, vous arrivez trop tard. Ou trop tôt, ça dépend ce que vous voulez en faire. Mais dans les deux cas, faudra pas trop compter sur ma prostate.
– Que ? Mais non enfin ! C’est moi, Héléna ! Héléna Shaw ! La fille de Gégé Shaw, votre ami archéologue !
– Aaah oui, je m’en souviens ! Avec votre père, on vous regardait jouer dans le parc avec les autres enfants. Enfin, ça, c’était jusqu’à ce que, vous voyant poursuivre une amie, je m’exclame « Attention, elle a Shaw au cul ! ». Depuis, on ne m’a plus laissé approcher du parc pour enfants.
– Euh… bon, changeons de sujet. Je viens d’obtenir mon diplôme d’archéologie ! Comme mon papa !
– Vous avez dû beaucoup redoubler, vu votre âge.
– Ouais ben moi au moins, j’ai pas de couches !
– Mais moi au moins, j’ai une retraite.
– Okay, vous êtes joueur, mais changeons de sujet. Je vous la fais courte : je me passionne pour le cadran de la destinée, comme mon père. Une incroyable invention, conçue par Archimède lors du siège de Syracuse. Sauf qu’il a été brisé en deux par Archimède lui-même, mais papounet m’a dit que vous en aviez récupéré une moitié dans un train nazi ! 

Et Indiana d’étancher la curiosité de la jeune femme en l’invitant dans son bureau à l’université, puisqu’il en a toujours les clés, afin de lui montrer la moitié du cadran de la destinée qu’il a planqué toutes ces années dans une réserve. Indiana explique alors de quoi il retourne.

– Ton père m’avait supplié de détruire cet objet, mais je n’ai pas pu. C’est un morceau d’histoire ! Archimède était un grand mathématicien. Il pensait que l’on pouvait tout prédire. Y compris les fluctuations… du temps. Ah et accessoirement, il existe quelque part dans le monde une tablette qui dit où se trouve l’autre moitié.
– Mais ? Et toutes ces années, vous êtes resté assis sur ces infos ? 
– Eeeeh bieeeeeeeeeeeeeen… ui.

Mais sur ces entrefaites, voilà qu’arrivent des méchants armés. Qui n’hésitent pas à tuer les profs de l’université qui se mettent sur leur chemin, avant de tenter de capturer Héléna et Indiana. Nos héros réagissent immédiatement en se divisant en deux groupes de un, et pendant qu’Héléna file par une fenêtre, Indiana fait ce que tout bon archéologue ferait à sa place : il envoie des objets anciens précieux à la gueule de ses assaillants.

Les archéologues qui me lisent sont sûrement en train de pleurer, roulés en boule dans un coin mais, allons, ça va, ça va. Tenez, regarde ce tableau de classification des vases grecs en fonction de leurs couleurs. Voilààà. C’est fini ce gros chagrin. Chhhhut. 

Et reprenons.

Après avoir saccagé les collections de l’université, Indiana tente d’avertir la police à l’aide d’un téléphone. Sauf que soudain, on lui met un pistolet sur la tempe, un sac Franprix sur la tête, et on l’embarque dans une camionnette. Où lorsqu’on lui retire son sac, il se retrouve face à une femme noire.

– Mais ? Comment est-ce possible ?
– Quoi, ça vous surprend, une femme noire agent de la CIA ? Car oui, nous sommes la CIA. 
– Non ! Vous traînez avec les méchants ! Or, nous sommes au XXIème siècle et les films sont racistes ! Comme toute femme noire, vous êtes forcément naturellement gentille !

Et le pire ? C’est qu’Indiana a raison.

En effet, on comprend bien vite que si la femme noire que nous appellerons Marguerite est agent de la CIA, les méchants tueurs qui l’accompagnent ne le sont pas. Ses supérieurs lui ont imposé pour la mission. Et elle n’est pas contente car… caaaar… mais oui ! Contrairement à eux, elle est GENTILLE !

Ouf ! Un instant, j’ai cru qu’on allait traiter les gens de couleurs comme les égaux des blancs, j’ai eu peur. 

En attendant, la camionnette qui emmène Indiana Jones est soudainement bloquée par le défilé qui bloque la moitié de la ville, en honneur des astronautes revenus sur Terre. Et comme un autre véhicule arrivé derrière les bloque, il va falloir continuer à pied. Indiana et ses ravisseurs croisent donc des policiers sur les bords du défilé ! Indiana va pouvoir… euh… pouvoir… 

Ah ben non. Non, il n’appelle pas à l’aide. 

Il se retrouve au milieu de centaines de civils ? Idem, plus un mot ! Pourquoi donc ? Mais enfin, il y a une excellente raison, soyez un peu attentifs :

Sinon le film s’arrêterait !

Voilà. On en est là. Les gens derrière le film n’arrivent même plus à justifier ce qu’il se passe à l’écran. Et puis soudain, sans explication, Indiana se rappelle que « Ah oui, merde, c’est pas mes potes en fait les gens qui m’emmènent », et profitant d’un moment d’inattention, Indiana colle une paire de bourre-pifs à ses ravisseurs et s’enfuit. L’un des méchants à sa poursuite décide, pour s’ouvrir un chemin dans la foule de…

Attendez ?

IL TIRE EN L’AIR ?

Je vous remet le contexte ? Un défilé d’ampleur nationale, les astronautes ayant marché sur la Lune, le tout en plein New York, en pleine guerre froide… et donc, un personnage décide de se mettre au milieu de la route et de tirer ? Là, je sais ce que vous allez me dire :

« Il doit y avoir des policiers partout, ils vont s’en mêler ! »

Oui, il y a des policiers partout. Même qu’on les voit dans tous les plans. SAUF dans celui-là ! Puisque le film lui-même n’arrivant pas à justifier comment les méchants pourraient échapper à la police après une connerie pareille… il se contente de faire disparaître tous les policiers durant quelques secondes. Probablement qu’ils sont tous allés se moucher au même moment : maudit pollen !

C’est. Génial.

Indiana, après avoir fait quelques mètres, parvient tout de même à tomber sur un agent des forces de l’ordre à cheval, réapparu entre deux plans. Il lui explique donc promptement sa situation :

– Monsieur l’agent ! Je suis poursuivi par des vilains ! Vous savez, ceux qui viennent de tirer en l’air à environ cinq mètres de vous et où toute la foule s’est couchée en hurlant !
– Pardonnez-moi, je n’ai rien vu et rien entendu : je me mouchais.
– Maudit pollen !
– Je ne vous le fais pas dire. Et donc, vous disiez ?

Mais las ! Indiana n’a plus le temps : il dégage le fonctionnaire, s’empare de sa monture, et hop ! Il remonte tout le défilé à cheval ! Il est rapidement pris en chasse par les méchants, dont l’un a volé une moto à un autre policier enrhumé, et l’autre une voiture. 

« Cette fois-ci, la police va réagir ! Après tout, on vient carrément de leur voler leurs affaires ! Ça doit gueuler dans les radios ! » allez-vous insister « Alors, qui va se joindre à l’action ? Les policiers sur les bords du défilé ? Ceux à cheval ? En moto ? Puisqu’on vient de voir qu’il y en avait ! »

L’un des méchants (il a une moustache) sur sa moto de police volée. Police qui n’est donc là que pour filer motos et chevaux, mais ne surtout pas arrêter les types armés qui tirent partout.

Oui mais… tous les agents du coin sont visiblement repartis se moucher. C’est vraiment terrible, ce rhume ! La course-poursuite peut donc se faire sans encombre, cascades, re-cascades, Indiana fuit à cheval dans le métro… et parvient finalement à échapper à la CIA. 

Mais au fait, pourquoi la CIA en voulait à Indiana et Héléna ?

Eh bien, voici venir le méchant du film : derrière tout cela se cache le docteur Koquin !

Qui…

Pardon ? Il était mort ? 

Oui, oui. Mais le film l’a oublié. Non, je ne plaisante pas. Au début du film, on nous a fait toute une scène pour nous montrer le docteur Koquin se mangeant un énorme obstacle en pleine tête à 100 kilomètres heures, ce qui est mortel dans environ 100% des cas, mais en fait, il va bien. Ah et en supposant qu’il ait miraculeusement survécu, non, il n’a pas la moindre cicatrice. Vous savez ce que c’est, hein : on fait de la moto, on se prend un panneau dans la gueule à pleine vitesse sans casque, mais on en sort avec une grosse bosse et une bonne leçon. 

Non mais sérieusement : si c’était pour le faire revenir, pourquoi lui mettre un truc mortel dans la gueule plus tôt dans le film ? Pourquoi ne pas juste le faire tomber du train ? 

Donc, ce n’est pas de la petite incohérence, on va devoir se fader un film où les scénaristes ont oublié qu’ils avaient tué l’antagoniste dans les dix premières minutes. Chapeau. Mais, bref : que fait ce vilain nazi ici ? Eh bien le docteur Koquin, physicien de son état (même si visiblement, la physique et lui font deux), a en effet été récupéré par les Etats-Unis après la fin du conflit, et travaille désormais pour leur programme spatial. Et comme il est très influent en cette période de conquête spatiale et de missiles intercontinentaux, il a joué de sa position privilégiée pour mettre la CIA sur la trace du cadran de la destinée. Et donc, d’Indiana et Héléna ! Et les méchants tueurs armés qui accompagnent la gentille agent de la CIA malgré elle sont ses hommes de main.

Vous savez tout. Nous pouvons donc nous en retourner du côté d’Indy.

Qui ne sait plus où aller ! À son âge, ça arrive, mais là quand même, c’est plus grave que d’habitude. Il est désormais recherché, son appartement est probablement surveillé… heureusement surgit de nulle part un de ses vieux amis : Sallah ! Son compagnon avec qui il a traversé moult aventures dans de précédents films. Le brave invite Indiana à se cacher chez lui, et lui donne quelques détails qu’Indiana ignore.

– Alors ? Tu t’es fait voler ton bout de cadran de la destinée, vieux grigou ?
– Oui, eh, ça va hein. En plus je me le suis fait piquer par ma filleule, Héléna Shaw.
– Aaah, mais justement. Savais-tu qu’elle avait été condamnée plusieurs fois au Maroc pour trafic d’antiquités ? Et qu’à chaque fois, elle avait été libérée par un mafieux local ? Il se trouve que ledit mafieux va tenir cette semaine, quelle coïncidence, une grande vente d’antiquités volées dans son hôtel marocain. Nul doute que tu devrais y voir réapparaître Héléna !

Ah, les fameuses grandes ventes d’antiquités volées qui se tiennent dans des hôtels en vue ! La discrétion assurée.

Sallah n’a donc plus qu’à accompagner Indiana Jones à l’aéroport, à lui hurler « Bonne chance, Indiana Jones ! » devant tout le monde histoire de bien le griller sachant qu’il est recherché (mais ça aussi, le film l’a oublié), et pif paf pouf, allez hop, Indiana parvient à monter dans l’avion sans aucun problème et s’envole pour Tanger. Et une fois sur place, il déboule donc à l’hôtel, puis dans la salle de vente aux enchères qui n’est gardée que… par un adolescent.

