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14.05.2024 à 13:43

VSA : l’Assemblée discute déjà son extension aux transports

noemie

Alors que les expérimentations de vidéosurveillance algorithmique (VSA) prévues par la loi relative aux Jeux Olympiques ont à peine débuté et qu’aucune évaluation n’a encore été réalisée, le gouvernement passe déjà à la vitesse supérieure.…
Texte intégral (3056 mots)

Alors que les expérimentations de vidéosurveillance algorithmique (VSA) prévues par la loi relative aux Jeux Olympiques ont à peine débuté et qu’aucune évaluation n’a encore été réalisée, le gouvernement passe déjà à la vitesse supérieure. Mercredi 15 mai, la commission des lois de l’Assemblée va discuter d’une proposition de loi visant à légaliser une nouvelle forme de VSA, en utilisant cette fois-ci comme excuse la sécurité dans les transports. Derrière ce texte passé presque inaperçu se cache une nouvelle avancée sécuritaire mais surtout un agenda politique assumé : celui de la généralisation sur le long terme des technologies de surveillance algorithmique des espaces publics. Le rapporteur Clément Beaune a refusé de nous auditionner. Pourtant nous aurions eu beaucoup à lui dire sur les dangers de cette technologie et les contradictions du gouvernement qui trahit sans scrupule les promesses formulées il n’y a même pas un an.

Vous vous souvenez de la loi Sécurité globale ? Voici sa petite sœur, la proposition de loi « relative au renforcement de la sûreté dans les transports ». Adoptée en février par le Sénat, ce texte propose les pires projets sécuritaires : captation du son dans les wagons, pérennisation des caméras-piétons pour les agent·es et extension aux chauffeur·euses de bus, autorisation donnée aux régies de transports pour traiter des données sensibles (ce qui permettrait de collecter des données liées à l’origine raciale, les données de santé ou encore les opinions religieuses et politiques) ou encore transmission directe au ministère public des procès-verbaux d’infractions commises dans les transports.

Expérimenter pour banaliser et légitimer

Mais surtout, cette proposition de loi envisage une nouvelle expérimentation de la vidéosurveillance algorithmique jusqu’en 2027. Son article 9 est un quasi copié-collé de l’article 10 de la loi relative aux Jeux olympiques adoptée l’année dernière et qui prévoyait l’utilisation d’algorithmes de reconnaissance de comportements dans un cadre soit-disant « expérimental » pour tout évènement récréatif, sportif et culturel. Alors que les premiers déploiements ont à peine commencé, que des sénateur·rices ont constaté dans un récent rapport que ces dispositifs ne seront pas suffisamment opérationnels pour les JO de Paris et que l’évaluation prévue par la loi n’a pas encore été faite, ce nouveau texte discuté demain propose de rendre légal un autre type de logiciel d’analyse de flux vidéos.

En l’occurrence, il s’agirait d’autoriser des traitements de données ayant pour but d’« extraire et exporter les images » réquisitionnées par la police dans le cadre d’enquêtes pénales. Derrière cette formule floue, nous devinons qu’il s’agit en réalité des algorithmes de VSA dits « a posteriori » dont nous documentons l’usage depuis des années dans le cadre de l’initiative Technopolice.

En effet, s’il est très facile d’effectuer une recherche dans un document texte, la tâche s’avère plus compliquée et chronophage lorsqu’il s’agit d’effectuer une recherche dans un flux vidéo. La VSA « a posteriori » permet d’ automatiser des recherches dans des archives vidéo. Comme nous l’expliquons dans notre brochure détaillée publiée début mai, cela consiste à lancer des requêtes de reconnaissance d’image afin de faire remonter l’ensemble des bandes vidéos correspondant à certains critères thématiques comme détecter l’ensemble des hommes portant un t-shirt jaune et un pantalon noir repérés dans une zone géographique donnée durant les dernières 24h. Concrètement, cela permet de retracer le parcours de quelqu’un dans une ville. La VSA peut également raccourcir le temps de visionnage en condensant des heures ou des jours de vidéos en quelques minutes. Le rôle de la VSA dans cet usage est de sélectionner les passages susceptibles d’intéresser la police et de faire une ellipse sur le reste du temps de vidéo. Cette technologie repose sur l’analyse et le tri des caractéristiques biométriques des personnes, ce qui la rend totalement illégale.

Le plus connu des logiciels permettant de tels usages est celui de Briefcam, une entreprise israélienne rachetée par le groupe japonais Canon. Pas moins de 200 villes françaises seraient dotées de sa technologie de VSA, qui permet aussi de faire de la reconnaissance faciale. Le manuel d’utilisation que nous avons obtenu ainsi que les vidéos promotionnelles1 Voir notamment cette vidéo à partir de 3:12 sont parlantes quant aux capacités de ces algorithmes de tri et de catégorisation des personnes, considérés comme de simples « objets ».

