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Franck Lepage
(...) Curieusement on ne connaît pas de droits sociaux qui n'aient été acquis sans violence. Je n'aime pas plus la violence que quiconque et j'en ai autant peur que chacun, mais malheureusement l'histoire nous enseigne que la violence a toujours été nécessaire pour obtenir des droits sociaux. Aucun patron, aucun pouvoir possédant ne s'est réveillé un matin en se disant "tiens, je vais leur refiler une nouvelle semaine de congés payés..."
Reporterre - Entretien avec Elsa Dorlin
Ce samedi marque le 19e « acte » du mouvement des Gilets jaunes. Le gouvernement a pris une posture terroriste après les dégradations du samedi 16 mars, assumant dorénavant le risque de mort. Elsa Dorlin, dans cet entretien, revient sur la place de la violence et du corps en politique.
Amnesty.fr
La loi dite « anti-casseurs » vient d’être adoptée au Sénat. Un coup très dur au droit de manifester pacifiquement en France.
Le droit français existant permettait déjà largement de prévenir, interpeller, poursuivre et sanctionner lourdement des personnes commettant des actes de violences lors de manifestations.
Contrairement à son intitulé, cette nouvelle loi n’apportera rien contre les « casseurs », et ne protégera surtout pas les manifestants pacifiques. Au contraire, elle ouvre en grand la porte à l’arbitraire des pouvoirs exécutifs d’aujourd’hui et de demain (...)
Note de service
La troisième édition de ces rencontres organisées à Grenoble les 11, 12 et 13 mars 2019 a lieu sous le patronnage d'entreprises (EDF, SNCF Réseau, Fédération Nationale des Travaux Publics...), d' associations reconnues (FNE) et surtout d'institutions (Commission Nationale du Débat Public, Ville de Grenoble, La Métro, le Ministère de l'Environnement, etc) Voir en détail ICI.
Du sel dans le papotage
Deux jours avant ces rencontres, le samedi 9 mars, les gueux dauphinois désireux de placer l' "Acte XVII"*
du mouvement des Gilets Jaunes sous le signe de la solidarité avec les travailleur.euses licencié.e.s de Caterpillar, Alsthom, etc. avaient décidé d'effectuer une déambulation spéciale "carnage de l'emploi industriel local". L'action devait s'achever sur une soirée conviviale et festive en plein air...
Las... l'initiative, pourtant dûment négociée avec les autorités, fut finalement frappée d'une interdiction de parcours jusqu'aux portes de ces entreprises, l' interdiction leur fut communiquée le matin même sur leur lieu de rassemblement, assortie de barrages et de contrôles policiers...
L'oukase préfectoral et les quelques arrestations préventives (?) qui s'ensuivirent ne sont sûrement pas sans rapport avec les trois nuits d'émeutes qui se sont déroulées dans le quartier Mistral la même semaine, suite à la mort violente de deux jeunes coursés par la BAC sur un scooter volé... L'émotion, l'indignation ou la colère étaient encore dans les têtes, et des carcasses de voitures fûment encore...
Ces rencontres nationales se présentent comme " le rendez-vous annuel des professionnels et praticiens non-professionnels de la concertation" (sic). Le "pass 3 jours" est facturé 80.00 € au simple citoyen. Bref, les participants sont d'ores et déjà assûrés de ne pas faire de facheuses rencontres...
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Episode 17 de la saison 1, selon le nouveau calendrier proposé par François Morel.
Grozeille
Daniel Tanuro est ingénieur agronome et environnementaliste, auteur de "L’impossible capitalisme vert".
Par Christophe Aguiton, Geneviève Azam, Isabelle Bourboulon et Jean Castillo - membres de l'espace « mobilisations internationales » d'Attac France.
Le Club de Mediapart
par Stathis Kouvélakis , CONTRETEMPS - 21 janvier 2019
" (...) Ce mouvement n’est certainement pas le modèle de toute mobilisation future, mais on peut parier que nombre de ses innovations, et des questions qu’elles posent, resurgiront, sous une forme ou une autre, dans la période à venir. Ne pas comprendre qu’il peut en sortir tout autre chose que tout ce à quoi les mouvements sociaux de la période antérieure nous ont habitué revient à s’exposer à de terribles déconvenues. Or, il convient d’y insister, compte tenu de la profondeur de la crise politique, le temps est dense, ce qui est une autre façon de dire qu’il est compté.
