Collectif
En France, et comme en beaucoup dâautres pays, la crise politique est majeure. Une Ă©lite capte le pouvoir, alliĂ©e Ă de puissants lobbys financiers, industriels ou agricoles. Ils promeuvent le capitalisme qui dĂ©truit les liens, les biens communs et les services publics, derniers remparts dâun monde basĂ© sur la justice, le partage et la coopĂ©ration. La pauvretĂ© et la prĂ©caritĂ© gagnent partout du terrain. Le monde du travail (salariĂ©.es, artisan.es, travailleur.es « ubĂ©risĂ©.es ») est progressivement dĂ©possĂ©dĂ© du cadre protecteur gagnĂ© par des annĂ©es de combat (1936, 1944 programme du Conseil National de la RĂ©sistance, 1968). Quant Ă la rĂ©forme des retraites ou celle du chĂŽmage, lâurgence nâest plus aux compromis. Grands projets inutiles, gaspillage gĂ©nĂ©ralisĂ©, destruction des terres agricoles, effondrement des populations animales et vĂ©gĂ©tales, disparition de lâadelphitĂ© et de la solidaritĂ©, du beau et de la joie... Sâil en va de leur disparition, il en va de notre futur.
Face aux multiples menaces qui pĂšsent sur nos avenirs, nous ne pouvons plus dĂ©lĂ©guer le pouvoir politique Ă des professionnels du milieu, issus en grande majoritĂ© des soi-disant Ă©lites de la Nation. Leurs dĂ©cisions sont trop souvent influencĂ©es par les intĂ©rĂȘts privĂ©s des dĂ©tenteurs de gros capitaux, qui font du chantage Ă lâemploi leur levier de forçage politique. Nous avons acceptĂ© dâen ĂȘtre rĂ©duits Ă voter Ă chaque Ă©chĂ©ance pour un programme qui nâest quâune liste de promesses que rien nâengagera Ă tenir, une fois la campagne de sĂ©duction Ă©lectorale terminĂ©e. Le systĂšme reprĂ©sentatif a montrĂ© ses limites. Aucun contre-pouvoir ne sâexerce sur les Ă©lus, aucun contrĂŽle des mandats, ni impĂ©ratifs ni rĂ©vocables. Pas de rĂ©fĂ©rendum pour demander lâavis du peuple, ou alors pour mieux le contourner derriĂšre comme sur la Constitution EuropĂ©enne. Il faut le dire, nous ne sommes pas vĂ©ritablement en dĂ©mocratie.
Ă Grenoble, malgrĂ© les espoirs et les attentes suscitĂ©s il y a 6 ans par la liste conduite par Eric Piolle sur des engagements forts au niveau social, Ă©cologique et dĂ©mocratique, beaucoup ont trĂšs vite dĂ©chantĂ©. La politique menĂ©e est restĂ©e loin des promesses, aucune mesure forte pour contrer localement les mĂ©faits de ces politiques nĂ©olibĂ©rales nationales. Aucune aide dâampleur Ă ceux et celles qui nâarrivent plus Ă boucler les fins de mois. Aucune amĂ©lioration dans le fonctionnement dĂ©mocratique de la municipalitĂ©, restĂ©e le lieu dâun autoritarisme masquĂ©. Aucune considĂ©ration de celles et ceux qui sont sur le terrain. Pire : aucun Ă©lĂ©ment fort pour enclencher un changement de cap, aucun soutien concret aux luttes, aucune protestation autre que formelle, aucune rĂ©sistance face aux attaques du systĂšme qui encourage les prĂ©dations des classes les plus riches, Ă©puisant nos vies et notre monde.
Ă Grenoble, la MunicipalitĂ© communique beaucoup, mais que ce soit au niveau communal ou mĂ©tropolitain, seule lâimposture est en actes. Le Maire fait des tribunes nationales pour dĂ©fendre le RIC mais dĂ©nigre avec force celui contre les dĂ©molitions Ă la Villeneuve (2019) et annule la pĂ©tition contre la fermeture des BibliothĂšques Hauquelin-PrĂ©mol-Alliance (2017). Le Maire dĂ©clare Grenoble « Ville accueillante des migrants » mais demande lâexpulsion des campements dâEsmonin (2015) et de Valmy (2016) sans vĂ©ritable accompagnement. Les panneaux publicitaires sont supprimĂ©s Ă Grenoble mais le contrat avec Decaux sur la MĂ©tropole est renouvelĂ© pour 13 ans avec de lâaffichage numĂ©rique enprime.
La pollution est dĂ©clarĂ©e sujet majeur mais la majoritĂ© grenobloise vote toutes les dĂ©libĂ©rations du « beau et grand projet » * de lâextension de lâA480 et dĂ©truit mĂȘme du logement social pour sa rĂ©alisation. La MunicipalitĂ© continue dââaccompagnerâ lâembourgeoisement de la ville en soutenant des projets immobiliers Ă 4000 âŹ/m2. Officiellement on dĂ©fend les rĂ©gies municipales mais on privatise lâĂ©clairage public (2015), on maintient un partenaire privĂ© dans la gestions des parking en ouvrage (2018-19) et on veut vendre lâOffice public HLM Ă une SociĂ©tĂ© dâĂconomie Mixte (2019). Le prochain Plan Local
dâUrbanisme perpĂ©tue la diminution des terres agricoles. Le Maire affirme ĂȘtre contre la dĂ©molition des logements sociaux mais signe avec conviction la Convention ANRU qui en dĂ©truit 677. La grande distribution est montrĂ©e du doigt par cette majoritĂ© mais elle vote 7 M⏠pour le rĂ©amĂ©nagement de GrandâPlace. La municipalitĂ© Piolle qui sâĂ©tait affichĂ©e en 2014 comme « employeur exemplaire » sâest comportĂ©e comme un DRH dĂ©mobilisateur, gĂ©nĂ©rateur de « burn out » et de prĂ©caritĂ©.
