16.12.2025 à 22:00
(Washington) – Human Rights Watch a publié aujourd'hui un document « Questions-Réponses » détaillé, analysant les frappes menées par l'administration Trump contre des bateaux dans les Caraïbes et le Pacifique. À ce jour, 26 frappes signalées ont tué illégalement au moins 95 personnes, dont aucune n'a été identifiée par le gouvernement américain.
16 décembre 2025 Questions-réponses : Opérations militaires américaines dans les Caraïbes et le PacifiqueCe document vise à fournir des réponses pour mieux comprendre les implications juridiques et en matière de droits humains de cette campagne militaire menée par les États-Unis. Le document explique pourquoi ces frappes constituent des exécutions extrajudiciaires au regard du droit international des droits humains, et expose les failles de l’argumentation de l'administration Trump, qui affirme que les États-Unis sont engagés dans un conflit armé avec des « narco-terroristes ».
Le document décrit aussi diverses obligations qui incombent aux États-Unis, notamment d'enquêter sur les exécutions illégales, de traduire en justice les responsables et d'offrir des voies de recours efficaces aux familles des victimes. Enfin, le document « Questions-Réponses » identifie les mesures concrètes que le Congrès devrait prendre, notamment la tenue d'audiences publiques, la mise en place d'enquêtes indépendantes et la création d'une commission spéciale chargée d’examiner les décisions juridiques et opérationnelles liées à ces frappes.
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16.12.2025 à 14:52
Chaque année, Human Rights Watch fait le point sur les progrès réalisés en matière de droits des enfants dans le monde. De l'amélioration de l'accès à l'éducation au renforcement des protections en temps de guerre, voici quelques faits marquants de l'année 2025.
De nouvelles données de l'Organisation internationale du travail et de l'UNICEF ont révélé que le nombre d'enfants obligés de travailler avait diminué de 20 millions par rapport à 2020.Le Malawi et le Japon ont tous deux supprimé les frais de scolarité dans les écoles secondaires publiques. Le Vietnam a instauré la gratuité des frais de scolarité pour tous les élèves des écoles publiques, de la maternelle au secondaire.Le Brésil a adopté une loi historique pour protéger les droits des enfants en ligne, devenant ainsi le premier pays d'Amérique latine à adopter une loi spécifique en faveur des enfants.La Bolivie, la Grenade, le Burkina Faso, le Portugal et le Koweït ont tous relevé l'âge minimum légal du mariage à 18 ans. Aux États-Unis, les états du Maine, de l'Oregon et du Missouri ont interdit le mariage des enfants.En septembre, 92 pays se sont réunis pour la première fois afin d'examiner officiellement la possibilité d'un nouveau traité international pour garantir la gratuité de l'éducation pour tous les enfants, de la maternelle au secondaire. À ce jour, 60 pays se sont engagés à soutenir ce traité.La Thaïlande, la Tchéquie et la Suisse ont interdit toutes les formes de châtiments corporels infligés aux enfants, portant à 70 le nombre total de pays ayant adopté une telle interdiction.Les États-Unis et le Kosovo ont approuvé la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, un engagement politique visant à protéger l'éducation pendant les conflits armés, portant à 122 le nombre de pays ayant approuvé cette déclaration.La Chine a lancé un programme de subventions pour les familles ayant des enfants de moins de 3 ans, tandis que les Fidji, le Japon, le Maroc, la Turquie et la Tunisie ont augmenté les allocations pour les enfants, et le Royaume-Uni a annoncé qu'il supprimerait la « limite de deux enfants » pour les familles bénéficiant d'une aide sociale liée aux enfants. Ces mesures peuvent jouer un rôle important dans la réduction de la pauvreté infantile: rien qu'au Royaume-Uni, la suppression de la limite de deux enfants devrait permettre à environ 450 000 enfants de sortir de la pauvreté relative d'ici 2030.Le procureur de la Cour pénale internationale a demandé des mandats d'arrêt contre deux hauts dirigeants talibans pour des violations graves commises à l'encontre de femmes et de filles en Afghanistan, invoquant la persécution fondée sur le genre, un crime contre l'humanité.Le gouvernement de l'État d'Australie-Occidentale a annoncé un nouveau programme de réparation pour les « générations volées », des enfants autochtones qui ont été retirés de force à leurs familles dans le cadre de politiques racistes mises en place au début des années 1900 et qui ont perduré jusqu'aux années 1970.Partout dans le monde, les enfants continuent de faire face à de graves menaces pour leurs droits, mais ces exemples montrent que des améliorations réelles sont possibles.
