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Vigie de l’Anthropocène à l’École urbaine de Lyon. Un œil sur le Capitalocène & le Plantationocène, mon 3è œil sur le Patriarcalocène.

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28.08.2023 à 00:35
berenice gagne
Texte intégral (12779 mots)

LECTURES ANTHROPOCÈNES #2019-2023

Tokyo, Ginza © Junya Watanabe

De facto, « Les villes accueillantes » (n°16 | Février 2020).

Ce numéro dévoile la relation consubstantielle entre les mobilités et les villes comme asiles, refuges pour refonder des lieux et des communautés. La « ville accueillante » va au-delà d’une affaire de migration et intègre les notions de « vivre ensemble », de « ville inclusive » ou « interculturelle ». Avec : Pascal Dubourg Glatigny, historien ; Michel Agier, anthropologue ; Cyrille Hanappe, architecte ; Filippo Furri, anthropologue, et Thomas Lacroix, géographe ; Stéphanie Dadour, historienne de l’architecture.

Mouvements, « Vive les communes ! Des ronds-points au municipalisme » (n°101, La Découverte, mai 2020).

Le mouvement des Gilets jaunes a remis la question démocratique au cœur du débat public : les élections municipales peuvent-elles constituer un débouché aux aspirations à repenser le « local » comme un espace politique à investir ? Ce numéro propose une lecture des expérimentations qui se déroulent aux quatre coins du monde depuis des décennies, du municipalisme au communalisme, et qui dégagent d’autres façons d’envisager la répartition du pouvoir à l’échelle locale.

COLLECTIF, Désurbanisme. Détruire les villes avec poésie et subversion, fanzine de critique urbaine (2001–2006) (Editions Le monde à l’envers, 2022).

« Espace dominé et structuré par le Capital, la ville offre un terrain de lutte et de critique du capitalisme. Publié de 2001 à 2006, Désurbanisme est un fanzine d’amoureux des villes passionnés par leur destruction, une boite à outils mêlant pensées et expériences critiques dans laquelle la lutte peut puiser du combustible ».

COLLECTIF DROIT A LA VILLE DOUARNENEZ, Habiter une ville touristique. Une vue sur mer pour les précaires (Editions du Commun, 2023).

« Ouvrage inédit, qui s’attache à décrire les mécanismes de touristification des villes côtières, cet essai montre comment ceux-ci mettent au ban une partie importante et précarisée des populations locales. Par sa faculté à renouveler nos perceptions de l’habiter au sein des villes touristiques, et ce depuis la situation de celles et ceux qui en subissent les évolutions, ce texte constitue un outil important pour penser le droit à la ville, le droit au logement et le tourisme de manière générale ».

Matthieu ADAM, Emeline COMBY (dir.), Le Capital dans la cité. Une encyclopédie critique de la ville (Éditions Amsterdam, 2020).

Une encyclopédie qui propose des outils pour comprendre, penser et agir sur les transformations urbaines en cours : le capitalisme a transformé les politiques urbaines en « véhicule de logiques managériales et financières qui ont conduit à l’explosion des inégalités sociales et spatiales. Reconfigurées selon des critères d’attractivité, les villes sont transformées en objets marketing à valoriser, tandis que leurs populations précarisées semblent vouées à évoluer dans un espace public toujours plus restreint et aseptisé, au fil de ses privatisations successives ».

Matthieu ADAM, Nathalie ORTAR (dir.), Becoming Urban Cyclists: From Socialization to Skills (University of Chester Press, 2022).

« Devenir un cycliste urbain nécessite une diversité de compétences et de connaissances acquises grâce à différentes formes de socialisation ». Anthropologues, géographes, linguistes, sociologues et urbanistes analysent les pratiques cyclistes au regard des parcours de vie individuels et des inégalités sociales et de genre à travers l’usage de méthodes qualitatives, quantitatives et mixtes et d’enquêtes de terrain menées en Australie, en France, en Allemagne, en Suisse et au Royaume-Uni « pour aider à comprendre les facteurs susceptibles de faciliter ou de freiner les pratiques cyclables urbaines ».

ADEME, Faire la ville dense, durable et désirable. Agir sur les formes urbaines pour répondre aux enjeux de l’étalement urbain (ADEME, 2022).

« Pour parvenir à l’objectif de Zéro Artificialisation Nette à horizon 2050, « refaire la ville sur la ville » en favorisant la densification constitue un levier clé. Concilier densité des populations, des activités et des services, sous certaines conditions, en garantissant la qualité de vie des citoyens en première préoccupation, constitue une des réponses à la limitation de l’étalement urbain et aux enjeux de résilience de nos territoires. Ce guide illustre des leviers actionnables par les collectivités territoriales et les acteurs de l’aménagement ainsi que des exemples inspirants et de projets déjà déployés pour accompagner et poursuivre cette dynamique dans les territoires ».

Félix ADISSON, Sabine BARLES, Nathalie BLANC, Olivier COUTARD, Leïla FROUILLOU, Fanny RASSAT (dir.), Pour la recherche urbaine (CNRS éditions, 2020).

L’ouvrage collectif et pluridisciplinaire résulte des travaux des journées de prospective nationale de recherche urbaine pour identifier des chantiers de recherche dans ce domaine à 10 ans sur les villes des Nords et des Suds. « En articulant les dimensions sociales, écologiques, politiques et matérielles, les recherches actuelles apportent de nouvelles connaissances sur les théories et définitions de l’urbain, les populations urbaines et la production de leur cadre de vie ».

Peter S. ALAGONA, The Accidental Ecosystem. People and Wildlife in American Cities (University of California Press, 2022).

Un ouvrage qui explique pourquoi et comment les villes des États-Unis se sont remplies d’animaux sauvages jusqu’à en compter plus qu’à aucun autre moment au cours des 150 dernières années. « Pourquoi tant de villes — l’écosystème le plus artificiel et le plus dominé par l’humain de tous les écosystèmes de la Terre — se sont-elles enrichies en faune sauvage, alors que celle-ci a diminué dans la plupart des autres régions du monde ? Que signifie ce paradoxe pour les humains, la faune et la nature sur notre planète de plus en plus urbaine ? » Et comment créer des écosystèmes urbains dynamiques ?

Sylvain ALLEMAND, Demain, les villes ? Paroles de chercheuses et de chercheurs (Presses universitaires de Rennes, 2022). Photographies de Myr MURATET.

« Malgré l’expérience que l’humanité a faite du confinement dans le contexte de crise sanitaire, elle continuera très probablement à vivre dans des espaces urbains plus ou moins denses. Mais les villes seront-elles telles qu’on les imagine, avec leur centralité, la concentration des fonctions et leur périphérie ? Éléments de réponse dans cet ouvrage, organisé autour d’un glossaire et d’entretiens avec des chercheuses et des chercheurs de différents horizons disciplinaires, mais qui n’en partagent pas moins un point commun : ils œuvrent avec la nouvelle Université Gustave Eiffel, qui a vocation à contribuer à une meilleure connaissance des « villes de demain », de leurs défis et des manières d’y faire face ».

Charles ALTORFFER, Traité d’urbanisme enchanteur (Editions Libel, 2021).

Roman graphique pour réfléchir sur les villes de demain : « comment repenser l’architecture urbaine de façon plus collective ? Comment réinventer nos villes, et plus globalement l’habitat sur notre vieille planète Terre, face aux défis du changement climatique ? ».

Hillary ANGELO, How Green Became Good. Urbanized Nature and the Making of Cities and Citizens (University of Chicago Press, 2021).

La sociologue enquête sur le verdissement de la vallée de la Ruhr en Allemagne pour comprendre les origines et le sens de l’engouement pour les espaces verts urbains. Elle montre que les urbanistes ont longtemps pensé que la création d’espaces verts entraînerait un progrès social, l’introduction de la nature en ville étant supposée répondre à des changements sociaux pour transformer les citoyen·nes en habitant·es modèles de villes idéales. Elle conclut que la création d’espaces verts dépend plus de la façon dont nous imaginons la vie sociale que des bienfaits qu’ils procurent réellement.

Nadia ARAB, Yoan MIOT (dir.), La ville inoccupée. Enjeux et défis des espaces urbains vacants (Presses de l’Ecole Nationale Des Ponts et Chaussées, 2020).

Les sociologues et urbanistes proposent une étude transversale des espaces urbains vacants qui apparaissent comme un problème croissant dans un contexte de transition écologique imposant de plus en plus fortement une limitation de la consommation de ressources foncières. L’ouvrage analyse également les modalités de réactivation et de revalorisation de ces espaces sans usages, au-delà de l’urbanisme transitoire.

Mario Alejandro ARIZA, Disposable City: Miami’s Future on the Shores of Climate Catastrophe (Bold Type Books, 2020).

Le journaliste, résident de Miami, raconte l’histoire de la préparation de la ville à la montée du niveau de la mer qui la submergera probablement d’ici la fin du siècle, en mettant particulièrement l’accent sur son impact social et économique. L’auteur dépeint non seulement les effets du changement climatique sur le terrain aujourd’hui, mais aussi comment l’avenir de Miami a été façonné par son passé et son présent racistes.

Béatrice BARRAS, Une cité aux mains fertiles — Quand les habitants transforment leur quartier (éditions REPAS, 2019).

C’est l’histoire des militant·es du développement coopératif en milieu rural qui composent la SCOP Ardelaine et installent son atelier de confection dans une cité HLM de la périphérie de Valence. Dans cette Zone urbaine sensible, ils et elles décident de vivre sur place et de partager leurs valeurs coopératives avec les habitant.es de la proximité.

Isabelle BARAUD-SERFATY, Trottoirs. Une approche économique, historique et flâneuse (Apogée, 2023).

Le trottoir « existe à peine d’un point de vue juridique, les urbanistes lui préfèrent la notion d’« espace public », moins associé à la prostitution et à la vie dans la rue, et les « rez-de-chaussée », qui sont le plus souvent des « rez-de-trottoir », effacent jusqu’à son nom. Il est aujourd’hui urgent de reconnaître toute la valeur de cet espace qui se raréfie sous l’effet des transitions numérique, écologique et sociétale — il est par exemple de plus en plus convoité par les opérateurs de trottinettes électriques, livreurs de colis, fontaines rafraichissantes, points de collecte de déchets, etc., sans oublier les piétons et les riverains. Entre public et privé, entre marchand et non marchand, le trottoir cristallise ainsi les principaux changements à l’œuvre dans la ville, et les « batailles du trottoir » qui se multiplient sont plus largement l’écho des débats sur le futur des villes ».

Rémi BARBIER, Philippe HAMMAN, La Fabrique contemporaine des territoires (Le Cavalier Bleu éditions, 2021).

« La référence au territoire est omniprésente dans le discours contemporain. Élus, acteurs politiques, médias… tous s’accordent à parer le « territorial » de toutes les vertus, sans pour autant définir clairement ce qui le constitue. C’est ce à quoi s’attachent les auteurs de cet ouvrage qui livrent ici un panorama circonstancié des problématiques contemporaines auxquelles les acteurs des territoires sont confrontés ou dont ils sont parties prenantes ».

Sabine BARLES, Marc DUMONT, Métabolisme et métropole. La métropole lilloise, entre mondialisation et interterritorialité (autrement, Les cahiers POPSU, 2021).

« Alors que le contexte actuel montre une raréfaction des ressources, une dégradation des milieux de vie et un dérèglement climatique, les métropoles mobilisent des ressources abondantes, d’origines proches ou lointaines, flux physiques de matières et d’énergie qui donnent à voir le métabolisme métropolitain. Une analyse qui s’appuie sur l’exemple de la Métropole européenne de Lille et qui conduit à révéler les interdépendances systémiques des métropoles, traversant les échelles et les périmètres institutionnels, entre voisinages et mondialisation. Elle questionne la capacité des politiques publiques interterritoriales à agir sur ce métabolisme ».

Vincent BEAL, Nicolas CAUCHI-DUVAL, Max ROUSSEAU (dir.), Déclin urbain. La France dans une perspective internationale (Editions du Croquant, 2021).

« Derrière la célébration médiatique du triomphe métropolitain, une autre imagerie se diffuse depuis quelques années: celle de villes, petites ou moyennes, aux commerces fermés, aux maisons en vente et aux rues désertées. Cette scénographie du déclin dévoile de manière spectaculaire le décrochage d’anciennes villes industrielles ou de territoires plus ruraux restés à l’écart des flux de l’économie globale. Issu d’un travail d’enquête et d’analyse minutieux, ce livre dépasse l’instrumentalisation du déclin par des visions manichéennes. Il éclaire la diversité de la marginalisation urbaine », rend compte des réponses qui y sont apportées et insiste sur les dynamiques sociales contrastées qui animent ces territoires. Et si ces villes constituaient des « laboratoires de politiques et pratiques alternatives, plus soucieuses de justice sociale et environnementale » ?

