Journal de la Fédération de l'Isère du Parti Communiste Français
Publié le 15.05.2025 à 11:07
Régine HausermannLe titre suggère l’injonction de Jésus à Marie Madeleine : Noli me tangere, Ne me touche pas, sujet traité dans de nombreux tableaux religieux. Laura Bachman s’y réfère indirectement lorsqu’elle dit vouloir « explorer le tabou du toucher dans une société influencée par sa culture religieuse ».
Première séquence – La danseuse Marion Barbeau est immobile au centre d’un carré de lumière. Elle se touche le nez, la joue, le bras… sur un rythme toujours plus rapide. Les gestes deviennent fébriles, sa robe noire fluide est animée de sursauts, les bras enserrent le corps. La danseuse est animée de tics, elle se contorsionne à la recherche de nouveaux endroits sur son corps et sur une bande son toujours plus stridente. Puis la tension diminue, le corps s’est assoupli, prêt à rencontrer un autre corps.
Deuxième séquence – Une silhouette s’approche dans la pénombre, brune, vêtue d’un pantalon large et d’un soutien-gorge noirs. Elle s’arrête derrière la danseuse blonde et, dissimulée derrière son corps, se met à l’effleurer. Seules les mains de Laura Bachman sont visibles. Elles suscitent d’abord des mouvements de refus. De plus en plus audacieuses, elles continuent, explorant le corps de la danseuse blonde qui nous fait face. D’abord rejetées puis acceptées et désirées. Un duo s’est esquissé mais la jeune femme blonde s’échappe.
Troisième séquence – Au tour de la danseuse brune d’être seule sur scène. Accompagnée de la chaude musique de l’accordéon de Vincent Peirani, Laura Bachman se lance dans un solo sensuel, aux antipodes du solo initial. Chez elle, le corps est roi, le corps exulte. Il se caresse, il se donne à voir dans les postures les plus érotiques. C’est d’une extrême beauté !
Quatrième séquence – Les deux danseuses sont de nouveau réunies, quasi à l’inverse de la deuxième séquence. La brune de dos, torse nu. Devant elle, regardant le public, la blonde l’invite à se mouvoir sur place, esquisse des caresses, l’attire vers elle.

Dans les séquences suivantes, les corps hésitent encore entre distance et proximité mais c’est l’attirance qui domine, notamment dans un mouvement de valse où les deux jeunes femmes occupent tout l’espace du plateau, au son de l’accordéon. D’abord en robe et pantalon, leur entente les incite à la nudité, sous forme d’éclairs. Le public est conquis.
Toutes deux ont été danseuses du ballet de l’Opéra de Paris. Marion Barbeau, née en 1991, est devenue comédienne avec le film En corps de Cédric Klapisch où elle interprète le rôle d’une danseuse étoile classique qui se reconvertit dans la danse contemporaine après un accident.

À partir de 2016, Laura Bachman, née en 1994, a sillonné le monde avec le ballet Rosas d’Anne Teresa de Keersmaker. Elle développe aujourd’hui ses propres recherches.
Vincent Peirani était absent mardi soir, blessé à la main. On imagine ce que sa présence sur scène aurait apporté à sa musique, déjà si suggestive. On lui souhaite un prompt rétablissement.
Laura Bachman en répétition. © Abel Llavall-Ubach
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Publié le 14.05.2025 à 20:07
Manuel Pavard« Du fric pour les services publics ». Le slogan, martelé à chaque mobilisation depuis plusieurs mois, est presque devenu le cri de ralliement officiel des agents de la fonction publique. Lesquels l’ont encore une fois scandé dans les rues de Grenoble, ce mardi 3 mai, lors de cette nouvelle manifestation organisée à l’appel de l’intersyndicale (CGT, FSU, CNT, Solidaires, FO, Unsa), à l’occasion de la journée de grève nationale.