16.12.2025 à 06:00
(Nairobi) – Des miliciens ont tué au moins 22 civils et en ont blessé beaucoup d'autres lors d'une attaque menée fin novembre 2025 contre un village du territoire de Kwamouth, dans l'ouest de la République démocratique du Congo, a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch. Des témoins originaires du village de Nkana, situé à environ 75 kilomètres au nord-est de Kinshasa, la capitale, ont déclaré que des miliciens armés de fusils et de machettes avaient mené une attaque apparemment en guise de représailles, dans le cadre de tensions intercommunautaires croissantes.
Des témoins ont déclaré que le 23 novembre, vers 4 heures du matin, des combattants Mobondo de l'ethnie Yaka ont attaqué le village de Nkana. Les assaillants sont allés de maison en maison, tuant principalement des villageois de l'ethnie Teke, dans leurs maisons et alors qu'ils tentaient de fuir. Des villageois ont expliqué que les combattants avaient accusé les Teke de Nkana de refuser d'installer un nouveau chef coutumier Yaka et avaient envoyé des messages à certains Teke avant l'attaque, leur disant qu'ils seraient punis.
« Les violences à Kwamouth ne sont qu'un exemple parmi de nombreux conflits ethniques meurtriers en RD Congo », a déclaré Lewis Mudge, directeur pour l'Afrique centrale à Human Rights Watch. « L'attention mondiale portée aux accords de paix dans l'est de la RD Congo ne doit pas faire oublier les violences et les injustices qui sévissent sans contrôle ainsi que les cycles d'impunité dans d'autres domaines. »
Human Rights Watch a mené des entretiens avec 18 personnes en novembre et décembre, dont 5 témoins, 6 proches des victimes, des membres du personnel médical local et des chefs communautaires du territoire de Kwamouth, dans la province de Maï-Ndombe.
Depuis juin 2023, la milice Mobondo, nommée d'après ses amulettes mystiques et armée de machettes, de couteaux, de lances, d'arcs et de flèches, ainsi que de fusils de chasse et d'assaut militaires, a attaqué des villages Teke, incendié des maisons et tué des dizaines de personnes.
Depuis des années, les activistes de la société civile, les groupes de défense des droits humains et les autorités traditionnelles mettent en garde contre la présence et les activités croissantes des milices ethniques. Les violences récentes font écho à la crise intercommunautaire documentée par Human Rights Watch entre 2022 et 2023, lorsque des milices des communautés Teke et Yaka ont tué des centaines de civils lors d'une vague d'attaques dans la région.
Cette récente attaque souligne l'incapacité du gouvernement congolais à renforcer la sécurité dans la région malgré des avertissements répétés concernant les violences, a déclaré Human Rights Watch.
« Quand ils ont enfoncé ma porte, je me suis enfuie avec mon petit-fils », a déclaré une femme de 70 ans à propos des récentes violences. « Ils m'ont tiré dessus plusieurs fois. Une balle a touché mon pied, mais j'ai continué à courir. Si j'étais restée une seconde de plus, ils nous auraient tués. »
Un autre villageois a raconté que les combattants avaient tiré sur sa famille alors qu'elle tentait de s'échapper : « Ma mère portait ma fille sur son dos. La première balle l'a touchée [sa mère] en plein cœur. La deuxième lui a transpercé les côtes et a touché ma fille au ventre. » Sa mère est morte sur le coup, et sa fille de 5 ans est décédée à l'hôpital le 5 décembre.