Comme toute technologie de VSA, elle permet à la police d’augmenter son contrôle de l’espace public, réduisant ainsi l’anonymat et les libertés que l’on y exerce. Mais la VSA étend également les logiques policières en les automatisant. Toute décision opérée sur le logiciel ne fait que refléter un choix humain, en l’occurrence celui des policiers, et généralise les habitudes qu’ils ont en matière de surveillance de l’espace public. Qu’il s’agisse des critères physiques choisis pour mettre en œuvre des filtres de tri et de repérage (par exemple, un homme vêtu d’un jogging et d’une casquette), des lieux ciblés par cette analyse (abords d’un lieu militant ou quartier populaire…) ou encore de la fonctionnalité choisie (pour retrouver le parcours de quelqu’un ou pour ne repérer qu’une certaine catégorie de personne), chacune des utilisations de cette VSA renforce des pratiques policières discriminantes et créé un risque supplémentaire de surveillance.

Une hypocrisie de plus : légaliser l’illégal

Bien que ces logiciels soient massivement utilisés par la police dans de nombreuses villes de France, et ce en toute illégalité, la proposition de loi discutée ce mercredi cantonne « l’expérimentation » aux transports pour trois ans. En pratique, seules la RATP ou la SNCF seront donc autorisées par la loi à avoir recours à ces algorithmes, et uniquement pour répondre à des réquisitions d’enregistrements dans le cadre d’enquêtes pénales. Plutôt que de condamner ces utilisations illégales et massives de VSA, le gouvernement a donc choisi de les légitimer au travers d’un texte qui semble en apparence circonscrit et proportionné. Comme pour la loi relative aux Jeux Olympiques, le gouvernement souhaite avancer par « petit pas » pour mettre en œuvre sa stratégie de légalisation, en concentrant l’attention sur un spectre réduit d’usages encadrés par des lois « expérimentales ».

Usages de la VSA

Ces cadres « expérimentaux » permettent de donner l’apparence d’un aspect éphémère et réversible pour construire l’acceptabilité sociale d’une technologie autoritaire. Mais il ne fait que peu de doute que ces dispositifs seront soit pérennisés soit étendus à de nouveaux usages L’arrivée de ce texte, un an à peine après celui de la loi JO, en est le meilleur exemple. Il n’est d’ailleurs pas étonnant que les transports aient été choisis pour mettre en application cette nouvelle accélération. En effet, ceux-ci jouent un rôle moteur dans la promotion de la VSA en France. En 2022, la CNIL avait lancé une consultation publique sur le sujet et les contributions de la RATP et de la SNCF étaient éloquentes quant à leurs intentions de surveillance.

Aussi, comme l’a rappelé Mediapart, la SNCF expérimente régulièrement depuis 2017, de façon totalement illégale, plusieurs logiciels de surveillance dans les gares achetés auprès de plusieurs entreprises. Début mai, nous avons dénoncé à la CNIL un de ces programmes illégaux mis en œuvre par la SNCF, Prevent PCP, qui vise à faire de la filature automatisée de personnes dans les gares, sur la base de leurs attributs physiques et biométriques, sous prétexte de retrouver les personnes qui abandonneraient un bagage en gare. Quant à la RATP, elle a expérimenté la vidéosurveillance algorithmique dans ses rames et sur ses quais avec Evitech et Wintics. Bref, la proposition de loi apparaît taillée sur mesure pour légaliser une partie des dispositifs de VSA d’ores et déjà utilisés illégalement par la SNCF ou la RATP.

Un Parlement instrumentalisé

Qu’il s’agisse de cette proposition de loi sur les transports ou de la loi relative aux Jeux olympiques adoptée en mai 2023, l’intention qui préside à ces textes n’est pas d’engager une discussion sincère sur l’utilité de la VSA, mais d’entériner des états de fait. Le Sénat et l’Assemblée nationale apparaissent alors comme de simples chambre d’enregistrement du gouvernement, qui trahit ses engagements et multiplie les manœuvres rendant impossible un réel débat parlementaire.

En effet, celui-ci n’a pas peur de s’asseoir sur ses promesses faites l’année dernière aux député·es et sénateur·ices. Lors des débats sur la loi sur les Jeux Olympiques, aussi bien le rapporteur Guillaume Vuilletet que Gerald Darmanin assuraient mordicus aux parlementaires inquiets que de nombreuses garanties avaient été prévues, et notamment puisqu’il s’agissait d’une « expérimentation », que seul l’aboutissement d’un processus d’évaluation permettrait d’aller plus loin. Les modalités de cet examen ont été précisées par un décret du 11 octobre 2023 et un comité a été nommé pour rendre un rapport d’ici fin mars 2025. Mais ces gardes-fous, pourtant votés par la représentation nationale il y a un an, sont balayés d’un revers de main aujourd’hui : sans attendre ce rapport, le gouvernement préfère avancer, en assumant avoir menti aux parlementaires.