De fait, pour les manifestants défilant entre la place Victor-Hugo et la place de Verdun, l’argent est plus que jamais le nerf de la guerre. Les syndicats dénoncent en effet les 40 milliards d’euros d’économies prévus par le gouvernement Bayrou dans le budget 2026, et les conséquences sur l’emploi de la fusion annoncée d’un tiers des agences et opérateurs de l’État, qui doit permettre, selon le ministère de l’Économie, de réaliser plus spécifiquement « 2 à 3 milliards d’économies ».

L’orientation choisie par l’exécutif conduirait ainsi à une « austérité budgétaire qui ne dit pas son nom », affirme l’intersyndicale. Celle-ci la refuse car cela « sacrifiera le service rendu aux usagers, affaiblira toutes les rémunérations des agents de la fonction publique et dégradera encore leurs conditions de travail ». Des conséquences déjà observées, par exemple, dans l’Éducation nationale, comme l’illustre le mouvement « Pas de moyens, pas de rentrée » mené par les personnels de 45 écoles et collèges des quartiers populaires de l’agglomération. Des enseignants, AESH, Atsem, qui formaient un cortège massif derrière la banderole « Éducation publique en lutte ».
« Les salaires sont insuffisants pour vivre correctement »
Les manifestants demandent donc, pêle-mêle, le rétablissement de la rémunération complète, sans carence, pendant les jours d’arrêt maladie ordinaire, « des moyens budgétaires à la hauteur des missions des services et des politiques publiques », des créations d’emplois « partout où c’est nécessaire », la titularisation des contractuels, l’augmentation de la valeur du point d’indice ou encore l’égalité salariale et professionnelle entre les femmes et les hommes.

Dans la fonction publique, « les salaires des agents sont aujourd’hui insuffisants pour vivre correctement », déplore Serge Benito, retraité de La Poste et militant CGT. Selon lui, « il faut débloquer le point d’indice qui, depuis 2010, est bloqué — à part une année. En quinze ans, on a perdu environ 10 % de pouvoir d’achat ». L’objectif est bien d’augmenter les salaires « pour toutes les catégories de fonctionnaires » et de faire en sorte qu’il n’y ait « plus aucun salaire en-dessous du Smic ». Une exigence d’autant plus légitime que « chaque année, on donne 200 milliards d’euros d’aides publiques aux entreprises sans aucun contrôle », s’insurge Serge Benito.

Sillonnant les rues du centre-ville durant près de deux heures, les manifestants ont pu rappeler ces diverses réclamations. Un défilé joyeux, combatif et dynamique, mais également très calme. D’où la surprise et le choc ressentis par l’ensemble du cortège face à la répression policière aussi inattendue que disproportionnée. Alors que la manifestation, arrivée quasiment à son terme, venait de dépasser le rectorat, deux enseignants ont été interpellés par la police, peu après midi.
En garde à vue pour un slogan visant Bruno Retailleau
Motif invoqué : un slogan figurant sur l’une des banderoles en cellophane noires que les deux hommes ont accrochées tout au long du parcours, entre des arbres, des panneaux de signalisation ou des feux tricolores. Le message en question visait le ministre de l’Intérieur : « 9 mai, Paris : Retailleau les néonazis ». Une référence à la manifestation néofasciste ayant rassemblé un millier de militants de l’extrême droite radicale, ce samedi, à Paris, et qui avait été autorisée par le tribunal administratif, après l’interdiction préfectorale initiale.

Les enseignants ont été placés en garde à vue pour « outrage à personne dépositaire de l’autorité publique », avant d’être laissés libres au bout de trois heures. Mais ils seront « convoqués pour une audition ultérieure en juin prochain, en vue d’éventuelles poursuites », selon la Direction intedépartementale de la police nationale (DIPN), interrogée par France 3.

