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Vigie de l’Anthropocène à l’École urbaine de Lyon. Un œil sur le Capitalocène & le Plantationocène, mon 3è œil sur le Patriarcalocène.

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15.10.2023 à 23:37
berenice gagne
Texte intégral (1471 mots)

Don’t look up

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L’été dernier, alors que je contemplais le ciel étoilé, j’ai été prise de vertige lorsque les étoiles se sont soudain mises à danser. Non, je n’avais pris aucune substance licite ou illicite ! J’ai vu, de mes yeux vu, une vingtaine d’étoiles peut-être, qui se déplaçaient de manière synchronique, toutes dans la même direction, ni trop vite ni trop lentement. J’ai ressenti une angoisse vertigineuse, comme si le sol se dérobait sous mes pieds. Sauf que là c’est le ciel qui se dérobait au-dessus de ma tête ! Pendant un court instant, j’ai compris la sidération d’une dinosaure voyant l’astéroïde foncer sur elle (même si une étude publiée fin septembre dans Science retient plutôt l’hypothèse d’un déclin déjà bien entamé de nos reptiles géants préférés, 300 000 ans avant l’impact de l’astéroïde, en raison du dioxyde de carbone et du dioxyde de soufre émis par une activité volcanique très intense dans les trapps du Deccan, du côté de l’Inde actuelle).
Bref, revenons à mes étoiles qui dansent. L’expérience troublante a duré à peine plus d’une minute mais elle a proprement renversé ma représentation du monde. Comme si j’avais perdu le Nord, ou plutôt l’Etoile du Nord. Ce moment infime a fait basculer ma boussole interne en me rappelant à ma condition terrestre, c’est-à-dire une créature errant sans véritable raison sur un caillou habité qui tourne, suspendu dans la nuit intersidérale.

“Frontier” (2019) © Josh Keyes

Heureusement Saint Google a su mettre fin instantanément à mes délires métaphysiques. Je venais simplement d’être témoin du déploiement par un fournisseur d’accès à Internet d’un train de satellites de télécommunications sur une orbite terrestre basse. Cette orbite basse qui offre l’avantage de réduire le temps de latence par rapport à l’orbite géostationnaire. Et alors, me direz-vous, à quoi ça sert ? Eh bien c’est primordial, notamment quand on veut regarder, n’importe où, n’importe quand et en toute fluidité, une série sur une plateforme de streaming. Et comme ce divertissement est devenu un besoin vital pour des centaines de millions d’abonné·es à travers le monde, les fournisseurs d’accès ont prévu de lancer dans les prochaines années plus de 500 000 satellites, selon un article paru dans Nature début octobre. Un article de Reporterre publié cette semaine relève le caractère vertigineux de ce chiffre, d’autant plus si on le met « en perspective avec l’histoire de l’aérospatial : entre le lancement du premier satellite artificiel, Spoutnik 1, en 1957, et 2017 — soit avant l’arrivée des premiers satellites Starlink –, l’humanité avait envoyé moins de 8000 objets dans l’espace, selon le décompte du Bureau des affaires spatiales des Nations unies ».

On ne connaît pas vraiment les conséquences de cette densification de l’orbite basse, elles ne sont pas encore toutes évaluées. Néanmoins une étude parue dans Nature en mai 2021 pointe d’ores et déjà 3 risques. Tout d’abord, la libération dans la haute atmosphère de grandes quantités d’aluminium, matériau qui compose principalement les satellites. En effet, la combustion des satellites en fin de vie lors de leur ré-entrée dans l’atmosphère dégage de l’oxyde d’aluminium qui menace directement la couche d’ozone, cette couche protectrice contre les rayons ultraviolets du soleil, comme l’indique l’archéologue de l’espace Alice Gorman.

2ème risque : la pollution lumineuse. La disparition de la nuit à cause de l’éclairage urbain est pointée du doigt depuis quelques années, notamment comme une menace pour la biodiversité. Avec ce qu’on appelle les « constellations de satellites », c’est le travail des scientifiques observant l’Univers qui est perturbé. En effet, de nouveaux satellites brillent plus intensément que les étoiles et rendent l’observation astronomique impossible. Une discussion est en cours avec les fabricants de satellites pour qu’ils réduisent leur luminosité en utilisant des matériaux antireflets.

Enfin 3ème risque, et pas des moindres : la prolifération des débris spatiaux — les lanceurs des fusées, les satellites inactifs ou encore les déchets provenant de l’explosion accidentelle ou de la collision d’engins spatiaux. En septembre 2023, l’Agence spatiale européenne recensait 36 500 débris spatiaux de plus de 10 cm, un million de débris mesurant entre 1 et 10 cm et 130 millions mesurant entre 1 mm et 1 cm. Ça paraît assez inoffensif un débris de 1 millimètre, mais rappelez-vous la scène inaugurale du film Gravity dans laquelle les deux protagonistes sont littéralement bombardés par une salve de déchets spatiaux. Interrogé par Le Monde, Christophe Bonnal, le président du comité débris orbitaux de l’Académie internationale d’astronautique, explique qu’« un objet en aluminium d’un millimètre de rayon, c’est l’équivalent d’une boule de bowling lancée à 100 km/h. A un centimètre, c’est une Renault Laguna roulant à 130 km/h et, à 10 centimètres, c’est une charge de 240 kg de TNT ». Avec la centaine de millions de déchets spatiaux orbitant autour de la Terre, le risque de collision est élevé et menace de déclencher une réaction en chaîne puisque chaque nouvelle collision ajoute d’innombrables débris et donc de nouveaux risques de collision.

Cette situation souligne la nécessité d’une régulation. Les pays du G7 se sont ainsi engagés en juin 2021 à « utiliser l’espace de manière sécuritaire et soutenable » en reconnaissant le « danger croissant des débris spatiaux et de la saturation de l’orbite ». Et Le Monde rapporte que le 2 octobre dernier, la Commission américaine des communications a infligé pour la première fois « une amende de 150 000 dollars à Dish Network pour avoir abandonné l’épave d’un satellite sur une orbite jugée dangereuse ».

Pourtant, un article publié en juin 2021 dans Science, Technology, & Human Values rappelle l’intérêt très récent que nous portons aux débris spatiaux, « un sous-produit autrefois accepté du progrès scientifique et technologique, des intérêts économiques et de la géopolitique ». La prise de conscience du risque qu’ils représentent coïncide, à vrai dire, avec le regain d’intérêt pour l’exploration spatiale interplanétaire. Ces débris spatiaux révèlent ainsi la dépendance de nos « techno-sociétés » à des infrastructures spatiales inextricablement liées aux infrastructures terrestres. Pour le dire plus simplement, maintenant, quand je regarde les étoiles, une question me turlupine : qui va descendre les poubelles ?


Chronique anthropocène - 11 octobre 2023 was originally published in Anthropocene 2050 on Medium, where people are continuing the conversation by highlighting and responding to this story.

09.10.2023 à 15:48
berenice gagne
Texte intégral (1585 mots)

Le droit de respirer

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En cet après-midi consacré à la créativité du droit dans l’anthropocène, j’ai envie de revenir à un droit élémentaire : le droit de respirer. Sur mon profil Twitter (enfin X quoi !), vous trouverez un poster produit par la NASA avec une esthétique savamment vintage qui met en scène un couple d’astronautes hétéros ayant déposé leur casque pour s’enlacer en contemplant un paysage de forêt terrestre. La scène surplombe le slogan : « La Terre, votre oasis dans l’espace, où l’air est gratuit et respirer est facile ». Il est vrai que les cyanobactéries ont été redoutablement efficaces il y a 2,5 milliards d’années pour libérer dans les océans du dioxygène par photosynthèse et provoquer ainsi « la grande oxygénation de l’atmosphère terrestre ». Mais c’était compter sans la prouesse autrement plus redoutable de notre espèce bipède dont le mode de vie a, en quelques décennies seulement, modifié la composition de l’atmosphère en émettant toujours plus de dioxyde de carbone (le fameux CO2). Alors que sa concentration oscillait entre 180 et 280 parties par million pendant des centaines de milliers d’années, il dépasse aujourd’hui les 425 ppm, soit une augmentation de plus de 42% depuis les débuts de la période industrielle. Et le plus inquiétant c’est que cette augmentation s’accélère, passant de 0,5 ppm par an il y a 50 ans à plus de 2 ppm par an sur la dernière décennie. Un phénomène qui va jusqu’à transformer notre état civil puisqu’on en vient à ne plus demander l’année de naissance d’une personne mais la quantité de CO2 dans l’atmosphère à sa naissance. Pour incarner cette accélération vertigineuse, laissez-moi vous présenter ma dynastie matrilinéaire qui débute en 1901 : mon arrière-grand-mère donc est née à 294 ppm, ma grand-mère à 305, ma mère à 312, moi à 332, tandis que mes enfants — qui n’ont que 2 ans d’écart — sont nés à 400 et 407 ppm.

Au-delà du dioxyde de carbone, la qualité de l’air que nous respirons est fortement compromise par des particules fines et du dioxyde d’azote, principalement issus de la combustion dans les moteurs, de l’abrasion des freins et des pneus et de la combustion de bois, de fioul et de gaz. Selon les chiffres publiés en 2016 par Santé Publique France, la pollution de l’air est responsable de 48 000 décès prématurées chaque année. De nombreuses pathologies sont également associées à l’air que nous respirons, des maladies respiratoires et cardio-vasculaires, aux AVC et aux cancers en passant par les troubles du développement chez l’enfant, les maladies neurodégénératives — comme la maladie d’Alzheimer ou la maladie de Parkinson –, le diabète de type 2 ou encore les troubles de la fertilité.

A celles et ceux qui croiraient encore que nous autres Terriens et Terriennes respirons tous et toutes le même air, je poserai cette question : avez-vous déjà remarqué que dans la plupart des villes européennes, les quartiers pauvres se situent à l’Est ? Savez-vous pourquoi ? Tout simplement parce qu’en Europe les vents dominants soufflent d’Ouest en Est. Une étude publiée en mai 2021 dans Journal of Political Economy montre qu’au début de l’époque industrielle, le vent soufflait ainsi généralement la pollution au charbon vers l’Est, incitant les plus fortunés à s’établir à l’Ouest des installations polluantes tandis que les terrains situés en plein courant d’air étaient les seuls abordables pour la classe ouvrière. Voilà comment la pollution de l’air a déterminé la morphologie même de nos villes modernes. Aujourd’hui encore, on ne respire pas le même air selon son statut social. Dans l’essai Pour une écologie pirate, paru début 2023 aux éditions La Découverte, la politologue Fatima Ouassak cite un rapport de 2021 publié par l’Unicef et le Réseau Action Climat « sur les liens entre pauvreté et vulnérabilité des enfants à la pollution de l’air. A Paris, les habitants les plus pauvres risquent 3 fois plus de mourir d’un épisode de pollution que les habitants les plus riches ». Selon elle, « la pollution de l’air est une question de territoire, mais c’est aussi une question de classe et de race, notamment parce que les populations descendantes de l’immigration ouvrière et postcoloniale vivent concentrées dans les territoires les plus pollués, où l’exposition au bruit et à la chaleur est la plus forte, où l’alimentation est la plus industrielle et où l’accès aux soins est le plus discriminatoire ».

Et que dire de celles et ceux que nous autres les « gens-du-sur-place » appellons les « gens du voyage ». Dans son ouvrage Où sont les «gens du voyage»? Inventaire critique des aires d’accueil, paru en 2021 aux Editions du Commun, le juriste William Acker recense les aires d’accueil en France et dévoile leur fréquente proximité avec des zones à risque sanitaire ou écologique — centrale nucléaire, déchèterie, usine ou encore station d’épuration. Une situation qu’il résume ainsi : « Si tu ne trouves pas l’aire d’accueil, cherche la déchèterie ». Sur les 1 358 aires d’accueil répertoriées, plus de la moitié sont polluées. Pour le juriste, « contrairement aux aires d’accueil des camping-cars situées en bord de mer, ou des campings municipaux installés dans les zones touristiques, la localisation des aires d’accueil dans des terrains systématiquement relégués et donc souvent pollués est un choix de l’État et des collectivités publiques ».

“They’re Going to Kill Me (New York City)” (2020) © Jammie Holmes. L’artiste rend hommage à George Floyd, assassiné par la police à Minneapolis le 25 mai 2020, en inscrivant ses dernières paroles dans le ciel.

I can’t breathe. J’arrive plus à respirer. Ce sont sans doute les dernières paroles d’Adama Traoré en 2016, de George Floyd en 2020 et de tant d’autres hommes perçus comme Noirs, comme non-Blancs ou comme non conformes à l’ordre dominant, tués par des policiers dans l’exercice de leur fonction en France, aux Etats-Unis et ailleurs. I can’t breathe, une expression devenue cri de ralliement contre les violences policières alors que le droit de respirer — le genre de droit qui ne devrait pouvoir être volé — est dénié à une partie de la population. I can’t breathe, le slogan de notre nouvelle ère ?

En avril 2020, alors qu’un virus s’attaquait à nos voies respiratoires, paraissait dans AOC — le quotidien d’idées en ligne –, un texte de l’historien et philosophe Achille Mbembe appelant à un « droit universel à la respiration », un droit inappropriable et fondamental pour le vivant dans son ensemble, c’est-à-dire « un droit originaire d’habitation de la Terre ». Dans un petit ouvrage qui vient de paraître chez Verdier et opportunément intitulé Respire, Marielle Macé postule que ce « droit universel à la respiration n’est pas uniquement le droit pour chacun de respirer dans des milieux dépollués ; non, c’est le droit à une vie respirable, c’est-à-dire désirable, une vie qui vaut la peine, une vie à laquelle tenir. C’est le droit d’attendre beaucoup de la vie : l’espoir de fraterniser dans la respiration, l’espoir de détoxiquer nos quotidiens et de respirer enfin avec les autres. Respirer avec, « conspirer » si l’on veut ».


Chronique anthropocène - 4 octobre 2023 was originally published in Anthropocene 2050 on Medium, where people are continuing the conversation by highlighting and responding to this story.

28.08.2023 à 00:48
berenice gagne
Texte intégral (821 mots)

J’ai rassemblé ici les références que j’ai croisées au cours de ces 4 dernières années à veiller (sur) l’Anthropocène. J’ai tenté de rendre compte de l’ensemble des champs du savoir qui ont constitué notre démarche. Cette bibliographie est toute personnelle, mes choix sont donc éminemment contestables. Elle n’est pas exhaustive, bien entendu, et je vous invite à la compléter en partageant les références qui manquent sur l’Anthropocène, le changement global et tous les enjeux qu’ils soulèvent.

Bonnes lectures !

« Sans titre (Je crois qu’il y avait une maison, il me semble y avoir vécu) » (2010) © Stéphane Thidet

📢 Retrouvez également mes revues de presse radiophoniques, les veilles thématiques sur les limites à la croissance, l’eau, les nouveaux outils économiques et les sols urbains, la veille spéciale sur l’œuvre de Bruno Latour et des chroniques originales à écouter ou à lire.

⏯️ Régalez-vous avec les 6 cours publics 2023 (et les précédents) de l’Ecole urbaine de Lyon (en live ou en replay) et la Radio anthropocène (en live ou en replay) !

On se retrouve sur Twitter (enfin X quoi), LinkedIn et Instagram!


LECTURES ANTHROPOCÈNES #2019-2023 was originally published in Anthropocene 2050 on Medium, where people are continuing the conversation by highlighting and responding to this story.

28.08.2023 à 00:35
berenice gagne
Texte intégral (12779 mots)

LECTURES ANTHROPOCÈNES #2019-2023

Tokyo, Ginza © Junya Watanabe

De facto, « Les villes accueillantes » (n°16 | Février 2020).

Ce numéro dévoile la relation consubstantielle entre les mobilités et les villes comme asiles, refuges pour refonder des lieux et des communautés. La « ville accueillante » va au-delà d’une affaire de migration et intègre les notions de « vivre ensemble », de « ville inclusive » ou « interculturelle ». Avec : Pascal Dubourg Glatigny, historien ; Michel Agier, anthropologue ; Cyrille Hanappe, architecte ; Filippo Furri, anthropologue, et Thomas Lacroix, géographe ; Stéphanie Dadour, historienne de l’architecture.

Mouvements, « Vive les communes ! Des ronds-points au municipalisme » (n°101, La Découverte, mai 2020).

Le mouvement des Gilets jaunes a remis la question démocratique au cœur du débat public : les élections municipales peuvent-elles constituer un débouché aux aspirations à repenser le « local » comme un espace politique à investir ? Ce numéro propose une lecture des expérimentations qui se déroulent aux quatre coins du monde depuis des décennies, du municipalisme au communalisme, et qui dégagent d’autres façons d’envisager la répartition du pouvoir à l’échelle locale.

COLLECTIF, Désurbanisme. Détruire les villes avec poésie et subversion, fanzine de critique urbaine (2001–2006) (Editions Le monde à l’envers, 2022).

« Espace dominé et structuré par le Capital, la ville offre un terrain de lutte et de critique du capitalisme. Publié de 2001 à 2006, Désurbanisme est un fanzine d’amoureux des villes passionnés par leur destruction, une boite à outils mêlant pensées et expériences critiques dans laquelle la lutte peut puiser du combustible ».

COLLECTIF DROIT A LA VILLE DOUARNENEZ, Habiter une ville touristique. Une vue sur mer pour les précaires (Editions du Commun, 2023).

« Ouvrage inédit, qui s’attache à décrire les mécanismes de touristification des villes côtières, cet essai montre comment ceux-ci mettent au ban une partie importante et précarisée des populations locales. Par sa faculté à renouveler nos perceptions de l’habiter au sein des villes touristiques, et ce depuis la situation de celles et ceux qui en subissent les évolutions, ce texte constitue un outil important pour penser le droit à la ville, le droit au logement et le tourisme de manière générale ».

Matthieu ADAM, Emeline COMBY (dir.), Le Capital dans la cité. Une encyclopédie critique de la ville (Éditions Amsterdam, 2020).

Une encyclopédie qui propose des outils pour comprendre, penser et agir sur les transformations urbaines en cours : le capitalisme a transformé les politiques urbaines en « véhicule de logiques managériales et financières qui ont conduit à l’explosion des inégalités sociales et spatiales. Reconfigurées selon des critères d’attractivité, les villes sont transformées en objets marketing à valoriser, tandis que leurs populations précarisées semblent vouées à évoluer dans un espace public toujours plus restreint et aseptisé, au fil de ses privatisations successives ».

Matthieu ADAM, Nathalie ORTAR (dir.), Becoming Urban Cyclists: From Socialization to Skills (University of Chester Press, 2022).

« Devenir un cycliste urbain nécessite une diversité de compétences et de connaissances acquises grâce à différentes formes de socialisation ». Anthropologues, géographes, linguistes, sociologues et urbanistes analysent les pratiques cyclistes au regard des parcours de vie individuels et des inégalités sociales et de genre à travers l’usage de méthodes qualitatives, quantitatives et mixtes et d’enquêtes de terrain menées en Australie, en France, en Allemagne, en Suisse et au Royaume-Uni « pour aider à comprendre les facteurs susceptibles de faciliter ou de freiner les pratiques cyclables urbaines ».

ADEME, Faire la ville dense, durable et désirable. Agir sur les formes urbaines pour répondre aux enjeux de l’étalement urbain (ADEME, 2022).

« Pour parvenir à l’objectif de Zéro Artificialisation Nette à horizon 2050, « refaire la ville sur la ville » en favorisant la densification constitue un levier clé. Concilier densité des populations, des activités et des services, sous certaines conditions, en garantissant la qualité de vie des citoyens en première préoccupation, constitue une des réponses à la limitation de l’étalement urbain et aux enjeux de résilience de nos territoires. Ce guide illustre des leviers actionnables par les collectivités territoriales et les acteurs de l’aménagement ainsi que des exemples inspirants et de projets déjà déployés pour accompagner et poursuivre cette dynamique dans les territoires ».

Félix ADISSON, Sabine BARLES, Nathalie BLANC, Olivier COUTARD, Leïla FROUILLOU, Fanny RASSAT (dir.), Pour la recherche urbaine (CNRS éditions, 2020).

L’ouvrage collectif et pluridisciplinaire résulte des travaux des journées de prospective nationale de recherche urbaine pour identifier des chantiers de recherche dans ce domaine à 10 ans sur les villes des Nords et des Suds. « En articulant les dimensions sociales, écologiques, politiques et matérielles, les recherches actuelles apportent de nouvelles connaissances sur les théories et définitions de l’urbain, les populations urbaines et la production de leur cadre de vie ».

Peter S. ALAGONA, The Accidental Ecosystem. People and Wildlife in American Cities (University of California Press, 2022).

Un ouvrage qui explique pourquoi et comment les villes des États-Unis se sont remplies d’animaux sauvages jusqu’à en compter plus qu’à aucun autre moment au cours des 150 dernières années. « Pourquoi tant de villes — l’écosystème le plus artificiel et le plus dominé par l’humain de tous les écosystèmes de la Terre — se sont-elles enrichies en faune sauvage, alors que celle-ci a diminué dans la plupart des autres régions du monde ? Que signifie ce paradoxe pour les humains, la faune et la nature sur notre planète de plus en plus urbaine ? » Et comment créer des écosystèmes urbains dynamiques ?

Sylvain ALLEMAND, Demain, les villes ? Paroles de chercheuses et de chercheurs (Presses universitaires de Rennes, 2022). Photographies de Myr MURATET.

« Malgré l’expérience que l’humanité a faite du confinement dans le contexte de crise sanitaire, elle continuera très probablement à vivre dans des espaces urbains plus ou moins denses. Mais les villes seront-elles telles qu’on les imagine, avec leur centralité, la concentration des fonctions et leur périphérie ? Éléments de réponse dans cet ouvrage, organisé autour d’un glossaire et d’entretiens avec des chercheuses et des chercheurs de différents horizons disciplinaires, mais qui n’en partagent pas moins un point commun : ils œuvrent avec la nouvelle Université Gustave Eiffel, qui a vocation à contribuer à une meilleure connaissance des « villes de demain », de leurs défis et des manières d’y faire face ».

Charles ALTORFFER, Traité d’urbanisme enchanteur (Editions Libel, 2021).

Roman graphique pour réfléchir sur les villes de demain : « comment repenser l’architecture urbaine de façon plus collective ? Comment réinventer nos villes, et plus globalement l’habitat sur notre vieille planète Terre, face aux défis du changement climatique ? ».

Hillary ANGELO, How Green Became Good. Urbanized Nature and the Making of Cities and Citizens (University of Chicago Press, 2021).

La sociologue enquête sur le verdissement de la vallée de la Ruhr en Allemagne pour comprendre les origines et le sens de l’engouement pour les espaces verts urbains. Elle montre que les urbanistes ont longtemps pensé que la création d’espaces verts entraînerait un progrès social, l’introduction de la nature en ville étant supposée répondre à des changements sociaux pour transformer les citoyen·nes en habitant·es modèles de villes idéales. Elle conclut que la création d’espaces verts dépend plus de la façon dont nous imaginons la vie sociale que des bienfaits qu’ils procurent réellement.

Nadia ARAB, Yoan MIOT (dir.), La ville inoccupée. Enjeux et défis des espaces urbains vacants (Presses de l’Ecole Nationale Des Ponts et Chaussées, 2020).

Les sociologues et urbanistes proposent une étude transversale des espaces urbains vacants qui apparaissent comme un problème croissant dans un contexte de transition écologique imposant de plus en plus fortement une limitation de la consommation de ressources foncières. L’ouvrage analyse également les modalités de réactivation et de revalorisation de ces espaces sans usages, au-delà de l’urbanisme transitoire.

Mario Alejandro ARIZA, Disposable City: Miami’s Future on the Shores of Climate Catastrophe (Bold Type Books, 2020).

Le journaliste, résident de Miami, raconte l’histoire de la préparation de la ville à la montée du niveau de la mer qui la submergera probablement d’ici la fin du siècle, en mettant particulièrement l’accent sur son impact social et économique. L’auteur dépeint non seulement les effets du changement climatique sur le terrain aujourd’hui, mais aussi comment l’avenir de Miami a été façonné par son passé et son présent racistes.

Béatrice BARRAS, Une cité aux mains fertiles — Quand les habitants transforment leur quartier (éditions REPAS, 2019).

C’est l’histoire des militant·es du développement coopératif en milieu rural qui composent la SCOP Ardelaine et installent son atelier de confection dans une cité HLM de la périphérie de Valence. Dans cette Zone urbaine sensible, ils et elles décident de vivre sur place et de partager leurs valeurs coopératives avec les habitant.es de la proximité.

Isabelle BARAUD-SERFATY, Trottoirs. Une approche économique, historique et flâneuse (Apogée, 2023).

Le trottoir « existe à peine d’un point de vue juridique, les urbanistes lui préfèrent la notion d’« espace public », moins associé à la prostitution et à la vie dans la rue, et les « rez-de-chaussée », qui sont le plus souvent des « rez-de-trottoir », effacent jusqu’à son nom. Il est aujourd’hui urgent de reconnaître toute la valeur de cet espace qui se raréfie sous l’effet des transitions numérique, écologique et sociétale — il est par exemple de plus en plus convoité par les opérateurs de trottinettes électriques, livreurs de colis, fontaines rafraichissantes, points de collecte de déchets, etc., sans oublier les piétons et les riverains. Entre public et privé, entre marchand et non marchand, le trottoir cristallise ainsi les principaux changements à l’œuvre dans la ville, et les « batailles du trottoir » qui se multiplient sont plus largement l’écho des débats sur le futur des villes ».

Rémi BARBIER, Philippe HAMMAN, La Fabrique contemporaine des territoires (Le Cavalier Bleu éditions, 2021).

« La référence au territoire est omniprésente dans le discours contemporain. Élus, acteurs politiques, médias… tous s’accordent à parer le « territorial » de toutes les vertus, sans pour autant définir clairement ce qui le constitue. C’est ce à quoi s’attachent les auteurs de cet ouvrage qui livrent ici un panorama circonstancié des problématiques contemporaines auxquelles les acteurs des territoires sont confrontés ou dont ils sont parties prenantes ».

Sabine BARLES, Marc DUMONT, Métabolisme et métropole. La métropole lilloise, entre mondialisation et interterritorialité (autrement, Les cahiers POPSU, 2021).

« Alors que le contexte actuel montre une raréfaction des ressources, une dégradation des milieux de vie et un dérèglement climatique, les métropoles mobilisent des ressources abondantes, d’origines proches ou lointaines, flux physiques de matières et d’énergie qui donnent à voir le métabolisme métropolitain. Une analyse qui s’appuie sur l’exemple de la Métropole européenne de Lille et qui conduit à révéler les interdépendances systémiques des métropoles, traversant les échelles et les périmètres institutionnels, entre voisinages et mondialisation. Elle questionne la capacité des politiques publiques interterritoriales à agir sur ce métabolisme ».

Vincent BEAL, Nicolas CAUCHI-DUVAL, Max ROUSSEAU (dir.), Déclin urbain. La France dans une perspective internationale (Editions du Croquant, 2021).

« Derrière la célébration médiatique du triomphe métropolitain, une autre imagerie se diffuse depuis quelques années: celle de villes, petites ou moyennes, aux commerces fermés, aux maisons en vente et aux rues désertées. Cette scénographie du déclin dévoile de manière spectaculaire le décrochage d’anciennes villes industrielles ou de territoires plus ruraux restés à l’écart des flux de l’économie globale. Issu d’un travail d’enquête et d’analyse minutieux, ce livre dépasse l’instrumentalisation du déclin par des visions manichéennes. Il éclaire la diversité de la marginalisation urbaine », rend compte des réponses qui y sont apportées et insiste sur les dynamiques sociales contrastées qui animent ces territoires. Et si ces villes constituaient des « laboratoires de politiques et pratiques alternatives, plus soucieuses de justice sociale et environnementale » ?

Vincent BEAL, Nicolas CAUCHI-DUVAL, Georges GAY, Christelle MOREL JOURNEL, Valérie SALA PALA, Sociologie de Saint-Etienne (La Découverte, 2020).

L’ouvrage aborde une réalité souvent occultée : celle des villes dont la situation s’éloigne des récits vertueux sur la métropolisation. Saint-Étienne apparaît comme l’une des grandes perdantes des transformations du capitalisme contemporain. Pourtant certains habitants et collectifs se saisissent des ressources de la ville pour renouveler les pratiques sociales.

Mark BEISSINGER, The Revolutionary City. Urbanization and the Global Transformation of Rebellion (Princeton University Press, 2022).

« Comment et pourquoi les villes sont devenues les principaux lieux des bouleversements révolutionnaires dans le monde contemporain ? ».

Vincent BERDOULAY, Olivier SOUBEYRAN, L’aménagement face à la menace climatique. Le défi de l’adaptation (UGA Editions, 2020).

« Comment l’adaptation est-elle invoquée face au caractère imprévisible des menaces qui pèsent sur nos sociétés ? À l’aide de l’exemple du changement climatique, cet ouvrage s’attache à montrer comment l’adaptation est pensée en matière de planification territoriale et environnementale et comment l’utilisation de notions comme la prévention, la résilience, la sécurité ou la préemption font à leur tour peser de graves menaces sur les libertés fondamentales ».

Augustin BERQUE, Mésologie urbaine (édition Terre Urbaine, 2021).

Mésologie : l’étude des milieux. Le géographe et philosophe en fait « une perspective qui traverse aussi bien les sciences humaines que les sciences de la nature. L’auteur nous invite à le suivre dans des réflexions sur le privé, le public, le commun à l’ère de l’Anthropocène dans un urbain généralisé. Sur ce point, l’analyse comparatiste qu’il mène entre Orient et Occident, s’avère lumineuse tant sur le plan des concepts que sur celui du décryptage de situations existentielles qui voient chacun, chacune, tenter d’inscrire son destin dans un lieu qui l’accueille sans aucunement le juger. Là, le lecteur comprend en quoi l’écoumène est bel et bien la possibilité d’habiter la Terre ».

Philippe BIHOUIX, Clémence DE SELVA, Sophie JEANTET, La ville stationnaire. Comment mettre fin à l’étalement urbain? (Actes Sud, 2022).

« Et si les villes n’avaient pas vocation à grandir éternellement ? Plus tôt nous protégerons nos terres agricoles, naturelles et forestières de l’artificialisation, plus grande sera notre résilience face aux risques et aux crises écologiques à venir. Au plus vite, les villes doivent — et peuvent — devenir stationnaires. Il ne s’agit pas de les figer, mais de les transformer et les embellir, d’exploiter l’immense patrimoine déjà bâti. Surtout, c’est notre rapport aux territoires qu’il faut faire évoluer, en favorisant la redistribution des services et des emplois, en œuvrant à une nouvelle attractivité des villes moyennes, des bourgs, des villages et des campagnes. Désormais les métropoles ne doivent plus attirer et grandir, mais essaimer ».

Thierry BRENAC, Hélène REIGNER (dir.) Les faux-semblants de la mobilité durable. Risques sociaux et environnementaux (Éditions de La Sorbonne, 2021).

« Les politiques de mobilité durable, légitimes au regard de la nécessaire transition écologique, ne sont pas dénuées d’angles morts ni de contradictions. Privilégiant l’amélioration du cadre de vie dans certains espaces, ces politiques sont paradoxalement porteuses de risques environnementaux et sociaux. Identifier ces risques, largement occultés, et en comprendre l’origine est une nécessité si l’on veut qu’ils soient pris en compte dans l’action publique. C’est l’objet de cet ouvrage, qui rassemble les contributions de géographes, d’économistes, d’urbanistes, de politistes, de psychologues, d’ingénieurs en transport ».

Nicolas BUCLET, Écologie territoriale et transition socio-écologique. Méthodes et enjeux (ISTE Editions, Smart Innovation, Volume 35, 2022).

Une approche interdisciplinaire fondée sur l’optimisation des flux (eau, énergie, déchets, etc.) qui accorde une place particulière « à l’analyse des interactions entre les acteurs à l’origine de la circulation des flux, ou influant sur elle. L’ouvrage insiste également sur la façon de relier les méthodes développées avec des principes politiques aptes à favoriser la transition socio-écologique ».

Lucius BURCKHARDT, Promenadologie. Se promener pour mieux voir (Flammarion, 2022). Traduction par Catherine Aubard.

« Le sociologue Lucius Burckhardt est l’un des premiers à remarquer, dans les années 1970, que la relation à notre environnement est en pleine mutation. Son intuition alors visionnaire est plus que jamais avérée aujourd’hui, alors que les nouvelles technologies et la crise écologique bousculent notre rapport au dehors. Avec la promenadologie, approche esthétique et sociologique de la promenade, l’auteur entend refonder notre compréhension du paysage et de l’espace urbain, afin d’en saisir la diversité et la beauté ».

Jean-Paul CARRIERE, Francesca DI PIETRO, Abdelillah HAMDOUCH, Amélie ROBERT, José SERRANO (dir.), Faire Nature en ville (L’Harmattan, 2021).

« À travers des réflexions historiques et des études locales, cet ouvrage nous plonge dans la nature des villes françaises, brésiliennes, portugaises. Espaces verts résidentiels, espaces verts publics, traversées urbaines des cours d’eau et espaces agricoles aux marges de la ville, les principales formes de la nature en ville sont présentées ici de façon critique. Une variété de cas d’études à travers lesquels des questions cruciales de l’urbanisme contemporain sont soulevées : la nature est un besoin humain fondamental, mais aussi un marqueur de la ségrégation socio-spatiale dans les villes ; des modèles de parcs et des formes urbaines de la nature en ville qui semblent universels, mais aussi une nature que les habitants s’approprient difficilement ».

Jean-Paul CARRIERE, Francesca DI PIETRO, Abdelillah HAMDOUCH, Amélie ROBERT, José SERRANO (dir.), La transformation urbaine au prisme de la nature (L’Harmattan, 2021).

« La ville transforme la nature, certes, mais la nature transforme-t-elle la ville ? Au-delà du consensus de façade que la nature en ville suscite, les auteurs s’interrogent sur la réalité de l’action publique en la matière. Dans quelle mesure la nature renouvelle-t-elle les politiques urbaines ? Les espaces semi-naturels en ville sont-ils conçus et réalisés pleinement comme une infrastructure urbaine ? Les usages informels de ces espaces par les habitants, usages qui témoignent de la diversité des fonctions des sols urbains, sont-ils simplement considérés par l’action publique ? La réflexion suit 8 études de cas en France, au Brésil et en Tunisie ».

Laurent CASTAIGNEDE, La bougeotte, nouveau mal du siècle? Transports et liberté (écosociété, 2021).

« Autrefois réservée à une élite, cette hypermobilité s’est progressivement répandue tel un virus en conquérant l’ensemble des territoires et classes sociales. Si la prolifération des transports motorisés promet confort, bonheur et liberté pour tous et partout, cette envie parfois pathologique de bouger n’est pas sans conséquence: accidents, pollution, étalement urbain, changements climatiques et risque épidémique… ».

Laurent CASTAIGNEDE, Airvore ou le mythe des transports propres. Chronique d’une pollution annoncée (écosociété, 2022).

« L’omniprésence des transports dans nos sociétés a imposé une telle culture de la mobilité motorisée qu’il est tentant de considérer ces machines comme une nouvelle génération de dinosaures énergivores et polluants. Dans une enquête historique et sociologique inédite et minutieuse, Laurent Castaignède retrace l’épopée de leur ascension et expose leurs impacts environnementaux et sociaux. L’expansion du parc motorisé ne donnant aucun signe d’essoufflement, l’auteur passe au crible les innovations en vogue pour en faire ressortir les limites. Il propose aussi un ensemble de mesures radicales mais pragmatiques qui permettraient de relever le double défi sanitaire et climatique ».

Samuel CHALLEAT, Sauver la nuit. Comment l’obscurité disparaît, ce que sa disparition fait au vivant, et comment la reconquérir (Premier Parallèle, 2019).

L’auteur « retrace l’histoire de la revendication d’un « droit à l’obscurité » concomitant au développement urbain et décrit la manière dont s’organise, aujourd’hui, un front pionnier bien décidé à sauver la nuit ».

François CHIRON, Audrey MURATET, Myr MURATET, Manuel d’écologie urbaine (Les presses du réel, collection Al Dante, 2019).

Ouvrage de deux écologues et un photographe, ce manuel propose un état de l’art du fonctionnement de la nature en milieu urbain. Il souligne les dimensions sociologiques, urbanistiques et politiques du lien entre le vivant et la ville.

Armelle CHOPLIN, Matière grise de l’urbain: la vie du ciment en Afrique (Métis Presses, 2020).

La géographe nous emmène dans une exploration de la filière ciment en Afrique de l’Ouest, au cœur de multiples enjeux politiques, sociaux et économiques. L’urbanisation très rapide du continent africain se traduit par une vogue des constructions en béton alors même que « des voix s’élèvent pour dénoncer une industrie cimentière aux effets destructeurs sur l’environnement ». L’autrice mène une enquête au plus près de son sujet, de la carrière de calcaire jusqu’au chantier, le long du corridor urbain de 500 km qui relie Accra, Lomé, Cotonou et Lagos, mais aussi au plus près des humains liés à cet « or gris » : « des géants du secteur, des investisseurs, des acteurs politiques mais aussi des maçons et des habitants qui construisent leur propre maison ».

Claudia CIRELLI, Fabrizio MACCAGLIA (dir.), Territoires des déchets. Agir en régime de proximité (Presses universitaires François-Rabelais, 2021).