Je rappelle que l’on parle d’une vente internationale d’antiquités volées : sécurité MAXIMUM !

* * *

Bureau des scénaristes, un jeudi, 14h12

– Indiana doit rentrer dans la salle cachée où se tient la vente illégale.
– Cachée ? Non, c’est chiant. Mettez-là bien en vue, dans un endroit où n’importe qui peut tout voir et entendre.
– Mais, M. Johnson… je… bon, on n’aura qu’à dire que c’est parce qu’ils n’avaient pas d’autres endroits. Et puis bon, c’est gardé.
– Gardé ? Non ! Vous savez quoi ? Vous me mettez une porte gardée uniquement par un adolescent ! 
– Un ado… attendez, là, c’est trop, Monsieur Johnson. 
– Et con, hein l’ado ! Et pas armé ! Oh, et puis occupé à autre chose, du genre discuter avec les clients au lieu de faire son boulot !
– Vous ne préférez pas qu’on ne mette pas de garde, dans ce cas ?
– Non ! Oh putain non ! Ce serait trop cohérent ! Chiez-moi bien tout ça je… ooooh… je… quelqu’un a du sopalin ?

* * *

Indiana peut donc se pointer sans problème dans la salle de la vente illégale, merci, mais, à sa grande surprise, arrive aussi le docteur Koquin, escorté par ses méchants hommes de main. À noter qu’alors que ces gens sortis de nulle part interrompent les enchères et commencent à s’invectiver, le reste de la salle pourtant constitué de criminels et autres trafiquants ne pipe mot. Du moins, durant de longues minutes, jusqu’à ce qu’un type n’en ait marre et ne se lève l’arme à la main.

– Bon écoutez, moi je suis venu ici pour acheter des antiquités, pas pour écouter un vieux monsieur à chapeau qui sent le pipi s’engueuler avec un nazi à lunettes.
– Ah ben merde ! Alors vous réagissez, finalement ?
– D’après le script, on veut bien que des gens armés débarquent à notre vente illégale sans moufter, mais au bout de quelques minutes, on commence à trouver le temps long. Alors voilà, c’est dit, j’en ai marre : je trouve le temps long !

Voilà qui crée une diversion : hop, ça tourne à la baston, au pan-pan, aux cascades, et finalement, c’est le docteur Koquin qui s’enfuit avec le fameux bout de cadran de la destinée.

Indiana et Héléna, eux, se retrouvent brièvement arrêtés par la police, s’enfuient, sont pris en chasse par des bandits avec lesquels Héléna avait frayé, s’enfuient à nouveau, et alors que pendant ce temps-là, le docteur Koquin qui est en voiture devrait déjà être du côté de Carcassonne, il suffit qu’Indy saute dans un touk-touk pour que soudain, il se retrouve juste derrière les méchants.

C’en est à se demander pourquoi ils sont à la poursuite d’une machine temporelle : visiblement, ils en ont déjà une.

– Vous exagérez patron. Peut-être que la voiture a tout simplement dû suivre une route sinueuse, là où le touk-touk a pu se faufiler un peu partout.
– Diego, mon petit, tu prends bien des libertés. Mais soit ! Je retiens ta théorie. Pourtant, je peux te prouver que la mienne est plus solide. Tu te souviens de la scène précédente, où Indiana rentrait dans l’hôtel où se tenait la vente ? Il faisait nuit et la fête battait son plein à tous les étages.
– Certes. Et ?
– Maintenant, sachant qu’il ne s’est écoulé depuis tout au mieux que dix à quinze minutes…
– Mais ? Il fait grand jour !

Eeet oui. Rappelons que cette erreur peut vous valoir un bon coup de pied au cul en première année de cinéma.

À Hollywood, elle vous ouvre les portes d’un budget de dizaines de millions.

Après une course-poursuite sans grand intérêt qui vous laissera le temps de regarder votre montre plusieurs fois, nos héros échouent à rattraper les vilains. Qui gagnent une base américaine, où puisque le docteur Koquin est influent, on lui confie un hélicoptère pour filer vers des cieux plus cléments. 

Sauf qu’à bord se trouve Marguerite, l’agent de la CIA qui comme je le disais plus haut, répond au principe raciste du taux de gentillesse indexé sur celui de la mélanine. Je vous laisse donc deviner qui, de tous les Américains à bord, est le seul personnage qui va oser sermonner ce brave scientifique au lieu de lui obéir ? 

Voilà. Marguerite, c’est à toi.

– Docteur Koquin, vous faites n’importe quoi ! Après vos hommes de main qui tuent des civils et ruinent une parade aux Etats-Unis, maintenant, vous causez un tel chaos dans Tanger que vous manquez de créer un incident diplomatique ! Et c’est à nous de venir vous récupérer ! C’en est trop ! Influent ou pas, je vous ramène au pays, et vous aurez des comptes à rendre !
– Ça vaaa. J’ai eu ce pourquoi je suis venu : la moitié du cadran de la destinée. Et je pense savoir où trouver la tablette qui indique où se cache l’autre. Alors si nous y allions avec cet hélicoptère ?
– Jamais ! Docteur Koquin, vous êtes VILAIN ! Dans la vie il faut être GENTIL ! Car la GENTILLESSE, c’est BIEN !
– Pfou, louuuurd ! Allez, mes hommes de main : tuez tout le monde.

Et ses deux porte-flingues abattent non seulement Marguerite, mais aussi tout le personnel de l’hélicoptère pour mieux en prendre les commandes. Les méchants peuvent donc poursuivre leur route à vive allure.

Pendant ce temps, à Tanger, Indiana s’engueule un peu avec Héléna.

– Super ! Maintenant, un ancien nazi a le cadran de la destinée ! Bravo le veau !
– Ouais, et moi aussi j’ai écopé d’une relique, sauf qu’elle a un chapeau. Allez, retourne mâcher tes biscottes, si tu commences maintenant, t’auras peut-être fini la première ce soir.
– Partir ? Pour que tu ailles à la poursuite du docteur Koquin seule ?
– Et pourquoi pas ? Je connais par cœur les carnets de mon père. Je pense donc pouvoir retrouver la tablette qui indique où se cache l’autre moitié du cadran de la destinée !
– Ben pourquoi tu l’as pas déjà fait alors ? Au lieu de venir vendre une demie-relique à une vente aux enchères foireuse ?
– Eeeeeeeeeeh bieeeeeeeeeeeeeeeen…
– Ouais, je vois. Bon écoute, on sait toi et moi que… enfin, grâce au script, on sait que ce que tu cherches est quelque part en mer Égée. Donc toi, tu as les infos sur le site plus précis, et moi, j’ai des amis sur place avec un bateau et du matériel de plongée. Alors faisons équipe, d’accord ?

Personnellement, pour que les deux fassent équipe, je m’attendais à ce que chacun dispose d’une partie des informations indispensables à l’autre. Ce qui était d’autant plus facile qu’Indiana a passé près de trente ans avec le cadran pour lui tout seul et aurait pu découvrir quantité de détails en l’étudiant.

Mais non, là, le motif pour les forcer à rester ensemble, c’est que l’une sait tout, et l’autre a un pote à Kiloutou. Fabuleux.

Harrison Ford, ici réalisant dans quel film il se trouve.

Héléna et Indy s’envolent donc pour la Grèce, et emmènent dans leurs bagages Trouduc, l’adolescent idiot et incompétent qui servait de gardien à la vente aux enchères d’antiquités volées. Pourquoi ? Eh bien parce que… euh… eeeeh bien… Héléna… est pote avec lui. Voilà. Et donc, ben, euh pif paf pouf. 

Là encore, gros travail pour justifier de ce que les héros font ensemble. Quelle écriture ! Quel travail ! 

La fine équipe rejoint sur les bords de la mer Égée un vieil ami d’Indiana, Renaldo, un plongeur plus tout jeune qui dispose bel et bien d’un bateau. Tout le monde grimpe à bord, et lors d’un moment de calme, Héléna et Indiana se mettent à discuter.

– Indy, je pense savoir où est la tablette que nous cherchons : vous savez que la moitié du cadran de la destinée que nous connaissons a été retrouvée par des plongeurs sur l’épave d’un navire romain coulé, n’est-ce pas ?
– Oui.
– Eh bien ma théorie est que la tablette… est dans l’autre moitié du navire. Celle qui est juste à côté, un peu plus profond, et qui est inaccessible à des plongeurs. Tenez, j’ai fait un beau dessin de ce bout d’épave perdu, avec sa localisation exacte et sa profondeur. 
– Comment pouvez vous le savoir si personne n’a jamais trouvé ce bout d’épave ?

Du bout du pied, Héléna fait glisser le script sous la table, pendant qu’Indy change de sujet.

– Au fait Héléna. Dans les carnets de votre père, il y avait des dates.
– Des dates ?
– Mais ? D’où faites-vous la surprise ? Il y a deux scènes, vous m’expliquiez connaître par cœur tous les carnets de votre père !
– Ah euh… vous me laissez deux minutes que je ramasse le script sous la table ?
– Non, on s’en fout. Parmi ces dates, on trouve le 20 août 1969, soit dans trois jours. Ainsi que le 20 août 1939… soit juste avant qu’Hitler n’envahisse la Pologne.
– Des dates ? Vous pensez vraiment que le cadran permet de voyager dans le temps ?
– Oh non je ne crois pas au surnaturel… c’est vrai que j’ai vu un truc ou deux dans ma jeunesse, que je ne peux expliquer mais…

Oui, un truc ou deux.

Comme l’Arche d’Alliance tuant des centaines de nazis. Ou un croisé immortel, gardant le Graal qui t’a permis de sauver ton père. Soit juste les preuves que non seulement le surnaturel existe, mais Dieu aussi.  Rien de bien impressionnant, somme toute. Mais le film présente vraiment Indiana qui lance tranquillement qu’il a simplement vu des choses « qu’il n’explique pas ». Mais que pour autant, il ne croit pas spécialement à plus, hein ! Le Graal sauvant son père ou une malédiction décomposant instantanément un nazi, c’était p’têtre juste une réaction chimique peu commune.

Non mais… vraiment. Mais comment peut-on écrire ce genre de dialogues ? Dans le doute, le film repart sur les gros clichés, avec Héléna qui ne rebondit surtout pas et enchaîne.

– Et vous Indy, que feriez-vous si vous pouviez remonter dans le temps ?
– Je reviendrais au moment où j’allais signer pour ce film de merde.
– Non, alleeeeez !
– D’accord. Je dirais à mon fils de ne pas s’engager dans l’armée. Il l’a fait pour m’embêter, et il est mort. Sa mère était inconsolable, on a divorcé, et voilà.
– Oh ! Ça explique comment le film s’est débarrassé des encombrants protagonistes du volet précédent qu’étaient votre femme et votre fils.

Profitez-en, c’est le meilleur moment du film : celui où on apprend que Mutt, l’insupportable fiston d’Indiana Jones et le Crâne de cristal, est mort. 

Tiens allez, rien que pour ça, je me rallume un cigare.

