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Le Travailleur Alpin

Journal de la Fédération de l'Isère du Parti Communiste Français

Publié le 20.12.2025 à 02:13

Daniel Oriol

« Quand on touche à un adhérent de la CGT, c’est à toute la CGT que l’on touche ! » C’est le slogan clamé par les adhérent-es du territoire Roussillon Beaurepaire ainsi que les différentes délégations venues de Bourgoin-Jallieu, Villefontaine, Vienne, Chambéry, Annonay mais aussi de la Drôme, ce vendredi matin, devant le local CGT de Beaurepaire, tagué dans la nuit du 12 au 13 décembre. Une centaine de personnes rassemblées par solidarité avec Sophie Binet, pour dire non au sexisme, non à l’extrême droite, non à l’anti-syndicalisme !

Le secrétaire de l’union locale CGT, Anthony Martinez, a fait le lien, dans son allocution, entre la décision du mouvement patronal Ethic de déposer plainte contre Sophie Binet — à la suite de ses propos décrivant les patrons désertant la France comme des « rats quittant le navire » — et la responsabilité de l’extrême droite dans les inscriptions sexistes, misogynes à l’encontre de la secrétaire nationale de l’organisation syndicale.

Ce sont toutes les femmes qui sont visées

Au-delà de la responsable de la CGT, ce sont en effet toutes les femmes qui sont visées par un tel acte. Car le combat syndical, c’est aussi l’égalité entre les sexes dans les salaires, mais également dans la société. Rappelant ces différents éléments, le secrétaire de l’UL a appelé à ne pas fléchir devant ces tentatives d’intimidation.

Le secrétaire de l’UL CGT a appelé à ne pas fléchir devant ces tentatives d’intimidation.

Côté politique, la section PCF du territoire Entre Bièvre et Rhône (EBER) avait réagi dès la connaissance des méfaits par un communiqué de presse. Le maire de Beaurepaire, Yannick Paque, présent au rassemblement, a précisé être en relation avec la gendarmerie afin de connaître le ou les auteurs de ces actes indignes de la démocratie. Plus tôt dans la semaine, Yannick Neuder, député de la septième circonscription de l’Isère, avait condamné lui aussi ces dégradations.

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Publié le 19.12.2025 à 19:06

Manuel Pavard

Nadia Belaïd et Thomas Simon. Thomas Simon et Nadia Belaïd. Les noms des deux têtes de liste désignées, le week-end des 6 et 7 décembre, par le Grenoble Alpes collectif, sont interchangeables et ont vocation à le rester. Il ne s’agit pas ici du candidat ou de la candidate à la fonction de maire, escorté de son potentiel premier adjoint, mais bien d’un véritable binôme tête de liste. Un choix qui permet, selon le GAC, de « rompre avec la personnalisation du pouvoir ».

L’idée est ainsi, non seulement de mener la campagne à deux, en partageant totalement la responsabilité, mais aussi d’appliquer ce principe une fois installé dans le fauteuil de maire… Ou plutôt dans les fauteuils de maire. Comment ? « En co-exerçant le mandat de maire de Grenoble (oui, c’est possible !), illustrant concrètement qu’une commune peut être dirigée par une intelligence collective plutôt que par une seule personne », affirme le collectif dans un communiqué.

La parité sociale au cœur du projet

Le duo a, comme les huit autres candidats choisis durant le même week-end, été désigné au terme d’un « processus d’intelligence collective » symbolisant parfaitement l’identité du GAC, qui se définit comme une « liste citoyenne et participative ». La démarche est ainsi indissociable du concept de parité. Parité de genre bien sûr, et « parité sociale », qui figure au cœur de son projet avec le slogan « Tout le monde peut faire de la politique ».

Les candidats du GAC (de gauche à droite) : Nicolas Bourdeaud, Edwige Infanti, Hakim Sabri (ex-adjoint aux finances de 2014 à 2022), Thomas Simon, Nadia Belaïd, Maxence Morand, Younès Blondel, Léonie Chamussy et Mélaine Kervan-Snozzi. © Grenoble Alpes Collectif

Le critère ? « Pas plus d’un tiers des candidat.es issu.es des catégories socio-professionnelles les plus privilégiées ». L’objectif est clair, explique le Grenoble Alpes collectif : « renouveler les élu·es, en permettant à des personnes issues de milieux sociaux variés d’accéder à des responsabilités publiques trop souvent réservées à un profil social restreint ».

Cette parité sociale vise à ériger une liste « représentative de la diversité sociale » du territoire grenoblois. Tout comme le plébiscite, peut-être la principale marque de fabrique du GAC depuis les débuts de l’aventure. Les dix candidats actuels (cinq hommes et cinq femmes) faisaient en effet partie d’une liste de trente-quatre personnes éligibles, plébiscitées sur la plateforme du collectif à l’issue d’un processus de sélection totalement libre et ouvert, sans candidat-es prédéterminé-es.