« Du compostage collectif urbain aux ressourceries de ville, les initiatives pour ancrer le traitement des déchets dans la ville se multiplient en s’appuyant sur l’investissement des usagers. En confrontant les politiques menées en France et dans divers projets européens (Suède, Catalogne, Belgique), ce livre propose d’analyser en profondeur les expériences de la proximité dans le traitement des déchets : expériences des gestionnaires, des usagers, des militants écologistes ».

Philippe CLERGEAU (dir.), Urbanisme et biodiversité. Vers un paysage vivant structurant le projet urbain (Apogée, 2020).

L’idée majeur de cet ouvrage est d’aller plus loin que les services rendus par la nature en ville (notamment via la végétalisation) en plaçant les processus écologiques et la biodiversité au cœur du projet urbain : il s’agit dès lors de faire un écosystème urbain, de donner une place aussi importante au non-bâti qu’au bâti.

Benoit COQUARD, Ceux qui restent. Faire sa vie dans les campagnes en déclin (La Découverte,2019).

« À partir d’une enquête immersive de plusieurs années dans la région Grand-Est, Benoît Coquard plonge dans la vie quotidienne de jeunes femmes et hommes ouvriers, employés, chômeurs qui font la part belle à l’amitié et au travail, et qui accordent une importance particulière à l’entretien d’une “ bonne réputation “. À rebours des idées reçues, ce livre montre comment, malgré la lente disparition des services publics, des usines, des associations et des cafés, malgré le chômage qui sévit, des consciences collectives persistent, mais sous des formes fragilisées et conflictuelles ».

Stéphane CORDOBES, Xavier DESJARDINS, Martin VANIER (dir.), Repenser l’aménagement du territoire (Berger Levrault, 2020).

« La pensée aménagiste collective serait-elle en retard sur les transformations sociales, économiques, environnementales et culturelles qu’elle prétend réguler ? ». Une quarantaine de chercheurs, chercheuses et d’acteurs et actrices se sont retrouvés du 7 au 13 septembre 2019 au Centre culturel international de Cerisy-la-Salle pour questionner la pensée et l’action aménagistes.

Antoine COURMONT, Quand la donnée arrive en ville. Open data et gouvernance urbaine (PUG, 2021).

Fruit d’une enquête ethnographique au sein d’une collectivité française, le politiste analyse comment les pouvoirs publics locaux entendent gouverner les données pour gouverner leur territoire. Selon une approche de sociologie politique des données, il suit la chaîne des données, de leur production à leur mise à disposition puis leur réutilisation, pour analyser les recompositions de la gouvernance urbaine. Il ouvre le débat sur les manières dont les pouvoirs publics peuvent gouverner les données pour conserver la maîtrise du pouvoir sur la ville à l’ère du numérique.

William CRONON, Chicago, métropole de la nature (Zones sensibles, 2019). Traduction par Philippe Blanchard.

Paru en 1991 aux Etats-Unis et enfin traduit en français, ce classique, reconnu, cité et lu dans le monde entier est un ouvrage hors-norme, un livre sur Chicago et les Grandes plaines qui ne parle ni de Chicago ni des Grandes plaines mais de la façon dont la ville et la nature s’assemblent pour donner naissance à une métropole de rang mondial dans un contexte régional.

Federico CUGURULLO, Frankenstein Urbanism. Eco, Smart and Autonomous Cities, Artificial Intelligence and the End of the City (Routledge, 2021).

« Iconoclaste et prophétique, cet ouvrage est à la fois un examen de l’évolution de l’expérimentation urbaine à travers le prisme du roman de Mary Shelley, et une mise en garde contre un urbanisme dont le produit ressemble au monstre de Frankenstein : une entité fragmentée qui échappe au contrôle et à la compréhension humaine. Il raconte l’histoire d’expériences urbaines visionnaires, en faisant la lumière sur les théories qui ont précédé leur développement et sur les monstres qui ont suivi et qui pourraient être la fin de nos villes. Le récit est triple et se penche d’abord sur l’éco-cité, ensuite sur la ville intelligente et enfin sur la ville autonome, conçue comme un lieu où les technologies intelligentes existantes évoluent vers des intelligences artificielles qui retirent la gestion de la ville des mains des humains ».

Olivier DAIN BELMONT, Permacité. Réinventer la ville d’aujourd’hui (Editions Mardaga, 2021).

Version adulte de l’album jeunesse présenté un peu plus haut. « Comment réenchanter la ville pour que les écosystèmes humains et naturels vivent en symbiose ? Dans un contexte de crise écologique et démographique mondiale, marqué par une emprise toujours plus massive et destructrice de l’espace urbain sur l’environnement, Olivier Dain Belmont nous invite à repenser la ville et à libérer l’habitat pour s’y sentir mieux. Pour y parvenir, il s’appuie sur la permaculture qu’il décline dans le domaine de l’architecture, nous faisant ainsi découvrir la permacité ».

Julien DAMON, Toilettes publiques. Essai sur les commodités urbaines (Presses de Sciences Po, 2023).

« Sujet habituel de plaisanteries et d’agacements, les petits coins voient aussi converger une partie des grands problèmes du monde. Hors des domiciles, les commodités urbaines comprennent l’ensemble des toilettes ouvertes au public. Des efforts s’imposent pour les rendre plus accessibles, dans les villes riches déjà bien loties comme dans les bidonvilles du monde pauvre, qui en sont très mal dotés. Combien de centaines de millions de personnes sont encore contraintes à la défécation à ciel ouvert ? Les toilettes sèches, au nom du souci écologique, remplaceront-elles celles à chasses d’eau ? Les WC de demain seront ils déconnectés des réseaux d’égout et connectés à Internet pour les examens médicaux ? Comment offrir des conditions dignes face aux inégalités de toute nature ? L’analyse de ces défis conduit à dessiner les contours d’un droit aux toilettes, matérialisant une dimension concrète du droit à la ville ».

Laurent DAVEZIES, L’État a toujours soutenu ses territoires (Seuil, 2021).

« Les grands thèmes de protestation, largement relayés par les médias, tournent aujourd’hui autour de l’«explosion» des inégalités et de la «sécession» des grandes métropoles. Il est donc crucial de procéder à un état des lieux au regard de toutes ces revendications. «Abandon des territoires», vraiment ? De quelle «fracture territoriale» parle-t-on ? Car les métropoles, Paris, Lyon, Nantes ou Toulouse, sont de véritables poules aux œufs d’or pour les autres régions. En outre, les territoires dits «périphériques» bénéficient de mécanismes qui viennent compenser les pertes agricoles et industrielles qu’ils ont subies. D’où ce paradoxe : en dépit de la concentration croissante des richesses, les inégalités de revenu entre les territoires se réduisent depuis des décennies ».

Agnès DEBOULET, Sociétés urbaines. Au risque de la métropole (Armand Colin, 2021).

« 75 % de la population mondiale vivra en ville en 2050, soit près de 2 milliards de personnes de plus qu’aujourd’hui : face à cette internationalisation des flux et des migrations, les villes n’ont d’autre choix que de se restructurer, se rénover, et ces changements confrontent les citadins et les décideurs à des défis inédits. Cet ouvrage interroge la façon dont ces recompositions urbaines et sociétales majeures se donnent à voir et sont pensées par les décideurs et les habitants ».

Chantal DECKMYN, Lire la ville. Manuel pour une hospitalité de l’espace public (éditions Dominique Carré/La Découverte, 2020).

Un manifeste pour la ville. Un manuel pratique exposant « le bénéfice que représenterait pour tous, individuellement et collectivement, un espace public civil, favorisant la citoyenneté, l’égalité et la solidarité » (Le Monde, 20/11/2020).

Andrew DEENER, The Problem with Feeding Cities. The Social Transformation of Infrastructure, Abundance, and Inequality in America (The University of Chicago Press, 2020).

Une étude historique et sociologique du système alimentaire états-unien. Le sociologue met en lumière le système imbriqué d’agriculture, de fabrication, d’expédition, de logistique et de vente que représente chaque aliment. Il analyse la transformation du système alimentaire états-unien, passant en un siècle de l’approvisionnement de communautés locales à la nation tout entière, mais passant également de la satisfaction des besoins vitaux au dégagement de bénéfices. Il montre enfin que le développement du marché et des villes, et la construction des systèmes de distribution ont conduit à des infrastructures défaillantes et à l’émergence de « déserts alimentaires ».

Antonio DELFINI, Rafaël SNORIGUZZI, Contre Euralille. Une critique de l’utopie métropolitaine (Les Étaques, 2019).

La critique va bien au-delà du grand projet urbain Euralille (opération commerciale, immobilier tertiaire financiarisé) pour s’étendre à «l’utopie métropolitaine» et ses formes architecturales, ses imaginaires politiques, son délire sécuritaire et sa fermeture aux pratiques jugées non conformes et aux populations indésirables. L’ouvrage propose également un répertoire d’actions pour réinvestir les centres métropolitains et y bâtir des contre-utopies.

Kaduna-Eve DEMAILLY, Jérôme MONNET, Julie SCAPINO, Sophie DERAEVE (dir.), Dictionnaire pluriel de la marche en ville (Éditions L’Œil d’or, 2021).

« Faut-il vraiment faire 10 000 pas par jour ? Pourquoi dire aux enfants de regarder avant de traverser ? Comment gérer la foule lors des grands événements ? La trottinette va-t-elle supplanter les sprints pour attraper le dernier bus ? Les piétons sont-ils des automobilistes comme les autres ? La « rando » en ville a-t-elle de beaux jours devant elle ? La marche est-elle l’avenir de la mobilité urbaine ? Ces questions, parmi bien d’autres, traduisent d’importantes préoccupations liées à la vie urbaine, telles l’insécurité routière, la crise environnementale, les pathologies de la sédentarité, la mixité ou l’exclusion sociale ».

Tom DUBOIS, Christophe GAY, Vincent KAUFMANN, Sylvie LANDRIEVE, Pour en finir avec la vitesse. Plaidoyer pour la vie en proximité (l’aube, 2021).

« Pouvoir se déplacer de plus en plus rapidement grâce à la vitesse du train, de la voiture, de l’avion… a modifié nos modes de vie fondamentalement. Mais si voyager toujours plus loin, vite et à bas coût, au quotidien et pour les vacances, exauce les rêves de liberté et de découverte d’une partie croissante de la population mondiale, il y a un revers à la médaille ? : fatigue, stress, inégalités, fragilité du système, congestion et pollution. La récente révolution numérique n’a permis de diminuer ni les déplacements, ni le rythme de vie de nos contemporains. Est-il (encore) possible de sortir de l’emprise de la vitesse ? Les auteurs donnent sur le sujet un point de vue inédit et proposent de réorganiser le territoire pour permettre de vivre en plus grande proximité et répondre aux enjeux climatiques ».

Olivier DUCHARME, Ville contre automobiles. Rendre l’espace urbain aux piétons (Editions Ecosociété, 2021).

« L’automobile a transformé radicalement nos villes, au point de s’imposer comme l’étalon de mesure de la planification urbaine. Architectes et urbanistes ont embrassé cette vision de la ville qui mène à des espaces pollués, peu sécuritaires, et dont les infrastructures pèsent lourd sur le trésor public. Devant l’urgence climatique, le chercheur veut renverser ce modèle pour redonner au piéton la place qui lui revient. Il livre une charge pour sortir de nos villes ces « requins d’acier », qu’ils soient électriques ou à essence, et remettre la vie de quartier et le transport collectif au centre de l’aménagement urbain ».

Ludovic DUHEM (dir.), CRASH METROPOLIS : Design écosocial et critique de la métropolisation des territoires (T&P Publishing, 2022).

« L’ouvrage rassemble des chercheurs, des designers, des architectes, des urbanistes, des artistes, tous engagés dans les enjeux fondamentaux de la transformation urbaine contemporaine. Ils étudient et critiquent en particulier ceux liés à la métropolisation qui concentre les lieux de pouvoir, d’activités et de vie, créant de fait un déséquilibre avec les territoires non inclus. Le processus de métropolisation minore l’interaction des éléments écologiques et sociaux ».

Guillaume FABUREL, Les métropoles barbares (Le passager clandestin, 2019).

« La métropolisation implique une expansion urbaine incessante et l’accélération des flux et des rythmes de vie. Ce livre nous montre comment ces villes génèrent exclusion économique, ségrégation spatiale et souffrance sociale, tout en alimentant la crise écologique. Mais l’auteur brosse aussi le portrait d’une nouvelle société qui émerge hors des grandes villes, un possible plus réjouissant, décroissant et fertile. Dépassant la simple analyse critique, ce livre donne à voir la multitude et la force des résistances à l’extension sans fin du capitalisme dans nos vies, loin des métropoles barbares ».

Ludovic FAYTRE, Tanguy LE GOFF, Fragiles métropoles. Le temps des épreuves (puf, 2022).

« La plupart des grandes métropoles dans le monde vivent sous la menace permanente d’aléas naturels ou technologiques. D’autres enjeux de vulnérabilité se dessinent : dérèglement climatique, crise d’approvisionnement énergétique, crise économique mondiale… Densité extrême, bétonisation des sols, dépendance énergétique : ces fragilités nous interpellent sur la capacité des métropoles à se développer dans le futur. Croisant les regards d’historiens, d’urbanistes, de politistes ou d’anthropologues, cet ouvrage s’interroge sur ce moment inédit que nous venons de vivre où l’histoire nous a traversés. Il tire ainsi des premiers enseignements pour renforcer la capacité des grandes villes à faire face aux enjeux sociaux, sanitaires, économiques et écologiques ».

Michael FENKER, Isabelle GRUDET, Jodelle ZETLAOUI-LEGER (dir.), La fabrique de la ville en transition (Editions Quae, 2022).

« Cet ouvrage analyse les sphères politiques, professionnelles, citoyennes, scientifiques et médiatiques, qui se sont mobilisées et ont interagi pour négocier le tournant sociétal de transition écologique. Il rend compte des tensions qui se sont manifestées entre une approche de la ville écologique encore marquée par les logiques normatives et productivistes, et une autre fondée sur l’idée de sobriété et de capacité du citoyen-habitant à maîtriser la transformation de son cadre de vie. Dans un contexte économique très influencé par des logiques néolibérales, il questionne la notion même de « fabrique » qui s’est progressivement substituée à celle de production dans les domaines de la transformation urbaine depuis le début de ce troisième millénaire ».

Cédric FERIEL, La ville piétonne. Une autre histoire urbaine du XXe siècle ? (Editions de la Sorbonne, 2022).

« Explorant le sujet des années 1930 aux années 1980, Cédric Feriel démontre que la ville piétonne constitue depuis bientôt cent ans l’un des héritages méconnus de la ville contemporaine. Au même titre que les grands ensembles ou les villes nouvelles, elle est un terrain pour évaluer la manière dont les pouvoirs et les sociétés ont façonné l’urbain. Croisant les échelles d’analyse locale, nationale, transnationale, les sources archivistiques et les écrits théoriques sur la ville, l’ouvrage propose une relecture inédite de la relation des sociétés urbaines à la ville au XXe siècle, loin de la détestation supposée de la ville contemporaine ».

Carole GAYET-VIAUD, La civilité urbaine. Les formes élémentaires de la coexistence démocratique (Economica, 2022).

« Une enquête ethnographique montre que les citadins sont loin d’être indifférents à leur entourage public, qu’il s’agisse de faire l’aumône, se disputer, se livrer à la sociabilité pure ou encore perpétuer mais aussi combattre les discriminations » (La vie des idées, 14/12/2022).

Kian GOH, Form and Flow. The Spatial Politics of Urban Resilience and Climate Justice (MIT Press, 2021).

« Les villes du monde entier élaborent des stratégies pour répondre au changement climatique et s’adapter à son impact. Souvent, les résidents urbains marginalisés résistent à ces plans, proposant des “contreplans” pour protester contre ces actions injustes et excluantes. Kian Goh examine les réponses au changement climatique de 3 villes — New York, Jakarta et Rotterdam — et la mobilisation des groupes communautaires pour lutter contre les injustices et les oublis perçus dans ces plans. En mobilisant l’urbanisme et la politique spatiale socio-écologique, Goh révèle comment les visions contestées de la ville future sont produites et acquièrent du pouvoir ».

Ian GOLDIN, Tom LEE-DEVLIN, Age of the City. Why our Future will be Won or Lost Together (Bloomsbury, 2023).

« Pour rendre nos sociétés plus justes, plus solidaires et plus durables, il faut commencer par nos villes. La mondialisation et l’évolution technologique ont concentré les richesses dans un petit nombre de métropoles en plein essor, laissant de côté de nombreuses villes plus petites et alimentant le ressentiment populiste. Pourtant, même dans des villes apparemment prospères comme Londres ou San Francisco, le fossé entre les nantis et les démunis continue de se creuser et notre repli sur les mondes numériques déchire notre tissu social. Entre-temps, les pandémies et le changement climatique constituent des menaces existentielles pour notre monde de plus en plus urbain. Les auteurs combinent les leçons de l’histoire avec une profonde compréhension des défis auxquels notre monde est confronté aujourd’hui pour montrer pourquoi les villes sont à la croisée des chemins — et tiennent nos destins dans la balance ».

Sylvain GRISOT, Manifeste pour un urbanisme circulaire. Pour des alternatives concrètes à l’étalement de la ville (Dixit, 2020).

Pour sortir de l’impasse actuelle de l’étalement urbain qui menace notamment la souveraineté alimentaire, l’urbaniste consultant propose un « urbanisme circulaire dont les trois grands principes sont : l’intensification des usages (usage des lieux vacants, optimisation fonctionnelle des lieux utilisés, mixité des programmes et des temps d’occupation, etc.), la transformation de l’existant (surélévation, extensions, densification pavillonnaire, serres urbaines, etc.) et le recyclage des espaces (réhabilitation de friches, végétalisation d’espaces urbanisés, etc.) (Cairn, 27/07/2020).

Antoine GUIRONNET, Au marché des métropoles. Enquête sur le pouvoir urbain de la finance (éditions les étaques, 2022).

« En nous plongeant dans les allées et les coulisses du Marché international des professionnels de l’immobilier (MIPIM), Au marché des métropoles donne à voir comment la financiarisation de la ville se joue à travers « l’accréditation » des territoires par les investisseurs. Cette enquête menée entre Cannes, Paris, Londres et Lyon dévoile le rôle de la finance dans la transformation de pans entiers de nos villes. Elle constitue une contribution inédite à la critique des rouages par lesquels le capital étend son pouvoir sur nos vies quotidiennes ».

Jean HAËNTJENS, La Ville Frugale. Un modèle pour préparer l’après-pétrole (Rue de l’Echiquier, 2021).

« Les villes les plus audacieuses ont compris que la contrainte énergétique pouvait être une formidable opportunité de se réinventer en s’appuyant sur une autre vision de la cité de demain : celle d’une ville frugale, conciliant la satisfaction des besoins avec une économie de moyens et de ressources. Illustrant son propos par des exemples pertinents en France et en Europe, Jean Haëntjens explique le principe de ce modèle en l’appliquant de manière concrète aux différents composants de notre système urbain : la mobilité, l’aménagement de l’espace, l’accessibilité des services essentiels, etc. ».

Eric HAMELIN, Olivier RAZEMON, La Tentation du bitume. Où s’arrêtera l’étalement urbain ? (Rue de l’échiquier, 2020).

Réédition en poche de l’ouvrage paru en 2012 qui brosse un portrait vivant et sans concession de la bataille inégale entre la soif de bitume et les rares garde-fous susceptibles de contrer le phénomène : d’un côté l’artificialisation galopante des sols, l’étalement urbain, les centres commerciaux, les entrepôts et les parkings, de l’autre la densification urbaine et vitalisation de la ville existante, une gouvernance adaptée, des alternatives au tout-voiture et tout-parking, bref une amélioration de la qualité de vie sans gaspiller le territoire.

David HAPPE, Au chevet des arbres. Réconcilier la ville et le végétal (Le mot et le reste, 2022).

« Du modeste érable qui ombrage le parking d’une école au vénérable tilleul qui veille sur l‘entrée d’une bâtisse remarquable, les arbres des villes sont constamment confrontés à de multiples pressions qui réduisent leur espérance de vie. Mobilisée par ce constat inquiétant, une communauté de spécialistes intervient pour les préserver, les soigner puis les renouveler: les arbres sont leurs patients. Ce livre met en lumière l’activité de ces praticiens, peu nombreux en France, et propose au lecteur d’aller différemment à la rencontre de ces végétaux urbains »m.

Patrick HENRY, Des tracés aux traces. Pour un urbanisme des sols (Editions Apogée, 2022).

« Les débats sur l’objectif de Zéro artificialisation nette (ZAN) doivent-ils être compris comme une menace pour l’urbanisation ou au contraire une façon de rebattre les cartes ? Considérer les sols dans l’aménagement du territoire ne nous oriente-t-il vers de nouvelles coopérations entre les territoires et les acteurs concernés ? L’ouvrage ouvre des pistes pour étendre le domaine de l’urbain, définir un urbanisme de l’attention basé sur l’observation et l’interaction avec les sols ».

Anselm JAPPE, Béton. Arme de construction massive du capitalisme (L’échappée, 2020).

Un essai à charge contre le béton, et à travers lui contre l’architecture moderne et l’urbanisme contemporain qui auraient transformé le bâtiment en marchandise. L’enseignant de philosophie retrace l’histoire du béton et met en lumière l’impact néfaste que le matériau a eu sur les architectures et savoir-faire traditionnel·les, l’environnement et la santé.

JARDINS DES VAITES, Une lutte pour le vivant à Besançon (Editions 2031, 2021).

Récit d’une lutte contre la bétonisation de 34 hectares de jardins, zones humides, espaces naturels et maraîchers des Vaîtes, au cœur de Besançon, pour construire un projet d’écoquartier. Ce mouvement résonne avec d’autres résistances aux Grands Projets Inutiles et Imposés en France et dans le monde et dessine les formes d’organisation d’un “habiter autrement” la ville.

Darryl JONES, A Clouded Leopard in the Middle of the Road. New Thinking About Roads, People and Wildlife (Cornell University Press, 2022).

Ecologie routière : un état des lieux de moyens divers et innovants pour réduire les collisions entre animaux et véhicules et minimiser les risques de traversée des routes pour la faune.

Leïla KEBIR, Frédéric WALLET, Les communs à l’épreuve du projet urbain et de l’initiative citoyenne (Editions du PUCA, 2021).

Un ouvrage qui recense plus de 140 initiatives locales autour des biens communs et en analyse une dizaine de manière approfondie pour mieux saisir cette nouvelle approche de création et de gestion des ressources urbaines et territoriales. Accessible en ligne.

Roger KEIL, Fulong WU (dir.), After Suburbia: Urbanization in the Twenty-First Century (University of Toronto Press, 2022).

L’ouvrage s’appuie « sur des recherches menées en Asie, en Afrique, en Australie, en Europe et sur le continent américain pour présenter une étude mondiale complète sur la périphérie urbaine. Les auteurs et autrices rejettent explicitement la dichotomie traditionnelle centre-périphérie et la priorité accordée aux épistémologies qui favorisent le Nord global. L’ouvrage met en avant la notion d’une réalité post-suburbaine dans laquelle la dynamique traditionnelle d’extension urbaine vers l’extérieur du centre est remplacée par un ensemble de développements contradictoires complexes ».

Leslie KERN, Ville féministe. Notes de terrain (les éditions du remue-ménage, 2022). Traduction par Arianne DesRochers.

« Kern s’attarde à la manière dont les relations de genre, de classe, de race et d’âge se déploient dans la ville. Elle nous invite à redéfinir et à nous réapproprier les espaces urbains. Comment rendre nos villes plus féministes ? Partant de son expérience quotidienne de citadine à différentes époques de sa vie (enfant, adolescente, étudiante, travailleuse, militante et mère), elle s’appuie sur les théories d’urbanisme, des travaux de géographes féministes et des références à la culture pop pour montrer comment une ville genrée qui s’embourgeoise exclut les populations marginalisées, mais également pour évoquer les possibles configurations d’une ville plus inclusive ».

Hannah KNOX, Thinking Like a Climate. Governing a City in Times of Environmental Change (Duke University Press, 2020).

Un enquête ethnographique menée en Angleterre, le berceau de la révolution industrielle, auprès de décideurs/euses, de politicien·nes, de militant·es, d’universitaires et de citoyen·nes pour comprendre les défis que le changement climatique pose à la production de connaissances et aux politiques publiques. Le changement climatique bouscule les limites administratives et bureaucratiques et invite à réinventer le social en termes climatiques.

Mickaël LABBE, Aux alentours. Regard écologique sur la ville (Payot, 2021).

« Ouvrons les yeux, portons attention à ce qui se trouve alentour. Notre maison, notre rue, notre quartier. Là où nous avons tissé des liens avec ceux qui nous entourent, avec ce qui nous entoure. Un endroit non seulement dans lequel on vit, mais dont on vit. Par-delà l’opposition entre la ville et la nature, l’urbain reste l’un des lieux indépassables et nécessaires pour une réinvention des manières d’habiter dans l’Anthropocène. Un territoire vivant coproduit par nous et par nos voisins non-humains. Faisons l’expérience de le voir comme « nature ». Arpentons-le, parcourons-le. Apprenons à le réhabiter ».

Mickaël LABBE, Reprendre place. Contre l’architecture du mépris (Payot, 2019).

« Quel est ce malaise que nous ressentons à la vue d’un banc «design» segmenté en places individuelles, de pics au rebord d’une vitrine, de grillages et de caméras tous azimuts ? Ce sont autant de symptômes de suspicion et de mépris de la ville à notre égard, autant de sensations de dépossession. Loin d’être une chose inerte, l’espace urbain formé par les urbanistes et architectes est politique, vivant et signifiant ».

Christine LECONTE, Sylvain GRISOT, Réparons la ville ! Propositions pour nos villes et nos territoires (éditions Apogée, 2022).

« Puisque l’essentiel de la ville de 2050 est déjà là, il est temps d’en assumer l’héritage et d’engager sa transformation. Comment faire ? En réparant la ville pour la rendre adaptable à nos envies et nos besoins. En bâtissant une ville qui donne envie d’y vivre ». En proposant « une vision courageuse de la ville, à la hauteur des enjeux du siècle. Une vision qui tienne compte de ses habitants comme du ménagement de la planète ».

Nicolas LEDOUX, Réinventer la ville (Le Cherche Midi, 2022). Illustrations de Benjamin Adam.

« Le livre développe 4 grandes thématiques : une ville qui donne toute sa place à la nature ; une ville bienveillante, à taille humaine ; une ville qui améliore les mobilités, où l’on se déplace moins et mieux ; et une ville frugale qui favorise une construction responsable et durable. On voit alors se dessiner une cité aux multiples villages, fluide, verte et décarbonée ».

Christian LEFEVRE, Gilles PINSON, Pouvoirs urbains. Ville, politique et globalisation (Armand Colin, 2020).

Un bilan critique de 5 controverses sur l’urbain : l’urbanisation généralisée, les rapports entre milieux urbains et capitalisme, les relations entre les villes et les États, la distribution du pouvoir dans la ville et la démocratie urbaine, et la gouvernance des espaces métropolitains.

Franck LIRZIN, Paris face au changement climatique (l’aube, 2022).

« En 2050, Paris aura le climat de Marseille aujourd’hui. Il y a donc urgence à adapter Paris à ce nouveau climat, en s’inspirant de l’architecture traditionnelle méditerranéenne et en intégrant toutes les nouvelles approches bioclimatiques. C’est ce à quoi nous exhorte Franck Lirzin, s’appuyant sur les dernières découvertes scientifiques et innovations technologiques afin de montrer les voies de l’adaptation climatique de Paris, et de créer une véritable capitale écologique, une « éco­topie » ».

Nicolas MAISETTI, Cesare MATTINA (dir.), Maudire la ville. Socio-histoire comparée des dénonciations de la corruption urbaine (Septentrion, 2021).

Un ouvrage qui analyse et compare les histoires de cités mal-aimées et stigmatisées : New York, Boston, Chicago, Glasgow, Montréal, Naples et Marseille. « Car il y a des villes où ces dénonciations sont plus fréquentes qu’ailleurs, des villes maudites qui finissent par avoir une mauvaise réputation ».

Hervé MARCHAL, Jean-Marc STEBE, Le pavillon, une passion française (PUF, 2023).

« Quoi qu’on en pense, la maison individuelle incarne depuis fort longtemps l’idéal résidentiel pour nombre de Français. Aujourd’hui, on en compte près de 20 millions en France sur un total de 34,5 millions de logements. En dépit des discours dénonçant l’étalement urbain, la défiguration des villages, la dénaturation des paysages, l’artificialisation des sols ou l’omniprésence de l’automobile et des infrastructures qui l’accompagnent, cette passion française pour le pavillon avec jardin et garage est loin d’être remise en cause. Ne sommes-nous pas là en présence d’un tournant anthropologique ? »

Solène MARRY (dir.), Intégrer l’économie circulaire. Vers des bâtiments réversibles, démontables et réutilisables (Editions Parenthèses, 2022).

« Cet ouvrage collectif, coordonné par l’Ademe, présente un « benchmark » des initiatives européennes et met en lumière les grands enjeux de la circularité dans le secteur de la construction, en même temps qu’il pose un cadre de définition et d’indicateurs. Il a pour ambition de capitaliser les expériences pionnières et de les diffuser afin d’encourager ces pratiques d’avenir ».

Shannon MATTERN, A City Is Not a Computer. Other Urban Intelligences (Princeton University Press, 2021).

Les modèles informatiques d’urbanisme promettent de nouvelles fonctionnalités urbaines et de nouveaux services. Pourtant ils réduisent notre compréhension de la ville qui est façonnée par une myriade d’intelligences locales et indigènes ainsi que d’institutions du savoir. Ces ressources sont indispensables pour compléter les modèles algorithmiques qui se répandent.

Aurélie MERCIER, Roelof VERHAGE (dir.), Lyon, métropole en mouvement (PUL, 2023).

« Cet ouvrage vise à comprendre comment la métropole de Lyon s’est constituée, mais aussi comment on y vit et quelles sont ses relations avec les autres territoires ».

Caroline MOLLIE, Des arbres dans la ville. L’urbanisme végétal (Actes Sud, 2020).

Nouvelle édition par l’architecte qui souligne le caractère ambivalent de la relation entre les humains et les arbres. Elle invite à dépasser la simple vision esthétique de l’arbre et de la végétation en général pour développer une véritable ingénierie du paysage.

Christian MOUGIN, Francis DOUAY, Marine CANAVESE, Thierry LEBEAU, Elisabeth REMY (coord.), Les sols urbains sont-ils cultivables ? (éditions Quae, 2020).

Un regard prudent sur la qualité des sols urbains et périurbains de plus en plus plébiscités pour du jardinage collectif, notamment à usage alimentaire : « la localisation des jardins suscite des interrogations en termes de risques sanitaires puisque nombre d’entre eux sont implantés sur des délaissés urbains, des friches industrielles ou le long d’infrastructures routières ou ferroviaires ». Une invitation à « débattre des connaissances, des enjeux et des orientations techniques relatifs aux sols (péri)urbains ».

Lewis MUMFORD, Écologie des villes (PUF, 2023). Traduction par Martin Paquot.

« Ce texte de Lewis Mumford de 1956, inédit en français, retrace l’histoire environnementale des villes et plus généralement de l’urbanisation, depuis leur apparition au Néolithique jusqu’aux mégalopoles du XXe siècle, en passant par les cités grecques, les villes médiévales et industrielles. Cette analyse du fait urbain se veut écologique : en quoi l’urbanisation modifie-t-elle l’environnement, transforme-t-elle les paysages et reconfigure-t-elle les territoires ? Il y est ainsi question des relations villes/campagnes et de la bonne taille des villes ».

Carl H. NIGHTINGALE, Earthopolis. A Biography of Our Urban Planet (Cambridge University Press, 2022).

« Une biographie d’Earthopolis, la seule planète urbaine que nous connaissons. Un tour d’horizon des villes du monde sur 6 continents et 6 millénaires, avec en point d’orgue les 250 dernières années, au cours desquelles nous avons considérablement étendu nos domaines d’action, d’habitat et d’impact sur la planète, nous exposant à de nouvelles conséquences dangereuses et ouvrant des perspectives de nouveaux espoirs. Ce livre expose les profondes inégalités de pouvoir, de richesse, d’accès au savoir, de classe, de race, de sexe, de sexualité, de religion et de nation qui caractérisent la planète urbaine. Il nous invite à nous inspirer des moments les plus justes et démocratiques du passé d’Earthopolis pour sauver son avenir ».

Jean-Marc OFFNER, Anachronismes urbains (SciencesPo Les Presses, 2020).

Une déconstruction des dogmes hérités des Trente Glorieuses (qui continuent de gouverner les villes et les territoires) pour penser la ville de demain, mobile, connectée et soumise aux exigences environnementales.

Flaminia PADDEU, Sous les pavés la terre. Agricultures urbaines et résistances dans les métropoles (Seuil, 2021).

« Dans les friches des quartiers populaires, les jardins partagés des centres-villes et les potagers en lutte, l’agriculture urbaine permet de produire, de résister et d’habiter autrement. Issu d’une enquête au long cours dans le Grand Paris, à New York et à Détroit, ce livre porte sur les efforts collectifs d’associations et d’individus pour reprendre et cultiver la terre dans les métropoles. Au fil des récits recueillis et des parcelles arpentées, il restitue la pluralité des espaces et des pratiques socio-écologiques, et rend compte des alliances et des conflits qui se nouent autour du retour de l’agriculture dans les ruines du capitalisme urbain ».

Thierry PAQUOT, Mesure et démesure des villes (CNRS éditions., 2020).

Le philosophe de l’urbain soulève la question de l’habitabilité à travers les tailles idéales d’une ville. Elles sont liées au rapport équilibré dans les parcours et les accès aux services que peut offrir une ville à ses habitant.es.

Thierry PAQUOT, Demeure terrestre. Enquête vagabonde sur l’habiter (éditions Terre Urbaine, 2020).

« Le philosophe de l’urbain nous invite à nous demander ce que signifie habiter. Un questionnement qui sonde à la fois ce que nous sommes, mais aussi notre relation à autrui et notre façon d’être au monde » (Libération, 03/07/2020).

Chris PEARSON, Dogopolis. How Dogs and Humans Made Modern New York, London, and Paris (University of Chicago Press, 2021).

« Dogopolis affirme de manière audacieuse et convaincante que les relations entre l’homme et le chien ont été un facteur crucial dans la formation de la vie urbaine moderne. En se concentrant sur New York, Londres et Paris du début du XIXe siècle jusqu’aux années 1930, Pearson montre que les réactions humaines aux chiens ont considérablement remodelé ces villes et d’autres villes occidentales contemporaines ».

Philippe RAHM, Histoire naturelle de l’architecture. Comment le climat, les épidémies et l’énergie ont façonné la ville (Pavillon de l’Arsenal, 2020).

L’ouvrage invite à reconnaître le rôle essentiel des causes naturelles, physiques, biologiques ou climatiques dans l’histoire architecturale de la préhistoire à nos jours. « Pourquoi notre nature homéotherme a donné naissance à l’architecture ? Comment le blé a engendré la ville ? Comment les petits pois ont fait s’élever les cathédrales gothiques ? Ce que les dômes doivent à la peur de l’air stagnant ? Comment un brin de menthe invente les parcs urbains ? Pourquoi l’éruption d’un volcan a-t-elle inventé la ville moderne ? Comment le pétrole a-t-il fait pousser des villes dans le désert ? … Comment le Co2 est-il en train de transformer les villes et les bâtiments ? ». Cette relecture de l’histoire de l’architecture à travers les faits physiques, géographiques, climatiques et bactériologiques nous équipe pour mieux comprendre et affronter les défis environnementaux du monde urbanisé (Libération, 24/10/2020).

Olivier RAZEMON, Comment la France a tué ses villes (Rue de l’Echiquier, 2017).

« L’offensive délibérée de la grande distribution, en périphérie, tue les commerces du centre-ville et des quartiers anciens, et sacrifie les emplois de proximité. Mais les modes de vie sont fortement liés aux modes de déplacement. Ainsi, au-delà de la dévitalisation urbaine, cet ouvrage observe les conséquences, sur le territoire, de la manière dont on se déplace ».

Tyler REIGELUTH, L’intelligence des villes. Critique d’une transparence sans fin (Editions météores, 2023).

« Face aux multiples défis urbains, la ville est appelée à devenir « intelligente », smart. Son augmentation par des technologies numériques interconnectées et synchronisées promet d’optimiser les flux et de résoudre des problèmes en tous genres. Mais loin de simplement augmenter la ville, ces « solutions » promettent de produire un nouvel espace urbain qui serait parfaitement transparent et accessible en temps-réel, qui ne serait plus qu’une interface sans matière. À qui profite cette transparence et à quoi sert-elle ? En rematérialisant cette « transparence », ce livre propose une critique d’un discours contemporain qui ne semble tenir à rien et s’imposer partout ».

Claire RICHARD, Louise DRULHE, Technopolice : défaire le rêve sécuritaire de la safe city (369 éditions, 2021).

« Ce manuel nous emmène dans la ville de Marseille pour décrypter les dispositifs de surveillance numérique et automatisée qui s’y déploient. Il va à la rencontre du collectif Technopolice, dont les actions invitent à documenter la mise en place d’outils numériques à des fins de contrôle dans les villes françaises. En compagnie d’habitants du quartier de la Plaine, l’initiative œuvre à la réappropriation de l’espace urbain par celles et ceux qui l’habitent et affirme le droit à une ville vivante, humaine et conviviale ».

