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03.02.2023 à 17:24

Qui est prêt à mourir pour le Donbass ou la Crimée?

Marc Chesney

Sans aucune consultation démocratique, nous voici tous embarqués sur une route bien dangereuse, voire apocalyptique. Comme aucun des gouvernements supposés démocratiques ne daigne poser aux populations concernées la question de leur éventuel sacrifice pour le Donbass ou la Crimée, chacun d’entre nous devrait se la poser en son for intérieur. Que ceux qui poussent à […]

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Texte intégral (1168 mots)

Sans aucune consultation démocratique, nous voici tous embarqués sur une route bien dangereuse, voire apocalyptique.

Comme aucun des gouvernements supposés démocratiques ne daigne poser aux populations concernées la question de leur éventuel sacrifice pour le Donbass ou la Crimée, chacun d’entre nous devrait se la poser en son for intérieur. Que ceux qui poussent à la guerre, au nom du droit qu’aurait chaque pays à se défendre, réfléchissent bien aux conséquences de ce conflit sur eux, leurs familles et proches. Au contraire, que ceux qui y sont opposés, et qui mettent au premier plan le droit de vivre et d’être respecté, se fassent entendre. Sans aucune consultation démocratique, nous voici tous embarqués sur une route bien dangereuse, voire apocalyptique.

Des poignées d’individus, en l’occurrence de sinistres ministres, généraux, producteurs d’armes et financiers, réunis en conciliabules à Ramstein, Davos ou ailleurs, décident de jouer au poker la vie de millions ou de milliards d’individus en pariant sur la réaction de Vladimir Poutine aux récentes décisions de livraisons de chars lourds à l’Ukraine. Certains «commentateurs autorisés» prétendent qu’il réagira de manière rationnelle, d’autres, parfois les mêmes avec un délai, qu’il est difficilement prévisible.

Des «responsables» politiques, comme Emmanuel Macron, déclarent que les livraisons d’armes lourdes ne font pas de leur pays un cobelligérant, d’autres qu’ils sont de fait en guerre avec la Russie. Ainsi selon les récentes affirmations d’Annalena Baerbock, membre du parti des verts et ministre des affaires étrangères allemande, «Nous menons une guerre contre la Russie et pas entre nous». Le chancelier Scholz a quant à lui déclaré qu’en matière de livraison de chars Leopard 2 et d’armes lourdes en général à l’Ukraine, « personne ne peut déterminer en quoi consiste une bonne ou mauvaise décision ». Bref, la confusion règne. Or ceux qui jouent au poker avec la vie de populations entières, devraient, s’ils ne voient pas clair, s’abstenir de prendre des décisions aussi graves. Ces dernières nourrissent la dynamique guerrière et ce d’autant plus que ces chars peuvent être armés de projectiles perforants à ogives à uranium appauvri et à longue portée, qui, s’ils étaient tirés, seraient considérés par la Russie, comme une utilisation de bombes nucléaires sales. À supposer que ces projectiles ne soient pas livrés par l’OTAN, il est probable que le gouvernement ukrainien cherche à s’en procurer sur le marché noir pour viser, sur le territoire russe, des centres de commandement ou des agglomérations. Les «responsables» occidentaux ont-ils perdu toute sorte de bon sens, ou conservent-ils encore un brin de jugeote pour comprendre le caractère irresponsable de leurs choix? Ce sont souvent des idéologues radicaux sur lesquels le souvenir des souffrances générées par la seconde guerre mondiale, n’a pas prise. Ils ont accès à de vastes abris antiatomiques et manifestement, ne jugent pas pertinent de considérer les risques et souffrances, en particulier pour la population ukrainienne restée sur place, de l’actuel conflit. Celui-ci représente à leurs yeux des opportunités stratégiques ainsi que financières et la paix n’est donc pas à l’ordre du jour. Il est d’ailleurs inquiétant de constater qu’en Suisse, les administrations cantonales et fédérale ne communiquent aucune véritable information concernant la protection des populations et les adresses d’abris aménagés. Cette impréparation n’est pas acceptable.


Pour quelques panzers de plus


Chaque gouvernement fait de la surenchère. Dans un premier temps, le Danemark, les pays baltes et l’Espagne se proposent de livrer quelques unités du chars Leopard 2, l’Allemagne 14, la Pologne 14. Qui dit mieux pour la grande enchère internationale organisée par l’OTAN? Il devrait être bientôt question de la livraison d’avions de chasse! Quid de la légitimité de gouvernements qui prennent des décisions aussi lourdes de conséquences, sans aucune consultation démocratique et qui se montrent incapables de garantir une sécurité minimale aux populations concernées? Le contrat social est rompu, et ce d’ailleurs depuis longtemps maintenant. Tous les signaux cruciaux sont au rouge: conflit en Europe avec risque d’escalade nucléaire, réchauffement climatique, perte de biodiversité, injustice sociale extrême. Il s’agit en réalité de la profonde faillite d’un système prédateur qui marchandise à l’extrême les rapports que les humains entretiennent entre eux, vis-à-vis de la nature, de l’art … et qui traite le commun des mortels comme des facteurs de production, devant se transformer, en cas de guerre, en facteurs de destruction, pour être le cas échéant détruits eux-mêmes. Il est temps de tourner la page, avant d’être emporté dans sa chute. Comme le disait Jean Jaurès à la veille de la première guerre mondiale «Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage!».


Les réactions négatives à ces tendances guerrières sont trop rares. La précarité et le matraquage médiatique tendent à rendre les populations malléables et corvéables à merci. Ces derniers temps, les flots quasi permanents de nouvelles insignifiantes concernant la retraite de Roger Federer, la Coupe du monde de football, les confidences de Messi ou Mbappé, la mort de la reine d’Angleterre, les mémoires anticipées du prince Harry… ont permis de détourner l’attention et ont contribué au lavage de cerveaux.


La propagande guerrière est, elle aussi, déversée sur tous les canaux médiatiques possibles. Comment concevoir un seul instant qu’il soit justifié de risquer l’existence de populations entières, pour que le Donbass soit ukrainien ou russe? La supposée guerre juste se ramène juste à une guerre, un conflit insupportable porteur d’énormes risques pour le genre humain.

Que ceux qui s’y opposent de part et d’autre du rideau de feu et qui veulent promouvoir la vie, se fassent entendre en organisant manifestations, grèves, en particulier dans les usines de production et les sociétés de transport de ces armes, et le cas échéant, en refusant de combattre.

Une version de cet article a été publiée dans Le Temps le 30 janvier 2023.

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26.01.2023 à 16:13

Fabien Roussel, le communiste qui plaît à la droite

Le Monde Moderne

Un récent sondage annonce Fabien Roussel plus apprécié par les Français que Jean-Luc Mélenchon. Si le résultat peut étonner, tout s’explique en observant l’étude de plus prêt. Analyse. C’est devenu une habitude pour qui suit régulièrement le monde politique sur les réseaux sociaux : l’instant “auto-congratulation Roussel”. Autrement dit, les proches du député du Nord […]

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Texte intégral (1038 mots)

Un récent sondage annonce Fabien Roussel plus apprécié par les Français que Jean-Luc Mélenchon. Si le résultat peut étonner, tout s’explique en observant l’étude de plus prêt. Analyse.

C’est devenu une habitude pour qui suit régulièrement le monde politique sur les réseaux sociaux : l’instant “auto-congratulation Roussel”. Autrement dit, les proches du député du Nord et les comptes de soutien tenus par son équipe multiplient les tweets encensant leur champion. La raison ? Des sondages jugés positifs.

La dernière démonstration de joie prêterait presque à sourire : selon un sondage, le chef de fil du PCF serait préféré à Jean-Luc Mélenchon par les Français… Moins d’un an après l’élection présidentielle où une vingtaine de points séparait les deux hommes au premier tour.

Pour comprendre ce résultat, nous nous sommes penchés sur l’étude.

Roussel gagne surtout… à droite.

Le chiffre parle de lui-même : 74% des sympathisants de droite disent préférer Fabien Roussel à Jean-Luc Mélenchon.

Serait-ce le résultat de ses propos étranges sur “la valeur travail”, que le communiste avait maladroitement opposée à la France de l’assistanat en septembre dernier ? Ou celui de ses critiques répétées contre la NUPES, qui a tant gêné la droite depuis juin ? Ou est-ce parce que cette même droite craint la capacité de Jean-Luc Mélenchon et des Insoumis à prendre un jour le pouvoir dans le pays, le candidat se rapprochant chaque fois un peu plus du second tour de l’élection présidentielle ? Impossible à dire, mais il est probable que l’ensemble de ces éléments expliquent le score obtenu.

Le communiste plait aussi majoritairement aux sympathisants d’Emmanuel Macron (68%) et à ceux… du Rassemblement national et de Reconquête (63%).

Des scores qui se confirment aussi sociologiquement : Roussel réalise son plus gros score chez les retraités, qui massivement voté à droite en 2022… et qui le favorisent à 73%.

Intéressant également : les scores ont tendance à s’équilibrer, voire à s’inverser, lorsque l’on considère des marqueurs de gauche. C’est ainsi que Jean-Luc Mélenchon séduit davantage les jeunes (+9 points chez les 18-24 ans) ou les foyers les plus pauvres (+3 points).

Enfin, si le score total chez les sympathisants de gauche met les 2 hommes à égalité presque parfaite, une observation s’impose : Jean-Luc Mélenchon est largement plébiscité chez les sympathisants Insoumis (80%). En considérant les résultats de la dernière élection présidentielle, le nombre d’électeurs et la force mobilisatrice des Insoumis, on peut aisément penser que ce score représente bien plus de monde que les sympathisants PS (1,75% en avril dernier) ou EELV (4,63%), qui ont plutôt penché pour Roussel.

Vraiment pertinent ?

Ce type de sondages peut-il être considéré comme pertinent ?

