En amont du Prague Defence Summit du 10 novembre, l’IISS a publié un dossier annonçant un « reassessment » des chiffres que l’IRIS avait publié en septembre 2023 sur le marché européen des équipements de défense depuis le début de la guerre en Ukraine. En fait de « reassessment », les différences s’expliquent par le fait que le périmètre utilisé pour mesurer ce marché est différent, et ce parce que l’objet même de ces rapports n’est pas le même.

L’objet du rapport de l’IRIS était d’évaluer l’impact de la guerre en Ukraine sur le marché de défense européen, mais aussi de comprendre si ce marché européen des équipements de défense que l’UE veut mettre en place évoluait au profit de la BITDE ou non.

De ce fait, et c’est la première différence entre la note de l’IRIS et le papier de l’IISS, le rapport de l’IRIS prend comme périmètre les États membres de l’Union européenne et non les pays européens de l’OTAN, comme le fait le rapport de l’IISS. L’IISS prend donc en compte également le Royaume-Uni et la Norvège, ce que ne fait pas le rapport de l’IRIS. L’objectif de l’IRIS, rappelons-le, était de déterminer si la guerre en Ukraine avait un impact sur le marché européen des équipements de défense, marché pour lequel les instruments de politique industrielle de l’Union européenne ont également un impact.

La deuxième différence vient du fait que n’ont été pris en compte dans le rapport de l’IRIS que les transferts d’armement entre les pays de l’Union européenne et non les acquisitions des États auprès de leur industrie nationale de défense (France/France Allemagne/Allemagne, etc.). Ce choix se justifie pour deux raisons :

– Il est nécessaire de comprendre si les États de l’Union européenne qui n’ont pas ou peu d’industrie de défense achètent ou non du matériel européen afin de déterminer l’état de la construction du marché européen de défense et du développement de la BITDE ;

– Cela permet de mesurer l’état de la coopération européenne en matière d’armement

ou les achats croisés entre pays membres de l’Union européenne.

Or, force est de constater qu’avec 78% des équipements achetés en dehors de l’Union européenne, les pays qui ont peu ou pas d’industrie de défense achètent aujourd’hui

l’essentiel de leurs équipements militaires en dehors de l’Union européenne et que la coopération européenne en matière d’armement est atone. Nous sommes donc très loin de développer une autonomie stratégique en matière d’armement ce qui a un impact négatif sur la BITDE, mais aussi sur la capacité des États membres de l’Union européenne à assurer leur sécurité, critique qui est régulièrement faite aux États membres de l’Union européenne au sein de l’OTAN.

En conclusion, il n’y a donc pas deux analyses contradictoires de l’IRIS et de l’IISS, et les chiffres fournis par l’IRIS ne sont pas erronés, comme le laissait entendre le rapport de l’IISS. Les périmètres de mesures sont différents, car les deux analyses ont des objectifs différents. L’IRIS a pour ambition de publier prochainement une édition actualisée de la note « The impact of the war in Ukraine on the European defence market » qui comprendra cette fois-ci les deux volets :

– l’un prenant en compte les acquisitions des États à leur BITD nationale ;

– l’autre ne prenant pas en compte ces

Les données donneront lieu à deux analyses spécifiques à chacun des périmètres de référence. En revanche, le périmètre restera limité aux États membres de l’Union européenne, car un des objectifs de ce rapport est bien de mesurer l’impact de la politique industrielle de défense de l’Union européenne sur la BITD européenne, ce que ne permet pas le périmètre utilisé par l’IISS.

