Publié le 15.12.2025 à 10:40
Un Toit Pour Tous relaie un communiqué d’ABSISE (Association des bailleurs sociaux de l’Isère) relatif aux chiffres nationaux pour l’année 2024, en les complétant par les chiffres de la même année pour le département de l’Isère.
La demande de logements sociaux poursuit sa hausse
« Au 31 décembre 2024, le nombre de demandes de logement social atteint 2 760 000 soit une hausse de près de 157 000 par rapport au début de l’année. Bien que cette progression de 6 % soit inférieure à celle des années précédentes (+ 7,5 % en 2023 et 7,4 % en 2024), elle reste importante en volume.
Les demandes de mutation, stables à 32 % du total (890 000 ménages), représentent une part moins significative des nouvelles demandes.
Comme l’an dernier, les régions qui connaissent les plus fortes hausses de demandes sont l’Occitanie, PACA, Auvergne- Rhône Alpes, les Hauts de France, et le Grand Est ».
En Isère, la demande de logement social a atteint 39 000 en 2024 (dont 15 400 pour des mutations dans le parc social), à comparer avec le chiffre de 33 000 en 2021, soit 18 % de hausse.
Les attributions de logements continuent leur baisse…
« En parallèle, les attributions de logements sociaux s’établissent à près de 380 000 sur l’année 2024, soit une baisse de 2,4 % par rapport à 2023. Ce niveau d’attribution est inférieur à celui de 2020, pourtant affecté par la crise sanitaire.
Le nombre d’attributions diminue dans toutes les régions, excepté en Nouvelle Aquitaine. La plus forte baisse est observée en PACA, Centre- Val de Loire et Bretagne, tandis qu’en Bourgogne- Franche Comté, l’évolution du nombre d’attributions demeure quasi stable. Cette tendance s’explique très probablement par une diminution des mises en service et un taux de rotation en baisse dans le parc social ».
Dans notre département, 8173 logements ont été attribués en baisse de 10 % par rapport à 2021 (9 100) ; seules donc 20 % des demandes ont pu être honorées.
Avec le ralentissement des chantiers pendant cette période électorale, l’augmentation de la pauvreté et les coupes budgétaires annoncées, 2026 ne se présente pas sous les meilleures auspices…
L’article Logements sociaux, la dégradation se poursuit au détriment des demandeurs est apparu en premier sur Un Toit Pour Tous.
Publié le 15.12.2025 à 09:26
Françoise Maheu, assistante sociale de formation ayant longtemps travaillé dans la fonction publique territoriale, s’est engagée à Un Toit Pour Tous après sa retraite, attirée par ses valeurs et sa vision du logement d’abord. Curieuse et polyvalente, elle intervient aujourd’hui sur plusieurs missions et met son expérience au service du renouvellement du projet associatif.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
L’exercice n’est pas facile. Je suis une grande amoureuse de la montagne et des sports de pleine nature : randonnée à ski et à pied, escalade, un peu d’alpinisme. Et puis, j’ai un autre versant qui me prend beaucoup dans ma vie, c’est la famille élargie, de 3 à 99 ans ! J’aime également le bricolage, le travail du bois, la récupération et la transformation. Je suis curieuse et un peu « touche à tout » dès qu’il s’agit de choses manuelles.
Depuis quand connaissez-vous l’action Un Toit pour Tous ?
Je dirais depuis plusieurs décennies, car j’ai effectué toute ma carrière dans le secteur social. Au départ, j’ai commencé comme assistante sociale et ensuite j’ai poursuivi un parcours dans la fonction publique territoriale avec des postes très divers. Un Toit pour Tous me séduisait par ses solutions innovantes. L’association a toujours été identifiée comme proposant du logement aux plus précaires et prenant au vol toutes les opportunités pour tester d’autres manières de faire. Ils étaient déjà dans une logique de « logement d’abord » alors que, dans le secteur social, on avait souvent une démarche différente par rapport aux gens qui étaient en difficulté, il fallait d’abord qu’ils fassent leurs preuves, qu’ils aient un métier, qu’ils gagnent de l’argent, qu’ils s’occupent de leurs enfants, et seulement après, on pouvait penser au logement ! Alors que là, depuis longtemps, la logique est inversée.
