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Usbek & Rica - 03 Nov. 2020
Thierry Keller
(...) Alors évidemment, pour le moment, c’est la déprime. Non seulement ça n’en finit pas, cette histoire, mais en plus le terrorisme frappe de nouveau – et de quelle manière. Cette déprime est bien légitime. Comme on l’a souvent entendu (nous-mêmes l’avons écrit), le futur nous a percuté en pleine face, nous donnant l’impression de vivre dans un spin off de Je suis une légende et Years and years, à la sauce Un jour sans fin. Plus grave que la déprime, la misère. Misère psychologique, sexuelle, affective, et surtout misère sociale. Les pauvres sont plus pauvres, des entreprises font faillite, le chômage frappe. Les emmerdes volent tellement en escadrille qu’on est tenté de se dire, « ça y est, cette fois c’est la bonne, on a vraiment fini de manger notre pain blanc, on va bouffer du pain noir pour le restant de nos jours ». Et l’on n’a peut-être encore rien vu. Demain, quoi ? La guerre civile ? Des émeutes de la faim ? Un attentat par jour ? Une troisième vague en mode grippe espagnole ?
Pourtant, à y regarder de plus près - ou plus exactement de plus près mais plus loin - et aussi étonnant que ça puisse paraître, cette période est propice à redonner ses lettres de noblesse au progrès. Les lignes qui suivent ne sont pas une resucée de la méthode Coué ou la pantomime de la « destruction créatrice » – Schumpeter est à la mode, lui aussi. Elles ne font que soulever le voile sur ce qui, dans les interstices de la crise, peut nous faire franchir un pas de géant.