14.03.2025 à 15:59
Coline Laroche
Le 5 mars dernier se tenait l’ouverture de la Conférence consultative politique du peuple chinois lors de laquelle sont discutés les différents objectifs économiques du pays. Cette réunion permet au Parti communiste chinois d’exposer la trajectoire qu’il souhaite emprunter et d’actualiser les politiques nationales. Alors que les équilibres internationaux sont bouleversés par l’accession de Donald Trump au pouvoir, la Chine adapte son positionnement stratégique. Quels sont les défis auxquels Pékin risque de se confronter en matière de développement économique ? Quelles pourraient être les implications de l’arrivée au pouvoir de Donald Trump sur l’économie chinoise et la question taïwanaise ? Quelles sont les perspectives de la politique étrangère chinoise, notamment en ce qui concerne les relations sino-européennes ? Le point avec Emmanuel Lincot, directeur de recherche à l’IRIS, co-responsable du Programme Asie-Pacifique. Quel état de lieux peut-on dresser de la situation économique en Chine ? Quels sont les défis à relever pour l’économie chinoise, notamment à la suite de l’annonce de la hausse des droits de douane états-uniens sur les produits chinois ? Li Qiang, Premier ministre de la République populaire de Chine, a annoncé comme prévu 5 % de croissance, ce qui est à prendre avec beaucoup de précautions, car l’économie est en réalité confrontée à un problème de spéculation immobilière et une montée sensible du chômage. Cette annonce vise sans doute à relancer les investissements et créer un climat de confiance pour le développement d’une industrie à forte plus-value comme les microprocesseurs ; pari difficile car la conjoncture n’est pas favorable. Si les taxes imposées par Donald Trump impactent encore peu l’économie, elles sont peut-être l’amorce de sanctions plus lourdes. Par ailleurs, les annonces du Premier ministre vont de pair avec une augmentation sensible du budget militaire à plus de 7 %. En somme, la Chine fixe son cap […]
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Le 5 mars dernier se tenait l’ouverture de la Conférence consultative politique du peuple chinois lors de laquelle sont discutés les différents objectifs économiques du pays. Cette réunion permet au Parti communiste chinois d’exposer la trajectoire qu’il souhaite emprunter et d’actualiser les politiques nationales. Alors que les équilibres internationaux sont bouleversés par l’accession de Donald Trump au pouvoir, la Chine adapte son positionnement stratégique. Quels sont les défis auxquels Pékin risque de se confronter en matière de développement économique ? Quelles pourraient être les implications de l’arrivée au pouvoir de Donald Trump sur l’économie chinoise et la question taïwanaise ? Quelles sont les perspectives de la politique étrangère chinoise, notamment en ce qui concerne les relations sino-européennes ? Le point avec Emmanuel Lincot, directeur de recherche à l’IRIS, co-responsable du Programme Asie-Pacifique.
Quel état de lieux peut-on dresser de la situation économique en Chine ? Quels sont les défis à relever pour l’économie chinoise, notamment à la suite de l’annonce de la hausse des droits de douane états-uniens sur les produits chinois ?
Li Qiang, Premier ministre de la République populaire de Chine, a annoncé comme prévu 5 % de croissance, ce qui est à prendre avec beaucoup de précautions, car l’économie est en réalité confrontée à un problème de spéculation immobilière et une montée sensible du chômage. Cette annonce vise sans doute à relancer les investissements et créer un climat de confiance pour le développement d’une industrie à forte plus-value comme les microprocesseurs ; pari difficile car la conjoncture n’est pas favorable. Si les taxes imposées par Donald Trump impactent encore peu l’économie, elles sont peut-être l’amorce de sanctions plus lourdes. Par ailleurs, les annonces du Premier ministre vont de pair avec une augmentation sensible du budget militaire à plus de 7 %. En somme, la Chine fixe son cap entre une réduction de sa dépendance vis-à-vis de l’extérieur en matière de haute technologie et une volonté de tenir tête militairement aux États-Unis.
