flux Ecologie

Listing des sites et blogs des journalistes & Ecrivains pour la Nature et l'Écologie

▸ les 10 dernières parutions

13.05.2024 à 15:23
lsamuel
Texte intégral (1383 mots)

Lors d’un webinaire sur la libre évolution auquel participaient les membres d’une association de protection de la nature, on m’a posé la sempiternelle question du pourquoi prôner la libre évolution alors qu’une prairie a plus de biodiversité qu’une forêt ? Je me souviens avoir répondu par une autre question du genre : comment peut-on croire qu’une prairie a plus de biodiversité qu’une forêt, écosystème le plus complexe qui soit ? Mais à la réflexion, il y a pas mal de choses à dire en réponse à cette question et sur la question elle-même que j’étais incapable de résumer en une phrase le jour du webinaire.

par Jean-Claude Génot **

Ainsi j’aurais pu dire que cette question relève d’une légende qui est répandue au sein de la communauté des gestionnaires de la biodiversité, focalisés principalement sur l’entretien des milieux ouverts. Cette légende, pour ne pas l’appeler contre-vérité, affirme qu’il y a plus de biodiversité dans une prairie que dans une forêt. Est-ce pour justifier leur choix que les gestionnaires se sentent obligés de se raconter de telles histoires ? Car enfin, une prairie est uni-strate quand une forêt est pluri-strate et cette stratification verticale génère une diversité d’espèces que la prairie n’offre pas. Sans parler des arbres dont certains sont des mini-écosystèmes à eux seuls quand ils ont atteint un âge vénérable. Qui plus est, une forêt digne de ce nom est une mosaïque de trouées, de jeunes stades et de parties sénescentes qui offrent des niches écologiques à de très nombreuses espèces. Dans le monde, les forêts abritent 60 000 espèces d’arbres, 80 % des espèces d’amphibiens, 75 % des espèces d’oiseaux et 68 % des espèces de mammifères. François Terrasson aimait à rappeler : « Les végétations puissantes et touffues, les taillis serrés, les broussailles et les jungles restent le refuge majoritaire du plus grand nombre d’espèces et le déclin de celles-ci provient non pas du manque de milieux ouverts, mais de l’extension de ceux-ci sous la pression de l’homme. » Mais de nombreux naturalistes préfèrent une prairie fleurie où virevoltent des papillons en plein soleil à une forêt dense et ombragée où dominent les mousses, les fougères et autres lichens. Sans doute un lointain héritage de la vie dans la savane…

Dans la prairie, l’homme domine la végétation © Jean-Claude Génot

J’aurais pu aussi relever que l’affirmation « la prairie a plus de biodiversité que la forêt » est un abus de langage. Parce que la biodiversité n’est pas mesurable et indénombrable, comme le souligne le chercheur Vincent Devictor. Dans sa volonté de défendre un milieu qu’il apprécie, un naturaliste oublie qu’il est incapable d’en mesurer « la » biodiversité dans son entièreté, notamment celle du sol. Il serait plus rigoureux de dire que pour certaines familles ou certains genres, une prairie est plus diversifiée qu’une forêt, l’inverse étant également le cas pour d’autres familles ou genres. Encore faut-il préciser de quelle prairie on parle, mais aussi de quelle forêt ?

Laissons tomber les prairies engraissées aux engrais ou champs d’herbe et les monocultures de résineux ou champs d’arbres. Ces milieux sont artificialisés à outrance et sont aux antipodes de la nature. Une prairie fleurie sans engrais et fauchée tardivement n’est pas un milieu naturel autonome, mais un pur produit de l’homme, une nature « culturelle », ce qui ne l’empêche pas d’accueillir une faune et une flore diversifiée. Chez nous, seules les pelouses alpines sont des milieux naturels. La forêt a un statut spécial car elle constitue le stade terminal d’évolution naturelle de tous les milieux ouverts d’origine anthropique dans notre pays. Elle s’installe naturellement dès que l’homme cesse de contrarier la succession végétale dans les milieux ouverts. Mais cela se fait par divers stades transitoires, friche herbacée, friche arbustive, jeune boisement spontané et enfin forêt mature, la nature « naturelle » en quelque sorte. Les stades intermédiaires ne sont guère prisés des naturalistes qui y voient une banalisation là où en réalité il y a un foisonnement de vie.