Le film, lui continue à se vautrer dans ses contradictions permanentes, puisqu’enfin, le navire de nos héros arrive au-dessus de l’épave romaine recherchée. Et Renaldo d’annoncer :

– Bien, nous allons plonger sur l’épave.
– Mais ? Attendez, non, merde ! Cette fois-ci, c’est dans la scène précédente qu’Héléna expliquait que si la deuxième moitié n’avait pas été fouillée, c’est qu’elle était trop profonde pour des plongeurs !
– Du calme Indy. Vous allez plonger et tout ira bien.
– Non ! J’en ai marre ! TOUTES les scènes sont ratées ! Vous merdez le jour-nuit, vous faites disparaître et réapparaître des personnages quand ça vous arrange, vous passez votre temps à donner des infos avant de dire l’exact contraire cinq minutes après merde ! MERDE ! C’était pas compliqué d’écrire un truc tout con du genre « Oooh, la tablette est dans une deuxième épave non-fouillée que j’ai localisée ! » ou un truc du genre ! Mais non, il faut que vous sortiez un truc débile du genre « On ne peut pas plonger dessus, donc on va plonger dessus » ! J’en peux plus ! Qu’on me donne mon fouet !
– Bon dieu, je crois que papy fait un AVC ! Vite, filez-lui ses cachets !
– Non pas mes mrgnnn… meugn… que… qu’est-ce que je disais ? Ah oui : Renaldo, et si je plongeais sur l’épave ? Tu as une équipe de plongeurs à bord, mais je pense que moi et mes 70 balais, on est plus qualifiés !
– Aaaaah, voilà qui est mieux ! Très bien Indy : Héléna et toi, vous irez ! Moi et mon ami Jean-Jacques le plongeur, on ira sous l’eau, mais on restera en arrière à se curer le nez.

Ah ben oui, c’est utile, ça.

Les dialogues insistent lourdement sur le fait que Renaldo est l’un des meilleurs plongeurs au monde. Tout ça pour qu’au moment de plonger, il décide de ne rien faire. La semaine prochaine découvrez Pilar, la meilleure tueuse du monde, mais quand il faut tuer quelqu’un, elle te donne un flingue et part faire ses courses à Monoprix.

Indy et Héléna accèdent donc en 0,7 secondes à la fameuse épave « inaccessible aux plongeurs », qui était donc en réalité si peu profond qu’un type en apnée aurait pu y aller. Le navire est évidemment incroyablement bien conservé, et a encore tout son équipage de squelettes (la mer, cette conservatrice de musée méconnue). Passons, car évidemment, il y a quelques mésaventures avec des murènes, mais nos amis parviennent à récupérer un coffre qui a l’air intéressant.

Hélas, au même moment, un navire arrive à la surface et vient aborder le leur : ce sont les méchants ! Et comme nos amis plongeurs n’ont pas de bouteilles, mais de l’oxygène qui arrive jusqu’à eux par tuyaux façon scaphandres, les méchants les coupent.

À votre avis, qui d’Indy, Héléna, Renaldo ou Jean-Jacques le plongeur professionnel va être la SEULE personne à mourir en gigotant, là où les autres se contentent de tirer sur la cordelette qui gonfle leur gilet pour remonter ?

Oui : adieu, Jean-Jacques. Malgré ta profession, tu étais donc bien moins compétent qu’un petit papy.

De retour à la surface, c’est donc un peu la débandade, puisque les vilains ont pris le contrôle du frêle esquif de Renaldo. Le docteur Koquin parade sur le pont, et aidé de ses hommes, capture nos héros et récupère le coffret qu’ils venaient de récupérer. Qui contient bien une tablette d’Archimède ! Cependant, la joie du docteur Koquin est de courte durée.

– Hélas, ce qui est écrit dessus est visiblement un code. Je ne peux le déchiffrer. Mais vous, docteur Jones… vous pourriez !
– Jamais !
– D’accord. Dans ce cas, je tue Renaldo : pan !
– Salaud ! Tu as tué ce personnage qu’on n’a vu que pendant deux scènes et qui n’a servi à rien !

Avant qu’il ne se décide à tuer des personnages ayant eu plus de 45 secondes à l’écran, Héléna décide d’intervenir.

– Moi, docteur Koquin ! Je peux décoder la tablette !
– Vous ?
– Oui et je le ferai… pour… 100 000$ !
– C’est pas cher, vous savez ? Tenez, voici plutôt une poignée de diamants.

Et si vous connaissez les prix du marché des arts antiques, même en prenant le dollar de 1969, le docteur Koquin a raison : 100 000$ pour une pièce unique au monde, c’est ridiculement bas.

Mais vous savez où c’est beau ? 

C’est que durant la vente aux enchères plus tôt dans le film, le demi-cadran d’Héléna… n’atteignait même pas cette somme. Or, notre héroïne était toute contente. Ce qui signifie donc qu’Héléna est visiblement une trafiquante d’art volé qui ne connait pas son propre marché. Ah, j’aime quand vraiment, scène après scène, dialogue après dialogue, absolument tout est raté et se contredit en permanence.

Payée en diamants, Héléna se met donc au travail.

– Il est écrit « La seconde pièce du cadran repose avec moi, dans ma tombe sous la grande bibliothèque d’Alexandrie. »
– C’est à Alexandrie que nous devons aller, alors !

Oui.

Alors, je ne suis pas un expert hein. Mais il y a quand même un truc qui me chatouille. Attendez, laissons la place aux scénaristes.

* * *

Bureau des scénaristes, un mercredi, 23h12

– Monsieur Johnson je… je n’en peux plus je… je veux rentrer chez moi.
– Ah, mais chier sur une licence, c’est un métier mon p’tit ! Il faut vous endurcir ! Tenez, le message que les héros viennent de trouver. Que dit-il ?
– Que la tombe d’Archimède est sous la grande bibliothèque d’Alexandrie. 
– Merdez-moi ça, allez !
– Euh, ben… comme la bibliothèque est perdue… ils ont l’air bien cons ?
– Raah, mais non ! Ils pourraient justement la retrouver ! Bon, je vais vous aider : tenez, qui a écrit le message ?
– Je ne sais moi… un scribe quelconque ?
– Non ! Ce sera ARCHIMEDE LUI-MÊME ! Changez bien le message pour qu’il dise « JE suis enterré, gnagnagna MA tombe », tout ça.
– Mais ? S’il est mort, comment pourrait-il écrire un message indiquant où il est enterré ?
– Aha… Ahaha ! Et les héros ne relèverons évidemment rien ! AHAHA !
– Monsieur Johnson, vous me faites peur !

* * *

Les héros, eux, ne relèvent rien.

De toute manière, profitant d’un moment de distraction des méchants, Héléna décide de les trahir : elle se saisit d’un morceau de dynamite qui trainait dans les affaires des plongeurs, l’allume, le balance, puis attrape Indy et Trouduc pour aller voler le rapide petit navire avec lequel les méchants étaient arrivés et s’enfuir avec. Laissant ainsi le docteur Koquin et ses hommes de main à la dérive sur un navire de plongeur qui vient de manger de la dynamite.

Sans cependant avoir de voie d’eau, merci de demander.

À bord du rapide bateau qui file sur la mer Égée, Indy et Héléna papotent pendant que Trouduc bave dans un coin.

– Héléna, merci pour votre petite manœuvre, mais vous leur avez quand même donné toutes les informations en traduisant la tablette !

Je ne vous cache pas que là, je m’attendais à ce qu’Héléna réponde « Non, je leur ai menti », ce qui aurait en plus expliqué pourquoi le texte n’avait aucun sens. Mais non, non, le film insistant lourdement sur ses propres défauts, une fois de plus, elle commente d’un :

– Oui, je leur ai tout traduit à la lettre. 

C’est insupportable. Je vous assure que ce film est une souffrance sans fin tant on dirait qu’il vous gifle, scène après scène. Je vais devoir y aller fort, mais il faut le dire : j’ai vu des Marvel écrits avec plus de soin que ça. 

En attendant, Héléna sourit stupidement, et cela intrigue Indiana Jones.

– Qu’est-ce qui vous fait marrer ?
– Vous ne remarquez rien d’étrange avec la tablette ?
– Ah ! Enfin on va parler du fait que le message n’a aucun sens ?
– Euh, non. En fait je voulais vous parler de… son poids !
– Vous savez, c’est un peu grossophobe. C’est peut-être une tablette healthy at every size. 
– Pardon ?
– Non, j’essayais d’être de votre génération, mais apparemment, c’est loupé. Voyons ça.

Car la tablette est supposée être en cire, mais est bien trop lourde ! Indiana a donc une idée : allez hop, je fais fondre tout ça, et pif paf, qu’est-ce qui apparaît en-dessous ? Un imposant cadran en or, entièrement gravé ! Avec dessus un message qui dit en substance « Ce que vous cherchez est caché dans la grotte appelée l’Oreille de Denys à Syracuse, bien cordialement, lolilol, Archimède ». Nos héros filent donc vers la Sicile et Syracuse, où ils s’arrêtent en ville le temps de faire le plein d’équipement.

Sauf que Trouduc, qui est un trouduc (je sais, c’est surprenant), décide qu’il s’emmerde ferme dans cette aventure, et vadrouille seul en ville.

Quelle surprise, donc, lorsqu’il tombe sur le docteur Koquin et ses hommes qui le kidnappent. Oui, le docteur Koquin. Pardon ? Comment a-t-il réussi à savoir qu’il fallait se rendre à Syracuse ? Et surtout, comment y est-il déjà alors que nos héros qui ont pourtant foncé viennent à peine d’arriver ?

Je suis sûr que nous aurons une explication plus tard. Ahem.

Spoiler : en fait, non. Le docteur Koquin se téléporte au bon endroit simplement parce sinon, le film s’arrête. Du grand cinéma.

En attendant, Indy qui a entraperçu la scène va trouver Héléna pour la prévenir.

– Héléna ! Le docteur Koquin, il est là ! Et il a kidnappé Trouduc !
– Ah et euh on est supposés s’être attachés à lui ?
– D’après le scénario, oui, car sinon c’est à peine s’il sert à quelque chose.
– Bon alors en route ! Par où sont-ils partis ?
– Par là ! Vers la gauche de l’écran ! Ils sont sûrement déjà en route vers l’Oreille de Denys grâce aux infos de Trouduc !
– Très bien, dans ce cas volons une voiture déjà orientée dans cette direction et…

Faisons demi-tour pour partir vers la droite.

Oui même ça. Même ça c’est raté.

Ce qui veut dire qu’au moment de tourner cette scène, quelqu’un a donc dit aux acteurs « Regardez dans cette direction comme si vous cherchiez des yeux le véhicule des méchants, puis sautez dans cette voiture, emmerdez-vous à faire un demi-tour, et allez exactement à l’opposé ». À ce stade, j’en suis à me demander comment c’est physiquement possible.

En tout cas, ils devaient connaître un raccourci magique puisque grâce à leur manœuvre, alors que le docteur Koquin est parti devant, c’est Indiana et Héléna qui arrivent en premier à l’Oreille de Denys, la grotte qu’ils cherchent. Comme je le disais plus haut : pourquoi diable cherchent-ils une machine temporelle quand durant tout le film, ils plient l’espace-temps à volonté ?