En enfermant l’opposition sur deux hommes proches sur l’échiquier politique, mais en interrogeant l’intégralité des tendances électorales du pays, la méthodologie de l’enquête pose question. Sur quel critère un électeur de droite se base-t-il pour trancher entre deux hommes défendant deux programmes aussi proches ? Et surtout : quel est l’intérêt d’une telle enquête, si loin de la prochaine échéance électorale ?

Des interrogations qui se fondent également sur la réalité électorale du pays : 20 points séparaient Jean-Luc Mélenchon (22%) et Fabien Roussel (2%) au premier tour de l’élection présidentielle en avril dernier.

Bien sûr, la lecture de l’étude permet de comprendre que les gens qui préfèrent le communiste à l’Insoumis sont des gens… qui ne voteront pas pour lui. Car une fois dans l’isoloir, c’est bien le bulletin Macron, Le Pen, Zemmour ou Pécresse qu’ont glissé dans l’urne ceux qui plébiscitent Roussel dans cette étude.

Autrement dit : c’est en étant préféré par la droite, que Roussel se retrouve devant Mélenchon dans cette étude… mais pas par la gauche. Pas forcément de quoi se réjouir donc pour le candidat communiste, qui ne peut projeter ni percée électorale, ni victoire idéologique dans un tel résultat.

En considérant que l’accession au second tour de l’élection présidentielle ne se joue pas sur la mobilisation de l’intégralité des Français, mais bien de son propre camp politique, on comprend même que Fabien Roussel n’a pas progressé sur le sujet depuis avril dernier. Et pire encore : on peut craindre pour le communiste que sa responsabilité sur l’absence de la gauche au second tour (de nombreux Insoumis pointant du doigt que les voix récoltées par Roussel auraient suffit à placer Mélenchon devant Le Pen) n’installe un plafond de verre l’empêchant de rassembler la gauche dans les urnes. Un futur point à étudier dans les études d’opinion ?

Roussel : des sondages… et des nuages

Reste que, malgré les tweets enthousiastes des proches de Roussel grâce au titre de l’étude, tout n’est pas rose pour le candidat communiste, toujours poursuivi par une affaire d’emploi fictif à l’Assemblée nationale, et loin d’être assuré d’une victoire lors du prochain Congrès du PCF, dont un premier voter aura lieu à la fin du mois de janvier. En cas de défaite, Fabien Roussel perdrait les rennes de son parti politique. Une défaite que ne saurait lui éviter ses aficionados de droite… Un problème que Jean-Luc Mélenchon ne rencontre pas à la France insoumise, où l’ancien candidat à la présidentielle est toujours largement plébiscité (80%).

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20.01.2023 à 17:43

Mesdames, Messieurs les censeurs, bonsoir

Alexis Poulin

J’ai fait le choix d’être un journaliste indépendant il y a quelques années déjà et ce choix n’est pas anodin.

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Texte intégral (2185 mots)

La censure de RT France est un précédent qui devrait inquiéter tous les journalistes, car l’État, secondé par la commission européenne, se lance dorénavant dans une logique de labellisation des médias et de censure, qui n’a aucune limite. 

La chaîne d’information RT France n’est plus. Beaucoup s’en réjouissent. Comme s’il existait une bonne ou une mauvaise censure. Après des mois d’une lutte acharnée menée par la commission européenne pour censurer la chaîne, le trésor public français a finalement porté l’estocade, en obéissant servilement à une enième sanction européenne pour assurer la fin des opérations de RT en France.

Je suis fier d’avoir choisi d’y travailler pendant plusieurs années, même si cela hérisse le poil des chiens de garde de la bien-pensance. 

Les médias ayant pignon sur rue, légitimés par le camp autoproclamé du bien, ne font que relayer un discours fade, unique et stéréotypé. Le travail d’analyse, de confrontation des idées, de recul sur les évènements et de synthèse disparait dans l’indifférence généralisée. Il convient de rassurer, d’effrayer ou de relayer la propagande d’État en l’érigeant en ligne éditoriale car la liberté de la presse est une liberté conditionnelle.

Une grande partie du peuple ne s’y méprend pas, constatant bien que les théories dites complotistes deviennent révélations de vérité avec le temps. Mais là encore dans des niches trop peu visibles, trop peu suivies, trop peu lues, trop peu écoutées, trop peu relayées et bientôt traquées par un projet liberticide bien plus grand qu’une réforme des retraites ou la censure d’une chaîne de télé. 

J’ai pu m’exprimer sur RT comme je n’aurais jamais pu le faire ailleurs. Je n’ai jamais reçu d’ordre quelconque. L’argent du Kremlin n’a clairement pas fait de moi un millionnaire. Alors basta! Je n’ai à me défendre de rien. Ceux qui jugent, eux, le devraient. Se défendre de leur couardise, de leur suivisme, par peur, de ne plus être appelé, de ne plus être rémunéré, d’être définitivement ostracisé. Est-ce que la soupe était bonne à Boulogne ? Ni plus ni moins qu’ailleurs. Et aujourd’hui, ayant pris un risque que quasiment personne n’a accepté de prendre en France pour continuer à informer de manière impartiale, oui, je ne suis plus payé. Et pour autant, jamais ce choix, je ne regretterai. 

J’écris dans le train qui me ramène d’Auxerre, où j’ai joué hier mon spectacle documentaire « L’homme qui tua Mouammar Kadhafi », un spectacle évoquant déjà la corruption au coeur du pouvoir. J’ai pu y voir des gens curieux de la chose publique, informés, et conscients des limites de l’information, mais aussi deux jeunes libyens, qui nous ont parlé de leur pays après Kadhafi.

Depuis la fenêtre du TER, je vois défiler ces villages de la France périphérique, maisons individuelles en lotissements, cimetières, fermes biscornues, champs et jachères, hangars rouillés et vides. C’est ici que vivent les Français, loin des jeux de cour parisiens, où la danse de l’argent et du pouvoir rythme les jours et les nuits des ambitieux qui ne rêvent que de gloire et de puissance artificielle.

Hier, j’ai pu manifester contre la réforme des retraites dans les rues d’Auxerre, et il y avait du monde, tous âges confondus, pour se lever contre le projet de maltraitance institutionnelle porté par ce président si mal élu qu’est Emmanuel Macron.

Les Français ne sont pas dupes

Les Français ne sont pas dupes, ils sont conscients de la compromission de ce président de pacotille avec les lobbies de l’argent. L’affaire McKinsey n’est pas oubliée, malgré le travail acharné des médias aux ordres pour tout faire oublier par la distraction, là où les affaires consécutives auraient déjà dû faire tomber trois ou quatre gouvernements.

« Ça passe » comme le disait avec un étonnement touchant Edouard Philippe, autre grand maltraitant de la caste, mis en scène par les oligarques comme un probable successeur à l’enfant prodige de la commission Attali.

Les Français ne sont pas dupes, mais ils sont dépossédés. Ils sont conscients du simulacre démocratique, qui leur impose un lobbyiste pour un autre, tous les 5 ans. Ils sont conscients de leur perte de libertés et de choix, ils sont parfois résignés, empêtrés dans le combat quotidien pour eux et pour leurs proches, parfois en colère, mais sans solutions. Et parfois, un mot d’ordre permet de se retrouver, ensemble, pour montrer que la résignation n’est pas totale, que la dépolitisation des citoyens en marche, marque un arrêt, que la majorité silencieuse n’est pas celle qu’on croit.

Les médias sont redevenus un outil du pouvoir après une brève période de liberté d’expression et d’opinion. Les lois successives depuis Balladur ont permis aux oligarques de mettre la main sur la majeure partie du paysage médiatique national, dans une course à l’optimisation fiscale et à la fabrique du consentement inédite. 

Il y a toujours eu une presse de cour, mais jamais autant de courtisans. 

J’ai fait le choix d’être un journaliste indépendant il y a quelques années déjà et ce choix n’est pas anodin. Il suffit de voir comment l’élite autoproclamée, qui se réunit à Davos pour célébrer son génie, fuit les journalistes indépendants dans les rues du petit village suisse pour comprendre que ce qu’il reste du journalisme est là, dans ces quelques têtes brûlées qui ont choisi de poser les questions qui fâchent, de respecter la charte de Munich et de ne jamais prendre un communiqué de presse gouvernemental comme une information, mais bien comme un élément de propagande. 

Nous sommes trop peu nombreux à faire ce travail, pourtant simple et essentiel, de critique sociale. Chacun connaît les limites à ne pas franchir pour ne pas froisser sa rédaction, chacun connaît les sujets tabous qui disqualifient immédiatement le porteur d’une carte de presse en militant séditieux.

Ce choix de l’indépendance m’a amené à créer mon média, lemondemoderne.media, et à essayer de faire un travail d’éducation aux médias et de critique depuis 2017. Il m’a aussi amené sur de nombreux plateaux de télé et de radio, qui peu à peu m’ont fermé leurs portes pour excès de franchise. Ainsi, mon désir de continuer à parler avec sincérité m’a amené chez RT France, où j’ai pu, en toute indépendance éditoriale, faire mon travail de critique. 

J’ai pu alerter contre l’aberration du pass vaccinal, contre l’imposture Macron, président des ultra riches et manipulateur féroce, contre la violence institutionnelle et les mensonges du gouvernement. Dans un certain sentiment de solitude, j’ai pu donner à entendre une voix dissonante, une critique, un autre champ du débat.

Mais c’était sans compter sur l’acharnement élyséen contre RT France.

Dès son élection en 2017, à la suite des Macronleaks, qui révélaient déjà la proximité problématique d’Emmanuel Macron avec le cabinet de conseil américain McKinsey, le président de la République a décidé de faire la guerre à RT France, les accusant de propagande et leur refusant même l’accréditation aux rares conférences de presse du palais.

La guerre en Ukraine a été l’aubaine pour parachever la censure totale d’une voix dissidente et s’assurer, sous couvert de défense de la démocratie, un paysage médiatique obéissant et faible, tout entier concentré sur la survie mondaine et la critique de façade.

