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Source : Le Temps - 08 Mai 2023 - tribune modifiée le 10 Juin 2023
Jean-François BAYART
La France est bel et bien en train de rejoindre le camp des démocraties «illibérales» juge Jean-François Bayart, professeur à l’IHEID, pour qui Emmanuel Macron vit dans une réalité parallèle et joue avec le feu.
NOTE : En bonus, à voir et entendre, l'interview vidéo de J-F Bayart réalisée par Denis Robert pour BLAST : "Le sociologue qui démolit Macron" Durée 78 mn. C'est brillant, massacrant et parfois drôle sur un sujet sinistre : l'ère Macron.
BLAST (vidéo) - Oct 10, 2022
Et si le monde d’après était déjà dans celui-ci ? Et s’il suffisait de s’inspirer d’autres manières de vivre pour le faire advenir ? Avec Alessandro Pignocchi et Philippe Descola, Paloma Moritz vous propose d’explorer de nouvelles façons de faire de la politique. De comprendre comment “affaiblir un monde dominant réglé par les lois de l'économie et ainsi faire émerger des mondes plus égalitaires”.
Dans leur livre “ Ethnographies des mondes à venir ”, Philippe Descola et Alessandro Pignocchi montrent comment l'anthropologie nous aide à imaginer l’avenir autrement que comme un trajet unique et tout tracé vers le désastre. Ils le disent : “l'avenir est ouvert à tous les possibles pour peu que nous sachions les imaginer”.
- Philippe Descola, Professeur émérite au Collège de France, médaille d’or du CNRS, est l’auteur notamment de Les Lances du crépuscule (Plon, 1993), Par-delà nature et culture (Gallimard, 2005), La Composition des mondes (Flammarion, 2014) et Les Formes du visible (Seuil, 2021).
- Alessandro Pignocchi, ancien chercheur en sciences cognitives et philosophie, s’est lancé dans la bande dessinée avec son blog Puntish. Ses romans graphiques sont inspirés des travaux de Philippe Descola : Anent. Nouvelles des Indiens Jivaros et les trois tomes du Petit traité d'écologie sauvage (Steinkis, 2016 et 2020).
CONTRETEMPS - 26.06.22
Michael Löwy, Bengi Akbulut , Sabrina Fernandes et Giorgos Kallis
La décroissance et l’écosocialisme sont deux des plus importants mouvements – et propositions – du côté radical du spectre écologique.
Bien sûr, tous les membres de la communauté de la décroissance ne s’identifient pas comme socialistes, et tous les écosocialistes ne sont pas convaincus de l’intérêt de la décroissance. Mais on peut voir une tendance croissante au respect mutuel et à la convergence.
Michael Löwy, Bengi Akbulut, Sabrina Fernandes et Giorgos Kallis, essaient ici de cartographier les grands domaines d’accord entre ces deux courants, et énumèrent certains des principaux arguments en faveur d’une décroissance écosocialiste.
TERRESTRES.org - 8 juin 2022
Frédéric Graber · Fabien Locher
Extrait de l’introduction de Frédéric Graber, Fabien Locher (dir.), « Posséder la nature. Environnement et propriété dans l’histoire» , Paris, Éditions Amsterdam, 2022, p. 11-23.
Y-a-t-il un lien de causalité entre le saccage de la nature et la propriété privée, individuelle et exclusive ? À l'examen des causes du désastre, la propriété privée doit être placée au centre de l'enquête. Cette institution centrale fait l'objet d'une investigation précise dans le riche recueil d’articles traduits par les Éditions Amsterdam. L’introduction proposée ici permet de dévoiler une partie des enjeux et des textes écrits sous un angle historique.
Revue Terrestres - 26.01.22
Philippe PIGNARRE
Alors que paraît en ce début d’année 2022 l’essai de Bruno Latour et Nicolaj Schultz qui tente d’explorer « comment faire émerger une classe écologique consciente et fière d’elle-même », leur éditeur Philippe Pignarre nous transmet cette lettre ouverte à ses ami·es marxistes, les enjoignant à prendre au sérieux les propositions qui y sont faites.
