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Le Travailleur Alpin

Publié le 12.12.2025 à 21:07

Manuel Pavard

« On va entamer notre dixième semaine de grève, ça commence à être épuisant », avoue Kamel [le prénom a été modifié], qui se dit néanmoins « toujours déterminé » à poursuivre la lutte. Le salarié de Teisseire et ses camarades de Crolles sont en grève depuis le 9 octobre contre la fermeture de leur usine, annoncée pour le printemps 2026. Une décision synonyme de licenciement pour 205 salariés du fabricant de sirops… dont Kamel, qui se retrouve dans la charrette, comme tous ceux travaillant dans la production des sirops.

Sophie Binet entre Fathi Ghiloufi et Florent Duc, de la CGT Teisseire.

« Quand on avance un autre discours pour dire que ce site est rentable et viable, et qu’il n’est pas utile de le fermer ni de licencier, la direction nous répond qu’elle est dans la légalité », déplore-t-il. Et le salarié féru de littérature de se remémorer alors « une citation de Balzac qui prend tout son sens », parfaite illustration, selon lui, de la communication hypocrite de Teisseire et de Carlberg : « Combien d’atrocités se cachent sous ce mot terrible : la légalité ? »

« Aucune raison pour fermer et licencier 205 personnes »

L’argument est en outre tout sauf recevable. Qu’elle soit légale ou non, cette décision est en effet à la fois immorale, injuste et injustifiée. « Carlsberg a décidé de délocaliser la production pour faire toujours plus de profits », résume ainsi Sophie Binet. La secrétaire générale de la CGT est venue apporter son soutien aux grévistes, ce jeudi 11 décembre, participant à la manifestation qui relie le piquet de grève, installé devant l’usine, à la mairie de Crolles. L’occasion de rappeler une évidence : « L’usine va très bien, elle est profitable, ça tourne. Il n’y a donc aucune raison pour la fermer et pour licencier 205 personnes. »

Les salariés de Teisseire à l’arrivée du cortège devant la mairie de Crolles.

Le cas de Teisseire est symptomatique de la vague de désindustrialisation actuelle. « C’est encore une fois une entreprise qui licencie tout en faisant des bénéfices et en touchant des aides publiques, c’est scandaleux », s’insurge Sophie Binet. Pour elle, les priorités sont claires : « Les salariés se battent d’arrache-pied pour construire un projet alternatif, ils ne sont pas là pour négocier un chèque. Ce qu’ils veulent, c’est défendre leurs emplois et les maintenir ici. Les travailleurs et travailleuses se battent pour leur dignité. On n’est pas là pour quémander une opération pièces jaunes avec Carlsberg ! »

Sophie Binet a démontré que la CGT était prête à engager le bras de fer avec Carlsberg.

Que peut-elle faire à son niveau ? La secrétaire générale de la CGT s’engage déjà à interpeller le ministre de l’Industrie Sébastien Martin. Lequel connaît déjà le dossier pour avoir fait étape sur le site de Crolles lors de sa visite en Isère, le 28 novembre dernier. Elle entend bien jouer cartes sur table face au ministre, en lui démontrant notamment à quel point les difficultés du fabricant de sirops ont été « organisées par Carlsberg, qui a décidé d’externaliser la production à un sous-traitant. Si Teisseire avait conservé tous ses volumes de production, l’usine serait toujours bénéficiaire, comme elle l’est depuis 300 ans », affirme-t-elle.

« Les salariés savent faire tourner une usine sans patron »

Le projet de la CGT est donc très « simple ». Il s’agit, explique Sophie Binet, de « réinternaliser la production pour que tous les sirops soient produits ici, et pas aux quatre coins de la France et du monde ». C’est sur cette ligne que le syndicat espère dénicher un repreneur. Pas question de transiger sur cette fabrication locale des sirops, qui fait l’identité de l’entreprise depuis trois siècles. « Sinon ce n’est plus Teisseire car ce ne sera plus l’eau des montagnes au-dessus », estime la responsable syndicale.

Sur le piquet de grève, devant l’usine de Crolles.

Pour sauver l’usine iséroise et ses 205 emplois, la CGT envisage toutes les options, y compris celle d’une action en justice, aujourd’hui clairement sur la table. Sophie Binet prévient ainsi les dirigeants français et danois : « La CGT a une petite expérience en matière de lutte contre les plans de licenciements et on va la mettre au profit de nos camarades de Teisseire. » Trois exemples pour l’illustrer. D’abord, le plan de licenciements d’Auchan. « La fédération du commerce CGT a réussi à faire annuler 2500 licenciements grâce à son action en justice. Pourquoi ? Parce que la direction avait organisé l’opacité. » Comme chez un certain fabricant de sirops…

Sophie Binet avec les salariés de la cartonnerie DS Smith, à La Rochette (Savoie), également menacée de fermeture avec 90 emplois en jeu.

