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08.04.2024 à 07:00

Derrière le cas de CNews, le consensus néolibéral contre le pluralisme réel

Nikos Smyrnaios

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Un texte de Nikos Smyrnaios.

- « Pluralisme » ? /
Texte intégral (3142 mots)

Nous publions ci-dessous, sous forme de tribune [1], un texte du chercheur en sciences de l'information et communication Nikos Smyrnaios.

Une récente intervention du Conseil d'État a remis sur le devant du débat politique la question du pluralisme des médias. Il s'agit d'un problème qui préoccupe depuis longtemps l'opinion publique. En effet, la transformation de l'espace public ces dernières décennies, sous les effets conjugués des mutations technologiques et de la dérégulation néolibérale, a exacerbé la crise des médias. La confiance du public ne cesse de se dégrader et le métier de journaliste d'être déconsidéré depuis des nombreuses années. Une majorité du public pense que les journalistes ne sont pas indépendants par rapport au pouvoir politique et économique et qu'ils ne laissent pas tous les points de vue s'exprimer de manière équitable.

L'un des symptômes de cette crise est l'apparition des médias partisans qui promeuvent une idéologie réactionnaire à l'image de CNews. Suite au recours déposé par l'association Reporters sans frontières (RSF) à ce sujet, le Conseil d'État a jugé insuffisantes les mesures prises par l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) afin de s'assurer du respect du pluralisme et de l'indépendance de l'information par cette chaîne. Il a accordé ainsi un délai de six mois à l'Arcom pour réévaluer les moyens mis en œuvre pour assurer le respect de la loi du 30 septembre 1986 sur la liberté de communication, qui prévoit que les chaînes de télévision doivent « assurer l'honnêteté, le pluralisme et l'indépendance de l'information ».

CNews, symptôme de la crise d'un système

Cette affaire est mise en relief par le déroulement dans la même période des auditions des dirigeants de Canal+ et de CNews, dont Vincent Bolloré et Cyril Hanouna, par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale, qui cherche à faire la lumière sur l'attribution et le contrôle des autorisations de fréquences sur la TNT. Le débat à ce sujet s'est focalisé sur la méthode de décompte du temps de parole politique tel qu'il est effectué par l'Arcom. Celui-ci se limite actuellement aux personnalités politiques qui ont une affiliation partisane claire. Or, CNews fait appel à de nombreux intervenants extérieurs, qui expriment des idées de droite, voire d'extrême droite, sans être pris en compte dans la répartition du temps de parole politique.

Le Conseil d'État a jugé que le contrôle du pluralisme s'applique à tous les participants aux programmes diffusés, « y compris les chroniqueurs, animateurs et invités ». Par ailleurs, aujourd'hui le temps de parole n'est pas mis en rapport avec la part d'audience potentiellement touchée. Ainsi, des décomptes indépendants, comme celui fait par la chercheuse Claire Sécail, montrent que dans certaines émissions populaires de prime time, comme « Touche pas à mon poste » (C8), la grande majorité des invités sont affiliés directement ou indirectement à la droite et l'extrême droite. Dans le même temps, la parole de la gauche est reléguée dans des rediffusions au milieu de la nuit. Ces pratiques n'ont pas cessé malgré les nombreux rappels à l'ordre de l'Arcom. Et les provocations sur l'antenne de CNews, qui font partie intégrante de la ligne éditoriale de la chaîne, continuent malgré les amendes et même les condamnations des intervenants sur la chaîne comme Éric Zemmour pour propos racistes.

Il semble alors que l'Arcom soit incapable d'arrêter la dérive de CNews et, de manière plus générale, de faire respecter les obligations de pluralisme réel des médias audiovisuels. Se pose alors plusieurs questions : pourquoi réguler le pluralisme politique sur les chaînes de télévision ? Est-il légitime de chercher à définir le positionnement politique de tous leurs intervenants afin de comptabiliser leur temps de parole ? Et si oui, comment le faire d'un point de vue méthodologique ? On peut aussi se demander si une telle mesure serait suffisante pour garantir le pluralisme politique d'une chaîne comme CNews et plus généralement du paysage médiatique. Sinon, que faire d'autre ?

L'invention de la régulation du pluralisme

L'une des promesses les plus fortes du libéralisme politique est l'idée que les processus discursifs et délibératifs qui se déroulent dans l'espace public permettent de définir puis de défendre l'intérêt général, qui serait une synthèse juste des intérêts particuliers, avec l'emploi du minimum de contrainte nécessaire. Autrement dit, dans une démocratie, la communication raisonnée est censée remplacer la violence. C'est cette vision normative qui est au cœur de la théorie démocratique moderne et inspire la régulation du pluralisme dans les médias.

L'introduction de l'obligation de pluralisme pour les médias audiovisuels privés vient des États-Unis. La doctrine de l'équité (fairness doctrine) a été introduite en 1949 par la Federal Communication Commission et confirmée à plusieurs reprises par la Cour suprême. Elle consistait à exiger des détenteurs de licences de radiodiffusion qu'ils présentent des questions politiques controversées en reflétant équitablement les différents points de vue. La doctrine n'imposait pas un temps de parole égal pour les opinions opposées, mais exigeait que des points de vue contrastés soient présentés. À des nombreuses reprises la fairness doctrine avait été utilisée pour encadrer ou carrément priver de licence de diffusion des médias aux discours extrémistes, notamment racistes, qui proliféraient dans le sud des États-Unis.

En France, c'est par l'ordonnance du 23 mars 1945 que le Conseil national de la résistance a révoqué les autorisations accordées aux radios privées. À cette époque l'État républicain est considéré de manière consensuelle et transpartisane comme le mieux à même de garantir le pluralisme démocratique et le contrôle par le peuple de l'usage qui est fait des fréquences. L'instauration du monopole vise à mettre l'audiovisuel à l'abri de l'emprise des grands capitalistes, ayant pris le contrôle de la presse et de la radio dans l'entre-deux-guerres et collaboré pendant l'occupation. Comme le résume Henri Noguères, journaliste socialiste et résistant, qui a participé à la rédaction de l'ordonnance en 1945, « les puissances d'argent avaient accaparé les ondes, favorisant leur détournement par des hommes politiques comme Laval. Nous voulions rendre la radio à la nation ». Ainsi, la justification de la régulation du pluralisme par l'État en France comme aux États-Unis est à la fois technique et politique : les ondes hertziennes étant un bien public rare, leur utilisation implique le respect d'un certain nombre de principes démocratiques, dont celle du pluralisme.

La mise en cause néolibérale de la régulation publique

Le mise en cause du système de régulation du pluralisme par la doctrine de l'équité aux États-Unis et par le monopole public en France advient dans les années 1980. Si elle trouve son origine dans le mouvement contre-culturel de gauche des années 1970 – qui en France proteste à juste titre contre l'usage propagandiste de la télévision publique sous de Gaulle – c'est bien la révolution néolibérale qui met définitivement à bas l'interventionnisme public. La fairness doctrine est abolie en 1985 par Mark Fowler, le directeur de la FCC installé par Reagan. Selon lui, la doctrine viole le droit à la liberté d'expression garanti par le premier amendement de la Constitution. L'un des arguments utilisés est que, en raison du développement du câble et du satellite, la doctrine n'est plus nécessaire car le public peut facilement trouver des points de vue contradictoires sur des sujets controversés parmi différents médias disponibles. Le pluralisme interne exigé par la doctrine de l'équité (à l'intérieur du même média) est ainsi remplacé par un pluralisme externe potentiel (dans l'ensemble de l'offre médiatique disponible).