Élection sans candidat

Cette méthode, tranchant radicalement avec le vote majoritaire classique, a été employée pour déboucher sur une première dizaine de noms, le samedi, puis le lendemain pour le binôme. « L’élection sans candidat.e est un processus, issu de la sociocratie, où personne ne se présente : chacun, à son tour, propose un binôme et explique son choix, détaille le GAC. Le binôme qui arrive en tête est ensuite débattu puis, si besoin, ajusté jusqu’à ce que le groupe atteigne un véritable consentement individuel et collectif. »

Si Nadia Belaïd et Thomas Simon seront quoiqu’il arrive les deux têtes de liste, leurs huit colistiers ne connaissent pas encore leur place sur le liste (en position éligible ou non éligible). Le plébiscite reste d’ailleurs en ligne sur la plateforme dédiée, demeurant ouvert jusqu’à la fin janvier afin de finaliser la constitution de la liste. Pour le Grenoble Alpes collectif, qui ambitionne de faire de la politique autrement et se veut un « laboratoire de la démocratie directe », l’intérêt de ce système est aussi de faire émerger des profils variés et parfois inattendus.

C’est ainsi le cas de Nadia Belaïd, mère de famille de 58 ans et architecte de profession, qui a rejoint la dynamique initiée par le Grenoble alpes collectif dans un second temps, via le plébiscite. Un parcours différent de celui de Thomas Simon. Âgé de 35 ans, ce codirecteur d’une coopérative spécialisée dans la démocratie directe — après avoir « enchaîné les petits boulots pendant dix ans » — a fait ses armes dans les mouvements sociaux (dont Nuit debout) avant de faire partie des cofondateurs du GAC.

Tous deux se situent plutôt à gauche politiquement, comme la majorité des membres du collectif — qu’ils le revendiquent ou non — et sont bien sûr assez éloignés des idées d’un Alain Carignon ou Hervé Gerbi. Néanmoins, le Grenoble Alpes collectif assume une volonté de « changement radical », faisant le constat que « la grande majorité des citoyen·nes ne se retrouvent pas représentés par les partis politiques traditionnels ».

« Espoir déçu »

Il se pose clairement en représentant, voire en héritier, de « cet espoir citoyen déçu de 2014 ». Lequel était porté à l’époque « par une envie de transformation radicale de la manière de faire de la politique et de faire vivre l’institution municipale : plus démocratique, plus participative, moins clientéliste et patriarcale ». Mais dix ans après, le collectif reproche à la majorité de n’avoir « pas vraiment changé les pratiques et le fonctionnement démocratique de l’institution municipale ». Ceci, « sans renier les avancées en matière écologique, des transports doux, de végétalisation des écoles, d’alimentation bio dans la restauration collective, d’une sortie du clientélisme dans les quartiers », reconnaît-il.

« Les partis de gauche ont fait deux choix différents à Grenoble : La France insoumise seule, d’un côté, et une alliance de partis plus ou moins progressistes de l’autre », estime le GAC, jugeant l’enjeu davantage « national » que local pour ces partis de gauche. Quant aux listes de droite et encore plus d’extrême droite, leurs propositions sécuritaires et démagogiques sont évidemment à des années lumière de son programme et de sa philosophie.

Pour représenter le « renouveau » et l’alternative à ce « vieux monde politique », le Grenoble Alpes collectif entend maintenant poursuivre la co-construction de son programme. Un travail déjà bien engagé, avec plusieurs grandes mesures à découvrir sur son site.

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Publié le 18.12.2025 à 21:11

Manuel Pavard

« Je vais continuer à les accueillir chez moi pendant les vacances mais normalement, ce n’est pas à nous, enseignants, de les prendre en charge. On a aussi une vie, une famille… » Sylvie Alibeu enseigne au collège Fantin-Latour, dans le quartier Saint-Bruno. Depuis la fin novembre, elle pallie les carences de l’État et des institutions en hébergeant chez elle une mère et ses deux enfants sans-logis, scolarisés dans l’établissement. Alors ce mardi 16 décembre, des enseignants, AED, agents et parents d’élèves ont décidé, comme leurs collègues d’autres collèges de l’agglomération grenobloise, de se rassembler sur les lieux pour dénoncer cette situation « inacceptable ».

Plusieurs dizaines d’enseignants, agents et parents d’élèves du collège Fantin-Latour ont protesté, mardi 16 décembre au soir, devant l’établissement, contre l’absence de prise en charge d’une famille qu’une enseignante a dû héberger chez elle.

Le phénomène prend en effet aujourd’hui une ampleur inédite. Selon le collectif informel regroupant les différents collèges mobilisés, « à Grenoble, 1 200 personnes sont à la rue, dont 240 enfants de moins de 10 ans. Près de 5 000 personnes ont une adresse administrative au CCAS. Derrière ces chiffres, il y a des enfants, nos élèves : des enfants qui dorment dehors avant de venir en cours le matin », s’indignent ces enseignants, dans un communiqué commun.