Indignés par ces arrestations, des manifestants se sont rendus devant le commissariat pour soutenir leurs camarades. Pour Thibaut Michoux, du Snes-FSU, « une décision a été prise de provoquer, de faire peur, de mettre la pression sur des gens qui manifestaient pacifiquement pour les services publics ». Sans dissimuler son inquiétude, le représentant syndical promet : « Nous n’allons pas nous laisser intimider et accepter cette remise en cause de la liberté d’expression. Tout cela n’est pas anodin », conclut-il.

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Publié le 12.05.2025 à 16:54
Travailleur AlpinC’est « l’autre 8 mai 1945 », depuis trop longtemps gommé de l’historiographie officielle, au profit d’une célébration sans fausses notes de la victoire contre le nazisme. Ce jour-là pourtant, les Algériens manifestant pour l’égalité des droits et pour l’indépendance subissent une féroce répression coloniale, qui se poursuivra durant plusieurs semaines. Le bilan sera très lourd : de 10 000 à 40 000 victimes selon les historiens et les estimations, à Sétif, Guelma et Kherrata.

C’est pour commémorer le 80e anniversaire de ce massacre qu’une assistance nombreuse s’est rassemblée ce jeudi 8 mai dans le parc André-Malraux, à Fontaine. Quarante-huit organisations (associations, partis de gauche et syndicats) ont apporté leur soutien à cet hommage, dont les huit associations réunies au sein du collectif « 17 octobre 1961 Isère » : Algérie au cœur, Amal, l’Association nationale des pieds-noirs progressistes et leurs amis (ANPNPA), ASALI, Coup de Soleil en Auvergne Rhône-Alpes, le Collectif de soutien aux réfugiés algériens (CSRA), la Libre Pensée, le Mouvement de la paix.
Une pétition pour demander la reconnaissance des massacres
Mariano Bona a pris la parole, au nom des organisateurs, devant la plaque apposée en 2017 par l’ex-municipalité communiste « à la mémoire des milliers de victimes du colonialisme qui manifestaient le 8 mai 1945 à Sétif, Guelma, Kherrata ». Quatre-vingts ans après, c’est l’occasion, a‑t-il souligné, de « mener campagne pour que cette répression sanglante soit reconnue comme crime contre l’humanité, au sens du statut de Rome de 1998 ».

Rappelant les timides premiers pas du président François Hollande, qui a reconnu en 2016 l’injustice du système colonial en Algérie, le militant a toutefois rappelé que la France devait « aller plus loin en disant la vérité » sur ce crime d’État. ll a également appelé le public à signer la « pétition pour demander la reconnaissance des massacres de Sétif, Guelma et Kherrata. C’est une campagne qui est à l’initiative de l’historien Olivier Le Cour Grandmaison et d’un collectif qui s’est créé pour cela », a‑t-il précisé.
Mariano Bona a ensuite signalé un rendez-vous important, ce mercredi 14 mai, à 18h, à la maison des associations de Grenoble. À savoir « les témoignages de trois personnes qui se sont opposées, chacune à sa manière, à la guerre contre le peuple algérien ». En effet, a poursuivi l’orateur, « en ces temps de violence contre les peuples, il est important de sortir de l’oubli ces parcours ».
Élu-es et responsables associatifs présents en nombre
Les manifestants n’ont pas manqué de rendre hommage à Marie-Thérèse Lloret, décédée il ya quelques jours, qui fut depuis le début une militante infatigable de la solidarité avec l’Algérie, en particulier les réfugiés accueillis à Grenoble. Un extrait de l’appel des 48 organisations a aussi été lu, suivi par la lecture d’un texte du poète Kateb Yacine, extrait de Nedjma, sur les événements tragiques de mai 1945.

