Face aux projets de jeux olympiques d'hiver dans les Alpes; en 2026 en Italie, puis en 2030 en France, les massifs alpins contre-attaquent
Le collectif NO JO, les comités locaux des SoulÚvements de la Terre, Extinction Rebellion et ATTAC ont organisé un rassemblement à Grenoble le samedi 28 septembre 2024.
Nous nous opposons à ces projets insensés. Il est plus que l'heure d'adapter nos activités de montagnes face au changement climatique.
Du tourisme hivernal de masse Ă la sauce Grenoble 1968
En 1968, Grenoble incarnait le grand "plan neige" de lâĂtat français en accueillant les JO d'hiver, qui visibilisaient mondialement la nouvelle ambition française. Depuis, nos montagnes vivent du tourisme hivernal de masse; la France est le 2Ăšme pays en nombre de journĂ©es-skieurs aprĂšs les Etats-Unis. Le modĂšle Ă©conomique des annĂ©es 60, fondĂ© sur le sur tourisme et le loisir a atteint ses limites environnementales et sociales. Un rĂ©chauffement des tempĂ©ratures mondiales de 4 degrĂ©s dâici 2100 -hautement probable- entraĂźnerait la mise hors service de 98 % des 2234 stations de sports dâhiver europĂ©ennes. Quand la tempĂ©rature augmente de 1,4°C dans la plaine elle augmente de 2°C dans nos territoires de montagne. D'ores et dĂ©jĂ , nous subissons les consĂ©quences de ce dĂ©rĂšglement; les intempĂ©ries de dĂ©cembre 2023 et de juin 2024 ont causĂ© de graves dĂ©gĂąts comme Ă la BĂ©rarde.
Dans un rapport de fĂ©vrier 2024, la cour des comptes alerte sur lâessoufflement de ce modĂšle des montagnes françaises et pointe l'absence d'anticipation des dĂ©cideurs publics.
La candidature française pour les JO d'hiver 2030 dans les Alpes - tout comme celle de l'Italie pour les JO d'hiver 2026- est en ce sens une aberration totale. Annoncés comme "durables" ces JO n'en ont pas moins que dans les années 60, l'ambition de faire rayonner le tourisme hivernal à l'international et de le renforcer par la création de nouvelles infrastructures. Un non-sens historique.
Un référendum comme les autres pays démocratiques!
Le 29 novembre 2023, le CIO n'a retenu que la candidature de la France car elle ne prĂ©voit pas de consulter sa population, contrairement Ă la SuĂšde et la Suisse. Pour 2024 dĂ©jĂ , Paris a obtenu les jeux contre ses colistiĂšres (Boston, Budapest, Toronto, Rome) pour la mĂȘme raison.
Les rĂ©gions AURA et PACA ont constituĂ© de maniĂšre express Ă l'Ă©tĂ© 2023 une candidature commune, validĂ©e en juillet 2024 par le CIO et bientĂŽt entĂ©rinĂ©e par l'apport d'une garantie financiĂšre de lâĂtat français, c'est Ă dire l'engagement que ce dernier Ă©pongera les dettes en cas de problĂšme, comme une absence de neige par exemple.
Alors que le prĂ©sident sortant du conseil rĂ©gional AURA Laurent Wauquiez a ĆuvrĂ© durant ses deux mandats pour arroser l'industrie du ski d'argent public et porter la candidature des JO 2030, son successeur Fabrice Pannekoucke affirme dĂšs les prĂ©mices de son mandat son enthousiasme Ă l'idĂ©e d'accueillir les jeux.
