En raison des circonstances atmosphériques défavorables, les barricades seront remplacées par des terrasses couvertes (chauffées en hiver) et la lutte des classes par des apéros en ville en toute saisons.
(...) Ce qui est infiniment problématique dans cette rencontre entre l’individualisme de la masse et la ritournelle du droit, c’est qu’elle entraîne la formation d’une spirale dont le propre est de déboucher sur la dissolution de toute notion d’intérêt collectif ou commun. Ce n’est pas pour rien que ce pli s’accentue à l’épreuve de la pandémie installée dans une interminable durée : le durcissement de son approche férocement et exclusivement individualiste est la manifestation la plus criante de la défaillance collective de la masse individualisée (de l’individu massifié) face à cette épreuve ; celle-ci est en effet un test impitoyable auquel se trouve soumise la capacité d’une société à faire face à un danger mettant à mal son intégrité en tant que communauté ou peuple. L’idée exorbitante d’une « jeunesse sacrifiée » sur l’autel du Covid repose d’ailleurs intégralement sur la conviction que « les jeunes » n’ayant guère, en cette occasion, de crainte pour leur vie, leur imposer la vaccination, ou d’autres restrictions ne relèverait que d’une contrainte imposée par les anciennes générations. On est là face à un raisonnement purement égotique, n’envisageant que sa propre santé, indépendamment des dommages qu’on peut occasionner auprès de personnes plus fragiles.
Le propre de la pandémie, comme expérience, épreuve, c’est-à-dire test collectif est d’exposer la misère de l’individualisme égotique et autarcique face à une telle situation ; c’est de montrer que l’approche des prérogatives de l’individu démocratique et de sa liberté par le biais exclusif des droits conduit droit dans le mur. Dans une configuration où est en premier lieu en question l’entre-exposition des corps en tant que porteurs potentiels du virus, chaque corps représentant une menace potentielle pour chacun des autres et tous les autres ensemble (omnes et singulatim !), l’approche de l’être-au-monde du sujet vivant par le biais des droits individuels et qui ne trouve pas son complément dans la prise en charge des obligations est, davantage qu’unilatérale ou carente, fautive et, disons-le, criminelle.