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par Samir Amin - Mémoire des luttes
" Les thèses de Hardt et Negri reposent sur deux affirmations :
1/ Que la mondialisation du système est parvenue à un stade tel que toute tentative de mettre en œuvre une politique nationale quelconque est vouée à l’échec ; et que, de ce fait, les concepts de nation et d’intérêt national sont surannées.
2/ Que cette réalité frappe tous les Etats (en dépit de leur existence formelle toujours en place bien sûr), y compris les puissances dominantes – parfois hégémoniques – et que, de ce fait, il n’y a plus d’impérialisme, mais seulement un « Empire » dont le centre n’est nulle part ; les centres de décision – économiques et politiques – sont dispersés à travers la planète et se passent des politiques d’Etat."
"Ces deux propositions sont rigoureusement fausses et ne s’expliquent que par une ignorance totale de l’histoire de la mondialisation capitaliste depuis ses origines il y a cinq siècles jusqu’à ce jour."
Samir Amin fait un sort critique aux thèses de Hardt et Negri, relativement en vogue actuellement dans une frange de la gauche intellectuelle, ou de ce que l'on désigne par le terme imprécis de mouvement "alter".
Il leur oppose, dans le moment contemporain, la notion de " prolétarisation généralisée " en insistant "sur le statut de prolétaire imposé à tous et sur la segmentation extrême de ce prolétariat généralisé" :
" (...) L’évolution du système ne réduit pas l’aire de déploiement de l’action de la loi de la valeur, mais au contraire de ce que disent Hardt et Negri, en affirme la dure réalité avec plus de puissance que jamais. "
" (...) L’erreur de jugement de Negri trouve une belle illustration dans son appel à voter pour la constitution européenne (2005), parce que celle-ci – par sa remise en cause de la nation – générait le déploiement capitaliste néolibéral ! Negri n’a donc pas même vu que la construction européenne avait été conçue pour consolider et non affaiblir ce déploiement."
UN ARTICLE IMPORTANT.