Ă Grenoble, le Maire et ses alliĂ©s ont appliquĂ© lâaustĂ©ritĂ© budgĂ©taire sans concertation avec un hypocrite « Plan de sauvegarde des services publics » (39 M⏠de baisse sur 5 ans) : fermeture de 2,5 bibliothĂšques des quartiers populaires, baisse gĂ©nĂ©rales des subventions aux associations, fin de la gratuitĂ© de nombreux locaux associatifs, suppression de 150 postes Ă la Ville... Tout en continuant dâĂȘtre gĂ©nĂ©reux avec Bouygues (1,5 M⏠pour le bĂątiment ABC sur la PresquâĂźle), avec le
CrĂ©dit Agricole (1,6 M⏠pour lâachat de son siĂšge, autorisation dâun parking de 500 places Ă la Presquâile), avec le gestionnaire de GrandâPlace (7 MâŹ), avec les actionnaires dâAlpexpo (4,6 M⏠de recapitalisations successives), avec la SAS TĂ©lĂ©grenoble (prĂšs de 500 000 ⏠de subventions annuelles), avec les commerçant.es du Centre ville (1,4 M⏠pour la rĂ©novation de la place Victor Hugo)...
Nous avons la conviction que la meilleure rĂ©ponse Ă cette gestion libĂ©rale de Grenoble est de nous organiser pour dĂ©cider nous-mĂȘmes. De nous rassembler entre citoyennes et citoyens, habitant.es des quartiers comme du centre, travailleurs.es comme chĂŽmeurs.es et prĂ©caires, jeunes comme retraitĂ©.es, sans voix comme militant.es, pour reprendre le contrĂŽle de notre ville et de nos vies.
Le chemin passe par de lâinformation objective et critique, de la formation, de lâĂ©ducation populaire, des assemblĂ©es citoyennes par quartier ou par thĂšmes, des meilleures conditions sociales et une baisse du temps de travail, des referendums rĂ©guliers, et lâengagement moral des Ă©lus de porter ces dĂ©cisions.
Quand certains en sont à faire remplir des questionnaires, à prévoir des comités citoyens consultatifs, nous aspirons à redonner à Grenoble le pouvoir au peuple, par le peuple et pour le peuple !
Retrouvons-nous en assemblées populaires pour élaborer collectivement un programme dans un véritable processus délibératif ouvert à tous et à toutes, et pour constituer démocratiquement une vraie liste de citoyen.nes qui nous ressemble.
Une liste qui ne sera pas porteuse dâune dĂ©mocratie âparticipativeâ mais âdirecteâ, une liste qui mettra en place des RĂ©fĂ©rendums dâInitiative Citoyenne (RIC), une liste qui agira contre la professionnalisation de la politique en instaurant une rotation des Ă©lu.es, une liste contre la mĂ©tropolisation qui nous Ă©loigne des lieux de dĂ©cision, une liste pour le droit de vote des Ă©trangers et Ă©trangĂšres et des jeunes de plus de 16 ans. Une liste qui se battra :
⹠pour une vraie rupture écologique en matiÚre de logement, de transport et de productions locales agricoles, pour les transports publics gratuits et contre les grands projets inutiles.
âą pour donner un toit Ă tous.tes y compris par la rĂ©quisition de logements et bĂątiments vides, pour que plus personne nâait faim Ă Grenoble, pour dĂ©velopper les services publics et Ă©largir la gratuitĂ©, vĂ©ritable outil local de lutte contre les inĂ©galitĂ©s, la misĂšre et la prĂ©caritĂ©.
âą pour lâĂ©galitĂ© des droits et lâĂ©mancipation de toutes et tous
⹠pour la fin de la répression discriminante et raciste dans les quartiers populaires.
âą pour lâarrĂȘt des subventions aux grandes entreprises.
⹠pour les solidarités entre les peuples, pour une ville logeant tous les réfugié.es.
âą pour la culture, lâĂ©mancipation, le partage, la joie de vivre...
Conscient.es que pour sauver lâhumanitĂ© et la terre il faudra sortir du capitalisme et des impostures Ă©cologiques et sociales actuelles, conscient.es que ce changement est sans compromis possible avec la soumission aux rĂšgles de gestion actuelles, nous ne ferons aucune alliance Ă©lectorale et nous nous appuierons sur les rĂ©sistances, les batailles collectives et les actes de dĂ©sobĂ©issance.
Conscientes de la nĂ©cessitĂ© dâun renouvellement dĂ©mocratique, aprĂšs lâĂ©lection et tout au long du mandat, les AssemblĂ©es populaires souveraines et ouvertes continueront de dĂ©battre et dâagir, de dĂ©cider de la mise en Ćuvre du programme et de contrĂŽler les Ă©lu.es.
Les participant.es Ă lâAssemblĂ©e fondatrice de « La commune est Ă nous ! » , rĂ©uni.es le 20 dĂ©cembre 2019 Ă la Salle Rouge.