Du point de vue néolibéral, le marché, dérégulé et financiarisé, peut ainsi mieux garantir le pluralisme démocratique de l'espace public que l'intervention du gouvernement en proposant une multitude de canaux même s'ils sont partisans. Peu importe finalement le contenu précis de ces médias, c'est le mécanisme de l'offre et de la demande, libéré des contraintes règlementaires, qui peux assurer la diversité politique. L'abrogation de la doctrine de l'équité permet l'essor des talk-show « sans filtre » d'abord à la radio puis à la télévision. Ce type d'émission au discours populiste et virulent, qui aurait été sanctionnée par la fairness doctrine, prolifère alors librement sur les ondes et connaît un grand succès d'audience avant de gagner la télévision et notamment Fox News. Se forme ainsi une chambre d'écho réactionnaire dans les médias audiovisuels qui participe à la montée en puissance du courant ultra-conservateur aux États-Unis.

En France, l'abrogation du monopole public en 1981 par François Mitterrand est suivie d'un processus rapide de dérégulation et de privatisation de l'audiovisuel qui fait l'objet d'un enchevêtrement d'intérêts entre pouvoirs politique et économique. C'est sous l'impulsion de François Léotard, ministre du gouvernement Chirac aux idées fortement teintées de reaganisme, que le Parlement adopte la loi dite « relative à la liberté de communication » de septembre 1986 qui définit pour l'essentiel le cadre règlementaire régissant les médias audiovisuels privés jusqu'à aujourd'hui. Son objectif est de contraindre le moins possible le fonctionnement des médias privés tout en préservant les prérogatives politiques des partis établis. C'est ainsi que, tout au long des années 1990 et 2000, la concentration de la propriété des médias ne cesse de s'aggraver jusqu'à la situation actuelle ou quelques familles de milliardaires en contrôlent l'essentiel.

Les insuffisances de l'Arcom

C'est le Conseil Supérieur de l'audiovisuel (CSA devenu Arcom) qui, en théorie, « assure le respect de l'expression pluraliste des courants de pensée et d'opinion dans les programmes des services de radio et de télévision » prévu par la loi de 1986. Or, le mode de désignation de ses membres est très politique : le président de l'Arcom est nommé directement par le président de la République. Les six autres membres du Collège sont nommés par les présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale. Par comparaison, les membres de l'Ofcom, l'organe équivalent au Royaume-Uni, sont désignés par une commission indépendante après un processus de candidature ouverte. Quant à l'Allemagne, la régulation des médias est du ressort des Länder qui mettent en place des conseils de supervision composés de représentants de la société civile (associations, syndicats, universités, églises etc.).

Historiquement, le caractère très politique de l'Arcom, comme de ses prédécesseurs, le rend vulnérable aux pressions et susceptible d'effecteur des arbitrages dans le but de maintenir la « paix civile » entre pouvoir politique et propriétaires des médias. Cette fragilité se double d'une adhésion idéologique au principe d'un interventionnisme minimal dans le fonctionnement du marché médiatique. C'est la raison qui explique que la régulation du pluralisme, pourtant une exigence constitutionnelle, se limite essentiellement à un système de décompte quantitatif du temps de parole à la télévision et à la radio dont les règles précises sont définies par une délibération de 2017. Ce système offre des faibles garanties du pluralisme réel car il est fondé sur la répartition formelle de la parole entre partis politiques reconnus par les institutions. Autrement dit, l'Arcom assimile le pluralisme dans les médias à la représentation équitable du système partisan, ce dernier apparaissant ainsi comme le seul terrain d'expression légitime du débat démocratique. La place centrale accordée aux partis politiques explique le fait qu'aucun gouvernement n'a voulu réformer ce système, malgré les transformations du paysage médiatique.

Pourtant, dans ce dispositif il n'y a pour ainsi dire aucune prise en compte d'un pluralisme fondé sur la diversité des idées et des visions du monde qui échapperait à l'expression partisane ou sur la représentation des groupes et classes sociales aux intérêts antagonistes. Depuis 2009, il existe bien un « baromètre de la représentation de la société française » effectué annuellement par l'Arcom. Celui-ci constate les déséquilibres flagrants dans la présence des différentes catégories sociales à la télévision, qui tendent parfois à s'aggraver comme le montre le dernier baromètre concernant la sous-représentation des personnes perçues comme non blanches. Mais aucune mesure contraignante n'est prévue pour corriger ces asymétries.

Peut-on faire autrement ?

La décision du Conseil d'État ouvre une brèche dans ce système bien rodé, qui arrange les intérêts des forces politiques institutionnalisées et des groupes médiatiques, mais qui ne remplit pas son rôle démocratique. En enjoignant l'Arcom à comptabiliser le temps de parole de l'ensemble des intervenants sur les plateaux de télévision, il pose à la fois un problème pratique et un problème politique. Le problème pratique est en réalité un faux problème. Les moyens techniques et scientifiques existent aujourd'hui pour faire un tel classement. L'emploi de méthodes d'analyse de réseaux et d'analyse textométrique peut de manière simple, objective et transparente attribuer une étiquette politique à des personnalités publiques à partir de leur expression en ligne. Ces méthodes peuvent également objectiver l'agenda dont ils sont porteurs : l'invité d'une émission parle davantage d'immigration ou d'écologie sur les réseaux sociaux ? En effet, leur activité en ligne peut révéler les points de vue des intervenants sur les plateaux de télévision par rapport aux différentes questions en débat et leur connexion éventuelle avec des formations politiques ou des milieux militants. Il s'agit bien d'expressions publiques libres et non pas de données personnelles qui sont utilisées, comme dans l'exemple de cette recherche d'envergure menée lors de l'élection présidentielle de 2017.

Les difficultés pratiques évoquées et les cris d'orfraie au sujet de la supposée violation de la vie privée et de la liberté d'expression cachent mal le problème politique que soulèverait une telle démarche : si elle était menée à bien, elle révèlerait les inégalités flagrantes dans la distribution de la parole que cache le système de mesure actuel. Pire, elle montrerait qu'une grande partie de la classe politique converge sur de nombreux sujets, malgré les divisions partisanes. Celles-ci apparaîtraient pour ce qu'elles sont : des positionnements tactiques sur le marché politique sans réelle différence sur le fond.

Les impasses du libéralisme

Par conséquent, cette affaire révèle un problème encore plus profond des démocraties libérales : le décalage entre la théorie et la pratique. En effet, si le système politique se targue de garantir une égalité formelle, il n'en est rien de l'égalité réelle. Ce constat est vrai pour la question sociale, comme pour la question culturelle. En dictant l'agenda et le cadrage des faits sociaux, les industries culturelles sous l'emprise du grand capital et des appareils politiques demeurent des appareils idéologiques majoritairement au service de l'ordre établi. C'est précisément cette contradiction fondamentale qui sape la confiance du public aux institutions démocratiques et ouvre la voie à l'extrême droite.

Or, dans le contexte actuel de montée en puissance des idées réactionnaires, il est urgent de rééquilibrer le fonctionnement de l'espace public médiatique en redistribuant les ressources communicationnelles, comme la parole publique et l'influence dans l'opinion, de manière plus égalitaire. Ceci est aujourd'hui possible si on s'appuie sur les progrès de la recherche et de la technique. Mais il faudrait accompagner une telle transformation avec des mesures beaucoup plus strictes contre la concentration et la marchandisation des médias. Il faudrait également garantir l'indépendance des rédactions de manière structurelle à travers des réformes profondes de leur gouvernance où les publics et les journalistes auraient le rôle principal. Ce type de changement radical implique une volonté politique forte pour se confronter à la classe politique établie et aux puissants propriétaires des médias. Elle nécessiterait alors l'appui d'un mouvement social d'ampleur.