Qu’est-ce qui vous a motivé à vous engager en tant que bénévole ?
On m’a sollicitée quand j’étais à la retraite. Je savais que, quand on vient du secteur social, les sollicitations sont nombreuses et je voulais prendre le temps de choisir mes investissements. En termes de valeur, de sens, de projet, Un Toit Pour Tous m’intéressait, et l’échelle d’action (le département) m’allait bien. Mais c’est tombé au mauvais moment ! Mars 2020. Cela a été un peu chaotique, parce que démarrer dans une association avec des réunions en visio… ce n’était pas terrible.
Sur quelles actions êtes-vous impliquée ?
J’ai débuté comme administratrice à Territoires AIVS (l’agence immobilière à vocation sociale d’Un Toit Pour Tous). Ensuite j’ai participé à différents groupes à Un Toit pour Tous : j’ai commencé notamment par les permanences DALO. Mais, j’ai trouvé ça très dur parce qu’on est souvent impuissant face aux situations des personnes. Après, j’ai rejoint le groupe mécénat.
J’ai aussi animé des groupes de travail dans les journées adhérents-bénévoles car à côté de mon travail dans la fonction publique territoriale, j’ai eu, en fil rouge, un investissement comme formatrice pour adultes, dans différentes circonstances. Désormais, je serais tentée de dire que je suis un peu « le couteau suisse » dans plusieurs domaines. J’ai été sollicitée sur l’évaluation à mi-parcours du projet associatif il y a deux ans et aujourd’hui, sur l’une des thématiques, en binôme avec une salariée.
Qu’est-ce que c’est que le renouvellement du projet associatif ?
L’objectif est de définir les orientations de l’association et voir si le guide de 2021-2025 est toujours pertinent, s’il y a des axes à modifier en fonction des contextes qui ont évolué. Il y a un petit groupe de pilotage qui a déterminé une méthode de travail avec plusieurs thématiques et avec Stéphanie, responsable communication et bénévolat, nous sommes sur la thématique des forces vives de l’association c’est-à-dire les bénévoles, les salariés, les adhérents, les locataires.
Comment renforcer leur implication ? Comment les prendre en compte ? On a un certain nombre d’adhérents, de bénévoles qui soutiennent l’association. On a aussi des donateurs qui qui, aujourd’hui, ne sont pas considérés comme adhérents. On a des propriétaires solidaires qui mettent à disposition leur logement, et s’ils ne payent pas la cotisation, doit-on les considérer comme des forces vives de l’association ou pas ? Il faut d’abord se mettre d’accord sur ces questions, et réfléchir à ce qui permet de rassembler tout le monde autour de valeurs communes et d’un sens commun : c’est-à-dire créer du logement pour les plus précaires.
Quels sont pour vous les temps forts de l’association ?
J’apprécie le format webinaire avec des intervenants pointus, ce sont des évènements qui marquent. Les journées bénévoles, adhérents, salariés sont également des moments forts, parce qu’ils sont préparés pour que les gens se rencontrent avec notamment des temps conviviaux, des découvertes patrimoniales ou des balades. Et ça, c’est effectivement fédérateur.
Quel est l’événement qui vous a le plus marqué ?
Quand j’ai mené mes interviews avec les différents groupes de bénévoles, ça a été passionnant. Je suis allée à leur rencontre, j’ai eu des échanges très riches et j’ai découvert plein de domaines et de facettes que je ne connaissais pas : toutes ces personnes qui œuvraient, chacune à leur niveau et à leur manière, au projet d’Un Toit Pour Tous.
Un mot pour conclure ?
Mon souhait, c’est qu’Un Toit Pour Tous continue de déranger, continue d’être le « poil à gratter » dans le secteur du logement, pour qu’on accorde de l’importance à cette forme d’insertion. Les locataires gagnent de la confiance et de la reconnaissance de la part des autres. J’espère qu’Un Toit Pour Tous gardera son originalité, sa capacité d’innovation et ne sera pas étouffée par des fonctionnements ou des politiques très globales, où, à un moment donné, on ne verra plus l’importance de loger les plus précaires.