Human Rights Watch a documenté la mort de 22 civils, dont quatre femmes et quatre enfants. Parmi les personnes tuées figuraient deux fils du chef coutumier du village, le président local de la Croix-Rouge et un fonctionnaire des impôts de la province. Un soldat de l'armée congolaise, qui gardait le village avec un petit contingent de militaires de la marine qui s'est enfui en traversant le fleuve Congo lorsque l'attaque a commencé, a également été tué. Les villageois ont déclaré que les proches des victimes avaient enterré les membres de leurs familles après le départ des assaillants. D'autres ont été enterrés par les soldats à leur arrivée dans le village.
Click to expand Image © 2025 Human Rights WatchLe personnel médical de la commune de Maluku, à l'est de Kinshasa, a déclaré que plusieurs patients étaient arrivés dans un état critique, tandis que d'autres civils blessés avaient fui vers le Congo-Brazzaville par le fleuve pour se faire soigner.
L'attaque a contraint des centaines d'habitants à fuir vers Maluku ou à traverser le fleuve pour se réfugier au Congo-Brazzaville. Des témoins ont déclaré que les familles avaient tenté d'évacuer les personnes âgées, les blessés et les jeunes enfants. Depuis, l'armée a tenté d'encourager les villageois à retourner à Nkana, mais beaucoup ont refusé et ont ainsi perdu l'accès à leurs maisons et à leurs champs, aggravant une situation humanitaire déjà très précaire.
À la suite de l'attaque, les autorités congolaises ont déployé des militaires dans la région et ont annoncé l'ouverture d'une enquête sur les meurtres. Les habitants ont raconté qu'une délégation de membres de la communauté Teke s'était rendue à Kinshasa avec les corps des victimes pour protester contre ce qu'ils ont qualifié de silence et d'inaction du gouvernement. Certains législateurs ont appelé l’Assemblée provinciale de Maï-Ndombe à adopter des mesures urgentes pour faire face à la crise humanitaire.
Le peuple Teke a historiquement possédé une grande partie des terres et des titres coutumiers du territoire de Kwamouth, qui fait partie du plateau de Bateke (littéralement « le plateau du peuple Teke ») qui s'étend jusqu'à la périphérie de Kinshasa. Au fil des années, les membres des communautés Yaka, Mbala, Suku et d'autres communautés des provinces voisines de Kwilu et Kwango ont formé la main-d'œuvre agricole des propriétaires fonciers du territoire de Kwamouth ou sont devenus agriculteurs en échange d'une taxe coutumière versée aux chefs coutumiers Teke, que les agriculteurs Teke paient également.
Les milices Mobondo ont multiplié les attaques depuis le milieu de l’année 2025, ciblant des villages situés le long du fleuve Congo, notamment Mbanzale et Mayala en juin, une attaque le long de la Route nationale 17 en août et une attaque le 2 septembre dans la zone forestière de Limpwobo. Malgré des déploiements militaires périodiques, aucune présence sécuritaire permanente du gouvernement n'a été établie, laissant les communautés rurales exposées à de nouvelles attaques.
Les autorités congolaises devraient garantir une enquête approfondie et impartiale sur les responsables des attaques des milices, a déclaré Human Rights Watch. Elles devraient également veiller à ce que les villageois touchés bénéficient d'une aide médicale et psychologique et que les personnes déplacées aient accès à un abri, à de la nourriture et aux services de base.
Le gouvernement devrait mettre en œuvre, avec une participation significative des communautés concernées, un programme de démobilisation des combattants Mobondo, annoncé le 2 décembre, et convoquer un forum de paix pour apaiser les tensions intercommunautaires dans la province de Maï-Ndombe, annoncé en septembre.
« La lutte contre la violence communautaire dans l'ouest de la RD Congo requiert la justice et l’obligation de rendre des comptes, la mise en place de systèmes d'alerte efficaces, et un engagement concret à démanteler les structures qui permettent aux groupes armés de prospérer », a conclu Lewis Mudge. « Les gouvernements concernés et les organes des Nations Unies devraient aider les autorités congolaises à y parvenir. »
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