Nikos Smyrnaios


[1] Les articles publiés sous forme de « tribune » n'engagent pas collectivement l'association Acrimed, mais seulement leurs auteurs dont nous ne partageons pas nécessairement toutes les positions.

05.04.2024 à 08:39

CNews, Europe 1, « Les Informés » et compagnie : revue de presse de la semaine

Elvis Bruneaux, Maxime Friot

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Texte intégral (1388 mots)

Critique des médias : une revue de presse hebdomadaire. Si ce n'est exhaustive, au moins indicative [1]. Au programme : du 29/03/2024 au 04/04/2024.

Critique des médias

« Israël-Palestine : un naufrage médiatique sans précédent », Blast/Acrimed, 31/03.

« Europe 1 : une matinale au cœur de la contre-révolution réactionnaire », Acrimed, 2/04.

« France Info : pour qui roulent "les informés" ? », Blast, 31/03.

« Roselyne Bachelot face à Alain Duhamel : duel au sommet pour plumer les pauvres », Samuel Gontier, Télérama, 29/03.

« Gaza : sur France 2, les juristes d'Israël évitent les crimes de guerre », Arrêt sur images, 30/03 [article complet réservé aux abonnés].

« Le risque de dérive "à la hongroise" du paysage médiatique français », Le Monde, 1/04 [article complet réservé aux abonnés].

« Comment i-Télé est devenue CNews, "fabrique quotidienne de la haine" », Mediapart, 1/04 [article complet réservé aux abonnés].

« Intox et obsessions identitaires : révélations sur les secrets de fabrication de CNews », Mediapart, 3/04 [article complet réservé aux abonnés].

« CNews désinforme et le sait : la preuve par Crépol », Mediapart, 3/04 [vidéo complète réservée aux abonnés].

« Les médias de Bolloré ont un problème avec la laïcité », Contre Attaque, 31/03.

« Hanouna et la justice : du laxisme français à l'efficacité russe », Arrêt sur images, 31/03 [article complet réservé aux abonnés].

« Affaire Martelet-Bouvier : emballement et gêne médiatique », Arrêt sur images, 3/04 [article complet réservé aux abonnés].

« Chloé Morin, l'essayiste qui exploite le filon de la « gauche antiwoke » », Mediapart, 30/03 [article complet réservé aux abonnés].

Économie des médias

« "Le Dauphiné libéré" : le plan de sauvegarde de l'emploi proposé par la direction rejeté », Le Monde, 29/03, [article complet réservé aux abonnés].

« Audiovisuel public : la réforme de la gouvernance redevient une priorité », Les Échos, 3/04 [article complet réservé aux abonnés].

« A La Réunion, le crépuscule des deux quotidiens locaux », Le Monde, 3/04 [article complet réservé aux abonnés].

« Daniel Kretinsky prêt à se délester de sa chaîne business B Smart », La Lettre, 4/04 [article complet réservé aux abonnés].

« La Cour des comptes va se pencher sérieusement sur les aides à la presse », La Lettre, 3/04 [article complet réservé aux abonnés].

À signaler, aussi

« Des ministres entraînés à la "prise de parole médiatique" par des journalistes », Le Monde, 1/04 [article complet réservé aux abonnés].

« Indépendance des rédactions : la proposition de loi examinée à l'Assemblée nationale », Le Monde, 3/04 [article complet réservé aux abonnés].

« "Une goutte de poison par jour" : sur NRJ, les matinales toxiques de Manu Levy », Libération, 2/04 [article complet réservé aux abonnés].

« "Il veut un truc, il l'a" : comment la direction de NRJ a fermé les yeux sur les agissements de l'animateur Manu Levy », Libération, 3/04 [article complet réservé aux abonnés].

« Gaël Giordana : visée par des accusations de harcèlement, la présentatrice de France TV Camille Grenu riposte », Le Parisien, 29/03.

« Commission TNT : le président fait copain-copain avec Hanouna », Arrêt sur images, 3/04 [article complet réservé aux abonnés].

« "Libération" et les médias d'information français s'engagent en signant une charte de la traçabilité de l'information », Libération, 3/04.

« "L'interdiction d'Al Jazeera en Israël est la preuve que la chaîne dérange" », Mediapart, 3/04, [article complet réservé aux abonnés].

Et aussi, dans le monde : États-Unis, Hongkong, Sénégal, Azerbaïdjan, Turquie, Togo, Kirghizistan, Inde...

Retrouver toutes les revues de presse ici.


[1] Précisons-le : référencer un article dans cette revue de presse ne signifie pas forcément que nous y souscrivons sans réserve.

02.04.2024 à 07:00

Europe 1 : une matinale au cœur de la contre-révolution réactionnaire

Elvis Bruneaux, Pauline Perrenot

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Étude du 28 août au 29 décembre 2023.

- En direct d'Europe 1 / , ,
Texte intégral (8952 mots)

À l'occasion des récentes recommandations adressées par le Conseil d'État à l'Arcom en matière de régulation du pluralisme [1], tous les regards se sont tournés vers CNews. Comme il n'est plus à démontrer que la chaîne est devenue, sous l'égide de Vincent Bolloré, un média d'opinion promouvant une contre-révolution réactionnaire, nous avons décidé de nous pencher sur l'autre pépite de l'empire médiatique constitué par le magnat d'extrême droite : Europe 1. Du 28 août au 29 décembre 2023, nous avons écouté l'intégralité des interviews réalisées par Sonia Mabrouk et Dimitri Pavlenko. La matinale incarne un condensé du prêt-à-penser médiatique 2.0, entre néolibéralisme autoritaire mainstream et extrême droite normalisée, au prix d'un sacrifice systématique des opinions et des représentants de la gauche, dans toutes ses composantes.

Le 25 octobre 2023, l'Arcom approuvait le changement de contrôle du pôle radio de Lagardère (Europe 1, Europe 2 et RFM) au profit d'une société en commandite par actions (SCA) dirigée par Arnaud Lagardère… dont le groupe est sous la coupe de Vincent Bolloré, actionnaire via Vivendi à hauteur de 60%. À cette occasion, l'autorité de régulation de l'audiovisuel indiquait dans son communiqué de presse que « les obligations d'Europe 1 en matière de pluralisme de l'information et en matière sociétale ont été renforcées ». La convention stipule notamment, au titre de l'article 2-3, que « le titulaire assure le pluralisme des courants de pensée et d'opinion ».

Mais dans la station bolloréisée, la pratique prend quelques libertés avec la théorie… Laissons de côté les deux heures trente quotidiennes en compagnie de Pascal Praud et les plateaux extrême droitisés de Laurence Ferrari (couplés avec CNews), « les dossiers judiciaires les plus terrifiants » racontés par le fait-diversier en chef Christophe Hondelatte, les « véritables histoires » du médiatique historien de garde Stéphane Bern, le « studio des légendes » du non moins tristement légendaire Jacques Vendroux ou encore les faux débats orchestrés par le très libéral Pierre de Vilno.

Cet article se focalise sur la matinale (7h-9h) et, plus précisément, sur ses deux principaux créneaux d'interviews [2] : l'entretien avec « l'invité actu » mené à 7h10 par Dimitri Pavlenko et « la grande interview », prise en charge une heure plus tard par Sonia Mabrouk. Leur observation sur la période courant du 28 août au 29 décembre 2023 permet de tirer une conclusion très simple : promotrice infatigable de la « familia grande » réactionnaire, Europe 1 n'en a que faire des obligations légales qui la contraignent à respecter le pluralisme !