Cette censure est inacceptable. Plus encore, voir les propagandistes officiels appeler la censure de leurs voeux et se réjouir de la mise à mort d’une rédaction indépendante des flux d’argents français, est glaçant. C’est un précédent qui devrait inquiéter tous les journalistes, car l’État, secondé par la commission européenne, se lance dorénavant dans une logique de labellisation et de censure, qui n’a aucune limite. 

Une seule voix est désormais autorisée, balayant d’un revers de la main toute idée de démocratie, et bafouant par la même occasion la déclaration universelle des droits de l’homme et la soit-disant si précieuse charte des droits fondamentaux de l’UE dont voici l’article 11 :

Article 11 – Liberté d’expression et d’information 

  1. Toute personne a droit à la liberté d’expression. Ce droit comprend la liberté d’opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu’il puisse y avoir ingérence d’autorités publiques et sans considération de frontières.
  2. La liberté des médias et leur pluralisme sont respectés.

De quelles valeurs européennes parlent donc Emmanuel Macron ou Ursula Von der Leyen, quand ils se réjouissent de censurer les médias? Quel fondement de droit les autorise à contraindre des millions de citoyens à des politiques de santé publique basées, non sur le fait scientifique, mais sur le seul lobbying intensif des grands laboratoires déjà multicondamnés? 

Je suis sidéré par le silence gêné des journalistes, plus encore que par la joie malsaine de certains va-t-en-guerre, trop heureux de voir leur propagande triompher pour emmener l’Europe au désastre.

Soyons clairs, cette guerre doit cesser immédiatement, avec des négociations autour d’une table et non pas un simulacre comme l’ont été les accords de Minsk.

Non, les armes n’apporteront pas la paix, comme le dit avec cynisme le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stolenberg, mais les armes apporteront bien plus de morts, de mutilés et d’orphelins, pour que finalement, quelques milliardaires se mettent d’accord autour d’une grande table, dans un salon doré. Toutes les guerres sont les mêmes: des machines à produire du cash et de la chair sanguinolente.

Cette condamnation ne m’a pas empêché de travailler au sein d’une rédaction pluraliste où toutes les opinions étaient représentées et dont le professionnalisme des journalistes qui la composaient n’est pas à prouver. 

Que les Savonarole de bas étage rangent leurs accusations de « complotiste », de « traître » ou autres débilités visant à masquer trop mal leur indigence intellectuelle. Ces censeurs aux petits pieds ne sont que la représentation médiatique de la médiocratie ambiante, où la bêtise triomphante tient lieu de phare de la pensée unique, et où l’esprit critique est vilipendé par des validateurs de vérité officielle qui n’ont pour métier que de défendre la propagande gouvernementale, dans un souci de paix sociale, par le contrôle social.

Oui, nous vivons des heures sombres, pour nos libertés, pour notre liberté de parole et pour notre liberté de penser.

Mais ce n’est pas une raison pour abdiquer, certainement pas une raison pour baisser la tête, et accepter la censure par les médiocres et les vendus, non, c’est le moment où jamais d’être féroce, absolument féroce, et de ne plus laisser une once de terrain aux menteurs compulsifs qui prétendent gouverner des peuples qu’ils maltraitent au nom de l’intérêt des possédants.

Nous avons plus que jamais besoin de vous pour exister, de votre audience, de votre soutien.

L’information a un prix, celui de la liberté.

Alexis Poulin
20 janvier 2023

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01.08.2022 à 15:58

Les Uber Files et la corruption académique

Marc Chesney

Comment les grandes banques ont créé un corps professoral ex-nihilo, tout au service des intérêts des marchés dérégulés. Prof. Marc Chesney (intiatlement paru dans le Temps, le 19/07/22) Récemment les Uber Files ont révélé que des professeurs de finance ou d’économie, connus dans leur pays respectif, la France et l’Allemagne, avaient écrit en 2016 des […]

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Texte intégral (1064 mots)

Comment les grandes banques ont créé un corps professoral ex-nihilo, tout au service des intérêts des marchés dérégulés.

Prof. Marc Chesney (intiatlement paru dans le Temps, le 19/07/22)

Récemment les Uber Files ont révélé que des professeurs de finance ou d’économie, connus dans leur pays respectif, la France et l’Allemagne, avaient écrit en 2016 des rapports commandés par Uber, pour vanter les mérites de cette société en termes de supposés désenclavement des banlieues ou d’augmentation de la productivité. Mettre en avant les salaires des chauffeurs, de 20 euros par heure, sans d’ailleurs tenir compte des frais d’assurance et d’essence, alors que ces auteurs auraient perçu 100.000 euros chacun pour ce travail de lobbying, ne manque pas de piquant… et de cynisme. Plus généralement, il s’agissait de promouvoir l’ubérisation de l’économie, c’est-à-dire en réalité une précarisation accélérée des conditions de travail.

Le monde universitaire en économie et finance, feutré par excellence, joue ainsi un rôle essentiel dans la défense d’intérêts bien particuliers. Recevoir des compléments de salaire de grandes institutions, ou espérer y avoir accès, y incite. La presse fournit ponctuellement quelques exemples. Selon Le Monde Diplomatique de mai 2011, avant la crise financière de 2008, un professeur réputé de la London Business School, aurait ainsi été grassement rémunéré pour apparaître comme auteur d’un rapport vantant les prouesses du secteur financier en Islande. On connaît la suite, les trois grandes banques du pays ont fait faillite en quelques jours en 2008.

L’arbre qui cache la forêt

Ces exemples médiatisés sont l’arbre qui cache la forêt. Ils mettent en lumière un phénomène de corruption au sein du monde académique. Pour mieux comprendre et situer ce phénomène, il convient de remonter le temps pour remarquer que les premiers départements à part entière de finance, ont été créés dans les années 1980, 1990.

Auparavant, les quelques professeurs actifs dans ces domaines faisaient partie de départements d’économie ou de gestion. C’était l’époque où le néo-libéralisme, avec ses vagues de dérégulations et de privatisations, a commencé à jouer un rôle dominant. Les professeurs ayant une formation classique en économie ou en gestion ne pouvaient pas vraiment répondre aux nouvelles questions que se posaient dorénavant les institutions financières. Il s’agissait ni plus ni moins que de changer leur business model. La tâche classique des banques, qui consiste à générer un profit sur la base de la différence entre taux prêteurs et emprunteurs, était et est toujours une activité lente, pour ne pas dire ennuyeuse pour les nouvelles générations de banquiers. Les vagues de dérégulations et de privatisations, d’une part, et de progrès informatique, d’autre part, ont permis à d’autres activités d’émerger, sources de profits larges et rapides. La gestion des fusions et acquisitions ainsi que le développement d’immenses salles de marché, où étaient traités actions, obligations, produits dérivés… ont donné le jour respectivement à la finance d’entreprise et à celle de marché. Dans ce dernier cas, une formation initiale en mathématiques, physique ou informatique, devenait souvent plus utile qu’un diplôme en économie.

La finance casino s’est ainsi développée rapidement. Les grandes banques ont acquis une dimension internationale et sont devenues systémiques. C’est-à-dire qu’elles prennent des risques démesurés et bénéficient d’une aide de l’État, en cas de pertes trop importantes, le tout bien sûr au nom du libéralisme. Il fallait donc créer de toute pièce un corps professoral, qui forme les futurs spécialistes de ces deux domaines.

Les coûts de ces formations, initialement maintes fois supportés par le secteur privé: notamment les business schools, ont souvent été socialisés, dans le sens où ils ont été pris en charge par le contribuable, dans le cadre de formations universitaires. C’est ainsi par exemple, que des budgets publics sont aujourd’hui utilisés pour former les futures embauches de fonds spéculatifs, dont l’objectif prioritaire est de permettre à des individus déjà extrêmement riches, de le devenir encore plus… Un minimum de décence voudrait que ces coûts soient assumés par ces structures privées.

Mercenaires en col blanc

En poussant à la création de ce corps professoral, les grandes banques avaient aussi pour objectif de se draper, si nécessaire, dans les habits de la science. Par exemple, pouvoir justifier « scientifiquement », c’est-à-dire en se basant sur des publications « scientifiques », les rémunérations grotesques des directions de ces institutions, malgré des performances parfois catastrophiques, leur est particulièrement utile. Vouloir et le cas échéant pouvoir disposer de mercenaires académiques, qui s’expriment publiquement en faveur de ces institutions, ou simplement de laquais serviles, qui préfèrent se taire, devenait stratégique face à ceux qui osent critiquer ces rémunérations grotesques et plus généralement les dérives de la finance casino.

Dans de nombreuses universités publiques, et particulièrement en Suisse, les professeurs de finance, disposent, grâce au contribuable, de bons salaires. Il serait donc logique qu’au lieu de centrer leurs activités d’enseignement et de recherche sur les besoins du secteur financier, ils cherchent à promouvoir le bien commun et les intérêts du plus grand nombre, en analysant ces dérives et en proposant des solutions.

Une analyse critique du pouvoir exorbitant atteint par ce secteur et de l’ubérisation de l’économie est à l’ordre du jour.

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28.07.2022 à 12:22

Pour 15 minutes de défilé dans le désert, quand Yves Saint-Laurent montre la voie de la sobriété écologique.

Alexis Poulin

Dans le désert marocain d’Agafay, Kering a organisé un show hors normes pour le défilé de la nouvelle collection Yves Saint Laurent. Anthony Vaccarello, originaire de Belgique et directeur artistique de la maison Saint Laurent depuis 2016, a invité plus de 300 journalistes, TikTokers et célébrités dans le désert d’Agafay pour la mise en scène […]

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Texte intégral (1840 mots)

Dans le désert marocain d’Agafay, Kering a organisé un show hors normes pour le défilé de la nouvelle collection Yves Saint Laurent.