Alexandre RIGAL, Habitudes en mouvement. Vers une vie sans voiture (MétisPresses, 2020).

Pour aller vers une société post-automobile, le sociologue « part d’un postulat simple. Si l’on peut s’habituer à l’automobile, on peut également s’en déshabituer ». Il propose de privilégier des moments comme la jeunesse ou des déménagements pour procéder à une déshabituation de la voiture et s’entraîner à de nouveaux modes de déplacement (vélo, train, bus) pour créer de nouvelles habituations. La « valeur symbolique et rituelle du permis de conduire » pourrait également être affaiblie par un « permis de mobilité » qui marquerait le passage à l’âge adulte par un large accès aux mobilités actives et douces (la vie des idées, 13/01/2021).

Gillian ROSE (dir.), Seeing the City Digitally. Processing Urban Space and Time (Amsterdam University Press, 2022).

« Ce livre explore ce qu’il advient des manières de voir les espaces urbains à l’époque contemporaine, alors que tant de technologies permettant de visualiser les villes sont numériques. Les villes ont toujours été représentées, dans de nombreux médias et à des fins très diverses. Les technologies visuelles analogiques, comme les caméras de cinéma, étaient considérées comme créant une sorte de trace de la ville réelle. Les technologies visuelles numériques, en revanche, récoltent et traitent des données numériques pour créer des images qui sont constamment rafraîchies, modifiées et diffusées ».

Nathalie ROSEAU, Le futur des métropoles. Temps et infrastructure (MétisPresses, 2022).

« L’étude de 3 métropoles — New York, Paris, Hong Kong — permet d’approfondir les rapports au temps qu’entretiennent les villes et leurs infrastructures, construites pour durer alors même que leurs fonctions sont destinées à évoluer. Elle envisage les infrastructures dans une perspective située et transnationale et identifie, à la manière de l’archéologue, les traces visibles et invisibles de leur sédimentation. Les récits dévoilent les attentes d’une société au regard des temps à venir ».

Frédéric ROSSANO, La part de l’eau. Vivre avec les crues en temps de changement climatique (Editions de la Villette, 2021).

« Ce livre explore l’origine de la gestion des crues et la place déterminante qu’elle a occupée dans la construction de nos territoires. Après des siècles de travaux d’assèchement et d’endiguement, La Part de l’Eau présente les nouvelles stratégies spatiales, moins défensives et plus résilientes, mises en place ces dernières années pour restaurer, valoriser et habiter les paysages inondables, des vallées alpines de Suisse, France et d’Allemagne, aux plaines littorales néerlandaises ».

Max ROUSSEAU, Vincent BEAL, Plus vite que le cœur d’un mortel. Désurbanisation et résistances dans l’Amérique abandonnée (Grevis, 2021).

« Ségréguée, paupérisée et vidée, Cleveland est passée du statut de métropole florissante à celui de cauchemar urbain. Massivement démolis, ses quartiers noirs sont progressivement rendus à la nature. Les conservateurs y extraient les dernières richesses tandis que racisme et austérité avancent masqués derrière des algorithmes. De ce paysage dystopique, une vision alternative émerge pourtant : celle d’un futur agricole et coopératif. Dix ans après le crash déclenché par l’effondrement des subprimes, ce livre offre une plongée dans l’épicentre de la dernière crise globale. En donnant la parole à celles et ceux qui sont confrontés au déclin extrême, il cherche à éclairer l’Amérique urbaine abandonnée ».

Charlotte RUGGERI (dir.), Atlas des villes mondiales (Autrement, 2020).

« Grâce à plus de 90 cartes et documents inédits et originaux, cet atlas interroge l’avenir des villes, mégalopoles ou villes plus petites, en posant la question du renouvellement des modèles urbains ».

Joëlle SALOMON CAVIN, Céline GRANJOU (dir.), Quand l’écologie s’urbanise (UGA Editions, 2021).

« Cet ouvrage collectif interroge les différentes facettes de cette écologie qui s’urbanise, en proposant les perspectives croisées des sciences humaines et sociales, des sciences de la nature, ainsi que des gestionnaires urbains. L’objectif est de répondre à deux questionnements principaux en miroir. D’une part : Qu’est-ce que la ville fait à l’écologie ? En quoi fait-elle évoluer ses concepts, ses pratiques, ses imaginaires ? Et, d’autre part : Qu’est-ce que l’écologie fait à la ville ? En quoi influence-t-elle la gestion et la fabrique urbaine contemporaine ? Pour répondre à ces questions, les contributions abordent des espaces et des échelles — parcs, jardins privés, friches, quartier, système urbain — de même que des objets de connaissance naturalistes — plantes, animaux, insectes, sols — très variés dans les villes de Berlin, Zurich, Genève, Lausanne, Paris, Strasbourg et Marseille ».

Richard SENNETT, Bâtir et habiter : pour une éthique de la ville (Albin Michel, 2019). Traduction par Astrid von Busekist.

Une analyse de la relation entre la ville — ce lieu construit — et la manière dont nous l’habitons. Ce lien plaide pour une éthique de la ville qui concilie justice et mixité et tient en un mot : l’ouverture ; à la fois, celle du bâti et celle des habitants.

Álvaro SEVILLA-BUITRAGO, Against the Commons. A Radical History of Urban Planning (University of Minnesota Press, 2022).

Une histoire alternative de l’urbanisation capitaliste à travers le prisme des biens communs. L’ouvrage souligne la manière dont l’urbanisation façonne le tissu social des lieux et des territoires, en faisant prendre conscience de l’impact des initiatives de planification et de conception sur les communautés ouvrières et les couches populaires. Projetant l’histoire dans le futur, il esquisse une vision alternative pour un urbanisme postcapitaliste, dans lequel la structure des espaces collectifs est définie par les personnes qui les habitent.

Clara SIMAY, Philippe SIMAY, La Ferme du Rail. L’aventure de la première ferme urbaine à Paris (Actes Sud, 2022).

« Comment les habitants, y compris les plus défavorisés, peuvent-ils devenir les acteurs de la transition écologique et sociale ? Comment envisager d’autres façons de travailler et d’habiter plus pérennes ? Comment partager plus équitablement les ressources d’un monde commun ? À ces questions, l’initiative citoyenne de la Ferme du Rail apporte des réponses concrètes. Première ferme urbaine à Paris, elle relocalise la production de fruits et légumes tout en permettant à des personnes en réinsertion de se loger et de travailler dignement. Construite en matériaux renouvelables par des artisans locaux, son architecture se fonde sur des liens retrouvés entre les territoires urbains et agricoles, entre les humains et le reste des vivants ».

Eric VERDEIL, Thomas ANSART, Benoît MARTIN, Patrice MITRANO, Antoine RIO, Atlas des mondes urbains (SciencesPo Les Presses, 2020).

Au-delà des discours sur les nombreux maux de la ville (inégalités, standardisation, disparition des mondes ruraux, artificialisation, îlots de chaleur, perte de la biodiversité, etc.), Eric Verdeil, chercheur en géographie urbaine, et son équipe rappellent que « les villes sont aussi notre bien commun, des lieux de production de richesses, d’innovation, de création culturelle, de solidarité et de résilience ». Les auteurs explorent les mondes urbains à travers de multiples champs hétéroclites : les mégalopoles (qui ne sont plus européennes) comme les petites villes, les sous-sols comme nouvelle frontière, la végétalisation, « le faible «ruissellement» de la prospérité économique des métropoles », l’accroissement des rythmes urbains dans les métropoles, smart cities et low tech cities, le multilinguisme à Toronto, l’insécurité perçue par les femmes» à Delhi etc. (Géographies en mouvement — Libération, 09/11/2020).

Pierre VERMEREN, L’impasse de la métropolisation (Gallimard, 2021).

L’historien livre une charge contre la métropolisation, un « phénomène de concentration de la production de richesses dans de très grandes agglomérations » né aux États-Unis et qui a transformé la France au cours des dernières décennies. L’auteur « retrace les étapes de cette nouvelle organisation du territoire autour de ses principaux pôles urbains » et alerte sur ses « retombées négatives » : « une éviction des classes moyennes et populaires des métropoles, renvoyées dans une « France périphérique » appauvrie » et « les dégâts écologiques causés par le béton-roi, la démultiplication des infrastructures nécessaires à l’approvisionnement et au fonctionnement des métropoles et l’usage massif de l’automobile imposé à leur périphérie ».

Serge WACHTER, Dominique LEFRANÇOIS, Gouverner avec les habitants (Editions Recherches, 2021).

« Cet ouvrage explore les mérites et les limites des nouveaux instruments visant à favoriser la participation citoyenne aux politiques d’aménagement. À travers une enquête anthropologique sont aussi examinés les barrières et les moyens possibles d’une amélioration de la prise en compte de la parole citoyenne dans les quartiers marginalisés. Ces réflexions esquissent des voies pour la mise en place de formes nouvelles de la démocratie locale ­permettant de gouverner avec les habitants ».

Joëlle ZASK, Se réunir. Du rôle des places dans la cité (Premier Parallèle, 2022).

L’autrice « enquête sur les conditions matérielles qui rendent l’exercice de la démocratie possible. Car « en démocratie, plus on se réunit, plus grandes sont nos libertés, plus les institutions qui nous protègent sont fortes » ».

Joëlle ZASK, Zoocities. Des animaux sauvages dans la ville (Premier Parallèle, 2020).

La philosophe enquête sur les kangourous qui arpentent les rues australiennes, ou les coyotes, celles de New York. Elle « propose une expérience de pensée. À quoi ressemblerait une ville dans laquelle les distances et les espaces rendraient possible la coexistence avec les bêtes sauvages ? Une ville qui ne serait plus pensée contre les animaux, ni d’ailleurs pour eux, mais avec eux ? ».


URBAIN was originally published in Anthropocene 2050 on Medium, where people are continuing the conversation by highlighting and responding to this story.

28.08.2023 à 00:34
berenice gagne
Texte intégral (3699 mots)

LECTURES ANTHROPOCÈNES #2019-2023

“Home, no home” © Paul Rosero Contreras

Glenn ALBRECHT, Les émotions de la Terre. Des nouveaux mots pour un nouveau monde (Les Liens qui Libèrent, 2020). Traduction par Corinne Smith.

Spécialiste mondial de l’étude des émotions ressenties envers la Terre, inventeur de la « solastalgie », le philosophe de l’environnement explore les émotions qui accompagnent les bouleversements environnementaux actuels et notre relation au vivant. Il crée de nouveaux concepts qui décrivent les liens intimes entre notre psyché et la Terre pour modifier radicalement notre perception du monde, de notre avenir, et de notre place au sein du monde vivant. Une invitation à mobiliser nos émotions pour qu’advienne une nouvelle ère dont le nom est une belle promesse : le Symbiocène.

Gil BARTHOLEYNS, Manuel CHARPY, L’étrange et folle aventure du grille-pain, de la machine à coudre et des gens qui s’en servent (Premier Parallèle, 2021).

« Grille-pain, machine à coudre ou à laver… Chaque foyer occidental possède une centaine d’appareils ; des objets techniques qu’on utilise sans savoir comment ils fonctionnent. Ce livre propose de les ouvrir et d’explorer la façon dont ils ont bouleversé la vie quotidienne depuis le XIXe siècle, en ville comme à la campagne, en Europe et à travers le monde. À rebours du grand récit des innovations, il s’agit ici de sonder les imaginaires et de pister les gestes de tous les jours ».

Laurent BEGUE-SHANKLAND, Face aux animaux. Nos émotions, nos préjugés, nos ambivalences (Odile Jacob, 2022).

« C’est l’histoire du lien très particulier que nous entretenons avec les animaux qui nous est contée dans ce livre. Il montre que nos relations avec eux, de l’attachement à la maltraitance, éclairent profondément notre identité et notre rapport à autrui ».

Flore BERLINGEN, Permis de nuire. Sous le règne des pollueurs-payeurs (Rue de l’Echiquier, 2022).

« Le principe pollueur-payeur autorise surtout les industriels à polluer en toute impunité — moyennant finance ! Face à l’appauvrissement démocratique auquel nous condamne le principe pollueur-payeur, l’autrice nous invite à faire le choix de la délibération et à nous inspirer plutôt du principe hippocratique primum non nocere (« d’abord ne pas nuire ») pour prendre soin de nos communs environnementaux ».

Flore BERLINGEN, Recyclage : le grand enfumage. Comment l’économie circulaire est devenue l’alibi du jetable (Rue de l’Echiquier, 2020).

L’autrice décrypte les promesses du recyclage, cette économie faussement circulaire qui entretient le mythe de produits recyclables à l’infini pour permettre de continuer à consommer. Elle propose de réfléchir au modèle industriel et économique que nous souhaitons et de rééquilibrer les efforts, moyens et financements investis en faveur d’une gestion des ressources véritablement pérenne.

Philippe BIHOUIX, Le bonheur était pour demain. Les rêveries d’un ingénieur solitaire (Seuil, 2019).

« Non content de tailler en pièces le « technosolutionnisme » béat, du passé comme du présent, ignorant les contraintes du monde physique et de ses ressources limitées, l’auteur questionne aussi les espoirs de changement par de nouveaux modèles économiques plus « circulaires » ou le pouvoir des petits gestes et des « consomm’acteurs », face aux forces en présence et à l’inertie du système. Une fois balayées les promesses mystificatrices ou simplement naïves, rien n’empêche de rêver, mais les pieds sur terre : nous pouvons mettre en œuvre, dès maintenant et à toutes les échelles, une foule de mesures salutaires ».

Laurent CASTAIGNEDE, Airvore ou le mythe des transports propres. Chronique d’une pollution annoncée (écosociété, 2022).

« L’omniprésence des transports dans nos sociétés a imposé une telle culture de la mobilité motorisée qu’il est tentant de considérer ces machines comme une nouvelle génération de dinosaures énergivores et polluants. Dans une enquête historique et sociologique inédite et minutieuse, Laurent Castaignède retrace l’épopée de leur ascension et expose leurs impacts environnementaux et sociaux. L’expansion du parc motorisé ne donnant aucun signe d’essoufflement, l’auteur passe au crible les innovations en vogue pour en faire ressortir les limites. Il propose aussi un ensemble de mesures radicales mais pragmatiques qui permettraient de relever le double défi sanitaire et climatique ».

Alix COSQUER, Le Lien naturel. Pour une reconnexion au vivant (Editions Le Pommier, 2021).

La chercheuse en psychologie environnementale s’interroge : « Et si nous étions incapables de changer durablement notre rapport à la nature… faute d’intérêt ? Et si notre sensibilité au monde naturel s’était définitivement émoussée ? Nos représentations tendent toujours à séparer l’humain de la nature : l’idéologie capitaliste a prospéré en faisant de l’exploitation du vivant un pilier fondateur, le reléguant à la marge de nos préoccupations ». L’autrice invite à « réactiver une sensibilité au monde pour adhérer, tant individuellement que, surtout, collectivement, à des valeurs, à des objectifs, à des savoirs qui mettent le vivant au cœur de notre vie ».

Sébastien DALGALARRONDO, Tristan FOURNIER, L’utopie sauvage. Enquête sur notre irrépressible besoin de nature (les arènes, 2020).

Les 2 sociologues enquêtent sur notre besoin d’ensauvagement, nous qui « vivons presque tous en ville » : « rêve d’une vie à la campagne, de congés au vert, de forêts urbaines. La perspective d’un effondrement, qu’il soit écologique ou pandémique, attise ce besoin d’ensauvagement. Idéalisée, la nature devient à la fois quête, refuge et solution face à une société de consommation qui manque de sens et détruit la planète ».

Jérôme DENIS, David PONTILLE, Le soin des choses. Politiques de la maintenance (La Découverte, 2022).

« Contrepoint de l’obsession contemporaine pour l’innovation, moins spectaculaire que l’acte singulier de la réparation, cet art délicat de faire durer les choses n’est que très rarement porté à notre attention. Ce livre est une invitation à décentrer le regard en mettant au premier plan la maintenance et celles et ceux qui l’accomplissent. Parce que s’y cultive une attention sensible à la fragilité et que s’y invente au jour le jour une diplomatie matérielle qui résiste au rythme effréné de l’obsolescence programmée et de la surconsommation, la maintenance dessine les contours d’un monde à l’écart des prétentions de la toute-puissance des humains et de l’autonomie technologique. Un monde où se déploient des formes d’attachement aux choses bien moins triviales que l’on pourrait l’imaginer ».

Cécile DESAUNAY, La société de déconsommation. La révolution du vivre mieux en consommant moins (Gallimard, 2021).

Un point sur les pratiques de « consommation responsable » et leurs limites pour questionner la place de la consommation dans nos sociétés, mettre en place de nouveaux imaginaires et des modèles alternatifs et repenser le rôle des pouvoirs publics et des entreprises.

Julien DOSSIER, Renaissance écologique. 24 chantiers pour le monde de demain (Actes Sud, 2019).

L’auteur « s’inspire de la célèbre fresque d’Ambrogio Lorenzetti, l’allégorie des Effets du bon et du mauvais gouvernement, réalisée à Sienne en 1338. Il a confié à Johann Bertrand d’Hy le soin de la transposer à notre époque, et nous équipe ainsi d’une feuille de route déclinée suivant vingt-quatre chantiers — allant de l’agriculture à la préservation des écosystèmes, en passant par la culture et les systèmes de gouvernance ».

Roger EKIRCH, La grande transformation du sommeil. Comment la révolution industrielle a bouleversé nos nuits (Editions Amsterdam, 2021). Traduction par Jérôme Vidal.

« Contrairement à l’opinion courante, le sommeil d’un bloc d’environ huit heures n’a rien de naturel. Cette manière de dormir ne s’est répandue que très récemment, dans le sillage de la révolution industrielle, à la faveur de la généralisation de l’éclairage artificiel dans les villes et de l’imposition d’une nouvelle discipline du travail. Auparavant, le sommeil était habituellement scindé en deux moments, séparés par une période de veille consacrée à diverses activités comme la méditation, les rapports intimes ou encore le soin des bestiaux ».

Alice ELFASSI, Moïra TOURNEUR, Déchets partout, justice nulle part. Manifeste pour un projet de société « zéro déchet, zéro gaspillage » (Rue de l’Echiquier, 2022).

« Depuis le début des années 2010, la démarche « zero waste » a le vent en poupe. Alors qu’elle est souvent perçue comme une action individuelle réservée aux classes sociales aisées et déconnectée des réalités des ménages les plus modestes, elle se doit désormais d’être évaluée sans complaisance. Partant d’une analyse critique des stratagèmes du modèle actuel « pollueur-gaspilleur », les autrices, de l’association Zero Waste France, jettent les bases d’un projet de société qui soit tout autant respectueux des limites planétaires que soucieux d’égalité. Dans un esprit de convergence des luttes, elles proposent, avec ce manifeste, une véritable alternative concrète et solidaire ».

Philippe GARNIER, Mélancolie du pot de yaourt. Méditation sur les emballages (Premier Parallèle, 2020).

Une série de courts textes qui évoquent ces petits objets a priori insignifiants — tubes, boites, bouteilles, sachets, flacons, pots, capsules — qui traversent notre vie et notre imagination. Un essai qui dresse l’historique de toutes les formes de récipients et pointe les ravages écologiques du packaging à usage unique.

Christian GOLLIER, Le climat après la fin du mois (PUF, 2019).

« Si la fin du mois passe avant la fin du monde, la responsabilité des citoyens envers les générations futures est cependant déjà engagée. Loin des sentiers battus, Christian Gollier exprime ses espoirs et ses doutes quant à notre capacité à relever le défi climatique. S’il dresse un constat implacable, il propose aussi des solutions économiques concrètes pour préserver l’avenir de tous ».

Nathalie GONTARD, Hélène SEINGIER, Plastique, le grand emballement (Stock, 2020).

Une enquête implacable sur le plastique par la chercheuse à l’INRAE pionnière des emballages biodégradables innovants : après 30 ans de recherche sur ce matériau, son recyclage et ses alternatives, elle appelle à un ralentissement de la consommation de plastique pour la réduire au strict nécessaire.

Jeanne GUIEN, Le consumérisme à travers ses objets. Gobelets, vitrines, mouchoirs, smartphones et déodorants (Editions Divergences, 2021).

« Les industries qui fabriquent notre monde ne se contentent pas de créer des objets, elles créent aussi des comportements. Ainsi le consumérisme n’est-il pas tant le vice moral de sociétés « gâtées » qu’une affaire de production et de conception. Comprendre comment nos gestes sont déterminés par des produits apparemment anodins, c’est questionner la possibilité de les libérer ».

Fabien HEIN, Dom BLAKE, Écopunk (Le passager clandestin, 2023).

« Le texte exprime une préoccupation caractéristique de la scène punk des années 1980 : celle de ne pas dissocier les problèmes environnementaux de l’ensemble des logiques économiques, sociales et politiques qui président à leur manifestation. La destruction de la planète est la conséquence d’une organisation sociale, voire d’une idéologie, qui induit un rapport prédateur au monde et qui passe par le consentement tacite de ceux-là mêmes qui devraient le combattre ».

Rob HOPKINS, Et si… on libérait notre imagination pour créer le futur que nous voulons ? (Actes Sud, 2020). Traduction par Amanda Prat-Giral.

Enseignant en permaculture, initiateur en 2005 du mouvement international des villes en transition, l’auteur invite à libérer notre imagination collective afin d’initier des changements rapides et profonds pour un futur meilleur.

Razmig KEUCHEYAN, Les besoins artificiels. Comment sortir du consumérisme (Zone, La Découverte, 2019).

« Comment couper court à la prolifération de besoins artificiels ? La réflexion s’appuie sur des chapitres thématiques, consacrés à la pollution lumineuse, à la psychiatrie de la consommation compulsive ou à la garantie des marchandises, pour élaborer une théorie critique du consumérisme. Elle fait des besoins “ authentiques “ collectivement définis, en rupture avec les besoins artificiels, le cœur d’une politique de l’émancipation au XXIe siècle ».

Mikaëla LE MEUR, Le mythe du recyclage (Premier Parallèle, 2021).

« Dans le nord du Vietnam, dans un village appelé Minh Khai, chaque jour arrivent par conteneurs des déchets plastiques venus du monde entier. Au début des années 1990, d’anciens paysans ont commencé à recycler, dans la cour de leur maison, ces matières exportées par les pays développés. Peu à peu, ce village est devenu un « village plastique », dont la prospérité est symbolisée par des maisons bourgeoises poussant sur des tas d’ordures. C’est cette histoire que ce petit livre raconte et sur laquelle l’autrice prend appui pour raconter la mondialisation des déchets et notre rapport à leur matérialité ».

Alice MAH, Plastic Unlimited. How Corporations Are Fuelling the Ecological Crisis and What We Can Do About It (Polity, 2022).

« Dans ce livre incisif, la sociologue révèle comment les entreprises de la pétrochimie et du plastique se sont battues sans relâche pour protéger et étendre les marchés du plastique. Qu’il s’agisse de nier les effets toxiques des plastiques sur la santé, de coopter des solutions d’économie circulaire pour les déchets plastiques ou d’exploiter les opportunités offertes par la pandémie mondiale, l’industrie a détourné l’attention du problème principal : la production de plastique. Les conséquences d’une croissance débridée du plastique sont pernicieuses et très inégales. Nous avons tous un rôle à jouer dans la réduction de la consommation de plastique, mais nous devons nous attaquer au problème à la racine : l’impératif capitaliste d’une croissance illimitée ».

Célie MASSINI, Antoine PELISSOLO, Les émotions du dérèglement climatique. L’impact des catastrophes écologiques sur notre bien-être et comment y faire face ! (Flammarion, 2021).

« Ce livre propose un état des lieux des troubles psychiques connus, ainsi qu’une réflexion sur la manière de faire face, individuellement et collectivement, aux changements qui nous attendent, afin d’imaginer des solutions pour demain. Car on ne peut résoudre un problème sans en connaître les données ».

Marine MILLER, La Révolte. Enquête sur les jeunes élites face au défi écologique (Seuil, 2021).

« Ce livre d’enquête et d’entretiens retrace la trajectoire de ces futures élites en colère qui, entre désertion et prise d’armes, ont changé leur vie pour mieux « construire le monde de demain » ».

Dorothée MOISAN, Les Ecoptimistes. Remèdes à l’éco-anxiété (Seuil, 2023).

« Refusant de céder à l’éco-anxiété, la journaliste est partie en quête de personnalités qui, bien qu’aux premières loges du désastre, trouvent des raisons de vivre, de lutter, et d’être heureux. Car effondrement ou pas, on peut garder la pêche ! C’est ce que révèlent ces portraits d’écologistes inspirants qui, non seulement ne cèdent pas à l’éco-anxiété, mais rebondissent par l’action, la créativité, le rire, la transmission ou l’engagement ».

Jussi PARIKKA, Anthrobscène et autres violences. Trois essais sur l’écologie des media (T&P Publishing, 2021). Traduction par Agnès Villette.

« Publiés en anglais respectivement en 2014, 2016 et 2019, ces trois essais sont traduits pour la première fois en français. Jussi Parikka, chercheur et spécialiste de l’archéologie des médias internationalement reconnu, propose une investigation géologique de la culture des médias, opérée à partir du rôle stratégique des minéraux et des terres rares. Avec l’Anthrobscène, Jussi Parikka se livre à une analyse critique de l’omniprésence du numérique dans nos vies et dénonce un désert environnemental. Il explore avec les médias (machines, dispositifs), les nécessités matérielles de leur fonctionnement et la toxicité des déchets que nous laisserons comme héritage géologique ».

Thierry RIPOLL, Pourquoi détruit-on la planète ? Le cerveau d’Homo Sapiens est-il capable de préserver la Terre ? (Le bord de l’eau, 2022).

« A la lumière des travaux les plus récents en psychologie, neurosciences, anthropologie, éthologie et économie », le professeur de Psychologie Cognitive et Sciences Cognitives analyse les raisons de nos dissonances cognitives : nous sommes « perpétuellement écartelés entre notre irrésistible propension à satisfaire des désirs toujours renouvelés et la conscience douloureuse que nos comportements ne sont pas compatibles avec la préservation de notre environnement. En réalité, derrière la sophistication de nos sociétés et de notre technologie, nous demeurons mus par des déterminismes psychologiques et biologiques archaïques qui font obstacle à la gestion rationnelle et lucide de la crise environnementale ».

Grégory SALLE, Superyachts. Luxe, calme et écocide (Amsterdam, 2021).

« Loin d’être anecdotique, la plaisance de luxe met en évidence la sécession sociale et le gâchis environnemental des plus riches. Forme contemporaine de la réclusion ostentatoire, miroir grossissant des inégalités, le superyacht nous conduit tout droit aux grandes questions de notre temps, y compris celle de la reconnaissance juridique de l’écocide. De la lutte des classes à la sur-consommation des riches, de l’évasion fiscale à la délinquance environnementale, de l’éco-blanchiment à la gestion différentielle des illégalismes : tirer le fil du superyachting, c’est dévider toute la pelote du capitalisme ».

Claudia SENIK, Sociétés en danger. Menaces et peurs, perceptions et réactions (La Découverte, 2021).

« Risques écologiques, économiques, politiques et géopolitiques : nos sociétés n’ont jamais été aussi convaincues de s’acheminer vers une série de catastrophes quasiment inévitables. Face à ces dangers, les réactions sont de plusieurs natures. Mais en majorité, les « décideurs » peinent à se mobiliser et les sociétés contemporaines semblent s’accommoder des menaces et des « poisons légaux » qu’elles s’infligent. Les études de cas réunies dans cet ouvrage collectif apportent des éclairages inédits aux interrogations d’un monde qui se sent en danger ».

Sonia SHAH, The Next Great Migration: The Beauty and Terror of Life on the Move (Bloomsbury, 2020).

La journaliste présente les migrations humaines et non humaines qui résulteront du dérèglement climatique comme parties intégrantes de l’histoire du vivant. A côté de récits émouvants de familles migrantes, elle analyse les migrations annuelles de certains oiseaux, la dissémination des graines, ou encore les déplacements d’animaux en quête de partenaires ou de nouveaux territoires pour mettre en évidence nos attitudes différentes vis-à-vis des migrations non humaines et humaines.

Agnès STIENNE, Bouts de bois. Des objets aux forêts (La Découverte, 2023).

« Ce récit sensible trace son chemin par-delà les procédés industriels et les pratiques de la sylviculture en interrogeant notre rapport intime à l’arbre et à nos espaces forestiers. Cet essai libre et multiforme, à la fois érudit, poétique et illustré — agrémenté de cartes géographiques réelles ou imaginaires, de croquis aquarellés et de photographies de compositions végétales –, nous invite à nous saisir d’un matériau modeste et populaire, à voir en lui l’arbre qu’il a été, et puis à faire un peu de science, un peu d’histoire, pas mal d’écologie et quelques pas de côté ».

Sofi THANHAUSER, Worn. A People’s History of Clothing (Pantheon, 2022).

« Thanhauser montre clairement comment l’industrie de la confection est devenue l’un des pires pollueurs de la planète et comment elle s’appuie sur des travailleurs et travailleuses régulièrement sous-payés et exploités. Mais elle nous montre aussi comment, aux quatre coins du monde, des micro-communautés, des entreprises textiles et des fabricants de vêtements redécouvrent des méthodes ancestrales et éthiques pour fabriquer ce que nous portons ».


SOCIÉTÉ was originally published in Anthropocene 2050 on Medium, where people are continuing the conversation by highlighting and responding to this story.

28.08.2023 à 00:31
berenice gagne
Texte intégral (2000 mots)

LECTURES ANTHROPOCÈNES #2019-2023

“Sculpture Print” (Woodcut, 2013) © Bryan Nash Gill

Julia ADENEY THOMAS, Mark WILLIAMS, Jan ZALASIEWICZ, The Anthropocene. A Multidisciplinary Approach (Polity, 2020).

Une approche pluridisciplinaire par des chercheurs et chercheuses en paléobiologie, paléoenvironnement et histoire pour appréhender l’Anthropocène dans toutes ses dimensions : après une exploration fine du concept géologique (changements physiques du paysage, réchauffement rapide du climat, transformation de la biosphère), l’ouvrage examine les questions politiques et éthiques de justice, d’économie et de culture. Il analyse également l’histoire et les possibilités d’atténuer les effets dévastateurs de l’Anthropocène.

Gero BENCKISER (dir.), Soil and Recycling Management in the Anthropocene Era (Springer, 2021).

Les monocultures des prairies, des terres arables et des forêts sont souvent surfertilisées par un apport artificiel d’azote, de lisier animal, de boues d’épuration ou de composts. La flore et la faune qui se sont adaptées à une pénurie d’azote dans le sol doivent donc s’adapter à un excédent ou disparaître.

Aurélien BOUTAUD, Natacha GONDRAN, Les limites planétaires (La Découverte, 2020).

Les deux scientifiques mettent en lumière les principales variables qui déterminent l’équilibre des écosystèmes à l’échelle planétaire afin de déterminer les frontières à ne pas dépasser si l’humanité veut éviter les risques d’effondrement : au-delà du climat et de la biodiversité, il et elle abordent également le déséquilibre des cycles biogéochimiques, le changement d’affectation des sols, l’introduction de polluants d’origine anthropique dans les écosystèmes ou encore l’acidification des océans.

Holly Jean BUCK, After Geoengineering: Climate Tragedy, Repair, and Restoration (Verso, 2019).

« L’ingénierie climatique est un projet dystopique. Mais alors que l’espèce humaine se précipite de plus en plus rapidement vers sa propre extinction, la géoingénierie en tant que solution temporaire, pour gagner du temps en vue de l’élimination du carbone, est une idée séduisante. Nous avons raison de craindre que la géoingénierie soit utilisée pour maintenir le statu quo, mais existe-t-il un autre avenir possible au-delà de la géoingénierie ? Existe-t-il des possibilités d’intervention délibérée et massive sur le climat qui soient démocratiques, décentralisées ou participatives ? ».

Nicolas BUCLET, Territorial Ecology and Socio-ecological Transition (ISTE, Wiley, 2021).

« Dans le même domaine que l’écologie sociale, l’écologie industrielle et l’économie circulaire, un nouveau champ interdisciplinaire se développe : l’écologie territoriale. Fondée sur l’analyse du métabolisme des sociétés humaines à l’échelle locale, elle nous aide à diagnostiquer un socio-écosystème. Ce diagnostic ne cherche pas uniquement à comprendre ce qui circule, mais aussi comment et pourquoi ça circule. Qui est à l’origine d’un flux ? Quelles sont les motivations ? ».

Jérôme GAILLARDET, La terre habitable. Ou l’épopée de la zone critique (La Découverte, 2023).

« Si les sciences humaines et sociales, autour de Bruno Latour notamment, ont largement investi le thème de l’habitabilité planétaire, les sciences de la Terre sont souvent restées discrètes à ce sujet. Pour la première fois, un géochimiste éminent, faisant dialoguer sciences expérimentales et philosophie, propose une exploration sensible et accessible de la partie de la planète abritant la vie ».

Alain GRANDJEAN, Thierry LIBAERT (dir.), Quelles sciences pour le monde à venir ? Face au dérèglement climatique et à la destruction de la biodiversité (Odile Jacob, 2020).

Un ouvrage conçu par le Conseil scientifique de la Fondation Nicolas Hulot qui « a patiemment démêlé l’écheveau d’intérêts particuliers et de modes de pensée obsolètes qui mènent à s’opposer systématiquement aux avancées de la science et à maintenir un commode statu quo (business as usual et « après moi le déluge »), même lorsque l’avenir de la planète est en jeu ».

Morgan JOUVENET, Des glaces polaires au climat de la Terre. Enquête sur une aventure scientifique (CNRS éditions, 2022).

« Comment a émergé l’idée que la glace polaire pouvait receler des indices permettant de retracer l’histoire de ce climat ? De quelle manière l’ice core science s’est-elle constituée et développée au cours des dernières décennies ? Comment est-elle organisée aujourd’hui ? Et comment ses résultats peuvent-ils être mobilisés dans les débats autour de l’« anthropocène » ? ».

Kevin LALAND, La symphonie inachevée de Darwin. Comment la culture a façonné l’esprit humain (La Découverte, 2022).

« La théorie de l’évolution s’est longtemps heurtée à une énigme qui, pour les créationnistes plus ou moins déclarés, avait valeur d’objection : comment les exceptionnelles capacités cognitives, sociales et culturelles des humains sont-elles apparues, démarquant notre espèce de toutes les autres ? Ce récit captivant de l’origine de notre espèce renverse la perspective de la psychologie évolutionniste, qui envisage les phénomènes culturels seulement comme des réponses adaptatives à des circonstances extérieures. Il montre que la culture n’a pas simplement émergé à partir de l’intelligence, mais qu’elle a constitué le principal moteur de l’évolution dans notre lignée. Autrement dit, l’esprit humain n’est pas façonné pour la culture, mais véritablement par la culture ».

Michel MAGNY, L’Anthropocène (Puf, Que sais-je?, 2021).

« Après avoir fait la généalogie du concept et évoqué les polémiques que suscite son adoption, le chercheur examine les différentes manifestations de la crise écologique dont l’Anthropocène est aujourd’hui le nom : réchauffement climatique, effondrement de la biodiversité, pollution des écosystèmes, anthropisation des espaces terrestres et pression démographique. Et de s’interroger plus largement : l’Anthropocène ne nous donnerait-il pas à penser, avec la crise écologique, celle des sociétés humaines, c’est-à-dire le rôle de notre espèce et les imaginaires qui fondent notre manière de faire société et d’habiter le monde ? »

Lynn MARGULIS, Microcosmos. 4 milliards d’années de symbiose terrestre (Editions Wildproject, 2022). Traduction par Gérard Blanc et Anne de Beer.

« La vie sur Terre est avant tout une affaire de bactéries, de virus et de micro-organismes. C’est là l’essentiel de son histoire et c’est là sa structure profonde. Articulant toutes les échelles du vivant, du microscopique au planétaire, Margulis montre que la symbiose est au cœur de l’évolution, et offre ici un nouveau tableau de la vie terrestre ».

David MICHAELS, The Triumph of Doubt: Dark Money and the Science of Deception (Oxford Univ. Press, 2020).

L’épidémiologiste analyse la corruption systémique de la science au service d’industries (du tabac, de l’agroalimentaire ou des énergies fossiles) qui utilisent l’incertitude comme une arme. Les résultats indésirables sont ainsi qualifiés de fake news et contrés par des études truquées.

Helen PILCHER, Life Changing. How Humans are Altering Life on Earth (Bloomsbury, 2020).

La journaliste scientifique retrace la transformation profonde du vivant opérée à son bénéfice par homo sapiens sur la planète depuis la préhistoire : domestication, sélection naturelle, sélection de qualités souhaitables d’espèces végétales et animales, hybridation, modification génétique. Elle estime que nous vivons dans une période post-naturelle, où les humains sont devenus la principale force qui façonne l’évolution.

Mary-Jane RUBENSTEIN, Astrotopia. The Dangerous Religion of the Corporate Space Race (University of Chicago Press, 2022).

La « philosophe des sciences et des religions, lève le voile sur les mythes pas si nouveaux que ça que ces barons de l’espace colportent : celui de la croissance sans limite, de l’énergie sans culpabilité et la quête du salut dans un nouveau monde. Comme elle le révèle, nous avons déjà vu les effets destructeurs de ce fanatisme de la frontière dans l’histoire séculaire du colonialisme européen. Tout comme le projet impérial sur Terre, cet effort renouvelé de conquête de l’espace est présenté comme ayant une vocation religieuse : face à l’apocalypse à venir, quelques messies très riches offrent à quelques élus une échappée vers l’autre monde. Mary-Jane Rubenstein propose une autre conception de l’exploration spatiale qui ne reproduise pas les atrocités du colonialisme terrestre, nous encourageant à trouver et même à créer des histoires qui privilégient le soin cosmique au profit ».