« La grande interview » : la réaction à visage découvert

Sans doute pourrait-on s'épargner un préambule sur Sonia Mabrouk, pasionaria de la droite décomplexée, adepte d'interrogatoires étrillant les contre-pouvoirs, maîtresse en jeux de massacre contre la gauche qui lui déplaît et accommodante à l'égard de celle qui embrasse ses obsessions, propagandiste antisociale à la remorque de l'extrême droite, du pouvoir politique quand il le faut et du grand patronat en temps normal. Bref, une incarnation de l'éditocratie travaillant activement au maintien de l'ordre… et au renforcement des idées réactionnaires.

Et pour ce faire, Sonia Mabrouk sait s'entourer. Parmi les 75 invités recensés au cours des quatre mois étudiés, 57 sont des hommes ou des femmes politiques. Le pluralisme est à couper le souffle :

Avec 4 fauteuils sur 57, les élus de gauche (LFI et PCF) doivent se contenter de 7% des invitations.

Restent 18 invités, qui ne dénotent pas dans le paysage. La profession journalistique est représentée à deux reprises en l'unique personne de Franz-Olivier Giesbert. Défilèrent également la syndicaliste policière Linda Kebbab – égérie des plateaux télé comme de la presse réactionnaire, de Valeurs actuelles au Figaro –, Michel-Édouard Leclerc – le plus médiatique des patrons de la grande distribution [3] – et le préfet de Paris Laurent Nuñez. « L'ordre, l'ordre, l'ordre », comme dirait l'autre ! La catégorie des « experts » est faite du même bois. L'omniprésent Jérôme Fourquet intervient une fois, l'inénarrable Dominique Reynié également, le « marchand de peur » [4] Alain Bauer une fois lui aussi, tout comme les universitaires Gilles Kepel et Florence Bergeaud-Blackler, très décriée dans le milieu universitaire [5]. On compte ensuite trois invitations passées au très réactionnaire avocat (et ancien parachutiste de réserve) Thibault de Montbrial [6], deux passages pour l'ostracisé des médias Michel Onfray – lequel vient de se voir confier une émission hebdomadaire sur... CNews, en compagnie de Laurence Ferrari – et deux fauteuils accordés à Georges Bensoussan.

En d'autres termes, ce sont là 71 invités sur 75 qui auront dispensé, quatre mois durant, des argumentaires et des visions du monde représentatifs de courants conservateurs, si ce n'est ultra-réactionnaires. Le 29 février 2024, après avoir prêté serment devant la commission d'enquête parlementaire sur l'attribution et le contrôle des fréquences de la TNT, Sonia Mabrouk déclarait à propos de CNews, chaîne avec laquelle est couplée son émission : « Oserais-je dire, mesdames et messieurs, que notre arc républicain à nous, ce sont toutes les sensibilités de l'hémicycle que vous représentez aujourd'hui, et donc tous les Français à travers vous. Et nous en sommes fiers. » L'impunité en étendard... Car la tendance est structurelle : alors que nous rédigions cet article, Arrêt sur images a publié sa propre recension réalisée du 1er septembre 2023 au 29 février 2024, incluant donc deux mois supplémentaires par rapport à la nôtre. Bilan des courses ? Seuls deux représentants de gauche s'ajoutent à notre tableau, « pour un total de six interviews en six mois – et aucun responsable politique du PS, d'EELV ou des partis à la gauche de LFI. »

Ajoutons par ailleurs que dans la « grande interview », la parité n'est pas plus respectée que le pluralisme : Sonia Mabrouk a invité 84% d'hommes (63 sur 75) sur la période que nous avons étudiée. Et ce n'est certainement pas l'interview de 7h10 menée par Dimitri Pavlenko qui permet de rééquilibrer la balance...

« L'invité actu » : la réaction à pas de loup

En 2021, la nomination de Dimitri Pavlenko aux commandes de la matinale d'Europe 1 était dans l'ordre bolloréen des choses. Après une circulation dans différents médias (France Inter, France Bleu, TF1, LCI, France 2, etc.), le journaliste pose bagage : il fait ses débuts de matinalier à l'antenne de Sud Radio puis de Radio Classique avant de fourbir de nouvelles armes sur CNews dans l'émission « Face à l'info », véritable rampe de lancement pour la campagne d'Éric Zemmour sous l'égide de Christine Kelly. Une fois propulsé à la tête de la matinale d'Europe 1, il emporte avec lui la ligne éditoriale. En comparaison de l'entretien piloté par Sonia Mabrouk, l'interview de Dimitri Pavlenko dénote quant au profil des invités : chez lui, peu de figures politiques. Du 28 août au 29 décembre, on n'en compte que neuf, dont l'orientation ne diffère pas, toutefois, de celle des invités de sa consœur : ne cherchez pas la gauche, vous perdriez du temps...

La spécificité de Pavlenko est donc là : l'essentiel des invités est issu de ce que les grands médias tendent à appeler « la société civile ».

Mais pas n'importe laquelle... Là encore, elle est majoritairement masculine, à 74,6% et, comme ailleurs, les catégories socioprofessionnelles aisées ont presque seules voix au chapitre. Mais surtout, le panel consiste en un alliage entre des intervenants réactionnaires peu connus du grand public, circulant principalement dans les réseaux médiatiques d'extrême droite, et des représentants plus « traditionnels » de l'extrême centre [7], gardiens de l'ordre estampillés « vu à la télé » et proches des sphères de pouvoir, politique et économique. Largement acquise dans l'espace public, la légitimité des seconds participe de la légitimation des premiers.

De l'extrême centre à l'extrême droite

Comprenant peu d'élus, la grille de Dimitri Pavlenko nécessite une approche plus qualitative pour qui souhaite mesurer sensiblement son « pluralisme ». Prenons par exemple la catégorie la plus fournie, celle des représentants de think-tanks, d'instituts ou d'associations (18).

Trois invités bénéficient de deux fauteuils chacun : Bruno Tertrais, directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique et membre de l'Institut Montaigne, un think-tank patronal, l'ultra-libérale Agnès Verdier-Molinié au titre de sa présidence de l'Ifrap, et Frédéric Dabi, directeur général à l'Ifop. Coqueluche des médias dominants, égérie de Valeurs actuelles, la seconde est invitée une première fois (20/10) pour étriller « l'utilisation de l'argent asile-immigration mais aussi l'argent du social » et aligner les poncifs d'extrême droite les plus crasses contre les immigrés [8]. Rappelée deux mois plus tard, Agnès Verdier-Molinié déverse de nouveau son fiel sur « le taux de chômage [très élevé] des non natifs » [sic] et les « personnes plutôt âgées [...] qui viennent pour retrouver leurs familles et peut-être, c'est une question aussi qu'il faut se poser, pour toucher le minimum vieillesse [...], pour se mettre dans une logique de profiter aussi du modèle social français. »

C'est encore au prisme d'une obsession extrême droitière et complotiste – le « grand remplacement » – que Dimitri Pavlenko lance à demi-mot l'interview d'un autre représentant du « cercle de la raison », Bruno Tertrais, le 30 août :

Dimitri Pavlenko : Vous venez de publier pour l'Institut Montaigne une note éclairante sur l'équation démographique de la France. Alors le constat que vous dressez est sans équivoque, je vous cite : « Si les tendances actuelles se poursuivent, dans les années qui viennent, l'apport migratoire va constituer l'essentiel de la croissance de la population française. » Vous êtes en train de nous dire, Bruno Tertrais, que la France va changer ?