D’autre part, le processus législatif qui entoure ce texte sur les transports démontre que le gouvernement refuse au Parlement les conditions d’un débat serein et approfondi. Comme son nom l’indique, ce texte est une proposition de loi, c’est à dire une initiative parlementaire et non gouvernementale, déposée en l’occurrence par Philippe Tabarot, un sénateur LR. Celui-ci n’est pas sans lien avec le sujet puisqu’il a été plusieurs années à la tête de la régie des transports PACA puis vice-président de la Commission des transports de Régions de France.

Or, compte tenu du fait qu’il s’agit d’une proposition de loi de l’opposition, ce texte ne pouvait en théorie être transféré à l’Assemblée qu’au travers d’une « niche » du parti LR. C’était sans compter la volonté de l’exécutif de le mettre à l’ordre du jour de son propre chef. En outre, le gouvernement n’a pas hésité à recourir une fois de plus à l’excuse des Jeux olympiques pour déclencher une procédure accélérée pour l’examen du loi, prétextant que ce texte devait entrer en vigueur avant cet évènement en juillet. Mais ce n’est pas tout. Alors que l’année dernière, pour la loi JO, le gouvernement avait au minimum posé les conditions d’un examen parlementaire informé, ici aucune étude d’impact, aucun avis de la CNIL, aucune explication de la technologie couverte par l’article 9 n’a été publiée ou transmise aux parlementaires.

Les député·es vont donc voter un texte sans comprendre les implications techniques et les conséquences en termes de surveillance de cet usage de la VSA, qui sera très probablement minimisée et mal expliquée par le rapporteur Clément Beaune. D’ailleurs, ce dernier ne semble pas disposé à un quelconque débat : lorsque nous lui avons demandé à être auditionné afin d’en savoir plus sur le contenu de ce texte ainsi que pour alerter sur ses dangers, l’administration de l’Assemblée nationale a refusé, prétextant un « calendrier trop chargé ».

Faire passer un texte à toute vitesse, faire primer l’opportunisme politique sur la transparence démocratique et refuser d’écouter une association de défense des droits qui travaille depuis des années sur le sujet, c’est tout le jeu démocratique qui est bafoué. Une fois de plus, il n’y a aucune volonté de la part des pouvoirs publics d’examiner sincèrement l’utilité ou les dangers de la VSA, et encore moins de démanteler l’infrastructure de surveillance illégalement déployée depuis des années. En réalité, les intérêts politiques et sécuritaires priment et les garde-fous démocratiques sont réduits à de purs instruments cosmétiques.

Cette proposition de loi sur les transports constitue une étape de plus dans le déploiement de la surveillance automatisée des rues, au bénéfice de la police et des industriels de la Technopolice. Alors que le gouvernement ne s’embarrasse même plus à permettre les conditions d’un débat parlementaire, mobilisons-nous ! Interpellez votre député·e sur ce texte ou bien créez vous-même la contestation dans votre ville ou votre département. Car à coté de ces débats législatifs, la VSA continue de s’installer de façon illégale à travers le pays, souvent à l’échelon des collectivité locales. Pour dénoncer cette hypocrisie et refuser le projet de société de surveillance de l’espace public, nous avons lancé un kit de mobilisation il y a deux semaines. Vous pouvez y trouver ressources, modes d’action et des affiches pour faire valoir une opposition populaire à la VSA. Rejoignez la campagne sur www.laquadrature.net/vsa, et si vous le pouvez, faites un don sur www.laquadrature.net/donner !

References

References
1 Voir notamment cette vidéo à partir de 3:12

03.05.2024 à 16:55

QSPTAG #307 — 3 mai 2024

robinson

Lancement de notre campagne contre la VSA La loi JO de 2023 a légalisé des « expérimentations » de vidéosurveillance algorithmique (VSA) dans un cadre précis : des événements « festifs, sportifs ou culturels », sur une période donnée (jusqu’en mars…
Texte intégral (1115 mots)

Lancement de notre campagne contre la VSA

La loi JO de 2023 a légalisé des « expérimentations » de vidéosurveillance algorithmique (VSA) dans un cadre précis : des événements « festifs, sportifs ou culturels », sur une période donnée (jusqu’en mars 2025), et pour surveiller seulement huit critères parmi lesquels les départs de feu, les franchissements de ligne ou les mouvements de foule par exemple. Mais on le sait depuis longtemps grâce à notre campagne Technopolice, la VSA est déjà présente et utilisée dans des dizaines de communes sans aucun cadre légal. La SNCF expérimente par exemple depuis plusieurs mois un dispositif appelé Prevent PCP et qui dépasse largement le cadre délimité par la loi JO.