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NOTE DE L’IRIS : The Impact of the War in Ukraine on the European Defence Market (par Jean-Pierre Maulny, directeur adjoint de l’IRIS)

NOTE DE L’IISS : Europe’s Defence Procurement since 2022: a Reassessment (par Ben Schreer, directeur exécutif, IISS)

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L’IRIS, association reconnue d’utilité publique, est l’un des principaux think tanks français spécialisés sur les questions géopolitiques et stratégiques. Il est le seul à présenter la singularité de regrouper un centre de recherche et un lieu d’enseignement délivrant des diplômes, via son école IRIS Sup’, ce modèle contribuant à son attractivité nationale et internationale. L’IRIS est organisé autour de quatre pôles d’activité : la recherche, la publication, la formation et l’organisation d’évènements.

Ahead of the Prague Defence Summit on November 10, 2024, the IISS published a dossier that presents a “reassessment” of the figures IRIS published in September 2023 regarding the European defence equipment market since the start of the war in Ukraine. The differences in this “reassessment” can be explained by the distinct scopes used to measure the market, as the very purpose of the respective reports differ.

The main focus of the IRIS report was to assess the impact of the war in Ukraine on the European defence market. Further to this, it aimed to evaluate whether this European defence equipment market that the EU aims to set up was evolving in a beneficial way for the EDTIB.

As a result, the IRIS report takes the European Union Member States as its measurement perimeter, rather than the European NATO countries, as is done in the IISS report. The IISS report, therefore, takes into account the United Kingdom and Norway, unlike the IRIS report. It is important to remember that IRIS’ objective was to determine whether the war in Ukraine had an impact on the European defence equipment market, taking into account the EU’s defence industrial policy goal of increasing the competitiveness of the EDTIB.

A second distinction is that the IRIS report only takes into account arms transfers between European Union countries, and not acquisitions by states from = their own national defence industry (France/France; Germany/Germany, etc.). This choice was made for two reasons:

– To understand whether or not EU countries with little or no defence industry are buying European equipment, which helps assess the state of building of the European defence equipment market and the development of the EDTIB;

– To measure the state of European cooperation on armament or cross-defence procurement between EU Member States.

It is important to note that, with 78 % of equipment purchased outside the European Union, countries with little or no defence industry currently buy most of their military equipment outside the European Union, and that European cooperation in armaments remains limited. We are therefore far from achieving strategic autonomy in terms of armament, which has a negative impact on both the competitivity of the EDTIB and EU Member States’ ability to ensure their security, a frequent point of criticism levelled at EU Member States within NATO.

In conclusion, the analyses by IRIS and the IISS are not contradictory, and the figures provided by the IRIS are not erroneous, as the IISS report suggested. The measurement perimeters are different because the two analyses have different objectives.

IRIS intends to publish an updated edition of the report « The impact of the war in Ukraine on the European defence market » in the near future, which will include two sections:

– One taking into account the acquisitions made by States to their national DTIB,

– One excluding these acquisitions.

The scope will remain limited to EU Member States, as one of the objectives of this report is to measure the impact of the European Union’s defence industrial policy on the European DTIB – an analysis that is not feasible with the scope used by the IISS.

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IRIS’ NOTE: The Impact of the War in Ukraine on the European Defence Market (by Jean-Pierre Maulny, Deputy Director of IRIS)

IISS’ NOTE: Europe’s Defence Procurement since 2022: a Reassessment (by Ben Schreer, Executive Director of IISS) 

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Dans cet entretien, Pascal Boniface reçoit le Général Dominique Trinquand à l’occasion de la parution de son ouvrage « D’un monde à l’autre » (Éditions Robert Laffont).

L’ouvrage du Général D. Trinquand plonge dans l’importance stratégique des routes – qu’elles soient terrestres, maritimes, aériennes ou même spatiales – et leur rôle dans la compréhension du monde actuel et futur. Il explore les axes géopolitiques majeurs et les lieux stratégiques qui influencent les relations internationales : les frontières qui limitent ou favorisent la libre circulation, les routes conflictuelles, les routes migratoires, ainsi que les nouvelles routes de rivalités telles que la route de la soie et le cyberespace. Une réflexion poussée sur les enjeux qui attendent chaque pays dans les années à venir.