Système D et débrouille pour trouver un hébergement

Problème, si plusieurs écoles grenobloises sont occupées — avec l’assentiment ou du moins une relative mansuétude de la ville — pour mettre à l’abri des familles sans toit, il n’en est pas de même pour les collèges. Les pressions et menaces émanant des autorités académiques ou du département n’y sont pas rares, en cas de demande ou tentative d’occupation d’un bâtiment. Le personnel éducatif se tourne ainsi souvent vers le système D et la débrouille pour trouver des solutions. Illustration au collège Vercors où les enseignants et parents mobilisés ont dû passer la nuit sous des tentes installées devant les grilles, aux côtés d’une famille avec quatre enfants.

Mais si cette dernière a pu obtenir un hébergement in fine, c’est loin d’être la norme. Rassemblés ce mercredi 17 décembre devant l’hôtel du département de l’Isère, les profs sont un certain nombre à relater des histoires à l’issue moins positive. Comme au collège Fantin-Latour donc. Le 20 novembre au soir, les enseignants de l’établissement ont appris qu’une famille angolaise, dont les deux enfants s’étaient inscrits le jour même (en cinquième et en troisième), dormait à la rue.

Des enseignants, parents et militants se sont rassemblés devant l’hôtel du département pour interpeller la collectivité, mercredi 17 décembre.

« C’était le soir où on remettait les diplômes de brevet aux anciens troisièmes et à 19 heures, la principale nous a dit qu’elle était obligée de les mettre dehors », raconte Olivier Renard, enseignant dans ce collège. « On a essayé de chercher un hôtel, un Airbnb… Mais c’était 100 euros minimum la nuit. Et il devait neiger toute la nuit donc c’est finalement une collègue qui a proposé de les prendre chez elle. » Celle-ci a dû réaménager son logement en serrant par exemple ses deux filles dans la même chambre, afin de libérer une pièce pour les nouveaux arrivants.

Une famille logée trois semaines chez une enseignante

Pourtant, la famille, arrivée cet automne d’Angola, est demandeuse d’asile. À ce titre, elle aurait dû bénéficier d’un hébergement en centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA). Mais le dispositif était et est toujours saturé. « Ça fait un mois qu’ils étaient à la rue, avec des difficultés : la jeune fille de 14 ans a été approchée par des réseaux de prostitution, elle a eu aussi une demande en mariage », confie Olivier Renard.

À partir du 20 novembre, la famille a été logée trois semaines chez Sylvie Alibeu… Jusqu’à ce que ses appels quotidiens au 115 portent enfin leurs fruits, lui permettant d’obtenir, il y a quelques jours, une place d’hébergement d’urgence. Une solution cependant très provisoire puisque cet accueil se terminait ce jeudi 18 décembre. Après cela, déplore l’enseignant du collège Fantin-Latour,« retour à la case départ », c’est-à-dire chez sa collègue.

« De plus en plus d’enfants dormant à la rue, dans des voitures, des caves »

Dès lors, comment sortir de ce cercle infernal ? Celui-ci confirme les difficultés auxquelles sont confrontées les familles de collégiens, « contrairement aux écoles où il y a une certaine tolérance de la mairie » pour les occupations — lesquelles constituent « des réquisitions temporaires, organisées en dehors des heures de cours », précise le collectif. « C’est aussi pour ça qu’on est là, devant le département, explique Olivier Renard. Pour lui dire que dans les cas d’urgence, on aimerait bien pouvoir héberger les familles qui sont à la rue dans l’enceinte chauffée du collège. »

Ils étaient une centaine à pointer le silence coupable du département et des services de l’État.

Des familles comme celle-ci, on en trouve dans la grande majorité des collèges grenoblois. « Il y a une multiplication des élèves à la rue », constate Thibaut Michoux, enseignant au collège Olympique, représentant du Snes-FSU et de l’intersyndicale « enfants migrant.es à l’école ». « Jusque-là, on arrivait parfois à les mettre dans les écoles. Mais là, on se retrouve, dans les collèges, avec de plus en plus d’enfants qui dorment à la rue ou dans des voitures, des caves… »

Le département « fait la sourde oreille »

Pour le personnel des collèges, qui s’interroge depuis longtemps sur ses leviers d’action possibles, « avec l’urgence, cette question devient vraiment prégnante », ajoute-t-il. Le rassemblement de ce mercredi vise ainsi à interpeller le département de l’Isère sur deux éléments. « Premièrement, on considère que nos élèves sont des enfants. Or, la protection de l’enfance reste une compétence du conseil départemental », rappelle Thibaut Michoux, qui regrette néanmoins que les critères de prise en charge aient été « restreints de façon drastique ».

Au micro, Thibaut, de l’intersyndicale enfants migrant-es.

La deuxième chose concerne l’obligation et le « devoir » de mettre à l’abri les enfants. « On n’a pas le choix de le faire dans les établissements scolaires, souligne le syndicaliste. Or, pour l’instant, dans les collèges, les quelques fois où la question s’est posée, on a eu des menaces de la part du département », dénonce-t-il, évoquant l’exemple du collège Vercors, l’année scolaire passée. Un exécutif départemental qui n’assume pas ses obligations donc, et qui, en plus, « fait la sourde oreille à chaque fois qu’on demande à le rencontrer », tacle Thibaut Michoux.