Un mois plus tard (7/11), le même intervenant est devenu « expert » du conflit au Proche-Orient. Et Dimitri Pavlenko continue de l'orienter sur le terrain de l'extrême droite : « Est-ce qu'il faut voir à travers cette attaque et les réactions qu'elle suscite dans le monde entier, un choc entre deux civilisations, l'Occident d'un côté contre le monde arabo-musulman ? » « Je ne crois pas », répond d'abord Bruno Tertrais, avant de théoriser un « affrontement » et une « épreuve de force généralisée » entre des « sociétés plutôt démocratiques et libérales, sociétés civilisées » et des « dictatures ou pouvoirs autoritaires. » Apprécions la « nuance » fort progressiste de l'analyse, qui ne fut rien moins que celle... du pouvoir politique en place.

Quant à Frédéric Dabi, il est convié le 18 octobre afin de promouvoir un sondage réalisé pour le compte du Figaro autour des élections européennes, bavarder comme de coutume sur le dynamisme du RN et la chute libre de La France insoumise, lesquels s'expliqueraient par un « effet Proche-Orient ». De nouveau sollicité le 6 novembre, il s'élance : « Le lien insécurité-immigration, il faut le dire, il est fait maintenant de manière automatique et majoritaire par les Français. D'ailleurs c'est Gérald Darmanin qui le premier en avait avant parlé il y a quelques années quand il avait publié des statistiques sur les délinquants étrangers à Paris. » Le grand n'importe quoi s'incarnant, encore une fois, dans un parfait numéro de duettiste :

- Frédéric Dabi : Ce n'est pas la priorité des priorités [...], mais il y a maintenant ce lien insécurité-immigration, un lien immigration-économie, un lien immigration-terrorisme, on l'a vu avec l'affaire de Dominique Bernard. [...] C'est un enjeu qui doit montrer que l'État a repris le contrôle.

- Dimitri Pavlenko : C'est un sujet sur lequel les Français considèrent que le pouvoir est faible.

- Frédéric Dabi : Exactement. C'est vraiment ça.

Parmi les think-tanks gravitant à l'intérieur du « cercle de la raison », on trouve également le Cevipof – représenté par Bruno Cautrès, sollicité lui aussi sur la « loi Immigration » [9] – et l'Institut Jacques Delors, en la personne de son « conseiller immigration » Jérôme Vignon, ancien haut-fonctionnaire et ancien président du Mouvement chrétien des cadres et dirigeants. Celui qui s'invitait en 2013 dans Le Monde pour revendiquer sa participation à la « Manif pour tous » [10] chante désormais sur Europe 1 les louanges du « Pacte immigration européen » [11] qui, « s'il réussit, il rétablira une forme d'état de droit entre responsabilité et solidarité » (19/09). Enfin, l'association « Unité laïque » et son président, Jean-Pierre Sakoun, bénéficie d'une invitation. Adoubée par des membres du gouvernement, admiratrice du maire de Cannes David Lisnard (LR), la structure porte les mêmes étendards (islamophobes) que le Printemps Républicain : elle organise des conférences avec Florence Bergeaud-Backler et Nathalie Heinich, relaie des publications de Franc-Tireur, fustige l'ancien ministre de l'Éducation nationale Pap Ndiaye à l'antenne de Sud Radio, ne parle d'école publique que pour dénoncer une prétendue « offensive islamiste » en son sein (X, 27/10/22) et qualifie Sandrine Rousseau de « supplétive de la domination patriarcale islamiste, comme son acolyte Piolle, au nom de leur vision différentialiste, racialiste et in fine paternaliste de la société. » (X, 3/10/2022) Pour terminer le tableau, trois structures sont reçues pour parler du conflit opposant Israël aux Palestiniens et de ses répercussions en France : la Licra, le Crif et le Consistoire Central israélite de France (nous y reviendrons).

S'ajoutent à ces interlocuteurs plusieurs personnalités évoluant dans les réseaux et les médias d'extrême droite. Le directeur-adjoint de la rédaction de la revue Causeur et président de l'Association des conservateurs britanniques de Paris, Jeremy Stubbs ; le directeur de l'Institut pour la justice [12], Pierre-Marie Sève ; la déléguée générale de SOS Éducation [13], Sophie Audugé, et last but not least, Nicolas Pouvreau-Monti, cofondateur de l'Observatoire immigration et démographie. Lancé en 2020 par un manifeste cristallin publié dans les pages de Causeur, courtisé par toute la galaxie médiatique réactionnaire – de CNews au Figaro en passant par Sud Radio, le JDD et donc, Europe 1 –, cet observatoire décrié jusque dans L'Express [14] est promu dans Valeurs actuelles [15] : « Tribunes dans la presse, études relayées à la télévision, à l'instar de CNews, chiffres pris en exemple par Éric Zemmour, les travaux de l'OID "pèsent" de plus en plus dans le débat public. » Un palmarès qui parle pour lui.

En dehors de Muriel Réus – présidente de l'association « Femmes avec » – invitée pour aborder le système de domination patriarcale et les violences sexistes et sexuelles (24/11), tous les intervenants véhiculent donc, là encore, des visions du monde, des perspectives et des argumentaires au mieux conservateurs, au pire réactionnaires.

Les cadrages de l'extrême droite colonisent l'antenne

Comme on a pu l'entrevoir, Dimitri Pavlenko impose les cadrages de droite et d'extrême droite pour aborder les informations sociales, économiques et politiques à son agenda, en dépit de l'apparente diversité des « actualités » traitées dans son émission, réparties comme suit [16] :

Les entretiens portant spécifiquement sur des questions économiques (3) se font en compagnie d'orthodoxes du néolibéralisme : le ministre des Comptes publics est invité pour prôner l'austérité budgétaire et le poids de la dette (7/09), Agnès Verdier-Molinié pour fustiger les dépenses publiques (20/10) et Frédéric Descrozaille, député Renaissance, pour défendre le capital et affirmer que face à l'inflation, « il n'y pas eu la révélation de ce qu'on peut appeler les profiteurs de crise » (28/09). Bref, dans un contexte d'accroissement des inégalités, alors que les multinationales encaissent des superprofits, que s'accumulent les mesures antisociales et que l'inflation grève le quotidien de millions de Français, l'ordre établi est bien gardé... et peu traité.

  • Proche-Orient : propagande israélienne à la Une

Sur la période étudiée, c'est la situation au Proche-Orient qui fait la Une (15 interviews), également évoquée au cours des trois entretiens relatifs aux discriminations – où seule la question de l'antisémitisme est abordée.

Au cours de ces quinze entretiens, le présentateur ne donnera pas une seule fois le bilan des civils tués par l'armée israélienne à Gaza [17]. En trois mois, aucune voix palestinienne, en soutien du peuple palestinien ou simplement en capacité de donner des informations sur la situation humanitaire à Gaza ne sera donnée à entendre. À l'exception du 25 décembre, où Antoine-Marie Izoard, directeur de la revue Famille chrétienne, est interrogé sur l'annulation des célébrations de Noël à Bethléem et... sur « [l]es chrétiens qui souffrent presque en silence et dans l'indifférence » [18]. Traduit en chiffres, cela donne cet effarant constat : sur près de deux heures d'antenne cumulées consacrées à la situation au Proche-Orient, à peine une minute trente est dédiée à Gaza et à ses habitants, chrétiens, uniquement. Seulement 6 minutes sur plus de cinq heures chez Sonia Mabrouk.