BALLAST • 18 novembre 2021
Entretien inédit pour le site de Ballast
Depuis notre dernière rencontre, le philosophe et économiste Frédéric Lordon a publié trois ouvrages : Vivre sans ?, Figures du communisme et En travail. Le premier discutait les thèses autonomes, libertaires et localistes pour mieux louer une transformation globale — « macroscopique » — par la force du grand nombre, qu’il n’hésitait pas à qualifier, positivement, de « Grand Soir » ; le deuxième entendait réhabiliter l’hypothèse communiste et la détacher entièrement, par des esquisses d’avenir concrètes, des crimes commis en son nom au XXe siècle ; le dernier, signé aux côtés du sociologue Bernard Friot, détaillait son soutien au mode d’organisation socio-économique connu sous le nom de « salaire à vie » (mais renommé, par ses soins, « garantie économique générale »). Une évolution qui s’accompagne, chez Lordon, d’une préoccupation désormais centrale pour l’habitabilité de la planète. C’est donc de révolution sociale et d’urgence écologique dont nous discutons avec lui, sur fond de néo-fascisation grandissante.
L'AUTRE QUOTIDIEN
Et si le capitalisme s'effondrait avant (et sans que cela se produise avant longtemps) que les conditions soient réunies pour qu'un nouvel ordre social prenne sa place ?
La question est posée par Wolfgang Streeck, un sociologue et économiste allemand, héritier de l'école de Francfort, un érudit hors pair, surtout connu grâce à son essai “Du temps acheté : La crise sans cesse ajournée du capitalisme démocratique“, Gallimard 2014), un personnage qui ne semble pas enclin à formuler des hypothèses catastrophiques à la légère.
Et pourtant, si on lui demandait de commenter la phrase ironique : "le capitalisme a ses siècles comptés", avec laquelle un économiste italien faisant autorité a rejeté les thèses des théoriciens de l'effondrement, Streeck objecterait que "le fait que le capitalisme ait réussi jusqu'à présent à survivre à toutes les prédictions de mort imminente ne signifie pas nécessairement qu'il pourra le faire pour toujours".
Michael Löwy - 14 oct. 2021
On trouve souvent dans les livres d’histoire de l’art l’affirmation, qui avec le temps a pris la consistance pétrifiée du dogme, que le surréalisme a conclu son parcours avec la dissolution du groupe de Paris par Jean Schuster et José Pierre (parmi d’autres). En réalité, grâce au poète Vincent Bounoure et à ses ami(e)s – Michel Zimbacca, Marianne Van Hirtum, Micheline Bounoure, Joyce Mansour, Jean-Louis Bédouin, Michel Lequenne et plusieurs autres – l’aventure surréaliste a été poursuivie, dès 1970. Trois parutions témoignent, dans leur diversité, de cette persistance d’une activité surréaliste – une activité dotée d’une qualité subversive qui la tient éloignée des galeries commerciales, des musées et des commémorations officielles.
« Elle émerge des plis de la vague. Mélusine après le cri, elle écoute aux coquillages, à droite le chant de l’oiseau phénix et de la baleine bleue, à gauche les battements de cœur de l’amour. Devant elle, tenu par la main aux lignes d’air, s’ouvre le livre de la connaissance de ce qui fut et de ce qui sera, tandis que l’autre main, aux lignes de feu, la fait jouir. Et rugissant sous la vague, drapé de la peau des ondes, veille le lion vert des transmutations philosophales ».
CQFD n°202 (octobre 2021)
Entretien avec Roberto Bui, alias Wu Ming 1
Membre des collectifs d’écriture italiens d’extrême gauche Luther Blissett Project puis Wu Ming, Roberto Bui vient de sortir en Italie un livre intitulé «La Q di Qomplotto» (« Q comme Qomplot »). Il y revient sur l’imaginaire complotiste développé par le mouvement QAnon, qui a bousculé l’actualité américaine et mondiale et participé à l’assaut du Capitole en janvier dernier, replaçant ce moment délirant dans un champ historique et politique élargi.
«Seuls des mouvements nouveaux, des concaténations collectives nouvelles, peuvent prévenir les dérives individuelles puis tribales vers le complotisme.En s’appuyant sur les luttes anticapitalistes et sur les liens de solidarité pour combler l’espace laissé vacant par l’affaiblissement de la gauche,des syndicats et des bases politiques des mouvements, et que les fantasmes de complots occupent très facilement. »
Ici et Ailleurs - 28.08.21
Alain BROSSAT, Alain NAZE
En raison des circonstances atmosphériques défavorables, les barricades seront remplacées par des terrasses couvertes (chauffées en hiver) et la lutte des classes par des apéros en ville en toute saisons.