C’est pourquoi nous lançons cette semaine une grande campagne contre la VSA légale et illégale, en profitant de l’intérêt suscité par les JO, pour dénoncer l’hypocrisie consistant à légaliser petit à petit, et à banaliser par le fait, un système de surveillance qui sert à la fois des intérêts électoraux, industriels et policiers au mépris complet des droits fondamentaux et sans aucun débat démocratique.

Première action de cette campagne : une plainte devant la CNIL contre le dispositif Prevent PCPC de la SNCF. Pour en savoir plus sur la campagne, lisez notre communiqué de lancement ! Et retrouvez sur notre page de campagne les éléments de communication et de sensibilisation que nous avons préparés. Ils seront complétés au fil de la campagne.

Lire le communiqué de lancement de la campagne : https://www.laquadrature.net/2024/05/02/contre-lempire-de-la-videosurveillance-algorithmique-la-quadrature-du-net-contre-attaque/
Le site de campagne : hhttps://www.laquadrature.net/vsa/

Hadopi : la CJUE renonce à protéger l’anonymat en ligne

C’est une affaire qui commence en 2019. Dans le cadre de nos actions contre Hadopi, nous avions soulevé devant le Conseil d’État le problème de l’absence de contrôle préalable à la collecte des adresses IP et de l’identité civile des internautes, et la question de la licéité de cette collecte au regard du droit de l’UE. Après un circuit complet, du Conseil d’État au Conseil constitutionnel et retour, le Conseil d’État avait décidé de transmettre le problème sous forme d’une « question préjudicielle » à la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). Celle-ci a rendu une décision très décevante ce mardi 30 avril. À rebours de sa décision de 2020, la CJUE autorise toujours la collecte massive de l’identité civile des internautes, et admet désormais que l’association de celle-ci avec l’adresse IP et une communication peut se faire pour n’importe quel motif. Elle semble valider de guerre lasse la pratique illicite des États européens depuis des années. Tous les détails de cette décision et de ses conséquences dans notre article de réaction.

Lire notre réaction : https://www.laquadrature.net/2024/04/30/surveillance-et-hadopi-la-justice-europeenne-enterre-un-peu-plus-lanonymat-en-ligne/

Soutenir La Quadrature en 2024

Nous avons besoin de vous pour travailler en 2024, et nous avons pour le moment atteint 60% de notre objectif de collecte. N’hésitez pas à faire un don de soutien à l’association, ou à faire connaître notre campagne de dons autour de vous. Merci pour votre aide !

Présentation des grands chantiers de 2024 : https://www.laquadrature.net/donner/ et https://www.laquadrature.net/2023/11/15/de-nouveaux-combats-pour-2024/
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Agenda

  • 3 mai 2024 : Apéro public dans nos locaux, 115 rue de Ménilmontant, 75020 Paris, à partir de 19h. Venez nous rencontrer !
  • 16 mai 2024 : Causerie mensuelle du groupe Technopolice Marseille, à partir de 19h au Manifesten, 59 Rue Adolphe Thiers, Marseille.
  • 18 mai 2024 : La Quadrature sera au Festival du livre et des cultures libres à l’espace autogéré des Tanneries, à Dijon. Plus d’infos ici : https://festivaldulivre.tanneries.org/.
  • 25 mai 2024 : Journées du logiciel libre à Lyon – Conférence « La vidéosurveillance algorithmique menace nos villes, contre-attaquons ! » à 13h. Plus d’infos sur la conférence et plus d’infos sur les JDLL.
  • Retrouvez tout l’agenda en ligne.

La Quadrature dans les médias

VSA et JO

Hadopi

Divers

02.05.2024 à 16:02

Contre l’empire de la vidéosurveillance algorithmique, La Quadrature du Net contre-attaque

startuffenation

L’« expérimentation » de la vidéosurveillance algorithmique (VSA) dans le cadre fixé par la loi « Jeux Olympiques » adoptée l’an dernier n’en est pas une : elle n’est qu’une manœuvre hypocrite destinée à légaliser par petites touches une infrastructure…
Texte intégral (2725 mots)

L’« expérimentation » de la vidéosurveillance algorithmique (VSA) dans le cadre fixé par la loi « Jeux Olympiques » adoptée l’an dernier n’en est pas une : elle n’est qu’une manœuvre hypocrite destinée à légaliser par petites touches une infrastructure policière déjà massivement déployée en France. Pour contrer cette stratégie, La Quadrature du Net lance aujourd’hui une campagne visant à nourrir l’opposition populaire à la VSA, une technologie basée sur des techniques d’« Intelligence Artificielle » qui s’assimile à un contrôle constant et automatisé des espaces publics, et qui marque un tournant historique dans la surveillance d’État. Une plainte a également été déposée devant la CNIL afin de dénoncer l’hypocrisie des promoteurs de la VSA et pointer l’incurie de l’autorité de protection des données personnelles.