En lieu et place, la communication, les stratégies et les préoccupations du gouvernement d'extrême droite israélien constituent une ligne rouge omniprésente, à laquelle s'ajoute la question des otages. Convié à trois reprises, le général Christophe Gomart affirme par exemple que l'armée israélienne a donné « la preuve d'une armée parfaitement démocratique » en ayant reconnu avoir tué trois otages (18/12). Début décembre, le publicitaire Franck Tapiro invente ses propres buts de guerre : « libérer la population palestinienne », « essayer d'imaginer un espoir de paix dans la région », et, enfin, empêcher que s'« export[e] le djihad islamique ici, chez nous. [...] Israël est au front pour la défense de nos valeurs [...]. Voilà pourquoi il faut le soutenir ». (1/12) Quant au journaliste Stéphane Amar, résidant à Jérusalem, il est sollicité à deux reprises pour lui aussi diffuser, outre des fake-news, une défense acharnée de la politique de Netanyahou : « Il n'y a pas de sentiment, ici, de disproportion dans la riposte israélienne. Quelle proportion peut-on amener aux massacres de bébés, à la décapitation de nourrissons ? » déclare-t-il notamment le 3 novembre, avant de poursuivre : « La détermination des Israéliens est intacte. Ces considérations de disproportion, d'atteinte aux civils comptent autant, je dirais, que pour Winston Churchill quand il ordonnait le bombardement de Dresde ou que Roosevelt ordonnait le bombardement d'Hiroshima. » La contradiction de l'intervieweur est inexistante :

- Stéphane Amar : Le Conseil des droits de l'Homme épargne l'Iran [...], la Corée du Nord, épargne même la Russie de Poutine et s'acharne de manière grotesque, de manière cette fois-ci complètement disproportionnée, contre Israël.

- Dimitri Pavlenko : Mais comment ça s'explique ce harcèlement, pardonnez-moi, le mot n'est peut-être pas le bon, mais ce harcèlement onusien, cet acharnement à condamner Israël ?

« L'Assemblée générale [de l'ONU] est dominée par des dictatures » sera l'une des outrances avancées (sans contradiction) en guise d'explication par le journaliste. Fermez le ban.

  • Immigration et insécurité : des thématiques omniprésentes

Compte tenu de l'actualité du champ politique sur la période étudiée – marquée par le débat parlementaire autour de la « Loi immigration » et par l'attentat à Arras –, deux des thématiques-phares des droites sont prépondérantes dans l'agenda. L'immigration fait l'objet de 10 sujets spécifiques et 8 interviews sont consacrées à la thématique de l'« insécurité », auxquelles s'ajoutent 5 entretiens sur la question du terrorisme.

Sans surprise, sur Europe 1, l'immigration doit être « choisie », quand elle n'est pas présentée comme dangereuse, et les opposants à la loi n'ont tout simplement jamais voix au chapitre. Quant à l'« insécurité », elle est présentée comme endémique et est instrumentalisée pour mieux exciter les peurs. Un syndicaliste policier est invité pour évoquer un « phénomène de contagion » à propos de fausses alertes à la bombe (19/10) ; un procureur dénonce « l'omerta » à propos d' « entreprises du BTP de Grenoble rackettées » (8/12) ; Dimitri Pavlenko titre une interview « Fabienne, assassinée par un migrant », en recevant la sœur de cette dernière (7/12) ; une journaliste d'Europe 1 est elle aussi sollicitée comme témoin pour amplifier un fait divers et évoquer le cas de son enfant maltraité en crèche (6/09) ; quant au meurtre de Thomas à Crépol, il serait le fait d'une « frange de la population [refusant] toute forme de citoyenneté et d'intégration » selon la maire (ex-LR) de Romans-sur-Isère (29/11) et témoignerait, d'après un maire divers droite, de « déserts de sécurité » dans les campagnes françaises (21/11), où sévit une insécurité « tentaculaire » aux yeux d'un « expert » d'extrême droite (22/11). Dans un tel chaos radiophonique, on ne s'étonne guère de voir Dimitri Pavlenko convoquer un « entrepreneur et essayiste » pour son « plaidoyer en faveur [...] de la vidéoprotection », « source de liberté » (29/09), ni d'assister à la promotion d'« agents de sécurité dans les quartiers sensibles » (4/12)... Et encore moins de constater que le seul entretien catégorisé dans la rubrique « Justice » est dédié à la libération du policier ayant tué Nahel (16/11). C'est d'ailleurs l'avocat du fonctionnaire, Laurent-Franck Liénard, qui se voit dérouler le tapis rouge, au prix de renversements pour le moins spectaculaires : « Comment [le policier] va aujourd'hui, est-ce que vous pouvez nous raconter un peu par quelles étapes il est passé [...] depuis ce 27 juin fatal pour lui ? » ; « Défendre des policiers aujourd'hui, c'est prendre des risques pour sa vie également, maître Liénard ? »

Même lorsque l'immigration ou l'insécurité ne sont pas a priori à l'agenda, les prismes sécuritaire, identitaire et xénophobe gangrènent les entretiens. Les nombreuses interviews consacrées à l'école (8) sont un bon exemple. Notons pour commencer que les personnels de l'Éducation nationale n'y ont que peu la parole [19] : un professeur retraité (Jean-Paul Brighelli) et une professeure officiant dans le secondaire (Eve Vaguerlant)... tous deux habitués des plateaux de CNews et auteurs dans Causeur – chroniqueur même, s'agissant du premier, anciennement encarté dans le parti de Nicolas Dupont-Aignan. Ainsi, interrogée par Dimitri Pavlenko à propos du « vrai malaise des enseignants », soit, dans son imaginaire, une inhibition pour « parler de l'héritage chrétien de la société française », Eve Vaguerlant n'hésite pas à disserter sur « l'islamisation de l'école » après avoir fantasmé dans un joli contresens un « refus bourdieusien de la transmission de la culture et du savoir » au nom duquel « en cours de musique, on chante des chansons de Pink au lieu d'écouter du Beethoven ». À bien écouter la matinale d'Europe 1, les problèmes majeurs de l'école concernent l'autorité, l'abaya et le harcèlement scolaire, auquel sont consacrés trois entretiens sur huit – les trois thématiques ayant été au cœur de l'agenda gouvernemental à la rentrée 2023. Aussi apprend-on à longueur d'antenne que « les profs ont peur » (11/12), qu'« il faut être dans la fermeté » face au déclin de l'autorité (14/12) ou encore que « l'immigration tire le niveau vers le bas » (13/12). Quant aux problématiques constituant le cœur des préoccupations syndicales – déficit structurel de moyens humains et matériels, maltraitance des personnels et précarisation grandissante de tous les corps de métier, crise du remplacement et des vocations, classes surchargées, etc. – elles sont reléguées aux marges ou tout simplement ignorées. L'antenne ne s'entoure d'ailleurs d'aucun syndicaliste travaillant dans un service public… excepté la police [20].

Les entretiens relatifs aux questions de santé (6) pâtissent du même angle mort : alors que l'hôpital public est en décrépitude, aucune interview ne lui est consacrée. En revanche, Dimitri Pavlenko prend soin de ne pas faire l'impasse sur l'Aide médicale d'État, « une des composantes de l'attractivité médicale française » selon ses mots, qui le conduit à inviter une « consultante santé et spécialiste de la facturation des soins » visiblement ravie de pouvoir pointer les « abus du tourisme médical » et de stigmatiser les étrangers en situation irrégulière (17/12). Europe 1 ayant la passion du débat, un seul entretien est consacré à celui portant sur le « projet de loi fin de vie », en compagnie d'un professeur émérite d'éthique médicale qui s'y déclare opposé [21].