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Publié le 08.12.2025 à 10:05
L’encadrement des loyers est l’un des rares dispositifs à la main des collectivités pour réguler le marché locatif : il permet de limiter l’augmentation du loyer lors de la mise en location d’un logement. Dispositif volontaire, il est mis en œuvre en zone tendue à titre expérimental (jusqu’en 2026) par la «loi de 2018 relative à la différenciation, la décentralisation, la déconcentration». L’objectif recherché est de s’assurer que l’évolution des loyers reste suffisamment raisonnable pour permettre aux personnes et aux familles travaillant sur le territoire de se loger.
Deux témoignages
Dans le cadre de la 6ème édition de ses Rencontres, Un Toit Pour Tous a organisé le 6 novembre 2025 un webinaire «Encadrer les loyers : un outil concret au service des collectivités ? » sur le bilan à ce jour de l’expérimentation du dispositif.
Deux témoignages ont été sollicités : celui d’Arthur Lhuissier, directeur général d’Un Toit Pour Tous à Grenoble, et celui de Barbara Gomez, conseillère déléguée notamment en charge de l’encadrement des loyers auprès de l’adjoint à la mairie de Paris. Le premier, après un rappel sur le dispositif encadrement des loyers, rend compte de la situation dans la région grenobloise qui utilise l’encadrement depuis moins d’un an. Quant à la seconde elle donne, avec beaucoup de conviction, son point de vue sur la mise en œuvre à Paris qui a débutée en 2019.
Quelques chiffres
Pour les 21 communes de Grenoble et sa métropole où l’encadrement est institué, les données – , encore peu nombreuses, il est vrai – indiquent que 20 à 30% des loyers pratiqués dans le parc privé de la zone concernée pourraient dépasser le plafond fixé par la préfecture (selon Grenoble Alpes Métropole). La Fondation pour le logement des défavorisés avance, elle, que 45% des annonces locatives analysées dans le cadre de son 5émebaromètre de l’encadrement des loyers seraient affichées avec un loyer au-dessus des plafonds.
À la Ville de Paris, une première évaluation a été réalisée depuis la mise en œuvre du dispositif en 2019 :
- l’encadrement aurait permis une baisse des loyers de 4,2 % entre 2019 et 2023 par rapport à la situation sans encadrement.
- si tous les bailleurs avaient respecté l’encadrement, le dispositif aurait permis une atténuation de la hausse des loyers deux fois plus importante, avec une baisse de 8,2 % par rapport à une situation sans encadrement.
L’exemple de la Ville de Paris, commenté par Barbara Gomez, responsable engagée
« Les parisiens ne peuvent plus vivre dans leur ville ».
L’objectif poursuivi par les responsables du logement, avec l’encadrement, est d’agir sur une des causes de la crise : limiter l’envolée des loyers dont la croissance n’a jamais été aussi élevée. Il s’agit de lutter contre l’exode forcé des citoyens vers des banlieues de plus en plus lointaines.
« Limiter l’ambition de rentabilité locative des propriétaires ».
La mesure incite seulement les propriétaires à être plus raisonnables On est loin d’une contrainte « à la bolchévique ». Les augmentations de loyer restent possibles et la comparaison entre zones avec et zones sans encadrement montre l’absence d’un effet négatif sur l’investissement et l’offre locative.
« La compétence signalement » a été déléguée par l’État à la Ville à la demande de cette dernière
La Ville est devenue maître de la procédure. Elle se charge de tout, jusqu’à la mise en demeure des propriétaires défaillants. Avec des moyens dédiés, elle est au service des locataires et facilite des démarches qui sont plus compliquées et moins accessibles quand l’interlocuteur est l’État.
La volonté politique de la Ville a mis l’encadrement au service d’une « plateforme d’accès aux droits ». Et c’est efficace ! On peut estimer que, pour les locataires, une dépense moyenne d’environ 1 000 euros est évitée chaque année, simplement grâce au dispositif mis en œuvre depuis 2019.