Alors que la question taiwanaise reste en suspens, doit-on s’attendre une intensification des tensions entre Taipei et Pékin ?
Xi Jinping fait clairement de Taïwan une priorité. Les provocations récurrentes de la chasse chinoise, des garde-côtes, associées aux cyberattaques quotidiennes augurent du pire. Il y a fort à parier que la rencontre houleuse entre Volodymyr Zelensky, James David Vance et Donald Trump a par ailleurs conforté Xi Jinping dans son diagnostic : les États-Unis ne sont pas fiables. La propagande chinoise l’avait déjà dit à qui voulait l’entendre en août 2021 lorsque les Américains avaient piteusement quitté Kaboul, arguant du fait que Washington allait lâcher tout autant Taïwan. Sommes-nous arrivés à ce moment de vérité ? Les Taïwanais sont à la fois résignés et inquiets. Les Japonais et les Sud-Coréens envisagent de plus en plus sérieusement de se doter de l’arme atomique et de renforcer leurs partenariats avec les Européens. Ce qui signifie au moins deux choses : l’Occident dans sa relation transatlantique héritée de 1945 a vécu et les États-Unis ont renoncé à devenir une puissance impériale intervenant en tout temps et en tous lieux.
Alors que Donald Trump se retire progressivement de certains théâtres de crises militaires et humanitaires, quel rôle pourrait être amenée à jouer la Chine dans ce changement de paradigme ?
Elle va être opportuniste. Signe qui ne trompe pas : à l’issue de la conférence de Munich et des déclarations haineuses de James David Vance à l’encontre des Européens, Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères, a rencontré ses homologues européens au cas par cas, rappelant l’ancienneté de la relation entre Bruxelles et Pékin et son attachement au multilatéralisme. Au sommet de l’IA à Paris, les Chinois ont fait assaut d’amabilité. Ne soyons pas dupes non plus. Les Chinois sont avant tout des concurrents comme le sont d’ailleurs les Américains. Soyons pragmatiques et maintenons une relation d’équidistance entre Washington et Pékin, sachant que Donald Trump est sans doute notre meilleur adversaire car il nous pousse à devenir intelligents et partant, réellement autonomes. Quant aux Chinois, ne croyons pas un seul instant à un « Nixon in reverse » sur lequel tablent quelques stratèges américains car la relation entre la Russie et la Chine durera aussi longtemps que vivront Vladimir Poutine et Xi Jinping.
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14.03.2025 à 11:01
stagiaire-comm@iris-france.org
Les Océans sont des espaces incontournables dans la compréhension des dynamiques internationales. À la fois moteurs de l’économie, réservoirs de biodiversité et sources essentielles de ressources naturelles, ils sont au cœur de la géopolitique mondiale. C’est dans cette optique d’analyse et de compréhension que l’IRIS a lancé un nouveau programme de recherche : le Programme Océan. Entretien avec Julia Tasse, directrice de recherche a l’IRIS, responsable du Programme Océan.
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Les Océans sont des espaces incontournables dans la compréhension des dynamiques internationales. À la fois moteurs de l’économie, réservoirs de biodiversité et sources essentielles de ressources naturelles, ils sont au cœur de la géopolitique mondiale. C’est dans cette optique d’analyse et de compréhension que l’IRIS a lancé un nouveau programme de recherche : le Programme Océan.
Entretien avec Julia Tasse, directrice de recherche a l’IRIS, responsable du Programme Océan.