J.P. SAPINSKI, Holly Jean BUCK, Andreas MALM (dir.), Has It Come to This? The Promises and Perils of Geoengineering on the Brink (Rutgers University Press, 2021).

Un ouvrage qui réunit 20 penseurs et penseuses — issu·es de domaines allant de la sociologie et de la géographie à l’éthique et aux études indigènes — pour proposer des solutions lentes et efficaces afin d’éliminer le carbone et comprendre la géoingénierie solaire.

Marta SZULKIN, Jason MUNSHI-SOUTH, Anne CHARMANTIER (dir.), Urban Evolutionary Biology (Oxford University Press, 2020).

L’ouvrage réunit les contributions d’une cinquantaine d’auteurs et autrices pour présenter une diversité de travaux sur un domaine scientifique en émergence : la biologie évolutive en milieu urbain. Il décrit les conséquences de l’activité humaine et de l’urbanisation sur les processus majeurs qui influencent les changements génétiques et provoquent l’évolution des espèces. Les contributions comprennent des études de cas en milieu terrestre et aquatique sur des plantes et des animaux humains ou non.

Laurent TESTOT, Nathanaël WALLENHORST, Vortex. Faire face à l’Anthropocène (Payot, 2023).

« Un parcours pédagogique en six étapes qui s’ouvre sur un état des lieux de la planète et décrypte l’Anthropocène comme un fait humain à l’origine de la totalité des processus physiques affectant aujourd’hui le système Terre. Après avoir envisagé divers scénarios de prospective, il propose des solutions sociopolitiques viables, inspirées des diverses sciences — changer de régime énergétique, réformer le système économique, réguler le Web et l’espace, etc. –, pour ne pas se laisser aspirer par le vortex ».

Nathanaël WALLENHORST, La vérité sur l’Anthropocène (Le Pommier, 2020).

Une enquête au cœur des sciences pour comprendre les enjeux de l’Anthropocène : l’auteur présente de manière accessible une introduction sur le concept d’Anthropocène suivi de 18 articles scientifiques et un rapport du GIEC de manière à saisir l’ampleur des changements que nous vivons.


SCIENCE was originally published in Anthropocene 2050 on Medium, where people are continuing the conversation by highlighting and responding to this story.

28.08.2023 à 00:28
berenice gagne
Texte intégral (1829 mots)

LECTURES ANTHROPOCÈNES #2019-2023

Parcs à bestiaux attenant aux abattoirs de Chicago (vers 1947) © US Information Agency

Gil BARTHOLEYNS, Le hantement du monde. Essai sur le pathocène (Editions Dehors, 2021).

Le Pathocène, une ère de vulnérabilité : l’historien analyse notre monde hanté par la peur de la maladie et submergé par l’émotion face à la perte de l’habitabilité de la planète et à l’érosion de la biodiversité. Il remonte la généalogie des activités générant ce rapport obsessionnel aux maladies et aux émotions : élevage industriel, traite des animaux sauvages, fracturation des habitats naturels etc. et propose des remèdes pour soigner le vivant et cohabiter.

Renaud BECOT, Gwenola LE NAOUR (dir.), Vivre et lutter dans un monde toxique. Violence environnementale et santé à l’âge du pétrole (Seuil, 2023).

Pour en finir avec les success stories pétrolières, voici une histoire des territoires sacrifiés à la transformation des hydrocarbures. Elle éclaire, à partir de sources nouvelles, les dégâts et les luttes pour la santé au XXe siècle, du Japon au Canada, parmi les travailleurs et travailleuses des enclaves industrielles italiennes (Tarento, Sardaigne, Sicile), auprès des pêcheurs et des paysans des « Trente Ravageuses » (la zone de Fos / l’étang de Berre, le bassin gazier de Lacq), ou encore au sein des Premières Nations américaines et des minorités frappées par les inégalités environnementales en Louisiane. Ces différents espaces nous racontent une histoire commune : celle de populations délégitimées, dont les plaintes sont systématiquement disqualifiées, car perçues comme non scientifiques. Cependant, elles sont parvenues à mobiliser et à produire des savoirs pour contester les stratégies entrepreneuriales menaçant leurs lieux de vie. Ce livre expose ainsi la tension sociale qui règne entre défense des milieux de vie et profits économiques, entre santé et emploi, entre logiques de subsistance et logiques de pétrolisation ».

Irus BRAVERMAN (dir.), More-than-One Health. Humans, Animals, and the Environment Post-COVID (Routledge, 2023).

« Cet ouvrage collectif étudie les interconnexions complexes entre la santé humaine, animale et environnementale. Il réunit des spécialistes des sciences humaines, des sciences sociales, des sciences naturelles et de la médecine afin d’explorer les approches One Health existantes et d’envisager une approche de la santé à la fois plus qu’humaine, plus sensible et plus explicite à l’égard des héritages coloniaux et néocoloniaux ».

Mike DAVIS, Le monstre est parmi nous. Pandémies et autres fléaux du capitalisme (Editions Divergences, 2021). Traduction par Léa Nicolas-Teboul.

« La pandémie de coronavirus, loin d’être un événement isolé, s’inscrit dans une série qui a toutes les chances de se poursuivre. D’un côté, l’élevage industriel, la déforestation massive et l’industrie du fast-food créent les conditions idéales pour la transmission inter-espèces de nouveaux virus. De l’autre côté, les systèmes de santé font les frais de plusieurs décennies de coupes budgétaires. En replaçant la pandémie de Covid-19 dans le contexte des catastrophes virales antérieures, notamment de la grippe espagnole et de la grippe aviaire H5N1, l’auteur retrace les manquements des gouvernements, expose les effets de la restructuration néolibérale sur les risques épidémiques, et montre comment l’appât du gain freine la recherche et la prévention ».

Howard FRUMKIN, Samuel MYERS (dir.), Santé Planétaire. Soigner le vivant pour soigner notre santé (Rue de l’Echiquier, 2022). Traduction par Marianne Bouvier et Cécile Giroldi.

« La santé humaine dépend de la santé de la planète : le bon état des systèmes naturels — l’air, l’eau, la biodiversité, le climat — est indispensable à notre survie. Cet ouvrage est une porte d’entrée optimiste et accessible pour découvrir le concept de santé planétaire qui prend de plus en plus d’ampleur, en particulier depuis la crise de la Covid-19. Grâce à une approche interdisciplinaire, les auteurs analysent les nombreux impacts de l’Anthropocène sur la santé, notamment en matière d’alimentation et de nutrition, d’infections, de maladies non transmissibles ou de santé mentale. Ils défendent une nouvelle éthique, où toutes les actions humaines s’aligneraient sur la nécessité de prendre soin du vivant afin de lutter contre les changements environnementaux et leurs effets néfastes ».

Sébastien GARDON, Amandine GAUTIER, Gwenola LE NAOUR, Serge MORAND (dir.), Sortir des crises. One Health en pratiques (Quae, 2022).

« En associant plusieurs disciplines — philosophie, anthropologie, sciences politiques, sociologie, économie, géographie, écologie, sciences médicale et vétérinaire, etc. — et à partir de nombreux exemples de terrain, du local à l’international, l’ouvrage présente à la fois une lecture des enjeux et des problèmes sanitaires dans un monde globalisé, des retours d’expérience de gestion de crise, des innovations dans la gestion du sanitaire s’appuyant sur le social et sur les communautés, mais également une mise en discussion des normes et des régulations à tous les niveaux politiques ».

Jean-Paul GAUDILLIERE, Caroline IZAMBERT, Pierre-André JUVEN, Pandémopolitique. Réinventer la santé en commun (La Découverte, 2021).

« La crise du SARS-CoV-2 a montré que le triage clinique n’était qu’une des dimensions et conséquences d’un triage systémique façonné par les politiques néolibérales et une technocratie sanitaire qui a, de longue date, négligé la santé publique. L’essentiel n’est donc pas tant de savoir si nous trions ou pas que de choisir collectivement les modalités du triage et de définir démocratiquement les priorités de notre système de santé. Des expériences alternatives se rappellent à nous et dessinent des horizons différents, du renouveau de la santé communautaire aux potentialités des communs, en passant par l’émergence d’un triage écologique ».

Frédéric KECK, Signaux d’alerte. Contagion virale, justice sociale, crises environnementales (Desclée de Brouwer, 2020).

L’anthropologue analyse la réception des signaux d’alerte de plus en plus nombreux sur les catastrophes écologiques en cours. Leur valeur se mesure à « l’attractivité du signal, c’est-à-dire sa capacité à susciter l’attention et l’intérêt de ceux qui le reçoivent ». En s’appuyant sur une étude des sentinelles des pandémies dans les sociétés asiatiques, il compare le comportement des territoires qui émettent des signaux d’alerte à celui des oiseaux qui collaborent pour alerter sur la présence d’un prédateur. Il pointe ainsi la possibilité d’une nouvelle forme de solidarité globale et de justice sociale.

Frédéric KECK, Les Sentinelles des pandémies. Chasseurs de virus et observateurs d’oiseaux aux frontières de la Chine (Zones sensibles, 2020).

L’anthropologue montre comment les « chasseurs de virus » et les responsables de la santé publique s’allient avec les vétérinaires et les observateurs d’oiseaux pour suivre les mutations des virus de grippe entre les oiseaux sauvages, les volailles domestiques et les humains. Par les méthodes de l’anthropologie sociale, en s’appuyant sur une recherche ethnographique conduite à Hong Kong, Taiwan et Singapour entre 2007 et 2013, il décrit la manière dont les techniques de préparation en vue d’une pandémie transforment les relations entre humains et non-humains dans le temps long de l’Anthropocène.

Claire RICHARD, Louise DRULHE, La santé communautaire : une autre politique du soin (369 éditions, 2023).

« Face à un système de santé public débordé, en manque chronique de moyens et qui renforce les inégalités sociales, des déserteur·ses de la médecine classique expérimentent une autre voie et ouvrent des centres de santé communautaire en France. Implanté dans un quartier populaire d’Échirolles, près de Grenoble, le Village 2 santé pratique une approche politique de la santé et montre que l’on peut soigner autrement. Il invente depuis 2016 un modèle de santé à la fois réaliste et alternatif, plus juste, qui prend en compte les conditions d’existence et le vécu des patient·es, tout en les autonomisant ».

Marie-Monique ROBIN, avec la collaboration de Serge MORAND, La fabrique des pandémies. Préserver la biodiversité, un impératif pour la santé planétaire (La découverte, 2021).

« Depuis les années 2000, des centaines de scientifiques tirent la sonnette d’alarme : les activités humaines, en précipitant l’effondrement de la biodiversité, ont créé les conditions d’une « épidémie de pandémies ». C’est ce que montre cet essai, mobilisant de nombreux travaux et des entretiens inédits avec plus de 60 chercheurs du monde entier. Le constat est sans appel : la destruction des écosystèmes par la déforestation, l’urbanisation, l’agriculture industrielle et la globalisation économique menace directement la santé planétaire ».

Simon SCHAMA, Foreign Bodies. Pandemics, Vaccines and the Health of Nations (Simon & Schuster, 2023).

« Des villes et des pays plongés dans la panique et la mort, en quête désespérée de vaccins mais effrayés par ce que cette vaccination peut engendrer. C’est ce que le monde vient de vivre avec le Covid-19. Mais comme le montre Simon Schama dans son histoire épique de l’humanité vulnérable prise entre la terreur de la contagion et l’ingéniosité de la science, cela s’est déjà produit auparavant ».

Jean-David ZEITOUN, Le Suicide de l’espèce. Comment les activités humaines produisent de plus en plus de maladies (Denoël, 2023).

« Ce livre est une tentative d’explication d’une anomalie de masse : la société mondiale produit de plus en plus de maladies, tout en dépensant toujours avantage pour essayer de les traiter. La réponse courte à cette contradiction est que les risques environnementaux, comportementaux et métaboliques qui causent les maladies sont des conséquences de la croissance économique ».


SANTÉ was originally published in Anthropocene 2050 on Medium, where people are continuing the conversation by highlighting and responding to this story.

28.08.2023 à 00:26
berenice gagne
Texte intégral (11302 mots)

LECTURES ANTHROPOCÈNES #2019-2023

“Black and white only [no colour permitted]” (Dublin)

Revue Multitudes, « Transformations énergétiques collectives » (Majeure 77, hiver 2019).

Un numéro sur les expériences de transformation énergétique radicale en cours pour s’interroger sur ce qui favorise ces transformations, ce qu’elles requièrent et quels sont leurs effets.

Géopolitique des matières premières in Questions internationales (n°117, Février-Mars 2023).

Daniel AGACINSKI, Romain BEAUCHER, Céline DANION, L’Etat qu’il nous faut. Des relations à renouer dans le nouveau régime climatique (Berger-Levrault, 2021).

« Si l’on veut renouer avec les promesses démocratiques d’émancipation individuelle et collective tout en relevant les défis écologiques, l’action publique doit prendre toute sa place au cœur du monde d’après. Cela n’implique ni un retour à un âge d’or mythifié ni le statu quo, mais imaginer, inventer, concevoir, tester, discuter les nouveaux attributs de l’Etat et des collectivités locales, et la relation entre les citoyens et la “ puissance publique “. Les fonctionnaires peuvent et doivent être les acteurs de ce renouveau de l’Etat. Ils y parviendront à condition de ré-intéresser les citoyen·nes à ce commun que devrait être l’Etat et que nous avons perdu ».

COLLECTIF, On ne dissout pas un soulèvement. 40 voix pour les Soulèvements de la Terre (Seuil, 2023).

« On ne dissout pas un dérèglement planétaire. On n’efface pas par décret les constats scientifiques ni le refus d’un capitalisme radicalisé fonçant dans le mur. Loin des procès en « écoterrorisme », ce qui se joue autour des mouvements comme les Soulèvements de la Terre n’est rien d’autre que la bataille de ce siècle ».

Mark ALIZART, Le coup d’État climatique (PUF, 2020).

Il n’y a pas de crise climatique, il y a une volonté politique que le climat soit en crise. C’est la thèse provocatrice défendue par l’auteur qui montre comment des individus parient sur l’effondrement du monde comme sur des valeurs boursières à la baisse. Il appelle à une révolution en faveur d’un véritable «écosocialisme» pour contrer ce coup d’état «carbofasciste».

Stefan AYKUT, Climatiser le monde (Quae, 2020).

Le politiste analyse « la climatisation du monde » ou comment le changement climatique agrège et connecte des problématiques auparavant distinctes, telles que la sécurité alimentaire, la finance ou les sols. Il décrypte la gouvernance climatique instaurée notamment dans les Conferences of Parties (COP) pour révéler la complexité, les ambiguïtés et les contradictions de l’élaboration des politiques climatiques.

Myriam BAHAFFOU, Des paillettes sur le compost. Écoféminismes au quotidien (le passager clandestin, 2022).

« Tout à la fois récit, essai, mais aussi témoignage d’une époque et d’un engagement, l’ouvrage est une exploration sensible et politique du quotidien. L’autrice dynamite les codes et jongle avec les concepts, comme elle navigue dans la vie entre recherche et militantisme. Elle explore, dissèque, raconte des histoires décoloniales, antispécistes, queer et magiques ».

Riccardo BADANO, Tomas PERCIVAL, Susan SCHUPPLI, Border Environments. CRA #1 (Spector Books, 2023).

L’ouvrage « explore le lien entre l’écologie et la migration. Il examine l’interaction entre les politiques discriminatoires, les technologies émergentes et les pratiques frontalières dans le contexte « naturel » (construit) en mettant en évidence une variété d’interventions, de techniques d’investigation, de projets visuels et de modes de témoignage qui abordent le rôle des acteurs humains et plus qu’humains dans les luttes frontalières ».

Léna BALAUD, Antoine CHOPOT, Nous ne sommes pas seuls. Politique des soulèvements terrestres (Seuil, 2021).

« Si nous sommes bien les seuls responsables d’un choix concerté de cibles et de stratégies contre les causes du ravage et des inégalités, nous ne sommes pas les uniques acteurs du changement que nous souhaitons voir advenir. Appel à refuser la mise au travail de la planète, ce traité d’écologie politique terrestre ouvre de nouveaux horizons pour agir avec la nature contre ceux qui l’effondrent ».

Saptarishi BANDOPADHYAY, All Is Well. Catastrophe and the Making of the Normal State (Oxford University Press, 2022).

Un ouvrage qui « conceptualise la “gestion des catastrophes” comme une lutte historique et mondiale active qui crée des catastrophes et des autorités politiques. Il remet en question la croyance dominante selon laquelle les causes des catastrophes peuvent être rationnellement distinguées des solutions. Il met en œuvre une méthodologie interdisciplinaire qui associe recherche en sciences sociales, histoire du droit et de l’environnement et analyse du droit international postcolonial ».

Maude BARLOW, À qui appartient l’eau? Faire barrage à la privatisation d’une ressource vitale (écosociété, 2021).

La militante dénonce les pratiques « des grandes entreprises qui font main basse sur l’or bleu, que ce soit pour l’embouteiller et la vendre à prix fort ou pour alimenter des industries polluantes, avec de graves conséquences sur les populations locales et leur accès à l’eau potable ». Elle invite à rejoindre le modèle des « communautés bleues », un mouvement citoyen né au Canada qui lutte pour la reconnaissance du droit à l’eau et pour une gestion publique des services d’eau.

Agnès BASTIN, Gouverner le métabolisme : les terres excavées franciliennes (Edition PUCA, 2023).

« Plus de 20 millions de tonnes de terres excavées sortent des chantiers franciliens chaque année. Cette matière représente environ 60 % des déchets de chantier en Île-de-France, soit la principale matière solide produite par les activités urbaines. Ces déblais deviennent des ressources pour l’aménagement suivant des pratiques anciennes de remblais et d’aménagement paysager. Le régime métabolique actuel se recompose sous l’effet combiné des chantiers du Grand Paris et de la montée du référentiel de l’économie circulaire qui contribue à mettre les terres à l’agenda politique. Comprendre les jeux d’acteurs qui sous-tendent les flux de déblais permet d’éclairer les transformations à l’œuvre au sein du système sociotechnique existant, c’est-à-dire à la fois les dynamiques de changement et les effets de verrouillage ».

John BELLAMY FOSTER, Brett CLARK, Le pillage de la nature (Éditions critiques, 2022). Traduction par Cyrille Rivallan.

« Le marxisme est-il l’avenir de l’écologie politique ? Si cette question surprendra ceux qui découvrent le courant écosocialiste, les autres y reconnaîtront l’orientation fondamentale du travail de John Bellamy Foster : voir dans le mode de production capitaliste la cause principale de la destruction de la nature aussi bien que des vies humaines, et ramener à Marx les luttes écologistes de la gauche contemporaine. Avec Brett Clark, lui aussi professeur de sociologie aux États-Unis, ils proposent ainsi un parcours qui va des études consacrées par Marx aux effets du capitalisme sur les terres agricoles, les animaux, la nourriture et la santé humaine, aux leçons que le mouvement écologiste devrait en tirer pour faire face à l’urgence des crises environnementales » (la vie des idées, 12/12/2022).

Fabien BENOIT, Nicolas CELNIK, Techno-luttes. Enquête sur ceux qui résistent à la technologie (Seuil/Reporterre, 2022).

« Qui sont celles et ceux qui s’opposent à la numérisation du monde ? Quelles sont leurs raisons et leurs moyens de lutte ? Cette enquête interroge ces nouveaux écologistes, qui affirment qu’un autre avenir que celui de Big Brother est possible. Ils contestent la technologisation du monde, inséparable pour eux du capitalisme et du productivisme, et imaginent une nouvelle forme de mouvement social, sans exclure l’horizon du sabotage ».

carla BERGMAN, Nick MONTGOMERY, Joie militante. Construire des luttes en prise avec leurs mondes (éditions du commun, 2021). Traduction par Juliette Rousseau.

« Qu’est-ce qui nous rend collectivement et individuellement plus capables, plus puissant·es et pourquoi, parfois, les milieux radicaux produisent tout l’inverse et nous vident de tout désir ? » Un ouvrage qui combine « propositions théoriques, analyses de cas pratiques et entretiens avec des militant·es issu·es de luttes diverses : féminisme, libération Noire, résurgence Autochtone, squat, occupations, luttes queer, anti-carcérales, d’autonomie des jeunes, anarchisme, autonomisme, écologie radicale ». La joie, au sens spinoziste du terme, renvoie à notre capacité à affecter et être affecté·es, à prendre activement part à la transformation collective, à accepter d’en être bouleversé·es. La joie telle qu’elle nous est ici proposée est une façon d’habiter pleinement nos mondes, nos attachements, plutôt que de chercher à les diriger ».

Jacques BIDET, L’écologie politique du commun du peuple (Éditions du Croquant, 2022).

« Ce livre avance une thèse contre-intuitive : les atteintes modernes à l’équilibre écologique global découlent exclusivement de processus de domination sociale. Il en suit la proposition converse : la lutte écologique pour la préservation et la restauration de la nature n’est rien d’autre que la lutte sociale pour l’émancipation ».

Murray BOOKCHIN, L’écologie sociale. Penser la liberté au-delà de l’humain (Wildproject, 2020). Traduction par Marin Schaffner.

L’anarchiste étatsunien, connu pour le « municipalisme libertaire », ancre sa réflexion dans l’écologie sociale et le lien entre dominations humaines et dominations écologiques. Ce recueil explore de façon critique les relations entre sociétés humaines et milieux naturels. Ce projet passe notamment par une archéologie de la domination, l’élaboration d’une philosophie de la nature, l’exploration des conditions et des formes de la liberté, des réflexions sur une technologie au service de la vie, et une décolonisation des imaginaires.

Soraya BOUDIA, Emmanuel HENRY (dir.), Les politiques de l’ignorance (Puf, 2022).

« L’ignorance est au cœur de nombreux débats médiatiques et scientifiques. Du changement climatique aux risques sanitaires et environnementaux en passant évidemment par la crise du Covid, elle irrigue les discussions autour du complotisme, des fake news ou de la remise en cause de la science et de l’expertise. Alors que cette question de l’ignorance a particulièrement été abordée sous l’angle des comportements individuels ou des stratégies de production, de circulation et de dissimulation des connaissances scientifiques, l’ouvrage explore ses dimensions sociales et politiques. Il révèle le rôle déterminant de l’ignorance dans la reproduction des inégalités sociales, de genre ou ethno-raciales et montre comment son omniprésence légitime l’inaction publique ».

Soraya BOUDIA, Nathalie JAS, Gouverner un monde toxique (éditions Quae, 2019).

Cet ouvrage retrace les transformations économiques et politiques qui ont conduit depuis 1945 à la généralisation des différentes pollutions et ont façonné des environnements durablement dangereux. Il analyse les modes de gouvernement des substances dangereuses et leurs effets délétères qui aujourd’hui s’imbriquent et se superposent dans les politiques nationales et internationales. Chemin faisant, cet ouvrage éclaire les ressorts qui ont permis l’essor du capitalisme alors même que ses capacités destructrices se développaient.

Philippe BOURSIER, Clémence GUIMONT (dir.), Écologies. Le vivant et le social (La Découverte, 2023).

« Ce livre porte la voix des écologies qui œuvrent à une véritable critique des dominations et du statu quo. Deux approches sont articulées : l’une, intersectionnelle et anticapitaliste, ancrée dans la dynamique des mobilisations sociales ; l’autre, plus attentive aux liens que les sociétés humaines tissent avec le vivant non humain. Écoféminismes, extractivisme, racisme environnemental, politiques publiques, finance verte, cause animale ou droits de la nature sont autant de sujets décisifs abordés avec lucidité ».

Sébastien CHAILLEUX, Sylvain LE BERRE, Yann GUNZBURGER (dir.), Ressources minérales et transitions. Trajectoires politiques du sous-sol français au 21ème siècle (Peter Lang, 2022).

« Comment le projet de renouveau minier a-t-il vu le jour et quelle en est la trajectoire politique ? Quelles coalitions d’acteurs se sont mobilisées sur ce sujet ? Dans quels espaces en ont-ils débattu ? Quels effets a-t-il eu, au-delà du constat d’échec partagé par une majorité d’acteurs ? Voici quelques questions auxquelles cet ouvrage collectif se propose de répondre ».

Jean-Baptiste COMBY, Sophie DUBUISSON-QUELLIER (dir.), Mobilisations écologiques (PUF, 2023).

« Les luttes autour de l’écologie sont-elles des combats politiques comme les autres ? Longtemps perçues comme expertes et sectorisées, on les décrit souvent comme dépolitisées. En s’intéressant aux mobilisations écologiques, plutôt qu’à celles qui seraient le fait des seuls écologistes, cet ouvrage rend compte de leurs évolutions récentes ».

Cyrille CORMIER, Climat : la démission permanente (Les éditions Utopia, 2020).

Une lecture critique des 20 dernières années de politiques climatiques françaises qui pointe le décalage entre les discours et la réalité. L’ingénieur et militant écologiste appelle à une rupture avec « une vision économique fondée sur l’extraction des ressources naturelles et la consommation de produits neufs ».

Jézabel COUPPEY-SOUBEYRAN, Mathilde DUPRE, Wojtek KALINOWSKI, Dominique MEDA (dir.), 2030, c’est demain! Un programme de transformation sociale-écologique (Les petits matins, 2022).

« Les alertes scientifiques sont sans ambiguïté : face à la crise écologique, il nous reste moins de 10 ans pour agir. Cet ouvrage collectif montre que des solutions sont à notre portée, à condition de tenir fermement ensemble les enjeux écologiques, démocratiques et sociaux. Il pointe les incohérences actuelles et propose des réponses plus systémiques, allant dans le sens d’une planification écologique menée à plusieurs échelles. Fiscalité, travail, finance, commerce, État social, consommation… ».

Simon DALBY, Anthropocene Geopolitics. Globalization, Security, Sustainability (Les Presses de l’Université d’Ottawa, 2020).

Le professeur de géographie et d’études environnementales analyse les conditions d’une véritable politique de durabilité qui prenne en compte les limites planétaires au moment où garantir la survie d’une économie fondée sur la consommation de combustibles fossiles demeure à ce jour une priorité politique.

Françoise D’EAUBONNE, Caroline LEJEUNE, Naissance de l’écoféminisme (Puf, 2021).

« Ce texte de Françoise d’Eaubonne est un chapitre central de son ouvrage Le Féminisme ou la Mort paru en 1974. C’est là qu’est utilisée pour la première fois en français la notion d’«écoféminisme». En voyant des racines communes dans la domination des femmes et la destruction de la nature, elle apporte une lecture écologique aux enjeux féministes des années 1970 et une perspective féministe à l’écologie politique française ».

Candice DELMAS, Le devoir de résister. Apologie de la désobéissance incivile (Herman, 2022).

« Quelles sont nos responsabilités face à l’injustice ? Les philosophes considèrent généralement que les citoyens d’un État globalement juste doivent obéir à la loi, même lorsqu’elle est injuste, quitte à employer exceptionnellement la désobéissance civile pour protester. Les militants quant à eux jugent souvent que l’obligation première est résister à l’injustice. En revisitant le concept d’obligation politique, Candice Delmas montre que le devoir de résister a les mêmes fondements que le devoir d’obéir à la loi. Des formes de désobéissance incivile, de l’aide clandestine aux migrants aux fuites de documents non autorisés en passant par l’écosabotage ou les cyberattaques, peuvent parfois être justifiées, voire moralement requises, même dans des sociétés démocratiques. L’incivilité interpelle, accuse, rend l’indifférence impossible et force à prendre parti. Alors, qu’est-il légitime de faire pour défendre une cause juste dans un État de droit qui en ignore les enjeux? ».

David DJAIZ, Slow Démocratie. Comment maîtriser la mondialisation et reprendre notre destin en main (Allary Éditions, 2019).

« Peut-on reprendre le contrôle d’une mondialisation débridée dont les dégâts se font sentir chaque jour sur la démocratie, l’environnement et la justice sociale ? Oui. Grâce aux nations ».

Antoine DUBIAU, Écofascismes, suivi de “L’écologie n’est pas apolitique” (Éditions Grevis, 2023).

« L’écofascisme semble réductible à sa fonction d’insulte politique. Cet usage masque les appropriations concrètes des enjeux écologiques par les idéologies et les organisations fascistes. Si l’extrême-droite paraît à première vue hostile à toute politique environnementale, il existe bien un risque écofasciste s’adossant à une véritable conviction écologique ainsi qu’à de robustes bases idéologiques. Contrairement à sa conception politique courante, l’écologie n’est donc pas naturellement de gauche. Le discours écologique doit être clarifié pour échapper aux différentes formes de fascisation de l’écologie ».

Rosaleen DUFFY, Security and Conservation. The Politics of the Illegal Wildlife Trade (Yale University Press, 2022).

« La conservation de la biodiversité apparaît de plus en plus comme un facteur essentiel de la sécurité nationale et mondiale. Le commerce illégal d’espèces sauvages est souvent présenté comme un facteur de perte de biodiversité et comme une source de financement pour les réseaux de criminalité. A travers une approche d’écologie politique, l’autrice analyse l’ampleur, la réalité sur le terrain et les implications futures de l’intégration croissante de la conservation de la biodiversité dans les préoccupations de sécurité mondiale ».

Emmanuel DUPONT, Édouard JOURDAIN, Les nouveaux biens communs ? Réinventer l’Etat et la propriété au XXIe siècle (Éditions de l’Aube, 2022).

« À l’heure où État et action publique sont questionnés, des citoyens s’organisent pour gérer ensemble des biens ou des services collectifs (un lieu patrimonial ou culturel, un espace de biodiversité, un tiers-lieu, de l’habitat collectif, des services à la personne, etc.). Ces initiatives, appelées « communs », portent une manière nouvelle de faire de la politique, privilégiant une prise en charge collective par les citoyens. Emmanuel Dupont et Édouard Jourdain nous montrent que, bien qu’encore peu reconnues, elles portent une dynamique de transformation profonde de notre rapport à l’État, mais aussi de notre approche de la propriété des usages ».

Timothée DUVERGER, Utopies locales. Les solutions écologiques et solidaires de demain (Editions Les petits matins, 2021).

« Le « monde d’après » annoncé par tant de prophètes pendant le confinement du printemps 2020 existe déjà. Il est en grande partie mis en musique par des acteurs de l’économie sociale et solidaire. Pôles territoriaux de coopération économique, tiers-lieux, revenu de transition écologique, énergies citoyennes, foncières solidaires, mobilités partagées : les expérimentations des associations, coopératives, mutuelles, fondations et autres entreprises sociales se multiplient dans les territoires. Elles ouvrent la voie à une « société post-croissance », une société où primerait la finalité du bien-vivre ».

Charlotte EPSTEIN, Birth of the State: The Place of the Body in Crafting Modern Politics (Oxford University Press, 2020).

Une enquête aux origines du rapport entre le corps et l’Etat pour mieux comprendre les motivations de l’actuel impératif sécuritaire et les fondements de la modernité politique. Le retour en force de l’Etat à la faveur de la pandémie s’exprime principalement à travers « la surveillance du et par le corps » : « traqué, ausculté, mesuré », il est devenu « une obsession nationale et internationale ». « Notre sécurité est devenue corporelle avant tout ». Charlotte Epstein, professeure de théorie politique, rappelle qu’au 17ème siècle, le corps a offert une solution aux guerres de religion qui déchiraient l’Europe depuis plus de 100 ans : en introduisant « le corps biologique dans la réflexion sur le corps politique », Thomas Hobbes a évacué « l’âme comme lieu possible de l’exercice du pouvoir » et donc comme motif pour guerroyer. « D’autres développements scientifiques et institutionnels vinrent consolider ce recalibrage du pouvoir vers le corps, notamment la leçon d’anatomie publique, cette grande institution qui fut l’un des lieux de naissance de l’Etat ». Au sortir de la pandémie, il nous reviendra de réclamer la protection des libertés, autre mission de l’Etat devenue aujourd’hui secondaire face à l’impératif sanitaire et sécuritaire (Le Monde, 14/01/2021).

Adrien ESTEVE, Guerre et écologie. L’environnement et le climat dans les politiques de défense (France et États-Unis) (Puf, 2022).

« Alors que la question écologique gagne en importance dans le débat public, et que le dérèglement climatique est amené à impacter durablement les équilibres mondiaux, cet ouvrage s’intéresse à la prise en compte des enjeux environnementaux et climatiques dans un secteur jusque-là peu étudié dans la littérature sur le sujet : le secteur de la défense ».

Camille ETIENNE, Pour un soulèvement écologique. Dépasser notre impuissance collective (Seuil, 2023).

« Dans cet essai, Camille Étienne identifie les mythes qui nous entravent : éco-anxiété, fracture générationnelle, déclic, fausses peurs. Les paniques morales n’ont qu’un dessein : nous distraire de la peur qui devrait nous habiter et pourrait nous pousser à désobéir, ralentir ou cesser de coopérer. Elle défend une écologie libératrice, portée par une puissance collective et démocratique ».

Léa FALCO, Faire écologie ensemble. La guerre des générations n’aura pas lieu (Rue de l’Echiquier, 2023).

« Une soi-disant guerre des générations se fait jour entre des boomers qui minimisent, voire nient l’ampleur de la catastrophe climatique, et de jeunes militants écologistes, souvent accusés d’impatience ou d’extrémisme. Militante de la « génération climat », Léa Falco démontre dans cet essai concis et efficace à quel point ce clivage générationnel artificiel permet de maintenir un business as usual mortifère, tandis que les questions fondamentales s’accumulent : comment construire la transformation écologique ? Où, avec qui, contre qui ? Elle propose une grille de lecture de cette transformation, et des tactiques à adopter en tant que citoyen, dans sa vie professionnelle ou dans ses engagements politiques. Car le temps est venu de « faire écologie ensemble » pour bâtir une société soutenable ».

Christophe FOUREL, Clara RUAULT, « Écologie et révolution », pacifier l’existence. André Gorz/Herbert Marcuse : un dialogue critique (Les Petits Matins, 2022).

« Des textes inédits ou peu connus de deux pionniers de l’écologie politique, précédés d’une analyse sur la convergence de leurs pensées et l’actualité de celles-ci dans les combats d’aujourd’hui ».

Juan FRANCISCO SALAZAR, Céline GRANJOU, Matthew KEARNES, Anna KRZYWOSZYNSKA, Manuel TIRONI (dir.), Thinking with Soils. Material Politics and Social Theory (Bloomsbury, 2020).

Une nouvelle théorie sociale du sol, révélateur de l’intérêt croissant de la recherche en sciences sociales pour la matérialité. Une enquête et une exploration des transformations des socioécologies mais aussi des pratiques politiques et artistiques face au changement global.

Elina FRONTY, Vivantes. Des femmes qui luttent en Amérique latine (Dehors, 2023).

« Ce livre fait entendre des paroles de femmes qui luttent et œuvrent, depuis l’Amérique Latine, pour la liberté et pour la vie. Il réunit des textes d’approche théorique ou militante ou encore des poèmes dont l’unité réside dans le terme englobant d’”écoféminisme”. Ce terme permet de montrer la proximité entre les mouvements de femmes et ceux de protection de la nature, tous deux inscrits, dans l’espace latino-américain, dans des processus de décolonisation. Ainsi, en dénonçant l’organisation sexiste de la société, ces femmes mettent en lumière les rapports d’appropriation, d’oppression et de destruction qui organisent le monde actuel et qui affectent, d’une façon ou d’une autre, tous les territoires et tous les corps ».

Franck GALLAND, Guerre et eau. L’Eau, enjeu stratégique des conflits modernes (Robert Laffont,2021).

Un essai historique sur l’importance stratégique de la maîtrise des ressources en eau dans la conduite de la guerre, un enjeu de sécurité collective accentué par l’actuel bouleversement climatique.

François GEMENNE, L’écologie n’est pas un consensus. Dépasser l’indignation (Fayard, 2022).

« Alors que les circonstances devraient y conduire, l’écologie politique ne parvient pas à s’imposer comme la force politique dominante du XXIème siècle. Cet ouvrage essaie d’expliquer les raisons qui empêchent cela, et les limites de la démocratie représentative dans sa capacité à mener des politiques transformatrices pour le climat ou la biodiversité. La situation n’est pas désespérée pour autant : la démocratie ne se réduit pas aux élections, et l’ouvrage montre comme le changement peut advenir… sans passer par une “dictature verte” ».

François GEMENNE, Géopolitique du climat. Les relations internationales dans un monde en surchauffe (Armand Colin, 2021).

« Cet ouvrage vient montrer en quoi la coopération internationale, aussi imparfaite et laborieuse soit-elle, reste nécessaire pour lutter contre le réchauffement climatique, et pourquoi les enjeux soulevés par le climat redessinent les relations internationales. Car gouverner le climat, désormais, c’est aussi gouverner l’irréversible, ce qui passera notamment par des choix collectifs déterminants ».

François GEMENNE, Aleksandar RANKOVIC et l’Atelier de cartographie de Sciences Po, Atlas de l’anthropocène (Presses de Sciences Po, 2019).

Un ouvrage qui multiplie les points de vue et mobilise les sciences sociales et expérimentales pour montrer le caractère systémique des problèmes environnementaux qui surgissent de manière éparse. Il connecte les questions de réchauffement climatique, de chute de la biodiversité ou encore de pollution avec leurs conséquences sociales et politiques.