« Tout le monde se renvoie la patate chaude »

Face à ce sombre tableau, les motifs d’espoir sont rares mais existent toutefois. À commencer par la belle solidarité observée depuis deux ou trois ans dans les écoles et qui gagne désormais de nombreux collèges. Que l’on soit enseignant, parent d’élève, assistant d’éducation ou agent administratif, il devient en effet de plus en plus difficile d’ignorer la problématique.

« Étant moi-même enseignante, je sais que c’est quelque chose qui se massifie », reconnaît Nathalie, mère de trois enfants rencontrée ce mardi soir devant le collège Lucie-Aubrac, où arrivait une marche aux flambeaux partie de la place du marché de la Villeneuve, en soutien aux familles à la rue dans les établissements scolaires de Grenoble. « Au cœur de l’hiver, c’est particulièrement inquiétant et révoltant de savoir que ces enfants vivent à la rue, qu’ils ne sont pas du tout dans des conditions propices à leur développement et aux apprentissages », poursuit-elle.

Des enseignants et familles ont effectué une déambulation aux flambeaux à travers le parc Jean-Verlhac, à la Villeneuve, pour alerter sur le nombre croissant d’élèves à la rue dans les écoles et collèges.

À qui s’adresser en priorité ? État, département, métropole, ville… Nathalie vise « toutes les institutions qui, de près ou de loin, peuvent se mobiliser. Tout le monde se renvoie un peu la patate chaude mais c’est à tout le monde de mettre la main à la pâte… y compris à nous, les citoyens. On est un peu les derniers remparts et en même temps, ceux qui ont le moins de leviers d’action. »

« L’État compte-t-il sur les enseignants des collèges pour héberger les demandeurs d’asile ? »

Le lendemain, devant l’hôtel du département, les interlocuteurs se succédant au micro faisaient d’ailleurs le même constat. Enseignant-es, militant-es du DAL, livreurs à vélo occupant le siège de la métropole… Tous pointent une urgence sanitaire et sociale que ni l’État, ni le département, ni aucune autre institution n’ont le droit d’ignorer. Sans réponse rapide, il faudra de toute façon agir, prévient Olivier Renard : « Ma collègue accepte d’héberger la famille pendant les deux semaines de vacances mais on se revoit dès le lundi ou mardi de la rentrée pour faire un point et peut-être une action d’occupation du collège. »

Les enfants de la fanfare BatukaVI jouant pour les manifestants réunis devant le collège Lucie-Aubrac.

De son côté, Nathalie en tire la même conclusion que Sylvie Alibeu : « Les cas se multiplient, les familles sont de plus en plus précaires et à la rue mais nous, on ne peut pas faire plus, ce n’est pas un job à temps plein. On fait ce qu’on peut au maximum mais ça ne peut pas reposer que sur les parents d’élèves et les profs. » C’est au contraire, affirme-t-elle, « à l’État de s’engager pleinement dans ses responsabilités ». Et les personnels du collège Fantin-Latour d’ironiser : « L’État compte-t-il sur les enseignants des collèges pour héberger les demandeurs d’asile ? »

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Publié le 17.12.2025 à 21:39

Manuel Pavard

« Le programme est à la fois chargé et ambitieux mais c’est la réponse nécessaire aux attaques qu’on subit au quotidien. » Baptiste Anglade, éducateur spécialisé, résume au micro le sentiment animant la quasi-totalité des quelque 400 manifestants réunis ce mardi 16 décembre, aussi déterminés qu’ulcérés par leurs conditions de travail. Le syndicaliste CGT a pris la parole, à l’instar des représentants des autres syndicats organisateurs (Sud santé sociaux, Sud collectivités territoriales, CNT et UNEF), devant la Direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités (DDETS), avenue Marie-Reynoard, point de départ de la manifestation ouvrant cette séquence de trois jours de mobilisation.

Près de 400 personnes ont répondu à l’appel des syndicats et de l’AG travail social en lutte.

À Grenoble comme partout en France, les travailleurs sociaux sont en effet en grève du 16 au 18 décembre contre la casse du social et du médico-social. Baisse des budgets, surcharge de travail, non reconnaissance des métiers, tarification à l’acte, marchandisation, sous-effectif… Le tout avec des salaires qui stagnent. Les listes de griefs et revendications se rejoignent dans toutes les structures, dessinant le portrait d’un secteur en crise et en forte tension.

« Des économies de bouts de chandelle »

Outre la mise en concurrence entre structures ou collègues et les pertes de financements, Baptiste Anglade fustige les « économies de bouts de chandelle » réalisées par les directions du travail social. « Des économies sur les postes en ne remplaçant pas les collègues qui sont partis, des économies en refusant de remplacer les salariés en arrêt maladie et en généralisant la précarité… Ce sont aussi des collègues arrivés en CDD mais qui ne peuvent pas continuer, officiellement à cause, leur dit leur employeur, du code du travail », illustre le militant CGT et NPA-Révolutionnaires, candidat aux municipales à Grenoble.

Les manifestants se sont d’abord rassemblés devant la DDETS où ont eu lieu plusieurs prises de parole.