Vincent BEAL, Nicolas CAUCHI-DUVAL, Georges GAY, Christelle MOREL JOURNEL, Valérie SALA PALA, Sociologie de Saint-Etienne (La Découverte, 2020).

L’ouvrage aborde une réalité souvent occultée : celle des villes dont la situation s’éloigne des récits vertueux sur la métropolisation. Saint-Étienne apparaît comme l’une des grandes perdantes des transformations du capitalisme contemporain. Pourtant certains habitants et collectifs se saisissent des ressources de la ville pour renouveler les pratiques sociales.

Mark BEISSINGER, The Revolutionary City. Urbanization and the Global Transformation of Rebellion (Princeton University Press, 2022).

« Comment et pourquoi les villes sont devenues les principaux lieux des bouleversements révolutionnaires dans le monde contemporain ? ».

Vincent BERDOULAY, Olivier SOUBEYRAN, L’aménagement face à la menace climatique. Le défi de l’adaptation (UGA Editions, 2020).

« Comment l’adaptation est-elle invoquée face au caractère imprévisible des menaces qui pèsent sur nos sociétés ? À l’aide de l’exemple du changement climatique, cet ouvrage s’attache à montrer comment l’adaptation est pensée en matière de planification territoriale et environnementale et comment l’utilisation de notions comme la prévention, la résilience, la sécurité ou la préemption font à leur tour peser de graves menaces sur les libertés fondamentales ».

Augustin BERQUE, Mésologie urbaine (édition Terre Urbaine, 2021).

Mésologie : l’étude des milieux. Le géographe et philosophe en fait « une perspective qui traverse aussi bien les sciences humaines que les sciences de la nature. L’auteur nous invite à le suivre dans des réflexions sur le privé, le public, le commun à l’ère de l’Anthropocène dans un urbain généralisé. Sur ce point, l’analyse comparatiste qu’il mène entre Orient et Occident, s’avère lumineuse tant sur le plan des concepts que sur celui du décryptage de situations existentielles qui voient chacun, chacune, tenter d’inscrire son destin dans un lieu qui l’accueille sans aucunement le juger. Là, le lecteur comprend en quoi l’écoumène est bel et bien la possibilité d’habiter la Terre ».

Philippe BIHOUIX, Clémence DE SELVA, Sophie JEANTET, La ville stationnaire. Comment mettre fin à l’étalement urbain? (Actes Sud, 2022).

« Et si les villes n’avaient pas vocation à grandir éternellement ? Plus tôt nous protégerons nos terres agricoles, naturelles et forestières de l’artificialisation, plus grande sera notre résilience face aux risques et aux crises écologiques à venir. Au plus vite, les villes doivent — et peuvent — devenir stationnaires. Il ne s’agit pas de les figer, mais de les transformer et les embellir, d’exploiter l’immense patrimoine déjà bâti. Surtout, c’est notre rapport aux territoires qu’il faut faire évoluer, en favorisant la redistribution des services et des emplois, en œuvrant à une nouvelle attractivité des villes moyennes, des bourgs, des villages et des campagnes. Désormais les métropoles ne doivent plus attirer et grandir, mais essaimer ».

Thierry BRENAC, Hélène REIGNER (dir.) Les faux-semblants de la mobilité durable. Risques sociaux et environnementaux (Éditions de La Sorbonne, 2021).

« Les politiques de mobilité durable, légitimes au regard de la nécessaire transition écologique, ne sont pas dénuées d’angles morts ni de contradictions. Privilégiant l’amélioration du cadre de vie dans certains espaces, ces politiques sont paradoxalement porteuses de risques environnementaux et sociaux. Identifier ces risques, largement occultés, et en comprendre l’origine est une nécessité si l’on veut qu’ils soient pris en compte dans l’action publique. C’est l’objet de cet ouvrage, qui rassemble les contributions de géographes, d’économistes, d’urbanistes, de politistes, de psychologues, d’ingénieurs en transport ».

Nicolas BUCLET, Écologie territoriale et transition socio-écologique. Méthodes et enjeux (ISTE Editions, Smart Innovation, Volume 35, 2022).

Une approche interdisciplinaire fondée sur l’optimisation des flux (eau, énergie, déchets, etc.) qui accorde une place particulière « à l’analyse des interactions entre les acteurs à l’origine de la circulation des flux, ou influant sur elle. L’ouvrage insiste également sur la façon de relier les méthodes développées avec des principes politiques aptes à favoriser la transition socio-écologique ».

Lucius BURCKHARDT, Promenadologie. Se promener pour mieux voir (Flammarion, 2022). Traduction par Catherine Aubard.

« Le sociologue Lucius Burckhardt est l’un des premiers à remarquer, dans les années 1970, que la relation à notre environnement est en pleine mutation. Son intuition alors visionnaire est plus que jamais avérée aujourd’hui, alors que les nouvelles technologies et la crise écologique bousculent notre rapport au dehors. Avec la promenadologie, approche esthétique et sociologique de la promenade, l’auteur entend refonder notre compréhension du paysage et de l’espace urbain, afin d’en saisir la diversité et la beauté ».

Jean-Paul CARRIERE, Francesca DI PIETRO, Abdelillah HAMDOUCH, Amélie ROBERT, José SERRANO (dir.), Faire Nature en ville (L’Harmattan, 2021).

« À travers des réflexions historiques et des études locales, cet ouvrage nous plonge dans la nature des villes françaises, brésiliennes, portugaises. Espaces verts résidentiels, espaces verts publics, traversées urbaines des cours d’eau et espaces agricoles aux marges de la ville, les principales formes de la nature en ville sont présentées ici de façon critique. Une variété de cas d’études à travers lesquels des questions cruciales de l’urbanisme contemporain sont soulevées : la nature est un besoin humain fondamental, mais aussi un marqueur de la ségrégation socio-spatiale dans les villes ; des modèles de parcs et des formes urbaines de la nature en ville qui semblent universels, mais aussi une nature que les habitants s’approprient difficilement ».

Jean-Paul CARRIERE, Francesca DI PIETRO, Abdelillah HAMDOUCH, Amélie ROBERT, José SERRANO (dir.), La transformation urbaine au prisme de la nature (L’Harmattan, 2021).

« La ville transforme la nature, certes, mais la nature transforme-t-elle la ville ? Au-delà du consensus de façade que la nature en ville suscite, les auteurs s’interrogent sur la réalité de l’action publique en la matière. Dans quelle mesure la nature renouvelle-t-elle les politiques urbaines ? Les espaces semi-naturels en ville sont-ils conçus et réalisés pleinement comme une infrastructure urbaine ? Les usages informels de ces espaces par les habitants, usages qui témoignent de la diversité des fonctions des sols urbains, sont-ils simplement considérés par l’action publique ? La réflexion suit 8 études de cas en France, au Brésil et en Tunisie ».

Laurent CASTAIGNEDE, La bougeotte, nouveau mal du siècle? Transports et liberté (écosociété, 2021).

« Autrefois réservée à une élite, cette hypermobilité s’est progressivement répandue tel un virus en conquérant l’ensemble des territoires et classes sociales. Si la prolifération des transports motorisés promet confort, bonheur et liberté pour tous et partout, cette envie parfois pathologique de bouger n’est pas sans conséquence: accidents, pollution, étalement urbain, changements climatiques et risque épidémique… ».

Laurent CASTAIGNEDE, Airvore ou le mythe des transports propres. Chronique d’une pollution annoncée (écosociété, 2022).

« L’omniprésence des transports dans nos sociétés a imposé une telle culture de la mobilité motorisée qu’il est tentant de considérer ces machines comme une nouvelle génération de dinosaures énergivores et polluants. Dans une enquête historique et sociologique inédite et minutieuse, Laurent Castaignède retrace l’épopée de leur ascension et expose leurs impacts environnementaux et sociaux. L’expansion du parc motorisé ne donnant aucun signe d’essoufflement, l’auteur passe au crible les innovations en vogue pour en faire ressortir les limites. Il propose aussi un ensemble de mesures radicales mais pragmatiques qui permettraient de relever le double défi sanitaire et climatique ».

Samuel CHALLEAT, Sauver la nuit. Comment l’obscurité disparaît, ce que sa disparition fait au vivant, et comment la reconquérir (Premier Parallèle, 2019).

L’auteur « retrace l’histoire de la revendication d’un « droit à l’obscurité » concomitant au développement urbain et décrit la manière dont s’organise, aujourd’hui, un front pionnier bien décidé à sauver la nuit ».

François CHIRON, Audrey MURATET, Myr MURATET, Manuel d’écologie urbaine (Les presses du réel, collection Al Dante, 2019).

Ouvrage de deux écologues et un photographe, ce manuel propose un état de l’art du fonctionnement de la nature en milieu urbain. Il souligne les dimensions sociologiques, urbanistiques et politiques du lien entre le vivant et la ville.

Armelle CHOPLIN, Matière grise de l’urbain: la vie du ciment en Afrique (Métis Presses, 2020).

La géographe nous emmène dans une exploration de la filière ciment en Afrique de l’Ouest, au cœur de multiples enjeux politiques, sociaux et économiques. L’urbanisation très rapide du continent africain se traduit par une vogue des constructions en béton alors même que « des voix s’élèvent pour dénoncer une industrie cimentière aux effets destructeurs sur l’environnement ». L’autrice mène une enquête au plus près de son sujet, de la carrière de calcaire jusqu’au chantier, le long du corridor urbain de 500 km qui relie Accra, Lomé, Cotonou et Lagos, mais aussi au plus près des humains liés à cet « or gris » : « des géants du secteur, des investisseurs, des acteurs politiques mais aussi des maçons et des habitants qui construisent leur propre maison ».

Claudia CIRELLI, Fabrizio MACCAGLIA (dir.), Territoires des déchets. Agir en régime de proximité (Presses universitaires François-Rabelais, 2021).

« Du compostage collectif urbain aux ressourceries de ville, les initiatives pour ancrer le traitement des déchets dans la ville se multiplient en s’appuyant sur l’investissement des usagers. En confrontant les politiques menées en France et dans divers projets européens (Suède, Catalogne, Belgique), ce livre propose d’analyser en profondeur les expériences de la proximité dans le traitement des déchets : expériences des gestionnaires, des usagers, des militants écologistes ».

Philippe CLERGEAU (dir.), Urbanisme et biodiversité. Vers un paysage vivant structurant le projet urbain (Apogée, 2020).

L’idée majeur de cet ouvrage est d’aller plus loin que les services rendus par la nature en ville (notamment via la végétalisation) en plaçant les processus écologiques et la biodiversité au cœur du projet urbain : il s’agit dès lors de faire un écosystème urbain, de donner une place aussi importante au non-bâti qu’au bâti.

Benoit COQUARD, Ceux qui restent. Faire sa vie dans les campagnes en déclin (La Découverte,2019).

« À partir d’une enquête immersive de plusieurs années dans la région Grand-Est, Benoît Coquard plonge dans la vie quotidienne de jeunes femmes et hommes ouvriers, employés, chômeurs qui font la part belle à l’amitié et au travail, et qui accordent une importance particulière à l’entretien d’une “ bonne réputation “. À rebours des idées reçues, ce livre montre comment, malgré la lente disparition des services publics, des usines, des associations et des cafés, malgré le chômage qui sévit, des consciences collectives persistent, mais sous des formes fragilisées et conflictuelles ».

Stéphane CORDOBES, Xavier DESJARDINS, Martin VANIER (dir.), Repenser l’aménagement du territoire (Berger Levrault, 2020).

« La pensée aménagiste collective serait-elle en retard sur les transformations sociales, économiques, environnementales et culturelles qu’elle prétend réguler ? ». Une quarantaine de chercheurs, chercheuses et d’acteurs et actrices se sont retrouvés du 7 au 13 septembre 2019 au Centre culturel international de Cerisy-la-Salle pour questionner la pensée et l’action aménagistes.

Antoine COURMONT, Quand la donnée arrive en ville. Open data et gouvernance urbaine (PUG, 2021).

Fruit d’une enquête ethnographique au sein d’une collectivité française, le politiste analyse comment les pouvoirs publics locaux entendent gouverner les données pour gouverner leur territoire. Selon une approche de sociologie politique des données, il suit la chaîne des données, de leur production à leur mise à disposition puis leur réutilisation, pour analyser les recompositions de la gouvernance urbaine. Il ouvre le débat sur les manières dont les pouvoirs publics peuvent gouverner les données pour conserver la maîtrise du pouvoir sur la ville à l’ère du numérique.