Katia GENEL, Jean-Baptiste VUILLEROD, Lucie WEZEL (dir.), Retour Vers La Nature ? Questions Féministes (Editions Le Bord de l’Eau, 2020).

Un aperçu des diverses manières de penser le lien entre féminisme, nature et domination, d’un point de vue pratique et théorique aujourd’hui. Le féminisme a souvent pensé ce lien dans la perspective d’une critique de la naturalisation de la domination mais les mouvements écoféministes revalorisent l’idée et la valeur de la nature, liant ainsi les luttes féministes et les luttes écologiques ou animales, tandis que les féminismes matérialistes insistent sur la domination des corps constitutive du capitalisme.

Haud GUEGUEN, Laurent JEANPIERRE, La perspective du possible. Comment penser ce qui peut nous arriver, et ce que nous pouvons faire (La Découverte, 2022).

« Ni prophétie, ni programme, prévision calculée ou utopie de papier, la perspective du possible proposée dans cet ouvrage entend dénaturaliser l’avenir en prenant au sérieux les potentialités du présent. Haud Guéguen et Laurent Jeanpierre renouvellent ainsi une tradition de pensée qui, puisant dans les oeuvres de Marx et de Weber, inspire la sociologie et la théorie critique depuis leurs origines. Ils montrent sa fécondité pour cartographier les possibles avec rigueur et penser stratégiquement la question de leur actualisation. Le dernier siècle a séparé et souvent opposé l’utopie, les sciences de la société, la critique sociale et l’émancipation, pourtant unies chez les socialistes révolutionnaires. Il s’agit de les rassembler à nouveau pour restaurer les conditions de l’espérance. Tel pourrait bien être, aujourd’hui, l’antidote à la fois savant et politique à l’impuissance de la critique et des gauches ».

Paul GUILLIBERT, Terre et capital. Pour un communisme du vivant (Editions Amsterdam, 2021).

« S’appuyant sur une lecture conjointe du marxisme et des humanités environnementales, Paul Guillibert défend une philosophie sociale de la nature pour démontrer que la préservation de la biosphère est devenue une condition nécessaire à l’émancipation ».

Jean HAENTJENS, Comment l’écologie réinvente la politique. Pour une économie des satisfactions (Rue de l’échiquier, 2020).

L’auteur propose une méthode politique fondée sur l’analyse des « systèmes de satisfaction » qui ont précédé et préparé l’actuelle société de consommation pour élaborer un cadre de pensée à même d’accompagner une société compatible avec les limites de la planète.

Judith Nora HARDT, Cameron HARRINGTON, Franziskus VON LUCKE, Adrien ESTÈVE, Nicholas P. SIMPSON (dir.), Climate Security in the Anthropocene. Exploring the Approaches of United Nations Security Council Member-States (Springer, 2023).

« Étude systématique des différentes conceptions de la sécurité climatique et des réponses politiques apportées par les membres du Conseil de sécurité des Nations unies. Cadre et méthodologie innovants qui utilisent de multiples approches de la sécurité, notamment traditionnelle, humaine et écologique ».

Matthew T. HUBER, Climate Change as Class War. Building Socialism on a Warming Planet (Verso, 2022).

« La crise climatique n’est pas principalement un problème de “croyance scientifique” ou d’”empreinte carbone” individuelle — c’est un problème de classe enraciné dans le fait de savoir qui possède, contrôle et profite de la production matérielle. Il faudra donc une lutte des classes pour le résoudre. Huber évalue le Green New Deal comme une première tentative de canaliser les intérêts matériels et écologiques de la classe ouvrière et préconise de renforcer le pouvoir des syndicats dans le système énergétique même, qui doit être radicalement transformé. Comme dans les mouvements socialistes classiques du début du 20ème siècle, la victoire dans la lutte pour le climat devra être internationaliste et basée sur une forme de solidarité planétaire de la classe ouvrière ».

Romain JEANTICOU, Terres de luttes (Seuil, 2023).

« Où et pourquoi se mobilise-t-on aujourd’hui en France ? Il existe, dans certains territoires, une tradition de lutte spécifique qui s’est ancrée localement et se perpétue. Du littoral breton aux banlieues parisiennes, de la campagne basque aux universités lyonnaises en passant par l’archipel guadeloupéen, le journaliste Romain Jeanticou est allé à la rencontre de celles et ceux qui mènent ces combats. À travers sept territoires et des dizaines de récits intimes et politiques, l’auteur dresse un tableau vivant de l’évolution du militantisme ».

Maya JEGEN, L’État face à la crise environnementale (Presses de l’université de Montréal, 2022).

« Devenu une arène où les controverses politiques pullulent, entre ceux qui croient que le marché génère les meilleures solutions et ceux qui déplorent l’absence de réponse politique, l’État demeure l’institution la plus puissante pour coordonner les actions des êtres humains. Ce livre défend ainsi la thèse qu’il joue un rôle clé dans la protection de la planète. Mais face à une crise environnementale dont l’issue pourrait être catastrophique, les obstacles politiques sont nombreux et le temps est compté ».

Salvador JUAN, La démocratie contre l’écologie ? Les obstacles sociaux à la transition écologique et solidaire (Le bord de l’eau, 2022).

« La démocratie du productivisme est celle du marché libre s’opposant à l’écologie à la fois par l’abondance des modèles de consommation et par divers obstacles culturels, sociaux, politiques, économiques, démographiques ou technologiques ».

Giorgos KALLIS, Éloge des limites. Par-delà Malthus (Puf, 2022).

« La thèse défendue dans cet ouvrage peut sembler paradoxale : le monde est abondant mais nous ne pouvons nous construire et nous épanouir qu’avec l’autolimitation. Ce sont nos désirs illimités qui font surgir les limites. À partir de la lecture de Malthus, Giorgos Kallis montre que, contrairement à la doxa, Malthus était un « prophète » de la croissance : il n’existait pour lui aucune limite naturelle à la production alimentaire. Il n’était pas non plus opposé à la croissance démographique, si celle-ci était précédée de la croissance de la production alimentaire. La différence entre croissance arithmétique de la production alimentaire et géométrique de la population signifiait pour lui que la population ne peut croître longuement sans régulation. Pour ses successeurs, seul un accroissement de la production permettrait de s’affranchir de la rareté. Mais ce serait reproduire l’illusion malthusienne, car le progrès technologique accroit nos besoins à son rythme. Avec l’économie néoclassique, c’est la technologie qui joue le rôle que jouait pour Malthus la production alimentaire. Héraut de la décroissance, Giorgos Kallis nous propose ici un manifeste pour une autolimitation et une transformation de la société ».

Duncan KELLY, Politics and the Anthropocene (Polity Press, 2019).

« Si la politique reste une affaire à court terme régie par les cycles électoraux, pourrait-on y intégrer un sens anthropocène du temps, de la valeur et de la prospérité, modifiant ainsi des conceptions établies de longue date sur l’abondance, l’énergie et la croissance ? L’Anthropocène est-il à ce point disruptif qu’il n’est plus qu’un signe avant-coureur de la catastrophe écologique, ou la politique moderne peut-elle s’adapter en repensant les anciens débats sur les États, les territoires et les populations ? ».

Eleana J. KIM, Making Peace with Nature. Ecological Encounters along the Korean DMZ (Duke University Press, 2022).

« La zone démilitarisée coréenne (DMZ) est interdite à toute occupation humaine depuis près de 70 ans. Pendant cette période, des formes de vie biodiversifiées se sont épanouies, bénéficiant d’une guerre non résolue. S’appuyant sur un travail de terrain ethnographique avec des écologistes, des scientifiques et des résidents locaux, Kim démontre comment les écologies humaines et non humaines interagissent et se transforment dans des espaces définis par la guerre et la militarisation. Ce faisant, Kim recadre la paix en s’éloignant d’une paix politique ou économique axée sur l’homme et en s’orientant vers une paix biologique, plus qu’humaine ».

Naomi KLEIN, Rebecca STEFOFF, Vaincre l’injustice climatique et sociale. Feuilles de combat à l’usage des jeunes générations (Actes Sud, 2021). Traduction par Cédric Weis.

Face au constat que la Terre ne sera plus habitable pour toustes dans quelques décennies, l’essayiste et militante partage ses outils politiques, stratégiques avec les jeunes qui se mobilisent pour un futur désirable : « comment en sommes-nous arrivés là ? Comment déjouer les pièges tendus par les principaux pollueurs/destructeurs de la planète et leurs complices ? ».

Catherine LARRERE, L’écoféminisme (La Découverte, 2023).

« Écoféminisme : Des féministes s’inquiètent d’un amalgame des femmes et de la nature, et du risque d’essentialisme qu’il comporte. Des écologistes ne voient pas pourquoi les femmes seraient plus portées à s’occuper d’une écologie qui est l’affaire de tous. On peut parler d’écoféminisme là où se rencontrent luttes écologiques et luttes des femmes, un peu partout dans le monde. Ces mouvements sont tellement divers qu’il est impossible de leur attribuer une doctrine unique. Mais ils ne sont pas le fruit du hasard : ils répondent à la double oppression qui frappe les femmes et la nature. Enquêter sur ces mouvements conduit à étudier le cadre culturel et historique de cette double oppression. Les trois domaines concernés sont la nature, le social et la politique ».

Cy LECERF MAULPOIX, Écologies déviantes. Voyage en terres queers (Cambourakis, 2021).

« Tout à la fois voyage, enquête, cheminement personnel, réflexion politique sur l’articulation des luttes contemporaines, ce livre de Cy Lecerf Maulpoix, journaliste engagé dans les luttes LGBTQI et pour la justice climatique, nous entraîne dans les jardins anglais de l’artiste Derek Jarman, de l’écrivain socialiste Edward Carpenter, du Bloomsbury Group, sur les traces des Radical Faeries de l’Arizona à San Francisco jusqu’aux zones de cruising des lisières des grandes villes. Parce qu’il met au jour des généalogies oubliées, ce texte permet de reconnaître la dette de l’écologie politique à ces précurseurEUSEs déviantEs. À l’heure où chacunE est concernéE par les enjeux écologiques planétaires, ce livre nécessaire propose de nouvelles pistes militantes et trace une ligne de crête sur laquelle construire, à partir de perspectives minoritaires, un mouvement réellement inclusif ».

Frédéric LEGAULT, Alain SAVARD, Arnaud THEURILLAT-CLOUTIER, Pour une écologie du 99%. 20 mythes à déboulonner sur le capitalisme (écosociété, 2021).

« Tout le monde serait vert, de Trudeau à Macron, en passant par Amazon et Total! Comment expliquer alors l’accélération dramatique de la crise écologique? Si l’humanité subit déjà la violence des changements climatiques, nous ne sommes pas tous égaux devant ce fléau. Il est temps d’identifier les véritables pollueurs et les faux alliés pour enfin opérer un virage écologique vital. Et pour dépasser le consensus vert pâle qui vante le marché du carbone ou les technologies vertes, il faut poser la question taboue : celle de la sortie du capitalisme ».

LE GRAND CONTINENT, Politiques de l’interrègne — Chine, Pandémie, Climat (Gallimard, 2022).

« Le chaos pandémique n’a pas d’après. Pourtant, derrière les images monstrueuses qui défilent sur nos écrans, au-delà des polémiques qui agitent nos débats, dans le vertige des crises des années 2020, un nouveau monde est sur le point d’éclore. Nous nous trouvons encore dans l’interrègne. Nous subissons des bouleversements que l’on peine à décrire, à transformer ou à arrêter. Fait-on du surplace ou sommes-nous en train de basculer ? Deux forces fracturent notre réalité. La rivalité géopolitique entre la Chine et les États-Unis structure le monde. La crise climatique planétaire change tout. Entretemps, dans la pandémie, en France, en Europe, des spectres se raniment : la dette, le conflit, le genre, l’État, la souveraineté. Est-il encore possible de bifurquer ? ».

Yifei LI, Judith SHAPIRO, China Goes Green. Coercive Environmentalism for a Troubled Planet (polity, 2020).

Une analyse des promesses et des risques de l’environnementalisme autoritaire de l’Etat chinois, qui s’accompagne de programmes politiques tels que la surveillance généralisée et l’influence géopolitique.

Bruno MAÇÃES, Geopolitics for the End Time. From the Pandemic to the Climate Crisis (Hurst, 2021).

« Avant le Covid, une nouvelle compétition se dessinait déjà entre des modèles géopolitiques alternatifs — mais le contexte de cet affrontement n’était pas encore clair. Ce livre explore comment le Covid-19 a déjà transformé le système mondial, et comment il sert de prélude à une planète affligée par le changement climatique. Bruno Maçães envisage la pandémie comme l’aube d’une nouvelle ère stratégique, annonçant un paysage politique mondial profondément modifié ».

Andreas MALM, Comment saboter un pipeline (La Fabrique, 2020). Traduction par Étienne Dobenesque.

Le militant et maître de conférences en géographie humaine à l’université de Lund (Suède) « revient sur l’histoire de plusieurs luttes sociales « victorieuses », de l’abolition de l’esclavage aux printemps arabes, en passant par le mouvement des suffragettes en Angleterre ou le combat contre l’apartheid en Afrique du Sud. Il rappelle que ces mouvements, présentés comme non violents, furent tous accompagnés — et donc aidés — par des actions plus radicales, qui ont contribué à leur succès. Pour lui, la mobilisation mondiale pour lutter contre le réchauffement climatique doit emprunter cette voie, sans quoi elle demeurera impuissante » (Usbek & Rica, 18/06/2020).

Andreas MALM, La chauve-souris et le capital. Stratégie pour l’urgence chronique (La fabrique, 2020). Traduction par Étienne Dobenesque.

« Ce livre décrit les mécanismes par lesquels le capital, dans sa quête de profit sans fin, produit le risque épidémique comme l’effet de serre, sans fin. S’appuyant sur l’expérience inédite de ces derniers mois, Andreas Malm appelle à mettre en œuvre des politiques écologiques radicales à grande échelle ; il rappelle aussi que sur le front climatique, aucun « retour à la normale » ne sera possible et que les demi-mesures bureaucratiques ne suffiront pas. Si nous ne voulons pas vivre sur « une planète enfiévrée habitée par des gens fiévreux », il faut des méthodes révolutionnaires ».

Matto MILDENBERGER, Carbon Captured. How Business and Labor Control Climate Politics (MIT Press, 2020).

Un examen comparatif des politiques climatiques nationales qui propose une théorie des différences transnationales dans l’élaboration des politiques climatiques nationales. Une étude sur la double contrainte que constituent les intérêts industriels (défendre les investissements) et syndicaux (défendre l’emploi) dans la lutte contre la crise climatique.

Sam MOORE, Alex ROBERTS, The Rise of Ecofascism. Climate Change and the Far Right (Polity, 2021).

« Ce livre incisif retrace la longue histoire de l’environnementalisme d’extrême droite et explore la manière dont il s’adapte au monde contemporain ».

Jason W. MOORE, Le capitalisme dans la toile de la vie. Écologie et accumulation du capital (L’Asymétrie, 2020). Traduction par Robert Ferro.

L’auteur « est le chef de file du courant de « l’écologie-monde », un courant d’histoire environnementale et d’écologie politique. Son ambition est de comprendre le rôle constitutif du pillage de la nature dans le développement du capitalisme et dans la mise au jour de ses limites structurelles ». (La vie des idées, 23/06/2021).

Camille MOREL, Les câbles sous-marins : enjeux et perspectives au XXIe siècle (CNRS Editions, 2023).

« Aujourd’hui, plus de 98 % des flux d’informations mondiaux passent par la mer. Répartis sur l’ensemble du globe de manière hétérogène, 450 câbles sous-marins de fibres optiques, permettant le transport de données à la vitesse de la lumière, forment une immense toile. À l’heure d’une augmentation exponentielle de notre consommation de données, cet ouvrage s’intéresse aux grands enjeux soulevés par cette infrastructure : fonctionnement et marché de la technologie, rôle politique joué par ces lignes de communications, encadrement juridique international, défi environnemental ».

Edouard MORENA, Fin du monde et petits fours. Les ultra-riches face à la crise climatique (La Découverte, 2023).

« Les élites économiques sont des acteurs clés du débat climatique international. Elles sont les promoteurs acharnés du capitalisme vert, un projet politique taillé sur mesure et qui garantit leurs intérêts de classe dans un monde en surchauffe. Ce livre est le premier à en exposer non pas uniquement les mots d’ordre (qui sont déjà assez connus), mais les ressorts, et en particulier les réseaux d’acteurs (ONG, fondations, think-tanks, cabinets de conseil et autres lobbyistes) qui, au cours des vingt dernières années, ont imposé le capitalisme vert — et les élites qui le soutiennent — comme unique issue “réaliste” face à la crise climatique en cours ».

Edouard MORENA, Dunja KRAUSE, Dimitris STEVIS (dir.), Just Transitions. Social Justice in the Shift Towards a Low-Carbon World (Pluto Press, 2019).

« Un dispositif développé au sein du mouvement syndical pour rassembler une série d’interventions sociales nécessaires pour garantir les emplois et les moyens de subsistance des travailleur·euses et des communautés en première ligne lorsque les économies se tournent vers la production soutenable ».

Jean-Frédéric MORIN, Amandine ORSINI, Essential Concepts of Global Environmental Governance (Routledge, 2021).

Synthèse des écrits sur la gouvernance environnementale mondiale par des expert·es de niveau international : chaque article définit un concept central de la gouvernance environnementale mondiale, présente son évolution historique et les controverses afférentes, et inclut des références bibliographiques.

Fatima OUASSAK, Pour une écologie pirate. Et nous serons libres (La Découverte, 2023).

« Nous manquons, aujourd’hui en Europe, d’un projet écologiste capable de résister aux politiques d’étouffement, dans un monde de plus en plus irrespirable. D’un projet initié dans les quartiers populaires, qui y articulerait enfin l’ancrage dans la terre et la liberté de circuler. D’un projet dont le regard serait tourné vers l’Afrique et qui viserait à établir un large front internationaliste contre le réchauffement climatique et la destruction du vivant. D’un projet se donnant comme horizon à la fois la libération des terres, la libération animale et l’égale dignité humaine, fondamentalement liées. D’un projet qui se mettrait à hauteur d’enfants et chercherait leur bien-être et leur libération. Ce projet, c’est celui de l’écologie pirate ».

Philippe PELLETIER, Le Puritanisme vert. Aux origines de l’écologisme (Editions Le Pommier, 2021).

« Pour la plupart d’entre nous, l’écologie est un courant politique de gauche qui s’appuie sur la science du même nom. Or, écologie « punitive », injonctions de tous ordres (alimentaires, comportementales…), frugalité austère et catastrophisme sont autant de signes qui devraient nous interroger : et si l’écologisme (le courant politique) s’enracinait aussi dans le puritanisme anglo-saxon conservateur ? C’est du moins l’hypothèse de Philippe Pelletier qui met au jour un « puritanisme vert » ayant partie liée avec la confession protestante du même nom, dont les membres, embarqués sur le Mayflower, choisirent d’émigrer en Amérique à partir de 1620 ».

Philippe PELLETIER, Noir & Vert. Anarchie et écologie, une histoire croisée (Editions Le Cavalier Vert, 2021).

« Altermondialistes, zadistes, environnementalistes, anarcho-primitivistes… Anarchie et écologie semblent partager de nombreux points communs. Une même aspiration à un monde meilleur, plus proche de la nature, respectant les espèces vivantes et les paysages, fait de communautés solidaires et tolérantes. Une même détestation d’un monde dominé par l’argent, les guerres et la soif du pouvoir. Pourtant, les choses sont loin d’être aussi simples qu’il n’y paraît. Elles sont parfois même antagoniques si l’on considère que la finalité de l’injonction au « tous écologistes » n’est autre que de faire évoluer le système actuel vers un capitalisme vert, bien éloigné de l’idéal anarchiste… ».

Geneviève PRUVOST, Quotidien politique. Féminisme, écologie, subsistance (La Découverte, 2021).

L’autrice explore les alternatives écologiques et anticapitalistes contemporaines des théoriciennes écoféministes, critiques de la modernité industrielle pour « démontrer que la vie quotidienne est un terrain politique fondateur. À condition d’être redistribué, ancré dans une communauté en prise avec un biotope et des usages, le travail de subsistance ainsi repensé devient un facteur d’émancipation. La fabrique du quotidien apparaît alors pour ce qu’elle est : un enjeu révolutionnaire ».

Jedediah PURDY, This Land Is Our Land: The Struggle for a New Commonwealth (Princeton University Press, 2019).

« Des bassins miniers des Appalaches et des champs de tabac des Carolines aux terres communales de l’Ouest, Purdy montre comment la terre a toujours uni et divisé les Américain·es, les associant à des projets et à des destins communs, mais les séparant aussi en insiders et outsiders, propriétaires et dépendants, travailleurs et patrons. Expropriée des Native Americans et transformée par le travail des esclaves, cette même terre qui représente une histoire de racisme et d’exploitation pourrait, face à la catastrophe environnementale, les lier dans des relations de réciprocité et de responsabilité mutuelle ».

Mathieu QUET, Flux. Comment la pensée logistique gouverne le monde (La Découverte, 2022).

« Des politiques migratoires aux pratiques culturelles, de la conservation de l’environnement aux relations humaines, il n’existe plus guère de domaines de la vie qui ne soient soumis à la gestion des flux, ce principe fondamental d’intendance. Il est grand temps de se demander comment le royaume logistique régit nos existences ; de montrer combien les conséquences de ses manquements sont dramatiques pour le vivant ; de raconter les multiples luttes qui lui font face. Et surtout, comme s’y emploie ce livre, il est urgent d’inventer d’autres imaginaires de la circulation et du transport, d’autres sujets collectifs pour un monde dans lequel les circulations ne seraient pas un instrument mortifère au service de la valeur marchande ».

RED TEAM / PSL, Ces guerres qui nous attendent (Editions des Equateurs, 2022 pour vol. 1 et 2023 pour vol. 2).

« Quelles sont les guerres possibles et imaginables dans les trente prochaines années ? L’explosion technologique, la multiplication des virus et bactéries, les manipulations génétiques ne vont-elles pas tenter les États d’utiliser des armes biologiques pour déstabiliser les écosystèmes ? La Nature peut-elle devenir notre ennemi le plus fou et incontrôlable ? La Red Team, cette équipe haute en couleur qui réunit écrivains de science-fiction et dessinateurs travaillant à partir des analyses prospectives du ministère français des Armées et de nos meilleurs scientifiques, nous livre des scénarios d’anticipation intenses et sidérants qui nous obligent à penser notre environnement de demain ».

Nicolas REGAUD, François GEMENNE, Bastien ALEX, La guerre chaude. Changement climatique et politiques de défense (Presses de SciencesPo, 2022).

« Les militaires doivent anticiper les impacts du changement climatique sur le paysage stratégique international (migrations, aires géopolitiques les plus impactées). Ils doivent aussi analyser la façon dont leurs grandes missions de défense vont être affectées par la hausse des températures : opérations militaires, sécurité sanitaire, contribution aux politiques publiques d’atténuation, sécurité énergétique, adaptation des équipements et des infrastructures de défense ».

Justine REIX, La poudre aux yeux. Enquête sur le ministère de l’écologie (JC Lattès, 2022).

« Tout le monde s’accorde sur l’urgence écologique. Mais personne ne sait comment fonctionne le ministère censé représenter cet enjeu, ni pourquoi les résultats se font tant attendre. Pendant deux ans, Justine Reix a donc mené l’enquête, des couloirs de l’Assemblée nationale aux bureaux feutrés. Elle a rencontré ministres, lobbyistes, députés, ONG, chercheurs… Elle a découvert que, des petits arrangements lors de votes de loi jusqu’aux luxueux repas payés par des industriels polluants, ce ministère n’a bien souvent d’Écologie que le nom ».

Xavier RICARD LANATA, La tropicalisation du monde (Puf, 2019).

Un appel à sortir du capitalisme que nous avons imposé au monde entier et qui se retourne contre nous, dans son appétit insatiable de rendement. Nous devenons les colonies dominées de ce capitalisme désormais affranchi de tout contrôle étatique et démocratique. L’ouvrage invite à penser avec les Suds et à s’inspirer de leurs luttes pour fonder une économie réconciliée avec l’écologie qui intègre les biens communs.

Mathias ROLLOT, Les Territoires du vivant. Un manifeste biorégionaliste (Editions Wildproject, 2023).

« Dans ce texte engagé et incarné, l’architecte et philosophe Mathias Rollot invite à redéfinir l’architecture à partir des idées du mouvement biorégionaliste. L’éthique biorégionaliste déplace nos manières de voir le monde et ouvre des pistes radicales, pour remettre l’architecture au service du vivant et de ses territoires, et d’une société plus juste ».

Mathias ROLLOT, Marin SCHAFFNER, Qu’est-ce qu’une biorégion ? (Editions Wildproject, 2021).

« Parler de biorégion, c’est se demander où et avec qui nous vivons au sens large, pour réapprendre de ces lieux où nous sommes — et pour cohabiter avec d’autres vivants. Une biorégion, c’est un lieu de vie où toutes les parties prenantes s’efforcent de vivre ensemble de façon pérenne. En repartant des bassins-versants, des microclimats, des types de sols, de la vitalité de la faune et de la flore, nos territoires habituels se redessinent ».

Floréal ROMERO, Agir ici et maintenant : Penser l’écologie sociale de Murray Bookchin (éd. du commun, 2019).

« La première moitié de l’ouvrage raconte ce que furent les engagements de Murray Bookchin, penseur de l’écologie sociale, à partir d’une vision libertaire. S’en suit un vaste débat sur ce que nous pouvons faire pour développer une écologie qui ne soit pas un simple accompagnement d’un capitalisme en crise (et donc loin des « économies circulaires » ou autres peintures vertes). Cela suppose de remettre en cause les structures hiérarchiques et de les remplacer par un « communalisme », c’est-à-dire un fonctionnement horizontal au niveau de territoires suffisamment petits pour que cela soit possible » (revue Silence, avril 2020).

Kristin ROSS, La forme-Commune. La lutte comme manière d’habiter (la fabrique éditions, 2023). Traduction par Étienne Dobenesque.

« Quand l’État recule, la forme-Commune s’épanouit. Ce fut le cas à Paris en 1871 comme lors de ses apparitions ultérieures, en France et ailleurs, quand des travailleurs et travailleuses ordinaires prennent en main l’administration collective de leur vie quotidienne. Les batailles contemporaines contre l’accaparement et l’artificialisation des terres ont remis à l’ordre du jour des pratiques d’appropriation de l’espace où s’inventent, dans la défense d’un territoire, de nouvelles manières politiques d’habiter et de produire, hétérogènes à l’État et indifférentes à la logique destructrice du capital ; où se nouent des alliances singulières et des collaborations fructueuses qui laissent joyeusement entrevoir la forme politique enfin trouvée de l’émancipation économique du travail ».

Kirkpatrick SALE, L’art d’habiter la Terre. La vision biorégionale (Wildproject, 2020). Traduction par Mathias Rollot et Alice Weil.

Traduction de l’ouvrage historique Dwellers in the land. The bioregional vision (1985). Il imagine un monde structuré par la diversité écologique et culturelle, plutôt que par des paramètres économiques et nationaux et il invite au développement réaliste de communautés biorégionales, à des échelles de territoires écologiquement salubres (celles des bassins-versants), attentives aux modes d’habitat et avec des systèmes économiques renouvelables.

Marin SCHAFFNER (dir.), Un sol commun. Lutter, habiter, penser (Éd. Wildproject, 2019).

« Depuis une décennie environ, une scène des pensées de l’écologie a émergé en langue française. Comment décrire et nommer ce nouveau continent à la croisée des luttes, des arts et des sciences ? À quelles œuvres collectives ses acteurs sont-ils en train de donner vie ? Quelles sont les grandes dynamiques en cours ? Comment l’écologie transforme-t-elle nos façons de penser et d’agir ? ».

Marin SCHAFFNER, Mathias ROLLOT, François GUERROUE, Les Veines de la Terre. Une anthologie des bassins‑versants (Editions Wildproject, 2021).

« Du géographe libertaire Elisée Reclus (France) à l’écoféministe Vandana Shiva (Inde), du biorégionaliste Peter Berg (États-Unis) à l’ostréiculteur Hatakeyama Shigeatsu (Japon), ce livre montre comment la conscience des bassins-versants permet de comprendre les crises écologiques et de les combattre ».

Joel Alden SCHLOSSER, Herodotus in the Anthropocene (University of Chicago Press, 2020).

Le chercheur en science politique démontre que les Histoires d’Hérodote (historien grec du 5ème siècle avant notre ère) — qui relatent les relations entre les cités-États grecques et leurs voisins menant aux guerres médiques et persiques — regorgent de concepts utiles pour saisir la complexité dynamique d’un monde en mutation. En effet, à un moment où les Grecs sont les plus influents, ils doivent parallèlement affirmer leur capacité à s’organiser collectivement pour éviter leur propre perte, à travers les Nomoi, cet ensemble de lois et de coutumes qui organisent les communautés humaines et les rendent adaptables par la coopération.

James C. SCOTT, L’oeil de l’État — Moderniser, uniformiser, détruire (La Découverte, 2021). Traduction par Olivier Ruchet.

« Pourquoi, malgré des intentions parfois sincères et orientées vers le bien-être de leurs populations, les États modernes les ont-ils si souvent malmenées, voire meurtries ? Pourquoi, malgré les moyens colossaux mis en œuvre, les grands projets de développement ont-ils si tragiquement échoué et ravagé l’environnement ? Dans cette recherche foisonnante, James Scott démonte les logiques bureaucratiques et scientifiques au fondement de ces projets « haut-modernistes », poussant à toujours plus de lisibilité et de contrôle sur la nature et les sociétés humaines. À l’encontre de ces approches autoritaires centralisées et surplombantes, Scott défend le rôle de formes de savoirs plus modestes, étroitement liées à l’expérience pratique et davantage capables d’adaptation au gré des circonstances ».

James C. SCOTT, Homo domesticus. Une histoire profonde des premiers Etats (La Découverte, 2019). Traduction par Marc Saint-Upéry.

« Aucun ouvrage n’avait jusqu’à présent réussi à restituer toute la profondeur et l’extension universelle des dynamiques indissociablement écologiques et anthropologiques qui se sont déployées au cours des dix millénaires ayant précédé notre ère, de l’émergence de l’agriculture à la formation des premiers centres urbains, puis des premiers États. Ce livre démonte implacablement le grand récit de la naissance de l’État antique comme étape cruciale de la “civilisation” humaine. Ce faisant, il nous offre une véritable écologie politique des formes primitives d’aménagement du territoire, de l’”autodomestication” paradoxale de l’animal humain, des dynamiques démographiques et épidémiologiques de la sédentarisation et des logiques de la servitude et de la guerre dans le monde antique ».

Luc SEMAL, Face à l’effondrement, militer à l’ombre des catastrophes (PUF, 2019).

« Depuis les premières alertes des années 1970 jusqu’aux débats contemporains sur l’Anthropocène, Luc Semal retrace l’émergence et l’évolution des mobilisations aux prises avec les limites à la croissance et la perspective d’un effondrement global. Leur catastrophisme est envisagé non pas comme une fascination paralysante pour le désastre, mais comme une pensée politique propice à la délibération et à l’action ».

Vandana SHIVA, 1% Reprendre le pouvoir face à la toute-puissance des riches (Rue de l’échiquier, 2019). Traduction par Agnès El Kaïm.

« Le manifeste de Vandana Shiva contre le pouvoir des multinationales et des ultra-riches ».

Agnès SINAÏ (dir.), Politiques de l’Anthropocène. Penser la décroissance. Économie de l’après-croissance. Gouverner la décroissance (Presses de SciencesPo, 2021).

Envisagée ici comme un projet égalitaire plutôt que comme une injonction à diminuer le produit intérieur brut, la société décroissante cherche à éviter le délitement des liens, à maintenir les conditions d’habitabilité de la Terre dans une décence commune.

Vaclav SMIL, Growth: From Microorganisms to Megacities (MIT Press, 2019).

« Une étude systématique de la croissance dans la nature et la société, depuis les organismes minuscules jusqu’aux trajectoires des empires et des civilisations ».

Sophie SWATON, Revenu de transition écologique : mode d’emploi (PUF, 2020).

Un ouvrage pour accompagner les territoires et les acteurs/actrices vers la mise en place du revenu de transition écologique : un dispositif visant à verser un revenu à des personnes physiques, en contrepartie d’activités orientées vers l’écologie et le lien social.

Alain VAILLANT, L’Anthropocène ou l’âge de l’addiction cognitive (Editions Le Bord de L’Eau, 2021).

L’humain « est cet animal singulier qui a appris à jouir pour lui-même de son plaisir cognitif. Ce qui n’était qu’un instrument est devenu un but en soi, qui a libéré l’homme de son environnement tout en l’enchaînant à sa propre quête de jouissance ». L’Anthropocène serait alors mu par cette libido cogitandi.

Bruno VILLALBA, L’écologie politique en France (La Découverte, 2022).

« Cet ouvrage examine les conditions de la construction de l’écologie politique, en insistant sur le pluralisme de ses sources théoriques — parfois contradictoires –, ses évolutions stratégiques et ses fluctuations électorales. Il confronte les processus internes (constructions partisanes, concurrences entre formations écologistes, régulations militantes, etc.) aux processus politiques externes (règles du jeu politique, offre idéologique). Il procède enfin à une contextualisation de cette histoire au regard de l’amplification des crises écologiques planétaires et de l’apparition de nouvelles contributions théoriques et militantes ».

Bruno VILLALBA, Politiques de sobriété (Le Pommier, 2023).

« Pour Bruno Villalba, il manque encore à la sobriété de devenir politique. Loin de consister simplement en l’élargissement d’une éthique personnelle, les politiques de sobriété impliquent de réviser en profondeur les conditions de bien-être de notre société matérialiste et hédoniste. Faire le choix de la sobriété, c’est aussi assumer ses conséquences. Mais sommes-nous réellement prêts à renoncer à un imaginaire de l’abondance, de la consommation généralisée, de l’extension du pouvoir d’achat, et à adapter notre liberté aux limites planétaires ? ».

Nathanaël WALLENHORST, Qui sauvera la planète ? Les technocrates, les autocrates ou les démocrates… (Actes Sud, 2022).

« L’auteur décrypte les récits politiques du temps présent qui font chacun le lit possible de l’échec démocratique et/ou de l’échec écologique : le récit mensonger, selon lequel nous ne serions pas sûrs que le changement climatique soit d’origine humaine ; le récit bisounours, qui fait reposer un changement global sur la conversion à l’écologie de chaque citoyen ; le récit californien, qui fait miroiter un salut technoscientifique ; le récit chinois, selon lequel la fin justifierait les moyens ; le récit pervers, qui veut tout faire tenir en même temps. Mais l’histoire n’est pas terminée. Un récit alternatif trace son sillon… ».

Edwin ZACCAI, Deux degrés: Les sociétés face au changement climatique (Les Presses de Sciences Po, 2019).

« Nous ne tiendrons pas l’objectif, solennellement acté par les gouvernements du monde, de contenir le réchauffement climatique en dessous de 2 °C. Constatant l’impossibilité actuelle de changer nos modes de vie, ce livre nous engage néanmoins à suivre plusieurs voies réalistes d’adaptation et de réforme pour préparer un futur moins sombre ».

Joëlle ZASK, Écologie et Démocratie (Premier Parallèle, 2022).

« Cet essai entreprend de démontrer que non seulement il n’y a pas de contradiction entre l’écologie et la démocratie, mais que l’une ne va pas sans l’autre. Le citoyen au sens fort participe activement à la création de ses propres conditions d’existence. Il transforme le monde en le préservant. Il jardine, construit, aménage, s’associe à d’autres, inventant avec la nature comme avec autrui des formes de vie communes. Pour que notre monde ne devienne pas un monde de désolation, nous devons introduire dans l’idée de citoyenneté la production, l’entretien, la préservation et la transmission d’espaces concrets partageables — en somme, la juste occupation de la terre ».

ZETKIN COLLECTIVE, Andreas MALM (coord.), Fascisme fossile. L’extrême droite, l’énergie, le climat (la fabrique éditions, 2020). Traduction par Lise Benoist.

Une tentative de penser ensemble la montée des températures et celle de l’extrême-droite en analysant les positions de l’extrême-droite vis-à-vis de l’écologie au fil de l’histoire et en montrant comment les énergies fossiles « ont été une pierre angulaire de la domination blanche du monde moderne ».


POLITIQUE & GÉOPOLITIQUE was originally published in Anthropocene 2050 on Medium, where people are continuing the conversation by highlighting and responding to this story.

28.08.2023 à 00:23
berenice gagne
Texte intégral (17533 mots)

LECTURES ANTHROPOCÈNES #2019-2023

« Ophelia » © Raquel Aparicio

COLLECTIF, Relions-nous ! La Constitution des liens — L’an 01 (Les Liens qui Libèrent, 2021).

« Nous vivons une vraie crise de la représentation et donc une vraie crise politique. Nous continuons à interpréter le monde selon des concepts dépassés, un peu comme ces étoiles dont nous admirons l’éclat alors qu’elles sont éteintes depuis bien longtemps… Aujourd’hui, le cœur des savoirs n’est plus la séparabilité, mais à l’inverse, les liens, les interdépendances, les cohabitations ».

Frédérique AIT-TOUATI, Emanuele COCCIA, Le cri de Gaïa. Penser la Terre avec Bruno Latour (La Découverte, 2021).