Des élus sont par ailleurs intervenus tour à tour, notamment Kheira Capdepon, adjointe à la ville de Grenoble, Guillaume Gontard, sénateur, et Élisa Martin, députée. Laquelle a souligné avec mécontentement le caractère des cérémonies du matin où les autorités militaires auraient donné le « la » des commémorations. Élisa Martin a situé le contexte de cette cérémonie en mémoire aux victimes du régime colonial français en dressant un parallèle avec les massacres commis par Israël à Gaza et en Cisjordanie.
De son côté, le sénateur Guillaume Gontard a évoqué la présence d’une délégation de parlementaires de gauche en Algérie, ce 8 mai, pour commémorer le massacre. Parmi l’assistance, figuraient également de nombreux responsables d’associations ainsi que d’autres élus, comme Sylvette Rochas (conseillère départementale d’Échirolles), Isabelle Miroglio (La Tronche) ou Laurent Jadeau, élu d’opposition de Fontaine.

Plusieurs gerbes ont enfin été déposées devant la plaque commémorative, avant une minute de silence. Puis la chorale Les Barricades a conclu cette commémoration en entonnant deux chants algériens : Min Djibalina et La Casa del Mouradia.
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Publié le 12.05.2025 à 12:29
Travailleur AlpinL’occasion était trop belle. Mercredi 7 mai, Franck Longo, maire MoDem de Fontaine, assistait à la Source à la « Soirée des talents », un événement musical entrant dans le cadre de sa communication. Les quelque cinquante manifestants réunis devant la salle de concert fontainoise en ont donc profité pour tenter de lui remettre le « prix des talents des territoires », catégorie « meilleure mise à la rue ». Un trophée que l’édile a sans surprise refusé.
La distinction ironique renvoyait en effet au mot d’ordre du rassemblement : « Stop à l’expulsion de la famille M. par la mairie de Fontaine ». À l’initiative de la mobilisation, un large collectif regroupant RESF Fontaine, conseil local FCPE du collège Jules-Vallès, Association des parents d’élèves et personnels du collège Gérard-Philipe, FCPE Isère, Intersyndicale « Enfants migrant.e.s à l’école » (FSU, Sud, CNT), DAL 38, Groupe solidarité de la paroisse catholique Saint-Michel-du-Drac.

Pour ces enseignants, parents d’élèves et militants, la ville de Fontaine « persiste dans son ignominie en mettant tout en œuvre pour expulser de son domicile la famille M. dont deux enfants sont scolarisé.e.s à Fontaine (école maternelle Langevin et collège Gérard Philipe). Alors qu’aucune nouvelle solution d’hébergement n’est proposée à la famille à ce jour, le tribunal a validé la décision d’expulsion lors d’une audience le 27 mars 2025 », précise également le collectif.
La famille pourrait être expulsée début juin
La famille vit depuis de longues années « un parcours de précarité dans des hébergements successifs », ajoute-t-il. Aujourd’hui logée dans un appartement municipal, elle se retrouve avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Car Franck Longo, qui a tout de même reçu une délégation de manifestants, l’a annoncé : le tribunal ayant confirmé la décision de la municipalité, la famille M. sera expulsée début juin.
S’exprimant au nom du collectif, Xavier Lecoq (RESF Fontaine et FCPE Jules-Vallès) a dénoncé le travestissement de la réalité des faits par le maire concernant les expulsions de familles à Fontaine, s’insurgeant des propos injurieux — qui n’avaient pas lieu d’être — tenus par l’élu à l’encontre de la famille expulsable. Le militant a aussi demandé l’arrêt de la procédure d’expulsion et la mise en œuvre de tous les moyens à disposition de la mairie pour l’hébergement des personnes à la rue ou menacées de l’être à Fontaine.