William CRONON, Chicago, métropole de la nature (Zones sensibles, 2019). Traduction par Philippe Blanchard.

Paru en 1991 aux Etats-Unis et enfin traduit en français, ce classique, reconnu, cité et lu dans le monde entier est un ouvrage hors-norme, un livre sur Chicago et les Grandes plaines qui ne parle ni de Chicago ni des Grandes plaines mais de la façon dont la ville et la nature s’assemblent pour donner naissance à une métropole de rang mondial dans un contexte régional.

Federico CUGURULLO, Frankenstein Urbanism. Eco, Smart and Autonomous Cities, Artificial Intelligence and the End of the City (Routledge, 2021).

« Iconoclaste et prophétique, cet ouvrage est à la fois un examen de l’évolution de l’expérimentation urbaine à travers le prisme du roman de Mary Shelley, et une mise en garde contre un urbanisme dont le produit ressemble au monstre de Frankenstein : une entité fragmentée qui échappe au contrôle et à la compréhension humaine. Il raconte l’histoire d’expériences urbaines visionnaires, en faisant la lumière sur les théories qui ont précédé leur développement et sur les monstres qui ont suivi et qui pourraient être la fin de nos villes. Le récit est triple et se penche d’abord sur l’éco-cité, ensuite sur la ville intelligente et enfin sur la ville autonome, conçue comme un lieu où les technologies intelligentes existantes évoluent vers des intelligences artificielles qui retirent la gestion de la ville des mains des humains ».

Olivier DAIN BELMONT, Permacité. Réinventer la ville d’aujourd’hui (Editions Mardaga, 2021).

Version adulte de l’album jeunesse présenté un peu plus haut. « Comment réenchanter la ville pour que les écosystèmes humains et naturels vivent en symbiose ? Dans un contexte de crise écologique et démographique mondiale, marqué par une emprise toujours plus massive et destructrice de l’espace urbain sur l’environnement, Olivier Dain Belmont nous invite à repenser la ville et à libérer l’habitat pour s’y sentir mieux. Pour y parvenir, il s’appuie sur la permaculture qu’il décline dans le domaine de l’architecture, nous faisant ainsi découvrir la permacité ».

Julien DAMON, Toilettes publiques. Essai sur les commodités urbaines (Presses de Sciences Po, 2023).

« Sujet habituel de plaisanteries et d’agacements, les petits coins voient aussi converger une partie des grands problèmes du monde. Hors des domiciles, les commodités urbaines comprennent l’ensemble des toilettes ouvertes au public. Des efforts s’imposent pour les rendre plus accessibles, dans les villes riches déjà bien loties comme dans les bidonvilles du monde pauvre, qui en sont très mal dotés. Combien de centaines de millions de personnes sont encore contraintes à la défécation à ciel ouvert ? Les toilettes sèches, au nom du souci écologique, remplaceront-elles celles à chasses d’eau ? Les WC de demain seront ils déconnectés des réseaux d’égout et connectés à Internet pour les examens médicaux ? Comment offrir des conditions dignes face aux inégalités de toute nature ? L’analyse de ces défis conduit à dessiner les contours d’un droit aux toilettes, matérialisant une dimension concrète du droit à la ville ».

Laurent DAVEZIES, L’État a toujours soutenu ses territoires (Seuil, 2021).

« Les grands thèmes de protestation, largement relayés par les médias, tournent aujourd’hui autour de l’«explosion» des inégalités et de la «sécession» des grandes métropoles. Il est donc crucial de procéder à un état des lieux au regard de toutes ces revendications. «Abandon des territoires», vraiment ? De quelle «fracture territoriale» parle-t-on ? Car les métropoles, Paris, Lyon, Nantes ou Toulouse, sont de véritables poules aux œufs d’or pour les autres régions. En outre, les territoires dits «périphériques» bénéficient de mécanismes qui viennent compenser les pertes agricoles et industrielles qu’ils ont subies. D’où ce paradoxe : en dépit de la concentration croissante des richesses, les inégalités de revenu entre les territoires se réduisent depuis des décennies ».

Agnès DEBOULET, Sociétés urbaines. Au risque de la métropole (Armand Colin, 2021).

« 75 % de la population mondiale vivra en ville en 2050, soit près de 2 milliards de personnes de plus qu’aujourd’hui : face à cette internationalisation des flux et des migrations, les villes n’ont d’autre choix que de se restructurer, se rénover, et ces changements confrontent les citadins et les décideurs à des défis inédits. Cet ouvrage interroge la façon dont ces recompositions urbaines et sociétales majeures se donnent à voir et sont pensées par les décideurs et les habitants ».

Chantal DECKMYN, Lire la ville. Manuel pour une hospitalité de l’espace public (éditions Dominique Carré/La Découverte, 2020).

Un manifeste pour la ville. Un manuel pratique exposant « le bénéfice que représenterait pour tous, individuellement et collectivement, un espace public civil, favorisant la citoyenneté, l’égalité et la solidarité » (Le Monde, 20/11/2020).

Andrew DEENER, The Problem with Feeding Cities. The Social Transformation of Infrastructure, Abundance, and Inequality in America (The University of Chicago Press, 2020).

Une étude historique et sociologique du système alimentaire états-unien. Le sociologue met en lumière le système imbriqué d’agriculture, de fabrication, d’expédition, de logistique et de vente que représente chaque aliment. Il analyse la transformation du système alimentaire états-unien, passant en un siècle de l’approvisionnement de communautés locales à la nation tout entière, mais passant également de la satisfaction des besoins vitaux au dégagement de bénéfices. Il montre enfin que le développement du marché et des villes, et la construction des systèmes de distribution ont conduit à des infrastructures défaillantes et à l’émergence de « déserts alimentaires ».

Antonio DELFINI, Rafaël SNORIGUZZI, Contre Euralille. Une critique de l’utopie métropolitaine (Les Étaques, 2019).

La critique va bien au-delà du grand projet urbain Euralille (opération commerciale, immobilier tertiaire financiarisé) pour s’étendre à «l’utopie métropolitaine» et ses formes architecturales, ses imaginaires politiques, son délire sécuritaire et sa fermeture aux pratiques jugées non conformes et aux populations indésirables. L’ouvrage propose également un répertoire d’actions pour réinvestir les centres métropolitains et y bâtir des contre-utopies.

Kaduna-Eve DEMAILLY, Jérôme MONNET, Julie SCAPINO, Sophie DERAEVE (dir.), Dictionnaire pluriel de la marche en ville (Éditions L’Œil d’or, 2021).

« Faut-il vraiment faire 10 000 pas par jour ? Pourquoi dire aux enfants de regarder avant de traverser ? Comment gérer la foule lors des grands événements ? La trottinette va-t-elle supplanter les sprints pour attraper le dernier bus ? Les piétons sont-ils des automobilistes comme les autres ? La « rando » en ville a-t-elle de beaux jours devant elle ? La marche est-elle l’avenir de la mobilité urbaine ? Ces questions, parmi bien d’autres, traduisent d’importantes préoccupations liées à la vie urbaine, telles l’insécurité routière, la crise environnementale, les pathologies de la sédentarité, la mixité ou l’exclusion sociale ».

Tom DUBOIS, Christophe GAY, Vincent KAUFMANN, Sylvie LANDRIEVE, Pour en finir avec la vitesse. Plaidoyer pour la vie en proximité (l’aube, 2021).

« Pouvoir se déplacer de plus en plus rapidement grâce à la vitesse du train, de la voiture, de l’avion… a modifié nos modes de vie fondamentalement. Mais si voyager toujours plus loin, vite et à bas coût, au quotidien et pour les vacances, exauce les rêves de liberté et de découverte d’une partie croissante de la population mondiale, il y a un revers à la médaille ? : fatigue, stress, inégalités, fragilité du système, congestion et pollution. La récente révolution numérique n’a permis de diminuer ni les déplacements, ni le rythme de vie de nos contemporains. Est-il (encore) possible de sortir de l’emprise de la vitesse ? Les auteurs donnent sur le sujet un point de vue inédit et proposent de réorganiser le territoire pour permettre de vivre en plus grande proximité et répondre aux enjeux climatiques ».

Olivier DUCHARME, Ville contre automobiles. Rendre l’espace urbain aux piétons (Editions Ecosociété, 2021).

« L’automobile a transformé radicalement nos villes, au point de s’imposer comme l’étalon de mesure de la planification urbaine. Architectes et urbanistes ont embrassé cette vision de la ville qui mène à des espaces pollués, peu sécuritaires, et dont les infrastructures pèsent lourd sur le trésor public. Devant l’urgence climatique, le chercheur veut renverser ce modèle pour redonner au piéton la place qui lui revient. Il livre une charge pour sortir de nos villes ces « requins d’acier », qu’ils soient électriques ou à essence, et remettre la vie de quartier et le transport collectif au centre de l’aménagement urbain ».

Ludovic DUHEM (dir.), CRASH METROPOLIS : Design écosocial et critique de la métropolisation des territoires (T&P Publishing, 2022).

« L’ouvrage rassemble des chercheurs, des designers, des architectes, des urbanistes, des artistes, tous engagés dans les enjeux fondamentaux de la transformation urbaine contemporaine. Ils étudient et critiquent en particulier ceux liés à la métropolisation qui concentre les lieux de pouvoir, d’activités et de vie, créant de fait un déséquilibre avec les territoires non inclus. Le processus de métropolisation minore l’interaction des éléments écologiques et sociaux ».

Guillaume FABUREL, Les métropoles barbares (Le passager clandestin, 2019).

« La métropolisation implique une expansion urbaine incessante et l’accélération des flux et des rythmes de vie. Ce livre nous montre comment ces villes génèrent exclusion économique, ségrégation spatiale et souffrance sociale, tout en alimentant la crise écologique. Mais l’auteur brosse aussi le portrait d’une nouvelle société qui émerge hors des grandes villes, un possible plus réjouissant, décroissant et fertile. Dépassant la simple analyse critique, ce livre donne à voir la multitude et la force des résistances à l’extension sans fin du capitalisme dans nos vies, loin des métropoles barbares ».

Ludovic FAYTRE, Tanguy LE GOFF, Fragiles métropoles. Le temps des épreuves (puf, 2022).

« La plupart des grandes métropoles dans le monde vivent sous la menace permanente d’aléas naturels ou technologiques. D’autres enjeux de vulnérabilité se dessinent : dérèglement climatique, crise d’approvisionnement énergétique, crise économique mondiale… Densité extrême, bétonisation des sols, dépendance énergétique : ces fragilités nous interpellent sur la capacité des métropoles à se développer dans le futur. Croisant les regards d’historiens, d’urbanistes, de politistes ou d’anthropologues, cet ouvrage s’interroge sur ce moment inédit que nous venons de vivre où l’histoire nous a traversés. Il tire ainsi des premiers enseignements pour renforcer la capacité des grandes villes à faire face aux enjeux sociaux, sanitaires, économiques et écologiques ».

Michael FENKER, Isabelle GRUDET, Jodelle ZETLAOUI-LEGER (dir.), La fabrique de la ville en transition (Editions Quae, 2022).

« Cet ouvrage analyse les sphères politiques, professionnelles, citoyennes, scientifiques et médiatiques, qui se sont mobilisées et ont interagi pour négocier le tournant sociétal de transition écologique. Il rend compte des tensions qui se sont manifestées entre une approche de la ville écologique encore marquée par les logiques normatives et productivistes, et une autre fondée sur l’idée de sobriété et de capacité du citoyen-habitant à maîtriser la transformation de son cadre de vie. Dans un contexte économique très influencé par des logiques néolibérales, il questionne la notion même de « fabrique » qui s’est progressivement substituée à celle de production dans les domaines de la transformation urbaine depuis le début de ce troisième millénaire ».

Cédric FERIEL, La ville piétonne. Une autre histoire urbaine du XXe siècle ? (Editions de la Sorbonne, 2022).

« Explorant le sujet des années 1930 aux années 1980, Cédric Feriel démontre que la ville piétonne constitue depuis bientôt cent ans l’un des héritages méconnus de la ville contemporaine. Au même titre que les grands ensembles ou les villes nouvelles, elle est un terrain pour évaluer la manière dont les pouvoirs et les sociétés ont façonné l’urbain. Croisant les échelles d’analyse locale, nationale, transnationale, les sources archivistiques et les écrits théoriques sur la ville, l’ouvrage propose une relecture inédite de la relation des sociétés urbaines à la ville au XXe siècle, loin de la détestation supposée de la ville contemporaine ».

Carole GAYET-VIAUD, La civilité urbaine. Les formes élémentaires de la coexistence démocratique (Economica, 2022).