« L’encadrement » n’est qu’un des moyens d’intervention.
À Paris, la crise est multifactorielle, et la Ville agit sur beaucoup d’autres dimensions pour agir sur les loyers : immobilier de tourisme, création de foncières utilisant le BRS (bail réel solidaire), logements sociaux, …
« Sauvez l’encadrement des loyers »
Pour les situations de Grenoble et Paris, ainsi que celles des autres collectivités impliquées, un enjeu majeur reste aujourd’hui leur caractère temporaire puisque l’expérimentation est prévue de se terminer en novembre 2026. On s’attend à ce que soit déposée une loi, préconisant la pérennisation du dispositif, assortie de propositions de modifications.
La Fondation pour le logement des défavorisés et beaucoup d’autres organisations, dont les 70 communes déjà concernées par la mise en œuvre de l’encadrement, appellent à soutenir cette pérennisation avec des améliorations. Parmi les enjeux figurent entre autres l’assouplissement des critères limitant les territoires où la mise œuvre du dispositif est possible, ainsi que les « compléments de loyer » dont l’encadrement imprécis permet aujourd’hui bien des contournements de l’encadrement par les propriétaires…
Un soutien avec lequel Un Toit Pour Tous est en plein accord.
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Publié le 08.12.2025 à 09:25
À l’occasion des élections municipales à venir, Un Toit Pour Tous publie le document « Agir pour le logement : nos propositions aux futurs élus », afin de rappeler l’ampleur de la crise du logement et d’outiller les communes qui disposent de leviers concrets pour agir.
Le document souligne une situation préoccupante :
37 000 demandeurs de logement social en Isère, une offre privée trop chère, des besoins d’hébergement « qui n’ont jamais été aussi importants » et un déficit de petits logements abordables dans plusieurs communes de l’agglomération.
Dans ce contexte, « le rôle du maire est déterminant », notamment pour « bien expliquer la situation » et « déployer tous les outils permettant de lever les différents obstacles ».
Le document rappelle aussi que plusieurs outils sont à la disposition des communes : l’« Analyse des besoins sociaux », délivrance des permis de construire, mobilisation des leviers réglementaires, modulation des taxes, ou encore conversion des pénalités SRU en crédits d’intervention.
Un Toit Pour Tous organise ses propositions autour de trois axes forts :
- « Utiliser tous les moyens pour augmenter la construction de logements sociaux », en mobilisant le foncier, les Offices fonciers solidaires, les servitudes de mixité sociale, le droit de préemption et en fixant des objectifs plus ambitieux en PLAI
- « Agir sur l’existant sans construire », en maintenant l’encadrement des loyers, en contenant les locations meublées touristiques, en encourageant le conventionnement, en réduisant la vacance, en renforçant l’acquisition-amélioration et en amplifiant la rénovation thermique
- Amplifier la démarche du Logement d’Abord et concourir aux dispositifs d’urgence », notamment par l’accompagnement social et le soutien aux dispositifs locaux en partenariat avec les associations
Enfin, le document insiste sur trois conditions essentielles pour que les plans d’action produisent des résultats : « volonté politique, constance dans l’action, et renforcement des crédits ». Sans ces conditions, « les ambitions risquent de rester à l’état d’intentions ». Fort de plus de 30 ans d’expérience en Isère, Un Toit Pour Tous met ainsi à disposition des candidat·e·s un cadre d’action clair, fondé sur la réalité des besoins du territoire et sur les solutions éprouvées par l’association.
MUNICIPALES 2026 Agir pour le logement : nos propositions aux futurs élus de l’agglomération grenobloise
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Publié le 04.12.2025 à 15:58
Trois heures d’échanges intenses, un amphithéâtre plein et un constat unanime : la crise du logement exige une action locale immédiate. Lors de cette 6e édition des Rencontres d’Un Toit Pour Tous, plus de 200 personnes – étudiants, élus, acteurs sociaux et bénévoles – ont exploré les solutions possibles face au désengagement de l’État, dans le cadre d’une interpellation des futurs élus en vue des prochaines élections municipales.