Beaucoup de salariés soulignent par ailleurs les conséquences très larges de cette dégradation généralisée des conditions de travail. Laquelle ne touche pas seulement les personnes concernées mais entraîne aussi de facto une dégradation des conditions d’accueil et d’accompagnement du public. D’où « des situations de maltraitance institutionnelle et une perte de sens du métier » que décrivent de plus en plus de travailleurs sociaux. « Les moyens s’amenuisent de jour en jour alors que la pauvreté augmente », déplore la représentante de la CNT intervenue devant la DDETS.

« Se battre pour un projet de société »

« Se battre pour nos conditions de travail, le sens de nos métiers, c’est aussi se battre pour un projet de société », affirme de son côté Baptiste Anglade. Et de comparer le combat des syndicats du social, en faveur d’une « société avec moins de pauvreté, moins de misère, les droits de chacun respectés », et celui du syndicat patronal Nexem cherchant à « casser les conditions de travail » des salariés. « Ce qu’ils veulent mettre en place dans le privé, c’est une convention collective unique, avec moins de congés, avec des salaires qui ne sont plus au diplôme, à l’ancienneté, mais faits en partie au mérite », s’insurge l’éducateur de rue.

Baptiste Anglade, éducateur spécialisé, syndicaliste CGT, et par ailleurs tête de liste du NPA‑R pour les municipales.

Et que dire de la répression ? Derrière le bâtiment de la DDETS, « à l’Afiph (Association familiale de l’Isère pour personnes handicapées), les syndicats en sont à parler de plan social déguisé tellement il y a de licenciements et de collègues qui passent en disciplinaire », dénonce-t-il. Même constat à l’Association pour adultes et jeunes handicapés (Apajh), non loin de là, où ce sont les élus Sud qui sont ciblés, explique leur camarade CGT : « Il y a des délégués syndicaux qu’on tente de licencier. L’inspection du travail s’est opposée à cette discrimination syndicale mais la boîte s’acharne pour tenter d’écraser celles et ceux qui relèvent la tête. »

Trois jours de grève pour « instaurer un rapport de forces »

Relever la tête et refuser de se résigner, c’est un choix que font encore de nombreux travailleurs sociaux, à l’image des manifestants rassemblés ce mardi. Des mobilisations existent ainsi dans beaucoup de services et d’établissements, avec des motifs divers : contre une réorganisation, pour de nouveaux droits (comme les congés menstruels), pour l’obtention d’une prime et des augmentations de salaires, contre des licenciements abusifs, pour contester des baisses de financements…

Le cortège sur l’avenue Marcellin-Berthelot.

L’objectif de cette large mobilisation est donc de regrouper toutes ces revendications et toutes ces luttes, afin de parler d’une seule voix. Quant au choix d’une grève de trois jours, celui-ci est clairement assumé par les syndicats et par l’AG travail social en lutte. « C’est un début pour instaurer un véritable rapport de forces », lance la militante précitée de la CNT au micro.

L’UNEF et les étudiants solidaires des travailleurs sociaux.

Tout au long de ces trois jours, les salariés du social et du médico-social mettent en outre en pratique la convergence des luttes. Ceci, en se rendant par exemple au rassemblement des enseignants et parents d’élèves pour les familles à la rue, ce mercredi 17 décembre, devant le département, ou en formant un cortège du travail social à la Marche des solidarités, ce jeudi 18 décembre, au départ de la rue Félix-Poulat.

« Nous sommes tous dans le même bateau »

Preuve des liens étroits tissés entre ces luttes complémentaires, les manifestants ont accueilli dans leurs rangs des AESH, des enseignants ou encore des occupants du siège de la Métropole. Acclamé par la foule, Mohamed Fofana, secrétaire du syndicat CGT des livreurs à vélo, se félicite ainsi de leur mobilisation conjointe avec les travailleurs sociaux. « Nous sommes tous dans le même bateau », assène-t-il, enchaînant avec un plaidoyer « pour la réquisition des logements vacants ». Et appelant à la solidarité avec les quelque « 150 personnes qui dorment dehors, des femmes et des enfants dépourvus de tout accompagnement social ».

Mohamed Fofana, secrétaire du syndicat CGT des livreurs à vélo, a évoqué l’occupation du siège de la Métropole.

Ces familles sans-logis, expulsées, à la rue, ce sont autant de « vies brisées », rappelle un militant de Droit au logement (DAL) prenant la parole. « L’année dernière, ce sont 24 500 ménages qui ont été expulsés de leur foyer par les forces de l’ordre, s’exclame-t-il. C’est à peu près comme si on avait mis dehors toutes les familles de Saint-Martin-d’Hères et de Meylan cumulées. » Des chiffres qui « sous-estiment encore la réalité », les familles expulsables partant souvent avant l’arrivée de la police. Un triste constat qui n’est, de plus, pas sans lien avec la mobilisation du jour. En effet, « le manque de logements et de moyens dans le travail social entrave l’accès aux droits fondamentaux », observe le membre du DAL 38.

La manifestation s’est achevée devant le conseil départemental.