Anthony Vaccarello, originaire de Belgique et directeur artistique de la maison Saint Laurent depuis 2016, a invité plus de 300 journalistes, TikTokers et célébrités dans le désert d’Agafay pour la mise en scène de son nouveau défilé masculin.

À 45 mn de Marrakech, sous un soleil de plomb, Kering a loué un terrain, créé une route de 6 kilomètres pour accéder au site, avec arrosage quotidien, bâtiments éphémères, climatisations et espace VIP.

Sobriété oblige, de nombreuses climatisations ont été acheminées sur place.

C’est un studio hollywoodien digne d’un blockbuster qui a été conçu et réalisé par Bureau BETAK pour Yves Saint Laurent, sous la direction artistique de Anthony Vaccarello, avec une Stargate de 12 tonnes réalisée par l’artiste anglais Ed Devlin.

Sur le site du défilé, plusieurs bâtiments de 35 mètres, un bâtiment régie technique, un salon VIP, et d’autres bâtiments recouverts de panneaux miroirs pour les bureaux et collections.


Plus fou encore, la construction d’une piscine pour accueillir le catwalk. C’est 50 camions de 10m3 qui ont été nécessaire pour la remplir, selon les témoins, soit près de 500 m3 dans une région désertique.

Le risque d’assèchement des puits était réel et durant cette période, la canicule n’a pas épargné le Maroc, avec des températures moyennes de 45 à 47 degrés (55 degré sous le soleil). Pour monter ce décor, les techniciens marocains ont été mobilisés plus de 3 semaines et payés en moyenne15 euros par jour.

Le tournage a eu lieu le 15 juillet, et permis les 250 invités VIP présents, on retrouvait Catherine Deneuve et Aurélien Enthoven, le fils de Carla Bruni et Raphael Enthoven, qui défilait ce jour là pour YSL. Jets et vans affrétés du monde entier pour 15 minutes de show, dans le désert, c’est toute une conception par le luxe de l’éco responsabilité et de la sobriété.

Ce fut donc une réussite spectaculaire pour les organisateurs, adeptes de développement durable et soucieux de la planète.

On peut ainsi lire les objectifs climats de YSL sur le site de la marque de luxe :

« EN LIGNE AVEC LA STRATÉGIE DÉVELOPPEMENT DURABLE DE KERING POUR 2025, SAINT LAURENT SE DIRIGE VERS UNE RÉDUCTION DE 40 % DE L’INTENSITÉ DE L’EP&L RELATIVEMENT À LA CROISSANCE, EN PRENANT 2015 COMME ANNÉE DE RÉFÉRENCE. CET OBJECTIF NÉCESSITE DE PRENDRE DES MESURES SUR LA CHAÎNE D’APPROVISIONNEMENT, DE LA FERME À LA FABRICATION DU PRODUIT JUSQU’À SA MISE SUR LE MARCHÉ. EN OUTRE, SAINT LAURENT S’ENGAGE À ATTEINDRE ZÉRO ÉMISSIONS NETTES DE GAZ À EFFET DE SERRE D’ICI 2050. LA MAISON ATTEINT SES OBJECTIFS DE COMPENSATION CARBONE GRÂCE À DES PROJETS VÉRIFIÉS REDD+ QUI, EN PLUS DE PRÉSERVER LES FORÊTS ESSENTIELLES ET LA BIODIVERSITÉ, SOUTIENT LE DÉVELOPPEMENT DES COMMUNAUTÉS LOCALES. »

Idem pour le prestataire reconnu du luxe, Bureau Betak, organisateur de nombreux défilés et événements :

« En 2020, Bureau Betak avait annoncé sa volonté de s’engager pour une production plus responsable, recevant alors la norme ISO 20121. Cette « norme internationale a été élaborée pour promouvoir une consommation responsable et atténuer les effets négatifs sur les infrastructures et les services publics locaux ».

Toujours plus, pour souligner le caractère quasiment super écolo de cet événement, selon le magazine Vanity Fair : « Saint Laurent a déployé un important dispositif visant à limiter au maximum l’empreinte de l’événement, à commencer par la consultation d’experts locaux de la flore et de la faune, surtout les reptiles et les oiseaux. Le long des pistes parcourues pour emmener les invités sur le lieux du défilé, des systèmes de tuyaux spécifiques ont été mis en place pour permettre aux animaux, particulièrement ceux de milieux humides, de s’abriter. L’eau utilisée, non potable, servira ensuite à des projets d’irrigations dans le désert d’Agafay » 

Nous voilà rassurés.

Jeux Olympiques hors budget, stades climatisés au Qatar, combien de kilomètres en jet pour 15 minutes de défilé dans le désert? Décidément, pour les membres hors-sol du 0,1%, la sobriété énergétique est un songe, racheté par la communication et le green washing assumé. La sobriété énergétique, un truc de pauvres !

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28.07.2022 à 11:42

Le rapport de l’Office Parlementaire sur les effets indésirables : une étape nécessaire mais très insuffisante de la fin du déni

Le Monde Moderne

Nous avons lu pour vous les 80 pages du pre-rapport sur les effets indésirables des vaccins Covid 19. Il est très intéressant mais assez difficile à résumer.Ce travail, mené par Cédric Villani comporte beaucoup d’aspects positifs : Il admet l’insuffisance du suivi des effets indésirables et confirme que seulement 5 & 10 % des effets sont […]

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Texte intégral (1741 mots)

Nous avons lu pour vous les 80 pages du pre-rapport sur les effets indésirables des vaccins Covid 19. Il est très intéressant mais assez difficile à résumer.
Ce travail, mené par Cédric Villani comporte beaucoup d’aspects positifs :

  • Il admet l’insuffisance du suivi des effets indésirables et confirme que seulement 5 & 10 % des effets sont rapportés. Il admet la difficulté de rapporter, la réticence des professionnels.
  • Il admet que la balance bénéfice risque n’est pas de la science mais juste un avis d’experts informel sans aucune base scientifique dure.
  • Il admet les très nombreux effets secondaires, anormalement nombreux – décrits comme 4 à 6 fois supérieurs à la normale (laquelle ?) – en particulier pour les jeunes.
  • Il admet beaucoup d’erreurs des autorités.


C’est donc une bonne étape dans la sortie du déni.

Toutefois, il présente de nombreuses faiblesses que j’ai regroupées en 3 catégories : sous-estimation, déni et oubli. Le défaut de ce rapport est de partir d’un axiome : la vaccination est bonne et améliorer les process permettra de réduire ses effets secondaires et d’améliorer l’acceptation des populations. Cet axiome imprègne tout le texte.


Ainsi toute la partie sur les mesures à prendre en termes d’organisation et de transparence n’a qu’un seul but : que la population cesse d’avoir peur du vaccin et se vaccine. Les pages 49 à 70 y sont consacrées, plus d’1/4 du texte quand les myocardites sont expédiées en moins d’une page. À se demander si le sujet du rapport était bien les effets secondaires.

La sous estimation

Le rapport déclare explicitement qu’il ne va pas se prononcer sur les estimations des rapports bénéfices risques, tout en reconnaissant qu’ils ne sont pas basés sur la science mais sur l’évaluation informelle par des comités d’experts. Nous nous devons de signaler aux auteurs du rapport qu’il existe une littérature abondante sur l’incapacité des comités d’experts à trouver les bonnes solutions ou les bons résultats. Il serait grand temps d’établir une méthode formelle et standardisée. Lors de rapport d’enquêtes sur d’autres accidents, c’est généralement ce qu’on fait. L’industrie aéronautique est un vrai modèle.

Au lieu de cela le rapport se noie, par exemple p34 et 35, dans des phrases alambiquées sur la difficulté de faire des calculs. Il présente toutefois page 36 des graphiques semblant démontrer que la vaccination a un effet négatif en dessous de 40 ans mais en soulignant que les calculs, c’est compliqué et que donc, on va se garder de conclure.


Puis page 39 il fait une liste effarante des effets secondaires des vaccins, mais sans les quantifier ou les commenter. Il repart ensuite sur les effets secondaires les plus discutés en admettant leur existence mais en réduisant leur impact, en ne rappelant pas la sous estimation de la pharmacovigilance et en se gardant bien de rappeler le problème de l’âge. On peut toutefois espérer que ce travail mette en évidence pour les décideurs que la vaccination systématique est absurde.


Le rapport, au début et à la fin, se félicite des performances françaises dans le suivi des effets secondaires, tout simplement parce qu’il est un peu meilleur que celui de certains autres pays. Il insiste particulièrement sur la nécessité d’améliorer celle-ci en reconnaissant par exemple page 19 que les essais cliniques menés ne peuvent de toute façon pas détecter les effets secondaires. Mais alors pourquoi diable les autorités persistent elles à dire que la vaccination est sans risque !


Il admet aussi, mais sans faire aucun commentaire ou calcul, que c’est le manque de vaccins Pfizer qui a conduit l’Angleterre à continuer de vacciner avec AstraZenenca des populations dont on savait qu’elles étaient sans risque covid mais à risque d’effets secondaires. Des scandales sont évacués en une phrase, sans générer la moindre proposition d’amélioration.


Je ne vais pas vous fatiguer des formules kafkaïennes ou des lapalissades du rapport, simplement en citer une triste mais savoureuse : « Une non-reconnaissance des effets indésirables qui peut avoir des conséquences à l’échelle individuelle »
Tu m’étonnes !

Le déni

Le rapport fait preuve d’une vraie rigueur en évoquant beaucoup de sujets polémiques.
Il cite par exemple le cas des narcolepsies pour le vaccin H1N1 (p19). Il indique ces narcolepsies sont apparues immédiatement et qu’on peut donc faire confiance aux vaccins dont les incidents sont ainsi rapidement connus. Mais les experts soulignent dans le même paragraphe que les autorités ont mis des années à le reconnaître et que 10 ans après, les indemnisations ne sont toujours pas là. Le déni de l’évidence ne pourrait être plus apparent.