Les Amis de Bartleby
Plus de quarante ans se sont écoulés depuis que Pasolini a été assassiné, le soir de la Toussaint 1975, sur une plage d’Ostie. Pasolini a disparu de la scène au moment même où, sur le plan économique, s’achevaient les trois décennies de croissance exceptionnelle qu’a connues l’Europe occidentale au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, et où, sur le plan culturel, on s’accorde à situer la transition entre modernité et postmodernité. Et pourtant, concernant ce qui nous est arrivé depuis, l’œuvre de Pasolini se montre à bien des égards plus lucide et plus éclairante que la plupart des réflexions d’aujourd’hui.
REFUSONS LA RÉCUPÉRATION ! VIVE LA DÉMOCRATIE DIRECTE ! PAS BESOIN DE « REPRÉSENTANTS » RÉGIONAUX !
Depuis près de deux semaines le mouvement des gilets jaunes a mis des centaines de milliers de personnes dans les rues partout en France, souvent pour la première fois. Le prix du carburant a été la goutte de gasoil qui a mis le feu à la plaine. La souffrance, le ras-le-bol, et l’injustice n’ont jamais été aussi répandus. Maintenant, partout dans le pays, des centaines de groupes locaux s’organisent entre eux, avec des manières de faire différentes à chaque fois.
Ici à Commercy, en Meuse, nous fonctionnons depuis le début avec des assemblées populaires quotidiennes, où chaque personne participe à égalité. Nous avons organisé des blocages de la ville, des stations services, et des barrages filtrants. Dans la foulée nous avons construit une cabane sur la place centrale. Nous nous y retrouvons tous les jours pour nous organiser, décider des prochaines actions, dialoguer avec les gens, et accueillir celles et ceux qui rejoignent le mouvement. Nous organisons aussi des « soupes solidaires » pour vivre des beaux moments ensemble et apprendre à nous connaître. En toute égalité.
Mais voilà que le gouvernement, et certaines franges du mouvement, nous proposent de nommer des représentants par région ! C’est à dire quelques personnes qui deviendraient les seuls « interlocuteurs » des pouvoirs publics et résumeraient notre diversité.
Mais nous ne voulons pas de « représentants » qui finiraient forcément par parler à notre place !
À quoi bon ? À Commercy une délégation ponctuelle a rencontré le sous-préfet, dans les grandes villes d’autres ont rencontré directement le Préfet : ceux ci-font DÉJÀ remonter notre colère et nos revendications. Ils savent DÉJÀ qu’on est déterminés à en finir avec ce président haï, ce gouvernement détestable, et le système pourri qu’ils incarnent !
Et c’est bien ça qui fait peur au gouvernement ! Car il sait que si il commence à céder sur les taxes et sur les carburants, il devra aussi reculer sur les retraites, les chômeurs, le statut des fonctionnaires, et tout le reste ! Il sait aussi TRÈS BIEN qu’il risque d’intensifier UN MOUVEMENT GÉNÉRALISÉ CONTRE LE SYSTÈME !
Ce n’est pas pour mieux comprendre notre colère et nos revendications que le gouvernement veut des « représentants » : c’est pour nous encadrer et nous enterrer ! Comme avec les directions syndicales, il cherche des intermédiaires, des gens avec qui il pourrait négocier. Sur qui il pourra mettre la pression pour apaiser l’éruption. Des gens qu’il pourra ensuite récupérer et pousser à diviser le mouvement pour l’enterrer.
Mais c’est sans compter sur la force et l’intelligence de notre mouvement. C’est sans compter qu’on est bien en train de réfléchir, de s’organiser, de faire évoluer nos actions qui leur foutent tellement la trouille et d’amplifier le mouvement !
Et puis surtout, c’est sans compter qu’il y a une chose très importante, que partout le mouvement des gilets jaunes réclame sous diverses formes, bien au-delà du pouvoir d’achat ! Cette chose, c’est le pouvoir au peuple, par le peuple, pour le peuple. C’est un système nouveau où « ceux qui ne sont rien » comme ils disent avec mépris, reprennent le pouvoir sur tous ceux qui se gavent, sur les dirigeants et sur les puissances de l’argent. C’est l’égalité. C’est la justice. C’est la liberté. Voilà ce que nous voulons ! Et ça part de la base !