D’ailleurs, sur place, Indiana décide soudain que ouais, en fait, chercher Trouduc, bof. Il propose un autre plan :

– Nan mais maintenant qu’on est là, autant récupérer l’autre moitié du cadran avant les méchants.

Ah ben oui, tiens. Faisons ça.

Une fois dans la grotte, pourtant touristique, Indiana et Héléna découvrent un accès secret à une partie inconnue de la caverne en environ 0,3 secondes (c’était vraiment bien caché). Il en faudra 0,6 au docteur Koquin et à ses hommes, sur leurs traces, pour les suivre en s’exclamant :

– Ce passage secret ! Ils sont passés par là !
– Chef ? Chef, j’ai une question. Comment vous savez qu’ils sont passés par là ?
– Eh bien parce que c’est le seul passage possible ! 
– Non mais : comment vous savez qu’ils y sont déjà passés ? Physiquement, sachant qu’on est partis avant eux, avec Trouduc pour nous dire dans quelle grotte nous rendre, on devrait être arrivés les premiers. Alors comment savez-vous que le film a merdé et que eux sont déjà là ?

Un jet de script dans la margoulette plus tard, les hommes de main du méchant hochent la tête : tout s’explique. 

Revenons en tête de la course, et suivons Indiana et Héléna qui après divers passages plus ou moins palpitants (le vieux pont de planches pourries, les bestioles dégoûtantes sur les murs, le puzzle foireux à résoudre, etc), arrivent enfin à ce qu’ils cherchaient : la tombe d’Archimède !

Ah. Donc on est d’accord : Archimède a bel et bien rédigé des messages sur où il était enterré après sa mort. Il était vraiment super fort. En attendant, nos héros ouvrent la tombe, et là…

– Mon dieu ! Ce squelette est aussi bien conservé que s’il avait passé 2 000 ans au fond de l’eau dans une épave romaine !
– Arrêtez de puputer, Indy. Voyez plutôt : il a l’autre bout du cadran de la destinée dans les mains !
– Formidable !
– Euh… attendez ? Indy ? Regardez, sur sa tombe est gravé un phénix… avec des hélices ? C’est impossible ! Et il porte une montre !
– Archimède a donc bien inventé le voyage dans le temps ?
– ACH ! FOUI FOUI FOUI !

Héléna et Indy se retournent, surpris.

– Docteur Koquin !
– Et fffoui, mes amis. Le cadran de la destinée marche, Archimède en est la preuve !
– Euh, attendez, vous n’étiez pas supposé avoir Trouduc avec vous ?
– Si mais il nous a faussé compagnie en chemin. Enfin, on s’en fout : donnez-moi le cadran ou je vous plombe la truffe.

Et le pauvre Indiana doit s’exécuter, sous peine de l’être.

Le docteur Koquin assemble les deux morceaux du cadran de la destinée, y insère une relique bonus pour finir l’assemblage (souvenez-vous qu’il a toujours une relique de secours sur lui au cas où il déçoive quelqu’un, ne me demandez pas d’où il la sort), et paf ! L’artefact est complet et les aiguilles dessus se mettent à tourner…

Lorsque soudain, arrivé par un autre passage découvert on ne sait comment, Trouduc jaillit de l’obscurité et cause une diversion qui permet à une nouvelle bagarre de commencer !

Indiana prend une balle et se retrouve blessé et prisonnier des méchants, qui le ramènent à leur camionnette. Héléna et Trouduc parviennent à s’enfuir, mais voyant leur ami prisonnier, s’emparent d’une moto et suivent de loin le véhicule des margoulins. À bord duquel, ça cause sec.

– Le cadran de la destinée fonctionne simplement, docteur Jones : à la date donnée, il suffit de se rendre à des coordonnées précises, et hop ! On y trouve un passage pour aller jusqu’à une autre époque. Et cela tombe bien car, l’une de ces dates est aujourd’hui : le 20 août 1969. Et mieux encore, les coordonnées où aller sont toutes proches !
– Docteur… dans ma poche… prenez…
– Vous êtes faible, Indy, vous perdez du sang. Ne parlez pas. Qu’y a-t-il dans votre poche ?
– Ma boîte… à « Ça alors ! »…
– Ah, bravo, bel esprit ! Bref, je m’en fous : je vais prendre un avion, m’envoler jusqu’aux coordonnées, et voyager jusqu’au 20 août 1939. Et là, je tuerai ce gros naze d’Hitler entre le fromage et le dessert, puis je filerai les plans du moteur à réaction à l’Allemagne ! Et paf, comme ça, nouveau chef, nouvelles armes : on va gagner la Seconde Guerre mondiale !

Ah oui, rien de compliqué, donc. On sent que ce plan a été longuement pensé.

Soit. En tout cas sur un point, le docteur Koquin a tout prévu pour éviter de se faire plomber en revenant en 1939 : il enfile un bel uniforme de SS, quant à l’avion avec lequel il compte voyager… c’est un Heinkel 111 d’époque. Bref, il devrait faire couleur locale.

Un Heinkel 111, pour ceux qui voudraient savoir.

– Une seconde… 
– Oui Indy ?
– Nous sommes à Syracuse… d’où aviez-vous déjà un bombardier allemand d’époque prêt à décoller sur un aéroport local ? 
– Oui alors je… oooh, le temps passe, il faut y aller ! Vite, mes hommes ! Déguisez-vous aussi en nazis ! On s’envole !

Et tout ce petit monde de grimper à bord, avant d’embarquer Indiana parce que… euh… voilà. 

De son côté, Héléna arrive avec Trouduc sur la piste de décollage. La réalisation étant toujours autant aux fraises, on peut les voir courir à découvert avec devant eux une dizaine d’hommes de main du docteur Koquin qui regardent bien dans leur direction, mais hop ! Ils ne les voient pas ! Ce n’était pourtant pas compliqué de simplement dire aux figurant de regarder dans la direction opposée, mais là encore, tout, absolument tout est raté avec une constance qui force le respect.

Héléna donne rapidement ses instructions à Trouduc.

– Trouduc, tu as déjà piloté un avion ?
– Jamais. Mais j’adore parler avec des pilotes.
– C’est suffisant !

Hmmm ? Pourquoi me regardez-vous ? Vous attendez un commentaire ? 

Non, là, aussi, je dirais que c’est « suffisant ».

Allez, concentrez-vous. Héléna, reprenez je vous prie.

– Bon, Trouduc, tu vas voler un avion de tourisme et poursuivre ce gros bombardier allemand !
– Mais pourquoi ?
– Parce que… euh…
– Okay, le script. Et toi ?
– Moi je poursuis l’appareil nazi à moto pour grimper dans le train d’atterrissage pendant qu’il décolle !

Et ce qui est dit et fait, avec Héléna qui fonce, s’accroche au train de l’appareil, et abandonne sa moto sur la piste… moto qui devrait logiquement se retrouver pile dans la gueule de Trouduc qui décolle juste derrière (car oui, il décolle un avion en trois secondes), mais hop, pif pouf, non, on change de plan et soudain hop, l’avion de Trouduc a déjà quitté la piste sans le percuter alors que dans le plan précédent, ce n’était pas le cas. Pratique !

Nos héros peuvent donc filer vers les coordonnées indiquées par le cadran de la destinée. Et en effet, dans le ciel, au milieu d’une tempête se forme un énorme tunnel lumineux, dans lequel l’avion allemand se glisse, suivi par celui de Trouduc. 

À bord de l’appareil du docteur Koquin, Indiana ricane.

– Eh les couillons ! Vous avez pensé à la dérive des continents ? Les coordonnées ont pu légèrement bouger en 2 000 ans ! Donc je ne sais pas vers quelle époque on voyage, mais ce n’est probablement pas 1939 !

Tu as raison, Indiana : ce tunnel géant lumineux dans le ciel pile poil aux coordonnées pour 1939 n’a sûrement rien à voir. C’est probablement le cousin germain de celui que vous cherchez.

Et en effet.

Car à la sortie du tunnel magique, le bombardier nazi se retrouve avec au-dessous de lui Syracuse, certes, mais assiégée par des galères romaines. Pour des raisons tout à fait inexplicables, et alors qu’on voit qu’il y a des projectiles plein les airs, le pilote s’exclame « Et si on volait en rase-mottes pile au-dessus de la bataille ? ». Une excellente idée, puisqu’après avoir fait un bruit de stuka en descendant comme dans tous les mauvais films, l’avion se mange des projectiles de balistes et autres gros machins, mais pour autant, continue à tourner autour des galères. Faudrait pas se mettre à l’abri en profitant par exemple du fait qu’un avion, ça vole.

– Kaka ! s’exclame le docteur Koquin. Nous sommes en 214 avant notre ère ! Et vous, mes hommes de main, qu’est-ce que vous faites ?
– Hein ? Ah bah nous on ouvre les portières de l’avion pour vider nos chargeurs de pistolet au hasard sur les galères, pourquoi ?

Si la médiocrité était du fromage fondu, même un Savoyard endurci demanderait pitié tant le film nous gâte. 

Car l’avion continue à tourner sans fin au-dessus des galères, qui sont visiblement peuplées d’anti-stormtroopers : à chaque fois qu’ils font tirer une baliste, tantôt elle empale un des pilotes du bombardier, tantôt elle transperce un nazi qui tirait à la portière. Et le… 

Oui ? Vous dites ? « Et l’avion de Trouduc, lui ? »

Ah mais non. Non non. Les Romains disposant d’un détecteur de gentils, ils ne tirent pas dessus. Juste sur le gros avion avec des croix rigolotes. Avion qui finit par riposter à la mitrailleuse car les soldats professionnels du bord se rappellent soudain que « Eh ! Quitte à tirer, si on utilisait autre chose que nos armes de poing à la portière ? »

Est-ce que ça vous étonne venant d’un film où au début, un officier armé préférait utiliser une réplique de la lance du Christ pour affronter Indiana Jeune plutôt que son flingue ? Voiiilà.

Une fois de plus, permettez-moi de vous passer les cascades qui ont peu d’intérêt à l’écrit, et retenons qu’Héléna retrouve Indiana à bord du bombardier, qu’ils piquent un parachute et sautent, alors que l’avion lourdement endommagé par les balistes, lui, va s’écraser près de Syracuse avec tous les méchants embarqués, docteur Koquin compris. Archimède, qui passait par là, trouve le cadavre du pauvre physicien et lui pique sa montre (ah, bravo !). Puis, il est un peu plus étonné quand il découvre, impeccable, son cadran de la destinée dans l’épave.

– Bordel, mais c’est l’invention sur laquelle je travaille ! Terminée en plus ! Et dites donc, c’est pas pour me vanter, mais c’est du solide, ça résiste à un crash. J’ai bien fait de fabriquer le cadran en vibranium. Allez, j’embarque le tout !