Cet événement, animé par Jean François Lapière, avait été précédé par trois passionnants webinaires en rapport avec le thème de cette journée diffusés au mois de novembre.
Une situation nationale catastrophique et une action de l’Etat en recul
Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation pour le logement des défavorisés, a dressé le tableau national concernant le manque d’hébergements et de logements pour les plus démunis. Il a insisté avec force sur les besoins croissants et sur les choix constants des gouvernements ces dernières années pour limiter le plus possible le soutien de l’État vis à vis du logement social et très social. Il a alerté sur les ponctions sur les budgets des HLM, sur la diminution forte des aides à l’isolation des habitations, sur la limitation des aides pour l’accès au chauffage, l’eau ou l’électricité. De surcroit, des directives sont prévues pour augmenter les expulsions locatives et limiter le soutien aux personnes venant de pays non européens (ex : suppression de l’APL pour les étudiants non européens !).
Pour compenser l’incurie de l’État les communes peuvent agir
Face à cela, sachant que les élections municipales auront lieu en mars 2026, l’objet de ces Rencontres est d’étudier les possibilités d’action des collectivités territoriales. Lorsque les communes remplacent l’État pour l’hébergement des sans-abris, elles peuvent demander à l’État devant les tribunaux le remboursement des frais engagés comme l’a fait entre autres la ville de Grenoble. Pour évaluer la volonté d’une collectivité d’intervenir en matière de logement social, un bon indicateur consiste à observer le nombre d’agents qualifiés dédiés à ce dossier, chargés d’inciter et de contraindre les partenaires afin d’orienter les projets vers des logements très sociaux, qui sont les plus recherchés.
L’encadrement des loyers une mesure populaire à pérenniser absolument
Malgré la situation catastrophique au national, les collectivités locales et les bailleurs sociaux ont de nombreux outils pour héberger et loger les plus démunis. Un des outils efficaces mis en place pour éviter l’appauvrissement des locataires est l’encadrement des loyers pour lequel 87 % des Français sont favorables. Mais il faut absolument une loi afin que le dispositif soit pérennisé après 2026. Une mobilisation de tous doit avoir lieu pour l’obtenir.
Les associations sous la menace d’une catastrophe sociale
Pour toutes les actions en faveur de l’hébergement ou du logement, ce sont les associations qui sont en première ligne avec des financements de la part des collectivités en baisse régulière consécutivement aux décisions de l’État. La situation est grave comme a insisté Martin Larible, vice-président de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) car beaucoup de ces structures sont en péril. Plusieurs intervenants ont alerté avec force à ce sujet en regrettant la tendance actuelle de l’État à « culpabiliser » les associations et les publics accompagnés. Pourtant, Marie Guillaumin, responsable de l’Observatoire de l’hébergement et du logement d’Un Toit Pour Tous a démontré de manière très éclairante, grâce à l’ensemble des chiffres présentés, que les besoins augmentent sans cesse, en particulier pour les personnes les plus démunies, la grande majorité des demandes concernent des logements très sociaux alors que l’offre s’oriente plus pour des logements intermédiaires.
Les centres communaux d’action social en première ligne
Le manque de logements sociaux entraîne un blocage des sorties d’hébergement comme l’a rappelé Nicolas Kada, vice-président du CCAS de Grenoble. Il manque 2 500 places d’hébergement sur la commune de Grenoble. 5 500 personnes sont domiciliées au CCAS à travers un service de domiciliation. La mairie de Grenoble participe au financement de la mise à l’abri des populations présentes sur son territoire mais apporte aussi d’importantes aides sociales facultatives dont des aides aux loyers ou aux fluides. La commune de Grenoble et le département de l’Isère, pour le reste du territoire, interviennent dans la lutte contre la précarité énergétique.
Pour la Métropole, le Plan local de l’habitat sert de boussole.