Deuxième exemple, Vencorex et le projet de reprise en Scop porté alors par la CGT. « Malheureusement, le précédent ministre de l’Industrie s’est assis sur le plan de reprise et a préféré vendre le site aux Chinois pour un euro symbolique », regrette-t-elle. Enfin, le cas emblématique des « 1336 ». Soit le nombre de jours de lutte des ex-Fralib — fabriquant les thés Lipton et les infusions Éléphant — face au géant Unilever, avant la création de la coopérative Scop-Ti. « Dix ans plus tard, ils sont toujours debout », souligne Sophie Binet, intimement convaincue d’une chose : hier chez Fralib comme aujourd’hui à Teisseire, « les salariés savent faire tourner une usine sans patron ».

« Nous demandons au ministre de l’Industrie et à son ministre de tutelle, Économie et Finances, (…) de ne pas homologuer le plan social. »

Ce discours, la secrétaire générale de la CGT l’a tenu à son arrivée sur le piquet de grève, puis en prenant la parole devant la mairie de Crolles, au terme de la manifestation. Des propos faisant écho à ceux du sénateur de Seine-Saint-Denis Fabien Gay. De passage en Isère, l’élu communiste, dont le rapport a révélé le scandale des 211 milliards d’euros d’aides publiques versées aux entreprises sans contrepartie, était également venu soutenir les salariés en lutte de Teisseire. Des travailleurs dont il salue « la dignité », chose que « le capital ne peut pas enlever ».

Les communistes isérois (Annie David, ex-sénatrice, Éric Hours, conseiller régional, et Cécile Dhainaut, membre de l’exécutif départemental) aux côtés du sénateur PCF de Seine-Saint-Denis Fabien Gay.

S’adressant lui aussi aux manifestants réunis sur le parvis de l’hôtel de ville, Fabien Gay revient bien sûr sur ce fameux « lièvre » levé en juillet dernier par la commission d’enquête du Sénat : « 211 milliards d’aides publiques, chaque année, à l’ensemble des entreprises, notamment en direction de grands groupes multinationaux qui n’ont que faire de nos emplois et de nos savoir-faire. Ce sont des rapaces », accuse le rapporteur.

Fabien Gay avec la candidate de la liste d’union de la gauche à Grenoble, Laurence Ruffin, elle aussi présente à la manifestation.

Sur le cas Teisseire, celui qui est par ailleurs directeur de l’Humanité interpelle directement « ceux qui gouvernent de façon illégitime » après leur défaite aux élections législatives et qui n’ont donc « pas respecté le vote populaire ». « Nous demandons au ministre de l’Industrie et à son ministre de tutelle, de l’Économie et des Finances (…) de ne pas homologuer le plan social et de refuser la casse de l’emploi », assène-t-il.

« Les rats quittent le navire »

Fabien Gay n’oublie pas non plus de témoigner sa « solidarité » à Sophie Binet, récemment mise en examen à la suite d’une plainte du très mal nommé mouvement patronal Ethic, présidé par Sophie de Menthon, pour avoir comparé les patrons menaçant de délocaliser à des « rats [qui] quittent le navire ». Ce n’est en effet pas seulement la dirigeante de la CGT qui est attaquée, « c’est toutes celles et ceux qui luttent, que l’on veut faire taire, humilier, plier le genou », s’indigne-t-il.

Fabien Gay au micro, aux côtés de Nicolas Benoît, secrétaire départemental de la CGT Isère, Sophie Binet et Jérémie Iordanoff, député écologiste de l’Isère.

Difficile d’ailleurs de le nier, chez Teisseire aussi, les rats quittent le navire. Mais ne comptez pas sur Sophie Binet pour se laisser intimider face aux pressions patronales. Car « la bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe », conclut-elle sous les applaudissements des salariés.

L’UL CGT du Grésivaudan, à l’initiative de la manifestation, était bien représentée dans le cortège.
Les livreurs à vélo CGT, qui occupent pour bon nombre d’entre eux le siège de la Métropole depuis le 19 novembre, demandent la réquisition des logements vacants.
Les manifestants rassemblés pour écouter les orateurs, devant la mairie de Crolles.
Sur le parcours de la manifestation, dans les rues de Crolles.
Carlsberg, principale cible des banderoles sur le piquet de grève de Teisseire.