Des représentants de la FCPE et du DAL ont pris ensuite la parole pour rappeler l’inconditionnalité du droit au logement ainsi que le droit à des conditions matérielles et une scolarisation digne pour deux enfants mineurs. Les manifestants ont réaffirmé leur « opposition à toute expulsion qui ne soit pas accompagnée d’un relogement digne et pérenne ». Et de conclure, non sans ironie : « La responsabilité en incombe à M. le maire ou en effet, au préfet ou au gouvernement, dont le Premier ministre est, sauf erreur, du même parti politique que M. Longo. »
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Publié le 08.05.2025 à 22:11
Luc RenaudL’annonce en a été faite le 29 avril, lors d’une réunion du comité social et économique central. STMicroelectronics s’apprête à supprimer 2 800 emplois, dont 1000 dans ses usines françaises.
A cela s’ajoute, souligne la CGT de STMicroelectronics, 2500 « mobilités volontaires », selon les termes de la direction. « Mais, peut-on parler de « volontariat » quand chaque salarié·e, dont le métier est jugé « en transition », recevra un courrier individuel l’en informant ? », s’interroge le syndicat. « Ceci n’est pas du « volontariat » : c’est une assignation déguisée à quitter son emploi. »
Plus globalement, ce sont les choix stratégiques du conseil d’administration du groupe que le syndicat remet en cause. Et la passivité de l’État, actionnaire et subventionneur.
Des technologies du futur seront mises en œuvre… en Chine
Le gouvernement français comme la Commission européenne sont prolixes de discours sur la souveraineté et l’enjeu de la production de semi-conducteurs. Les décisions de STMicroelectronics s’opposent frontalement à ces déclarations d’intention. « Des technologies du futur, tel le carbure du silicium, permettant d’augmenter l’autonomie d’un véhicule électrique, ou des produits phares de ST tel le STM32, microcontrôleur que l’on retrouve dans bon nombre d’applications, vont être produits en Chine », révèle la CGT. La désindustrialisation du pays et la délocalisation industrielle en Chine a ses décideurs : les actionnaires et les directions des grands groupes industriels français et européens.
Des fautes stratégiques dictées par le profit de cours terme
Ces choix à rebours de l’intérêt général, de l’intérêt du pays et de l’Europe, ont une raison d’être : le niveau de profit et la rémunérations des actionnaires prime sur toute autre considération. La CGT rappelle que des décisions contraires à l’intérêt de l’entreprise ont été prises : « il y a quelques années, ST a renoncé aux produits et technologies avancés. Or, la croissance du marché des semi-conducteurs se fait actuellement là où ST a renoncé. »
Des décisions prises sans que l’État ne lève le petit doigt. « Le silence et le laisser-faire de l’État Français, pourtant actionnaire de ST, deviennent eux aussi intolérables. Son absence totale de réaction aux différents courriers d’interpellation de la CGT, et face à cette gestion opaque, aux annonces de suppressions d’emplois et de délocalisations de la production, révèle l’hypocrisie entre promesses publiques et réalité », s’indigne la CGT.
Des subventions pour les suppressions d’emplois et les délocalisations
Un silence et un laisser-faire assorti des belles enveloppes financières. « Ainsi, à Crolles, jusqu’à 2,9 milliards d’euros de subventions de l’État Français, en échange d’un engagement de création de 1000 emplois », rappelle le syndicat. « Et aujourd’hui ? On parle de suppressions d’emplois ! À Tours, des aides publiques pour développer la technologie GaN, et en retour une menace sur l’activité locale. Ce double discours est intolérable. L’argent public ne doit pas servir à financer des suppressions d’emplois et des délocalisations de production. »
Abandons de souveraineté dans un secteur stratégique
Les discours sur la réindustrialisation ne peuvent plus masquer la complicité de l’État dans les délocalisations, les abandons industriels et la perte de souveraineté nationale et européenne : la filière de l’industrie chimique est là pour en témoigner.