« L’hypothèse Gaïa de Lovelock et Margulis représente l’effort pour reconnaître que la Terre est un sujet qui agit et intervient avec force dans notre histoire. Nous sommes moins sur la Terre que face à elle. La question écologique est moins celle du respect du vivant que celle de l’acceptation et de la représentation de l’actrice politique par excellence: notre planète. Reconnaître sa puissance d’agir signifie faire coïncider la protagoniste de l’histoire de la vie avec sa scène. Autour de ce défi, des spécialistes de différentes disciplines scientifiques et artistiques se sont réunis. Chacun des auteurs raconte sa rencontre avec une des propositions contenues dans Face à Gaïa, comment elle l’a interrogé, bouleversé, voire contrarié ».

Catherine ALBERTINI, Résistances des femmes à l’Androcapitalocène. Le nécessaire écoféminisme (M éditeur, 2021).

« Puisque les femmes n’ont pas joué un rôle important dans l’«Anthropocène» en raison de leur absence de pouvoir de décision économique, politique et social, Catherine Albertini conteste ce concept au profit de celui d’Andro­capitalocène, soit l’ère du capitalisme patriarcal, afin d’apporter un éclairage nouveau sur le rôle des femmes, notamment des écoféministes, dans l’organisation des luttes pour combattre la catastrophe écologique ».

Mohamed AMER MEZIANE, Au bord des mondes. Vers une anthropologie métaphysique (Éditions Vues de l’Esprit, 2023).

« Il ne suffit pas d’attribuer une âme aux plantes et aux animaux pour soigner les ravages de l’extractivisme. Encore faut-il élargir le spectre des non-humains au-delà du visible. Dragons et êtres souterrains, lieux des rêves ou réalités ultimes tiennent une place centrale dans les traditions vivantes qui peuplent cette terre. Pour vraiment les écouter, il est temps de rompre avec toute une série de présupposés qui encombrent l’anthropologie, à commencer par l’idée que les « indigènes » demeureraient inconscients des structures qui régissent leur vie collective. Afin de mettre en œuvre une « décolonisation des savoirs », ce livre invite à assumer la part métaphysique de la pensée et du réel. Seul un contact philosophique avec l’invisible, une pensée de ce qui se trouve au bord des mondes, permettra une double critique féconde — aussi bien des limites de la modernité que des traditionalismes qui s’exercent au nom de Dieu. Et s’il fallait à nouveau visiter le ciel pour réhabiliter la terre ? Cet essai propose une perspective novatrice qui bouleverse les lieux communs de la pensée écologique et des sciences sociales ».

Mohamad AMER MEZIANE, Des empires sous la terre. Histoire écologique et raciale de la sécularisation (La Découverte, 2021).

Une approche inattendue de l’Anthropocène et une autre histoire de la sécularisation « dans laquelle la proclamation d’un monde sans Dieu est le fruit d’une « impérialité » hantant l’Europe et ses colonies depuis l’échec de la réunification de l’Empire chrétien par Charles Quint. En l’absence d’un Royaume de l’au-delà, la Terre devient le seul monde « sacré », et l’exploitation de ses sols et sous-sols la source unique de la légitimité de l’Empire. Aiguisée par les rivalités interimpériales, la ruée sur les biens terrestres s’est peu à peu muée en destruction de l’écosystème global ». Le philosophe fait ainsi « remonter la crise climatique à ce surgissement impérial-séculier » qu’il qualifie de « Sécularocène ». « C’est la critique du Ciel qui a bouleversé la Terre ».

Fahim AMIR, Révoltes animales (éditions divergences, 2022).

« Ni plus ni moins que nous, les animaux sont sujets de l’exploitation capitaliste, et développent leurs propres façons d’y résister. Des porcs récalcitrants sont aux origines de l’usine moderne. Les termites créent des sociétés communistes. Ainsi s’esquissent les contours d’une vision politique ensauvagée, mêlant humains et animaux dans un horizon partagé. Les bêtes renvoient l’humanité à sa part incarnée, nous reconnectent avec les sources vives de la révolte ».

Günther ANDERS, Le Rêve des machines (Editions Allia, 2022). Traduction par Benoît Reverte.

Un texte qui rassemble 2 lettres adressées à Francis Gary Powers, un pilote américain arrêté en mission en URSS en pleine Guerre froide. Le philosophe y « dénonce la toute-puissance de la technique et le monde des machines, produit d’un capitalisme qui annihile notre humanité ».

Iwan ASNAWI, L’esprit de la jungle (PUF, 2019).

« Iwan Asnawi est guérisseur. Il a grandi au cœur de la prodigieuse jungle indonésienne, sur un territoire aujourd’hui dévasté par les plantations de palmiers à huile, et devenu socialement le plus dangereux du pays. Par son histoire, il est le témoin des conséquences écologiques, culturelles et sociales désastreuses de la déforestation massive imposée par la dictature militaire. Au fil de ce récit, Iwan Asnawi rend hommage au peuple indonésien, à ses traditions, ses clans, ses souffrances, et à son syncrétisme spirituel parfois si déroutant pour les Européens ».

Serge AUDIER, La cité écologique. Pour un éco-républicanisme (La découverte, 2020).

Un essai à contre-courant dans lequel le philosophe appelle à réinventer nos grands idéaux de liberté, d’égalité et de solidarité pour affronter collectivement la crise écologique. L’enjeu est de créer une cité écologique, de proposer ainsi une vision et un récit communs, l’éco-républicanisme, capables d’inspirer une politique de solidarité élargie avec la Terre. « Contre l’immense majorité des penseurs contemporains de l’écologie, prêts jeter aux orties l’héritage de la Renaissance et des Lumières, que notre tradition politique républicaine offre de précieuses ressources pour affronter les problématiques environnementales » (philosophie magazine, 13/10/2020).

Serge AUDIER, L’Âge productiviste. Hégémonie prométhéenne, brèches et alternatives écologiques (La Découverte, 2019).

Au travers d’un vaste panorama d’histoire des idées, le philosophe Serge Audier propose une généalogie de la pensée écologique. Il montre que c’est au début du XIXe siècle que se dessinent pour la première fois les enjeux de la « cause environnementale ».

Babette BABICH, Günther Anders’ Philosophy of Technology. From Phenomenology to Critical Theory (Bloomsbury, 2021).

Une exploration de l’œuvre du philosophe allemand qui « prédit la prévalence des médias sociaux, la surveillance omniprésente et le tournant vers le big data. L’œuvre d’Anders a également exploré les technologies de l’énergie nucléaire et les préoccupations biotechnologiques relatives à la condition humaine et transhumaine ».

Éric BARATAY (dir.), L’animal désanthropisé. Interroger et redéfinir les concepts (Éd. de la Sorbonne, 2021).

« Depuis longtemps, nous interrogeons les animaux avec des concepts définis du point de vue humain. Cela nous a fait confondre les versions humaines de l’intelligence, du langage, des émotions, etc., avec la définition générale de ces capacités. Cela nous a amené à conclure que les animaux ne possédaient pas ces capacités ou qu’ils n’en possédaient que des versions dégradées. Voilà pourquoi il faut sortir les concepts de leurs versions humaines — soit les désanthropiser — pour les redéfinir d’une manière plus adaptée aux animaux, afin de les observer et de les interroger — avec eux, pas contre eux ».

Jean-Hugues BARTHELEMY, Ego Alter. Dialogues pour l’avenir de la Terre (Editions Matériologiques, 2021).

Un dialogue entre une scientifique et un philosophe qui vise à décentrer l’espèce humaine, notamment pour remédier à la catastrophe écologique en cours. Le directeur du Centre international des études simondoniennes aborde les thèmes majeurs de notre époque : « les religions et la naïveté de l’anthropocentrisme ; la nature à la fois inattendue et incontournable du faire-droit qui devrait fonder les normes juridiques ; la question trop vite oubliée du progrès humain, et sa différence avec le « développement » et la « croissance » ; la notion d’Anthropocène et le problème de sa véritable signification philosophique ; enfin, la question du sens comme question philosophique la plus fondamentale et la plus difficile ».

Gil BARTHOLEYNS, Le hantement du monde. Essai sur le pathocène (Editions Dehors, 2021).

Le Pathocène, une ère de vulnérabilité : l’historien analyse notre monde hanté par la peur de la maladie et submergé par l’émotion face à la perte de l’habitabilité de la planète et à l’érosion de la biodiversité. Il remonte la généalogie des activités générant ce rapport obsessionnel aux maladies et aux émotions : élevage industriel, traite des animaux sauvages, fracturation des habitats naturels etc. et propose des remèdes pour soigner le vivant et cohabiter.

Jérôme BASCHET, Basculements. Mondes émergents, possibles désirables (La Découverte, 2021).

L’auteur préfère la notion de basculements à celle d’effondrement « qui dépolitise les enjeux en postulant une trajectoire unique et comme jouée d’avance ». Les basculements font « place à l’imprévisibilité croissante de notre temps et au rôle central de la mobilisation politique ». L’ouvrage propose plusieurs scénarios et se penche particulièrement sur des « basculements sociétaux et civilisationnels considérables qui nous engageraient vers des manières de vivre échappant aux logiques du système-monde capitaliste ». « Que peut être un agencement de la production qui renonce à la centralité des déterminations économiques ? Que peut être une politique qui privilégie l’autogouvernement populaire et assume une relocalisation communale ? Comment nouer de nouvelles relations aux non-humains qui cessent de nous extraire des interdépendances du vivant sans pour autant dissoudre entièrement la notion d’humanité ? Et par quels chemins faire croître de tels possibles ? »

Bruce BEGOUT, Obsolescence des ruines (Éditions Inculte, 2022).

« Il serait difficile de nier que les ruines occupent une place de plus en plus grande dans l’imaginaire de notre temps. Nous ne parlons pas ici des ruines antiques et gothiques, mais de l’espace délabré des villes contemporaines, comprenant les usines désaffectées, les gares abandonnées, tous les lieux oubliés de la modernité. L’aura noire d’une ville comme Detroit, Pompéi actuelle de la désindustrialisation, nimbe chaque bâtiment délaissé du monde. Après le temps des ruines antiques, puis celui ces ruines modernes, voici l’ère de la ruine instantanée, de la ruine du présent lui-même qui, née de l’urgence et vaincue par elle, ne dure plus, mais s’efface au moment même de son édification ».

Miguel BENASAYAG, Bastien CANY, Les nouvelles figures de l’agir. Penser et s’engager depuis le vivant (La Découverte, 2021).

« Plus qu’une grille de lecture, le devenir complexe du monde désigne de profonds changements matériels dans l’étoffe même de la réalité ». Cet ouvrage entend « battre en brèche le sentiment d’impuissance qui menace à tout moment de nous rattraper » en déplaçant le rôle central que la phénoménologie accorde à la conscience vers les corps pour comprendre quelles seront les nouvelles figures de l’agir.

Bernadette BENSAUDE-VINCENT, Temps Paysage. Une réponse à l’Anthropocène (éditions Le Pommier, 2020).

La philosophe et historienne appelle à décentrer notre rapport au temps « par rapport à notre culture occidentale et à notre anthropocentrisme. Le temps créé par les humains, qui se fonde sur les données astronomiques, n’est pas le temps de toutes les choses qui existent dans l’univers ». Les temps sont multiples : le temps social, le temps biologique, le temps astronomique, le temps géologique… Pouvons-nous penser le temps au pluriel, sous la forme d’une polychronie ?

Aurélien BERLAN, Terre et liberté. La quête d’autonomie contre le fantasme de délivrance (La Lenteur, 2021).

« Un essai philosophique qui oppose à l’idée de liberté prédominante dans la plupart des sociétés, impliquant le pouvoir de se décharger des contraintes de la vie matérielle sur les esclaves, les travailleurs manuels, les femmes ou les machines, une vision portée par divers mouvements paysans à travers l’histoire, en particulier le zapatisme, prônant une conception plus collective et égalitaire ».

Aurélien BERLAN, Guillaume CARBOU, Laure TEULIERES (dir.), Greenwashing. Manuel pour dépolluer le débat public (Seuil, 2022).

« Fort de ses vingt-quatre entrées : croissance verte, économie circulaire, énergies décarbonées, dématérialisation, politiques publiques, nucléaire, transition, véhicule propre, ville durable… ce manuel d’autodéfense intellectuelle permet d’appréhender le greenwashing dans toute son ampleur. Trente-cinq scientifiques et spécialistes de ces questions révèlent les fausses promesses, les illusions rassurantes et les formes d’enfumage qui nous enferment dans des trajectoires insoutenables. Un outil essentiel pour ouvrir la voie aux bifurcations nécessaires ».

Alain BIHR, Roland PFEFFERKORN, Le système des inégalités (La Découverte, 2021).

« Les inégalités ne sont pas indépendantes les unes des autres : elles tendent au contraire à se cumuler au sein d’un système dont l’analyse révèle la division de notre société en classes sociales. En se fondant sur un riche matériau empirique, essentiellement statistique, et une exploitation méthodique des publications les plus récentes, ce livre montre l’intérêt d’une approche systémique des inégalités, qui met en évidence la permanence de la division de la société française en classes sociales ».

Emmanuel BONNET, Diego LANDIVAR, Alexandre MONNIN, Héritage et fermeture. Une écologie du démantèlement (Editions Divergences, 2021).

« Alors que les mouvements progressistes rêvent de monde commun, nous héritons contre notre gré de communs moins bucoliques, «négatifs», à l’image des fleuves et sols contaminés, des industries polluantes, des chaînes logistiques ou encore des technologies numériques. Nous n’avons pas d’autre choix que d’apprendre, en urgence, à destaurer, fermer et réaffecter ce patrimoine. Et ce, sans liquider les enjeux de justice et de démocratie ».

M. BOURBAN, L. BROUSSOIS, A. FRAGNIERE (dir.), Textes clés de philosophie du changement climatique Éthique, politique, nature (Vrin, 2023).

« Quelles sont les responsabilités des générations présentes envers les générations futures? Quels devoirs de justice les individus et les États ont-ils envers les plus vulnérables aux impacts climatiques? Quelles valeurs devraient guider nos actions individuelles et nos choix politiques en matière de changement climatique? Quel rapport devrions-nous entretenir avec le reste de la nature? Ces questions normatives forment le cœur de la philosophie du changement climatique, un champ de recherche récent mais en pleine expansion qui contribue au renouvellement de la philosophie dans un monde qui change rapidement ».

Dominique BOURG, Le marché contre l’humanité (PUF, 2019).

Un état des lieux de notre démocratie face à l’émergence de groupes transnationaux surpuissants et aux enjeux écologiques. Un appel à l’écologisation de la démocratie et à l’unité du vivant pour sauver nos libertés politiques, à commencer par la liberté de continuer à vivre sur une planète habitable.

Dominique BOURG, Sophie SWATON, Primauté du vivant. Essai sur le pensable (PUF, 2021).

« Cet ouvrage montre comment notre époque commence à comprendre à la fois que le vivant est un tout, et que ce tout pense ‒ car la pensée habite effectivement l’ensemble du vivant, depuis les animaux jusqu’aux végétaux en passant par le minéral : alors que l’on a cherché à réduire la pensée et le pensable aux seules représentations subjectives humaines, ils ne cessent d’affleurer de toutes parts ».

Sacha BOURGEOIS-GIRONDE, être la rivière (PUF, 2020).

« Ayant pris connaissance de l’attribution de la personnalité juridique au fleuve Whanganui et de sa reconnaissance par la loi néozélandaise comme « entité vivante et indivisible », l’auteur entreprend une enquête, à la fois sur le plan conceptuel et sur le terrain, par la remontée du fleuve avec un traducteur maori et une photographe, pour analyser le sens de cette nouvelle disposition légale ».

Christophe BOUTON, L’Accélération de l’histoire. Des lumières à l’Anthropocène (Seuil, 2022).

« Comme une locomotive lancée à toute allure qui aurait perdu son conducteur, l’histoire des sociétés occidentales se caractériserait, à partir du milieu du 18ème siècle, par une accélération exponentielle qui serait devenue hors de contrôle. Associant étroitement histoire des concepts et réflexion sur la modernité, Christophe Bouton invite à une évaluation critique de ce récit de « l’accélération de l’histoire ». Qui sont ses défenseurs ? Quelles sont les significations qu’elle revêt dans ses divers usages théoriques, pratiques et politiques ? Vivons-nous vraiment à l’ère de l’accélération généralisée ? Ne faut-il pas plutôt varier les perspectives en étant attentifs à d’autres expériences du temps historique, comme le souci du passé ou l’esprit de l’utopie, qui résistent à cette tendance de fond ? »

Clara BRETEAU, Les vies autonomes, une enquête poétique (Actes Sud, 2022).

« Alors que les appels à déserter le système se multiplient et que l’urgence de trouver d’autres manières d’habiter se fait toujours plus prégnante, Clara Breteau éclaire d’un jour nouveau les lieux autonomes et leurs pouvoirs poétiques capables, comme des plantes, de pousser à travers nos maisons et de les réanimer. Par son enquête hors norme, ce livre réussit alors à circonscrire l’un des points faibles majeurs du capitalisme colonial : ce lien organique et vernaculaire au territoire qui, refaisant de l’habitat un corps tissé de signes, contient la clef de nos émancipations poétiques et politiques ».

Sylvaine BULLE, Irréductibles. Enquêtes sur des milieux de vie, de NDLL à Bure (UGA Editions, 2020).

« D’où viennent les ZAD (zones à défendre) ? Qu’est-ce que l’« autonomie politique » comme régime d’action ? En donnant à lire l’autonomie politique dans son contexte actuel puis s’appuyant sur une enquête menée en grande partie sur la ZAD Notre-Dame-Des-Landes, cet ouvrage analyse des occupations territoriales associant stratégie défensive et déploiement de formes de vie totales. Se plaçant en dehors du système marchand et capitaliste, l’autonomie politique défend jusque dans ses alliances les plus récentes avec l’écologie, l’idée que des formes politiques et sociales émergentes sont irréductibles et doivent résister à toute tentative de formalisation (notamment par la sociologie) ou d’institutionnalisation. L’étude menée par Sylvaine Bulle restitue l’épaisseur d’un monde, celui des ZAD, qui par sa nouveauté et sa radicale différence, échappe au regard de la sociologie classique et en questionne la posture ».

Jeanne BURGART GOUTAL, Être écoféministe. Théories et Pratiques (L’Échappée, 2020).

L’autrice allie analyses et enquêtes, mélange les genres dans son écriture et fait entendre de nombreuses voix — celles de théoriciennes, de militantes, de praticiennes — afin d’approcher la complexité de l’écoféminisme en mettant en scène ses ambiguïtés.

Florent BUSSY, Günther Anders et nos catastrophes (Le passager clandestin, 2020).

Une introduction à l’œuvre visionnaire d’un « semeur de panique » : infatigable pourfendeur de la bombe atomique, Günther Anders (1902–1992) a fait des catastrophes de son siècle le point de départ de ses réflexions. Il a analysé le décalage périlleux, provoqué par la société industrielle, entre nos compétences techniques et nos facultés d’imagination : alors que la technique rend infinie notre capacité de nuisance, notre aptitude à appréhender les conséquences de nos actes s’amoindrit ostensiblement.

Florence CAEYMAEX, Vinciane DESPRET et Julien PIERON (dir.), Habiter le trouble avec Donna Haraway (Dehors, 2019).

Ouvrage collectif consacré aux propositions les plus récentes de la philosophe et biologiste Donna Haraway sous la forme d’une série d’enquêtes philosophique, sociologique, anthropologique et artistique.

John Baird CALLICOTT, Genèse. Dieu nous a-t-il placés au-dessus de la nature ? (Editions Wildproject, 2021). Traduction par Dominique Bellec.

« L’Occident est-il voué à vouloir dominer la nature ? En quoi consiste vraiment le péché originel ? Callicott remet ici en cause l’idée communément admise selon laquelle la séparation homme-nature serait un héritage culturel indissociable de notre identité judéo-chrétienne. Ce court essai, clair et dense, destiné à tous les lecteurs, propose une lecture inédite de la Genèse et du péché originel ».

Fabien CARRIE, Antoine DORE, Jérôme MICHALON, Sociologie de la cause animale (La Découverte, 2023).

« Depuis quelques années, les mobilisations pro-animaux suscitent une attention publique particulière : aux associations établies œuvrant à la “protection” des animaux s’ajoutent désormais des collectifs revendiquant plutôt leur “libération”. Leur point commun : défendre les intérêts des animaux. Le lectorat francophone ne disposait pas encore de synthèse distanciée, faisant le point sur les propriétés sociales, politiques et morales de ces mouvements ».

Pierre CHARBONNIER, Culture écologique (Presses de Sciences-Po, 2022).

« L’ouvrage se fixe pour objectif de porter à la connaissance du plus grand nombre les débats qui organisent aujourd’hui la question écologique. Ces débats convoquent les sciences de la Terre, l’anthropologie, la sociologie, l’histoire, la géographie et l’économie, ainsi que la philosophie. Leur contenu met en question l’organisation des savoirs, les normes politiques et l’encadrement technique de la nature ».

Pierre CHARBONNIER, Abondance et liberté. Une histoire environnementale des idées (La Découverte, 2020).

Le pacte entre démocratie et croissance est aujourd’hui remis en question par le changement climatique et le bouleversement des équilibres écologiques. Le philosophe « appelle à sauver le projet démocratique en le découplant de notre mode de vie destructeur. La tâche est immense, tant nos imaginaires et nos institutions ont été marquées par le pacte entre croissance et autonomie. Si les notions d’abondance et de liberté ont marché main dans la main depuis trois siècles, ce long compagnonnage est aujourd’hui remis en cause ».

Christine CHIVALLON, François DELADERRIERE, Jean-Paul DEMOULE, Bérénice GAGNE, Muriel GANDELIN, Axelle GREGOIRE, Michel LUSSAULT, Thibaut SARDIER, Christian SERMET, Néolithique Anthropocène. Dialogue autour des 12 000 dernières années (Editions deux-cent-cinq, collection “A partir de l’Anthropocène”, 2021).

L’ouvrage « donne à lire et à voir des réflexions engagées autour de l’empreinte humaine sur la planète: les empreintes transformatrices au Néolithique, révélatrices de l’interrelation de l’humanité avec le reste du vivant, les empreintes prédatrices sur les ressources et les corps de la culture de plantation dès le début du XVIe siècle, les empreintes toxiques visibles après la Seconde Guerre mondiale constitutives de la “grande accélération”. Questionner l’origine de cette crise de l’habitabilité de la Terre et entrevoir sa complexité, c’est aussi ouvrir les possibles pour l’avenir ».

Yves CITTON, Faire avec. Conflits, coalitions, contagions (Les liens qui libèrent, 2021).

« Quoi faire quand il semble qu’il n’y aurait plus rien à faire ? Une seule solution : faire avec. Trouver dans le «faire avec» une vraie puissance politique. Faire avec ce qui est là (ou ce qu’il en reste), faire avec nos amis mais aussi avec nos ennemis. Nouer des partenariats improbables et développer par contagion des hospitalités inédites. Yves Citton propose des solutions inventives pour faire face à la casse du modèle qui a porté notre développement au bord du gouffre ».

Yves CITTON, Jacopo RASMI, Générations collapsonautes. Naviguer par temps d’effondrements (Seuil, 2020).

Une analyse du discours collapsologique qui reconnaît la puissance de déplacement intellectuel des thèses effondristes et les prend au sérieux mais identifie également les présupposés de la collapsologie pour nous décoller d’une croyance naïve dans un effondrement inéluctable et imminent. L’ouvrage multiplie les perspectives dévoilant une pluralité d’effondrements déjà en cours, plutôt qu’un unique écroulement à venir et il questionne ce « nous » de la collapsologie à partir de temporalités alternatives, d’attentions altérées, de points de vues excentrés et excentriques.

Gregory CLAEYS, Utopianism for a Dying Planet. Life after Consumerism (Princeton University Press, 2022).

L’ouvrage « analyse la façon dont la longue histoire de la pensée utopique peut offrir des pistes idéologiques et imaginatives face à la catastrophe. La tradition utopique, qui a critiqué la consommation excessive et la complaisance luxueuse, pourrait ouvrir la voie à une société qui mettrait l’accent sur l’égalité, la sociabilité et la durabilité ».

Bruce CLARKE, Sébastien DUTREUIL (dir.), Writing Gaia. The Scientific Correspondence of James Lovelock and Lynn Margulis (Cambridge University Press, 2022).

« En 1972, James Lovelock et Lynn Margulis ont commencé à collaborer sur l’hypothèse Gaia. Ils suggèrent qu’au cours des temps géologiques, la vie sur Terre a joué un rôle majeur dans la production et la régulation de son propre environnement. Gaia est aujourd’hui une conception écologique et environnementale du monde qui sous-tend des débats scientifiques et culturels essentiels sur les questions environnementales. Leurs idées ont transformé les sciences de la vie et de la terre, ainsi que les conceptions contemporaines de la nature. Leur correspondance décrit ces développements cruciaux de l’intérieur, montrant comment leur partenariat s’est avéré décisif pour le développement de l’hypothèse Gaia ».

Philippe COULANGEON, Yoann DEMOLI, Maël GINSBURGER, Ivaylo PETEV, La conversion écologique des Français. Contradictions et clivages (Puf, 2023).

« À partir des données d’une enquête menée auprès d’un échantillon représentatif de la population française en 2017, ce livre analyse les dimensions sociales et politiques de la transition écologique. Il souligne la diffusion large mais inégale des préoccupations environnementales ».

Martin CROWLEY, Accidental Agents. Ecological Politics Beyond the Human (Columbia University Press, 2022).

« Dans l’Anthropocène, le fait que l’activité humaine soit liée à l’existence et aux actions de toutes sortes d’autres êtres est inéluctable. Par conséquent, la crise écologique planétaire a fait naître un besoin urgent de repenser la compréhension de l’action humaine. Une première réponse consiste à dire que les transformations nécessaires pour faire face aux crises actuelles émergeront de la capacité particulière des êtres humains à transcender leur environnement. Une autre école de pensée appelle à considérer l’action comme composite, produite par des réseaux distribués d’agents humains et non humains. S’appuyant sur des penseurs tels que Bruno Latour, Bernard Stiegler et Catherine Malabou, Crowley propose une conception originale de l’action, à la fois distribuée et décisive. Remettant en cause la vision dominante de l’agentivité comme étant exclusivement humaine, il explore comment une politique qui intègre l’agentivité non humaine peut intervenir dans le monde réel, en examinant des questions d’actualité telles que les migrations climatiques et la politique numérique-algorithmique ».

Benoit DAUGUET, Mesures contre nature (Editions Grevis, 2021).

Le sociologue « montre dans le détail et à travers l’exemple de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes comment se constituent les normes de compensation écologique et ce qu’elles produisent réellement : une mise en équivalence généralisée des êtres vivants et des milieux. Un des éléments les plus frappants concernant les équivalences ainsi produites est probablement la totale indistinction entre leurs aspects écologiques et économiques » (Lundi matin, 14/06/2021).

Emmanuel DELANNOY, Biomiméthique. Répondre à la crise du vivant par le biomimétisme (Rue de l’échiquier, 2021).

« Il n’y a pas de crise du vivant : il n’y a qu’une crise de notre relation au vivant. Après une première partie consacrée à l’étude des limites et des potentiels écueils de notre conception actuelle de la transition écologique, l’auteur décrit les conditions, valeurs et principes d’action d’une approche éthique du biomimétisme, qui contribuerait à l’émergence d’un nouveau rapport au vivant, voire d’un nouvel imaginaire collectif — ce « récit » dont les sociétés ont besoin pour se cimenter et les civilisations pour évoluer ».

Candice DELMAS, Le devoir de résister. Apologie de la désobéissance incivile (Herman, 2022).

« Quelles sont nos responsabilités face à l’injustice ? Les philosophes considèrent généralement que les citoyens d’un État globalement juste doivent obéir à la loi, même lorsqu’elle est injuste, quitte à employer exceptionnellement la désobéissance civile pour protester. Les militants quant à eux jugent souvent que l’obligation première est résister à l’injustice. En revisitant le concept d’obligation politique, Candice Delmas montre que le devoir de résister a les mêmes fondements que le devoir d’obéir à la loi. Des formes de désobéissance incivile, de l’aide clandestine aux migrants aux fuites de documents non autorisés en passant par l’écosabotage ou les cyberattaques, peuvent parfois être justifiées, voire moralement requises, même dans des sociétés démocratiques. L’incivilité interpelle, accuse, rend l’indifférence impossible et force à prendre parti. Alors, qu’est-il légitime de faire pour défendre une cause juste dans un État de droit qui en ignore les enjeux? ».

Philippe DESCOLA, Les formes du visible (Seuil, 2021).

« La figuration n’est pas tout entière livrée à la fantaisie expressive de ceux qui font des images. On ne figure que ce que l’on perçoit ou imagine, et l’on n’imagine et ne perçoit que ce que l’habitude nous a enseigné à discerner. Le chemin visuel que nous traçons spontanément dans les plis du monde dépend de notre appartenance à l’une des quatre régions de l’archipel ontologique : animisme, naturalisme, totémisme ou analogisme. Chacune de ces régions correspond à une façon de concevoir l’ossature et le mobilier du monde, d’en percevoir les continuités et les discontinuités, notamment les diverses lignes de partage entre humains et non-humains. En comparant avec rigueur des images d’une étourdissante diversité, Philippe Descola pose magistralement les bases théoriques d’une anthropologie de la figuration ».

Philippe DESCOLA, Une écologie des relations (CNRS éditions, 2019).

Un texte didactique qui restitue les grandes étapes du parcours de l’anthropologue Philippe Descola qui, à la lumière de son expérience en Amazonie, déconstruit le clivage occidental entre nature et culture pour recomposer une « écologie des relations » entre humains et non-humains.

Vinciane DESPRET, Habiter en oiseau (Actes Sud, 2019).

« Qu’est-ce que serait un territoire du point de vue des animaux ? Vinciane Despret mène l’enquête auprès des ornithologues ».

Vinciane DESPRET, Frédérique DOLPHIJN, Fabriquer des mondes habitables (Editions esperluète, 2021).

« Frédérique Dolphijn interroge le travail de Vinciane Despret et en particulier son rapport à l’écriture, à la lecture, à la transmission de savoirs, et à tout ce qui entoure la recherche : le choix des sujets, la manière dont l’interaction avec le sujet influence la démarche de recherche, la vulgarisation de résultats. Un bel entretien qui nous offre un autre regard sur le travail de longue haleine de cette philosophe-éthologue belge ».

Damien DEVILLE, Pierre SPIELEWOY, Toutes les couleurs de la Terre — Ces liens qui peuvent sauver le monde (Tana Editions, 2020).

Juriste et anthropologues, les auteurs élaborent le cheminement théorique et politique de l’écologie relationnelle, et nous incitent à redécouvrir la complexité du vivant, des individus et des cultures. Ils appellent à renouveler notre façon d’habiter les mondes et à redéfinir la juste place de l’humanité dans la grande fresque du vivant.

Jared DIAMOND, Bouleversement. Les nations face aux crises et aux changements (Gallimard, 2020). Traduction par Hélène Borraz.

Etude comparative, narrative et exploratoire des crises et des changements sélectifs survenus au cours de nombreuses décennies dans 7 nations modernes : la Finlande, le Japon, le Chili, l’Indonésie, l’Allemagne, l’Australie et les États-Unis. L’auteur cherche à définir « une douzaine de facteurs destinés à être testés ultérieurement par des études quantitatives. Chemin faisant, la question est posée de savoir si les nations ont besoin de crises pour entreprendre de grands changements ; et si les dirigeants produisent des effets décisifs sur l’histoire ».

Tom DUBOIS, Christophe GAY, Vincent KAUFMANN, Sylvie LANDRIEVE, Pour en finir avec la vitesse. Plaidoyer pour la vie en proximité (Editions de l’Aube, 2023).

« Pouvoir se déplacer de plus en plus rapidement grâce à la vitesse des nouveaux modes de transport a modifié nos modes de vie fondamentalement. Mais si voyager toujours plus loin et à bas coût, au quotidien et pour les vacances, exauce les rêves de liberté et de découverte d’une partie croissante de la population mondiale, il y a un revers à la médaille : fatigue, stress, inégalités, fragilité du système, congestion et pollution. Et la récente révolution numérique n’a permis de diminuer ni les déplacements, ni le rythme de vie de nos contemporains. Pire, la démocratisation de la voiture puis de l’avion contribue de façon majeure au réchauffement climatique. Est-il (encore) possible de sortir de l’emprise de la vitesse ? ».

Matthieu DUPERREX, La rivière et le bulldozer (Premier Parallèle, 2022).

« Alors qu’on souligne avec de plus en plus d’insistance la nécessité de faire davantage de place au vivant, le parti pris ici est de nourrir la pensée écologique à l’aide d’une description attentive de l’essence géologique de l’être humain, en commençant par suivre à la trace un galet de rivière. Des civilisations, nous savions qu’elles étaient mortelles, ce dont des ruines et autres héritages attestent pour l’archéologie. Mais qu’elles deviendront fossiles et seront léguées comme telles, c’est ce que ce petit essai enlevé et érudit entreprend de décrire ».

Arturo ESCOBAR, Sentir-penser avec la Terre. L’écologie au-delà de l’Occident (Seuil, 2018). Traduction par Anne-Laure Bonvalot, Roberto Andrade Pérez, Ella Bordai, Claude Bourguignon, Philippe Colin.

« La partition nature/culture qui fonde l’ontologie moderne occidentale et qui s’est imposée partout n’est pas la seule façon d’être au monde, encore moins la forme ultime de la civilisation. Un tel dualisme, qui sépare corps et esprit, émotion et raison, sauvage et civilisé, acteur et chercheur, humains et autres qu’humains, nous empêche de nous vivre comme partie du monde et nous conduit à le détruire. Des mouvements indigènes du Sud aux “zones à défendre” (ZAD) du Nord, les conflits politiques renvoient à des visions divergentes quant à la composition du monde et aux façons d’en prendre soin. Autrement dit, à un conflit ontologique. Comment, à l’heure de la crise écologique et face à l’échec de la mondialisation, penser cette dimension ontologique de la politique ? Comment engager notre transition, en dialogue avec luttes des peuples non-occidentaux et les cosmologies non-modernes, pour habiter en conscience le plurivers, ce monde des mondes qu’est notre planète ? ».

Romain ESPINOSA, Comment sauver les animaux ? Une économie de la condition animale (Puf, 2021).

« Alors même que le bien-être animal n’a jamais fait l’objet d’un si large consensus dans notre société, plus d’un milliard d’animaux terrestres sont tués chaque année en France pour satisfaire la demande en viande, œufs et lait, tandis que des millions d’autres sont pêchés, chassés, exhibés dans des cirques ou des enclos. Comment faire advenir une société où l’exploitation animale serait l’exception et non plus la norme? »

David FARRIER, Footprints. In Search of Future Fossils (Farrar, Straus and Giroux, 2020).

L’ouvrage propose un examen anthropologique de l’Anthropocène en se demandant à quoi ressemblera le monde dans 10 000 ans — ou dans dix millions d’années et quelles histoires seront racontées à notre sujet. Il examine les traces que nous laissons sur la planète aujourd’hui — de la pollution plastique aux gaz dans l’atmosphère et aux squelettes de gratte-ciel — et spécule sur ce que ces fossiles pourraient révéler aux futurs archéologues qui étudieront le 21e siècle.

Cynthia FLEURY, Le soin est un humanisme (Gallimard, Tracts, 2019).

« Tel est le chemin éternel de l’humanisme : comment l’homme a cherché à se construire, à grandir, entrelacé avec ses comparses, pour grandir le tout, et non seulement lui-même, pour donner droit de cité à l’éthique, et ni plus ni moins aux hommes. Quand la civilisation n’est pas soin, elle n’est rien ».

Jean-Marc GANCILLE, Carnage. Pour en finir avec l’anthropocentrisme (Rue de l’Echiquier, 2020).

« Un tableau sans concession de la relation que l’être humain a nouée avec le monde animal, fondée sur la domination et l’exploitation, et ce dès avant la naissance de l’agriculture ». L’auteur « dessine une voie d’action pour en finir avec l’anthropocentrisme sur le plan juridique, alimentaire, agricole… et sur les méthodes pour mener cette lutte ».

Alexandre GEFEN (dir.), Un monde commun. Les savoirs des sciences humaines et sociales (CNRS Editions, 2023).

« Les disciplines couvertes par les sciences humaines et sociales sont vastes et variées. À toutes incombent d’analyser, comprendre, décrire le monde et la façon dont les hommes, les femmes et plus largement le vivant l’ont habité, l’habitent et l’habiteront. Toutes partagent une réflexion sur un sujet rendu majeur par la crise environnementale, les bouleversements numériques, les inégalités sociales et les conflits : comment faire « monde commun » ? ».

André GORZ, Leur écologie et la nôtre — Anthologie d’écologie politique (Seuil, 2020).

Première anthologie réunissant les principaux textes du philosophe et penseur de l’écologie et du capitalisme tardif. Il offre des perspectives sur l’autonomie et la liberté et des analyses critiques sur les derniers avatars du capitalisme et de sa crise écosystémique.

Sophie GOSSELIN, David gé BARTOLI, La Condition terrestre. Habiter la Terre en communs (Seuil, 2022).