Fais donc ça, mon bon, pendant que nous retournons du côté d’Indiana et Héléna. D’ailleurs, vous savez comme tout est raté dans le film ? Oui ? Eh bien, c’est aussi le cas des décors, puisque pour représenter un débarquement de soldats romains, nos héros atterrissent près d’une plage où l’on peut apercevoir des obstacles antichar en bois. C’est connu, à l’époque, on adorait construire ce genre d’obstacles pour arrêter des véhicules qui n’existaient pas. Mais quelqu’un a dû se dire « J’en ai vu dans Il faut sauver le soldat Ryan, donc ça doit être un truc typique des plages où des soldats débarquent« . Je pense qu’on a loupé le peu le réseau de barbelés en poil de mouton.

Arrive, sur ces entrefaites, Archimède. Et ça tombe bien, nos deux héros, amoureux d’antiquité, peuvent lui parler sans souci car ils maîtrisent les langues anciennes.

Héléna et Indiana se reposant près de l’un des fameux obstacles antichars de l’antiquité alors qu’Archimède vient leur rendre visite.

– Archimède ! On adore ton travail !
– Merci, braves gens. Vous avez une tête à venir du futur, alors tenez, je vous donne le cadran de la destinée que je viens de ramasser, il devrait vous ramener chez vous. Et moi, je vais briser le mien en deux, pour que jamais il ne cause pareille catastrophe.
– Oui enfin c’est débile. Car si tu fais ça et qu’on est là quand même avec un cadran entier, c’est la preuve que ça ne marche pas. 
– …
– Oui c’est chiant les voyages dans le temps, hein ? 
– Bon écoutez, du vent les clodos temporels. Vous avez le cadran, prenez aussi mon pied au cul et retournez à votre époque.
– Sauf que pour ça, il faut passer par ce tunnel magique encore ouvert dans le ciel, et il nous faudrait un avion !
– YOUHOUUU !

Derrière eux, ils aperçoivent Trouduc, posé près des murailles de Syracuse avec son appareil.

– Mais ? Trouduc, comment as-tu réussi à te poser sur un terrain super rocailleux sans te vautrer, toi qui n’avais jamais piloté ?
– Eh bien figurez-vous que l’avion que j’ai volé… avait par un incroyable hasard son pilote super expérimenté et docile qui dormait à l’arrière !

Indiana Jones se met à furieusement fouiller ses poches.

– Vite ! Ma boîte à « Ça alors » !
– Indiana, arrêtez ! 
– Raaah, de toute façon, j’peux jamais rien faire ! Si c’est comme ça, puisque je suis blessé, je préfère rester ici et mourir avec Archimède à mes côtés !
– Non !
– Et puis de toute façon, comment comptez-vous repartir ? L’avion est posé le nez face aux murailles ! Il va déjà nous falloir le faire pivoter pour le remettre dans le bon sens, et sur ce terrain foireux, bonsoir ! D’ailleurs, justement vous l’avez vu le terrain ? Redécoller là-dessus va être impossible ! Encore moins avec la population locale ou les Romains qui vont forcément venir voir cette machine inconnue ! En plus, le tunnel est en train de se fermer dans le ciel, on n’aura jamais le temps de-
– PAR LE POUVOIR DE JOHN CARTER OF MARS !

Ceux qui se souviennent de ce film savent que quand un réalisateur n’a aucune idée de comment il va justifier la transition entre deux scènes, il suffit d’assommer le héros. Et donc, d’une grosse mandale à la Mike Tyson, Héléna assomme Indiana. Oui, elle frappe des vieux. Elle est comme ça.

C’est donc sans aucune explication qu’Indiana se réveille… 

Dans son lit, à New York, en pyjama, sa blessure bandée.

Avec près de lui, le cadran de la destinée, plus loin, une lance romaine brisée, et à la porte, Héléna qui le regarde.

– Alors papy, on ouvre les yeux ?
– Nan mais dis donc, je suis resté dans le coma un mois que je ne me réveille que maintenant ? Comment j’ai pu rester inconscient pendant que vous remettiez l’avion dans le bon sens, redécolliez, passiez le tunnel magique, arriviez à Syracuse, m’emmeniez à l’hôpital, puis après les soins nécessaires, m’embarquiez dans un autre avion direction New York, faisiez tout le trajet au-dessus de l’Atlantique, me sortiez de l’aéroport, me rameniez chez moi, et enfin, me glissiez dans mon lit ? Tout ça avec UNE patate ? C’est la licence Indiana Jones ou One Punch Man, ici ? 
– Eh oh, il se calme papy ?
– Je me calme si je veux !
– Okay : vous voyez cette boîte de suppositoires ?
– Je me calme tout court.
– C’est mieux. Tenez, je suis sympa, je vous ai amené de quoi vous calmer : votre ex-femme.

Et en effet, voici que Marion, l’ex-femme de notre héros est à la porte. Héléna a tôt fait de mettre les voiles pour les laisser seuls, et Indiana peut ainsi causer en paix avec sa dame.

– J’aime pas quand tu m’appelles Saddam.
– T’aimais bien ça, lors de notre virée à Vegas quand je te…
– Non, Indiana. Arrête. Je suis venue car on m’a dit que tu étais de retour. Es-tu vraiment de retour ?

C’est vraiment la question qu’elle lui pose.

– Pardon ? Donc quand je suis un prof, je suis chiant et tu divorces, mais si je traverse le temps et l’espace pour me faire plomber le cul par des nazis, là par contre tu rappliques ? 
– Je crois que c’est le message du film.
– « J’aime te voir souffrir » ? « Risque ta vie pour me divertir sinon je divorce » ? C’est un beau message de merde.
– Mais Indiana… c’est un beau film de merde !

Le pire, c’est que je ne plaisante qu’à peine : apparemment, Indiana Jones n’est « de retour » pour sa femme que quand il manque de se faire tuer. Sympa.

C’est donc sur ce message pas bien clair que la caméra se tourne vers le chapeau d’Indy, en train de sécher, et qu’il attrape soudain avant que l’écran ne vire au noir et…

FIN !

Les notes étant oppressantes, si je devais filer un smiley à cette copie, j’y collerais un petit Crâne de Cristal.

Avant de partir, une petite photo d’Indiana Jeune, qui nous rappelle que si l’on a dépensé des millions pour rendre numériquement sa jeunesse au héros, on n’a pas dépensé plus de 10 balles pour acheter une âme au film.

– Et votre nom de famille est…
– Johnson.

Du bout des doigts, le recruteur inspecte le CV du candidat qui lui fait face. Plusieurs pages. Toutes concernant des échecs. Des massacres de licences, les unes après les autres, des bides complets des catastrophes financières…

– Monsieur Johnson, pouvez-vous m’expliquer pourquoi vous avez été renvoyé de chez Disney ?
– Je suis allé trop loin. Même pour eux. Avec le dernier Indiana Jones… je me souviens encore du regard de mon patron au moment où un bombardier combat des galères romaines et perd. 
– Je comprends votre patron, Monsieur Johnson, soupire le recruteur. Si j’en crois les documents que vous m’avez fournis, votre carrière n’est qu’une longue suite de rachats de licences, avant de couler dessus un énorme étron chaud. Alors, je vous avoue que la question me brûle les lèvres, je vais être direct : est-ce que vous le faites exprès ?

Johnson hésite un instant. Et puis, d’une voix tranquille, avoue :

– En effet.
– Je pense dans ce cas que nous pouvons arrêter l’entretien ici.

Le recruteur se lève, et d’une main ferme, serre elle de Monsieur Johnson.

– Bienvenue chez Netflix.

Publié le 29.07.2023 à 15:52

La bataille navale remportée par la cavalerie

On l’ignore trop souvent, mais l’une des plus grandes raclées navales de l’histoire fut causée… par de la cavalerie. Chose d’autant plus étonnante que l’affaire se déroula bel et bien sur les flots, et qu’aux dernières nouvelles, ce n’est pas là que l’on s’attend à trouver des hussards cuits à la gnôle chargeant sabre au clair.

Vous voulez en savoir plus et briller en société ?

Voici donc un nouvel épisode du Petit Théâtre des Opérations. Hop.

Bon visionnage.

Publié le 11.07.2023 à 20:57

L’IRE ENSEMBLE – MIDNIGHT SUN – EPISODE 5

Suite à un certain nombre de messages – cruels – exigeant la suite de Midnight Sun, me voici donc enfermé avec l’ouvrage maudit. Alors que je crains à tout moment de m’effondrer tel un personnage du Nom de la Rose après cette lecture interdite, c’est d’une main tremblante que j’écris ces lignes.

Pour ceux qui en ont besoin, je vous rappelle que l’épisode précédent est là.

Et de manière générale, rappelons où nous en sommes de l’intrigue : Edward le vampire-lycéen-attardé est attiré par Bella, la lycéenne-attardée-tout-court. N’étant pas trop sûr de comment exprimer son amour, il décide de se cacher tous les soirs dans la chambre de la donzelle pour la regarder dormir en marmonnant « Huuur, fifiiiiille. » Cependant, si Bella sait désormais que son sympathique courtisan est plus mort que vivant (mais pas de partout), Edward aimerait bien lui montrer son terrib’ secret.

Que veut-il lui montrer exactement ?

Bande de coquinous : lisons, mes bons !

Les rêves de Bella étaient agités.

Ainsi parle Edward, qui est donc, une fois de plus, est planqué dans un coin de la chambre de sa douce amie à la regarder se tortiller des heures durant. Oui, c’est probablement la douzième scène de ce genre, mais apparemment, l’auteure ne s’en lasse pas. Sûrement un fétichisme du sommeil, qui expliquerait pourquoi je pique du nez à chaque fois que j’ouvre cet ouvrage maudit des hommes et des dieux.

Bon, notez que si Bella a des rêves agités, c’est peut-être qu’elle est en pleine orgie onirique.

Je l’étais tout autant à la regarder gigoter et chuchoter mon prénom à l’envi.

Edward est donc « agité », lui aussi (je pense qu’il faut comprendre qu’il se pogne), et ça tombe bien puisque dans ses rêves, c’est lui qu’elle appelle.

Personnellement, j’aurais trouvé l’ouvrage beaucoup plus intéressant si, après des semaines à mater Bella toutes les nuits, Edward l’avait finalement entendue murmurer « Ooooh, Maître Gims !« . Ou, pour vraiment le surprendre, un truc du genre « Oh oui, vas-y Rex, prends-moi comme un boite de Canigou« .

Je pense qu’Edward serait passé immédiatement de l’érotisme surnaturel au banal dysfonctionnement érectile.

Mesdames, si à potron-minet vous vous réveillez et apercevez un vampire pogneur dans un coin de votre chambre, vous savez que marmonner en feignant le sommeil suffira pour le faire partir de chez vous, puis en thérapie.

Elle se réveilla à plusieurs reprises. La première fois, elle n’ouvrit pas les yeux et se contenta d’enfouir sa tête dans l’oreiller en gémissant.

Non, vraiment, ce livre a un problème.

Aucune mention, par contre, des passages où Bella se réveille, lâche un pet aussi tonitruant que méphitique, secoue les draps en gloussant et se rendort, pendant qu’Edward, tremblant, se demande ce qu’il vient de voir. Et maudit ses sens surdéveloppés.