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Publié le 10.12.2025 à 18:40

Manuel Pavard

« Notre action a porté ses fruits », se félicitent les personnels et parents d’élèves mobilisés du collège Vercors, dans un communiqué diffusé ce lundi 8 décembre. « La famille bénéficie aujourd’hui d’un hébergement en CADA auquel elle a droit dans le cadre de sa demande d’asile », indiquent-ils en effet, se disant « heureux de cette issue positive pour la famille, qui voit enfin ses droits respectés ».

Arrivée d’Angola à la fin de l’été, cette famille avec quatre enfants (un lycéen, deux collégiens scolarisés au collège Vercors et un élève de CP) avait pourtant déposé une demande d’asile lui donnant droit à un logement et une allocation. Mais rien de tout cela n’avait été mis en place tandis que les appels au 115 restaient infructueux. Découvrant leur situation, des enseignants et parents d’élèves avaient décidé d’organiser une action médiatique, afin d’alerter à la fois l’opinion publique et les institutions.

Les enseignants et parents d’élèves mobilisés rassemblés devant le collège Vercors, le 2 décembre au soir, autour d’un repas collectif. © Manuel Pavard

Ceux-ci avaient ainsi installé des tentes devant l’établissement, dans le quartier Abbaye-Jouhaux, le 1er décembre. Une dizaine de personnes y avaient ensuite passé la nuit, aux côtés de la famille. Heureusement, « le lendemain, une proposition d’hébergement solidaire de la part de parents d’élèves de la classe du benjamin de la famille avait émergé, pour quelques jours », rapporte le collectif.

« Cette situation dépasse largement notre seul collège »

Delphine, la Meylanaise à l’initiative de cette solution, l’avait expliqué au Travailleur alpin, le 2 décembre : « Mon fils est dans la même classe que le plus petit de la famille et cet après-midi, la directrice de l’école, qui me connaît un peu, m’a raconté l’histoire et sollicitée. On vit dans un habitat participatif où il y a un studio et une chambre libres : on a donc demandé aux autres habitants, qui sont tous d’accord pour accueillir la famille pendant quinze jours. »

Si le collectif regrettait alors le silence et l’inaction des pouvoirs publics, ceux-ci ont donc fini par réagir. Néanmoins, les personnels et parents mobilisés s’avouent « inquiets quant à la situation précaire en termes d’hébergement de plusieurs autres de [leurs] élèves. Et cette situation dépasse largement notre seul collège », assurent-ils, en référence aux huit écoles grenobloises occupées pour mettre à l’abri des familles à la rue ou aux collégiens sans-logis scolarisés dans d’autres établissements de l’agglomération.

Le collectif interpelle le département et les autorités académiques

Ils dénoncent également la réaction choquante de la direction académique à leur demande de mettre à l’abri la famille dans le gymnase du collège Vercors, bâtiment chauffé, pour la nuit du 1er décembre. « On nous a répondu que les forces de l’ordre pourraient être envoyées pour déloger les occupants et qu’un dépôt de plainte pour intrusion serait effectué contre toutes les personnes présentes dans l’établissement », s’insurgent-ils.

Malgré le froid glacial, les membres du collectif avaient dormi sous la tente, le 1er décembre, aux côtés de la famille. DR

Les membres du collectif rappellent que le logement est « un droit garanti aux enfants par plusieurs textes juridiques, tant internationaux que nationaux ». Sans oublier de pointer les responsabilités de l’État et du Département en matière d’hébergement d’urgence et de protection de l’enfance. « Solidaires des actions menées pour la réquisition des logements vacants par le DAL et d’autres collectifs », ils demandent « un engagement du conseil départemental de l’Isère ainsi qu’un soutien des autorités académiques (DASEN) pour mettre en œuvre le droit au logement des enfants scolarisés dans nos établissements et la garantie que les personnels et les familles engagées puissent exercer des mises à l’abri au sein des établissements ».

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Publié le 09.12.2025 à 18:58

Luc Renaud

« Macron demande aujourd’hui à la Chine d’autoriser des transferts de technologies vers l’Europe », s’amusait un intervenant. Anecdote qui dit assez l’ampleur des bouleversements qu’entraîne l’irruption technologique de la Chine sur la scène internationale. Aussi la rencontre avec Marianne Dunlop, l’une des autrices du livre Quand la France s’éveillera à la Chine – la longue marche vers un monde multipolaire, fut-elle riche d’informations autant que d’interrogations.

Le constat, tout d’abord. En quelques décennies, la Chine a réussi à sortir de l’extrême pauvreté 800 millions de personnes. C’est aujourd’hui un pays moderne, qui rivalise avec les économies industrielles les plus développées dans l’électronique, les énergies renouvelables, l’automobile à moteurs électriques, le ferroviaire ou la téléphonie.