Pour la CGT, « à l’instar de l’Asie et des États-Unis, un plan d’investissement massif à la hauteur des enjeux doit être enfin décidé et ST doit réaliser un retour programmé dans les produits et technologies avancés. Aucune ligne de production ne doit être délocalisée, ni aucun produit ne doit quitter la France ! »
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Publié le 07.05.2025 à 17:41
Travailleur AlpinJuin 1995 : Jean-Michel Revol ravit au RPR Louis Ferrouillat le fauteuil de maire de Saint-Marcellin. Celui qui sera l’un des plus jeunes maires de France – trente ans lors de son élection – restera à la tête de la commune pendant vingt-cinq ans, siégeant en parallèle au conseil général de l’Isère de 2004 à 2011 sur les bancs du groupe socialistes et apparentés, et s’engageant comme suppléant d’André Vallini lors des élections législatives.
En 2020, l’édile annonce qu’il passe la main. De son équipe désormais « sans étiquettes », c’est Raphaël Moccelin qui se désigne pour reprendre le flambeau, officiellement toujours dans une logique de « majorité locale sans étiquette ». Il sera rapidement coopté au sein de la liste de Laurent Wauquiez lors des élections régionales de 2021.
Une majorité municipale qui explose après le départ de Jean-Michel Revol
L’héritage ne fait pas l’unanimité, et la majorité sortante se divise.
D’un côté, Noëlle Thaon, adjointe au maire sortant, présente sa propre liste, « sans étiquette ». Elle récoltera 21,75% des voix au premier tour des élections de mars 2020, maintiendra sa liste au second tour, et a annoncé récemment sa volonté de se présenter de nouveau en 2026.
De l’autre, les communistes, jusqu’alors présents dans l’équipe – même si le sujet avait fait débat au sein de la section locale en 2014 –, s’organisent pour constituer une liste de gauche. Une démarche qui aura mis du temps à éclore, mais aboutit à l’élection de Christophe Ghersinu au conseil municipal, pour « Saint Marcellin écologique et progressiste ».
Mais le coup de tonnerre de ce scrutin restera le fait que l’extrême droite, opposition historique conduite par Jacques Lascoumes, passera très près de la victoire, rassemblant 30,08% des voix au second tour face à la liste de Raphaël Moccelin qui récoltera quant à elle 31,77% des suffrages.
2026 : face à l’extrême droite, la gauche citoyenne ?
Manque de concertation sur les projets municipaux, budgets « insincères » selon l’opposition, mécontentement dans le monde associatif et chez les commerçants… durant ce mandat, l’équipe de Raphaël Moccelin enchaîne les déconvenues et les désillusions.
Jacques Lascoumes se frotte les mains, les astres semblent s’aligner en sa faveur, à l’aune d’un contexte où médias dominants et milliardaires soufflent dans les voiles de l’extrême droite.
C’était sans compter sur l’invitée surprise du scrutin : une gauche qui entend bien « jouer en première division » ce coup-ci, et rejouer 1995 !
Depuis 2020, Christophe Ghersinu n’a pas chômé, en effet. Candidat du « Printemps Isérois » (l’union de la gauche et des écologistes) aux départementales de 2021, il intègre le comité sénatorial de Guillaume Gontard, et noue des liens avec de nombreux élus du territoire, pour en tirer des expériences utiles à sa commune. En parallèle, la section communiste se redynamise, et mène plusieurs combats : défense de la gare TER, bataille pour la réparation des ascenseurs…
Commerçant, il connaît bien sa ville, et sait que seule une large union ouverte à toutes les bonnes volontés pourra permettre d’enrayer le scénario écrit à l’avance d’une victoire de l’extrême droite, et surtout « écrire une nouvelle page de l’histoire de la commune », en positif.
Des discussions s’engagent, des relations humaines se tissent, à base d’écoute, de dialogue… Et une idée émerge : initier une démarche commune, de large implication citoyenne, pour construire un projet et une liste destinée à l’emporter en mars 2026.