« Une enquête ethnographique montre que les citadins sont loin d’être indifférents à leur entourage public, qu’il s’agisse de faire l’aumône, se disputer, se livrer à la sociabilité pure ou encore perpétuer mais aussi combattre les discriminations » (La vie des idées, 14/12/2022).

Kian GOH, Form and Flow. The Spatial Politics of Urban Resilience and Climate Justice (MIT Press, 2021).

« Les villes du monde entier élaborent des stratégies pour répondre au changement climatique et s’adapter à son impact. Souvent, les résidents urbains marginalisés résistent à ces plans, proposant des “contreplans” pour protester contre ces actions injustes et excluantes. Kian Goh examine les réponses au changement climatique de 3 villes — New York, Jakarta et Rotterdam — et la mobilisation des groupes communautaires pour lutter contre les injustices et les oublis perçus dans ces plans. En mobilisant l’urbanisme et la politique spatiale socio-écologique, Goh révèle comment les visions contestées de la ville future sont produites et acquièrent du pouvoir ».

Ian GOLDIN, Tom LEE-DEVLIN, Age of the City. Why our Future will be Won or Lost Together (Bloomsbury, 2023).

« Pour rendre nos sociétés plus justes, plus solidaires et plus durables, il faut commencer par nos villes. La mondialisation et l’évolution technologique ont concentré les richesses dans un petit nombre de métropoles en plein essor, laissant de côté de nombreuses villes plus petites et alimentant le ressentiment populiste. Pourtant, même dans des villes apparemment prospères comme Londres ou San Francisco, le fossé entre les nantis et les démunis continue de se creuser et notre repli sur les mondes numériques déchire notre tissu social. Entre-temps, les pandémies et le changement climatique constituent des menaces existentielles pour notre monde de plus en plus urbain. Les auteurs combinent les leçons de l’histoire avec une profonde compréhension des défis auxquels notre monde est confronté aujourd’hui pour montrer pourquoi les villes sont à la croisée des chemins — et tiennent nos destins dans la balance ».

Sylvain GRISOT, Manifeste pour un urbanisme circulaire. Pour des alternatives concrètes à l’étalement de la ville (Dixit, 2020).

Pour sortir de l’impasse actuelle de l’étalement urbain qui menace notamment la souveraineté alimentaire, l’urbaniste consultant propose un « urbanisme circulaire dont les trois grands principes sont : l’intensification des usages (usage des lieux vacants, optimisation fonctionnelle des lieux utilisés, mixité des programmes et des temps d’occupation, etc.), la transformation de l’existant (surélévation, extensions, densification pavillonnaire, serres urbaines, etc.) et le recyclage des espaces (réhabilitation de friches, végétalisation d’espaces urbanisés, etc.) (Cairn, 27/07/2020).

Antoine GUIRONNET, Au marché des métropoles. Enquête sur le pouvoir urbain de la finance (éditions les étaques, 2022).

« En nous plongeant dans les allées et les coulisses du Marché international des professionnels de l’immobilier (MIPIM), Au marché des métropoles donne à voir comment la financiarisation de la ville se joue à travers « l’accréditation » des territoires par les investisseurs. Cette enquête menée entre Cannes, Paris, Londres et Lyon dévoile le rôle de la finance dans la transformation de pans entiers de nos villes. Elle constitue une contribution inédite à la critique des rouages par lesquels le capital étend son pouvoir sur nos vies quotidiennes ».

Jean HAËNTJENS, La Ville Frugale. Un modèle pour préparer l’après-pétrole (Rue de l’Echiquier, 2021).

« Les villes les plus audacieuses ont compris que la contrainte énergétique pouvait être une formidable opportunité de se réinventer en s’appuyant sur une autre vision de la cité de demain : celle d’une ville frugale, conciliant la satisfaction des besoins avec une économie de moyens et de ressources. Illustrant son propos par des exemples pertinents en France et en Europe, Jean Haëntjens explique le principe de ce modèle en l’appliquant de manière concrète aux différents composants de notre système urbain : la mobilité, l’aménagement de l’espace, l’accessibilité des services essentiels, etc. ».

Eric HAMELIN, Olivier RAZEMON, La Tentation du bitume. Où s’arrêtera l’étalement urbain ? (Rue de l’échiquier, 2020).

Réédition en poche de l’ouvrage paru en 2012 qui brosse un portrait vivant et sans concession de la bataille inégale entre la soif de bitume et les rares garde-fous susceptibles de contrer le phénomène : d’un côté l’artificialisation galopante des sols, l’étalement urbain, les centres commerciaux, les entrepôts et les parkings, de l’autre la densification urbaine et vitalisation de la ville existante, une gouvernance adaptée, des alternatives au tout-voiture et tout-parking, bref une amélioration de la qualité de vie sans gaspiller le territoire.

David HAPPE, Au chevet des arbres. Réconcilier la ville et le végétal (Le mot et le reste, 2022).

« Du modeste érable qui ombrage le parking d’une école au vénérable tilleul qui veille sur l‘entrée d’une bâtisse remarquable, les arbres des villes sont constamment confrontés à de multiples pressions qui réduisent leur espérance de vie. Mobilisée par ce constat inquiétant, une communauté de spécialistes intervient pour les préserver, les soigner puis les renouveler: les arbres sont leurs patients. Ce livre met en lumière l’activité de ces praticiens, peu nombreux en France, et propose au lecteur d’aller différemment à la rencontre de ces végétaux urbains »m.

Patrick HENRY, Des tracés aux traces. Pour un urbanisme des sols (Editions Apogée, 2022).

« Les débats sur l’objectif de Zéro artificialisation nette (ZAN) doivent-ils être compris comme une menace pour l’urbanisation ou au contraire une façon de rebattre les cartes ? Considérer les sols dans l’aménagement du territoire ne nous oriente-t-il vers de nouvelles coopérations entre les territoires et les acteurs concernés ? L’ouvrage ouvre des pistes pour étendre le domaine de l’urbain, définir un urbanisme de l’attention basé sur l’observation et l’interaction avec les sols ».

Anselm JAPPE, Béton. Arme de construction massive du capitalisme (L’échappée, 2020).

Un essai à charge contre le béton, et à travers lui contre l’architecture moderne et l’urbanisme contemporain qui auraient transformé le bâtiment en marchandise. L’enseignant de philosophie retrace l’histoire du béton et met en lumière l’impact néfaste que le matériau a eu sur les architectures et savoir-faire traditionnel·les, l’environnement et la santé.

JARDINS DES VAITES, Une lutte pour le vivant à Besançon (Editions 2031, 2021).

Récit d’une lutte contre la bétonisation de 34 hectares de jardins, zones humides, espaces naturels et maraîchers des Vaîtes, au cœur de Besançon, pour construire un projet d’écoquartier. Ce mouvement résonne avec d’autres résistances aux Grands Projets Inutiles et Imposés en France et dans le monde et dessine les formes d’organisation d’un “habiter autrement” la ville.

Darryl JONES, A Clouded Leopard in the Middle of the Road. New Thinking About Roads, People and Wildlife (Cornell University Press, 2022).

Ecologie routière : un état des lieux de moyens divers et innovants pour réduire les collisions entre animaux et véhicules et minimiser les risques de traversée des routes pour la faune.

Leïla KEBIR, Frédéric WALLET, Les communs à l’épreuve du projet urbain et de l’initiative citoyenne (Editions du PUCA, 2021).

Un ouvrage qui recense plus de 140 initiatives locales autour des biens communs et en analyse une dizaine de manière approfondie pour mieux saisir cette nouvelle approche de création et de gestion des ressources urbaines et territoriales. Accessible en ligne.

Roger KEIL, Fulong WU (dir.), After Suburbia: Urbanization in the Twenty-First Century (University of Toronto Press, 2022).

L’ouvrage s’appuie « sur des recherches menées en Asie, en Afrique, en Australie, en Europe et sur le continent américain pour présenter une étude mondiale complète sur la périphérie urbaine. Les auteurs et autrices rejettent explicitement la dichotomie traditionnelle centre-périphérie et la priorité accordée aux épistémologies qui favorisent le Nord global. L’ouvrage met en avant la notion d’une réalité post-suburbaine dans laquelle la dynamique traditionnelle d’extension urbaine vers l’extérieur du centre est remplacée par un ensemble de développements contradictoires complexes ».

Leslie KERN, Ville féministe. Notes de terrain (les éditions du remue-ménage, 2022). Traduction par Arianne DesRochers.

« Kern s’attarde à la manière dont les relations de genre, de classe, de race et d’âge se déploient dans la ville. Elle nous invite à redéfinir et à nous réapproprier les espaces urbains. Comment rendre nos villes plus féministes ? Partant de son expérience quotidienne de citadine à différentes époques de sa vie (enfant, adolescente, étudiante, travailleuse, militante et mère), elle s’appuie sur les théories d’urbanisme, des travaux de géographes féministes et des références à la culture pop pour montrer comment une ville genrée qui s’embourgeoise exclut les populations marginalisées, mais également pour évoquer les possibles configurations d’une ville plus inclusive ».

Hannah KNOX, Thinking Like a Climate. Governing a City in Times of Environmental Change (Duke University Press, 2020).

Un enquête ethnographique menée en Angleterre, le berceau de la révolution industrielle, auprès de décideurs/euses, de politicien·nes, de militant·es, d’universitaires et de citoyen·nes pour comprendre les défis que le changement climatique pose à la production de connaissances et aux politiques publiques. Le changement climatique bouscule les limites administratives et bureaucratiques et invite à réinventer le social en termes climatiques.

Mickaël LABBE, Aux alentours. Regard écologique sur la ville (Payot, 2021).

« Ouvrons les yeux, portons attention à ce qui se trouve alentour. Notre maison, notre rue, notre quartier. Là où nous avons tissé des liens avec ceux qui nous entourent, avec ce qui nous entoure. Un endroit non seulement dans lequel on vit, mais dont on vit. Par-delà l’opposition entre la ville et la nature, l’urbain reste l’un des lieux indépassables et nécessaires pour une réinvention des manières d’habiter dans l’Anthropocène. Un territoire vivant coproduit par nous et par nos voisins non-humains. Faisons l’expérience de le voir comme « nature ». Arpentons-le, parcourons-le. Apprenons à le réhabiter ».

Mickaël LABBE, Reprendre place. Contre l’architecture du mépris (Payot, 2019).

« Quel est ce malaise que nous ressentons à la vue d’un banc «design» segmenté en places individuelles, de pics au rebord d’une vitrine, de grillages et de caméras tous azimuts ? Ce sont autant de symptômes de suspicion et de mépris de la ville à notre égard, autant de sensations de dépossession. Loin d’être une chose inerte, l’espace urbain formé par les urbanistes et architectes est politique, vivant et signifiant ».

Christine LECONTE, Sylvain GRISOT, Réparons la ville ! Propositions pour nos villes et nos territoires (éditions Apogée, 2022).

« Puisque l’essentiel de la ville de 2050 est déjà là, il est temps d’en assumer l’héritage et d’engager sa transformation. Comment faire ? En réparant la ville pour la rendre adaptable à nos envies et nos besoins. En bâtissant une ville qui donne envie d’y vivre ». En proposant « une vision courageuse de la ville, à la hauteur des enjeux du siècle. Une vision qui tienne compte de ses habitants comme du ménagement de la planète ».

Nicolas LEDOUX, Réinventer la ville (Le Cherche Midi, 2022). Illustrations de Benjamin Adam.

« Le livre développe 4 grandes thématiques : une ville qui donne toute sa place à la nature ; une ville bienveillante, à taille humaine ; une ville qui améliore les mobilités, où l’on se déplace moins et mieux ; et une ville frugale qui favorise une construction responsable et durable. On voit alors se dessiner une cité aux multiples villages, fluide, verte et décarbonée ».

Christian LEFEVRE, Gilles PINSON, Pouvoirs urbains. Ville, politique et globalisation (Armand Colin, 2020).

Un bilan critique de 5 controverses sur l’urbain : l’urbanisation généralisée, les rapports entre milieux urbains et capitalisme, les relations entre les villes et les États, la distribution du pouvoir dans la ville et la démocratie urbaine, et la gouvernance des espaces métropolitains.

Franck LIRZIN, Paris face au changement climatique (l’aube, 2022).

« En 2050, Paris aura le climat de Marseille aujourd’hui. Il y a donc urgence à adapter Paris à ce nouveau climat, en s’inspirant de l’architecture traditionnelle méditerranéenne et en intégrant toutes les nouvelles approches bioclimatiques. C’est ce à quoi nous exhorte Franck Lirzin, s’appuyant sur les dernières découvertes scientifiques et innovations technologiques afin de montrer les voies de l’adaptation climatique de Paris, et de créer une véritable capitale écologique, une « éco­topie » ».