Défilant jusqu’à l’hôtel du département, pour pointer la responsabilité de celui-ci concernant les politiques sociales, les manifestants saluent ce tour de chauffe réussi, avant la poursuite de la mobilisation. Avec la ferme conviction de porter une lutte pour le bien commun. Car, comme le proclame l’un des slogans phares de la manifestation, « le social se bat pour tout le monde ».

Les AESH, actuellement mobilisés, étaient également présents.
Des manifestants reliaient le combat du médico-social et celui pour l’école inclusive.

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Publié le 16.12.2025 à 17:34

Edouard Schoene

211 milliards, premier budget de l’État, plus de trois fois celui de l’éducation nationale… Une somme énorme, versée sans contrôle, qui enrichit surtout les actionnaires. Fabien Gay raconte : « En octobre 2024, nous sommes en débat au sein du groupe au sénat. Michelin et Auchan annoncent des licenciements : deux sites fermés par Michelin avec 1200 emplois, 2300 emplois supprimés par la fermeture de dix magasins Auchan. » Michel Barnier, Premier ministre de l’époque, déclare vouloir demander des comptes aux entreprises subventionnées. « Je fais une proposition : on pourrait faire une commission d’enquête ; il faut trouver l’angle d’attaque.» Ce sera : « Combien de milliards donnés aux grandes entreprises ? A quoi sert cet argent public ? » C’est ainsi que le groupe communiste sénatorial – qui dispose, comme chaque groupe politique, du pouvoir de constituer une commission d’enquête par an – ouvre cette enquête en janvier 2025 dont Fabien Gay sera le rapporteur et Olivier Olivier Rietmann (Les Républicains) le président. Le résultat, c’est un rapport adopté le 1er juillet 2025 à l’unanimité du Sénat – dont la majorité est à droite – un document de plus de mille pages et qui comporte vingt-six propositions.

Pour y parvenir, les sénateurs enquêteurs sont allés d’étonnements en stupéfactions : dans les administrations centrales, la notion d’aides aux entreprises n’est pas précisément définie. Ces aides – 2277 dispositifs ont été recensés par la commission, hors mécanismes européens ou relevant des collectivités locales – ne sont pas comptabilisées. Aucun contrôle n’est réalisé sur leur utilisation. « Nous nous sommes transportés dans tous les ministères avec une clé USB pour recueillir les données », raconte Fabien Gay et ainsi parvenir à la « donnée objectivée » de 211 milliards.

Le forum de la bourse du travail pour une rencontre avec Fabien Gay.

Les exemples donnés par le sénateur sont multiples. Rodolphe Saadé est patron du groupe CMA CGM, l’un des leaders mondiaux du transport et de la logistique. En 2022, les chiffres révèlent que Saadé a perçu une rémunération avoisinant les 4 millions d’euros. Saadé est propriétaire des journaux La ProvenceCorse-Matin et il acquiert Altice Média en juillet 2024, ce qui fait de lui le propriétaire de plusieurs médias français importants comme BFM TV ou RMC. Sa fortune est estimée en 2025 à 35 milliards d’euros selon le magazine Challenge.

Les entreprises CMA-CGM dirigées par Saadé bénéficient d’une niche fiscale, la « taxe au tonnage ». Une entreprise française paie un impôt sur les sociétés de 25% des bénéfices réalisés mais un armateur, grâce à un système fiscal adapté, est taxé à hauteur de 2,5%. Cela constitue une perte de recettes de 5,7 milliards pour le budget de l’État en 2023, rien que sur l’entreprise CMA-CGM.
Nombre de patrons sont intervenus auprès de la commission pour défendre leurs privilèges.

Laurence Ruffin, candidate de la gauche à la mairie de Grenoble, David Queiros, maire de Saint-Martin-d’Hères et Eric Hours, conseiller régional, lors du débat avec Fabien Gay.

Parmi eux Bernard Arnaud, patron du groupe Hermès entendu pendant près de deux heures. Pour lui, le mécanisme à l’œuvre, c’est le remboursement de la TVA aux touristes étrangers. L’achat pour plus de 100 euros de produits de luxe en France donne lieu à un remboursement à la sortie du pays – le principe, évidemment illusoire, c’est que l’acheteur doit régler la taxe correspondante à son arrivée dans son pays de résidence. Rien qu’à l’aéroport de Roissy, 400 millions d’euros ont ainsi été remboursés aux touristes en un an.
Sous des formes diverses, les versements aux entreprises et notamment aux grands groupes se traduisent dans l’accroissement des fortunes des milliardaires. A ce titre, Fabien Gay salue le travail de certains journalistes comme l’émission Cash investigation d’Elise Musset.

L’optimisation fiscale, c’est aussi un sport largement pratiqué par les entreprises françaises. Fabien Gay donne un chiffre significatif: 1567, le nombre des filiales des entreprises du CAC 40 dans les paradis fiscaux.