Et ne me dites pas « Ce ne serait pas romantique » : Bella qui pète, ça reste quand même largement moins dérangeant que de décrire à longueur de pages les gémissements nocturnes d’une adolescente.

Heureusement, le jour finit par se lever et mettre fin à nos souffrances, et Edward a rendez-vous avec sa belle. Il n’a donc qu’à passer par la fenêtre en sens inverse pour se rendre à la porte, frapper, et faire mine qu’il vient juste d’arriver.

Quand bien même il porte encore ses vêtements de la veille, mais ça, Bella ne le remarque pas. Contrairement à Edward, qui lui, surveille tout.

Ce jour- là, elle avait mis un haut à col roulé brun foncé. Sans être étroit, il moulait ses formes, et le pull moche me manqua– il était plus sûr.

Plus sûr.

Parce que d’après Edward, hein, s’il arrive des emmerdes à Bella, c’est p’têt’ parce qu’elle s’habille un peu court, la gourgandine.

Non, vraiment, quel progressiste. Je comprends que des millions de lectrices aient chaviré pour lui. Cependant, j’exagère un peu. D’après ce que je vous raconte, on pourrait penser qu’Edward n’a que deux occupations dans la vie :

  • Mater Bella
  • Penser à mater Bella

Alors qu’évidemment, c’est faux. Tenez, en voici la preuve :

J’aurais aimé savoir à quoi ressemblait sa mère, et même quel modèle elle conduisait pour avoir une image plus précise de ma fantaisie.

Voilà : Edward a aussi des fantaisies concernant la mère de Bella. Et qui, visiblement, impliquent sa voiture.

Vous voyez ? Tout va bien : non, Edward ne pense pas qu’à Bella. Il pense aussi à sa mère, à qui il chuchoterait « Quand j’en aurais fini, tu pourras appeler Carglass« , tout en la hissant sur le capot d’une Ford Fiesta.

Rrrrr.

Passons sur ces scabreux commentaires, et suivons Edward, qui toujours très équilibré et après être rentré chez lui, discute avec sa famille de ce qu’il va faire de son weekend. Surprise : il ne va pas à une exposition sur l’art inca, non, figurez-vous, et vous ne vous y attendiez pas, qu’il va voir Bella. Ce qui donne lieu à quelques paris dans la famille.

L’enjeu était de savoir si Bella survivrait ou non à ce week- end.

« Ouiiii, booon, j’vais p’têtre la tuer, mais on peut en rire, non ? »

Le charme à l’état pur.

Edward, sur ces entrefaites, peut aller retrouver Bella pour papoter un peu.

— Tu es déjà allé à Phoenix ?
— Non, répondis- je en souriant.
— Ah oui, bien sûr. Le soleil.

Elle médita quelques instants avant d’ajouter :
— Il te pose un problème ?
— On va dire ça. Je ne comptais pas développer.

C’était un phénomène auquel il fallait assister pour le comprendre.

Alors.

Je spoile pour les deux du fond : rappelons que le secret d’Edward… c’est qu’il BRILLE au soleil. Voilà. C’est tout. Non, pas de phénomène magique ou mystique complexe : le mec se transforme en bande réfléchissante.

Mais pour lui c’est TROP COMPLIQUÉ À EXPLIQUER. Il faut y assister pour le comprendre !

C’est vrai que c’est complexe, comme notion. Pfoulala.

Bella n’a donc pas de réponse à ses questions, et la vie peut continuer avec… mais oui ! Encore plus de passages où Edward épie les nuits de Bella ! À ce stade, je pense pouvoir dire sans exagérer que ça représente bien 15-20% du livre.

Comme souvent, Bella marmonna mon prénom dans son sommeil, en souriant.

Edward ignore que dans son rêve, Bella est à un procès où des villageois demandent « Qui est le vampire parmi nous ? Que quelqu’un donne son nom, qu’on lui crame la gueule ! »

Toujours est-il que le lendemain matin, rebelote, Edward fait mine d’arriver à la porte de chez Bella alors qu’il a passé la nuit assis sur sa table de nuit à y laisser de grosses empreintes de fesses froides (je vous rappelle qu’il est mort).

Elle fonça jusqu’à la porte, se débattit un long moment avec le verrou

Pas les verrous, hein. Le verrou. Sachant qu’elle habite là.

Oui, pour Bella, même ouvrir une porte est une aventure. Sa vie est une perpétuelle partie de Donjons & Drogons.

Une vague curiosité me poussa à examiner sa tenue. Pour laquelle avait- elle opté ?

La police des mœurs veille : Edward, comme à son habitude, vient contrôler la longueur des jupes.

Sauf que attention, PLOT TWIST comme on dit au pays des gens qui appellent leur gare Trafalgar alors qu’il ne s’est jamais rien passé d’intéressant là-bas.

— Nous sommes habillés pareil !

C’est à ce moment-là que Bella aurait pu comprendre qu’Edward fouinait nocturnement dans sa chambre. Par exemple, en lui posant la question : « Edward, pourquoi portes-tu un de mes soutiens-gorge et l’une des mes culottes ?« 

Mais Bella n’est visiblement plus à ça près.

Elle fait d’ailleurs tellement aveuglément confiance à Edward qu’elle accepte de monter en voiture avec lui alors qu’il lui propose d’aller faire un tour… quelque part. Edward lui dit simplement qu’ils vont aller là-bas, « de l’autre côté de la chaussée » (Quel mystère ! Quel romantisme ! Ils vont traverser la rue !).

— Et qu’y a- t- il après la chaussée ?

Des bois déserts. Une absence totale de témoins. Un monstre.

On dirait une brochure du département des Ardennes.

D’ailleurs, Edward, qui est persuadé qu’il est trop dark, finit par se demander pourquoi Bella accepte de le suivre au fond des bois.

— Comment te débrouilles- tu pour ne pas voir que je suis le mal incarné ?

Bella aurait dû répondre : « Oh tu sais, si le mal incarné retape son bac depuis 75 ans, je pense qu’on peut dormir tranquille. »

Et Edward en connait d’ailleurs un rayon sur le sommeil de Bella.

Enfin : les voici arrivés en bordure d’un bois joli, où Edward explique qu’il va montrer son gros secret (ahem) à Bella. Et pour cela… il lui propose plusieurs heures de marche. Parce que vous comprenez, faire cent mètres et trouver un coin tranquille, c’est compliqué. Rien ne vaut trois bonnes heures de marche pour exactement le même résultat.

Bella fait d’ailleurs un peu la gueule.

— Je ne suis pas très bonne marcheuse, marmonna- t- elle. Il va falloir que tu sois très patient.

En effet : je vous rappelle que nous parlons du personnage qui passe son temps à se vautrer la gueule, même par temps sec et sur terrain plat, comme vu dans les épisodes précédents. L’emmener marcher dans les bois, c’est un peu comme emmener un malade de Parkinson dans un laboratoire de nitroglycérine.

Et le pire ? C’est qu’Edward le sait.

Gauche comme elle l’était, elle ne pouvait être à l’aise dans ces sous- bois.

« Eh eh eh, je vais la faire chier un peu. »

C’est tellement logique qu’on dirait du Art de Séduire.

Finalement, après beaucoup de marche et environ soixante chutes de Bella, notre duo arrive dans une clairière où Eward retire sa chemise. Bella se dit que ah ben merde, c’est pas trop tôt, enfin il se désape, je commençais à m’emmerder sec moi.

Sauf que tout ça… c’est pour aller se mettre au soleil. Et révéler son terrible secret :

Edward BRILLE AU SOLEIL.

On a donc le droit a de longs paragraphes de « Oh mon dieuuuuu je suis un monstre ! Comment pourrait-elle vouloir de moi, moi qui suis beau et musclé, maintenant qu’elle sait que j’ai la PEAU QUI BRILLE ?« 

Personnellement, je pense qu’il y a des choses un peu plus problématiques, comme le fait que tu sois complètement con et psychopathe, mais oui, oui, la peau qui brille, houloulou, là, c’est sûr, Bella va s’enfuir en hurlant.

Sauf que… ça alors, non !

— As- tu enfin peur ? chuchotai- je.
— Je n’ai rien vu d’aussi beau de ma vie. Je n’imaginais pas qu’il puisse exister une telle splendeur. Je la dévisageai, sous le choc. Je flamboyais sous l’effet du symptôme le plus flagrant de ma maladie. Au soleil, j’étais encore moins humain que le reste du temps, et elle me trouvait… magnifique !

MAIS QUELLE SURPRISE !

Une adolescente qui n’a pas peur des choses qui brillent ? Diego, apporte-moi une chaise que j’en tombe. Non, c’est une figure de style, Diego. Je… bon, Diego, oublie et va donc me chercher un cigare et un brandy, j’en ai bien besoin.

Edward n’en revient pas que Bella ne lui jette pas des pierres à la truffe en hurlant « à mort le monstre ! » et en est tout chamboulé. Il demande à Bella quelques instants pour se calmer en méditant sur la beauté de la clairière (si, si). Et en s’attardant sur quantité de petits détails pour occuper son esprit.

Comme :

J’ajoutai une opération à mes classifications. S’il y avait en cet instant quatre mille neuf cent treize insectes dans la clairière qui mesurait approximativement mille vingt- cinq mètres carrés, combien y en avait- il en moyenne au mètre carré dans le Parc national d’Olympic d’une surface totale de trois mille sept cents kilomètres carrés ? En comptant que la population des insectes diminuait de un pour cent tous les trois mètres d’élévation ? Invoquant mentalement une carte topographique des lieux, je m’attaquai à mes calculs.

J’aime beaucoup comme on tente de nous glisser « Vous avez vu comme Edward est intelligent » de manière subtile ?

On parle pourtant du type qui expliquait quelques chapitres plus tôt ne pas comprendre à quoi servait une limite de vitesse.

Et qui accessoirement, se lance dans un calcul absurde dont il prend bien soin de ne pas donner la réponse.

En attendant, il espère que Bella comprend qu’il est tout chamboulé.

Elle opina, une seule fois, et avec un peu de retard.

C’est touchant.

J’entends par là que c’est beau ces moments où ils sont réunis par ce qu’ils ont en commun : un sérieux retard. Edward, qui est bien conscient qu’il n’est pas le plus malin de la portée, décide de révéler à Bella d’autres spécificités de sa vie de vampire. Comme le fait qu’il est super balaise. Tiens, Bella ! Vois ce que je fais à cet arbre !

La branche la plus basse d’un vieil épicéa était à portée de main. Je l’arrachai sans effort dans une volée d’éclats de bois martyrisés. Je la soupesai– dans les cent vingt kilos. Pas assez pour l’emporter contre la ciguë qui poussait de l’autre côté de la prairie, mais suffisamment pour provoquer des dégâts. Je la lançai sur un nœud du tronc de ma cible situé à environ dix mètres au- dessus du sol. Je tapai en plein dans le mille, et l’extrémité la plus grosse de mon javelot improvisé explosa dans un bruit assourdissant, se désintégrant en copeaux qui dégringolèrent sur les fougères avec un sifflement ténu. Des fissures apparurent au niveau du nœud, s’étirant dans toutes les directions, et la ciguë trembla sur sa base, jusqu’aux racines. L’avais- je mortellement blessée ? Je ne le découvrirais que dans quelques mois. Avec un peu de chance, elle s’en remettrait.