  • L'écologie : une nuisance

À l'image du seul entretien portant sur la constitutionnalisation de l'IVG... et réalisé avec un homme [22], l'écologie se discute sans écologistes et sans la gauche. Trois interviews, en tout et pour tout, se contentent de recycler le prêt-à-penser le plus droitier sur ces questions. Le très médiatique Antoine Bueno, ancien chroniqueur d'Europe 1, présenté comme « essayiste [...] prospectiviste » et « conseiller au Sénat sur les questions de développement durable » se charge de diffuser la vulgate : haro sur l'« idéologie [...] et [la] pensée unique qui conduiraient à faire croire que l'écologie, c'est la décroissance » et bénie soit « l'économie de marché », qui est certes présentée comme « la cause du désastre environnemental » mais qui « ne peut être que la solution à la transition environnementale » (15/09).

Une fois le cadrage posé, Dimitri Pavlenko débloque deux créneaux pour fustiger les militants écologistes. Une première fois avec Bernard Carayon, maire LR passé par le GUD [23], qui montre son sens de la nuance et sa connaissance de la société française pour décrire les manifestants contre le projet d'A69 – projet selon lui « très consensuel » : « Il y a eu à peu près 5 000 manifestants : 2 500 qui relèvent en quelque sorte de la famille chichon, les derniers lecteurs de Libération ; et puis 2 500 voyous, militants ultra violents de l'extrême gauche radicale verte-rouge. » (21/10) Et une seconde fois en compagnie du journaliste Marc Lomazzi, auteur d'un livre sur les Soulèvements de la Terre au titre éloquent : Ultra écologicus, les nouveaux croisés de l'écologie. Naturellement, il est exclusivement question des modes d'action du collectif, criminalisé à travers l'emploi d'une métaphore guerrière filée : « ultra-gauche », « écologie radicale », « intrusions violentes », « éco-sabotage », « opérations impressionnantes sur un plan tactique », « force de frappe », « base-arrière », « méthode d'action type black-bloc parfois extrêmement violente », « éco-warriors », « souvent fichés S ». « C'est l'idéologie rouge et noire, révolutionnaire, d'extrême gauche qui déteint sur la cause verte ? » l'interroge benoîtement Dimitri Pavlenko, après avoir donné le ton dans sa question inaugurale :

Dimitri Pavlenko : Il ne se passe pas un jour ou presque sans que les Soulèvements de la Terre passent à l'action en un endroit du territoire, le plus souvent sous les radars de l'actualité nationale. Dans une note [...], le renseignement territorial constate que le mouvement écologiste radical a changé de tactique : les chefs sont passés dans la clandestinité, ça se militarise, on pilote des actions de sabotage. [...] Les Soulèvements de la Terre, est-ce qu'ils sont en train de devenir une sorte d'Action directe du climat ?

Apprécions la comparaison...

  • Haro sur les contre-pouvoirs

Systématiquement exclus des entretiens, les intervenants en capacité d'apporter une contradiction étayée au prêt-à-penser libéral, antisocial, autoritaire, sécuritaire et xénophobe n'en sont pas moins pilonnés en leur absence. Piétiner toute forme de contre-pouvoir : une tradition ancestrale de l'extrême droite. Les libertés publiques ? Dimitri Pavlenko a son invité tout trouvé : « Vous dites que [...] la CNIL [Commission nationale de l'informatique et des libertés] joue contre les Français [...], c'est une sorte de cour suprême qui empêche d'avoir un débat serein et éclairé sur la question de la vidéosurveillance. » (Face à Robin Rivaton, 29/09) Les associations de défense des droits humains et des exilés ? Elles aussi sont dans le viseur du présentateur, comme le montre sa première question à Agnès Verdier-Molinié, à propos de la famille de l'assassin du professeur Dominique Bernard (20/10) :

Dimitri Pavlenko : Alors est-ce que ces gens sont des experts du droit d'asile ? Pas la peine, puisqu'il existe en France un écosystème d'associations pour les assister juridiquement ! La Cimade, le Gisti, France Terre d'asile, Utopia 56, il y en a beaucoup d'autres ! [...] Combien les associations d'aides aux migrants perçoivent-elles d'argent public ?

Le 17 octobre, c'est encore à l'avocat Philippe Fontana que Dimitri Pavlenko confie sans retenue le micro, pour des propos délirants à propos de la Cimade : « Je crains qu'elle partage une certaine idéologie, comme elle envoyait un bateau pour secourir les nord-vietnamiens dans les années 70, comme elle aidait les sandinistes en Amérique du Sud. C'est une association d'extrême gauche qui fera tout pour faire prévaloir son idéologie. »

Mais comme ailleurs, la cible de choix d'Europe 1 reste d'abord et avant tout La France insoumise. Une fois les intervenants triés sur le volet, Dimitri Pavlenko n'a plus qu'à ouvrir les vannes et laisser ses invités disserter en roue libre, sans jamais leur opposer le début du commencement d'une contradiction. Pierre-Henri Tavoillot, maître de conférences en philosophie, peut ainsi sereinement déclarer que « pour les Insoumis, le 6 octobre [sic], c'est-à-dire le jour du massacre du Hamas, c'est un point de détail », avant de préciser sa bouillie :

Pierre-Henri Tavoillot : L'extrémisme a changé de camp. Aujourd'hui, le Rassemblement national a cessé d'être un parti d'extrême droite et l'extrême gauche devient de plus en plus extrême gauche dans les deux sens, c'est-à-dire toute l'idéologie de l'extrême gauche, mais aussi véritablement un extrémisme avec à la fois ce qu'on peut appeler l'intolérance, et puis aussi par ailleurs, dans d'autres occasions, le culte de la violence. (11/11)

La veille (10/11), face à Serge Klarsfeld venu commenter la marche contre l'antisémitisme, Dimitri Pavlenko dégaine un leitmotiv islamophobe obsessionnel parmi les chiens de garde – « Peut-être qu'il y a en arrière-pensée, chez Jean-Luc Mélenchon, l'intention de draguer [...] l'électorat musulman qui est sensible à la cause palestinienne » – avant de laisser son invité livrer un vibrant plaidoyer à la gloire du RN, un « parti qui autrefois était antisémite, qui ne l'est plus depuis un certain nombre d'années et qui rejoint les valeurs républicaines » : « On se passera de l'extrême gauche antisioniste et antisémite et on accueillera le RN, devenu un parti fréquentable. » Le 8 octobre, déjà, le président de la Licra Marc Stasi est invité à évoquer le cas Jean-Luc Mélenchon, accusé d'avoir « choisi son camp, le camp de la haine [...]. J'ai honte pour la France, ce type est indigne de la classe politique, il sort de l'arc républicain. » Le 24 octobre, de nouveau encouragé par le présentateur, le président du Crif, Yonathan Arfi, qualifie d'« indécent » l'appel de Mathilde Panot (LFI) au cessez-le-feu à Gaza. Quant à l'entretien avec l'avocat Richard Malka (12/10), au cours duquel les militants de La France insoumise sont qualifiés de « populistes de la pire espèce », c'est un festival :

Richard Malka : LFI est le tombeau de la gauche. Mélenchon est le déshonneur. [...] Aujourd'hui, on ne peut plus ne pas voir que ce parti est un parti immoral. [...] La France insoumise, son programme électoral, c'est la défense de l'abaya et puis celle du Hamas aussi. [...] Ils considèrent, peu importe le fanatisme religieux, peu importe qu'il s'agisse de Daesh ou du Hamas ou de je ne sais qui, ils considèrent que les musulmans, y compris les fous de Dieu, eh bien ils doivent les défendre, quoi qu'ils fassent.

De longues minutes d'outrances, conclues par un présentateur béat : « Merci beaucoup Richard Malka. Paroles fortes ce matin sur Europe 1. Merci d'être venu nous voir. »

Et de la sorte, à l'infini. Promouvoir le RN et qualifier La France insoumise d'ennemi intérieur : une habitude quasi quotidienne à l'antenne d'Europe 1, jusqu'au billet « humoristique » de Gaspard Proust. Comme ailleurs, en pire, la novlangue orwellienne règne en maître sur les interviews audiovisuelles et la gauche, véritable bouc-émissaire, est inlassablement décrédibilisée : Europe 1, une propagande de tous les instants.