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13.03.2025 à 12:59
Coline Laroche
Le 20 janvier 2025, dès son retour à la présidence des États-Unis, Donald Trump a signé un décret suspendant pour quatre-vingt dix jours l’ensemble des programmes de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID). Le 3 février 2025, Elon Musk, désormais à la tête du Département de l’efficacité gouvernementale (DOGE), a déclaré la fermeture définitive de l’USAID, qu’il qualifie d’« organisation criminelle ». Enfin, le 10 mars, le secrétaire d’État Marco Rubio a indiqué la suppression de 83 % des programmes de l’USAID, les 17 % restants étant transférés sous la tutelle du Département d’État.L’USAID, fondée en 1961 sous l’administration Kennedy, était un pilier de l’aide internationale. Ses financements (42 milliards de dollars en 2023, 35 milliards de dollars en 2024) représentaient plus de 40 % de l’aide humanitaire mondiale en 2024. L’USAID finançait des projets dans 158 pays et fournissait jusqu’à 50 % de l’aide humanitaire totale pour certains d’entre eux. La dissolution de l’USAID a entraîné l’arrêt immédiat de milliers de projets vitaux à travers le monde. En Ukraine, l’assistance aux médias indépendants a été interrompue. Au Myanmar, des hôpitaux ont fermé, privant des milliers de personnes de soins. Au Cameroun, les programmes de vaccination contre le VIH/SIDA ont été suspendus, menaçant les progrès sanitaires réalisés ces dernières années. En République démocratique du Congo et au Népal, les initiatives de lutte contre la malnutrition ont cessé, aggravant l’insécurité alimentaire. Au Cambodge, les opérations de déminage ont été stoppées, exposant les populations rurales aux dangers des mines terrestres. Il s’agit d’un tournant historique dans la politique d’aide étrangère des États-Unis. Si l’ensemble des répercussions ne sont pas encore connues, cette décision touchera en premier lieux les populations vulnérables et elle constitue une menace dans le cadre de nombreux défis mondiaux, en déstabilisant de manière inédite l’écosystème de l’aide […]
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Le 20 janvier 2025, dès son retour à la présidence des États-Unis, Donald Trump a signé un décret suspendant pour quatre-vingt dix jours l’ensemble des programmes de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID). Le 3 février 2025, Elon Musk, désormais à la tête du Département de l’efficacité gouvernementale (DOGE), a déclaré la fermeture définitive de l’USAID, qu’il qualifie d’« organisation criminelle ». Enfin, le 10 mars, le secrétaire d’État Marco Rubio a indiqué la suppression de 83 % des programmes de l’USAID, les 17 % restants étant transférés sous la tutelle du Département d’État.
L’USAID, fondée en 1961 sous l’administration Kennedy, était un pilier de l’aide internationale. Ses financements (42 milliards de dollars en 2023, 35 milliards de dollars en 2024) représentaient plus de 40 % de l’aide humanitaire mondiale en 2024. L’USAID finançait des projets dans 158 pays et fournissait jusqu’à 50 % de l’aide humanitaire totale pour certains d’entre eux.
La dissolution de l’USAID a entraîné l’arrêt immédiat de milliers de projets vitaux à travers le monde. En Ukraine, l’assistance aux médias indépendants a été interrompue. Au Myanmar, des hôpitaux ont fermé, privant des milliers de personnes de soins. Au Cameroun, les programmes de vaccination contre le VIH/SIDA ont été suspendus, menaçant les progrès sanitaires réalisés ces dernières années. En République démocratique du Congo et au Népal, les initiatives de lutte contre la malnutrition ont cessé, aggravant l’insécurité alimentaire. Au Cambodge, les opérations de déminage ont été stoppées, exposant les populations rurales aux dangers des mines terrestres.
Il s’agit d’un tournant historique dans la politique d’aide étrangère des États-Unis. Si l’ensemble des répercussions ne sont pas encore connues, cette décision touchera en premier lieux les populations vulnérables et elle constitue une menace dans le cadre de nombreux défis mondiaux, en déstabilisant de manière inédite l’écosystème de l’aide internationale.
Cette analyse cartographique et infographique permet d’évaluer l’ampleur des aides en provenance de l’USAID pour l’année 2024, avant son démantèlement, à la fois dans sa dimension géographique et sectorielle, et de prendre ainsi la mesure des conséquences d’une telle suppression.
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