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Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking

Abonnés Directrice de publication : Valérie Champagne

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14.10.2024 à 14:46

La lutte contre la désinformation : un business comme un autre

Est-elle une cause perdue ?

C’est le sujet à la mode : il faut lutter contre la désinformation qui mine nos démocraties. On accuse pêle-mêle les réseaux sociaux, les Russes, les Chinois (jamais les États-Unis l’Allemagne ou la France, par exemple), on organise de grandes conférences, produit des rapports savants. Mais n’a-t-on pas déjà dépassé le point de non-retour ?

Dina Sadek et Emerson Brooking du DFRLab - © Reflets

Riga, capitale de la Lettonie. Un pays coincé entre la Russie et l’Ukraine, deux pays en guerre. Une guerre dans laquelle la désinformation en ligne n'a pas été absente. Dans les salons d’un grand hôtel, tous ceux qui comptent dans le nouveau business de la lutte contre la désinformation déambulent, se lancent dans des conciliabules entre deux conférences sur des sujets vendeurs : « Doppelganger : la nécessité d'une approche communautaire », « Année électorale : un test de résistance pour la démocratie face aux FIMI (Foreign Information Manipulation and Interference – Manipulation et interférence étrangère de l’information, NDLR) », « Intelligence artificielle, information artificielle ? Une nouvelle accélération du cycle de la (dés)information »… Mais derrière ce tableau idyllique d’un écosystème en lutte contre les opérations de désinformation organisées par des puissances étrangères s’en profile un autre. Celui d’un secteur qui n’existe que par la présence de ce qu’il combat, comme le yin et le yang et qui a besoin de l’existence de la désinformation pour que le business continue.

Étonnamment, les conférences de Disinfo2024, une grand-messe sur le sujet organisée par EU Disinfolab, à laquelle Reflets a pu assister, survolent les sujets. Est-ce dû au court laps de temps donné aux orateurs (généralement 15 minutes), à la jeunesse de certains intervenants (un étudiant d’une université américaine, par exemple) ? Est-ce parce que si l’on entrait trop dans des détails...

11.10.2024 à 17:03

Ransomware #5 : guerre civile dans l'underground cybercriminel

Pourquoi Poutine a raté sa cyber-guerre contre l'Ukraine

Autrefois meilleurs alliés, désormais pires ennemis. La guerre en Ukraine a créé un schisme entre pirates ukrainiens et russes. Analyse de leur affrontement feutré, occasion en or de découvrir quelques petites mains de la cybercriminalité. Selon leurs propres mots, à prendre avec des pincettes.

En janvier 2024, Blackjack, un groupe de pirates possiblement en lien avec l'espionnage ukrainien, parviennent à dérober les plans de construction de 500 sites militaires dont des bases aériennes, des sites de défense aérienne, des arsenaux.

Le hacker Baasterlord semble de son propre aveu être né dans les convulsions de la guerre du Dombass. Nous sommes probablement à la fin de l'année 2019, dans la république séparatiste de Lougansk, dans l'Est de l'Ukraine. Un jeune homme sort précipitamment de chez lui et arrête la voiture d'un voisin qui passe par là : « Aidez-moi, je vous donnerai ce que vous voudrez, mais emmenez ma mère à l'hôpital. Elle a eu une attaque ! ». La ville est plongée dans l'obscurité due aux coupures intempestives de courant. Alors qu'il revient chez lui, quelques heures plus tard, il réalise que ses petits boulots d'informaticien freelance et veilleur de nuit ne lui permettront pas de payer les médicaments dont sa mère a besoin. Baasterlord doit avoir 23 ans. Au-dessus de lui, dans la nuit, volent des avions de chasse.

Il va alors prendre son ordinateur et se connecter sur le forum de l'underground russe « XSS.in » pour y déposer un CV. Contacté par un hacker du nom de Lalartu, il intègre son équipe d'affiliés : la « National Hazard Agency ». Lalartu, qui le prend sous son aile, s'avèrera faire partie du gang REvil. En juin 2020, lors du « Défi de l'été » sponsorisé par le groupe Lockbit, Baasterlord soumet un rapport sur les techniques de spam, sa spécialité. En 2021, il publie un « Manuel de hacking » suivi d'une deuxième version payante, en dix exemplaires, contenant des portes dérobées...

03.10.2024 à 17:26

Qui veut être l'associé d'Anthony Bourbon ?

Le Blast Club : des investissements qui pourraient être périlleux

Ce « club » permet d'investir dans les levées de fonds de startups y compris pour des particuliers avec peu de moyens. Mais ses membres n'ont souvent aucune expérience de ce type de marché. Ont-ils vraiment conscience que si l'on peut gagner beaucoup, on peut aussi tout perdre ? Enquête sur une nouvelle tendance, la démocratisation de l'accès au financement des futures licornes ou des futures oubliées de l'histoire du Net...

Une arme marketing... - Copie d'écran du site Web du Blast Club

Depuis deux ans, Anthony Bourbon est jury de l’émission « Qui veut être mon associé » sur M6. Il est présenté, ce qui est logique, comme le patron de sa plateforme d'investissement « Blast ». Ces passages télé ne peuvent manquer de faire croitre la notoriété d'Anthony Bourbon et d'inciter, ne serait-ce que par curiosité, de nombreux téléspectateurs à se renseigner sur ce « club » qui semble avoir fait la fortune de ce membre du jury. D'autant qu'un autre juré, le célèbre basketteur Tony Parker en est également membre. Mais les risques liés à ces investissements ne sont jamais mentionnés à l’antenne, où investissement et divertissement se mélangent.

« Avec mon mari on a découvert le Blast Club en regardant par plaisir "Qui veut être mon associé ? " (QVEMA) où Anthony Bourbon était juré ». C'est ainsi que Camille, comme toutes les personnes que nous avons interviewées, a découvert le Blast Club. Depuis 2023, elle a investi plus de 5.000 euros avec son mari dans divers projets sur la plateforme, dont 1.000 euros dans le rachat de parts de Blast, directement auprès de ses fondateurs. Le 12 juillet 2024, Anthony Bourbon et son co-fondateur, Samuel Guez, ont mis en vente 20% de leurs parts auprès de leurs 8.000 membres pour un montant total de 30 millions d’euros. Les fondateurs ont valorisé leur entreprise à 150 millions d’euros, sans expertise indépendante.

Document de présentation de la vente des actions des fondateurs - Copie d'écran
Document de présentation de la vente des actions des fondateurs -...
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