Il cite également le process de validation d’un vaccin, nous signale que c’est l’ANSM française qui a évalué le vaccin Pfizer avec les suédois pour l’Europe – c’est une combination de pays très classique dans le médical pour obtenir une validation en Europe. Mais il n’indique pas quelles étapes n’ont pas été faites dans le cas du vaccin covid. Aucun commentaire sur l’absence d’essais animaux et l’absence de certaines toxicologies dont les cardiaques. J’aurais pensé que le rapport indiquerait comment les futurs vaccins ARNs éviteraient les risques cardiaques et circulatoire…

Bien que le rapport indique que seulement 5 % des effets sont rapportés et que certains médecins ont carrément refusé de les rapporter, il semble se féliciter de la faible occurrence de certains événements – les myocardites par exemple – sans rappeler que ces chiffres sont sujets à caution.

Page 27 il regrette le désengagement des industriels du suivi des effets secondaires. Quel niveau de naïveté ou de déni faut-il pour s’étonner du faible empressement des industriels à démolir le produit le plus lucratif de l’histoire?

Page 38, deux phrases extraordinaires de déni : le rapport dit que le vaccin est si peu efficace à éviter la contamination qu’on ne considère comme un échec vaccinal qu’une contamination débouchant sur une forme grave. Tous les chiffres qu’on nous présente sont faussés, toujours dans le même sens. J’espère vraiment que ce document, aussi insuffisant soit-il, va aider les décideurs dans leur marche vers la vérité.
Encore plus étonnant est la seconde phrase : l’inflammation chronique des personnes à risque réduit d’efficacité du vaccin ! On croit rêver, mais à quoi sert-il ? La phrase restera sans développement, sans évaluation et sans conséquence.

Le rapport semble critiquer le pass tout en admettant qu’il a permis d’augmenter – de façon peu constitutionnelle – le taux de vaccination. Il oublie tout simplement que beaucoup d’effets secondaires ont été dus au fait que beaucoup de gens ayant des contre-indications ont été forcés de prendre un traitement inadapté. Les rapporteurs n’arrivent pas à percevoir les conséquences de leur axiome du « bon vaccin ». Toute la chaîne de sécurité est rendue inopérante par la certitude des opérateurs que le vaccin est forcément bon pour tout le monde et que ceux qui n’en veulent pas sont forcément des égoïstes fraudeurs pas bien malins.
La partie sur l’indemnisation est encore plus dans le déni. Les auteurs s’étonnent du faible nombre de demandes, tout en constatant que le fait que les gens ne savent souvent pas par quoi ils ont été vaccinés et ne disposent pas de documentation semble poser un problème.

L’oubli

Il est surprenant que Pfizer n’ait pas été interrogé. Que la procédure de renouvellement de la licence des vaccins n’ait pas été interrogée. Ceux-ci doivent être renouvellés au bout de 12 mois sur la base de nouveaux rapports de l’industriel. Qu’en a-t-il été ?

L’impact des variants n’est pas analysée et tout juste citée. L’apparition de variants sur lesquels le vaccin n’a qu’assez peu d’efficacité ne change rien à l’analyse du rapport. Il n’y a aucune quantification, aucune citation des derniers chiffres assez peu favorables à la vaccination.
On croirait lire en fait un rapport sur un vaccin ARN pour le cancer du pancréas. Le risque extrêmement élevé de décès, le volume de population vacciné beaucoup plus faible et l’absence de variant rendraient le rapport beaucoup moins criticable.


Les termes ARN et variants apparaissent moins de 10 fois dans tout le document. Le document se refuse à envisager par exemple la thèse des anticorps facilitants qui semble pourtant expliquer pourquoi nous conservons une quantité très importante de cas bien supérieure à celle des pays peu vaccinés.

Notre conclusion rappelera l’introduction : un bon pas en avant vers la constatation de la vérité et une politique sanitaire plus adaptée et moins totalitaire. Je salue l’honnêteté intellectuelle et scientifique du président de la commission. Mais mieux aurait pu être fait, en particulier en matière de recommandations.

Eric Lemaire

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28.07.2022 à 11:24

Cutewashing et rapt sémiotique

Le Monde Moderne

Autant avant il y a eu quelques années de TerenceMalickwashing avec les banques et l’imagerie écolo autant il y a eu le ukulelewashing avec cette petite mélodie bien dégueu pour vendre des assurances autant il y a aussi le socialwashing d’un cynisme vertigineux (vu le niveau éthique des deux enseignes) de Lidl et Mc Do […]

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Texte intégral (1394 mots)


Autant avant il y a eu quelques années de TerenceMalickwashing avec les banques et l’imagerie écolo autant il y a eu le ukulelewashing avec cette petite mélodie bien dégueu pour vendre des assurances autant il y a aussi le socialwashing d’un cynisme vertigineux (vu le niveau éthique des deux enseignes) de Lidl et Mc Do autant se présente aujourd’hui une nouvelle peau de banane sémiotique pour nous soucieuses d’un peu de dignité vis-à-vis des plus démunis, qu’encore une fois nous laissons (collectivement) délibérément choir, j’ai nommé le cutewashing.

Autant Philippe Katerine est le plus cool monument français depuis Gainsbourg et Daho autant l’ours Paddington est d’une coolness irrésistible pour nous les ravies de la crèche autant leurs deux dernières apparitions se manifestent dans le cadre de la plus cynique matrice (le bon marché, lvmh) et d’une pathétique survivance de l’ordre kolonial (le jubiley) = de facto utiliser de telles armes de mignonceté massive non pour explicitement opprimer la majorité mais en surface pour adoucir les mœurs. La violence sociale sans borne imposée par les sécessionnistes du CAC 40 alliée aux vestiges de l’ordre esclavagiste variante anglicane, tout ce qui au fond rend impossibles les conditions de quelque chose de mignon, qui commence nécessairement par s’assurer que tout le monde a au moins un couvert, un toit, un hôpital et une école, condition non négociable. There is such a thing as society.

Le bon marché est coutumier du fait. Montrer une exposition punk en 2019 quand on appartient au groupe de celui qui pourrait acheter des villes et pèse plus que certains états, dissocier à ce point le fond de la forme est d’une grande malhonnêteté sémiotique et s’avère une maladroite et pathétique appropriation. Un peu comme mon père qui n’écoute que du jazz (à papa certes) dans sa triste audi grise en sortant des horreurs sur les étrangers dans la rue et en répétant bêtement tous les arguments « valeur travail macht frei » alors que l’ensemble des valeurs portées par cette école est exactement inverse. Y’a discrépance là, papa.


J’en ai un peu marre de toujours faire ma moraliste alors qu’en fait je veux juste rigoler, mais on rigolerait plus si tant de nos congénères n’étaient pas réduits à la mendicité nan ? Encore une fois sans trop faire ma connasse marxisante personne ne peut contester que cet état de fait soit lié à un problème de répartition en non de disponibilité on est bien d’accord ? Il ne s’agit pas de faire des miracles il s’agit juste, de façon réaliste et pragmatique, de partager à peine plus. Mais nan t’inquiète camarade dominant.e garde ta merco et tes patek philippe (même si pour de vrai, ça n’a rien de chic) si ça t’amuse mais pourquoi posséder et exploiter 5 immeubles par exemple ? Est-ce que 2 ou 3 ne suffiraient pas ? Ce ne serait pas la misère je t’assure ! Le problème ce n’est même plus trop la domination bourgeoise (c’est qu’ils sont fragilisé.es aussi les pauvres ( :))))))), c’est la prédation des 1%. Concrètement, les 500 plus grandes fortunes françaises ont augmenté de 5% pour dépasser les 1 000 milliards d’euros en 2022 donc l’équivalent des deux tiers du budget d’un État d’environ 67 813 396 âmes. Sinon ça va les gars la conscience ? Oui oui je sais c’est un peu plus complexe que ça mais le rapport d’échelle reste éloquent. Comparé à Bernard Arnaud, Louis XIV était un indigent.


Cerise sur le gateau : le tout récent NFT de T’Choupi, personnage plutôt cool par ailleurs. Déjà que l’esthétique dominante dans ce format est une vilaine resucée pop futuriste digitale de 1992, là c’est un peu comme un vieux monsieur en imperméable qui propose des bonbons aux enfants à la sortie d’une école, on peine à avoir confiance. Là ce serait plus “viens petit, tu vas voir la spéculation c’est super”.  En vente : 2.022 NFT « inédits » (égal une virgule changée ici ou là pour attester d’une unicité) à 250 euros, sauf qu’esthétiquement ça a autant d’avenir que les barbes rectangulaires. Plus 30 NFT « premium » à 1.000 euros pour les plus futés, destination le metavers, le minitel de la semaine dernière. Stanislas Mako, PDG de la plateforme Kalart : ”On s’adresse à ceux qui ont grandi avec, plutôt qu’aux enfants. Les internautes qui s’élèvent contre les NFT T’Choupi s’élèvent en fait contre l’image des NFT en général, sur laquelle ils ont des préjugés.” Ouais c’est ça on n’a rien compris. LOL 

Le NFT de Cronenberg avec son calcul rénal à $30.000 on sait pas trop quoi dire (en même temps vu sa filmo il a un peu tous les droits), à la limite c’est tellement débile pourquoi pas mais quand est-ce que quelqu’un met grâcieusement en ligne un NFT avec la tête d’Orlinski sculptée en merde de chien ? Xavier Veilhan tu aurais deux minutes ? Les protagonistes sont souvent tellement nuls qu’au moins on rit grâce à eux, et ça c’est notre cadeau. 