« L’espace-temps du politique change : la Terre et la multiplicité des êtres qui la composent font irruption dans les affaires humaines en réagissant aux assauts continus d’un front de modernisation mené par l’État-Capital. En menant une vaste enquête à travers le monde, ce livre ouvre un autre chemin : penser et habiter notre condition terrestre. Des montagnes andines de Bolivie à la rivière Whanganui de Nouvelle-Zélande, de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes en France à l’archipel des îles de Kanaky-Nouvelle Calédonie, du fleuve Elwha aux États-Unis à la rébellion des zapatistes du Chiapas mexicain, les auteurs explorent les processus cosmopolitiques et les inventions institutionnelles qui redonnent à des communautés d’habitant-e-s les moyens d’habiter la Terre ».

David GRAEBER, David WENGROW, Au commencement était. Une nouvelle histoire de l’humanité (Les Liens qui Libèrent, 2021). Traduction par Elise Roy. The Dawn of Everything, A New History of Humanity (Macmillan Publishers, 2021).

Un réexamen radicalement nouveau de l’histoire de l’humanité qui bouscule nos représentations les plus profondément ancrées sur l’évolution sociale — du développement de l’agriculture et des villes aux origines de l’État, de la démocratie et des inégalités — et qui ouvre de nouveaux horizons d’émancipation.

Amaena GUENIOT, Terre brisée. Pour une philosophie de l’environnement (Double Ponctuation, 2022).

« Face à la catastrophe environnementale, Amaena Guéniot estime qu’il est indispensable d’ancrer notre pensée dans la tradition philosophique. D’une façon très claire et abordable, elle nous montre comment Platon, Aristote, Rousseau, Kant ou encore Weil et Arendt peuvent nous aider à penser ce défi historique sans précédent. L’enjeu est de taille, car il nous faut revoir entièrement les conditions et les finalités de l’activité humaine dans ce nouveau contexte — celui d’une Terre brisée qu’il nous faut reconstruire ».

Dominique GUILLO, Les Fondements oubliés de la culture. Une approche écologique (Seuil, 2019).

« En examinant les liens d’interdépendance entre les êtres situés dans un même espace écologique, qu’ils soient ou non de la même espèce, cet ouvrage développe une théorie profondément novatrice de l’émergence de la vie sociale et culturelle ».

Émilie HACHE, Ce à quoi nous tenons. Propositions pour une écologie pragmatique (La Découverte, 2019).

« En s’attachant à décrire au plus près ce à quoi nous tenons et non à prescrire ce qu’il faudrait faire, sans jamais séparer ce souci moral de ses conséquences politiques, Émilie Hache explore de nouvelles façons de prendre en compte les différents êtres. Elle propose ainsi une approche pragmatiste des questions écologiques : il s’agit en effet d’apprendre à élaborer des compromis afin de se donner une chance de construire un monde commun ».

Ghassan HAGE, L’Alterpolitique. Anthropologie critique et imaginaire radical (EuroPhilosophie Éditions, 2021). Traduction par Maria Thedim et Emmanuel Thibault.

« Le présent ouvrage met en valeur la manière dont l’anthropologie critique, pour avoir toujours pris comme objet de recherche et de réflexion les économies alternatives, les modes alternatifs d’habitation et de rapport à la terre, ainsi que les différentes façons de penser et d’expérimenter l’altérité, présente une affinité particulière avec les dynamiques nécessaires pour la formulation des stratégies alterpolitiques » contre un « ordre capitaliste-colonialiste-domesticateur ».

Ghassan HAGE, Le Loup et le Musulman. L’islamophobie et le désastre écologique (Editions Wildproject, 2021). Traduction par Lucie Blanchard.

« Dans un monde régi par la domestication, le loup et le musulman apparaissent comme deux grandes figures fantasmatiques menaçant la « civilisation ». Ils ne respectent pas les frontières nationales, qui garantissent le maintien de l’ordre colonial. Pour Hage, le crime écologique et le crime racial reposent sur la même volonté de « gouverner l’ingouvernable ». Parce qu’on ne gouverne ni les âmes, ni le climat, islamophobie et géoingénierie sont deux avatars de la même illusion domesticatrice — aux conséquences également funestes ».

Olivier HAMANT, Antidote au culte de la performance. La robustesse du vivant (Gallimard, Collection Tracts n° 50, 2023).

« Face aux bouleversements du monde en cours et à venir, le développement durable, entre géo-ingénierie contreproductive et tout-électrique mal pensé, crée de nombreux futurs obsolètes. Émergent alors les contremodèles de la décroissance et de la sobriété heureuse, nettement mieux alignés avec le monde qui vient. Mais la frugalité peut-elle réellement mobiliser ? Ne risque-t-elle pas non plus de se réduire à d’autres formes d’optimisation ? Et si, pour être sobre et durable, il fallait d’abord questionner une valeur nettement plus profonde : l’efficacité. Le monde très fluctuant qui vient appelle un changement de civilisation. Ce chemin demande surtout de valoriser nos points faibles et inverse toutes les recettes. Il va maintenant falloir vivre dans un monde fluctuant, c’est-à-dire inventer la civilisation de la robustesse, contre la performance ».

Byung-Chul HAN, La Fin des choses. Bouleversements du monde de la vie (Actes Sud, 2022). Traduction par Olivier Mannoni.

« “Nous n’habitons plus la terre et le ciel, nous habitons Google Earth et le Cloud. Le monde devient de plus en plus insaisissable, nuageux et spectral.” Tel est le constat de Byung-Chul Han : le monde des choses est en voie de disparition ; le monde concret et durable est érodé au profit d’un univers éphémère où le travail accompli par la main a laissé place au glissement des doigts sur l’écran du smartphone et à une “intelligence” artificielle, qui “pense à partir du passé”, est “aveugle à l’événement” ».

Donna HARAWAY, Quand les espèces se rencontrent (La Découverte, 2021).

« C’est en partant des gestes les plus ordinaires du quotidien et non pas de grands principes que Donna Haraway nous invite à penser notre relation aux espèces compagnes. Ces espèces avec lesquelles nous « partageons le pain », depuis les micro-organismes qui nous peuplent jusqu’aux animaux de compagnie. Il s’agit ici non pas de domestication, de contrôle ou de rachat de la dette mais de contact. Quelle est la valeur ajoutée du contact ? Que nous apprennent à sentir et à faire les « zones de contact » ? Loin de tout retour romantique à une rencontre sauvage, dénuée d’intérêts et de contamination biopolitique, prendre soin du contact entre espèces « entraîne » à un perpétuel zigzag entre ce qui nous affecte, nous rattache, nous rend interdépendants, simultanément robustes et vulnérables ».

Donna HARAWAY, Vivre avec le trouble (Les éditions des mondes à faire, 2020). Traduction par Vivien García.

La philosophe des sciences raconte des histoires qui mélangent les règnes, les époques, les registres, les matières et les disciplines. Elle invite à faire exploser tous les carcans et à apprendre à vivre « connecté aux autres », humains et non-humains pour penser et vivre à l’heure du désastre écologique.

Anne-Sophie HAERINGER, Jean-Louis TORNATORE (dir.), Héritage et anthropocène. En finir avec le patrimoine (arbre bleu éditions, 2022).

« Ce livre propose des variations sur l’impossibilité du patrimoine à l’anthropocène, désignation tout aussi impossible, quant à pouvoir rendre compte de l’habitation humaine, passée, présente et à venir, de la Terre. Cette double impossibilité, comme disposée en miroir, postule que le monde n’est plus le même dans et avec le discours anthropocénique, ce qui appelle de nouvelles expérimentations du devenir dans le temps de sociétés humaines ».

Richard HEINBERG, Power. Limits and Prospects for Human Survival (New Society Publishers / Post Carbon Institute, 2021).

Une histoire du rapport au pouvoir de notre espèce Homo sapiens qui s’est construit sur 4 éléments : la fabrication d’outils, le langage, la complexité sociale et la capacité d’exploiter les sources d’énergie, en particulier les énergies fossiles. L’ouvrage explore également l’histoire humaine du renoncement au pouvoir, une histoire enfouie « sous un siècle de croissance économique basée sur les énergies fossiles ».

Quentin HIERNAUX, Benoît TIMMERMANS (dir.), Philosophie du végétal. Botanique, épistémologie, ontologie (Vrin, 2021).

« Plus qu’une critique stérile de l’anthropomorphisme et de l’universalisme réducteurs, une philosophie du végétal est un véritable moteur pour la création de nouvelles formes intellectuelles et pour réfléchir les enjeux technoscientifiques, environnementaux et éthiques de notre rapport à la nature. Ce volume réunit les textes d’un botaniste, d’une généticienne des populations végétales, d’historiens de la botanique et de philosophes qui, tous, pensent que la philosophie peut être utile à la botanique, et réciproquement. Ont participé à ce volume : E. Coccia, D. Diagre-Vanderpelen, J.-M. Drouin, S. Gerber, Fr. Hallé, Q. Hiernaux, M. Marder et B. Timmermans ».

Kregg HETHERINGTON (dir.), Infrastructure, Environment, and Life in the Anthropocene (Duke University Press, 2019).

Un ouvrage collectif qui explore des lieux de l’Anthropocène où les éléments naturels et construits sont devenus inextricables (des digues construites en huîtres, des rivières souterraines creusées par des tuyaux qui fuient, des quartiers partiellement submergés par la marée montante etc.). Ces situations illustrent le défi de l’Anthropocène : il désarçonne notre compréhension socio-scientifique de la planète et interroge notre manière d’imaginer l’avenir.

Yuk HUI, La Question de la technique en Chine (Editions Divergences, 2021).

« S’il y a un domaine où la Chine s’impose au XXIe siècle, c’est bien celui de la technique. Conquête de l’espace, déploiement de la 5G, construction d’un Internet «national» avec ses propres géants numériques, nouvelles technologies de surveillance et de contrôle. Pourtant rien ne semblait prédestiner la Chine à accepter ni à intégrer ce système, encore moins à en être à la pointe. Contre les penseurs européens qui présentent toujours la technique comme une donnée universelle, le philosophe propose de réinsérer les techniques dans leur contexte local et cosmologique, à la lumière d’une relecture de l’histoire des philosophies de la technique en Occident et en Asie ».

Aliocha IMHOFF, Kantuta QUIRÓS, Qui parle ? (pour les non-humains) (Puf, 2022).

« Poser la question « Qui parle ? » signifie désormais élargir la scène des savoirs et de la politique à tous ceux qui, parce qu’ils ne disposaient pas de la parole, ne pouvaient y être inclus — animaux, végétaux, objets ou machines. Aliocha Imhoff et Kantuta Quirós répondent à cette question par un manifeste pour une politique du silence qui est aussi bien une cartographie de ses moyens possibles : celle des procédés de traduction, des formes nouvelles de citoyenneté, d’écodiplomatie, d’attention ou de porte-parolat avec lesquels militants, artistes et penseurs cherchent à donner une voix à ce qui n’en a pas »

Tim INGOLD, Machiavel chez les babouins. Pour une anthropologie au-delà de l’humain (Asinamali, 2021). Traduction par Christophe Degoutin, Laurent Perez.

« Si le bourdon fait partie du système reproducteur du trèfle, pourquoi ne ferions-nous pas partie du processus de croissance de machines et d’artefacts ? Un regard attentif aux mondes animaux révèle les mille et une manières dont la technique et le beau émergent du sensible. Mais qu’en est-il des relations sociales de production, de domination et d’exploitation ? Si celles-ci ne relèvent pas exclusivement de l’humain, que disent-elles de la manière dont on le devient ? ».

Tim INGOLD, Correspondences (Wiley, 2020).

Avec affection et avec soin, l’anthropologue se livre à une correspondance avec des paysages et des forêts, des océans et des cieux, des monuments et des œuvres d’art. « C’est ce que signifie correspondre, joindre notre vie à celle des êtres, des matières et des éléments avec lesquels nous habitons sur la terre ». Il en résulte une enquête sur les façons de rétablir notre parenté avec une terre abîmée.

Édouard JOURDAIN, Le sauvage et le politique (Puf, 2023).

« Qu’est-ce que la civilisation lorsqu’il devient de plus en plus évident que les « civilisés » le sont bien peu — et qu’en leur nom se perpètrent les pires violences, les pires injustices, jusqu’à la destruction même de la planète ? S’inscrivant dans les pas des figures fondatrices de l’anthropologie anarchiste telles que David Graeber ou James C. Scott, Edouard Jourdain propose un vaste périple au cœur des ambiguïtés de cette si étrange civilisation — et de son double nécessaire : la sauvagerie. Car, bien loin de ne concerner que des simples détails esthétiques ou des divergences de mœurs, le pas de côté du côté du « sauvage » devient une manière de remettre en cause jusqu’aux évidences en apparence les mieux assises de notre « civilisation » : propriété, État, individu, droit, démocratie. Face à l’effondrement de la civilisation issue de la modernité, c’est du côté du sauvage que les civilisés trouveront peut-être de quoi penser enfin leur condition — et ses possibles échappatoires ».

Adam KIRSCH, The Revolt Against Humanity. Imagining a Future Without Us (Columbia Global Reports, 2023).

« Dans ce livre percutant sur l’histoire d’une idée, l’auteur attire notre attention sur un sujet apparemment inconcevable: la fin du règne de l’humanité sur la terre est imminente, et nous devrions nous en réjouir. Adam Kirsch parcourt la littérature, la philosophie, la science et la culture populaire pour identifier deux courants de pensée : l’antihumanisme de l’Anthropocène affirme que la destruction du climat a condamné l’humanité et que nous devrions nous réjouir de notre extinction, tandis que le transhumanisme croit que le génie génétique et l’intelligence artificielle conduiront à de nouvelles formes de vie supérieures à l’homme ».

Eric KLINENBERG, Canicule. Chicago, été 1995 : autopsie sociale d’une catastrophe (Éditions deux-cent-cinq, collection “A partir de l’Anthropocène”, 2022). Traduction par Marc Saint-Upéry.

« La grande vague de chaleur de Chicago est l’une des plus meurtrières de l’histoire américaine ». Le sociologue « entreprend l’« autopsie sociale » d’une métropole, examinant les organes sociaux, politiques et institutionnels de la ville. Il y étudie les raisons de la surmortalité marquée dans certains quartiers et découvre qu’un certain nombre de formes surprenantes et inquiétantes de rupture sociale y ont contribué ».

Séverine KODJO-GRANDVAUX, Devenir vivants (Philippe Rey, 2021).

« Cet essai appelle à porter sur la Nature un regard nouveau, radicalement différent de celui qui a permis à la Modernité occidentale de piller une large part de la planète et de l’humanité. Il nous invite à réaliser que nous ne sommes pas hors de l’univers ni dans l’univers : nous sommes l’univers. Séverine Kodjo-Grandvaux plaide pour une nouvelle manière d’être au monde en vibrant avec le tout-vivant. Pas seulement en harmonie avec le cosmos, mais surtout en éveil, à l’écoute, dans l’attention ».

Bernard LAHIRE, Les structures fondamentales des sociétés humaines (CNRS Editions, 2023).

« Les sciences sociales et les sciences du vivant ont trop longtemps cultivé une défiance et une ignorance mutuelles, se privant de leurs apports respectifs pour appréhender dans toute leur complexité les comportements sociaux et culturels des humains. Or, seule l’élaboration d’un programme scientifique comparatif et interdisciplinaire permet de renouer collectivement avec les ambitions qui étaient celles des fondateurs des sciences sociales et de progresser dans la compréhension des spécificités sociales de notre espèce au sein du vivant ».

Michel LALLEMENT, Un désir d’égalité : vivre et travailler dans des communautés utopiques (Seuil, 2019).

« Depuis la fin des années 1960, des femmes et des hommes ont décidé de projeter leurs « rêves en avant » en faisant le choix de vivre en communauté. Pour faire pièce à la société capitaliste et donner vie à leurs idéaux, ils ont bâti des utopies concrètes. Afin de comprendre la logique et la portée de ces initiatives multiples, il faut se demander non seulement qui sont les « communards », mais aussi ce qu’ils font. Il convient, autrement dit, d’examiner la manière de mettre en œuvre au quotidien les utopies dont ils se réclament ».

Baptiste LANASPEZE, Nature (Editions Anamosa, 2022).

« En redéfinissant la nature comme la société des vivants, les pensées de l’écologie nous invitent à penser nos organisations sociales non pas comme une prérogative spécifiquement humaine, mais comme des prolongements des sociétés animales et végétales. Nos sociétés humaines ne transcendent pas les autres sociétés terrestres, mais y sont intégrées, en découlent, et lui sont redevables. Adossé à un sens immémorial de la nature comme ”un monde vivant dont nous faisons partie“, ce livre ranime la notion grâce aux apports des luttes écoféministes et des luttes décoloniales — et constitue aussi la synthèse provisoire d’un cheminement intellectuel, professionnel et politique ».

Baptiste LANASPEZE, Marin SCHAFFNER (dir.), Les Pensées de l’écologie. Un manuel de poche (Editions Wildproject, 2021).

« Ce manuel repose sur une conviction simple : l’écologie n’est pas une nouvelle thématique qui s’ajoute aux autres — mais elle affecte l’intégralité des notions philosophiques et des enjeux de notre temps. Depuis un demi-siècle environ, les humanités écologiques recomposent les relations entre nature et culture, homme et animal, éthique et biologie, connaissance et imagination… Sur ces grands enjeux politiques et moraux de notre époque, qui mobilisent les jeunes générations, ce manuel assemble des textes clefs, des autrices et des auteurs, des questions structurantes — mais présente aussi des lignes de faille et de débat ».

Catherine LARRERE, entretien avec Philippe SABOT, L’anthropocène : une époque pour les transitions ? (PU Septentrion, 2022).

Une conférence dialoguée dans laquelle la philosophe analyse les étapes de constitution de la question écologique telle que nous la connaissons aujourd’hui, et l’émergence simultanée des notions d’Anthropocène et de transitions (écologique et énergétique). Elle souligne l’importance du rythme de transformation des relations entre l’humain et son environnement.

Catherine LARRERE, Raphaël LARRERE, Le pire n’est pas certain. Essai sur l’aveuglement catastrophiste (Premier Parallèle, 2020).

La philosophe de l’environnement et l’ingénieur agronome et sociologue dénoncent le constat d’impuissance sur lequel repose le catastrophisme actuel : à rebours de leur discours, les collapsologues alimentent la logique néolibérale. « Et si, à force de dénoncer l’État et les institutions pour encenser l’entraide citoyenne et les biorégions, les effondristes étaient devenus les idiots utiles du business as usual ? » (Usbek & Rica, 06/09/2020).

Bruno LATOUR, Où suis-je? — Leçons du confinement à l’usage des terrestres (La Découverte, 2021).

« Les Terrestres semblent commencer à saisir qu’ils ne se déconfineront pas, d’autant que la crise sanitaire s’encastre dans une autre crise autrement plus grave ; et que c’est une chance à saisir : celle de comprendre enfin où ils sont, dans quelle terre ils vont pouvoir enfin s’envelopper — à défaut de se développer ! Une fois atterris, parfois violemment, il faut bien que les Terrestres explorent le sol où ils vont désormais habiter. Comment les aider ? Tel est l’objet de cet essai. Après Face à Gaïa, ces deux livres dessinent de plus en plus précisément le Nouveau Régime Climatique ».

Bruno LATOUR, Où atterrir ? — Comment s’orienter en politique (La Découverte, 2017).

« Tout se passe comme si une partie importante des classes dirigeantes (ce qu’on appelle aujourd’hui de façon trop vague « les élites ») était arrivée à la conclusion qu’il n’y aurait plus assez de place sur terre pour elles et pour le reste de ses habitants ».

Bruno LATOUR, Face à Gaïa. Huit conférences sur le nouveau régime climatique (La Découverte, 2015).

« Finalement la Nature était très peu terrestre et surtout très peu matérielle. Gaïa, c’est le nom du retour sur Terre de tout ce que nous avions un peu rapidement envoyé offshore. Alors que les Modernes regardaient en l’air, les Terrestres regardent en bas. Les Modernes formaient un peuple sans territoire, les Terrestres recherchent sur quel sol poser leurs pieds. Ils reviennent sur une Terre dont ils acceptent enfin d’explorer les limites ; ils se définissent politiquement comme ceux qui se préparent à regarder Gaïa de face ».

Bruno LATOUR, Nikolaj SCHULTZ, Mémo sur la nouvelle classe écologique. Comment faire émerger une classe écologique consciente et fière d’elle-même (La Découverte, 2022).

« À quelles conditions l’écologie, au lieu d’être un ensemble de mouvements parmi d’autres, pourrait-elle organiser la politique autour d’elle ? Peut-elle aspirer à définir l’horizon politique comme l’ont fait, à d’autres périodes, le libéralisme, puis les socialismes, le néolibéralisme et enfin, plus récemment, les partis illibéraux ou néofascistes dont l’ascendant ne cesse de croître ? Peut-elle apprendre de l’histoire sociale comment émergent les nouveaux mouvements politiques et comment ils gagnent la lutte pour les idées, bien avant de pouvoir traduire leurs avancées dans des partis et des élections ? ».

Bruno LATOUR, Peter WEIBEL (dir.), Critical Zones. The Science and Politics of Landing on Earth (MIT Press & ZKM | Center for Art and Media Karlsruhe, 2020).

L’ouvrage est issu de l’exposition du même nom au ZKM Center for Art and Media de Karlsruhe (Allemagne) : des artistes et des écrivain·es dépeignent la désorientation d’un monde confronté au changement climatique. Cette désorientation est attribuée à la déconnexion entre deux définitions différentes du territoire sur lequel vivent les humains modernes : la nation souveraine dont ils tirent leurs droits, et un autre, caché, dont ils tirent leurs richesses — le territoire sur lequel et dont ils vivent. En traçant la carte du territoire qu’ils vont habiter, ils ne trouvent pas un globe, mais une série de zones critiques — inégales, hétérogènes, discontinues. Contributions de : Dipesh Chakrabarty, Pierre Charbonnier, Emanuele Coccia, Vinciane Despret, Jerôme Gaillarde, Donna Haraway, Joseph Leo Koerner, Timothy Lenton, Richard Powers, Simon Schaffer, Isabelle Stengers, Bronislaw Szerszynski, Jan A. Zalasiewicz, Siegfried Zielinski.

Danouta LIBERSKI-BAGNOUD, La Souveraineté de la Terre. Une leçon africaine sur l’habiter (Seuil, 2023).

« Les sociétés industrielles se sont engagées dans une forme de déshabitation du monde qui compromet le maintien des formes humanisées de la vie. Les systèmes de pensée qui ont fleuri au Sud du Sahara nous offrent une leçon précieuse sur une notion marginalisée dans le Droit occidental, mais centrale dans ces systèmes : l’inappropriable. La Terre y est en effet placée hors de tout commerce. Envisagée comme une instance tierce, libre et souveraine, garante des interdits fondamentaux, elle n’appartient qu’à elle-même. Cette conception organise toute la vie de la communauté et le partage du sol. Elle est par là même contraire à nos fictions juridiques et économiques qui permettent d’agir comme si la terre était une marchandise circulant entre propriétaires privés, et qui ont pour effet de nous déterritorialiser. Aussi, elle permet un autre mode d’habiter le monde ».

Eric MACE, Après La Société. Manuel De Sociologie Augmentée (Le Bord de l’eau, 2020).

Le sociologue se demande comment continuer à faire de la sociologie lorsque son objet central, « la société moderne », inventé au 19e siècle, est débordé par l’Anthropocène : la mondialisation des interdépendances, la remise en cause des évidences occidentales, la catastrophe environnementale annoncée.

Michael MARDER, La pensée végétale. Une philosophie de la vie des plantes (Les presses du réel, 2021). Traduction par Cassandre Gruyer.

« Là où les philosophes contemporains s’abstiennent d’aborder la vie végétale sous l’angle ontologique et éthique, le philosophe place les plantes au premier plan de l’actuelle déconstruction de la métaphysique ».

Raphaël MATHEVET, Arnaud BECHET, Politiques du flamant rose. Vers une écologie du sauvage (Wildproject, 2020).

« Comment la mobilité animale rebat les cartes de l’aménagement du territoire ? » À partir d’une histoire écologique du sauvetage du flamant rose en Camargue, l’ouvrage révèle, au plus près du terrain, les histoires, les conflits et les alliances d’un territoire, et invite à penser les conditions de coexistence avec le reste du vivant.

Achille MBEMBE, La communauté terrestre (La Découverte, 2023).

L’auteur « propose dans cet essai une réflexion stimulante sur la Terre, ses devenirs, et surtout la sorte de communauté qu’elle forme avec la cohorte des espèces animées et inanimées qui l’habitent, y ont trouvé refuge ou y séjournent. Il montre comment notre relation fondamentale à la Terre ne peut être que celle de l’habitant et du passant. C’est en tant qu’habitant et passant qu’elle nous accueille et nous abrite, qu’elle entretient les traces de notre passage, celles qui parlent en notre nom et en mémoire de qui nous aurons été, avec d’autres et au milieu d’eux. C’est à ce titre qu’elle est la toute dernière des utopies, la pierre angulaire d’une nouvelle conscience planétaire ».

Achille MBEMBE, Brutalisme (La Découverte, 2020).

Brutalisme, c’est le nom donné par le philosophe, professeur d’histoire et de sciences politiques, à l’âge de l’être fabricable dans un monde fabriqué, le grand fardeau de fer de notre époque, le poids des matières brutes. La transformation de l’humanité en matière et énergie est le projet ultime du brutalisme. En détaillant la monumentalité et le gigantisme d’un tel projet, cet essai plaide en faveur d’une refondation de la communauté des humains en solidarité avec l’ensemble du vivant, qui n’adviendra cependant qu’à condition de réparer ce qui a été brisé.

Carolyn MERCHANT, La mort de la nature (Wildproject, 2021). Traduction par Margot Lauwers.

Un des ouvrages fondateurs de l’écoféminisme publié en 1980, The Death of Nature. Women, Ecology and the Scientific Revolution analyse le passage au 16e-17e siècle de « l’image d’une Terre organique, féminine et vivante » à « une nouvelle vision du monde dans laquelle la nature est repensée comme une machine morte et passive, autorisant ainsi sa spoliation sans limite aux mains de l’homme ». La philosophe et historienne des sciences « montre que ce changement de paradigme aurait justifié non seulement la domination de la Terre, mais aussi la création d’un système socio-économique dans lequel les femmes, depuis toujours associées à l’image de la Nature, seront subjuguées aux hommes ».

Ely MERMANS, Antoine C. DUSSAULT (dir.), Protéger l’environnement. De la science à l’action (Editions Matériologiques, 2021).

« Le lien entre éthique de l’environnement et écologie est d’autant plus important que l’écologie informe et marque fortement notre connaissance, conceptualisation, valorisation et relation au monde vivant. Face aux destructions toujours plus massives et dramatiques des milieux naturels, et face à l’évolution des enjeux éthiques et sociopolitiques qui les accompagnent, ce recueil propose, à travers neuf textes inédits de philosophes, écologues et géographe, de mettre à contribution la recherche menée en écologie, en philosophie de l’écologie et en éthique de l’environnement pour y répondre ».

Johann MICHEL, Le réparable et l’irréparable. L’humain au temps du vulnérable (Hermann, 2021).

« Les sociétés occidentales connaissent un accroissement inédit des revendications en faveur des réparations. Le pari de cet ouvrage est de prendre à sa juste mesure l’historicité contemporaine de la réparation tout en la saisissant dans sa profondeur anthropologique. La réparation est un phénomène global qui ne se présente pas de manière unifiée : réparer un objet, réparer une lésion, réparer une offense, réparer un crime… Que révèle la réparation de l’être humain ? Sa vulnérabilité (naturelle), sa faillibilité (morale), son incomplétude (sociale), mais aussi l’ensemble des capacités qu’il met en œuvre pour en conjurer les effets, jusqu’à une certaine limite. L’irréparable du temps et l’irréparable de la dette hantent toute politique de réparation. Autant de défis qui se posent à une philosophie de la réparation construite dans un dialogue renouvelé avec les sciences sociales ».

Darrel MOELLENDORF, Mobilizing Hope. Climate Change and Global Poverty (Oxford University Press, 2022).

« Même si les données scientifiques ont de quoi nous rendre pessimistes, le philosophe Darrel Moellendorf montre qu’il est encore permis d’espérer une justice climatique. Pour catalyser l’espoir, il met en avant la mobilisation de masse, le progrès technique et l’utopie réaliste. (La vie des idées, 09/11/2022).

Alexandre MONNIN, Politiser le renoncement (Editions Divergences, 2023).

« L’humanité dépend pour sa survie d’une organisation sociale et d’infrastructures qui ne pourront être indéfiniment maintenues. Pour que la Terre reste habitable, il faut organiser le renoncement, pas seulement à l’échelle individuelle, mais aussi à l’échelle de ces « communs négatifs » qui composent notre cadre de vie. Le problème est qu’on ne redevient pas facilement « terrestres » à huit milliards. Ce livre propose une politique des communs négatifs qui nous permette de penser les moyens d’un détachement anticipé et non brutal pour les populations les plus fragiles ».

Baptiste MORIZOT, L’inexploré (Wildproject, 2023).

« Ce livre n’est pas un livre, c’est une carte. Et ce n’est pas une carte, c’est un atelier de cartographe, dans lequel, sous vos yeux, sont dessinées des ébauches de cartes. Et ce n’est pas un atelier, puisque nous sommes chaque fois sur le chemin : c’est le récit fait en direct des parcours d’exploration trébuchants d’un nouveau continent inexploré — qui n’est autre que la Terre vivante, mais qui a brusquement changé de nature sous nos pieds ».

Baptiste MORIZOT, Manières d’être vivant (Actes Sud, 2020).

Désormais incapables de considérer le vivant autour de nous autrement que comme un décor à notre usage, le philosophe appelle à transformer nos manières de vivre et d’habiter en commun pour réapprendre, comme société, à voir que le monde est peuplé d’entités prodigieuses, des oiseaux aux espèces végétales ou bactériennes. Des interprètes et des diplomates des interdépendances sont alors nécessaires pour traduire les comportements et relations qui tissent le vivant.

Baptiste MORIZOT, Raviver les braises du vivant. Un front commun (Actes Sud / Wildproject, 2020).

« À partir d’une enquête de terrain sur des initiatives de défense de forêts et des pratiques d’agroécologie, ce livre propose une nouvelle cartographie des alliances entre les usages de la terre qui sont des gardiens du feu. Il donne des outils critiques pour révéler au grand jour le rapport au vivant partagé par ceux qui le détruisent. Et offre un guide de négociation pour sortir des oppositions stériles entre producteurs et protecteurs. C’est un appel à faire front commun contre les vrais ennemis du vivant : toutes les forces de l’exploitation extractiviste » (Socialter, 13/10/2020).

Timothy MORTON, Être écologique (Editions Zulma, 2021). Traduction par Cécile Wajsbrot.

« Face à une avalanche de faits et de données toujours plus alarmants, n’est-il pas temps de se réaccorder à notre environnement ? En recourant à des outils et des concepts comme l’intuition, l’art, l’empathie, l’interconnectivité, ou notre héritage néandertalien, Timothy Morton nous montre comment se remettre au diapason : à notre échelle, mais aussi à celles des bactéries, de la baleine à bosse, des écosystèmes, ou de la planète. Être écologique, c’est changer de paradigme dans notre relation au monde, se libérer du déni et du désespoir ».

Arne NAESS, François YERLY-BRAULT, L’écologie profonde (Puf, 2021). Traduction par Hicham-Stéphane Afeissa.

Une présentation commentée du texte engagé du philosophe norvégien Arne Næss qui distingue l’«écologie superficielle» de l’«écologie profonde », mouvement qui incite à des changements radicaux pour sortir du modèle dominant de relations des sociétés à leurs environnements. « Il inscrit de façon novatrice les considérations écologistes dans un registre éthique et métaphysique ».

Thierry PAQUOT, Ivan Illich & la société conviviale (Le passager clandestin, 2020).

L’auteur, philosophe et urbaniste, revient sur l’œuvre du philosophe, historien, prêtre sans paroisse, enseignant nomade et polyglotte, Ivan Illich (1926–2002), figure incontournable des débats intellectuels des années 1970. Implacable critique de la société industrielle, il oppose au productivisme et au culte de la croissance un art de vivre qui entremêle sobriété, simplicité et générosité. La société conviviale dessinée par Illich cherche à garantir l’autonomie et la créativité humaines.

Corine PELLUCHON, Les Lumières à l’âge du vivant (Seuil, 2021).

« L’objectif des Lumières à l’âge du vivant et de leur projet d’une société démocratique et écologique est bien de destituer le principe de la domination — une domination des autres et de la nature à l’intérieur et à l’extérieur de soi qui traduit un mépris du corps et de la vulnérabilité ».

Corine PELLUCHON, Réparons le monde. Humains, animaux, nature (Rivages, 2020).

Ce recueil de textes de la philosophe parus au fil des ans éclaire sa démarche articulant la vulnérabilité des personnes, des animaux et de la terre. Elle compare également l’éthique du care et l’éthique de la vulnérabilité qui partagent une remise en question du statut de sujet moral individuel et de son autonomie supposée souveraine, en insistant sur la réciprocité et l’interdépendance de nos existences. Il semble cependant que ces éthiques divergent en termes de mise en œuvre politique : un contrat social est proposé dans le cadre de la vulnérabilité tandis que le care relèverait du cas par cas.

Jean-Philippe PIERRON, Je est un nous. Enquête philosophique sur nos interdépendances avec le vivant (Actes Sud, 2021).

Une enquête sur les interdépendances des humains et du vivant auprès de philosophes et penseurs de l’écologie mais aussi à la première personne. L’auteur invite à pratiquer l’écobiographie, un exercice intime et sensible d’écriture de soi à travers les liens ténus que nous entretenons avec les plantes, les animaux, les lieux, les paysages ou encore les climats, et qui nous construisent.

Jean-Philippe PIERRON, Prendre soin de la nature et des humains. Médecine, travail, écologie (Les Belles Lettres, 2019).

Le philosophe invite à une démarche d’attention au monde portée par une « anthropologie relationnelle » qui permet de penser ce soin. Cette pensée spécifique de la relation devient particulièrement nécessaire en médecine, dans le monde du travail et vis-à-vis de l’environnement. Il s’agit ainsi de porter attention aux relations humaines et aux différentes formes de vulnérabilité.

Philippe PIGNARRE, Latour-Stengers, un double-vol enchevêtré (La Découverte, 2023).

« Latour et Stengers ont le même point de départ, qui restera au centre de leurs œuvres : les pratiques scientifiques, dont notre modernité est si fière. Pourquoi nous, Modernes, nous définissons-nous comme ceux qui savent alors que les autres seraient condamnés à croire ? Cette question les a amenés à partager la même préoccupation : comment comprendre et vivre dans ce que Latour appelle le “nouveau régime climatique”, et Stengers un “temps de débâcle” ? Le but de ce livre n’est pas de rendre à chacun des auteurs ce qui lui appartient, mais au contraire de les intriquer toujours davantage ; de suivre au plus près chaque proposition faite par l’un·e et reprise par l’autre, toujours selon ses propres moyens ».

Éric POMMIER, La Démocratie environnementale. Préserver notre part de nature (PUF, 2022).

« Face aux menaces systémiques, notre époque est de plus en plus consciente de la nécessité de faire droit à un principe de responsabilité à l’égard des générations futures, de la vie et de la Terre. Mais cette prise de conscience soulève bien des difficultés. Comment peut-on représenter les intérêts des générations futures puisqu’elles ne sont pas encore nées? Et comment défendre les intérêts des vivants et de la Terre puisqu’ils ne sont pas sujets de droit ? Que penser d’un régime qui prétendrait défendre de tels intérêts au détriment des droits des sujets classiques, à savoir les hommes contemporains ? Faut-il en conclure que la nouvelle exigence éthique n’est qu’une utopie irréalisable ? Eric Pommier dépasse dans cet ouvrage ce hiatus et propose les voies d’une réconciliation grâce au concept de démocratie environnementale ».

Val PLUMWOOD, Dans l’œil du crocodile (Wildproject, 2021). Traduction par Pierre Madelin.

« En février 1985, la philosophe écologiste Val Plumwood survécut — contre toute probabilité — à une attaque de crocodile dans le parc national de Kakadu, en Australie ». A ses yeux, en s’inspirant « des récits mythologiques des Aborigènes australiens et des Égyptiens de l’Antiquité, le crocodile est un trickster, une créature qui juge sévèrement la prétention des êtres humains à s’extraire du cycle de la vie. Inachevé au moment du décès de l’autrice, ce récit est complété par quatre essais touchant à notre rapport alimentaire au vivant : sur la mort d’un wombat, sur l’ontologie végane, sur le film Babe : le cochon devenu berger, et sur la vie dans nos cimetières ».

Paul B. PRECIADO, Dysphoria Mundi (Grasset, 2022).

« Puisque mon désir de vivre en dehors des prescriptions normatives de la société binaire hétéro-patriarcale a été considéré comme une pathologie clinique caractérisée sous le vocable de « dysphorie de genre », il m’a paru intéressant de penser la situation planétaire actuelle comme une dysphorie généralisée. Dysphoria mundi : la résistance d’une grande partie des corps vivants de la planète à être subalternisés au sein d’un régime de savoir et de pouvoir patriarco-colonial ».

Olivier REMAUD, Penser comme un iceberg (Actes Sud, 2020).

« Ce livre est un éloge des vies inattendues. C’est aussi une réflexion sur la discrétion comme art de cohabiter avec des entités non humaines. La neige crisse, la banquise craque, des blocs de glace dérivent dans l’océan. On navigue en kayak, on plonge dans des eaux froides, on entend les voix de peuples autochtones. Des écosystèmes entiers surgissent d’une nature que l’on croyait vide. Les icebergs deviennent des arches biologiques et les glaciers ne sont plus des choses mais des êtres vivants, des partenaires de l’existence quotidienne dont nous dépendons intimement ».