Comme l’a rappelé le président de la Métropole, Christophe Ferrari :« au-delà des chiffres, l’essentiel c’est remettre les clefs d’un logement à une famille car c’est toujours source de joie et de bonheur ». Sur le dernier PLH (2017-2025), les objectifs de réalisation des logements sociaux de la métropole de Grenoble n’ont été atteints qu’à 75 % avec des fortes diversités selon les communes. Il faut que les maires rénovent, construisent et l’assument. Sur l’agglomération, le foncier est rare et cher avec une hausse élevée des coûts de la construction. Sans la Loi SRU, la situation serait encore bien pire. Pour Stéphane Duport-Rosand, président d’Absise, le partenariat entre bailleurs sociaux, les collectivités et les établissements publics est essentiel. Il faut utiliser tous les outils à disposition pour produire du logement très social avec l’accompagnement indispensable qui va avec. Comme l’ont bien exposé les représentants de la Fédération des associations et des acteurs pour la promotion et l’insertion par le logement (FAPIL), les collectivités locales ont à leur disposition de nombreuses solutions pour agir contre le mal logement.
Michelle Daran, présidente d’Un Toit Pour Tous, a indiqué en conclusion de ces 6èmes Rencontres, que tous les acteurs présents peuvent agir pour répondre à la demande de logements très sociaux, malgré le rétrécissement des lignes budgétaires. À cette occasion, Un Toit Pour Tous a également publié en ligne un document de cinq pages, en libre accès, qui synthétise les propositions et les pistes d’action formulées à l’attention des futurs élus de l’agglomération grenobloise.
En fin de cette journée, certains participants se sont retrouvés au siège de la Métropole pour écouter le témoignage bouleversant des sans-abris qui occupent actuellement le lieu et réclament avec l’appui de l’association DAL 38 (Droit au logement Isère) un toit pour être hébergés. Puis, Christophe Robert, délégué général de la Fondation pour le logement des défavorisés, a lancé un appel percutant pour que l’ensemble des acteurs publics se donnent les moyens financiers pour qu’il n’y ait plus d’enfants, de femmes et d’hommes qui dorment dans la rue ou dans des logements indignes. ( Presse Citron – Christophe Robert : Pauvreté, mal-logement et inégalités ne sont pas des fatalités)
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Publié le 04.12.2025 à 12:08
A l’occasion des 6e Rencontres d’Un Toit Pour Tous dont il était le grand témoin, l’équipe d’Un Toit Pour Tous a pu rencontrer Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation pour le logement des défavorisés et lui poser quelques questions.
Quelles sont les difficultés que rencontrent les personnes modestes ou fragiles pour accéder à un logement et s’y maintenir ? Et en quoi ces difficultés sont-elles aujourd’hui particulièrement préoccupantes ?
Cela se voit d’une part, avec le nombre de personnes qui sont aujourd’hui sans domicile : 350 000 en France. Un million de personnes qui sont, soit sans domicile, soit hébergées par un tiers de manière contrainte, et qui aimeraient avoir un logement à elles et qui ne l’ont pas. Ce sont des chiffres qui sont en augmentation assez forte ces dernières années. C’est la marque d’une pénurie d’hébergements, de logements sociaux, et de logements en général. Cela veut dire des personnes qui, pendant des années, tournent en hébergement d’urgence, à l’hôtel, un peu à la rue, dans des squats, ou qui sont hébergées chez des amis, des parents. Cela veut dire qu’on ne peut pas se lancer dans la vie. C’est cela, le principal problème.
D’autre part, on voit aussi qu’il y a des personnes qui n’ont pas de logement parce qu’elles l’ont perdu, c’est la problématique des expulsions locatives. Depuis les années 2000, on voit une montée des impayés parce que les loyers sont trop chers. Nous en sommes désormais à 24 000 expulsions locatives en 2024, un record historique. Ces personnes sont expulsées, elles arrivent dans un espace qui est totalement embouteillé parce que les demandes de logements sociaux n’ont jamais été aussi importantes. Aujourd’hui, ce sont 2,8 millions de ménages qui attendent un logement social. Il n’y a jamais eu aussi peu d’attributions de logements sociaux, parce qu’il y a peu de production, parce qu’il y a peu de rotation dans le parc. Les personnes sont en file d’attente pendant des années et des années…
Enfin, il y a aussi la qualité du logement, mais qui a plutôt tendance à s’améliorer sur le long terme. Les techniques de construction, de rénovation sont meilleures. La France est un pays qui, globalement, s’enrichit, mais on voit quand même une montée depuis 2020 de la précarité énergétique. La question des prix de l’énergie se pose fortement avec des personnes qui ont froid chez elles l’hiver et chaud l’été. C’est une problématique qui n’est pas prête de s’arrêter.
