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GDS - 10.11.2020
Dimanche soir, Jean-Luc Mélenchon s'est déclaré candidat à l'élection présidentielle de 2022. Cette annonce ne surprend pas, tant il est vrai que depuis cet été les rumeurs à son propos couraient et que l'intéressé lui-même avait dit se donner encore quelques semaines pour y réfléchir avant une décision.
Un choix précipité
Une candidature décidée à ce stade ne peut que contribuer à une dynamique de fragmentation de la gauche qui alimente une dynamique de compétition au sein même de la gauche. Pourtant, il a rarement été aussi nécessaire de faire front à gauche, face à un gouvernement autoritaire, liberticide et antisocial et face à la perspective d'un nouveau duel Macron-Le Pen en 2022. Et ce, alors même que le scrutin des municipales a montré à quel point l'unité de la gauche pouvait être la recette gagnante contre la droite dans toutes ses variantes. Et alors même que la gauche n'a pas cessé de mener des combats communs contre Macron depuis 2017.
Des conditions à réunir
Jean-Luc Mélenchon a toute légitimité pour prétendre vouloir porter les couleurs de la gauche en 2022. Il ferait sans doute un bon candidat, comme les campagnes de 2012 et 2017 l'ont déjà démontré. Mais cela ne se décide pas dans l'isolement et pour soi-même. Deux conditions doivent être réunies : se faire le porte-parole d'un programme commun construit à partir des nombreuses convergences programmatiques à gauche et jouir de la légitimité que confère le fait d'être choisi par toutes les composantes de la gauche sans exclusive dans un processus transparent et démocratique qui respecte le pluralisme.
Construire l’unité maintenant ! Préparer une convention de toute la gauche.
Il n'est jamais trop tard pour y parvenir. Jean-Luc Mélenchon, tout en avançant sur le programme qu'il souhaite porter en 2022, devrait se déclarer prêt à participer à un processus collectif visant explicitement à écrire un programme commun et à définir collectivement une méthode de désignation d'un.e candidat.e unique pour la gauche en 2022. Une telle proposition concerne toute la gauche. Elle nécessite que tous les responsables de la gauche et de l’écologie passent du discours du rassemblement à la réalité dans les actes de l’unité. Des propositions concrètes doivent maintenant être formulées: que ce soit l'idée d'une convention programmatique de toute la gauche pour écrire une plateforme commune et définir la méthode de désignation du/de la candidat.e unique ou l'idée de primaires de toute la gauche, nous avons désormais besoin de commencer à avancer sur le chemin concret qui puisse permettre de réaliser l'unité en 2022.. De même, il faut une méthode qui permette de "lier" présidentielle et législatives: même programme, un seul candidat présidentielle et 577 candidats par circonscription législative. C’est un contrat de législature dont il y a besoin.
Cela suppose d’agir autour de propositions pour faire face aux crises sanitaire, sociale, économique et écologique que nous traversons. Un plan pour la transition écologique et sociale devrait permettre de rassembler largement.
Les enjeux sont beaucoup trop importants cette fois. On ne peut pas se permettre une guerre de chapelles voire d'egos se substituer à l'unité incontournable pour espérer gagner en 2022.