Un peu comme la très satisfaisante Black 3.0 “the world’s blackest black acrylic paint” que l’artiste britannique Stuart Semple commercialise €30,95 depuis le 3 février 2017 pour ridiculiser le Vantablack (nanocubes de carbone absorbant 99 % de lumière) dont Anish Kapoor a acquis l’exclusivité quelques mois avant. Etre Robin des Bois est à portée de main. Outre les fluos, le chrome-miroir, le “Black Mirror” ou l’Incredibly Kleinish Blue tout aussi accessibles aux sans-dents, Stuart Semple demande à chaque visiteur du site de confirmer qu’il n’est pas Anish Kapoor, c’est hilarant. « Nous nous souvenons tous des enfants à l’école qui ne partageaient pas leurs crayons de couleur, mais ils se sont ensuite retrouvés seuls sans amis. C’est cool, Anish peut avoir son noir. Mais le reste d’entre nous jouera avec l’arc-en-ciel ». A la niche Anish.


Est-ce que Philippe Katerine, T’Choupi et Paddington ne pourraient pas faire un opéra rock pour la semaine de 20 heures pour toutes et tous ? Contre l’évasion fiscale ? Ou au moins pour Oxfam ? On aurait envie que nos icônes et nos doudous fassent un move pour le mignon du signifié, pas juste du signifiant. Pas de sermon, merveilleux Philippe, pas de morale, je voulais seulement partager ce doute avec toi, même si tu ne me liras pas et quoi qu’il en soit, saches que je t’aime.


Dominique Browne

Un jour peut-être :

Diamant et prédation : pourquoi les super-riches tiennent-ils comme valeur indépassable deux pierres incarnant à ce point l’exploitation de la Nature et de « l’Humain » ?

Hymnes de foot : pourquoi les supporters ont adopté deux groupes ultra-pédés comme Queen et Pet Shop Boys ? Alors les chéries, on refoule un truc ?

fondation vuitton, bourse du commerce : les nouvelles Indulgences. Vider les lieux ? (ou collectiviser ? ☺)))))))) Rendre l’argent ? Plutôt crever que d’y foutre les pieds. Non vous n’aurez pas de majuscules, vils coquins.

Ps : ce texte est dédié à la mémoire de Denis Quélard, âme du Pop In, bar indie souvent drôle et refuge de toutes les brindilles, victime du cancer mais aussi du harcèlement de la préfecture. On ne t’oublie pas doudou, tu seras toujours dans nos cœurs, on continue le combat.

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11.04.2022 à 19:44

Concevoir l’inconcevable?

Marc Chesney

Le financement de la production d’armes de destruction massive doit cesser immédiatement ! article initialement publié dans Le Temps, 01.04.2022 Prof. Marc ChesneyUniversité de Zurich  L’agression menée par l’armée russe en Ukraine, et ses conséquences en termes de morts, de séparations de familles, de terribles souffrances, sont insupportables et bouleversantes. Si les guerres n’ont cessé […]

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Texte intégral (1168 mots)

Le financement de la production d’armes de destruction massive doit cesser immédiatement !

article initialement publié dans Le Temps, 01.04.2022


Prof. Marc Chesney
Université de Zurich

 

L’agression menée par l’armée russe en Ukraine, et ses conséquences en termes de morts, de séparations de familles, de terribles souffrances, sont insupportables et bouleversantes. Si les guerres n’ont cessé de roder de par le monde depuis 1945, y compris dans l’ex-Yougoslavie, il y a plus de 20 ans, l’Europe semblait relativement épargnée. La voici à nouveau confrontée à son spectre, elle où les deux conflits mondiaux ont commencé.


Les menaces nucléaires proférées par Vladimir Poutine, nous concernent tous. Le monde contemple l’abîme et nous voici amenés en conséquence à penser l’impensable, puis à dire l’indicible: simplement envisager ce qui devrait être d’emblée exclu par tout humain digne de ce nom, une guerre nucléaire qui mènerait à la disparition de quasiment toute forme de vie sur terre. C’est un véritable cri d’effroi qui nous traverse intérieurement et nous fait vaciller sur nous-mêmes.

Comment en sommes-nous arrivés là, à une société à l’apogée de ses capacités tant productives, que destructives, dont les membres risquent d’être finalement broyés par une machine dont ils ont été les rouages, à un système prédateur qui s’attaque à grande échelle au vivant, tout en l’utilisant dans le cadre de son (dys)fonctionnement quotidien, à un système fier de ses technologies, comme celle de l’intelligence artificielle, et qui brille par sa tragique pauvreté d’esprit, voire sa folie, tant meurtrière que des grandeurs?


Quel est l’avenir d’une «civilisation» dont la survie reposerait sur un équilibre de la terreur, intrinsèquement instable, comme cela saute aux yeux, et qui dépendrait ainsi du bon vouloir d’une caste ayant le pouvoir d’appuyer sur un bouton et d’en finir, ou de l’espoir d’éviter une erreur d’appréciation, un quiproquo? Laisser accroire que les pompiers pyromanes et les va-t-en-guerre sont uniquement situés à Moscou, est trompeur. Les bellicistes et fossoyeurs en tous genres, sont présents dans de nombreux pays. Les producteurs d’armes de destruction massive recrutent internationalement de nombreux scientifiques pour mener à bien leurs activités et sont financés par de grandes banques, qui se présentent comme durables et éthiques. Le cynisme est sans limite… 


Les bombes atomiques de l’OTAN, ne sont pas moins apocalyptiques que celles de la Russie. Une guerre nucléaire ne connaitrait que des perdants et la propagande nationaliste a déjà commencé de part et d’autre du rideau de feu, pour procéder à la mobilisation des esprits et préparer la population aux futurs sacrifices. Un naufrage dont témoignait déjà Roger Martin du Gard dans Les Thibault au sujet de la première guerre mondiale: «Jamais les forces du pouvoir n’ont imposé aux esprits une si totale abdication.» ou encore «Jamais l’humanité n’a connu un pareil envoûtement, un pareil aveuglement de l’intelligence!».
 
Des bataillons de laquais serviles sont à l’œuvre pour tenter de maintenir à flot un système corrompu et moribond qui promeut le mensonge au nom de la vérité, organise la servitude au nom de la liberté et qui risque de nous imposer la mort, au nom de la vie. 


Dans Les Derniers jours de l’humanité, publié en 1918, Karl Kraus faisait déjà allusion à «ces années durant lesquelles des personnages d’opérette ont joué la tragédie de l’humanité.» Plus d’un siècle après, cette phrase demeure toujours d’actualité, tant sont nombreux les responsables politiques dépassés par des événements qu’ils ont contribué à créer.
 
Les contremaîtres à penser tiennent le haut du pavé. Après avoir associé la chute du mur de Berlin à la fin de l’histoire, c’est-à-dire à une victoire définitive de la supposée économie de marché et à la paix qui devait en résulter, ils continuent à sévir aujourd’hui en entretenant la confusion. Selon eux, la globalisation de l’économie et le commerce international devraient préserver la paix. L’histoire démontre le contraire. La première guerre mondiale a éclaté alors que l’économie connaissait sa première globalisation. Depuis la fin de la guerre froide, les accords de libre-échange se sont multipliés avec un commerce mondial, y compris des armes et de la peur, en forte progression. La paix n’est manifestement pas au rendez-vous. Quant aux sanctions économiques maintenant imposées à la Russie, et surtout supportées par les populations, pas seulement de ce pays, dans quelle mesure vont-elles vraiment affaiblir le régime? Pourquoi seraient-elles plus efficaces, que celles mises en place contre l’Irak ou la Libye à l’époque? Cette question n’a manifestement pas retenu l’attention des dirigeants occidentaux.
 
Risquer de sacrifier le genre humain sur l’autel de la nation et pour des intérêts qui ne sont pas les siens, est criminel. Les deux cents millions de morts dus aux multiples guerres pendant un siècle depuis 1914 et leurs familles, demandent des comptes. Citons à nouveau Karl Kraus: «Au secours, les tués! Assistez-moi, que je ne sois pas obligé de vivre parmi des hommes qui, par ambition démesurée, ont ordonné que des cœurs cessent de battre, que des mères aient des cheveux blancs! Revenez! Demandez-leur ce qu’ils ont fait de vous! Ce qu’ils ont fait quand vous souffriez par leur faute avant de mourir par leur faute ! Cadavres en armes, formez les rangs et hantez leur sommeil. Avancez! Avance, cher partisan de l’esprit, et réclame-leur ta chère tête! Avance pour leur dire que tu ne veux plus jamais te laisser utiliser pour ça!»


Pour que l’inconcevable ne se produise pas, pour que les armes de destruction massive ne soient jamais employées, les physiciens et les informaticiens qui concourent à leur développement et à leur possible activation, se doivent de cesser tous types d’activités dans ce domaine. C’est leur responsabilité morale vis-à-vis du genre humain.


Les grands établissements financiers, entre autres suisses, qui investissent dans la production d’armes de destruction massive doivent être identifiés et arrêter ces activités criminelles.


Cet article est destiné à circuler et à être traduit.

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05.04.2022 à 14:22

L’échec de la non-campagne d’Emmanuel Macron

zakaria arab

En ce samedi 2 avril 2022 se tenait le seul et unique meeting de campagne d’Emmanuel Macron, président sortant après un quinquennat que l’on peut qualifier de tumultueux. Pour autant, si l’exercice devait témoigner de la ferveur des partisans de la majorité présidentielle pour la reconduction du candidat à la tête de l’Etat, force est […]

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Texte intégral (1478 mots)

En ce samedi 2 avril 2022 se tenait le seul et unique meeting de campagne d’Emmanuel Macron, président sortant après un quinquennat que l’on peut qualifier de tumultueux. Pour autant, si l’exercice devait témoigner de la ferveur des partisans de la majorité présidentielle pour la reconduction du candidat à la tête de l’Etat, force est de constater que l’exercice s’est conclu sur une note amère, entre un discours qui n’a laissé personne de dupe, et une guerre des images en défaveur des organisateurs.