(...) Ce qui est infiniment problématique dans cette rencontre entre l’individualisme de la masse et la ritournelle du droit, c’est qu’elle entraîne la formation d’une spirale dont le propre est de déboucher sur la dissolution de toute notion d’intérêt collectif ou commun. Ce n’est pas pour rien que ce pli s’accentue à l’épreuve de la pandémie installée dans une interminable durée : le durcissement de son approche férocement et exclusivement individualiste est la manifestation la plus criante de la défaillance collective de la masse individualisée (de l’individu massifié) face à cette épreuve ; celle-ci est en effet un test impitoyable auquel se trouve soumise la capacité d’une société à faire face à un danger mettant à mal son intégrité en tant que communauté ou peuple. L’idée exorbitante d’une « jeunesse sacrifiée » sur l’autel du Covid repose d’ailleurs intégralement sur la conviction que « les jeunes » n’ayant guère, en cette occasion, de crainte pour leur vie, leur imposer la vaccination, ou d’autres restrictions ne relèverait que d’une contrainte imposée par les anciennes générations. On est là face à un raisonnement purement égotique, n’envisageant que sa propre santé, indépendamment des dommages qu’on peut occasionner auprès de personnes plus fragiles.
Le propre de la pandémie, comme expérience, épreuve, c’est-à-dire test collectif est d’exposer la misère de l’individualisme égotique et autarcique face à une telle situation ; c’est de montrer que l’approche des prérogatives de l’individu démocratique et de sa liberté par le biais exclusif des droits conduit droit dans le mur. Dans une configuration où est en premier lieu en question l’entre-exposition des corps en tant que porteurs potentiels du virus, chaque corps représentant une menace potentielle pour chacun des autres et tous les autres ensemble (omnes et singulatim !), l’approche de l’être-au-monde du sujet vivant par le biais des droits individuels et qui ne trouve pas son complément dans la prise en charge des obligations est, davantage qu’unilatérale ou carente, fautive et, disons-le, criminelle.
QG - Le média libre
La philosophe et poète Odile Nguyen-Schoendorff, directrice de publication de la nouvelle revue l’OUROBOROS, répond aux questions d’Aude Lancelin sur la dépolitisation du champ culturel français, les moyens de mener le combat face aux machines à décérébrer, et de faire vivre la beauté et la radicalité dans un monde où tout conspire à les étouffer.
Note LP : Somptueuse revue philosophique, politique et poétique, "L' OUROBOROS à teste d'argent" se déguste exclusivement en version papier. Pour la faire mieux connaître nous attendons avec impatience que la rédaction active les flux d'actualité de son site d'accueil ! Nous nous empresserons de lui offrir une place de choix sur la page "revues" de ces pages publiques :)
Acta.zone - 21 Juin 2021
Nous avons retranscrit ici l’intervention de Frédéric Lordon lors du débat public avec Andreas Malm sur le thème « écologie et communisme », organisé dimanche 6 juin devant la librairie Le Monte-en-l’air par ACTA, Extinction Rebellion et les éditions La Fabrique. Contre les tentations jumelles du mouvementisme et du retrait marginaliste, Lordon plaide pour un « néo-léninisme » seul à même de dessiner une alternative stratégique et macroscopique à la domination capitaliste.
«... Aussi le néo-léninisme se conçoit-il sans contradiction comme un communisme des forces productives radicalement ennemi du productivisme.»
Le Parlement des liens - Manifeste
collectif
Le Vent Se Lève - 23.05.21
Pierre Meyniard
La multiplication des défaites du mouvement ouvrier dans un contexte d’intensification des crises – écologique, sociale ou sanitaire – a contribué à voir émerger de nouveaux acteurs contestataires porteurs de discours critiques sur l’action des syndicats, et en particulier sur le plus important d’entre eux : la Confédération générale du travail (CGT). Ces critiques invitent à interroger le rôle et le positionnement de la CGT – et, dans une moindre mesure, des autres syndicats de transformation sociale, qui en suivent souvent l’agenda – dans l’espace de la contestation et de la lutte.
ARTICLE INTEGRAL A LIRE SUR NOTRE LECTEUR DE FLUX :
MEDIAS > Medias d'opinion > LVSL
Le Monde diplomatique, décembre 2019
Paul Hanebrink
Professeur d’histoire à l’université Rutgers (New Jersey). Auteur de "A Specter Haunting Europe : The Myth of Judeo-Bolshevism", Belknap Press, Cambridge, 2018.