Un développement qui a commencé dès les années 50

Comment ces transformations massives ont-elles pu s’opérer ? Marianne Dunlop connaît bien cet immense pays pour y avoir vécu et entretenu des relations familiales. Pour elle, il convient tout d’abord d’éviter une erreur d’interprétation : « la Chine ne n’est pas développée avec une transformation du système présentée comme l’instauration du capitalisme et l’abandon d’un système socialiste », dit-elle. Elle fait référence aux années qui ont suivi ce que « les Chinois nomment la libération », en 1949, après l’arrivée du Parti communiste chinois à la direction du pays.

Plus de cinquante personnes ont participé à cette rencontre débat.

Des décennies au cours desquelles il a fallu reconstruire un pays laissé exsangue par l’invasion japonaise qui a précédé la Seconde Guerre mondiale — « entre 1931 et 1945, 35 millions de Chinois sont morts sous l’occupation japonaise d’une partie du territoire ». Invasion qui faisait suite aux guerres de l’opium du XIXe siècle, conduites par la Grande-Bretagne et la France, qui ont imposé la colonisation d’une partie du pays. En 1949, « la Chine était un pays plus pauvre que Haïti ou que n’importe quel État africain », dit-elle. Et, «  de 1950 à 1965, la production industrielle a été multipliée par treize, et le niveau de vie a triplé, compte tenu de l’augmentation de la population ».

« Le capitaliste est libre comme l’oiseau en cage »

Ce que montre l’ouvrage co-écrit par Marianne Dunlop, c’est un pays où « le capitaliste est libre comme l’oiseau en cage », selon une formule chinoise utilisée dans une langue férue de métaphores. Marianne Dunlop insiste sur l’importance de la planification de l’économie. « Ce ne sont pas les grandes entreprises qui décident des choix de développement, mais le plan quinquennal élaboré après de multiples débats, qui définit les grands domaines dans lesquels un effort continu devra être porté ».

L’universitaire fait également litière de l’image d’un dumping social qui permettrait à l’économie chinoise d’exporter à bas coûts. « Dans mon université, nous avons un jumelage avec l’université de Nankin ; en 1995, lorsqu’un enseignant chinois venait travailler chez nous, il gagnait en pouvoir d’achat ; en 2005, les chinois avaient toujours plaisir à venir pour un séjour en France, mais ils y perdaient financièrement. » Une image qui, si elle ne dit pas tout de la réalité du pays, n’en va pas moins à l’encontre des idées reçues.

Des témoignages, des faits, une histoire qui n’écartent pas les questions et interrogations comme l’illustrait le débat qui a suivi dans la salle la présentation de Marianne Dunlop.

Le débat s’est largement poursuivi dans la salle.

Échanges sur le le Tibet et les Ouïghours de la région autonome du Xinjiang, les organisations syndicales chinoises, mais aussi la situation internationale et les rapports entre la désindustrialisation que connaît la France et le dynamisme de l’industrie chinoise.

Sur les droits de l’homme, Marianne Dunlop réfute le discours dominant qui martèle un asservissement des peuples de l’Ouest chinois. « Je vous invite à lire les ouvrages d’Élisabeth Martens, autrice belge, qui décrit ce qu’elle a vu au Tibet », propose-t-elle. Un pays qui a été partie intégrante de l’histoire chinoise dès le XIIIe siècle. Marianne Dunlop raconte également ce qu’elle a vu au Xinjiang, de culture turcophone et majoritairement musulmane, « où j’ai vu les préparatifs de la fête de l’Aïd, et les manuels scolaires ouïghours, ce qui contredit la vision d’une culture combattue par le pouvoir centrale chinois ».

 « Traverser le gué en tâtant les pierres »

Le long cheminement qui a conduit la Chine à son développement actuel fait aussi l’objet d’analyses. Marianne Dunlop évoque sa culture millénaire construite sur un brassage de populations et note que cette obligation créée par l’histoire du vivre ensemble n’a pas été sans effets sur l’émergence du contrat social chinois. Tout en notant que cela ne s’est pas fait sans affrontements, graves erreurs et tâtonnements, du Grand bond en avant à la Révolution culturelle, mais aussi aux errements de la période de privatisation des années 1990 – « traverser le gué en tâtant les pierres », imagent les Chinois en évoquant cette période.

La place de la Chine sur la scène internationale suscite également des interrogations. Le constat, c’est celui d’une position grandissante dans le commerce international qu’illustre le projet planétaire des Routes de la soie. La Chine, c’est aussi l’un des pays majeurs du groupe d’États nommés BRICS, qui, dans toute son hétérogénéité, se présente aujourd’hui comme une alternative aux dominations occidentales, dans le domaine de la monnaie par exemple.