Depuis son entrée en campagne début mars, Emmanuel Macron tente de se frayer un chemin vers la réélection en jouant un exercice d’équilibriste inédit : profitant du contexte belliqueux entre l’Ukraine et la Russie pour faire valoir une stature d’Etat que n’aurait pas ses concurrents, le président-candidat raréfie sa présence médiatique et ses meetings, envoyant sa cour à sa place tenir des réunions publiques pour répandre la bonne parole dans les quatre coins de l’Hexagone.

La stratégie est simple : ne pas mener campagne pour signer un contrat de reconduction tacite avec les électeurs. Faisant valoir une présomption de compétences, les français devraient voter pour Emmanuel Macron car il a montré qu’il était capable de tenir la barque même en temps de crise, étant donné la succession de vents contraires qui ont bousculé la maison France durant ces cinq dernières années. Cumulé à un glissement programmatique vers la droite, non sans avoir pris le pouls du pays avant, Emmanuel Macron est arrivé en campagne prêt à survoler les débats et concurrents pour mieux conserver son fauteuil élyséen.

Cependant, si les français pouvaient être attirés par l’élan de fraîcheur qu’incarnait Emmanuel Macron en 2017, vantant les mérites d’un nouveau monde politique à bâtir et arguant la promesse de faire de la politique autrement en réunissant le meilleur de la droite et de la gauche, le meeting qui s’est tenu à La Défense Arena ce samedi 2 avril 2022 montre que le président sortant n’a pas compris les enjeux d’une campagne pour sa réélection. Les cinq années passées au pouvoir après avoir obtenu la confiance des français sur un récit nécessitent précisément la construction d’un nouveau récit personnel et commun avec les concitoyens. Or Emmanuel Macron, se rendant compte de l’impossibilité de défendre un tel bilan, en inadéquation totale avec les promesses formulées cinq ans auparavant, tente de faire revivre la campagne de 2017. Ici réside toute son erreur.

Tout d’abord, sur la promesse d’un nouveau monde, il est rapidement visible que l’exercice du pouvoir durant ce quinquennat n’a rien à envier à ce qui a pu se faire de pire avant lui. Barbouzes, dissimulation derrière son immunité présidentielle, refus de pratiquer la moralisation politique pourtant promise, rien ne change fondamentalement, si ce n’est la façade qui a subi un léger vernissage. Léger car la promesse du nouveau monde ne peut se tenir avec des anciens ministres qui exerçaient leurs fonctions pendant que je mordais les barreaux de mon lit : Jean-Pierre Raffarin, Jean-Pierre Chevènement, et certains plus récents comme Manuel Valls voire l’ancien Président de la République Nicolas Sarkozy. Cela montre une incapacité à renouveler la scène politique, quand ce n’est pas du cynisme pur.

De plus, cette agglomération de soutiens venus de toutes parts atteste d’une volonté de ces soutiens de manger à tous les râteliers, en plus de montrer l’absence d’ossature idéologique d’Emmanuel Macron. Comment relier autour de soi des gens qui ont passé des années à se mener la guerre dans les médias et dans les hémicycles des Palais Bourbon et de Luxembourg ? Ce n’est pas sérieux. D’autant quand le reproche principal qui peut être formulé est de proposer tout et son contraire et de ne jamais allier le discours aux actes et inversement. Emmanuel Macron est un opportuniste entouré de gens qui lui ressemblent, et cela le prouve encore.

Car le discours tenu n’est pas en reste. Après avoir proposer des mesures abjectes comme l’apprentissage à partir de 12 ans ou le conditionnement du RSA à 15-20h d’activités, et avoir fait voter la baisse de 5€ des APL quelques temps seulement après avoir promulguer la réforme de l’ISF en IFI, le président sortant s’est plu à citer le slogan du Nouveau Parti Anticapitaliste « nos vies valent mieux que leurs profits ». Si le «en même temps» pouvait fonctionner en 2017, puisqu’Emmanuel Macron restait un inconnu pour une majorité des français, les cinq ans aux manettes ont permis de cerner le personnage. De comprendre ce qui dictait sa politique et les mesures qu’il prit. Retenter le coup pour la réélection montre toute la médiocrité du personnage et de ses équipes : les français ne souffrent ni d’amnésie, ni de troubles masochistes. Ils ne sont pas si naïfs quant à la véritable nature du projet macroniste, loin du progrès social vanté pourtant dans son discours de campagne de La Défense Arena. Reste à déterminer si ce jeu d’équilibriste est quelque chose auquel il croit fermement (ce qui serait un argument suffisant à l’évincer dès le premier tour tant cet aveuglément est dangereux pour l’avenir), ou une preuve de son cynisme (ce qui justifierait également une éviction prématurée).

Prononcer les termes «solidarité» et «bienveillance» ne fait pas oublier les mutilés des Gilets Jaunes, le gazage des personnels soignants en grève, ou les queues alimentaires des étudiants.

Celui qui a justifié des mesures toutes aussi anti-sociales les unes que les autres par l’absence d’argent magique ne peut se plaire à répéter le même discours après avoir arrosé d’argent les cabinets de conseils et les entreprises pendant son quinquennat, ni demander aux français de consentir à des efforts au niveau du portefeuille. Qui plus est en maquillant cela sous un veule verbiage qui tente de cacher cette gabegie d’argent sous le terme de «rogrès social» et de «solidarité». Il est temps pour lui désormais d’assumer pleinement la politique qu’il mène et souhaite continuer de mener. La politique manquait de morale pour lui en 2017, elle manque d’honneur sous sa présidence. Un honneur qui consiste à prendre ses responsabilités et à assumer ses manquements et errements.

Le vernissage sociétal de son bilan par quelques mesurettes ne cache en rien la monstruosité du travail de sape des conquêtes sociales menées depuis des décennies désormais. L’exhibition de poids lourds des majorités passées ne transforme pas l’abyssale nullité des poids lourds de l’actuelle. Prononcer les termes «solidarité» et «bienveillance» ne fait pas oublier les mutilés des Gilets Jaunes, le gazage des personnels soignants en grève, ou les queues alimentaires des étudiants. Tenter de ne pas faire campagne pour des raisons de guerre en Ukraine ne permet pas de se substituer au débat démocratique que les français et autres candidats méritent. La succession de crises n’exclue pas d’assumer sa responsabilité dans la mise en œuvre d’un agenda législatif « politiquement abject ».

L’apoplexie dans laquelle se trouve la politique française aujourd’hui ne doit pas nous faire rejeter l’idée d’un sursaut collectif face à cette quintessence du vide. Si Emmanuel Macron prouve encore une fois qu’il n’a que faire des français, privilégiant son destin personnel à l’intérêt général que la fonction somme pourtant de prioriser, il peut néanmoins servir cet intérêt. Il peut être le fossoyeur d’une Ve République léthargique, qu’il a contribué à tuer en exploitant toutes les limites permises par les réformes qui ont tué son essence même. Le 10 avril, les Français vont peut être enfin sanctionner ce petit Président pour qui le costume était définitivement trop grand, et préserver une nouvelle fois notre modèle social de ce dangereux liquidateur.

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14.03.2022 à 18:02

An open letter to Aurora,

Samuel Dock

I remember the day you surged forth, the way my heart leapt up to meet your voice. I had been in Paris only a few months, sleeping in a cramped appartement, maybe just one room, a hovel tucked away in a corner of town, on its flipside. I was doubting, waiting, hoping… I would write […]

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Texte intégral (2796 mots)

I remember the day you surged forth, the way my heart leapt up to meet your voice. I had been in Paris only a few months, sleeping in a cramped appartement, maybe just one room, a hovel tucked away in a corner of town, on its flipside. I was doubting, waiting, hoping… I would write all the time, and music was the force that bound my fingers as they raced over the keyboard. Pop videos flitted past, lying just beyond my vigilance, their music weaving a fluffy cocoon around me, and in that chrysalis, I took in their monotonous hum. I seldom paid attention to these walls, those made of stone, those made of sound, until one day, something emerged, broke free from the rest, until a brand-new tone with brighter hues rushed forward and took its place among the uniformity of this backdrop, radically modifying its intensity and brightness. You pushed back my horizon.

It all started with a voice, the day I met a sigh, a breath, a melody – the delicate yet powerful exhalation of a fairy, the silvery signal of a world tucked away at the periphery of ours. A caress, a breeze composed of two arms, a gentleness powerful enough to seize my mind and extract it, remove it from the frontier of my very being. Its sonic curve was so clear, that, for an instant, I mistook it for an instrument. This wave left the screen, draping the keyboard, undulating towards my ears; I cleared away my work, opened the window – you were there. You were nineteen, and a serious expression was etched onto your pale features, blue eyes giving us a wide-angled glimpse of your bewilderment, a confession – your body was indeed too narrow to encase the native emotions of your song, and physically, you were crossed by every one of its inflexions. You had no choice but to share this prayer as it spilled over, you could not keep it to yourself.
Behind you, Norway deployed its territory – its land, its sky, its waters. The world was flowing through your words, soon to be reborn through them, pure and raw, washed from our stupidity and regret. You conjured up fire trapped under ice, ancient eras and those that will never be, sap oozing under bark, cliffs slowly rising up. On my skin, I could perceive the coalescence of a story that could be experienced, but never recounted. A million frosted arrows rose up along my spine. Invisible strings pulled at my heart, my lungs, my belly. Your whisper grew, low pitched intonations preceding the most crystalline of flights, – you are the only one to do this. Your voice soon burst into an arresting clarity, a triumphant sun, there, just there, right at the bottom of this secret abyss. On “Runaway”, you spoke of a vital exodus, of the failure of a dream, of the violence of a mirage preceding a necessary wrenching from one’s own being. Facing this exile, I did not flee, instead recomposing, returning deeper into who I truly was. I observed you, followed you, mapping your ascent. Within your dramatic flight, trapped inside this emotion, I closed my eyes, and then, it felt as if I were listening to you with my flesh, my bones, every one of my cells. This is what I was to feel every time your voice was rang forth. Once the song finished, I played it again and subscribed to your page. I was but an ear, a morsel of flesh, a point in the dark among several hundred. Dazzled by my discovery, I retained the giddiness of this beauty without realizing that it was but the prelude to an intense odyssey, of the type that draws you in, ever deeper.