Le prétexte des Jeux Olympiques

Depuis quelques jours, les services de police du pays et les services de sécurité des sociétés de transport ont légalement recours à la VSA1Voir notre article consacré aux premiers arrêtés préfectoraux autorisant le recours à la VSA.. Fin avril, invoquant des afflux importants de personnes liés à des matchs de foot ou des concerts, la préfecture de police de Paris a en effet autorisé la SNCF et la RATP à utiliser les technologies de la startup Wintics pour croiser les flux des centaines de caméras installées dans certaines gares et stations de métro parisiennes2Les catégories d’événements à repérer par les systèmes de VSA reprennent une partie des catégories prévues par la loi de 2023, en l’espèce : franchissement ou présence d’une personne dans une zone interdite ou sensible, densité trop importante de personnes, mouvement de foule, présence d’objets abandonnés.. Ces « expérimentations » vont se poursuivre jusqu’en mars 2025, dans le cadre juridique fixé par la loi relative aux Jeux Olympiques adoptée l’an dernier.

Qu’importe l’efficacité dérisoire de ces systèmes de surveillance automatisée des espaces publics. Pour le ministère de l’intérieur, les industriels et leurs relais politiques, ces expérimentations servent avant tout à détourner l’attention, alors qu’en parallèle, des centaines de systèmes de VSA sont illégalement utilisés depuis des années par l’État, les collectivités locales ou les régies de transport. Il s’agit aussi de faire oublier qu’au croisement d’intérêts économiques, électoralistes et autoritaires, les promoteurs de la Technopolice travaillent depuis des années à l’imposition de la VSA partout sur le territoire.

Le pire est à venir

De fait, les projets de loi visant à pérenniser la VSA en recourant aux applications les plus sensibles – à l’image de la reconnaissance faciale en temps réel dans l’espace public ou de la vidéoverbalisation automatique des petites infractions – sont pour certains déjà dans les cartons.

La proposition de loi Transports est un parfait exemple : l’Assemblée nationale s’apprête à débattre de cette proposition poussée par la droite sénatoriale et visant à légaliser la VSA dans les transports. Le gouvernement soutient l’initiative parlementaire puisqu’il a activé la procédure accélérée sur ce texte, sans même attendre les évaluations imposées par la loi JO3Guillaume Jacquot. « Transports : le Sénat adopte une proposition de loi qui renforce l’arsenal de sécurité, avec le soutien du gouvernement », Public Sénat, 14 février 2024..

Par ailleurs, en juin 2023, soit moins de trois mois après l’adoption de la loi JO, le Sénat reprenait un projet d’expérimentation d’abord mûri par la majorité macroniste en adoptant une proposition de loi prévoyant une expérimentation de trois ans de la reconnaissance faciale couplée à la vidéosurveillance. « Trop tôt », avait en substance répondu le gouvernement, estimant que les conditions politiques n’étaient pas réunies et préférant s’en tenir à une stratégie des petits pas4Simon Barbarit, « Reconnaissance faciale : le Sénat adopte une proposition de loi pour expérimenter cette technologie ». Public Sénat, 12 juin 2023..

Dénoncer l’hypocrisie ambiante

Pour mieux illustrer l’hypocrisie des « expérimentations » liées à la loi JO, La Quadrature du Net vient de déposer une plainte devant la CNIL contre un déploiement de la VSA totalement illégal et resté largement sous les radars : le projet Prevent PCP.

Associant la SNCF et la RATP avec un panel d’entreprises, dont le groupe Atos et ChapsVision (par ailleurs toutes deux prestataires des expérimentations liées à la loi JO), Prevent PCP prend formellement la forme d’un marché public subventionné par l’Union européenne. En pratique, les entreprises voient leurs systèmes de VSA déployés dans des grandes gares à travers l’Europe pour détecter des « bagages abandonnés », via une méthode reposant sur l’identification et le suivi des propriétaires des bagages. En France, ces systèmes de VSA sont ainsi déployés depuis des mois dans la gare du Nord et la gare de Lyon à Paris ou, plus récemment, dans la gare de Marseille-Saint-Charles.