Nicolas MAISETTI, Cesare MATTINA (dir.), Maudire la ville. Socio-histoire comparée des dénonciations de la corruption urbaine (Septentrion, 2021).

Un ouvrage qui analyse et compare les histoires de cités mal-aimées et stigmatisées : New York, Boston, Chicago, Glasgow, Montréal, Naples et Marseille. « Car il y a des villes où ces dénonciations sont plus fréquentes qu’ailleurs, des villes maudites qui finissent par avoir une mauvaise réputation ».

Hervé MARCHAL, Jean-Marc STEBE, Le pavillon, une passion française (PUF, 2023).

« Quoi qu’on en pense, la maison individuelle incarne depuis fort longtemps l’idéal résidentiel pour nombre de Français. Aujourd’hui, on en compte près de 20 millions en France sur un total de 34,5 millions de logements. En dépit des discours dénonçant l’étalement urbain, la défiguration des villages, la dénaturation des paysages, l’artificialisation des sols ou l’omniprésence de l’automobile et des infrastructures qui l’accompagnent, cette passion française pour le pavillon avec jardin et garage est loin d’être remise en cause. Ne sommes-nous pas là en présence d’un tournant anthropologique ? »

Solène MARRY (dir.), Intégrer l’économie circulaire. Vers des bâtiments réversibles, démontables et réutilisables (Editions Parenthèses, 2022).

« Cet ouvrage collectif, coordonné par l’Ademe, présente un « benchmark » des initiatives européennes et met en lumière les grands enjeux de la circularité dans le secteur de la construction, en même temps qu’il pose un cadre de définition et d’indicateurs. Il a pour ambition de capitaliser les expériences pionnières et de les diffuser afin d’encourager ces pratiques d’avenir ».

Shannon MATTERN, A City Is Not a Computer. Other Urban Intelligences (Princeton University Press, 2021).

Les modèles informatiques d’urbanisme promettent de nouvelles fonctionnalités urbaines et de nouveaux services. Pourtant ils réduisent notre compréhension de la ville qui est façonnée par une myriade d’intelligences locales et indigènes ainsi que d’institutions du savoir. Ces ressources sont indispensables pour compléter les modèles algorithmiques qui se répandent.

Aurélie MERCIER, Roelof VERHAGE (dir.), Lyon, métropole en mouvement (PUL, 2023).

« Cet ouvrage vise à comprendre comment la métropole de Lyon s’est constituée, mais aussi comment on y vit et quelles sont ses relations avec les autres territoires ».

Caroline MOLLIE, Des arbres dans la ville. L’urbanisme végétal (Actes Sud, 2020).

Nouvelle édition par l’architecte qui souligne le caractère ambivalent de la relation entre les humains et les arbres. Elle invite à dépasser la simple vision esthétique de l’arbre et de la végétation en général pour développer une véritable ingénierie du paysage.

Christian MOUGIN, Francis DOUAY, Marine CANAVESE, Thierry LEBEAU, Elisabeth REMY (coord.), Les sols urbains sont-ils cultivables ? (éditions Quae, 2020).

Un regard prudent sur la qualité des sols urbains et périurbains de plus en plus plébiscités pour du jardinage collectif, notamment à usage alimentaire : « la localisation des jardins suscite des interrogations en termes de risques sanitaires puisque nombre d’entre eux sont implantés sur des délaissés urbains, des friches industrielles ou le long d’infrastructures routières ou ferroviaires ». Une invitation à « débattre des connaissances, des enjeux et des orientations techniques relatifs aux sols (péri)urbains ».

Lewis MUMFORD, Écologie des villes (PUF, 2023). Traduction par Martin Paquot.

« Ce texte de Lewis Mumford de 1956, inédit en français, retrace l’histoire environnementale des villes et plus généralement de l’urbanisation, depuis leur apparition au Néolithique jusqu’aux mégalopoles du XXe siècle, en passant par les cités grecques, les villes médiévales et industrielles. Cette analyse du fait urbain se veut écologique : en quoi l’urbanisation modifie-t-elle l’environnement, transforme-t-elle les paysages et reconfigure-t-elle les territoires ? Il y est ainsi question des relations villes/campagnes et de la bonne taille des villes ».

Carl H. NIGHTINGALE, Earthopolis. A Biography of Our Urban Planet (Cambridge University Press, 2022).

« Une biographie d’Earthopolis, la seule planète urbaine que nous connaissons. Un tour d’horizon des villes du monde sur 6 continents et 6 millénaires, avec en point d’orgue les 250 dernières années, au cours desquelles nous avons considérablement étendu nos domaines d’action, d’habitat et d’impact sur la planète, nous exposant à de nouvelles conséquences dangereuses et ouvrant des perspectives de nouveaux espoirs. Ce livre expose les profondes inégalités de pouvoir, de richesse, d’accès au savoir, de classe, de race, de sexe, de sexualité, de religion et de nation qui caractérisent la planète urbaine. Il nous invite à nous inspirer des moments les plus justes et démocratiques du passé d’Earthopolis pour sauver son avenir ».

Jean-Marc OFFNER, Anachronismes urbains (SciencesPo Les Presses, 2020).

Une déconstruction des dogmes hérités des Trente Glorieuses (qui continuent de gouverner les villes et les territoires) pour penser la ville de demain, mobile, connectée et soumise aux exigences environnementales.

Flaminia PADDEU, Sous les pavés la terre. Agricultures urbaines et résistances dans les métropoles (Seuil, 2021).

« Dans les friches des quartiers populaires, les jardins partagés des centres-villes et les potagers en lutte, l’agriculture urbaine permet de produire, de résister et d’habiter autrement. Issu d’une enquête au long cours dans le Grand Paris, à New York et à Détroit, ce livre porte sur les efforts collectifs d’associations et d’individus pour reprendre et cultiver la terre dans les métropoles. Au fil des récits recueillis et des parcelles arpentées, il restitue la pluralité des espaces et des pratiques socio-écologiques, et rend compte des alliances et des conflits qui se nouent autour du retour de l’agriculture dans les ruines du capitalisme urbain ».

Thierry PAQUOT, Mesure et démesure des villes (CNRS éditions., 2020).

Le philosophe de l’urbain soulève la question de l’habitabilité à travers les tailles idéales d’une ville. Elles sont liées au rapport équilibré dans les parcours et les accès aux services que peut offrir une ville à ses habitant.es.

Thierry PAQUOT, Demeure terrestre. Enquête vagabonde sur l’habiter (éditions Terre Urbaine, 2020).

« Le philosophe de l’urbain nous invite à nous demander ce que signifie habiter. Un questionnement qui sonde à la fois ce que nous sommes, mais aussi notre relation à autrui et notre façon d’être au monde » (Libération, 03/07/2020).

Chris PEARSON, Dogopolis. How Dogs and Humans Made Modern New York, London, and Paris (University of Chicago Press, 2021).

« Dogopolis affirme de manière audacieuse et convaincante que les relations entre l’homme et le chien ont été un facteur crucial dans la formation de la vie urbaine moderne. En se concentrant sur New York, Londres et Paris du début du XIXe siècle jusqu’aux années 1930, Pearson montre que les réactions humaines aux chiens ont considérablement remodelé ces villes et d’autres villes occidentales contemporaines ».

Philippe RAHM, Histoire naturelle de l’architecture. Comment le climat, les épidémies et l’énergie ont façonné la ville (Pavillon de l’Arsenal, 2020).

L’ouvrage invite à reconnaître le rôle essentiel des causes naturelles, physiques, biologiques ou climatiques dans l’histoire architecturale de la préhistoire à nos jours. « Pourquoi notre nature homéotherme a donné naissance à l’architecture ? Comment le blé a engendré la ville ? Comment les petits pois ont fait s’élever les cathédrales gothiques ? Ce que les dômes doivent à la peur de l’air stagnant ? Comment un brin de menthe invente les parcs urbains ? Pourquoi l’éruption d’un volcan a-t-elle inventé la ville moderne ? Comment le pétrole a-t-il fait pousser des villes dans le désert ? … Comment le Co2 est-il en train de transformer les villes et les bâtiments ? ». Cette relecture de l’histoire de l’architecture à travers les faits physiques, géographiques, climatiques et bactériologiques nous équipe pour mieux comprendre et affronter les défis environnementaux du monde urbanisé (Libération, 24/10/2020).

Olivier RAZEMON, Comment la France a tué ses villes (Rue de l’Echiquier, 2017).

« L’offensive délibérée de la grande distribution, en périphérie, tue les commerces du centre-ville et des quartiers anciens, et sacrifie les emplois de proximité. Mais les modes de vie sont fortement liés aux modes de déplacement. Ainsi, au-delà de la dévitalisation urbaine, cet ouvrage observe les conséquences, sur le territoire, de la manière dont on se déplace ».

Tyler REIGELUTH, L’intelligence des villes. Critique d’une transparence sans fin (Editions météores, 2023).

« Face aux multiples défis urbains, la ville est appelée à devenir « intelligente », smart. Son augmentation par des technologies numériques interconnectées et synchronisées promet d’optimiser les flux et de résoudre des problèmes en tous genres. Mais loin de simplement augmenter la ville, ces « solutions » promettent de produire un nouvel espace urbain qui serait parfaitement transparent et accessible en temps-réel, qui ne serait plus qu’une interface sans matière. À qui profite cette transparence et à quoi sert-elle ? En rematérialisant cette « transparence », ce livre propose une critique d’un discours contemporain qui ne semble tenir à rien et s’imposer partout ».

Claire RICHARD, Louise DRULHE, Technopolice : défaire le rêve sécuritaire de la safe city (369 éditions, 2021).

« Ce manuel nous emmène dans la ville de Marseille pour décrypter les dispositifs de surveillance numérique et automatisée qui s’y déploient. Il va à la rencontre du collectif Technopolice, dont les actions invitent à documenter la mise en place d’outils numériques à des fins de contrôle dans les villes françaises. En compagnie d’habitants du quartier de la Plaine, l’initiative œuvre à la réappropriation de l’espace urbain par celles et ceux qui l’habitent et affirme le droit à une ville vivante, humaine et conviviale ».

Alexandre RIGAL, Habitudes en mouvement. Vers une vie sans voiture (MétisPresses, 2020).

Pour aller vers une société post-automobile, le sociologue « part d’un postulat simple. Si l’on peut s’habituer à l’automobile, on peut également s’en déshabituer ». Il propose de privilégier des moments comme la jeunesse ou des déménagements pour procéder à une déshabituation de la voiture et s’entraîner à de nouveaux modes de déplacement (vélo, train, bus) pour créer de nouvelles habituations. La « valeur symbolique et rituelle du permis de conduire » pourrait également être affaiblie par un « permis de mobilité » qui marquerait le passage à l’âge adulte par un large accès aux mobilités actives et douces (la vie des idées, 13/01/2021).

Gillian ROSE (dir.), Seeing the City Digitally. Processing Urban Space and Time (Amsterdam University Press, 2022).

« Ce livre explore ce qu’il advient des manières de voir les espaces urbains à l’époque contemporaine, alors que tant de technologies permettant de visualiser les villes sont numériques. Les villes ont toujours été représentées, dans de nombreux médias et à des fins très diverses. Les technologies visuelles analogiques, comme les caméras de cinéma, étaient considérées comme créant une sorte de trace de la ville réelle. Les technologies visuelles numériques, en revanche, récoltent et traitent des données numériques pour créer des images qui sont constamment rafraîchies, modifiées et diffusées ».

Nathalie ROSEAU, Le futur des métropoles. Temps et infrastructure (MétisPresses, 2022).

« L’étude de 3 métropoles — New York, Paris, Hong Kong — permet d’approfondir les rapports au temps qu’entretiennent les villes et leurs infrastructures, construites pour durer alors même que leurs fonctions sont destinées à évoluer. Elle envisage les infrastructures dans une perspective située et transnationale et identifie, à la manière de l’archéologue, les traces visibles et invisibles de leur sédimentation. Les récits dévoilent les attentes d’une société au regard des temps à venir ».

Frédéric ROSSANO, La part de l’eau. Vivre avec les crues en temps de changement climatique (Editions de la Villette, 2021).

« Ce livre explore l’origine de la gestion des crues et la place déterminante qu’elle a occupée dans la construction de nos territoires. Après des siècles de travaux d’assèchement et d’endiguement, La Part de l’Eau présente les nouvelles stratégies spatiales, moins défensives et plus résilientes, mises en place ces dernières années pour restaurer, valoriser et habiter les paysages inondables, des vallées alpines de Suisse, France et d’Allemagne, aux plaines littorales néerlandaises ».