Quel est le rôle des collectivités locales en matière de logement ? En quoi peuvent-elles contribuer à répondre aux difficultés évoquées précédemment ?
C’est compliqué… Les responsabilités en matière de logement sont dispersées entre de nombreux d’acteurs publics et privés. L’État a un rôle important. Il vote les budgets, les normes, les lois… Actuellement, les budgets les plus importants sur le logement, ce sont les aides personnelles au logement, les aides à l’investissement locatif privé et les aides au HLM.
C’est l’État, ce sont donc les députés qui gèrent cela. Les élus locaux subissent les aléas, les stop and go. Ils ont, néanmoins, de plus en plus de moyens. Depuis la décentralisation de 1982, l’urbanisme est attribué aux communes permettant de construire un plan local d’urbanisme. Ensuite, on observe une montée en puissance des intercommunalités, avec la délégation des aides à la pierre. Les départements doivent aussi jouer un rôle renforcé en portant la politique sociale avec l’accompagnement des ménages en difficulté. Par ailleurs, les attributions de logements sociaux sont de plus en plus entre les mains des intercommunalités. C’est cela, le mouvement. Mais c’est un mouvement qui est entravé, personne ne veut lâcher complètement ses compétences. Parce que les compétences en logement, c’est à la fois aider ses citoyens, ses administrés, mais c’est aussi une manière d’avoir du pouvoir localement. Attribuer un permis de construire en logement social, c’est un pouvoir dont les maires ne veulent pas se départir.
Nous ne sommes pas trop pour un pouvoir trop fort des maires dans le logement, on est plutôt pour que l’intercommunalités porte cette compétence. Parce que les maires – et ils sont nombreux en France, 35 000 – peuvent avoir une tendance à garder les avantages et à renvoyer vers les communes voisines les problèmes : le logement social, les places d’hébergement… C’est pour cela qu’il existe des mécanismes de péréquation financière et de péréquation des places d’hébergement, du logement social, pour éviter que tout se retrouve concentré toujours au même endroit.
Par conséquent, il y a besoin d’avoir des élus locaux qui soient engagés, qui votent des budgets pour aider les bailleurs sociaux, qui soient engagés en faveur des personnes à la rue, qui votent aussi des budgets pour rénover les logements et notamment les logements sociaux. Or, les collectivités sont asphyxiées financièrement ces dernières années.
En ce sens, quelles propositions vous semblent prioritaires dans le cadre de la campagne électorale du printemps prochain ?
Il y a des propositions de bon sens : davantage de logements sociaux, davantage de logements très sociaux, parce que c’est là que se situent les besoins des personnes qui sont en attente de HLM.
Nous menons une campagne sur l’encadrement des loyers. Nous pensons que c’est l’une des rares mesures qui permettent de modérer le niveau des loyers. Ce n’est ni l’État, ni les collectivités qui mettent de l’argent : on dit aux bailleurs, « écoutez, vous ne pouvez pas aller trop loin. Vous êtes déjà très riches, les locataires sont très pauvres, il faut arrêter de vouloir imposer des loyers aberrants ».
Il faut donc fixer un plafond, qui restera de toute façon assez important. Et là, il faut que les collectivités s’en emparent. Il faut surtout que les parlementaires votent la pérennisation de ce dispositif – aujourd’hui appliqué dans 69 communes – qui s’arrête en novembre 2026. C’est un vrai danger. On pense que les élus locaux, les municipalités, ont un rôle à jouer pour mettre la pression sur l’État et dire, « on ne va pas arrêter là ». Sinon, ce serait une catastrophe pour les locataires.
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