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CONTRETEMPS.eu - 16 Août 2021
Romain DESCOTTES
Le moment que nous traversons s’inscrit dans la forte accélération des crises et catastrophes engendrées par le mode de production capitaliste, qui les génère et les exacerbe à la fois, et dont la pandémie de Covid-19 n’est que l’une des facettes. Et si la dégradation généralisée des conditions de vie l’accompagnant suscite à travers le monde un regain de mobilisations, leur prise en charge se fait sous l’hégémonie du capital. En d’autres termes, et en l’absence d’une alternative crédible et globale telle qu’on a pu en connaître dans le siècle passé, les réponses apportées sont principalement, et presque unilatéralement, à l’initiative des classes dominantes qui disposent d’une foule de leviers de pouvoir pour réaffirmer leur légitimité à assurer la reproduction de l’ordre social existant. Tout mouvement réel qui cherche à contester l’état des choses, y compris sous une forme négative, sera nécessairement confronté à la permanence et à la proéminence du fonctionnement capitaliste, et donc exposé au large arc de contradictions qui en découlent. Les réponses du gouvernement français actuel, qui sont celles d’un État impérialiste, un des centres du capitalisme contemporain, disposant d’une bourgeoisie solidement enracinée dans ses institutions nationales, sont pleinement insérées dans cette dynamique globale. Le pass sanitaire en est l’une des émanations et la mobilisation qui s’y oppose se situe au cœur de ses contradictions. Je tenterais ici d’en discuter quelques aspects, notamment ceux divisant le camp progressiste