Max ROUSSEAU, Vincent BEAL, Plus vite que le cœur d’un mortel. Désurbanisation et résistances dans l’Amérique abandonnée (Grevis, 2021).

« Ségréguée, paupérisée et vidée, Cleveland est passée du statut de métropole florissante à celui de cauchemar urbain. Massivement démolis, ses quartiers noirs sont progressivement rendus à la nature. Les conservateurs y extraient les dernières richesses tandis que racisme et austérité avancent masqués derrière des algorithmes. De ce paysage dystopique, une vision alternative émerge pourtant : celle d’un futur agricole et coopératif. Dix ans après le crash déclenché par l’effondrement des subprimes, ce livre offre une plongée dans l’épicentre de la dernière crise globale. En donnant la parole à celles et ceux qui sont confrontés au déclin extrême, il cherche à éclairer l’Amérique urbaine abandonnée ».

Charlotte RUGGERI (dir.), Atlas des villes mondiales (Autrement, 2020).

« Grâce à plus de 90 cartes et documents inédits et originaux, cet atlas interroge l’avenir des villes, mégalopoles ou villes plus petites, en posant la question du renouvellement des modèles urbains ».

Joëlle SALOMON CAVIN, Céline GRANJOU (dir.), Quand l’écologie s’urbanise (UGA Editions, 2021).

« Cet ouvrage collectif interroge les différentes facettes de cette écologie qui s’urbanise, en proposant les perspectives croisées des sciences humaines et sociales, des sciences de la nature, ainsi que des gestionnaires urbains. L’objectif est de répondre à deux questionnements principaux en miroir. D’une part : Qu’est-ce que la ville fait à l’écologie ? En quoi fait-elle évoluer ses concepts, ses pratiques, ses imaginaires ? Et, d’autre part : Qu’est-ce que l’écologie fait à la ville ? En quoi influence-t-elle la gestion et la fabrique urbaine contemporaine ? Pour répondre à ces questions, les contributions abordent des espaces et des échelles — parcs, jardins privés, friches, quartier, système urbain — de même que des objets de connaissance naturalistes — plantes, animaux, insectes, sols — très variés dans les villes de Berlin, Zurich, Genève, Lausanne, Paris, Strasbourg et Marseille ».

Richard SENNETT, Bâtir et habiter : pour une éthique de la ville (Albin Michel, 2019). Traduction par Astrid von Busekist.

Une analyse de la relation entre la ville — ce lieu construit — et la manière dont nous l’habitons. Ce lien plaide pour une éthique de la ville qui concilie justice et mixité et tient en un mot : l’ouverture ; à la fois, celle du bâti et celle des habitants.

Álvaro SEVILLA-BUITRAGO, Against the Commons. A Radical History of Urban Planning (University of Minnesota Press, 2022).

Une histoire alternative de l’urbanisation capitaliste à travers le prisme des biens communs. L’ouvrage souligne la manière dont l’urbanisation façonne le tissu social des lieux et des territoires, en faisant prendre conscience de l’impact des initiatives de planification et de conception sur les communautés ouvrières et les couches populaires. Projetant l’histoire dans le futur, il esquisse une vision alternative pour un urbanisme postcapitaliste, dans lequel la structure des espaces collectifs est définie par les personnes qui les habitent.

Clara SIMAY, Philippe SIMAY, La Ferme du Rail. L’aventure de la première ferme urbaine à Paris (Actes Sud, 2022).

« Comment les habitants, y compris les plus défavorisés, peuvent-ils devenir les acteurs de la transition écologique et sociale ? Comment envisager d’autres façons de travailler et d’habiter plus pérennes ? Comment partager plus équitablement les ressources d’un monde commun ? À ces questions, l’initiative citoyenne de la Ferme du Rail apporte des réponses concrètes. Première ferme urbaine à Paris, elle relocalise la production de fruits et légumes tout en permettant à des personnes en réinsertion de se loger et de travailler dignement. Construite en matériaux renouvelables par des artisans locaux, son architecture se fonde sur des liens retrouvés entre les territoires urbains et agricoles, entre les humains et le reste des vivants ».

Eric VERDEIL, Thomas ANSART, Benoît MARTIN, Patrice MITRANO, Antoine RIO, Atlas des mondes urbains (SciencesPo Les Presses, 2020).

Au-delà des discours sur les nombreux maux de la ville (inégalités, standardisation, disparition des mondes ruraux, artificialisation, îlots de chaleur, perte de la biodiversité, etc.), Eric Verdeil, chercheur en géographie urbaine, et son équipe rappellent que « les villes sont aussi notre bien commun, des lieux de production de richesses, d’innovation, de création culturelle, de solidarité et de résilience ». Les auteurs explorent les mondes urbains à travers de multiples champs hétéroclites : les mégalopoles (qui ne sont plus européennes) comme les petites villes, les sous-sols comme nouvelle frontière, la végétalisation, « le faible «ruissellement» de la prospérité économique des métropoles », l’accroissement des rythmes urbains dans les métropoles, smart cities et low tech cities, le multilinguisme à Toronto, l’insécurité perçue par les femmes» à Delhi etc. (Géographies en mouvement — Libération, 09/11/2020).

Pierre VERMEREN, L’impasse de la métropolisation (Gallimard, 2021).

L’historien livre une charge contre la métropolisation, un « phénomène de concentration de la production de richesses dans de très grandes agglomérations » né aux États-Unis et qui a transformé la France au cours des dernières décennies. L’auteur « retrace les étapes de cette nouvelle organisation du territoire autour de ses principaux pôles urbains » et alerte sur ses « retombées négatives » : « une éviction des classes moyennes et populaires des métropoles, renvoyées dans une « France périphérique » appauvrie » et « les dégâts écologiques causés par le béton-roi, la démultiplication des infrastructures nécessaires à l’approvisionnement et au fonctionnement des métropoles et l’usage massif de l’automobile imposé à leur périphérie ».

Serge WACHTER, Dominique LEFRANÇOIS, Gouverner avec les habitants (Editions Recherches, 2021).

« Cet ouvrage explore les mérites et les limites des nouveaux instruments visant à favoriser la participation citoyenne aux politiques d’aménagement. À travers une enquête anthropologique sont aussi examinés les barrières et les moyens possibles d’une amélioration de la prise en compte de la parole citoyenne dans les quartiers marginalisés. Ces réflexions esquissent des voies pour la mise en place de formes nouvelles de la démocratie locale ­permettant de gouverner avec les habitants ».

Joëlle ZASK, Se réunir. Du rôle des places dans la cité (Premier Parallèle, 2022).

L’autrice « enquête sur les conditions matérielles qui rendent l’exercice de la démocratie possible. Car « en démocratie, plus on se réunit, plus grandes sont nos libertés, plus les institutions qui nous protègent sont fortes » ».

Joëlle ZASK, Zoocities. Des animaux sauvages dans la ville (Premier Parallèle, 2020).

La philosophe enquête sur les kangourous qui arpentent les rues australiennes, ou les coyotes, celles de New York. Elle « propose une expérience de pensée. À quoi ressemblerait une ville dans laquelle les distances et les espaces rendraient possible la coexistence avec les bêtes sauvages ? Une ville qui ne serait plus pensée contre les animaux, ni d’ailleurs pour eux, mais avec eux ? ».


URBAIN was originally published in Anthropocene 2050 on Medium, where people are continuing the conversation by highlighting and responding to this story.

28.08.2023 à 00:34
berenice gagne
Texte intégral (3699 mots)

LECTURES ANTHROPOCÈNES #2019-2023

“Home, no home” © Paul Rosero Contreras

Glenn ALBRECHT, Les émotions de la Terre. Des nouveaux mots pour un nouveau monde (Les Liens qui Libèrent, 2020). Traduction par Corinne Smith.

Spécialiste mondial de l’étude des émotions ressenties envers la Terre, inventeur de la « solastalgie », le philosophe de l’environnement explore les émotions qui accompagnent les bouleversements environnementaux actuels et notre relation au vivant. Il crée de nouveaux concepts qui décrivent les liens intimes entre notre psyché et la Terre pour modifier radicalement notre perception du monde, de notre avenir, et de notre place au sein du monde vivant. Une invitation à mobiliser nos émotions pour qu’advienne une nouvelle ère dont le nom est une belle promesse : le Symbiocène.

Gil BARTHOLEYNS, Manuel CHARPY, L’étrange et folle aventure du grille-pain, de la machine à coudre et des gens qui s’en servent (Premier Parallèle, 2021).

« Grille-pain, machine à coudre ou à laver… Chaque foyer occidental possède une centaine d’appareils ; des objets techniques qu’on utilise sans savoir comment ils fonctionnent. Ce livre propose de les ouvrir et d’explorer la façon dont ils ont bouleversé la vie quotidienne depuis le XIXe siècle, en ville comme à la campagne, en Europe et à travers le monde. À rebours du grand récit des innovations, il s’agit ici de sonder les imaginaires et de pister les gestes de tous les jours ».

Laurent BEGUE-SHANKLAND, Face aux animaux. Nos émotions, nos préjugés, nos ambivalences (Odile Jacob, 2022).

« C’est l’histoire du lien très particulier que nous entretenons avec les animaux qui nous est contée dans ce livre. Il montre que nos relations avec eux, de l’attachement à la maltraitance, éclairent profondément notre identité et notre rapport à autrui ».

Flore BERLINGEN, Permis de nuire. Sous le règne des pollueurs-payeurs (Rue de l’Echiquier, 2022).

« Le principe pollueur-payeur autorise surtout les industriels à polluer en toute impunité — moyennant finance ! Face à l’appauvrissement démocratique auquel nous condamne le principe pollueur-payeur, l’autrice nous invite à faire le choix de la délibération et à nous inspirer plutôt du principe hippocratique primum non nocere (« d’abord ne pas nuire ») pour prendre soin de nos communs environnementaux ».

Flore BERLINGEN, Recyclage : le grand enfumage. Comment l’économie circulaire est devenue l’alibi du jetable (Rue de l’Echiquier, 2020).

L’autrice décrypte les promesses du recyclage, cette économie faussement circulaire qui entretient le mythe de produits recyclables à l’infini pour permettre de continuer à consommer. Elle propose de réfléchir au modèle industriel et économique que nous souhaitons et de rééquilibrer les efforts, moyens et financements investis en faveur d’une gestion des ressources véritablement pérenne.

Philippe BIHOUIX, Le bonheur était pour demain. Les rêveries d’un ingénieur solitaire (Seuil, 2019).

« Non content de tailler en pièces le « technosolutionnisme » béat, du passé comme du présent, ignorant les contraintes du monde physique et de ses ressources limitées, l’auteur questionne aussi les espoirs de changement par de nouveaux modèles économiques plus « circulaires » ou le pouvoir des petits gestes et des « consomm’acteurs », face aux forces en présence et à l’inertie du système. Une fois balayées les promesses mystificatrices ou simplement naïves, rien n’empêche de rêver, mais les pieds sur terre : nous pouvons mettre en œuvre, dès maintenant et à toutes les échelles, une foule de mesures salutaires ».

Laurent CASTAIGNEDE, Airvore ou le mythe des transports propres. Chronique d’une pollution annoncée (écosociété, 2022).

« L’omniprésence des transports dans nos sociétés a imposé une telle culture de la mobilité motorisée qu’il est tentant de considérer ces machines comme une nouvelle génération de dinosaures énergivores et polluants. Dans une enquête historique et sociologique inédite et minutieuse, Laurent Castaignède retrace l’épopée de leur ascension et expose leurs impacts environnementaux et sociaux. L’expansion du parc motorisé ne donnant aucun signe d’essoufflement, l’auteur passe au crible les innovations en vogue pour en faire ressortir les limites. Il propose aussi un ensemble de mesures radicales mais pragmatiques qui permettraient de relever le double défi sanitaire et climatique ».

Alix COSQUER, Le Lien naturel. Pour une reconnexion au vivant (Editions Le Pommier, 2021).

La chercheuse en psychologie environnementale s’interroge : « Et si nous étions incapables de changer durablement notre rapport à la nature… faute d’intérêt ? Et si notre sensibilité au monde naturel s’était définitivement émoussée ? Nos représentations tendent toujours à séparer l’humain de la nature : l’idéologie capitaliste a prospéré en faisant de l’exploitation du vivant un pilier fondateur, le reléguant à la marge de nos préoccupations ». L’autrice invite à « réactiver une sensibilité au monde pour adhérer, tant individuellement que, surtout, collectivement, à des valeurs, à des objectifs, à des savoirs qui mettent le vivant au cœur de notre vie ».

Sébastien DALGALARRONDO, Tristan FOURNIER, L’utopie sauvage. Enquête sur notre irrépressible besoin de nature (les arènes, 2020).