Si on nomme des « représentants » et des « porte-paroles », ça finira par nous rendre passifs. Pire : on aura vite fait de reproduire le système et fonctionner de haut en bas comme les crapules qui nous dirigent. Ces soi-disant « représentants du peuple » qui s’en mettent plein des poches, qui font des lois qui nous pourrissent la vie et qui servent les intérêts des ultra-riches !
Ne mettons pas le doigt dans l’engrenage de la représentation et de la récupération. Ce n’est pas le moment de confier notre parole à une petite poignée, même s’ils semblent honnêtes. Qu’ils nous écoutent tous ou qu’ils n’écoutent personne !
Depuis Commercy, nous appelons donc à créer partout en France des comités populaires, qui fonctionnent en assemblées générales régulières. Des endroits où la parole se libère, où on ose s’exprimer, s’entraîner, s’entraider. Si délégués il doit y avoir, c’est au niveau de chaque comité populaire local de gilets jaunes, au plus près de la parole du peuple. Avec des mandats impératifs, révocables, et tournants. Avec de la transparence. Avec de la confiance.
Nous appelons aussi à ce que les centaines de groupes de gilets jaunes se dotent d’une cabane comme à Commercy, ou d’une « maison du peuple » comme à Saint-Nazaire, bref, d’un lieu de ralliement et d’organisation ! Et qu’ils se coordonnent entre eux, au niveau local et départemental, en toute égalité !
C’est comme ça qu’on va gagner, parce que ça, là haut, ils n’ont pas l’habitude de le gérer ! Et ça leur fait très peur.
Nous ne nous laisserons pas diriger. Nous ne nous laisserons pas diviser et récupérer.
Non aux représentants et aux porte-paroles autoproclamés ! Reprenons le pouvoir sur nos vies ! Vive les gilets jaunes dans leur diversité !
VIVE LE POUVOIR AU PEUPLE, PAR LE PEUPLE, POUR LE PEUPLE !
Si vous vous retrouvez dans les bases de cet appel chez vous, dans votre groupe local de gilets jaunes, ou autre, contactez-nous sur giletsjaunescommercy@gmail.com et coordonnons-nous sur la base d’assemblées populaires et égalitaires !
par Frédéric Lordon (Les blogs du Diplo, 28 janvier 2019)
En vérité, ce pouvoir est symboliquement à terre.(...) Il ne lui reste plus que la force armée pour contenir la contestation.
Business Insider France
Lors de la réunion annuelle du forum économique mondial à Davos Facebook s'est attiré de virulentes critiques. Certains intervenants (Marc Benioff, de Salesforce, l'un des tous premiers investisseurs de FB; Roger McNamee, ancien mentor de Mark Zuckerberg; Jim Steyer, fondateur de Common Sense Media...) allant jusqu'à défendre l'idée qu'il faut démanteler Facebook .
NDR : Nulle morale dans les propos de ces requins, la meute cherche juste à se débarrasser du leader. Néanmoins l'idée n'est pas pour nous déplaire :) Tant qu'ils y sont, faudrait démanteler çà aussi, d'urgence :
Le Comptoir - Itw le 26 déc. 2018
Marion Messina
Ma foi, qu'est-ce donc que la vie, la vie qu'on vit ? D'expérience, elle a la douceur d'un airbag en béton et la suavité d'un démaquillant à la soude, la vie ne serait-elle qu'une épaisse couche d'amertume sur le rassis d'une tartine de déception ? Pas moins, pas plus ? C'est en tout cas la démonstration que nous livre Marion Messina, l'Emmanuel Bove de ces temps, dans Faux départ, son premier roman. À ma gauche, Aurélie, à ma droite Alejandro ! Entre la Grenobloise de toute petite extraction qui crève la bulle d'ennui dans une fac facultative, souffre-douleur d'un corps en plein malaise, et le Colombien expatrié, ça s'aime un temps mais ça casse vite. D'aller de Paris en banlieue et de banlieue à Paris, d'?uvrer comme hôtesse d'accueil, de manger triste, coucher cheap et vivre en rase-motte, rencontrer Franck puis Benjamin ne change que peu de choses à l'affaire. Renouer avec Alejandro ne modifie guère la donne : l'amour fou, la vie inimitable, le frisson nouveau sont toujours à portée de corps, mais jamais atteints. Toujours en phase d'approche, jamais d'alunissage. Marion Messina décrit cette frustration au quotidien avec une rigueur d'entomologiste. Que voulez-vous, la vie fait un drôle de bruit au démarrage. Jamais on ne passe la seconde. Faux départ, telle est la règle.