Finalement cette question sur ce que Terrasson nommait « la prétendue supériorité biodiversifiante des milieux ouverts » ne relève pas de la science, mais de la psychologie et de la philosophie de chacun. Quiconque préfère cheminer en milieu ouvert plutôt qu’en milieu couvert a ses raisons : la peur de se perdre en forêt, un cadre de vie bocager agréable ou encore la force de l’habitude. Mais il suffit de voir la fréquentation des massifs forestiers, surtout depuis le confinement, pour se rendre compte que la forêt, même exploitée, symbolise plus la nature qu’un champ de maïs ou des pâturages. La question est différente quand il s’agit du protecteur de la nature. Car comment comprendre ce choix, puisque pour maintenir un milieu secondaire il faut lutter contre l’évolution naturelle ? La prairie fleurie est intéressante, mais cette nature façonnée par l’homme devrait relever d’une agro-écologie mise en œuvre par des agriculteurs respectueux du monde vivant.

Le protecteur de la nature, lui, a bien assez de travail pour sensibiliser au sauvage et convaincre nos contemporains de lâcher prise et de laisser plus de place à la libre évolution. Il y a près de 60 ans, Robert Hainard avait mis en garde sur cette dérive interventionniste de la protection de la nature : « Si la nature sauvage n’est pas son ultime but, je ne vois pas ce qui empêchera la protection de la nature de se résorber dans la culture, l’élevage et le jardinage ». Le monde de la conservation est empêtré dans cette « gestionite », au point que ses adeptes ne voient plus comment faire marche arrière. En devenant des jardiniers d’une certaine biodiversité, les protecteurs de la nature ont perdu de vue l’essence même de la nature, à savoir son caractère sauvage, spontanée, autonome et libre. Ils se rangent ainsi parmi tous ceux pour qui la nature n’existe que si l’humain y met son empreinte, le défaut majeur de la vision anthropocentrique de notre civilisation. La nature n’est pas un patrimoine figé à maintenir en l’état, c’est un potentiel évolutif dynamique qui a juste besoin d’espace et de temps long, ce qui fait son inestimable valeur. Laissons les milieux ouverts devenir des forêts, cela servira à la nature mais aussi aux humains face à un monde changeant.

* Néologisme emprunté à François Terrasson

** Ecologue

Photo en haut : dans la forêt, l’homme est dominé par la végétation © Jean-Claude Génot

L’article De la soi-disant supériorité « biodiversifiante »* des milieux ouverts… – par Jean-Claude Génot est apparu en premier sur Journalistes Écrivains pour la Nature et l'Écologie.

05.05.2024 à 17:11
lsamuel
Lire plus (341 mots)

Voici la vidéo du Jeudi de l’écologie JNE/Momentum du 2 mai, sur le thème : les J.O. 2024, une dystopie du Grand Paris.

Quelque 10 500 athlètes, 25 000 journalistes et 1,5 million de touristes sont attendus aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Malgré leur gigantisme incompatible avec les limites planétaires, ces jeux se veulent différents, moins énergivores, plus responsables sur le plan écologique.

Les organisateurs invoquent de grands projets d’héritage, qui se concrétiseront dès 2025. Le Village des Athlètes, construit au bord d’une autoroute, sur l’Île Saint-Denis, serait, selon eux, transformé en quartier intégrant les meilleures normes environnementales, où plus de 12 000 personnes emménageront, travailleront et se baigneront dans une Seine dépolluée.

Cette soirée-débat questionnera la fabrique du Grand Paris selon une forme d’extractivisme urbain qui consiste aussi bien en la prédation des terres fertiles qu’en extraction de valeur pompée du sol. Les alternatives à cette fabrique sont nombreuses et seront ici abordées pour envisager comment réparer le Grand Paris.

Un débat animé par Alice Le Roy, professeure d’écologie urbaine et membre de l’Institut Momentum

avec

● Jade Lindgaard, journaliste à Médiapart, auteure de Paris 2024. Une ville face à la violence olympique (éditions Divergences, 2023). Responsable du pôle Ecologie, elle enquête sur les injustices environnementales, les pollutions industrielles, l’écologie urbaine, le nucléaire.

● Ivan Fouquet, architecte, Scop d’architecture Fair, co-auteur du blog Réparer le Grand Paris

À l’Académie du climat
2 place Baudoyer
75004 Paris

L’article La vidéo du Jeudi de l’écologie JNE/Momentum du 2 mai : les J.O. 2024, une dystopie du Grand Paris est apparu en premier sur Journalistes Écrivains pour la Nature et l'Écologie.

