(...) Le temps justement. Si je n’ai pas de portable, c’est bien grâce à lui. Ce que le portable a d’immédiat vous le fait oublier. Il vous enferme dans l’instant, il fait de votre vie une succession de moments sans suite et dépourvus de sens. Il vous désunit. Avec lui, on ne s’ennuie plus, on ne rêvasse plus, on ne traîne plus, on ne se perd plus. Les surréalistes l’auraient certainement détesté. On imagine Breton suivre une inconnue la nuit au hasard des rues de Paris, un portable à la main, et se mettre à l’appeler. Nadja n’aurait jamais existé.

Emmanuel de Waresquiel, Le temps de s'en apercevoir, journal d'un historien

Remarque : C'est bien, mais comment faire pour appeler quelqu'un que personne ne connaît et dont personne n'a le numéro?
20 Nov. 2024 - 16:36

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