Grâce aux éléments mis au jour par le groupe local Technopolice Marseille, La Quadrature du Net a donc déposé une plainte devant la CNIL contre ce projet, qui n’est qu’un exemple parmi les centaines de déploiements illégaux de la VSA en France. À travers cette démarche, il s’agit de renvoyer l’autorité en charge de la protection des données personnelles au rôle qui devrait être le sien, alors qu’elle laisse proliférer des projets illégaux de VSA tout en accompagnant le processus de légalisation. Cette plainte permet également de souligner l’hypocrisie des protagonistes de Prevent PCP : alors même qu’elles prennent part à l’expérimentation de la VSA prévue par loi JO, la SNCF, la RATP, Atos ou ChapsVision se livrent en parallèle à des déploiements dépourvus de toute base légale.

Nourrir une opposition populaire à la VSA

Aujourd’hui, La Quadrature du Net lance également différents outils destinés à nourrir des mobilisations contre la VSA dans les prochains mois, et résister à sa légalisation programmée. Une brochure détaillée expliquant les dangers de la VSA, ainsi que des affiches destinées à informer la population sont disponibles sur cette page de campagne dédiée, qui sera enrichie dans les semaines et mois à venir5La page de campagne est disponible à l’adresse laquadrature.net/vsa..

Cette campagne contre la VSA s’inscrit dans le cadre de l’initiative Technopolice, lancée en 2019 par La Quadrature pour résister au nouvelles technologies de surveillance policière. Le site Technopolice propose un forum public ainsi qu’une plateforme de documentation participative (appelée le « carré »), libre d’utilisation et destinés à organiser et fédérer des collectifs locaux opposés à ces technologies.

Pour faire la lumière sur les arrêtés préfectoraux qui autorisent localement la VSA dans le cadre de la loi JO, nous avons également lancé un compte Mastodon, Attrap’Surveillance, qui analyse les recueils des actes administratifs des préfectures et diffuse des alertes lorsque des autorisations de surveillance policière sont détectées. C’est ce dispositif qui a permis de repérer mi-avril les premiers arrêtés de VSA. Dans les prochaines semaines, il permettra d’être averti des expérimentations de la VSA autorisées par les préfets afin de les dénoncer.

Par tous les moyens, il nous faut faire valoir notre refus d’un contrôle permanent de nos faits et gestes, dénoncer ces expérimentations, documenter les projets illégaux qui continuent de proliférer, et nous organiser localement pour battre en brèche la Technopolice. Ensemble, luttons pour que l’espace public ne se transforme pas définitivement en lieu de répression policière, pour que nos villes et nos villages soient des espaces de liberté, de créativité et de rencontres !

Pour suivre l’actualité de La Quadrature et suivre cette campagne contre la VSA, vous pouvez vous abonner à notre lettre d’information.

References

References
1 Voir notre article consacré aux premiers arrêtés préfectoraux autorisant le recours à la VSA.
2 Les catégories d’événements à repérer par les systèmes de VSA reprennent une partie des catégories prévues par la loi de 2023, en l’espèce : franchissement ou présence d’une personne dans une zone interdite ou sensible, densité trop importante de personnes, mouvement de foule, présence d’objets abandonnés.
3 Guillaume Jacquot. « Transports : le Sénat adopte une proposition de loi qui renforce l’arsenal de sécurité, avec le soutien du gouvernement », Public Sénat, 14 février 2024.
4 Simon Barbarit, « Reconnaissance faciale : le Sénat adopte une proposition de loi pour expérimenter cette technologie ». Public Sénat, 12 juin 2023.
5 La page de campagne est disponible à l’adresse laquadrature.net/vsa.

30.04.2024 à 11:42

Surveillance et Hadopi : la justice européenne enterre un peu plus l’anonymat en ligne

bastien

Dans son arrêt du 30 avril 2024, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) vient de rendre sa décision concernant la légalité du système de surveillance massif de la Hadopi. Cet arrêt est décevant.…
Texte intégral (863 mots)

Dans son arrêt du 30 avril 2024, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) vient de rendre sa décision concernant la légalité du système de surveillance massif de la Hadopi. Cet arrêt est décevant. La CJUE tempère très fortement sa précédente jurisprudence, au-delà du cas de la Hadopi. En considérant désormais que l’accès aux adresses IP n’est pas sensible, elle admet la possibilité de surveiller massivement Internet.

La Cour de justice de l’Union européenne vient d’autoriser l’accès massif et automatisé à l’adresse IP associée à l’identité civile et au contenu d’une communication. Le tout pour des finalités triviales et sans contrôle préalable par un juge ou par une autorité administrative indépendante.