editions J'ai Lu
Le Média - 14.01.2019
Sociologue et maître de conférences en sociologie à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense, Anne Steiner travaille sur la violence politique. Aux éditions L’Échappée, elle a publié deux ouvrages sur les émeutes anarcho-syndicalistes : Le goût de l’émeute : manifestations et violences de rue dans Paris et sa banlieue à la « Belle Époque » (2012) et Le Temps des révoltes : Une histoire en cartes postales des luttes sociales à la « Belle Époque » (2015). Elle revient avec nous sur la mobilisation des Gilets jaunes et surtout sur les points communs entre les Gilets jaunes et les anarcho-syndicalistes de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle.
The Anarchist Library
La première chose qui vient à l’esprit lorsque l’on referme la monumentale autobiographie d’Emma Goldman que viennent de publier les éditions L’Échappée est la suivante : comment est-il possible qu’il ait fallu attendre presque un siècle pour que ce livre absolument extraordinaire, paru en 1931, soit intégralement traduit en français ? Car Vivre ma vie n’est pas seulement un document irremplaçable sur le mouvement anarchiste et les grands événements socio-politiques de la fin du XIXe siècle et des premières décennies du XXe siècle, c’est aussi un chef-d’œuvre palpitant de la littérature autobiographique qui se lit à la fois comme un journal intime et comme un roman d’aventure.
Samuel Hayat - CONTRETEMPS -26 décembre 2018
[ LePartisan : Il s'agit en fait d'une critique du citoyennisme (via son avatar le RIC )vs la politique partisane traditionnelle ]
Fidèles à leur vocation de « donner les moyens aux acteurs individuels et collectifs du mouvement social de publier leurs contributions », les éditions Syllepse ont réuni des textes et des déclarations qui leur ont semblé éclairants des questions sociales, démocratiques et écologiques que le mouvement des Gilets jaunes a mises sur la place publique.
Gratuit, ce livre électronique de 52 pages est fait pour circuler le plus largement possible...
Téléchargez-le : https://solidaires.org/IMG/pdf/gilets-jaunes--des-cles-pour-comprendre-1.pdf
Essai d'analyse et de réflexion politique
Patrick Le Moal - Europe Solidaire Sans Frontières
Lundi matin - 19 déc. 2018
"... Par un paradoxe qui n’est qu’apparent, l’esprit d’une mobilisation, a fortiori lorsqu’elle est inédite, ne se loge jamais dans ses revendications mais dans ses pratiques. Le sens d’une politique ne tient pas à ses idées mais sur ses actes. En ce sens, que le mouvement soit insatiable, qu’il ne sache pas dire ce qui l’arrêterait (question posée à chaque participant au mouvement par tous les reporters ordinaires), cela indique assez qu’il y a plus, avec lui, qu’une affaire de limitation de vitesse, de prix du diesel, de pouvoir d’achat et même de renouveau démocratique – plus que quarante-deux propositions ou que tout autre programme : un lieu, une puissance politique de la localité, comme dans les ZAD, comme sur les places des révoltes sans leader de la dernière décennie, mais sans l’artifice de ces lieux sans liens préalables. Le front est là. Macron le sait. Ayant cru en finir avec les médiations du « social », le voilà donc face à des solidarités réelles, faibles, érodées, tremblantes mais pas absentes. Localement, dans ces interstices diversifiés du territoire, entre métropoles et campagnes. Ce sont d’ailleurs sans aucun doute à travers ces liens déjà existants, intégrés à un milieu connu, accessible, imaginable, que se préciseront peu à peu un jour, dans ce mouvement ou dans un autre, les bases d’une politique écologique véritable, dépassant, en la transformant, la vieille et lancinante question socialiste..."
Olivier CYRAN, lmsi.net - 10.12.18
Pourquoi la gauche éprouve tant de mal à admettre que les frontières tuent (Première partie)