Vendredi 23 mai : le début d’une aventure commune
C’est ainsi qu’advient l’annonce de la réunion publique du vendredi 23 mai, à l’appel de plusieurs personnalités locales, à 19h à la salle polyvalente. Outre Christophe Ghersinu et sa colistière de 2020, Jeanne Maury, syndicaliste CFDT, on y retrouve Jonathan Soen, qui conduisait une liste « écologiste indépendante » en mars 2020 [ndlr : il appelle à cette rencontre « en son nom propre »].
Fait notable, deux anciens élus importants des équipes conduites par Jean-Michel Revol sont parties prenantes de cet appel : Pierre Liotard, qui siégea un temps au conseil de la communauté de communes et qui s’engage aujourd’hui dans le monde de la solidarité associative ; et Elisabeth Pouech, ancienne responsable d’une importante fédération de parents d’élèves.
Enfin, le sénateur Guillaume Gontard, figure de l’union de la gauche et des écologistes dans le département, sera présent.
Pour les initiateurs de cet appel, il s’agit de poser les premières pierres d’une démarche de rassemblement qui entend jouer le premier rôle lors du scrutin de mars 2026. Comme le notait nos confrères du Dauphiné libéré le 15 avril dernier, Saint-Marcellin sera bien l’une des communes de l’Isère où « le scrutin s’annonce brûlant »…
Affaire à suivre !
Robert W. Wellnes
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Publié le 07.05.2025 à 16:12
Luc RenaudL’accord avait été obtenu après les mobilisations des travailleurs sans papiers, en 2014. Il avait été passé entre la préfecture de l’Isère et le syndicat CGT des travailleurs sans-papiers.
Il permettait, lors de dépôts collectifs de dossiers, un dialogue via un contact régulier entre les deux parties et donc un moyen de résoudre les difficultés qui surviennent fréquemment lors de la régularisation des sans-papiers. Le droit qui régit ce domaine est complexe ; il est souvent appliqué sans considération des aspects humains et de la réalité des situations.
Cet accord a été unilatéralement dénoncé par la préfecture en avril dernier. Lors d’une rencontre avec le secrétaire général de la préfecture, les syndicalistes ont appris qu’il n’y aura plus ni rencontres entre le service d’immigration et le syndicat, ni d’interlocuteur au sein des services de l’Etat. Qu’il n’y aura plus de dépôts collectifs : les demandes se feront individuellement au guichet, en application de la circulaire Retailleau avec toutes ses restrictions. Que les demandeurs devront se rendre en préfecture à Grenoble, quelle que soit leur lieu d’habitation en Isère.
Plus d’interlocuteur pour discuter des situations concrètes
Le rôle de la CGT des travailleurs sans-papiers en tant qu’interlocuteur n’est plus reconnu.
« Après la loi Darmanin, la circulaire Retailleau veut supprimer toute possibilité de régularisation », constate la CGT sans-papiers. Le gouvernement s’attaque ainsi directement aux travailleurs sans-papiers, pourtant indispensables dans tant de secteurs : nettoyage, bâtiment, restauration, aide à la personne… Le règne de l’hypocrisie.
« C’est une attaque contre notre droit de vivre, de travailler, d’étudier en paix », dénonce la CGT qui souligne que « c’est aussi un danger pour tous les travailleurs qui se trouvent à la merci des patrons qui abusent impitoyablement de leur conditions vulnérables, ce qui entraîne plus de précarité, moins de droits, plus d’exploitation ! »
Les sans-papiers dans la précarité pour peser sur tous les travailleurs
Et c’est la possibilité d’une mise en cause des droits de tous les travailleurs : il y aura toujours un travailleur sans-papiers contraint pour vivre d’accepter l’exploitation qui pourra être mis en concurrence avec d’autres travailleurs.
La CGT des travailleurs sans-papiers appelle à un rassemblement le 10 mai à 14h30, rue Félix Poulat à Grenoble, pour protester contre ces injustices, « exiger la régularisation de toutes et tous et défendre nos droits, notre dignité, notre avenir ! Sortons de l’ombre, faisons entendre nos voix ».
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