***

Marginalisation de la gauche politique ; prédominance des commentateurs réactionnaires et des représentants les plus droitiers du « cercle de la raison » ; omniprésence des thématiques et des thèses chères à l'extrême droite, avec un primat donné au ton spectaculaire et alarmiste ; invisibilisation de la question sociale, des argumentaires et des revendications syndicales du mouvement ouvrier ; stigmatisation de toute forme de contre-pouvoir et de toute pensée progressiste attachée à contester l'ordre établi... C'est entendu : les deux interviews dispensées dans la matinale d'Europe 1 piétinent le pluralisme (et l'information) dans les plus grandes largeurs.

À cela s'ajoutent les éditos de Vincent Hervouët, Alexis Brézet et Vincent Trémolet de Villers – hauts-gradés des rédactions de LCI et du Figaro –, mais aussi les « signatures » de Gaspard Proust, Philippe Val et Catherine Nay, trois têtes de gondole de la réaction, ou encore les interventions de Jérôme Béglé et Charlotte d'Ornellas, deux historiques de CNews : une matinale à droite toute ! Ce vaste panorama nous amène à considérer l'intérêt du recours porté par RSF devant le Conseil d'État, lequel enjoint à l'Arcom de prendre en compte l'ensemble des intervenants, au-delà des seules personnalités politiques, dans son appréciation du pluralisme. L'occasion de rappeler que ce dernier ne se mesure pas simplement à l'aune des « pedigrees » des différents intervenants, mais aussi – et peut-être, surtout – en fonction de la manière dont est problématisée l'information délivrée au public, comme des déséquilibres et des angles morts systématiques qui la mutilent...

Elvis Bruneaux et Pauline Perrenot

Annexe : La liste des invités de Dimitri Pavlenko.


[1] Voir par exemple « Une décision historique du Conseil d'État appelle à recadrer CNews », Mediapart, 13/02.

[2] En termes d'audience, si la matinale d'Europe 1 est la dernière du quinté concurrent (France Inter, France Info, RMC, RTL), elle réunit toutefois plus d'un million d'auditeurs chaque jour selon le dernier bilan de Médiamétrie (11/01) et reste le créneau le plus écouté de la station qui, comme s'en vante la maison, « progresse sur tous les indicateurs » (Europe 1, 12/01).

[3] Voir à ce sujet deux émissions d'Arrêt sur images : « Le trimestre anti-inflation, "une opération médiatique avant tout" » (28/04/2023) et « Patrons : "Les agences de com' ont gagné la bataille de la communication" » (9/12/2022).

[4] Voir notamment Mathieu Rigouste, Les marchands de peur. La bande à Bauer et l'idéologie sécuritaire, Libertalia, 2013.

[6] En pointe dans la plupart des emballements politico-médiatiques réactionnaires ; voir par exemple son rôle dans la séquence « ensauvagement » en 2020, que nous détaillons dans Les médias contre la gauche, pp. 203-208.

[7] Sur la notion d'« extrême centre », voir par exemple l'entretien de l'historien Johann Chapoutot par Lundi Matin (12/02) reprenant le concept de l'historien Pierre Serna.

[8] Par exemple : « Qui habite dans nos logements sociaux ? Là aussi ce sont les Français qui financent », s'indigne-t-elle avant de poursuivre : « Il n'y a pas que le coût des HLM, il y a le coût de l'éducation, de la santé donc tout ça au bout d'un moment, ça fait des dépenses publiques qui sont énormes, pour finalement des personnes qui ne devraient pas être en France et qui en plus se retrouvent à nuire. Typiquement, on l'a vu, avec des actes de terrorisme. Donc là, c'est vraiment du perdant-perdant pour les Français : ils financent et derrière, ils se font attaquer ».

[9] Un entretien dans lequel Bruno Cautrès tente fort laborieusement de défendre « l'aile gauche de la macronie » et d'expliquer que le RN a mis « la majorité complètement en porte-à-faux » en votant en faveur d'un texte qui « n'est pas du tout le texte d'origine du gouvernement ».

[10] « Chrétien et progressiste, j'irai manifester contre le "mariage pour tous" », Le Monde, 9/09/2013.

[11] À ce sujet, lire par exemple « Au niveau européen, un pacte migratoire "dangereux" et "déconnecté de la réalité" », Mediapart, 28/12/2023.

[15] « L'observatoire qui analyse et dépolitise l'immigration », Valeurs actuelles, 16/09/22.

[16] Les sujets étiquetés dans « Autres » (7) portent sur un engagement de la Fondation BNP Paribas auprès des Restos du cœur (Isabelle Giordano, 5/09) ; le commentaire de la venue de Charles III à Paris (Jeremy Stubbs, 20/09) ; la promotion d'un ouvrage de Jean-Pierre Le Goff sur Mai 68 (2/10) et de celui de la psychanalyste Judith Cohen Solal sur « l'humour juif » ; le travail de l'association « Unité Laïque » (Jean-Pierre Sakoun, 27/11) ; et enfin, les décès de Jean-Pierre Elkabbach (Catherine Nay, 4/10) et Jacques Delors (Jacques Attali, 28/12).

[17] Le 27 décembre, on l'entend seulement de la bouche du chercheur invité, Gilles Kepel, qui mentionne que les « bombardements de civils [...] auraient causé au moins 20 000 morts ».

[18] À cette occasion, l'invité mentionne seulement qu'« on a beaucoup prié pour la paroisse de Gaza » et que le Pape va « appeler à un cessez-le-feu ».

[19] Bien que présenté comme « professeur de culture générale », Joachim Le Floch-Imad (13/12) est surtout membre du bureau de Refondation républicaine, le mouvement politique de Jean-Pierre Chevènement, et était investi sous l'étiquette Renaissance lors des élections législatives de 2022, dans la Sarthe. Quant à Fatiha Agag-Boudjahlat (14/12), ancienne comparse de Céline Pina au sein du mouvement du mouvement Viv(r)e la République, elle est sans doute la proviseure-adjointe en collège la plus médiatisée dans l'audiovisuel... Voir, par exemple, le portrait que lui consacre Mediacités (22/03/2021).

[20] Matthieu Valet (25/09) et David Le Bars (9/10). Un troisième est président du syndicat ReAGJIR des jeunes médecins généralistes. Quant au quatrième et dernier syndicaliste invité, c'est du côté patronal que Dimitri Pavlenko va le chercher : Arnaud Rousseau, président de la FNSEA et, accessoirement, d'un mastodonte de l'agroalimentaire français (le groupe Avril).

[21] Les autres questions abordées concernent « la nécessité de prendre rendez-vous avec le médecin pour obtenir un certificat médical » (12/09), le vaccin contre le cancer du poumon avec un dirigeant d'entreprise cotée en bourse (13/09), un focus sur les « invisibles du soin » (6/10) et le « traitement des corps dans le plus grand centre d'anatomie d'Europe » (21/09).

[22] Le très médiatique Benjamin Morel, maître de conférences en droit public (31/10).

[23] « Bernard Carayon : du GUD aux alliances avec le FN », L'Humanité, 16/09/2023

31.03.2024 à 11:52

Israël-Palestine : un naufrage médiatique (vidéo)

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Acrimed débarque sur Blast, pour une série de vidéos de critique des médias. Premier épisode : Israël-Palestine, un naufrage médiatique (lire aussi, à ce sujet, le Médiacritiques n°49).

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