In the weeks and months that followed, I prolonged the exploration of your realm. I listened to your first singles, then your album, “All My Demons Greeting Me As A Friend”. Every time, your voice would duck, snake, advance, retreat, thunder, soften and finally slice through the nocturnal veil your pen had cast unto the world. In each of your songs, you summoned the crawling darkness we choose to leave at the edges of society, believing it alien to our humanity. Homicide, madness, solitude, grief – these summits, so high, these edges, so rough. I slipped up, then soared. This poetry, impossible to grasp, called upon dreams, visions, and as many landscapes, cemeteries beneath the stars, submarine deserts, peaceful battlefields. “Wrapped inside a cocoon made of flesh and bones. Doesn’t really matter where you come from. We are home”. In the mingling of dawn and dusk, I found an hour, forever golden, a glimmer lighting my way. I carried it with me. Wrapped in the most freezing of shadows, fragmented in the most burning of lights, I was glad to be haunted. Glad you were there.

Two years later, you released your two-part album – “Infections Of A Different Kind – Step 1”, and “A Different Kind Of Human (Step 2)”. There were many more of us now, following your journey, summoning you into the paths of our existences, thousands of ears and souls combined. I was now devoting my life to writing and care, to a quest for meaning, meaning I found by your side, a sign amongst the yearning, an indefectible presence. Your music had become a language all to its own, one I would only share it with those I cherished the most, like a gift, a chance, a hand outstretched. Sensation carried identity away, and like you, I split myself into many pieces so that each discovery, each person I met would be an opportunity to grow, to feel alive. I became an animal capable of loving in a concrete jungle, a river in which to drown sorrow, a moon offering shelter from solitude, from the snare of abuse, a shower with which to quench the earth, forever a dreamer, a beautiful love rekindled. Like you, I also thought language could cauterise even the deepest of wounds, fill the gash, that from speech, a gentler universe would rise up one day. I opened and ended one of my books with the words ‘Soft Universe’, so that others besides me would get it. I was widening the path.

I did not manage to secure a ticket for your concert in Paris, yet wanted to celebrate this fresh lease of life alongside others, to bask in the musical double of our everyday lives. I came to see you at the Parque della Musica, in Rome. I was sat in the centre of the room, yet as soon as you appeared on stage, as soon as the first notes rose up and rang out through the blue hued penumbra of the auditorium, they exploded onto the surface of time and I felt transported back many years to the very first time I heard you, to that initial contact, to the grandiose exaltation in that minuscule appartement. I was aloft once more, high above the audience, above Italy, above myself. Yet I was very much within my own body, my breath fiery, my arteries pulsating with feeling. Where did the beating of my heart begin? Where did the sound of your voice end? I did not wish to remain sat there. It was too much, as you know well, too many emotions for just one body. I was not alone since the crowd ended up rising and pushing back the seats to get to the edge of the stage. I remember your surprise when facing this group that now formed just one silhouette, another ocean. My throat tight, I shouted something out, in French, moved, without thinking – my gratitude I believe. It seemed you looked at me, telling me that music always resembles a hearth, a hearth I had reached. I thought your generosity would be enough, that I was filled with magic, satiated with colour, that it would take several months for the expectations and defeats of ordinary life to reclaim the vivacious joy I had chanced upon in your aura. Yet a few months later, the call rang out again right when I felt bound by yearning. The desire returned, rough, intact. I returned to see you, this time in Manchester. Like in Rome, I saw your body collect the lightning bolts of your fervour, your dancing become a trance, your smile emerge, majestic, at the zenith of elation, at the point of fusion between sense and sound. Warrior or magician, princess Mononoke or Freya, electric spirit, incandescent flesh, you delivered every aspect of your psyche, all of them swirling around the epicentre of your voice. You were not playing your songs, you were an incarnation of their states, and from the atom to the angel, all of it was true, all of it had been experienced, as you called upon these tales, through your own self. And once again, there were many of us, in the shadows where the light came to rest, who synchronised our leaping hearts with yours.

Over the following years, I discovered you on film soundtracks and cover versions, on a great number of sings that have not yet been released – I hope that these incredible marvels, these demon friends and broken satellites will not remain forever caged. Yet is cover version the right term? Can one speak of covers when the canvas is loosened then rewoven with golden threads of plenitude and melancholy? In the aftermath of these successive revolutions, your new single appeared, bearing the seal of your instinctive yen for reinvention, a commitment indissociable from true creativity. On “Exist For Love”, you softly sing the power of renewing with this lost being we call love. It will never be possible to be truly whole, to heal one’s entire self, yet how can we live without this unison, without the heat of this fable, a dream which is nonetheless authentic? A little later, on “Cure For Me”, you paint the celebratory portrait of a generation, poster children of a fractured era, aware of its vulnerabilities as much as its imposture, granted, yet also aware of its inventivity in the redefinition of its individuality and its connections. This generation has no need to be guided, fostered, taught how to live or to love by those who came before it. This appeal is followed by “Giving in to the love”, a revolt of the self, obviously in love, faced with our dull contemporary rules, and especially, with “Heathens”, a Bifröst straddling tradition and modernity. With mystical remains eked out at the border of norms and models, in the matrix of the present you reveal an immortal, intemporal alcove. On the finale, “A Dangerous Thing”, you describe relationships of abuse, the scarlet tension between seduction and destruction, the knowledge we sometimes impart to a behemoth that would alienate us still. Yet you concede nothing to destruction – when all is said and done, this is not love, but it remains possible to live through the hurt, to dance through the rage, to abandon the spirit, and for the body to exult.
With each track, my impatience grew, along with my fascination for these successive metamorphoses which, in their radical transition, preserve only your demanding spirit, to become grace, a necessary luxuriance. I had become a child again, feverish with emotion and hope. I jumped through the waves, and in listening to these songs, felt myself grow, testing the ocean, then giving myself up to its swell. You were the artist capable of evoking the sad, perilous danger of having nothing left to say, since everything has already been said. After all, what is there left for us to destroy? What is there left for us to enchant?

We have arrived. “The Gods We Can Touch” is here, its music rings out and embraces every element – walls, furniture, thoughts. I see you against this new background. Here you stand, walking a tightrope between a world in tatters, and another, too frantic, bound by nothing. For too long, politics have been bedfellows with imagery, have ended up consumed by the visual, opinion has swallowed thought whole, religions alarm, nature succumbs, science ends up deceiving – everything is swallowed into the void, emptiness now reigns supreme. Where can we still find beauty to warm our days, meaning to orient our existence? How to subsist in this maelstrom of nihilism and absurdity? Which divinities can we still call forth? To carry the present out of this nothingness, you cast your gaze towards the past, towards Greece and its antique beliefs, Narcissus, Oedipus, Persephone, Artemis. All these gods, heroes, hostages of fate, they all lie by your side, powerful chimera creating what they illustrate, the very first units of meaning. To break the repetition of days, to extend the scope of a narrow view, you seize innumerable inspirations, from Asia to the 80s, from Westerns to French vocals, from electronics to strings. You combine so many references, fraction them, sculpt them anew, yet they are but materials, the new essence of the dream. To prove contemporary individualism wrong, you speak but of love, of all the possibilities to connect and leave the orbit of Me, to meet the other, to attach to them and liberate one’s self. Everything is profane. Everything is sacred. Everything is pointless. Everything has meaning, Everything is ancient, everything is lost, yet within our feelings, from passing sensuality to eternal symbiosis, everything is still to come, everything may still be reinvented. It is possible to believe, to marvel, to find our strangeness more familiar, to finally recognise our silhouettes in this human cosmogeny. Every trial may destroy us, yet every torment may be overcome, no loneliness may ever last, as long as there is someone to love. The genuine gods are those that wake in an embrace, wholly experienced, in the murmur at the edge of skin against skin, in scintillating gazes finally recognising each other, in the benediction conferred upon hands entwined. And it is not because our feelings ebb and flow that they have no consistency, not because our couples resist or lie secluded that they do not matter. One must be brave enough to come together despite a world in disarray – this is the final stab we have at its re-enchantment. You beckon, then become them, these gods without a sex, a gender, a norm, these gods that have created themselves, these gods we can touch.

I dived into the fallen, arresting romanticism of “Temporary High”, gathered up your cry with “Blood In The Wine”, listened to the whole album, anchored to its different steps like Ulysses visiting his islands. I felt the collision of eras, the hybridity of myths, supernatural forces spinning like planets. I took flight once more, divorcing myself from the ground, set for this singular Olympus. Upon leaving your postmodern world, upon returning to myself, I retained a conviction: you had made it, risen to the challenge of your time, built a new haven, right here. I am listening to you, yes, listening, again and again. And I know as well as I can feel, that the nooks and crannies of our intimacy are indestructible.

I have never managed to come see you in Paris, but I will be present in London and Amsterdam. In the multicolour night, I may express my gratitude one more. You shall be there, facing us, in your millions of incarnations, fugitive and authentic. I hope, like all the others, that time will hang suspended. I shall be an atom or an angel, a bridge among hundreds, ears, hearts and souls combined. I shall be happy in this interstice between dusk and dawn, airborne in unison, a unique pulsation. I have come a long way since the miniscule apartment, it has become the crypt of my memories, the interminable wait and hurts rest there. I carried on down my road, mapped out by your songs, basking in your voice, and it was worth it. I found my place, through writing and care, found a home at the cross-roads of time. Tomorrow forms but one with the here and now, the horizon you push back lies behind and before me. You have always been there. I am smiling, already as I remember the day you surged forth.

French version available by clicking on the following link.

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