L’efficacité de ces aides ? Fabien Gay a fait les calculs.  « Je me souviens de l’engagement formulé en 2013 par Pierre Gattaz – ancien président du Medef, NDLR – de créer un million d’emplois en cinq ans en échange notamment du Crédit d’impôt compétitivité emploi en vigueur de 2013 à 2018. Dans le dernier rapport de France Stratégie, on lit, concernant le bilan 2016 : « Les résultats restent conformes aux conclusions des années précédentes : un fort effet emploi est trouvé chez le quart des entreprises les plus bénéficiaires du CICE, qui ne représentent qu’un huitième des effectifs, mais rien de significatif chez les autres. L’effet total reste estimé à 100 000 emplois environ, ce qui est faible, rapporté au coût du CICE — de l’ordre de 18 milliards d’euros en 2016 ». Nous avons donc subventionné un emploi pour 180 000 euros ! »

Questions et témoignages se sont succédés.

Comment éviter une telle situation ? Vérifier que l’argent versé aux entreprises soit effectivement utile à l’emploi, l’innovation, la formation ? Comment mettre en adéquation les déclarations politiques et les dispositifs ? Le rapport sénatorial préconise la transparence des aides et la conditionnalité de celles-ci. « Nous proposons que soit transmis chaque année au CSE des entreprises concernées la nature des aides publiques, leur volume et leur montant. Nous préconisons aussi le remboursement total des aides indues (délocalisations…).»

Dans le débat qui a suivi, des syndicalistes (Thalès, ST Microelectronics, Atos) dénoncent, chiffres à l’appui des aides publiques conséquentes qui ont été détournées des objectifs annoncés et soutiennent la proposition de contrôle de ces aides par les CSE. Fabien Gay souligne lors de ses réponses qu’un certain nombre de personnalités ont du convenir que le travail de la commission était positif. Ainsi des propos de Patrick Pouyanné, P‑DG de Total Energies. « Je pense que l’État est légitime, lorsqu’une entreprise ne va pas bien, à intervenir temporairement, comme il a pu le faire un jour chez PSA, un jour chez Air France. La question pour moi, c’est que l’État devrait conditionner ces aides. S’il y a retour à bonne fortune, il faut les rendre. Il y a un principe qui doit être simple […] Il faut que l’on soit cohérent jusqu’au bout », a‑t-il ainsi déclaré devant la commission d’enquête. Tandis que Michelin a indiqué par voie de presse son intention de rembourser à l’État 3,4 millions d’euros.

Après l’adoption à l’unanimité du rapport d’enquête par le Sénat, Fabien Gay et le groupe communiste travaillent à la rédaction d’un projet de loi s’appuyant sur les vingt-six préconisations contenues dans ce rapport.

A l’issue de la rencontre, Alain Boussard à remis à Fabien Gay, directeur de l’Humanité, un chèque de 1000 euros au nom de la Société des lectrices et lecteurs de l’Humanité.

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Publié le 16.12.2025 à 13:02

Manuel Pavard

« On espérait une bonne surprise sur un sujet qui devrait faire consensus, d’autant que ce n’était pas dirigé contre [Jean-Pierre] Barbier. » Plusieurs jours se sont écoulés depuis mais on devine toujours l’amertume dans la voix du sénateur de l’Isère Guillaume Gontard. Le 5 décembre, en séance publique du département de l’Isère, la majorité de droite a en effet voté contre la demande de mission d’information et d’évaluation (MIE) sur l’aide sociale à l’enfance (ASE), présentée par le groupe Isère écologie et solidarités (IES) et soutenue par le groupe Union de la gauche écologiste et solidaire (UGES).

« Une décision grave et incompréhensible », dénoncent Guillaume Gontard et les conseillères départementales écologistes Marie Questiaux et Pauline Couvent, dans un communiqué commun. « Cette mission avait pour but de recueillir des informations afin d’établir un état des lieux objectif de la situation de l’ASE en Isère, d’identifier les leviers permettant d’améliorer la prévention, la continuité des parcours et les conditions d’accueil, et de formuler des recommandations visant à améliorer le service public de l’ASE, au bénéfice des enfants, des familles et des professionnels », explique le trio, à l’origine de cette initiative.

« Ce n’est pas un combat politicien »

L’objectif était de mettre en place une mission d’information « transpartisane », souligne Guillaume Gontard. Ceci pour « prendre de la hauteur » et évaluer les éventuels dysfonctionnements à l’échelle du département. « C’est la meilleure méthode », estime le président du groupe écologiste au Sénat, qui insiste : « On parle de la protection de l’enfance, ce n’est pas un combat politicien ! »

Jean-Pierre Barbier, président du département de l’Isère, refuse toute mission d’information dont il ne serait pas l’initiateur, déplorent les élu-e‑s d’opposition de gauche.

Comment Jean-Pierre Barbier justifie-t-il ce rejet ? Le sénateur fustige la « réponse caricaturale » du président du département de l’Isère et son attitude « paternaliste » face à l’opposition : « Pour lui, il n’y a pas de débat et il y aura un débat seulement quand il le décidera. Et il prétend que c’est pour ne pas remettre en cause le travail des agents. » Les trois élu-e‑s de gauche abondent dans leur communiqué. « Le motif avancé par le président Barbier : le département de l’Isère est exemplaire sur le sujet, et il ne veut pas que cette mission soit perçue comme une enquête contre les services », décryptent-ils.