L’arrêt du 30 avril 2024 est un revirement de jurisprudence. La CJUE vient d’autoriser un accès massif aux adresses IP associées à l’identité civile de l’internaute. Les polices de toute l’Europe, après une décennie de combat où les États ont délibérément choisi de ne pas appliquer les nombreuses décisions précédentes de la CJUE, viennent de l’emporter. C’est une prime à l’abus, un signe très fort lancé aux pays autoritaires : la CJUE admet qu’elle finira par changer sa jurisprudence si ses décisions ne sont pas appliquées. C’est un affaiblissement inquiétant de l’autorité de la Cour face à la pression des États membres.

Alors qu’en 2020, la CJUE considérait que la conservation des adresses IP constitue une ingérence grave dans les droits fondamentaux et que ces dernières ne peuvent faire l’objet d’un accès, associé à l’identité civile de l’internaute, seulement dans des cas de criminalité grave ou d’atteinte à la sécurité nationale, tel n’est aujourd’hui plus le cas. La CJUE renverse son raisonnement : elle estime désormais que la conservation des adresses IP n’est, par défaut, plus une atteinte grave aux libertés fondamentales, et que dans certains cas seulement cet accès porte une ingérence grave qu’il faut entourer de garanties.

Concernant notre affaire et le cas précis de la Hadopi en France, la Cour pousse seulement la Hadopi à évoluer. Elle estime que dans certaines situations « atypiques » l’accès à l’adresse IP et l’identité civile associée à une œuvre culturelle peut créer une ingérence grave dans le droit à la vie privée (on peut penser au cas d’une œuvre permettant de tirer des conclusions relatives aux opinions politiques, à l’orientation sexuelle, etc.) ; elle estime aussi que cet accès porte une ingérence grave en cas de « réitération » et exige dès lors que l’accès aux adresses IP ne puisse pas être « entièrement automatisé ». Mais dans tous les autres cas la CJUE dit bien que la Hadopi peut accéder de manière massive et automatisée à l’identité civile des personnes.

Autrement dit, la riposte graduée (du nom de la procédure suivie par Hadopi qui consiste à envoyer plusieurs avertissements dans les premiers temps, avant de saisir la justice si l’internaute ne « sécurise » pas sa connexion) devra changer de forme. Le législateur devra inventer une machine à gaz pour prévoir un pseudo contrôle externe indépendant de l’accès à l’identité civile par la Hadopi. Alors qu’aujourd’hui il n’existe aucune obligation de contrôle externe de la Hadopi, l’autorité devra désormais prévoir un tel contrôle lorsqu’elle souhaite, dans ces cas « atypiques » ou en cas de « réitération » de l’internaute, accéder à l’identité civile. En somme, des agent·es externes à la Hadopi seront chargé·es de cliquer sur un bouton « autoriser », là où aujourd’hui la Hadopi se l’autorise elle-même.

Plus généralement, cet arrêt de la Cour européenne a surtout validé la fin de l’anonymat en ligne. Alors qu’en 2020 elle précisait qu’il existait un droit à l’anonymat en ligne concrétisé par la directive ePrivacy, elle l’abandonne aujourd’hui. Et pour cause : en permettant à la police d’accéder largement à l’identité civile associée à une adresse IP et au contenu d’une communication, elle met de facto fin à l’anonymat en ligne.

Nous nous attendons désormais à ce que le Conseil d’État sauve la Hadopi, malgré cet arrêt. La Quadrature du Net continuera son combat contre la surveillance en ligne, y compris celle de la Hadopi. Pour nous aider, vous pouvez nous faire un don.

26.04.2024 à 17:13

QSPTAG #306 — 26 avril 2024

robinson

VSA et JO : top départ Vous le savez, la loi JO votée en 2023 autorise la vidéosurveillance algorithmique (VSA) à titre « d’expérimentation » sur une période assez étendue, jusqu’à 2025. On attendait les arrêtés préfectoraux nécessaires pour…
Texte intégral (1410 mots)

VSA et JO : top départ

Vous le savez, la loi JO votée en 2023 autorise la vidéosurveillance algorithmique (VSA) à titre « d’expérimentation » sur une période assez étendue, jusqu’à 2025. On attendait les arrêtés préfectoraux nécessaires pour les utilisations de la VSA lors des événements publics qui doivent servir de terrain d’essai. Les premiers arrêtés sont arrivés durant ce mois d’avril.

La RATP et la SNCF ont ainsi pu surveiller automatiquement les personnes à l’occasion du match PSG-OL du 21 au 22 avril et lors du concert des Black Eyed Peas le 20 avril, sur des caméras installées à la Gare de Lyon et près du pont du Garigliano, ainsi que l’ensemble des caméras des stations de métro et de RER dans les gares de Nanterre Préfecture et de La Défense Grande Arche.

La Quadrature du Net s’est mobilisée depuis 2019 contre cette technologie et continue sa bataille. Nous vous tiendrons au courant dans les prochaines semaines des actions à venir !