Accès libre
France Culture - La Chronique d'Aurélien Bellanger
Comment sortir de l'impasse de la pensée sur le complotisme, se réduisant à un jeu de ping-pong entre une classe "dominante", lisant les sites de Fact-checking, et une classe "inférieure", lisant les sites dits de réinformation ? En analysant ce phénomène par le prisme de Marx ? (4mn)
Revue BALLAST - 6 janvier 2021
Michael Löwy
Le terme « écosocialisme » est né en 1975, pour s’ancrer internationalement à partir des années 2000. Au carrefour du socialisme historique — du marxisme, pour l’essentiel — et de l’écologie politique, il met au jour une double impasse : l’écologie sans socialisme (c’est-à-dire sans rupture avec l’ordre capitaliste) et le socialisme sans écologie (c’est-à-dire sans prise en considération de ce qui rend possible la vie sur Terre). Le sociologue et philosophe franco-brésilien Michael Löwy est l’un de ses principaux théoriciens. Coauteur en 2001 du « Manifeste écosocialiste international » et auteur, deux décennies plus tard, de l’essai Qu’est-ce que l’écosocialisme ?, il retrace ici les grandes lignes de cette proposition à vocation populaire et révolutionnaire. Dans ce premier volet, une esquisse de ce que pourrait être une société écosocialiste.
Editions Agone
Alain ACCARDO
La petite bourgeoisie est constituée par un ensemble de groupes sociaux ayant pour caractéristique commune d’occuper les positions moyennes du champ des classes sociales, à mi-distance des pôles extrêmes occupés respectivement par la grande bourgeoisie et par le prolétariat industriel ou agricole. Cette région intermédiaire du champ peut être considérée comme un lieu neutre, c’est-à-dire relativement indéterminé, dans la mesure où les déterminations liées à l’opposition polaire se neutralisent, s’équilibrent mutuellement en engendrant un type social composite : le petit-bourgeois.
L'Autre Quotidien
Le dernier texte de David Graeber.
Son essai sur l'entraide, conçu comme une préface au grand travail de Kropotkine sur le rôle déterminant de la solidarité est probablement le dernier que David Graeber aura pu écrire. Nous avons décidé de le publier et de le mettre à la disposition de tous, à la mémoire de notre ami, camarade et mentor. Il est particulièrement bienvenu à un moment où la société, échaudée par les ravages de plus en plus flagrants du choix de la compétition et de la lutte de tous contre tous, autrement dit du darwinisme social, redécouvre l’importance de la solidarité pour sa survie.
Andrej Grubačić
Usbek & Rica - 03 Nov. 2020
Thierry Keller
(...) Alors évidemment, pour le moment, c’est la déprime. Non seulement ça n’en finit pas, cette histoire, mais en plus le terrorisme frappe de nouveau – et de quelle manière. Cette déprime est bien légitime. Comme on l’a souvent entendu (nous-mêmes l’avons écrit), le futur nous a percuté en pleine face, nous donnant l’impression de vivre dans un spin off de Je suis une légende et Years and years, à la sauce Un jour sans fin. Plus grave que la déprime, la misère. Misère psychologique, sexuelle, affective, et surtout misère sociale. Les pauvres sont plus pauvres, des entreprises font faillite, le chômage frappe. Les emmerdes volent tellement en escadrille qu’on est tenté de se dire, « ça y est, cette fois c’est la bonne, on a vraiment fini de manger notre pain blanc, on va bouffer du pain noir pour le restant de nos jours ». Et l’on n’a peut-être encore rien vu. Demain, quoi ? La guerre civile ? Des émeutes de la faim ? Un attentat par jour ? Une troisième vague en mode grippe espagnole ?
Pourtant, à y regarder de plus près - ou plus exactement de plus près mais plus loin - et aussi étonnant que ça puisse paraître, cette période est propice à redonner ses lettres de noblesse au progrès. Les lignes qui suivent ne sont pas une resucée de la méthode Coué ou la pantomime de la « destruction créatrice » – Schumpeter est à la mode, lui aussi. Elles ne font que soulever le voile sur ce qui, dans les interstices de la crise, peut nous faire franchir un pas de géant.