« Pourtant, ce sont bien eux, les professionnel-les, qui, nous font régulièrement part de leurs souffrances et de leur souhait de voir évoluer le système actuel, souvent décrit comme maltraitant et dysfonctionnel », poursuivent Marie Questiaux, Pauline Couvent et Guillaume Gontard. Des revendications qui, d’ailleurs, « rejoignent les remontées des enfants et des familles », assure le trio. Et de questionner le fonctionnement interne du département : « Est-ce la loi du silence ? »

« On ne lâchera pas, on ne peut pas se satisfaire de cette réponse »

Guillaume Gontard rappelle quant à lui que « l’idée d’une mission d’information était d’avoir les moyens de mener un vrai travail. Jean-Pierre Barbier a la chance qu’une opposition lui tende la main, il devrait la saisir. En plus, les retours dans sa famille politique [NDLR : au niveau national] étaient plutôt positifs. »

Guillaume Gontard sénateur écologiste de l'IsèreLe sénateur Guillaume Gontard s’engage à rester mobilisé aux côtés des deux conseillères départementales écologistes et de l’ensemble des forces de gauche.

Et maintenant ? « On prend acte que le président ne souhaite pas donner suite », indique le sénateur de l’Isère, évoquant une possible « mission d’information informelle » impliquant l’ensemble des forces de gauche. Inconvénient, ce sera forcément « avec des moyens moindres », sans compter « le risque de ne pas avoir accès aux services ». Mais Guillaume Gontard promet : « On ne lâchera pas, on ne peut pas se satisfaire de cette réponse. » La protection de l’enfance est trop importante pour cela.

Rassemblement contre la casse de la protection de l’enfance le 18 décembre

À l’occasion des trois jours de grève et de mobilisation nationale du travail social, à l’appel de la CGT, Sud, CNT et Unef, un rassemblement est prévu jeudi 18 décembre, à 14 heures, devant l’hôtel du département de l’Isère (7 rue Fantin-Latour, à Grenoble) pour dénoncer les conditions de travail et d’accompagnement dans la protection de l’enfance.

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Publié le 15.12.2025 à 21:50

Manuel Pavard

Les militants de l’UL CGT Roussillon Beaurepaire ont découvert les dégâts le lendemain. Dans la nuit du vendredi 12 au samedi 13 décembre, leur local de Beaurepaire, rue de la République, a été « lâchement vandalisé », s’indigne le syndicat dans un communiqué diffusé ce lundi 15 septembre, évoquant « des tags d’insultes à caractère profondément misogyne et sexiste » visant la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet. Ceux-ci étaient accompagnés, selon Ici Isère, des inscriptions « gauchos », « GUD », et « Vive la France » également taguées sur la façade. Ce qui laisse peu de doutes quant à l’orientation politique — à l’extrême droite — de leurs auteurs.

« L’union locale CGT de Roussillon Beaurepaire condamne avec la plus grande fermeté cet acte ignoble et dénonce un nouveau cap franchi dans la violence antisyndicale », poursuit-elle. Et de pointer « une escalade des violences sexistes et de l’intimidation politique contre Sophie Binet ».

Deux attaques, une même intention : faire taire la CGT

Pour l’UL CGT en effet, « cet acte de vandalisme haineux n’est pas isolé ». Il survient ainsi quelques semaines après la plainte patronale déposée à l’encontre de la dirigeante syndicale pour avoir employé l’expression « les rats quittent le navire », en référence aux grands patrons menaçant de quitter le pays en cas d’adoption de la taxe Zucman. Mise en examen, Sophie Binet a d’ailleurs reçu plusieurs témoignages de solidarité à ce sujet, à l’occasion de sa venue à Crolles, jeudi 11 décembre, pour soutenir les salariés de Teisseire.

Lors des prises de parole ponctuant la manifestation des salariés de Teisseire, devant la mairie de Crolles, plusieurs orateurs ont, tel le sénateur PCF Fabien Gay, témoigné leur solidarité à Sophie Binet pour sa récente mise en examen.

L’union locale relie ces deux attaques, qui poursuivent selon elle le même objectif : « intimider notre organisation et faire taire une femme qui défend avec courage la justice sociale et fiscale ». Pour le syndicat, « en ciblant Sophie Binet avec des insultes liées à son genre, les auteurs de ces tags rejoignent ceux qui cherchent à délégitimer sa parole et sa fonction ». La CGT lance donc un avertissement : « Nous ne laisserons pas les violences sexistes devenir une arme politique. »

L’UL CGT Roussillon Beaurepaire a, dès la découverte des faits, déposé plainte contre X pour vandalisme et injures publiques. Elle veillera, prévient-elle,  à ce que « le caractère misogyne et sexiste de cette agression soit pleinement reconnu par les autorités ».

Rassemblement le 19 décembre à Beaurepaire

Pour dénoncer cette escalade de la violence politique et sexiste, et réaffirmer son soutien total à Sophie Binet, l’UL CGT Roussillon Beaurepaire appelle à un rassemblement de solidarité vendredi 19 décembre, à 10 heures, devant l’antenne CGT de Beaurepaire, au 61 rue de la République.

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