⚠Une pétition ayant rassemblé pour l'instant prÚs de 15.000 signatures demande un référendum relatif à la tenue ou non des JO d'hiver 2030
Du gaspillage d'argent public au bénéfice des plus riches et au détriment des habitant.e.s et du sport pour toutes et tous
Alors que les prévisions budgétaires annoncent de nouvelles coupes dans le service public, le gouvernement va choisir de dépenser 2 milliards d'euros. C'est d'autant plus inquiétant que cette somme n'est qu'une prévision. Pour rappel, les JO de Paris avaient annoncé entre 3 et 5 milliards et coûtent finalement autour de 11 milliard d'euros. Les JO sont une gabegie financiÚre, de dépenses démesurées en communication et "festivités" aux infrastructures temporaires démontées à la fin des JO.
De plus, cet argent public est au bĂ©nĂ©fice de stations de ski frĂ©quentĂ©es par des touristes aisĂ©s alors que 90% de la population française ne va pas aux sports d'hiver. Combien de terrains de sports ou d'activitĂ©s sportives pourraient ĂȘtre financĂ©s dans des quartiers prioritaires ou dans les villages par l'argent mis dans la rĂ©novation et l'entretien d'une pistes de bobsleigh utilisĂ©e par quelques centaines de privilĂ©giĂ©s par an? Quand elle n'est pas laissĂ©e Ă l'abandon comme le fameux tremplin de ski de St Nizier du Moucherotte...
Enfin, comme observĂ© Ă Paris ces derniers mois, on peut s'attendre Ă une aggravation de la crise du logement dĂ©jĂ alarmante en montagne. En effet, la spĂ©culation immobiliĂšre et l'achat de rĂ©sidences secondaires, qui reprĂ©sentent plus de 80% des logements dans certaines stations, fait grimper les prix de l'immobilier et contraint les habitant.es les moins aisĂ©.es dont les plus jeunes Ă quitter le villages. Plus encore, cette gentrification structure la vie villageoise qui devient dĂšs lors fantomatique et s'organise autour des besoins d'une richissime clientĂšle : espaces bien-ĂȘtre onĂ©reux et gourmands en eau, boutiques de luxe, hĂ©liports...
Assez de poudre aux yeux: pour une utilisation utile de l'argent public pour nos montagnes!
Aujourd'hui, l'urgence est à la limitation des dégùts et à l'invention d'autres modÚles économiques montagnards. Des JO 2026 à Milan-Cortina au JO 2030 en passant par d'autres grand événements sportifs comme les championnats du monde de biathlon en 2028 au Grand-Bornand, les Alpes sont assaillies de toutes parts par les projets des sports d'hiver. Ces événements mettent en jeu rien moins que la possibilité de continuer d'habiter nos montagnes, au nom du profit et de l'habitude.
Pourtant, des idées existent pour une transition des montagnes vers des activités adaptées au climat futur et préservant les ressources naturelles et la vie locale. La station de Metabief (Haut-Doux) a choisi d'envisager la fin du ski alpin à l'horizon 2030-35, tenant compte des projections climatiques, et d'investir dans la mise en valeur du patrimoine naturel et culturel et d'autres activités sportives. D'autres stations encore, en basse montagne, expérimentent un fonctionnement occasionnel du domaine conditionné à l'enneigement naturel.
Surtout, dans tout l'arc alpin et par-delà les frontiÚres nationales, des habitant.es se mobilisent pour défendre un sport populaire et des montagnes habitables, pour toutes et tous.
Les jeux ne sont pas faits, NON aux JO !
NO JO! est un collectif qui s'est constitué en 2023 pour protester contre la candidature française des JO d'hiver 2030 considérée comme une aberration économique, sociale et environnementale.
NO JO! rassemble à ce jour une cinquantaine d' associations et collectifs présents dans les régions Auvergne-RhÎne-Alpes et Provence-Alpes-CÎte d'Azur et fonctionne avec des groupes locaux.
NO JO! entretient des liens avec Saccage 2024 et avec des collectifs étrangers opposés aux JO.
Contact presse : nojo2030@protonmail.com / 07 66 82 23 35
Campagne de soutien: https://no-jo.fr/soutenez-la-lutte-des-sous-pour-no-jo/