Olivier REY, Réparer l’eau (Stock, 2021).

« Qui ignore ce qu’est l’eau ? Chacun a une connaissance intime et immédiate de cet élément frais, liquide, miroitant et irrésistiblement attiré vers le bas. Comment en sommes-nous arrivés, dès lors, à laisser cet élément premier, si présent dans notre expérience de tous les jours, si prégnant dans notre imaginaire, si riche de symbolique, être défini par la laconique formule chimique H2O ? Que perdons-nous dans cette opération ? ».

Thierry RIBAULT, Contre la résilience. À Fukushima et ailleurs (L’échappée, 2021).

« Funeste chimère promue au rang de technique thérapeutique face aux désastres en cours et à venir, la résilience érige leurs victimes en cogestionnaires de la dévastation. À la fois idéologie de l’adaptation et technologie du consentement à la réalité existante, aussi désastreuse soit-elle, la résilience constitue l’une des nombreuses impostures solutionnistes de notre époque. Cet essai, fruit d’un travail théorique et d’une enquête approfondie menés durant les dix années qui ont suivi l’accident nucléaire de Fukushima, entend prendre part à sa critique ».

Nathaniel RICH, Un monde dénaturé (Editions du sous-sol, 2023). Traduction par David Fauquemberg.

« Nous vivons une époque où des scientifiques cherchent à ressusciter des espèces éteintes, nos écosystèmes les plus essentiels nécessitent désormais des projets d’ingénierie monumentaux pour ne serait-ce que survivre, des ailes de poulet poussent dans des éprouvettes… En somme, nous vivons d’ores et déjà dans un monde où la nature a perdu. Les anciennes distinctions — entre naturel et artificiel, entre science-fiction et réalité scientifique — se sont estompées au point de perdre tout sens ».

David ROMAND, Julien BERNARD, Sylvie PIC, Jean ARNAUD, Biomorphisme. Approches sensibles et conceptuelles des formes du vivant (Coédition Naima et Aix-Marseille Université/Centre Gilles Gaston Granger, 2021).

Publication numérique, « à la fois catalogue d’une exposition et actes d’un colloque qui se sont tenus tous deux à Marseille en 2018–2019, ce livre fait le point sur les travaux d’un groupe d’artistes, de scientifiques, de philosophes et d’historiens réunis autour de l’étude des formes du vivant. Cet ouvrage, résolument transdisciplinaire et étranger à toute hiérarchisation entre les propositions artistiques et scientifiques, s’ordonne selon 5 thématiques : la morphogenèse comme champ d’étude transdisciplinaire ; les enjeux politiques et écologiques du biomorphisme ; l’empathie et l’expérience psycho-esthétique des formes du vivant ; la poétique de l’imaginaire matériel ; les métamorphoses du concept esthétique de biomorphisme. Il entend ainsi participer tant au renouveau de la pensée théorique sur le vivant qu’à une nécessaire reviviscence de notre sensibilité à ses formes, s’attachant par là-même à jeter les bases d’une « éco-esth-éthique » dans le contexte de la crise écosystémique actuelle ».

Hartmut ROSA, Rendre le monde indisponible (La Découverte, 2020). Traduction par Olivier Mannoni.

Le désastre écologique montre que la conquête de notre environnement façonne un milieu hostile. Pour le sociologue et philosophe, le fait de disposer à notre guise de la nature, des personnes et de la beauté qui nous entourent nous prive de toute résonance avec elles. Pour résoudre cette contradiction, cet essai nous engage à réinventer notre relation au monde.

Hartmut ROSA, Nathanaël WALLENHORST, Accélérons la résonance ! Pour une éducation en Anthropocène (Editions Le Pommier, 2022). Traduction par Sophie Paré et Nathanaël Wallenhorst.

Le concept de « résonance » proposé par Hartmut Rosa invite à accepter « d’entrer dans un nouveau rapport au monde, marqué par une relation « responsive » avec lui » pour « remédier à l’accélération hégémonique et réifiante du capitalisme rentier et spéculatif, qui nous condamne à la croissance et à la surchauffe ».

Deborah Bird ROSE, Le rêve du chien sauvage. Amour et extinction (La Découverte, 2020). Traduction par Fleur Courtois-L’Heureux.

L’anthropologue nous propose ici de penser, sentir et imaginer à la manière des dingos, ces chiens sauvages d’Australie cibles d’une féroce tentative d’éradication. En apprenant des pratiques aborigènes pour se connecter aux autres vivants, elle interroge l’amour, cette capacité de répondre à l’autre, cette responsabilité : que devient-il quand il s’adresse à tous les terrestres ? Elle fait sentir que le non-humain continue d’insister silencieusement et que cet appel, perçu par Lévinas dans les yeux d’un chien rencontré dans un camp de prisonniers en Allemagne nazie, n’en a pas fini de nous saisir et de nous transformer.

Éric SADIN, Faire sécession. Une politique de nous-mêmes (L’Échappée, 2021).

Avec « l’agonie du néolibéralisme », « nous nous mettons à espérer un monde plus juste qui adviendrait grâce au retour de l’État providence, à la prise en compte des questions écologiques et à une participation citoyenne accrue. Or, rien de cela ne nous sauvera du pouvoir des algorithmes, de la marchandisation intégrale de nos vies par l’industrie numérique, ou du déploiement d’une télésocialité contribuant à notre « isolement collectif ». Autant de processus qui engendrent de nouveaux types d’assujettissement. Ce livre renouvelle les perspectives d’émancipation, en dressant un registre d’actions concrètes. Cela suppose de constituer un foisonnement de collectifs — dans tous les domaines de la vie — favorisant l’expérimentation, la meilleure expression de chacun, tout en étant soucieux de ne léser ni personne, ni la biosphère ».

Marshall SAHLINS, The New Science of the Enchanted Universe, An Anthropology of Most of Humanity (Princeton University Press, 2022).

« Du point de vue de la modernité occidentale, l’humanité habite un cosmos désenchanté. Les dieux, les esprits et les ancêtres nous ont quittés pour un au-delà transcendant, ils ne vivent plus au milieu de nous et ne sont plus impliqués dans toutes les questions de la vie quotidienne, des plus banales aux plus graves. Pourtant, la grande majorité des cultures qui ont traversé l’histoire de l’humanité traitent les esprits comme des personnes bien réelles, des membres d’une société cosmique qui interagissent avec les humains et contrôlent leur destin. Dans la plupart des cultures, même aujourd’hui, les hommes ne sont qu’une petite partie d’un univers enchanté interprété de façon erronée par les catégories transcendantes de la « religion » et du « surnaturel ». L’ouvrage montre comment les anthropologues et autres spécialistes des sciences sociales doivent repenser ces cultures de l’immanence et les étudier selon leurs propres lumières ».

María Grace SALAMANCA GONZALEZ, Esthétiques du “care” pour l’Anthropocène (Coédition École urbaine de Lyon, Cité anthropocène et Éditions deux-cent-cinq, 2023).

« À partir d’une lecture des crises des éthiques du “care”, cette analyse explore l’hypothèse que l’Anthropocène repose sur une dimension sensible et morale; que notre manière de désirer, d’imaginer, et de rêver est aussi façonnée de manière anthropocénique, tant au niveau individuel qu’au niveau collectif. Les esthétiques du “care” sont ici présentées comme des alternatives pratiquées dans le Sud global pour débattre des imaginaires auxquels nous nous référons pour sentir-penser les crises. Elles sont tout à la fois un concept et une pratique incarnée. Ces pages ouvrent une option décoloniale pour interpréter les crises et des possibles voies d’action ».

Fabian SCHEIDLER, La Fin de la mégamachine. Sur les traces d’une civilisation en voie d’effondrement (Seuil, 2020). Traduction par Aurélien Berlan.

« Énorme succès à l’étranger, ce livre haletant nous offre enfin la clé de compréhension des désastres climatiques, écologiques, pandémiques et économiques contemporains. Accuser Sapiens, un humain indifférencié et fautif depuis toujours, est une imposture. Notre histoire est sociale : c’est celle des structures de domination nées il y a cinq mille ans, et renforcées depuis cinq siècles de capitalisme, qui ont constitué un engrenage destructeur de la Terre et de l’avenir de l’humanité, une mégamachine ».

Isabelle STENGERS, Réactiver le sens commun. Lecture de Whitehead en temps de débâcle (La Découverte, 2020).

La philosophe problématise la « défaite du sens commun » : face à un « public » qui contemple en spectateur, les « experts » sont placés dans le rôle de « ceux qui savent » et sont donc les seuls aptes à prendre des décisions. Elle propose de « faire sens en commun » de nouveau.

Charles STEPANOFF, L’animal et la mort. Chasses, modernité et crise du sauvage (La Découverte, 2021).

« La modernité a divisé les animaux entre ceux qui sont dignes d’être protégés et aimés et ceux qui servent de matière première à l’industrie. Parce qu’elle précède cette alternative et continue de la troubler, la chasse offre un point d’observation exceptionnel pour interroger nos rapports contradictoires au vivant en pleine crise écologique ». L’anthropologue propose une approche comparative qui « convoque préhistoire, histoire, philosophie et ethnologie des peuples chasseurs et dévoile les origines sauvages de la souveraineté politique » pour éclairer « d’un jour nouveau les fondements anthropologiques et écologiques de la violence exercée sur le vivant ».

Charles STEPANOFF, Voyager dans l’invisible. Techniques chamaniques de l’imagination (La Découverte, 2019).

L’ethnologue explore « les techniques chamaniques du Grand Nord européen et asiatique » et « mène une réflexion vertigineuse sur la façon dont les modernes, en réduisant le réel au visible, se sont privés de pans entiers des fonctions imaginatives » (Médiapart, 02/08/2020).

Thomas SUDDENDORF, Jon REDSHAW, Adam BULLEY, The Invention of Tomorrow. A Natural History of Foresight (Basic Books, 2022).

« Notre capacité à penser l’avenir est l’un des outils les plus puissants dont nous disposons. Dans cet ouvrage, les chercheurs en sciences cognitives Thomas Suddendorf, Jonathan Redshaw et Adam Bulley affirment que l’émergence de cette capacité a transformé les humains, qui sont passés du statut de primates anodins à celui de créatures qui tiennent le destin de la planète entre leurs mains ».

James SUZMAN, Travailler. La grande affaire de l’humanité (Flammarion, 2021). Traduction par Marie-Anne de Béru.

L’auteur « propose une nouvelle histoire du travail et déconstruit nos représentations ordinaires en s’appuyant sur vingt-cinq ans de recherches, à l’interface entre les tribus de chasseurs-cueilleurs, les premières sociétés agricoles et le monde industrialisé. Il révèle comment les révolutions technologiques successives ont déformé notre conception de l’effort et de la récompense, engendrant une série de problèmes sociaux, économiques et environnementaux ».

Jacques TASSIN, Pour une écologie du sensible (Odile Jacob, 2020).

Le chercheur en écologie végétale invite à fonder une écologie du sensible qui s’extraie de la vision mécaniste du vivant héritée des Lumières. Commençons par engager nos sens, par retrouver le plaisir du contact avec les plantes et les animaux pour éprouver la proximité du vivant et l’appréhender dans sa continuité.

Michael TAUSSIG, Palma africana (Editions B42, 2021). Traduction par Marc Saint-Upéry.

« L’anthropologue explore la production d’huile de palme en Colombie. Alors que cette dernière envahit tout, des chips au vernis à ongles, l’auteur examine les conséquences écologiques, politiques et sociales de cette exploitation. Bien que la liste des horreurs induites par la culture du palmier à huile soit longue, nos terminologies habituelles ne permettent plus de rendre compte des réalités qu’elles décrivent. À travers cette déambulation anthropo-poétique au cœur des marécages colombiens, c’est donc la question du langage que l’auteur interroge ».

Michael Charles TOBIAS, Jane Gray MORRISON, On the Nature of Ecological Paradox (Springer, 2021).

Une analyse philosophique de la dualité de l’humanité : homo sapiens est à la fois une espèce au sein de la biosphère et le soi-disant “intendant” de cet enchevêtrement de systèmes écologiques. Mais ce double rôle est en train de s’effondrer. L’ouvrage bouscule rudement l’affirmation historique de la supériorité humaine sur les autres formes de vie.

Anna L. TSING, Proliférations (Wildproject, 2022). Traduction par Marin Schaffner.

« La prolifération comme condition écologique et anthropologique contemporaine — une clef pour comprendre l’état du monde. Maladies émergentes, extinctions, plantes invasives : dans les « ruines du capitalisme », une foule de vivants se met à habiter les écosystèmes de façon troublante ».

Anna L. TSING, « Vers une théorie de la non-scalabilité », Multitudes (n°82, 2021). Traduction par Louise Julien.

La modernité coloniale s’est constituée autour d’une foi en la scalabilité de la production. De ce concept découle toute l’idéologie d’expansion des sociétés contemporaines. À travers cet article, l’anthropologue démontre la façon dont la « scalabilité » constitue un potentiel précepte de destruction de la nature, du bien-être humain ainsi qu’une entrave à l’expérimentation de nouvelles relations et de nouveaux collectifs. Elle plaide pour une théorie de la non-scalabilité rompant avec le culte de la croissance et de la performance, pour se diriger vers les frictions, les rencontres, la diversité, les expérimentations.

Anna L. TSING, Friction. Délires et faux-semblants de la globalité (La Découverte, 2020). Traduction par Philippe Pignarre et Isabelle Stengers.

« Friction : que se passe-t-il dans les « zones-frontières » où se développe une économie sauvage, ravageant les ressources, les plantes, les animaux, les forêts et les cultures humaines ? […] Friction : comment entendre le cri de tous ceux et celles — humains et non-humains — qui disparaissent dans un maelstrom de destructions où la forêt laisse place à des plantations de palmiers à huile ? Comment apprendre à regarder une forêt que l’on croyait sauvage comme un espace social, habité ? […] Avec Anna Tsing, il faut apprendre à mettre en suspens nos routines perceptives et nos jugements normatifs, apprendre à sentir et ressentir, à développer une culture de l’attention, apprendre avec ce qui la fait hésiter, avec ce qui l’oblige à multiplier les manières de raconter, les méthodes ethnographiques ».

Anna L. TSING, Jennifer DEGER, Alder KELEMAN SAXENA, Feifei ZHOU (dir.), Feral Atlas. The More-Than-Human Anthropocene (Stanford Press, 2020).

Une exploration de l’Anthropocène perçu à travers la féralisation (le retour à l’état sauvage) d’écosystèmes favorisés au départ par des infrastructures humaines, et qui ont prospéré en dehors de tout contrôle humain. Le projet rassemble 79 enquêtes de terrain de scientifiques, d’humanistes et d’artistes.

Thom VAN DOOREN, Matthew CHRULEW (dir.), Kin. Thinking with Deborah Bird Rose (Duke University Press, 2022).

Une réflexion à partir des recherches de l’anthropologue Deborah Bird Rose pour examiner les relations d’interdépendance et d’obligation entre les vies humaines et non humaines. Engagée pendant plusieurs décennies avec les communautés aborigènes de Yarralin et Lingara dans le nord de l’Australie, « Rose a exploré les possibilités de formes enchevêtrées de justice sociale et environnementale. Elle a cherché à faire dialoguer les idées de ses professeurs indigènes avec les sciences humaines et naturelles afin de décrire et de défendre avec passion un monde de parenté fondé sur un sens profond des liens et des relations qui nous unissent ».

Jean VIOULAC, Métaphysique de l’Anthropocène, 1. Nihilisme et totalitarisme (PUF, 2023).

« Le concept d’Anthropocène s’est aujourd’hui imposé pour désigner une époque au cours de laquelle l’humanité est devenue une puissance globale en mesure d’affecter l’écosystème terrestre. Ce concept requiert une anthropologie philosophique, qui définit l’essence de l’homme par la négativité, pour concevoir son histoire comme un événement métaphysique en lequel un être s’oppose à la nature pour y mettre en œuvre un processus de dénaturation qui s’avère annihilation ».

Jean-Baptiste VUILLEROD, Theodor W. Adorno. La domination de la nature (Éditions Amsterdam, 2021).

L’ouvrage propose à la fois une introduction à la pensée de Theodor W. Adorno — « l’un des principaux représentants de la première génération de l’École de Francfort » — « et une actualisation de celle-ci au prisme des débats contemporains en écologie politique. Le thème de la domination de la nature permet de tracer une transversale dans l’ensemble de la philosophie adornienne, des textes de jeunesse aux écrits de la maturité, tout en l’ouvrant aux enjeux de la crise écologique. La thèse principale du livre est que le motif de la domination de la nature permet de penser dans un cadre commun l’exploitation du travail, le patriarcat, le racisme, le spécisme et les diverses formes de destruction environnementale. La philosophie d’Adorno peut alors être lue comme une critique systématique des sociétés capitalistes ».

Joëlle ZASK, Se tenir quelque part sur la Terre. Comment parler des lieux qu’on aime (Premier Parallèle, 2023).

« Nous portons tous en nous des lieux auxquels nous sommes singulièrement reliés — des lieux qu’on aime. Pour parler de cette géographie intime, nous avons souvent recours au registre de l’identité, des racines, de l’appartenance. À quoi s’oppose l’idée qu’on pourrait être « de nulle part ». Nous rejouons ainsi une alternative bien connue : d’un côté, l’idéal d’une osmose entre les humains et leur lieu de vie ; de l’autre, l’idéal de femmes et d’hommes sans attaches, ayant le monde à disposition. Or, s’il est absolument nécessaire de proscrire un vocabulaire dont se nourrissent les mouvements d’ultradroite, il est tout aussi urgent de reconnaître l’importance, pour chacun, de son lieu de vie. Car mépriser cette relation, c’est nourrir la frustration qui fait le lit des positions politiques extrêmes. Et abstraire la citoyenneté de tout contexte, c’est risquer de toujours plus négliger notre environnement ».

Joëlle ZASK, Face à une bête sauvage (Premier Parallèle, 2021).

« Face à une bête sauvage, nous réalisons l’étendue de notre ignorance. Nous faisons la brutale expérience de notre propre appartenance au monde animal et de la faiblesse de notre espèce, qui n’inspire naturellement ni terreur ni crainte. Avec ce guide à la fois informé et amusant, Joëlle Zask ne nous propose pas seulement de nous prémunir contre une morsure ou un coup de griffe. Elle nous invite à faire connaissance avec les autres animaux de la nature et à remettre en question la place que nous accordons aux humains parmi eux ».

Joëlle ZASK, Quand la forêt brûle. Penser la nouvelle catastrophe écologique (Premier Parallèle, 2019).

Bienvenue dans le Pyrocène ! La philosophe s’empare de l’objet « mégafeu » pour penser la catastrophe écologique. Symptôme d’une société malade, les mégafeux illustrent l’impasse de notre rapport à la nature : une nature à la fois idéalisée, sanctuarisée et que l’on veut dominer jusqu’à la détruire.


PHILOSOPHIE - SOCIOLOGIE - ANTHROPOLOGIE - IDÉES was originally published in Anthropocene 2050 on Medium, where people are continuing the conversation by highlighting and responding to this story.

28.08.2023 à 00:19
berenice gagne
Texte intégral (3476 mots)

LECTURES ANTHROPOCÈNES #2019-2023

HitchBOT © Sven Hoppe

Revue Hérodote, « Géopolitique de la datasphère » (n°177–178, 2ème et 3ème trimestres 2020).

Une analyse des bouleversements de la révolution numérique provoquée par l’adoption massive des technologies numériques et l’interconnexion mondiale des systèmes d’information et de communication : économies, modes de vie, relations stratégiques et rivalités entre les grandes puissances. La notion de datasphère permet d’englober dans un même concept les enjeux stratégiques liés au cyberespace et, plus généralement, à la révolution numérique, pour mieux appréhender les défis présents et à venir de la dépendance croissante aux technologies et aux données numériques dans un monde de plus en plus gouverné par les algorithmes et l’intelligence artificielle.

Laurence ALLARD, Alexandre MONNIN, Nicolas NOVA (dir.), Ecologies du smartphone (Le bord de l’eau, 2022).

Géo-physiciens, artistes, philosophes, designers, sociologues, architectes et juristes analysent l’empreinte écologique du smartphone, tant dans sa fabrication que dans ses usages, « avec un positionnement mélioriste qui cherche à dépasser un positivisme technologique béat et un pessimisme techno-critique simpliste ».

Emeline BAILLY, Dorothée MARCHAND, Ville numérique. La qualité urbaine en question (Mardaga, 2021).

« Comment la ville numérique affecte-t-elle la qualité, l’attractivité et la vitalité des territoires ? Comment les objets connectés urbains sont-ils appréhendés ? Remettent-ils en cause nos représentations de la ville et nos perceptions des paysages urbains ? Dans le contexte de la promotion de la ville numérique, prenant appui sur une recherche empirique interdisciplinaire, Emeline Bailly et Dorothée Marchand interrogent les implications de son essor sur la qualité urbaine. L’enjeu ne serait-il pas alors de mieux considérer ces dimensions dans la création des lieux ? ».

Sylvie BAUER, Claire LARSONNEUR, Hélène MACHINAL, Arnaud REGNAULD (dir.), Subjectivités numériques et posthumain (PUR, 2020).

Une approche interdisciplinaire pour penser les devenirs de l’humain et la définition de son identité à l’heure du posthumain. Un humain augmenté de toutes sortes d’objets connectés, un humain quantifié à travers toutes ses traces numériques volontaires ou collectées à son insu.

Miguel BENASAYAG, La Tyrannie des algorithmes (textuel, 2019).

Le philosophe nous alerte sur la colonisation du vivant par les machines qui, insidieusement, prennent en charge la vie collective quotidienne. Il estime que la résistance doit passer par une recherche d’hybridation : ni refuser l’intelligence artificielle ni se laisser dominer par elle, mais savoir tirer les conséquences politiques et démocratiques de cette nouvelle forme de domination. Comment les individus peuvent-ils retrouver une puissance d’agir dans ce monde postdémocratique ?

Yaël BENAYOUN, Irénée REGNAULD, Technologies partout, démocratie nulle part. Plaidoyer pour que les choix technologiques deviennent l’affaire de tous (FYP, 2020).

Pour sortir de la confiscation du progrès, les auteurs appellent à replacer le débat démocratique et les revendications citoyennes au cœur du développement technologique. Ils rappellent « que la numérisation du monde ne s’est pas écrite grâce à la délibération collective, et qu’il est encore possible d’opérer un tri parmi les technologies que nous souhaitons et celles dont nous ne voulons pas » (Usbek & Rica, 09/10/2020).

James BRIDLE, Un nouvel âge des ténèbres. La technologie et la fin du futur (Allia, 2022). Traduction par Benjamin Saltel.

« Aux antipodes d’une critique réactionnaire de la technologie, Bridle démontre comment la technologie échoue à répondre aux grands défis de notre modernité et nous enferme dans des schémas de pensée qui brident notre intelligence et notre créativité. Alors que nous disposons d’un savoir immense à portée de clic, nous sommes, paradoxalement, incapables de penser ».

James BRIDLE, Ways of Being. Beyond Human Intelligence (Allen Lane, 2022).

« Après le constat dans New Dark Age de la faillite d’un certain imaginaire technicien, Ways of Being se propose d’explorer de façon nouvelle les technologies de l’information et de la communication. Développant un propos fort, l’ouvrage emprunte au très fécond courant de pensée de Santa Cruz nombre de méthodes, cadrages et concepts destinés à déciller nos yeux sur le tort immense causé au vivant : lui refuser l’intelligence » (AOC, 18/06/2022).

Antonio A. CASILLI, En attendant les robots. Enquête sur le travail du clic (Seuil, 2019).

Le sociologue analyse les coulisses du travail numérique loin du mythe de l’intelligence artificielle libérant l’espèce humaine du labeur. Il dévoile l’exploitation des petites mains de l’intelligence artificielle, ces myriades de tâcherons du clic soumis au management algorithmique de plateformes en passe de reconfigurer et de précariser le travail humain.

Gérard DUBEY, Alain GRAS, La Servitude électrique. Du rêve de liberté à la prison numérique (Seuil, 2021).

Le sociologue et le socio-anthropologue retracent l’histoire de l’électricité d’Ampère à Bill Gates, décryptent le mythe électrique et pointent la numérisation de nos existences. « En reparcourant l’histoire de l’électricité et en analysant la manière dont cette énergie est aujourd’hui pensée, Gérard Dubey et Alain Gras offrent un recul critique salutaire sur les promesses soi-disant fabuleuses de notre présent » (Terrestres, 17/05/2021).

Cédric DURAND, Technoféodalisme. Critique de l’économie numérique (La Découverte, 2020).

« La thèse de ce livre est qu’avec la digitalisation du monde se produit une grande régression. Retour des monopoles, dépendance des sujets aux plateformes, brouillage de la distinction entre l’économique et le politique : les mutations à l’œuvre transforment la qualité des processus sociaux et donnent une actualité nouvelle au féodalisme ».

Valentyna DYMYTROVA, Isabelle HARE, Valérie LARROCHE, Françoise PAQUIENSEGUY, Marie-France PEYRELONG (dir.) Données urbaines et smart cities. Entre représentations et pratiques professionnelles (Editions des archives contemporaines, 2020).

Une enquête dans l’univers des open data-données ouvertes métropolitaines auprès de celles et ceux qui les produisent, les gèrent, les réutilisent ou les médiatisent. L’analyse révèle « l’importance d’impliquer l’ensemble des acteurs de la métropole dans des projets concrets accompagnés par les collectivités locales autour de l’ouverture, du partage et de la valorisation des données ».

Guillaume ETHIER, La ville analogique. Repenser l’urbanité à l’ère numérique (Editions Apogée, 2023).

« L’avènement de l’univers numérique a mis à mal notre rapport à la ville tangible, que nous avons désertée au profit d’une hyperconnectivité qui n’est pas sans conséquences sur l’espace public en tant que lieu de sociabilité. Et l’arrivée annoncée d’un soi-disant « métavers » ne fera qu’amplifier ce phénomène. La dépersonnalisation des relations interpersonnelles et le transfert des décisions humaines à des machines menacent, à terme, la part d’humanité qui nous relie les uns aux autres ».

Fabrice FLIPO, La Numérisation du monde. Un désastre écologique (l’échappée, 2021).

« Le mythe de l’immatérialité du numérique est enfin en train de s’effondrer. En s’appuyant sur une étude exhaustive des rapports scientifiques sur le sujet, Fabrice Flipo définit avec précision les enjeux de la numérisation du monde et ses implications écologiques — énergétiques, climatiques et matérielles. Il rapproche le numérique de la logistique et explique ce qu’il faut comprendre lorsqu’il est question de « plateformes ». Il décrit comment les modes de vie ont évolué, sous la pression conjointe des entreprises et de l’État ».

Clément GAILLARD (dir.), Une anthologie pour comprendre les Low-Techs (T&P Work Unit, 2023).

« Quel est le point commun entre un four solaire, la construction en brique de terre crue et un système de récupération et de filtration des eaux de pluie ? Toutes ces techniques ont été présentées comme des « technologies appropriées » à partir des années 1970 et nombre d’entre elles sont aujourd’hui reprises et diffusées par le mouvement low-tech. Cette anthologie rassemble et présente un ensemble de 29 textes publiés entre le début des années 1960 et aujourd’hui consacrés aux technologies appropriées et au low-tech, pour la plupart inédits en français ou devenus introuvables. L’anthologie est décomposée en quatre parties qui traitent respectivement des technologies appropriées et de leur histoire, des méthodes pour concevoir low-tech, des applications directes de l’énergie solaire et des techniques alternatives pour capter et économiser l’eau dans un contexte de sécheresse grandissante ».

Arthur GRIMONPONT, Algocratie. Vivre libre à l’heure des algorithmes (Actes Sud, 2022).

« « L’histoire de l’humanité ressemble de plus en plus à une course entre l’éducation et la catastrophe », remarquait en 1920 l’écrivain britannique H. G. Wells. En 2022, jamais l’humanité n’a atteint un tel niveau d’interconnexion, l’information n’a irrigué nos sociétés en de tels volumes, nous n’avons eu autant de temps libre. Cela aurait dû nous permettre d’atteindre un sommet dans notre capacité à communiquer, à coopérer et à nous éduquer. Mais nous avons délégué aux réseaux sociaux la charge d’organiser notre vie sociale, politique et culturelle. La guerre de l’attention exploite nos pulsions, déchaîne les passions et éclipse la raison. Nul déterminisme technologique ne nous condamne au pire. Bâtir une démocratie de l’information est vital et la clé d’un formidable progrès humain ».

Thierry HOQUET, Les Presque-Humains. Mutants, cyborgs, robots, zombies… et nous (Seuil, 2021).

« Ni transhumain, ni posthumain ou inhumain, le « presque-humain » désigne un nouveau domaine : celui qui se dessine en deçà ou au-delà de l’humain, là où notre condition devient une question plutôt qu’une évidence. Que nous disent-ils de ce que nous sommes devenus, ces êtres (zombies, mutants, robots, cyborgs, goules, etc.) qui, sans être nos semblables, nous ressemblent cependant, au point parfois de devenir des caricatures de nous-mêmes ? Qu’ils soient amis ou ennemis, ces êtres fictifs hantent notre imagination, nous promettent un avenir souvent inquiétant, remettant en cause notre autonomie. Ils nous rappellent qu’être humain, c’est toujours être susceptible de faillir ».

Yuk HUI, La Question de la technique en Chine (Editions Divergences, 2021).

« S’il y a un domaine où la Chine s’impose au XXIe siècle, c’est bien celui de la technique. Conquête de l’espace, déploiement de la 5G, construction d’un Internet «national» avec ses propres géants numériques, nouvelles technologies de surveillance et de contrôle. Pourtant rien ne semblait prédestiner la Chine à accepter ni à intégrer ce système, encore moins à en être à la pointe. Contre les penseurs européens qui présentent toujours la technique comme une donnée universelle, le philosophe propose de réinsérer les techniques dans leur contexte local et cosmologique, à la lumière d’une relecture de l’histoire des philosophies de la technique en Occident et en Asie ».

Celia IZOARD, Merci de changer de métier. Lettres aux humains qui robotisent le monde (Editions de la dernière lettre, 2020).

« Interpeller directement des chercheurs, ingénieurs et startuppers sur les implications politiques de leur activité, tel est l’objet de ce livre, composé de lettres ouvertes rédigées dans un style piquant, qui mêle la satire et l’analyse. Celia Izoard ouvre ici un dialogue avec les concepteurs des nouvelles technologies pour les interroger sur le sens de leur travail et analyser l’impact social et écologique des grands projets industriels de la décennie, dans un monde en proie à la crise climatique et à l’exploitation au travail ».

Pablo JENSEN, Deep earnings. Le néolibéralisme au cœur des réseaux de neurones (C&F éditions, 2021).

Après avoir découvert que Frank Rosenblatt, l’inventeur des réseaux de neurones en 1958, « fait de l’économiste Friedrich von Hayek, l’idéologue du néolibéralisme, la source majeure de son inspiration », Pablo Jensen, physicien, spécialiste des systèmes complexes, a mené une enquête sur les accointances entre politique et informatique en matière de modélisation des activités humaines et sociales.

Zahar KORETSKY, Peter STEGMAIER, Bruno TURNHEIM, Harro VAN LENTE, Technologies in Decline Socio-Technical Approaches to Discontinuation and Destabilisation (Routledge, 2022).

« Les questions centrales de cet ouvrage sont les suivantes : comment les technologies déclinent-elles, comment les sociétés gèrent-elles les technologies en déclin et comment la gouvernance peut-elle être explicitement orientée vers l’abandon des technologies “indésirables” ? ».

Céline LAFONTAINE, Bio-objets. Les nouvelles frontières du vivant (Seuil, 2021).

« À l’heure où l’on s’inquiète de l’avenir de la biodiversité, de nouvelles formes de vie éclosent chaque jour dans les laboratoires du monde globalisé. À partir d’exemples tirés de la médecine reproductive, du génie génétique et d’une enquête menée auprès de chercheurs en bio-impression, ce livre fascinant analyse les imaginaires scientifiques, les pratiques et les espoirs mirobolants que soulève la production d’objets-vivants. Il rend visibles les ressorts épistémologiques, industriels et éthiques de ce qui est devenu une véritable économie de la promesse. Les frontières entre vivant et non-vivant, sont de moins en moins opérantes pour comprendre un monde où la matière biologique est transformée en objet biotechnologique. Les frontières du corps humain et les barrières entre espèces, qu’on croyait immuables, deviennent malléables ».

Julia LAINAE, Nicolas ALEP, Contre l’alternumérisme (La Lenteur, 2020).

L’ouvrage interroge la croyance en un autre numérique possible. Il appelle à s’extraire de l’utopie numérique et à refuser radicalement la numérisation du monde.

Fanny LOPEZ, A bout de flux (Editions Divergences, 2022).

« Le rapport immédiat aux objets connectés invisibilise le continuum infernal d’infrastructures qui se cachent derrière : data centers, câbles sous-marins, réseaux de transmission et de distribution d’électricité. Alors que le numérique accompagne une électrification massive des usages, le système électrique dépend lui-même de plus en plus du numérique pour fonctionner. Pour comprendre ce grand système et imaginer comment le transformer, il nous faut aller au bout des flux, là où se révèle la matérialité des machines et des câbles ».

James LOVELOCK, Novacene: The Coming Age of Hyperintelligence (MIT Press, 2019).

« L’auteur de la théorie Gaia propose la vision d’une époque future dans laquelle les humains et l’intelligence artificielle aideront ensemble la Terre à survivre ».

Quentin MATEUS, Gauthier ROUSSILHE, Perspectives low-tech. Comment vivre, faire et s’organiser autrement ? (Editions Divergences, 2023).

« Plus nous avançons dans un siècle incertain, plus nous prenons la mesure de la fragilité des systèmes techniques qui structurent nos modes de vie. La low-tech, qu’on oppose généralement à la high-tech, interroge nos besoins dans un monde contraint. S’il n’est pas dépourvu d’ambiguïtés, ce mouvement dynamique pourrait bien participer à reconstituer des cultures techniques et conviviales, d’autres manières de vivre et de s’organiser. Qu’il soit rattrapé par des logiques marchandes et autoritaires, ou qu’il constitue un levier d’émancipation, la question que pose en creux le mouvement low-tech est celle des chemins techniques à prendre pour refonder nos sociétés sur des bases viables, justes et désirables ».

Pierre MUSSO, L’imaginaire du réseau (Manucius, 2022).

Une exploration du concept de réseau, ce nouveau paradigme technologique qui « domine l’imaginaire contemporain ». « Tout devient réseau : la planète, le territoire, les institutions, l’entreprise, l’Etat… et les individus ». Son imaginaire est ambivalent, entre communication et fluidité d’une part et surveillance et contrôle d’autre part.

Nicolas NOVA, Smartphones. Une enquête anthropologique (Metispresses, 2020).

Le chercheur a mené une enquête anthropologique méticuleuse sur le smartphone, cet objet ambivalent, cet appareil technologique, qui nous accompagne dans nos tâches quotidiennes et nous suit à la trace, qui fascine autant qu’il inquiète. L’ouvrage se distancie d’une vision alarmiste et s’intéresse à la pluralité des usages (Le Temps, 19/06/2020).

Guillaume PITRON, L’enfer numérique. Voyage au bout d’un like (Les Liens qui Libèrent, 2021).

« Quelles sont les conséquences physiques de la dématérialisation ? Comment les données impalpables pèsent elles sur l’environnement ? Quel est le bilan carbone du numérique ? ». Une enquête sur « le coût matériel du virtuel ».

Olivier TESQUET, À la trace. Enquête sur les nouveaux territoires de la surveillance (Premier Parallèle, 2020).

Une enquête qui livre une cartographie des nouveaux territoires de la surveillance et décrit sans les fantasmer les mécanismes des systèmes opaques qui exploitent notre vie privée avec notre consentement.

Eric VIDALENC, Pour une écologie numérique (Editions Les Petits Matins, 2019).

Une illustration de l’ambivalence du numérique : à la fois un atout et un frein de la transition écologique. L’ouvrage invite à remettre le numérique à sa place en prônant la «sobriété numérique» qui revient à éliminer le numérique des espaces où il est inutile, transformant ainsi les usages et les politiques.

Nathanaël WALLENHORST, Mutation. L’aventure humaine ne fait que commencer (Editions Le Pommier, 2021).

« Depuis quelques années, des groupuscules transhumanistes fantasment une mutation humaine. Or, si elle est bel et bien le défi du siècle, une mutation humaine doit nécessairement prendre acte des limites de la Terre. Elle procédera non d’une amélioration ou d’une augmentation de l’individu, mais d’un changement radical de la façon dont nous coexistons, entre humains, et entre humains et non-humains. Elle portera sur cet espace qui est « entre ». Bref, elle sera politique ».

Shoshana ZUBOFF, L’Âge du capitalisme de surveillance (Zulma, 2020). Traduction par Bee Formentelli et Anne-Sylvie Homassel.

La sociologue, professeure émérite à Harvard, livre une enquête de plus de 20 ans sur le pouvoir des machines intelligentes et la menace que ce pouvoir représente pour la liberté humaine. Elle révèle les choix bien humains, et non technologiques, qui ont présidé à la mise en place de ce qu’elle appelle un « capitalisme de surveillance », ce modèle qui monétise nos données personnelles et comportementales et produit des algorithmes censés prédire et influencer nos choix (Philosophie magazine, 28/09/2020).


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