Les 2 sociologues enquêtent sur notre besoin d’ensauvagement, nous qui « vivons presque tous en ville » : « rêve d’une vie à la campagne, de congés au vert, de forêts urbaines. La perspective d’un effondrement, qu’il soit écologique ou pandémique, attise ce besoin d’ensauvagement. Idéalisée, la nature devient à la fois quête, refuge et solution face à une société de consommation qui manque de sens et détruit la planète ».

Jérôme DENIS, David PONTILLE, Le soin des choses. Politiques de la maintenance (La Découverte, 2022).

« Contrepoint de l’obsession contemporaine pour l’innovation, moins spectaculaire que l’acte singulier de la réparation, cet art délicat de faire durer les choses n’est que très rarement porté à notre attention. Ce livre est une invitation à décentrer le regard en mettant au premier plan la maintenance et celles et ceux qui l’accomplissent. Parce que s’y cultive une attention sensible à la fragilité et que s’y invente au jour le jour une diplomatie matérielle qui résiste au rythme effréné de l’obsolescence programmée et de la surconsommation, la maintenance dessine les contours d’un monde à l’écart des prétentions de la toute-puissance des humains et de l’autonomie technologique. Un monde où se déploient des formes d’attachement aux choses bien moins triviales que l’on pourrait l’imaginer ».

Cécile DESAUNAY, La société de déconsommation. La révolution du vivre mieux en consommant moins (Gallimard, 2021).

Un point sur les pratiques de « consommation responsable » et leurs limites pour questionner la place de la consommation dans nos sociétés, mettre en place de nouveaux imaginaires et des modèles alternatifs et repenser le rôle des pouvoirs publics et des entreprises.

Julien DOSSIER, Renaissance écologique. 24 chantiers pour le monde de demain (Actes Sud, 2019).

L’auteur « s’inspire de la célèbre fresque d’Ambrogio Lorenzetti, l’allégorie des Effets du bon et du mauvais gouvernement, réalisée à Sienne en 1338. Il a confié à Johann Bertrand d’Hy le soin de la transposer à notre époque, et nous équipe ainsi d’une feuille de route déclinée suivant vingt-quatre chantiers — allant de l’agriculture à la préservation des écosystèmes, en passant par la culture et les systèmes de gouvernance ».

Roger EKIRCH, La grande transformation du sommeil. Comment la révolution industrielle a bouleversé nos nuits (Editions Amsterdam, 2021). Traduction par Jérôme Vidal.

« Contrairement à l’opinion courante, le sommeil d’un bloc d’environ huit heures n’a rien de naturel. Cette manière de dormir ne s’est répandue que très récemment, dans le sillage de la révolution industrielle, à la faveur de la généralisation de l’éclairage artificiel dans les villes et de l’imposition d’une nouvelle discipline du travail. Auparavant, le sommeil était habituellement scindé en deux moments, séparés par une période de veille consacrée à diverses activités comme la méditation, les rapports intimes ou encore le soin des bestiaux ».

Alice ELFASSI, Moïra TOURNEUR, Déchets partout, justice nulle part. Manifeste pour un projet de société « zéro déchet, zéro gaspillage » (Rue de l’Echiquier, 2022).

« Depuis le début des années 2010, la démarche « zero waste » a le vent en poupe. Alors qu’elle est souvent perçue comme une action individuelle réservée aux classes sociales aisées et déconnectée des réalités des ménages les plus modestes, elle se doit désormais d’être évaluée sans complaisance. Partant d’une analyse critique des stratagèmes du modèle actuel « pollueur-gaspilleur », les autrices, de l’association Zero Waste France, jettent les bases d’un projet de société qui soit tout autant respectueux des limites planétaires que soucieux d’égalité. Dans un esprit de convergence des luttes, elles proposent, avec ce manifeste, une véritable alternative concrète et solidaire ».

Philippe GARNIER, Mélancolie du pot de yaourt. Méditation sur les emballages (Premier Parallèle, 2020).

Une série de courts textes qui évoquent ces petits objets a priori insignifiants — tubes, boites, bouteilles, sachets, flacons, pots, capsules — qui traversent notre vie et notre imagination. Un essai qui dresse l’historique de toutes les formes de récipients et pointe les ravages écologiques du packaging à usage unique.

Christian GOLLIER, Le climat après la fin du mois (PUF, 2019).

« Si la fin du mois passe avant la fin du monde, la responsabilité des citoyens envers les générations futures est cependant déjà engagée. Loin des sentiers battus, Christian Gollier exprime ses espoirs et ses doutes quant à notre capacité à relever le défi climatique. S’il dresse un constat implacable, il propose aussi des solutions économiques concrètes pour préserver l’avenir de tous ».

Nathalie GONTARD, Hélène SEINGIER, Plastique, le grand emballement (Stock, 2020).

Une enquête implacable sur le plastique par la chercheuse à l’INRAE pionnière des emballages biodégradables innovants : après 30 ans de recherche sur ce matériau, son recyclage et ses alternatives, elle appelle à un ralentissement de la consommation de plastique pour la réduire au strict nécessaire.

Jeanne GUIEN, Le consumérisme à travers ses objets. Gobelets, vitrines, mouchoirs, smartphones et déodorants (Editions Divergences, 2021).

« Les industries qui fabriquent notre monde ne se contentent pas de créer des objets, elles créent aussi des comportements. Ainsi le consumérisme n’est-il pas tant le vice moral de sociétés « gâtées » qu’une affaire de production et de conception. Comprendre comment nos gestes sont déterminés par des produits apparemment anodins, c’est questionner la possibilité de les libérer ».

Fabien HEIN, Dom BLAKE, Écopunk (Le passager clandestin, 2023).

« Le texte exprime une préoccupation caractéristique de la scène punk des années 1980 : celle de ne pas dissocier les problèmes environnementaux de l’ensemble des logiques économiques, sociales et politiques qui président à leur manifestation. La destruction de la planète est la conséquence d’une organisation sociale, voire d’une idéologie, qui induit un rapport prédateur au monde et qui passe par le consentement tacite de ceux-là mêmes qui devraient le combattre ».

Rob HOPKINS, Et si… on libérait notre imagination pour créer le futur que nous voulons ? (Actes Sud, 2020). Traduction par Amanda Prat-Giral.

Enseignant en permaculture, initiateur en 2005 du mouvement international des villes en transition, l’auteur invite à libérer notre imagination collective afin d’initier des changements rapides et profonds pour un futur meilleur.

Razmig KEUCHEYAN, Les besoins artificiels. Comment sortir du consumérisme (Zone, La Découverte, 2019).

« Comment couper court à la prolifération de besoins artificiels ? La réflexion s’appuie sur des chapitres thématiques, consacrés à la pollution lumineuse, à la psychiatrie de la consommation compulsive ou à la garantie des marchandises, pour élaborer une théorie critique du consumérisme. Elle fait des besoins “ authentiques “ collectivement définis, en rupture avec les besoins artificiels, le cœur d’une politique de l’émancipation au XXIe siècle ».

Mikaëla LE MEUR, Le mythe du recyclage (Premier Parallèle, 2021).

« Dans le nord du Vietnam, dans un village appelé Minh Khai, chaque jour arrivent par conteneurs des déchets plastiques venus du monde entier. Au début des années 1990, d’anciens paysans ont commencé à recycler, dans la cour de leur maison, ces matières exportées par les pays développés. Peu à peu, ce village est devenu un « village plastique », dont la prospérité est symbolisée par des maisons bourgeoises poussant sur des tas d’ordures. C’est cette histoire que ce petit livre raconte et sur laquelle l’autrice prend appui pour raconter la mondialisation des déchets et notre rapport à leur matérialité ».

Alice MAH, Plastic Unlimited. How Corporations Are Fuelling the Ecological Crisis and What We Can Do About It (Polity, 2022).

« Dans ce livre incisif, la sociologue révèle comment les entreprises de la pétrochimie et du plastique se sont battues sans relâche pour protéger et étendre les marchés du plastique. Qu’il s’agisse de nier les effets toxiques des plastiques sur la santé, de coopter des solutions d’économie circulaire pour les déchets plastiques ou d’exploiter les opportunités offertes par la pandémie mondiale, l’industrie a détourné l’attention du problème principal : la production de plastique. Les conséquences d’une croissance débridée du plastique sont pernicieuses et très inégales. Nous avons tous un rôle à jouer dans la réduction de la consommation de plastique, mais nous devons nous attaquer au problème à la racine : l’impératif capitaliste d’une croissance illimitée ».

Célie MASSINI, Antoine PELISSOLO, Les émotions du dérèglement climatique. L’impact des catastrophes écologiques sur notre bien-être et comment y faire face ! (Flammarion, 2021).

« Ce livre propose un état des lieux des troubles psychiques connus, ainsi qu’une réflexion sur la manière de faire face, individuellement et collectivement, aux changements qui nous attendent, afin d’imaginer des solutions pour demain. Car on ne peut résoudre un problème sans en connaître les données ».

Marine MILLER, La Révolte. Enquête sur les jeunes élites face au défi écologique (Seuil, 2021).

« Ce livre d’enquête et d’entretiens retrace la trajectoire de ces futures élites en colère qui, entre désertion et prise d’armes, ont changé leur vie pour mieux « construire le monde de demain » ».

Dorothée MOISAN, Les Ecoptimistes. Remèdes à l’éco-anxiété (Seuil, 2023).

« Refusant de céder à l’éco-anxiété, la journaliste est partie en quête de personnalités qui, bien qu’aux premières loges du désastre, trouvent des raisons de vivre, de lutter, et d’être heureux. Car effondrement ou pas, on peut garder la pêche ! C’est ce que révèlent ces portraits d’écologistes inspirants qui, non seulement ne cèdent pas à l’éco-anxiété, mais rebondissent par l’action, la créativité, le rire, la transmission ou l’engagement ».

Jussi PARIKKA, Anthrobscène et autres violences. Trois essais sur l’écologie des media (T&P Publishing, 2021). Traduction par Agnès Villette.

« Publiés en anglais respectivement en 2014, 2016 et 2019, ces trois essais sont traduits pour la première fois en français. Jussi Parikka, chercheur et spécialiste de l’archéologie des médias internationalement reconnu, propose une investigation géologique de la culture des médias, opérée à partir du rôle stratégique des minéraux et des terres rares. Avec l’Anthrobscène, Jussi Parikka se livre à une analyse critique de l’omniprésence du numérique dans nos vies et dénonce un désert environnemental. Il explore avec les médias (machines, dispositifs), les nécessités matérielles de leur fonctionnement et la toxicité des déchets que nous laisserons comme héritage géologique ».

Thierry RIPOLL, Pourquoi détruit-on la planète ? Le cerveau d’Homo Sapiens est-il capable de préserver la Terre ? (Le bord de l’eau, 2022).

« A la lumière des travaux les plus récents en psychologie, neurosciences, anthropologie, éthologie et économie », le professeur de Psychologie Cognitive et Sciences Cognitives analyse les raisons de nos dissonances cognitives : nous sommes « perpétuellement écartelés entre notre irrésistible propension à satisfaire des désirs toujours renouvelés et la conscience douloureuse que nos comportements ne sont pas compatibles avec la préservation de notre environnement. En réalité, derrière la sophistication de nos sociétés et de notre technologie, nous demeurons mus par des déterminismes psychologiques et biologiques archaïques qui font obstacle à la gestion rationnelle et lucide de la crise environnementale ».

Grégory SALLE, Superyachts. Luxe, calme et écocide (Amsterdam, 2021).

« Loin d’être anecdotique, la plaisance de luxe met en évidence la sécession sociale et le gâchis environnemental des plus riches. Forme contemporaine de la réclusion ostentatoire, miroir grossissant des inégalités, le superyacht nous conduit tout droit aux grandes questions de notre temps, y compris celle de la reconnaissance juridique de l’écocide. De la lutte des classes à la sur-consommation des riches, de l’évasion fiscale à la délinquance environnementale, de l’éco-blanchiment à la gestion différentielle des illégalismes : tirer le fil du superyachting, c’est dévider toute la pelote du capitalisme ».

Claudia SENIK, Sociétés en danger. Menaces et peurs, perceptions et réactions (La Découverte, 2021).

« Risques écologiques, économiques, politiques et géopolitiques : nos sociétés n’ont jamais été aussi convaincues de s’acheminer vers une série de catastrophes quasiment inévitables. Face à ces dangers, les réactions sont de plusieurs natures. Mais en majorité, les « décideurs » peinent à se mobiliser et les sociétés contemporaines semblent s’accommoder des menaces et des « poisons légaux » qu’elles s’infligent. Les études de cas réunies dans cet ouvrage collectif apportent des éclairages inédits aux interrogations d’un monde qui se sent en danger ».