30.04.2024 à 16:10
lsamuel
Texte intégral (759 mots)

Vouloir développer des énergies renouvelables est une nécessité à condition que cette volonté s’accompagne d’une importante réduction de notre consommation, donc d’une remise en cause de la société consumériste voulue et entretenue par le pouvoir actuel comme tous ses prédécesseurs.

par Pierre Grillet

Or, nous en sommes loin. Dans le cas de l’agrivoltaïsme, il est également légitime de se demander si, en se basant sur les chiffres et objectifs annoncés officiellement, le développement du photovoltaïque au sol serait réellement une nécessité…
Lors de son discours à Belfort le 10 février 2022, le président de la République avait fixé l’objectif d’une puissance d’au moins 100 GW de photovoltaïque en 2050. France Nation Verte (FNV), prévoit, pour 2050, 140 GW de production assurée par le photovoltaïque. Dans son étude Futurs énergétiques 2050, RTE (gestionnaire du réseau de transport d’électricité français) estime que le parc photovoltaïque pourrait atteindre en 2050 entre 70 et 118 GW, dans les scénarios avec construction de nouveaux réacteurs nucléaires, entre 125 et 214 GW dans les scénarios 100 % sans construction de nouveaux réacteurs, soit entre 7 à 20 fois plus que la capacité installée fin 2020 (1). Or, selon les études 2018 et 2019 de l’Agence de la transition écologique (2), « le gisement en panneaux solaires photovoltaïques serait de 123 GW sur grandes toitures », 49 GW sur des friches industrielles et 4 GW sur des parkings, soit 176 GW. 450 000 ha de zones d’activité, donc artificialisées propices à ce type d’installation, ont été estimées (3). Inutile d’utiliser des panneaux solaires sur sols agricoles, forestiers ou naturels et sans surcoût important (moins de 10 % selon l’ADEME). L’Agence appelle à privilégier ces modèles « pour éviter d’occuper des sols agricoles et de nuire à l’image de cette énergie renouvelable ».

La première des priorités devrait porter sur une réduction importante de la consommation tout en renforçant l’efficacité énergétique. Malgré l’affichage d’un objectif de réduction de la consommation d’énergie d’ici à 2050, les publicités incitant à consommer toujours plus et les grandes surfaces de la consommation n’ont jamais été aussi florissantes, ne laissant aucunement entrevoir une véritable réduction des besoins énergétiques… L’installation de panneaux sur les toitures et les surfaces déjà artificialisées permettra de dépasser largement les objectifs de la France en matière de production d’énergie photovoltaïque. En conséquence, l’agrivoltaïsme au sol n’est pas nécessaire pour la société. De plus, il oriente l’agriculture vers toujours plus de technologies, la rend encore plus dépendante des sociétés privées et l’éloigne de son objectif nourricier et de la nécessité pour le paysans actuels et à venir d’être de plus en plus autonomes, afin de concevoir leurs productions en fonction de leurs souhaits et de ceux exprimés par l’ensemble des citoyens localement. Il induit des impacts forts sur les espaces dits « naturels » (forestiers ou autres) malgré ce tour de passe-passe inventé par le gouvernement : le photovoltaïque au sol ne sera pas comptabilisé dans le total des surfaces artificialisées. Une porte largement ouverte pour le plus grand profit des énergéticiens, encore une fois au détriment du vivant.

Photo du haut : un parc photovoltaïque installé sur une surface à vocation forestière et agricole dans le sud de la Charente-Maritime © Pierre Grillet

(1) https://concertation-strategie-energie-climat.gouv.fr/fiche-thematique-ndeg3-le-photovoltaique

(2) https://librairie.ademe.fr/cadic/1176/evolution-mix-electrique-horizon-2020-2060-010655.pdf?modal=false

(3) La France compte entre 24 000 et 32 000 zones d’activités. Chiffre issu du CEREMA : CEREMA, Zones d’activité économique en périphérie : les leviers pour la requalification, 2015, https://www.cerema.fr/fr/centre-ressources/boutique/zones-activite-economique-peripherie-leviers-requalification

 

 

L’article Le photovoltaïque au sol sur terres agricoles, naturelles et forestières : une nécessité pour la consommation énergétique ? est apparu en premier sur Journalistes Écrivains pour la Nature et l'Écologie.

6 / 10

Reporterre
Bon Pote
Actu-Environnement
Amis de la Terre
Aspas
Biodiversité-sous-nos-pieds

 Bloom
Canopée
Décroissance (la)
Deep Green Resistance
Déroute des routes
Faîte et Racines
Fracas
France Nature Environnement AR-A
Greenpeace Fr
JNE

 La Relève et la Peste
La Terre
Le Sauvage
Limite
Low-Tech Mag.
Motus & Langue pendue
Mountain Wilderness
Negawatt
Observatoire de l'Anthropocène

  Présages
Terrestres
Reclaim Finance
Réseau Action Climat
Résilience Montagne
SOS Forêt France
Stop Croisières

  350.org
Vert.eco
Vous n'êtes pas seuls

 Bérénice Gagne