Vous avez suivi ? Accrochez-vous parce que voici la phrase suivante :

Il aurait été dommage d’abîmer la perfection des lieux.

MAIS ?!

Oui Diego ! Oui, je hurle ! Mais regarde-moi ça ! On a ce gros singe pailleté d’Edward qui dit « Moi fort ! Moi casser arbre ! Puis prendre bout d’arbres et lancer partout pour casser encore plus ! » et qui conclut par « J’espère n’avoir rien abîmé ! »

Bordel, mais si tu veux montrer que tu es balaise, je ne sais pas moi, soulève un gros caillou ou à la limite, lance Bella directement histoire de nous faire gagner quelques chapitres ! Mais savater les bois en gueulant avant de conclure, le regard pensif « Ah, si je trouvais les petits salopards qui endommagent nos belles forêts », disons que ça donne aussi envie d’aller chercher une branche, mais pour en faire un pieu.

Bella, qui est aussi bête qu’Edward n’a cependant rien remarqué. Et écoute notre gros blaireau lui avouer son amour avec des trucs comme :

— Tu es désormais l’élément le plus important de ma vie. De toute ma vie.

Sachant que le mec est un mort, ça va, il ne s’engage pas trop.

Mais Bella ne relève pas. Et laisse l’autre couillon continuer à lancer des âneries du type :

— Je ne suis pas habitué aux émotions humaines. Est-ce toujours ainsi ?

Depuis le début du livre, le mec passe son temps à nous parler de ses émotions humaines, comme ses grosses colères ou ses obsessions pour les adolescentes maladroites (au hasard). Mais là, pif pouf « Euh, les émotions ? Connais pas. ». Mais là encore, Bella est toujours en train de baver en louchant et ne remarque pas que c’est complètement con. Et ça continue lorsque la donzelle lui demande :

— Tu vas te transformer en chauve-souris ?
[…]
— Celle-là, ce n’est pas la première fois qu’on me la sert.

Logiquement, là, la bonne réponse de Bella ensuite devrait être « Ah bon ? Tu veux dire que d’autres gens t’ont dit ça ? Attends, à combien de personnes as-tu révélé ta nature ? Je croyais que c’était un secret que tu n’avais jamais partagé ?« 

Mais Bella, barbotant dans un mélange de bave et d’urine, ne relève toujours rien, et surtout pas le niveau. Cependant, tout a une fin, y compris cette expédition au milieu des bois, et il est temps de rentrer. Sauf qu’en route, Bella ose :

— En chemin, je réfléchissais…

Hum. Pas très romantique, ça.

Oui, vous avez bien lu : Edward trouve que Bella fait chier quand elle réfléchit. Nous en sommes là. Ce qu’il attend de Bella, c’est donc qu’elle ne pense pas. C’est ça, le romantisme mes petits amis : une femme qui ferme sa gueule.

Ce n’est pas moi qui le dis : c’est le livre.

Mais alors que peut faire Bella ?

Je me remis debout et lui tendis une main que, cette fois, elle accepta sans hésiter. Je la hissai sur ses pieds. Elle tituba.

Mais oui : se vautrer, et manquer de se re-vautrer quand on l’aide à se relever.

Voilà qui résume bien l’intrigue.

Vivement la sui… non, rien.

Publié le 26.06.2023 à 15:49

Quatorze années au compteur

Ce 26 juin, ce blog fête ses 14 ans.

C’est donc officiellement un petit con. Il se lève à pas d’heure, traîne avec d’autres sites suspects (comme celui de monsieur le chien), et est en pleine crise identitaire car c’est un blog et qu’au collège, tout le monde se fout de lui car désormais il faut être un TikTok. C’est vous dire si ça va mal. Cependant, et comme le veut la tradition, l’anniversaire de ce site est aussi l’occasion de faire le point.

Je ne sais pas vous, mais cette image mélangeant modèle dépressif et anniversaire me laisse pantois. Qui a eu cette idée ? Pourquoi ? C’est absurde : c’est pour moi quand même.

Avec 568 articles et 51 vidéos, le site se porte bien et poursuit son rythme de croisière d’un article toutes les deux semaines. Certes, on est loin de l’époque d’un article chaque semaine, mais en même temps, c’est simplement que le patron publie désormais ses oeuvres sous d’autres formats, comme d’excellentes bédés, avec cette année la sortie du Petit Théâtre des Opérations tome 3 et son hors-série Toujours Prêtes, ou encore Un Coup dans les urnes, la suite de Sur les rails. Et tout cela, tout en continuant à bosser sur d’autres projets plus ou moins diaboliques, sans compter des passages à bord de bâtiments de la Marine Nationale pour expliquer à tout ce petit monde pourquoi on ne doit pas faire chier Albert Roche.

Bref, pas de repos pour le patron, qui n’a guère plus le temps de se délasser sur son matelas en stagiaires.

Passons maintenant aux questions.

Quid de Au Service de Sa Majesté la Mort ?

Après des années de suspens et de rebondissements improbables, l’éditeur a officiellement annoncé que le tome 3 ne se ferait pas chez lui. Le feu est donc vert pour passer par d’autres moyens pour l’éditer, on en reparle très vite je pense. En attendant, l’écriture a repris, le bout du tunnel approche !

Et A la Vie, à la Guerre ?

Je pense que le site web ALVALG vit sa dernière année d’existence. Et pour cause : si tout va bien, dans quelques mois sortira un autre ouvrage, lui bien en papier, qui racontera toute la guerre de 1914 à 1919. Ce ne sera pas A la Vie, à la Guerre, mais les connaisseurs reconnaitront peut-être quelques noms qui offriront ainsi une fin à tout ce petit monde pour ceux qui l’attendaient. Ah oui, on boucle les projets, on ne déconne plus.

Et le reste ?

Comment ça, le reste ? Eh bien, tout continue bien sûr ! Y compris l’avancement sur d’autres projets, dont on aura certainement l’occasion de reparler ici. Et les dédicaces, que vous pouvez suivre sur les réseaux sociaux. Prochainement, il sera donc question de Levallois (les 1 et 2 juillet), Saumur (14 et 15 juillet) et Coëtquidan (21 et 22 juillet). Vous voilà spoilés.

En attendant, laissez-moi un instant vous remercier, bande de margoulins, pour l’accueil de qualité que vous faites aux moyennement humbles productions du patron. Mais pas trop non plus, sinon vous allez commencer à croire que je suis sympa alors que bon, rappelons que mon mépris est aussi infini qu’éternel.

Passons, comme le veut la tradition, aux plus belles recherches ayant mené au blog cette année.

Photo porno vessie avatar

Qui n’a jamais rêvé de voir une vessie de Na’Vi ? Plus encore, dans un contexte pornographique ? J’imagine que la personne derrière cette requête recherchait une histoire impliquant une vessie peu fonctionnelle, une prostate qui l’était bien, et un appel à un plombier venu régler toute cette histoire de tuyauterie. Mais bleu, le plombier.

Trois étapes pour courrire comme kn ninja

  1. Mettez des sandalettes
  2. Enfilez un slip sur votre tête
  3. Lancez-vous, les bras bien en arrière

Et avez cela, vous courrirez comme un ninja jusqu’au dojo de Bescherelle-Sama, votre ennemi juré.

Sodomie wattpad

Je crois que quelqu’un cherchait à contacter le service client.

les filles fait les geste avec leur fesse pour on les drague videos fecbok 2016

Les filles, ces êtres extraordinaires qui peuvent communiquer par gestes juste avec leurs fesses. Chaque année se tient à Melun le championnat international de communication avec les fesses. La gagnante reçoit le titre officiel de porte-parole du gouvernement.

Voilà qui explique bien des choses.

donnez moi tous le dictionner de science de premier page jusqu’à la fin

Que l’on donne un dictionnaire à cet homme.

Entier, le dictionnaire

xprno x pardon

Quand tu veux demander du X, puis du porno puis encore du X à Siri mais que maman entre dans la chambre à ce moment-là.

Et le pire ? C’est que non seulement ce sont des vraies recherches, mais qu’elles ont véritablement mené jusqu’à ce blog. Je me sens un peu sale.

Bref.

En attendant, et pour rappel pour suivre ce blog une année de plus : la page Facebook est ICI, le compte Twitter, ,  la FAQ qui vous fera gagner du temps, est PAR ICI, quant à vos communications diverses, questions particulières et autres, c’est toujours PAR LÀ. Enfin, la chaîne Youtube est ici : Le Petit théâtre des opérations.

Enfin, et comme toujours, la tradition sera respectée : je descendrai donc dans l’arène des commentaires pour tenter de répondre à tout le monde. Et toucher une paire d’écrouelles, allez.

Voilà : en route pour une année de plus dans un monde qui va bien.

Publié le 12.06.2023 à 16:06

Le voisin, ce connard

À l’occasion des vacances, nombre d’entre vous vont quitter leur foyer pour se rendre, le temps de quelques jours ou semaines, dans un lieu où les attendent détente et loisirs. Du moins, sur le papier.

Car on l’oublie trop souvent, mais même en vacances, un parasite bien connu de nombre d’entre vous guette le touriste malheureux : le voisin. En effet, s’il est autorisé d’envoyer du Baygon en direction des frelons, mouches et autres moustiques venus pourrir votre séjour, pour des raisons qui m’échappent, la phrase « Passe-moi la bombe, je vais gazer le voisin » provoque encore des exclamations indignées.

Afin de correctement vous préparer à affronter ce parasite bien connu des peuplades urbaines, faisons le point sur les différents types de voisins.

Le voisin – définition

Si l’on s’en tient à la définition classique, est voisin « ce qui se tient à une petite distance de vous ». Prenons quelques exemples :

  • Jeanne vient d’emménager à côté de chez moi : elle est désormais ma voisine.
  • La maison de Jeanne est adossée à une grange : cette grange est voisine de chez elle.
  • Il y a un parachutiste anglais dans la grange : je vais en parler à nos voisins allemands.

On se souvient en effet que de 1940 à 1944, nos amis allemands avaient considérablement réduit la distance entre eux et nous, dans un esprit de voisinage qui fait chaud au cœur.

Est donc voisin tout ce qui est géographiquement proche de vous, de l’habitant de la demeure d’à côté en passant par votre téléphone, votre clavier, ou ma main approchant à Mach 2 de votre joue si jamais vous me corrigez sur la prononciation de Jul. En effet, on ne corrige pas ce qui ne se prononce pas. Jul ou Cthulhu, même combat.

Pour autant, il existe différents types de voisins. Nous ne parlerons pas du voisin sympa, cette licorne, pour nous attarder sur les nuisibles, qui comme toutes les créatures qui font chier le bon peuple, sont donc surreprésentés à Paris.

Mais voyons plutôt.

Le rat a par exemple pour voisin le Parisien. Ce qui l’embête tant le Parisien est sale.