Sonia SHAH, The Next Great Migration: The Beauty and Terror of Life on the Move (Bloomsbury, 2020).

La journaliste présente les migrations humaines et non humaines qui résulteront du dérèglement climatique comme parties intégrantes de l’histoire du vivant. A côté de récits émouvants de familles migrantes, elle analyse les migrations annuelles de certains oiseaux, la dissémination des graines, ou encore les déplacements d’animaux en quête de partenaires ou de nouveaux territoires pour mettre en évidence nos attitudes différentes vis-à-vis des migrations non humaines et humaines.

Agnès STIENNE, Bouts de bois. Des objets aux forêts (La Découverte, 2023).

« Ce récit sensible trace son chemin par-delà les procédés industriels et les pratiques de la sylviculture en interrogeant notre rapport intime à l’arbre et à nos espaces forestiers. Cet essai libre et multiforme, à la fois érudit, poétique et illustré — agrémenté de cartes géographiques réelles ou imaginaires, de croquis aquarellés et de photographies de compositions végétales –, nous invite à nous saisir d’un matériau modeste et populaire, à voir en lui l’arbre qu’il a été, et puis à faire un peu de science, un peu d’histoire, pas mal d’écologie et quelques pas de côté ».

Sofi THANHAUSER, Worn. A People’s History of Clothing (Pantheon, 2022).

« Thanhauser montre clairement comment l’industrie de la confection est devenue l’un des pires pollueurs de la planète et comment elle s’appuie sur des travailleurs et travailleuses régulièrement sous-payés et exploités. Mais elle nous montre aussi comment, aux quatre coins du monde, des micro-communautés, des entreprises textiles et des fabricants de vêtements redécouvrent des méthodes ancestrales et éthiques pour fabriquer ce que nous portons ».


SOCIÉTÉ was originally published in Anthropocene 2050 on Medium, where people are continuing the conversation by highlighting and responding to this story.

28.08.2023 à 00:31
berenice gagne
Texte intégral (2000 mots)

LECTURES ANTHROPOCÈNES #2019-2023

“Sculpture Print” (Woodcut, 2013) © Bryan Nash Gill

Julia ADENEY THOMAS, Mark WILLIAMS, Jan ZALASIEWICZ, The Anthropocene. A Multidisciplinary Approach (Polity, 2020).

Une approche pluridisciplinaire par des chercheurs et chercheuses en paléobiologie, paléoenvironnement et histoire pour appréhender l’Anthropocène dans toutes ses dimensions : après une exploration fine du concept géologique (changements physiques du paysage, réchauffement rapide du climat, transformation de la biosphère), l’ouvrage examine les questions politiques et éthiques de justice, d’économie et de culture. Il analyse également l’histoire et les possibilités d’atténuer les effets dévastateurs de l’Anthropocène.

Gero BENCKISER (dir.), Soil and Recycling Management in the Anthropocene Era (Springer, 2021).

Les monocultures des prairies, des terres arables et des forêts sont souvent surfertilisées par un apport artificiel d’azote, de lisier animal, de boues d’épuration ou de composts. La flore et la faune qui se sont adaptées à une pénurie d’azote dans le sol doivent donc s’adapter à un excédent ou disparaître.

Aurélien BOUTAUD, Natacha GONDRAN, Les limites planétaires (La Découverte, 2020).

Les deux scientifiques mettent en lumière les principales variables qui déterminent l’équilibre des écosystèmes à l’échelle planétaire afin de déterminer les frontières à ne pas dépasser si l’humanité veut éviter les risques d’effondrement : au-delà du climat et de la biodiversité, il et elle abordent également le déséquilibre des cycles biogéochimiques, le changement d’affectation des sols, l’introduction de polluants d’origine anthropique dans les écosystèmes ou encore l’acidification des océans.

Holly Jean BUCK, After Geoengineering: Climate Tragedy, Repair, and Restoration (Verso, 2019).

« L’ingénierie climatique est un projet dystopique. Mais alors que l’espèce humaine se précipite de plus en plus rapidement vers sa propre extinction, la géoingénierie en tant que solution temporaire, pour gagner du temps en vue de l’élimination du carbone, est une idée séduisante. Nous avons raison de craindre que la géoingénierie soit utilisée pour maintenir le statu quo, mais existe-t-il un autre avenir possible au-delà de la géoingénierie ? Existe-t-il des possibilités d’intervention délibérée et massive sur le climat qui soient démocratiques, décentralisées ou participatives ? ».

Nicolas BUCLET, Territorial Ecology and Socio-ecological Transition (ISTE, Wiley, 2021).

« Dans le même domaine que l’écologie sociale, l’écologie industrielle et l’économie circulaire, un nouveau champ interdisciplinaire se développe : l’écologie territoriale. Fondée sur l’analyse du métabolisme des sociétés humaines à l’échelle locale, elle nous aide à diagnostiquer un socio-écosystème. Ce diagnostic ne cherche pas uniquement à comprendre ce qui circule, mais aussi comment et pourquoi ça circule. Qui est à l’origine d’un flux ? Quelles sont les motivations ? ».

Jérôme GAILLARDET, La terre habitable. Ou l’épopée de la zone critique (La Découverte, 2023).

« Si les sciences humaines et sociales, autour de Bruno Latour notamment, ont largement investi le thème de l’habitabilité planétaire, les sciences de la Terre sont souvent restées discrètes à ce sujet. Pour la première fois, un géochimiste éminent, faisant dialoguer sciences expérimentales et philosophie, propose une exploration sensible et accessible de la partie de la planète abritant la vie ».

Alain GRANDJEAN, Thierry LIBAERT (dir.), Quelles sciences pour le monde à venir ? Face au dérèglement climatique et à la destruction de la biodiversité (Odile Jacob, 2020).

Un ouvrage conçu par le Conseil scientifique de la Fondation Nicolas Hulot qui « a patiemment démêlé l’écheveau d’intérêts particuliers et de modes de pensée obsolètes qui mènent à s’opposer systématiquement aux avancées de la science et à maintenir un commode statu quo (business as usual et « après moi le déluge »), même lorsque l’avenir de la planète est en jeu ».

Morgan JOUVENET, Des glaces polaires au climat de la Terre. Enquête sur une aventure scientifique (CNRS éditions, 2022).

« Comment a émergé l’idée que la glace polaire pouvait receler des indices permettant de retracer l’histoire de ce climat ? De quelle manière l’ice core science s’est-elle constituée et développée au cours des dernières décennies ? Comment est-elle organisée aujourd’hui ? Et comment ses résultats peuvent-ils être mobilisés dans les débats autour de l’« anthropocène » ? ».

Kevin LALAND, La symphonie inachevée de Darwin. Comment la culture a façonné l’esprit humain (La Découverte, 2022).

« La théorie de l’évolution s’est longtemps heurtée à une énigme qui, pour les créationnistes plus ou moins déclarés, avait valeur d’objection : comment les exceptionnelles capacités cognitives, sociales et culturelles des humains sont-elles apparues, démarquant notre espèce de toutes les autres ? Ce récit captivant de l’origine de notre espèce renverse la perspective de la psychologie évolutionniste, qui envisage les phénomènes culturels seulement comme des réponses adaptatives à des circonstances extérieures. Il montre que la culture n’a pas simplement émergé à partir de l’intelligence, mais qu’elle a constitué le principal moteur de l’évolution dans notre lignée. Autrement dit, l’esprit humain n’est pas façonné pour la culture, mais véritablement par la culture ».

Michel MAGNY, L’Anthropocène (Puf, Que sais-je?, 2021).

« Après avoir fait la généalogie du concept et évoqué les polémiques que suscite son adoption, le chercheur examine les différentes manifestations de la crise écologique dont l’Anthropocène est aujourd’hui le nom : réchauffement climatique, effondrement de la biodiversité, pollution des écosystèmes, anthropisation des espaces terrestres et pression démographique. Et de s’interroger plus largement : l’Anthropocène ne nous donnerait-il pas à penser, avec la crise écologique, celle des sociétés humaines, c’est-à-dire le rôle de notre espèce et les imaginaires qui fondent notre manière de faire société et d’habiter le monde ? »

Lynn MARGULIS, Microcosmos. 4 milliards d’années de symbiose terrestre (Editions Wildproject, 2022). Traduction par Gérard Blanc et Anne de Beer.

« La vie sur Terre est avant tout une affaire de bactéries, de virus et de micro-organismes. C’est là l’essentiel de son histoire et c’est là sa structure profonde. Articulant toutes les échelles du vivant, du microscopique au planétaire, Margulis montre que la symbiose est au cœur de l’évolution, et offre ici un nouveau tableau de la vie terrestre ».

David MICHAELS, The Triumph of Doubt: Dark Money and the Science of Deception (Oxford Univ. Press, 2020).

L’épidémiologiste analyse la corruption systémique de la science au service d’industries (du tabac, de l’agroalimentaire ou des énergies fossiles) qui utilisent l’incertitude comme une arme. Les résultats indésirables sont ainsi qualifiés de fake news et contrés par des études truquées.

Helen PILCHER, Life Changing. How Humans are Altering Life on Earth (Bloomsbury, 2020).

La journaliste scientifique retrace la transformation profonde du vivant opérée à son bénéfice par homo sapiens sur la planète depuis la préhistoire : domestication, sélection naturelle, sélection de qualités souhaitables d’espèces végétales et animales, hybridation, modification génétique. Elle estime que nous vivons dans une période post-naturelle, où les humains sont devenus la principale force qui façonne l’évolution.

Mary-Jane RUBENSTEIN, Astrotopia. The Dangerous Religion of the Corporate Space Race (University of Chicago Press, 2022).

La « philosophe des sciences et des religions, lève le voile sur les mythes pas si nouveaux que ça que ces barons de l’espace colportent : celui de la croissance sans limite, de l’énergie sans culpabilité et la quête du salut dans un nouveau monde. Comme elle le révèle, nous avons déjà vu les effets destructeurs de ce fanatisme de la frontière dans l’histoire séculaire du colonialisme européen. Tout comme le projet impérial sur Terre, cet effort renouvelé de conquête de l’espace est présenté comme ayant une vocation religieuse : face à l’apocalypse à venir, quelques messies très riches offrent à quelques élus une échappée vers l’autre monde. Mary-Jane Rubenstein propose une autre conception de l’exploration spatiale qui ne reproduise pas les atrocités du colonialisme terrestre, nous encourageant à trouver et même à créer des histoires qui privilégient le soin cosmique au profit ».

J.P. SAPINSKI, Holly Jean BUCK, Andreas MALM (dir.), Has It Come to This? The Promises and Perils of Geoengineering on the Brink (Rutgers University Press, 2021).

Un ouvrage qui réunit 20 penseurs et penseuses — issu·es de domaines allant de la sociologie et de la géographie à l’éthique et aux études indigènes — pour proposer des solutions lentes et efficaces afin d’éliminer le carbone et comprendre la géoingénierie solaire.

Marta SZULKIN, Jason MUNSHI-SOUTH, Anne CHARMANTIER (dir.), Urban Evolutionary Biology (Oxford University Press, 2020).

L’ouvrage réunit les contributions d’une cinquantaine d’auteurs et autrices pour présenter une diversité de travaux sur un domaine scientifique en émergence : la biologie évolutive en milieu urbain. Il décrit les conséquences de l’activité humaine et de l’urbanisation sur les processus majeurs qui influencent les changements génétiques et provoquent l’évolution des espèces. Les contributions comprennent des études de cas en milieu terrestre et aquatique sur des plantes et des animaux humains ou non.

Laurent TESTOT, Nathanaël WALLENHORST, Vortex. Faire face à l’Anthropocène (Payot, 2023).

« Un parcours pédagogique en six étapes qui s’ouvre sur un état des lieux de la planète et décrypte l’Anthropocène comme un fait humain à l’origine de la totalité des processus physiques affectant aujourd’hui le système Terre. Après avoir envisagé divers scénarios de prospective, il propose des solutions sociopolitiques viables, inspirées des diverses sciences — changer de régime énergétique, réformer le système économique, réguler le Web et l’espace, etc. –, pour ne pas se laisser aspirer par le vortex ».

Nathanaël WALLENHORST, La vérité sur l’Anthropocène (Le Pommier, 2020).

Une enquête au cœur des sciences pour comprendre les enjeux de l’Anthropocène : l’auteur présente de manière accessible une introduction sur le concept d’Anthropocène suivi de 18 articles scientifiques et un rapport du GIEC de manière à saisir l’ampleur des changements que nous vivons.


SCIENCE was originally published in Anthropocene 2050 on Medium, where people are continuing the conversation by highlighting and responding to this story.

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