Lire l’article : https://www.laquadrature.net/2024/04/17/experimentation-de-la-vsa-les-premieres-autorisations-sont-tombees/

La loi SREN aggravée en commission paritaire

Nous avions suivi depuis mai 2023 les discussions de la loi pour « Sécuriser et réguler l’espace numérique » (SREN), qui était encore travaillée en mars dernier par la commission mixte paritaire – un groupe de membres de l’Assemblée nationale et du Sénat à parts égales – pour trouver un accord sur un texte commun entre les deux chambres.

La commission a rendu son travail le 16 mars, et le résultat n’est pas bon. Vérification obligatoire de l’âge des internautes sur les plateformes, retrait des contenus signalés par la police sans validation par un juge (censure administrative), « délit d’outrage en ligne » mal défini, filtrage des sites au niveau du navigateur, etc.

La plupart de ces mesures sont nocives parce qu’elles instaurent des exceptions ou des restrictions à la liberté de communication sous des prétextes populaires (protéger les enfants, en particulier), en autorisant des moyens d’action faciles à utiliser ensuite pour d’autres buts, et placés entre les mains de la police ou des caprices des gouvernements.

Certaines mesures entrent même directement en conflit avec le droit de l’Union européenne. Le texte oblige par exemple les plateformes à vérifier l’âge des internautes. Une obligation qui ne peut être imposée qu’au niveau européen. Pour contourner l’obstacle, la dernière version du texte cible seulement les plateformes situées « en France ou hors de l’Union européenne »

Découvrez tous les détails diaboliques du texte en lisant notre article.

Lire l’article : https://www.laquadrature.net/2024/04/09/projet-de-loi-sren-le-parlement-saccorde-pour-mettre-au-pas-internet/

Surveillance des militants

Soupçonnées de s’être introduites dans une cimenterie Lafarge en décembre 2023, dans le cadre d’une action écologiste, dix-sept personnes ont été arrêtées le 8 avril 2024. Dans le cadre d’un rassemblement de soutien organisé à Aix-en-Provence, un membre de La Quadrature a lu un texte pour exprimer l’inquiétude de l’association. Sous prétexte de « lutte contre le terrorisme », on a donné à la police et aux services de renseignement des moyens de surveillance numérique démesurés, très intrusifs, peu ou mal contrôlés, utilisés pour monter des dossiers criminels contre des citoyen·nes exerçant des droits politiques légitimes. De l’aveu même des services, la part des militant·es surveillé·es a doublé dans les cinq dernières années. Un texte à lire en intégralité sur notre site.

Lire l’article : https://www.laquadrature.net/2024/04/08/contre-la-criminalisation-et-la-surveillance-des-militant%c2%b7es-politiques/

Soutenir La Quadrature en 2024

Nous avons besoin de vous pour travailler en 2024 ! N’hésitez pas à faire un don de soutien à l’association, ou à faire connaître notre campagne de dons autour de vous. Merci pour votre aide !

Présentation des grands chantiers de 2024 : https://www.laquadrature.net/donner/ et https://www.laquadrature.net/2023/11/15/de-nouveaux-combats-pour-2024/
Faire un don à La Quadrature : https://don.laquadrature.net/

Agenda

  • 2 mai 2024 : A-t-on besoin de la vidéosurveillance pour être en sécurité dans nos espaces publics ? À l’occasion d’une conférence à l’ENSAD Paris, nous essayerons d’y répondre en questionnant la notion de sécurité, et la place de la vidéosurveillance dans nos espaces publiques. École des Arts Décoratifs (amphithéatre Rodin), 31 rue d’Ulm, Paris 5e arrondissement, de 18h30 à 20h30. Plus d’informations : https://www.ensad.fr/fr/videosurveillance-espace-public.
  • 3 mai 2024 : Apéro public dans nos locaux, 115 rue de Ménilmontant, 75020 Paris, à partir de 19h. Venez nous rencontrer !
  • 18 mai 2024 : Conférence « Surveillance de masse et gestion des données personnelles », de 16h à 17h30, Médiathèque Visages du Monde, 10 place du Nautilus, à Cergy. Détails dans le programme de la médiathèque.
  • 18 mai 2024 : La Quadrature sera au Festival du livre et des cultures libres à l’espace autogéré des Tanneries, à Dijon. Plus d’infos ici : https://festivaldulivre.tanneries.org/.
  • 25 mai 2024 : Journées du logiciel libre à Lyon – Conférence « La vidéosurveillance algorithmique menace nos villes, contre-attaquons ! », à 13h. Plus d’infos sur la conférence ici : https://pretalx.jdll.org/jdll2024/talk/ZNZL3Z/ et plus d’infos sur les JDLL : https://www.jdll.org/.
  • Retrouvez tout l’agenda en ligne.

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