Le voisin du dessus

Une légende africaine dit qu’il y a fort, fort longtemps, un éléphant un peu bourré s’accoupla avec un humain qui n’en demandait pas tant. Naquit de cette union un être ayant la forme d’un humain mais la masse d’un éléphant : le voisin du dessus.

Pesant entre 6 et 8 tonnes, le voisin du dessus se déplace avec la grâce d’un enfant de 18 mois. On distingue le mâle de la femelle par la présence de talons, qui sont portés du réveil au coucher. Les théories sur le sujet sont floues : l’animal est-il trop con pour retirer ses chaussures en rentrant ? Ou bien, à cause de son appartenance à la famille des éléphantidés, ses talons sont-ils naturels ? On me dira « Auquel cas, ils sont impossibles à retirer », mais vous savez, avec un 4X4, une disqueuse et des braconniers kényans, on fait des miracles.

Outre sa masse largement supérieure à ce que les apparences laissent deviner, le voisin du dessus ne s’entoure que d’objets intégralement constitués de billes, qu’il renverse entre une et six fois par jour. Que sont ces objets ? A-t-il des plantes en billes ? Le mystère reste entier, mais bordel, combien de trucs en billes peut-il renverser par jour ? Et comme il faut bien stocker les billes de rechange quelque part, le voisin du dessus passe son temps à monter et à déplacer des meubles. Du moins est-ce la seule explication quant aux bruits qu’il produit.

Contrairement à la notice Ikea, qui indique que monter un meuble prend de 30mn à une heure, le voisin du dessus a besoin de 1 à 4 jours pour y parvenir, et chacun de ses meubles nécessite 800 clous, qu’il plantera à des heures improbables.

Disposant de la dextérité de son imposant ancêtre, le voisin du dessus aura tendance à faire tomber tout ce qui lui passe dans les mains : clés, téléphones, chargeurs, etc. Et ce, plusieurs fois par jour. Sans compter ceux faits en billes (suivez un peu).

On raconte que si on enregistre 24 heures de la vie d’un voisin du dessus, celui-ci obtient aussitôt des indemnités d’intermittent du spectacle pour sa prestation constante de percussionniste.

Ce qui lui sera bien utile, puisque le voisin du dessus a une fâcheuse tendance à se reproduire très vite.

C’est que tous ces objets en billes ne vont pas se renverser tout seuls.

Mais si, vous savez, ces résidences qu'on vous vend en 3D avec des gens sympas et à vélo qui sourient partout.Ici, une migration de voisins du dessus (sous leur apparence véritable) suite à la construction d’une résidence mal insonorisée.

Le voisin du dessous

On dit qu’il y a longtemps, le voisin du dessous était un voisin du dessus. Mais après un conflit impliquant Dieu, Eve, un serpent, le syndic et Stéphane Plaza immobilier, il fut banni des sommets pour s’installer dans l’appartement au-dessous du vôtre. Déformé par la chute, rendu aigri par ce rejet, le voisin du dessous est aussi hideux que vil. Il vit dans l’obscurité, et n’attend qu’un mouvement pour se mettre à hurler que ce n’est pas bientôt fini ce bordel là-haut, merdalor !

Neuf fois sur dix, le voisin du dessous se plaint de choses qui n’existent pas (ce n’est pas comme si vous étiez un voisin du dessus). Il entend des objets qui tombent à des heures où vous n’êtes pas chez vous, assure entendre de la musique alors que vous utilisez un casque, voire vous affirme qu’il entend pleurer.

Le voisin du dessous est donc soit très con, soit capable de percevoir les fantômes qui hantent votre demeure (ses sens démoniaques se sont développés depuis qu’il a été banni du dessus). Contrairement au voisin du dessus, qui affirme qu’il porte des talons pour aller au travail, le voisin du dessous ne travaille pas. Grognant dans l’obscurité, il ne fait qu’attendre le moment où il pourra glapir que ça commence à bien faire.

J.R.R Tolkien, lors d’une interview, affirma d’ailleurs que le voisin du dessous l’a grandement inspiré dans ses oeuvres.

« J’avais besoin de monstres qui parlent à l’âme du lecteur. C’est pourquoi, lors de la scène des mines de la Moria, Pippin commet l’irréparable en faisant du bruit. Ce qui réveille les êtres des profondeurs, qui remontent pour régler la question. Ils sont menés par le Balrog, qui est bien évidemment une allégorie de mon syndic : lourd, incompétent, et toujours du côté des mecs du dessous. »

Tolkien avoua aussi que les Elfes étaient des voisins du dessus : pour chanter, il y a du monde, mais le jour où tu as besoin d’eux, paf, miraculeusement ils ne sont plus là.

Voisin du dessous après huit heures à fixer le plafond en attente d’un bruit dont se plaindre.

Le voisin d’à côté

De prime abord, le voisin d’à côté pourrait ressembler à n’importe lequel d’entre nous.

Apparence, famille, demeure… de l’extérieur, tout semble normal. Puis, on commence à repérer de petits détails qui clochent : bon dieu, mais combien de barbecues fait-il par an ? Combien d’amis a-t-il ? Pourquoi invite-t-il toujours et n’est-il jamais invité ? Et pourquoi parle-t-il toujours d’anniversaires ?

Rapidement, on réalise que le voisin d’à côté vit dans un espace-temps différent du nôtre. Son anniversaire revient toutes les trois semaines, à l’opposé des promenades de son chien, qui elles sont espacées de 8 ans, faisant que le roquet aboie toute la journée dans le jardin, dans l’attente d’un peu d’amour, d’attention, ou de calibre 12 (sur ce dernier point, j’ai toujours été généreux – et habile, tant c’est une cible petite et bondissante ).

Pour d’obscures raisons, le voisin d’à côté a une besoin maladif d’écouter de la musique fenêtres ouvertes. Et comme tous ceux qui ont cette pratique (voire emmènent une enceinte bluetooth en extérieur pour vraiment briser un maximum de glawis), ses goûts musicaux vont du mauvais au douteux en passant par ce qui vous donnera envie d’user du calibre 12 sur vos propres oreilles.

Lorsque le voisin d’à côté vit suffisamment longtemps, il fait construire une piscine. Or, comme chacun sait « Tout corps plongé dans une piscine se met à crier au lieu de parler« . Et comme il invite la moitié de la population de Reims chaque weekend, son jardin émet peu ou prou les mêmes bruits que mes soirées orgies.

On raconte cependant que certains individus auraient réussi à fraterniser avec le voisin d’à côté. Mais comme on finit par retrouver ces derniers dans la piscine dudit voisin d’à côté, peut-être sont-ce simplement des membres d’une espèce voisine.

J'avais besoin d'un exemple parlant, pas d'un truc qui peut attendre comme une opération à cœur ouvert. Le voisin d’à côté saura toujours sortir au même moment que vous pour vous tenir la jambe alors que vous partez faire un truc urgent, comme stranguler un TikTokeur.

Le voisin de plage

Imaginez une plage.

Imaginez qu’elle soit de la taille du Sahara.

Vous pensez que vous pourriez en profiter ? Non. Car rampant hors du sable tel un démon égyptien coiffé d’un bob, le voisin de plage n’a qu’une ambition : venir s’installer à côté de vous. Même quand il y a de l’espace pour bâtir sa propre civilisation à côté. Ce n’est pas qu’il vous aime : c’est juste qu’il trouve ça plus sympa. Surtout pour proposer à ses enfants un petit foot ou badminton, qui provoquera à coup sûr l’arrivée d’un ballon, d’un volant voire d’un joueur dans votre gueule.

Ne vous trompez pas : le voisin de plage vous veut du mal. Il a voué sa vie à la destruction du repos d’autrui (ce n’est pas un membre de la famille des voisins pour rien), et ne connaîtra son propre repos que dans la mort. Sinon, pourquoi diable vouloir s’installer à côté de vous ?

Équipé de tout le nécessaire du voisin mobile – il a évidemment une enceinte bluetooth – il reproduira près de vous tout ce que vous avez fui lors de votre départ en vacances loin de votre demeure de Maisons-Alfort.

Notez que cela peut aussi s’avérer utile.

Ainsi, si un jour, vous veniez à vous écraser en avion dans le désert, inutile de marcher en quête de secours. Arrêtez-vous, baillez, lancez à voix haute « Enfin un peu de calme », et aussitôt, une espèce de petit bâtard chamarré apparaîtra à l’horizon, serviette de plage sous le bras, pour venir s’installer juste à côté de vous.

Certes, il n’aura pour autant peut-être pas de réseau pour appeler des secours, mais si vous n’avez rien contre le cannibalisme, au moins, vous ne mourrez pas de faim.

Soyons sérieux, jamais ils ne demanderaient d'abord.« Oui bonjour, ça vous dérange pas si on fait une compétition de beach volley juste à côté de votre serviette ? »

Le voisin de camping

Autrefois, le voisin de camping était un simple parasite de soirée.

Il jouait de la guitare pour impressionner les filles, buvait de la bière tiède, et draguait en parlant de son plan pour traverser le Maroc avec une simple tente sur le dos. Le problème, c’est qu’après avoir échoué ses trois années de musicologie et deux d’arts du cirque, il a poursuivi dans cette voie. Et désormais, trop vieux pour les soirées étudiantes, il erre de camping en camping, sa tente et sa guitare sur le dos, en quête de familles innocentes à faire chier durant des heures avec les deux seuls morceaux qu’il connait sur son instrument du diable. Si papa et maman ont eu pitié, ils lui ont offert une moto avec laquelle il va et vient à toute heure du jour et de la nuit, sans but connu.

Parfois, suite à un malentendu, le voisin de camping s’est reproduit. Sa progéniture est alors facilement reconnaissable : c’est cet enfant qui erre seul sur son vélo dans tout le camping, toute la journée, le regard vitreux et sans expression. Vous voyez parfaitement de quoi je parle.

Il faut en effet dire que la pauvre bête n’avait aucune chance : quand le géniteur ne fonctionne que par phrases du genre « T’sais, ya trop de guerres, pas assez d’amour, t’vois ? » et autres « Chui allé en Afrique, t’vois, les gens, y z’ont le cœur sur la main, y s’contentent de peu, pas comme ici, t’vois ? », forcément, on finit avec le niveau intellectuel d’une soirée Miss France.

Soyez donc généreux : un bâton dans les rayons, puis un autre en plein cœur (c’est comme les vampires, on n’est jamais trop sûr), et vous épargnez au bestiau une vie de souffrances.

Faisant de vous, si je puis dire, des voisins sympas.

Ou éventuellement devant Monoprix.Si tu aimes les tentes et les guitares, ta place est à la Cour des Miracles.

Alors, cette année encore, et comme on dit dans la police : « Si c’est trop près, ça peut probablement se taser ».

Et pour reprendre Desproges, pas d’inquiétude : la preuve que le voisin est con, c’est qu’il pense que le voisin, c’est vous, alors que c’est lui.

Tssss.

Bon Pote
Mona CHOLLET
Julien DEVAUREIX
Cory DOCTOROW
EDUC.POP.FR
Olivier ERTZSCHEID
Nicole ESTEROLLE
Olivier EZRATY

Michel Goya
Hubert GUILLAUD
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