Un nouvel impérialisme ?

La Chine est-elle aujourd’hui le centre d’un nouvel impérialisme ? Là encore, Marianne Dunlop prend le contrepied des analyses en vogue. « La Chine n’a aucun intérêt à l’appauvrissement de ses partenaires du Sud global ; elle contribue au contraire au développement de ces pays parce qu’elle en bénéficiera, grâce à la croissance des échanges et des coopérations Sud-Sud. »

Débat également sur le poids des grands groupes industriel chinois en Europe. Avec une question. Est-ce la Chine qui est responsable de la vente à la découpe de Rhône-Poulenc – méthodes de dépeçage aujourd’hui à l’œuvre chez Atos comme elles l’ont été chez Alstom ? Éclatement qui se traduit, in fine, par la liquidation de Vencorex par un groupe thaïlandais avant qu’une entreprise chinoise ne reprennent qu’une petite minorité de l’activité, sur décision du tribunal de commerce qui l’a préféré à la proposition de reprise des salariés. On pourra noter encore la décision d’EDF d’équiper le site de Creys-Malville de panneaux photovoltaïques chinois, à quelques kilomètres de Photowatt, qui en fabriquait à Bourgoin-Jailleu. « La Chine, c’est un bouc émissaire facile ; ce ne sont pas les Chinois qui ont délocalisé l’industrie européenne qui a, au passage, exporté sa pollution. »

Consommation

Débat encore sur le poids de la religion en Chine, avec des temples bouddhistes très fréquentés, des temples entièrement reconstruits à neuf ces dernières décennies. Ou encore sur les inégalités sociales contemporaines, sur la société de consommation qui s’affiche dans les centres des grandes villes…

Une soirée pour tenter d’approcher le fonctionnement d’un pays en pleine mutation ; un pays majeur dans les bouleversements géopolitiques de notre planète commune.

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Publié le 09.12.2025 à 18:24

Edouard Schoene

Le groupe CREEFI est propriétaire de quatre lycées privés, non confessionnels, ayant convention avec l’Éducation nationale, dont Le Bréda (situés à Grenoble, Allevard et Coublevie). Ce groupe annonce être en difficulté et devoir fermer le lycée professionnel d’Allevard. Le Bréda, ce sont, en 2025, cent soixante-deux élèves, vingt-trois enseignants et neuf formateurs, huit salariés.

Mobilisation dans la cour du lycée mardi 9 décembre.

Après l’annonce, fin novembre, de la fermeture prochaine, élèves, enseignants, parents d’élèves, personnels du lycée ont défilé le 4 décembre dans les rues d’Allevard avec en tête du cortège, la maire Christel Mégret et deux élues. Une pétition intitulée « Sauvons le lycée des métiers Le Bréda à Allevard : Non à la fermeture ! » avait par ailleurs déjà recueilli, en date du 9 décembre, plus de 4 000 signatures.

Les lycéen-nes ont mis la main à la pâte.

Ce mardi 9 décembre toujours, le lycée était ouvert à celles et ceux qui souhaitaient venir soutenir l’action de défense de l’établissement. Dès 9 heures, c’était ainsi l’effervescence dans la cour avec accueil de jeunes lycéens·es, tables pour signer la pétition, café, croissants… Mais aussi des espaces de discussion, de dessin ou d’écriture.

Une fermeture « motivée par la rentabilité »

Parmi les présents, Justin Jay Allemand, chef de file d’une liste (issue du collectif « les Allevardins ») aux municipales, à Allevard :  « Je suis évidemment inquiet et en colère de voir cette fermeture s’annoncer, motivée par la rentabilité propre au fonctionnement privé. C’est pourtant un lycée qui fonctionne bien, qui est un rouage important en matière de justice territoriale, étant le seul lycée professionnel entre Grenoble et Chambéry, notamment pour la filière des ‘3e prépa métier’, c’est un outil d’égalité des chances. » 

Justin Jay-Allemand, tête de liste pour le collectif citoyen Les Allevardins aux municipales 2026.

Selon le candidat, « si ce lycée disparaissait, ce ne serait pas seulement un établissement qui fermerait, mais une porte que l’on claquerait au visage de dizaines de jeunes auxquels on avait enfin permis de croire que tout était à nouveau possible dans leur parcours scolaire ».

Selon la CGT, « aucune étude pour envisager d’autres scénarios »

Une rencontre s’est ensuite tenue, vers 10 heures, autour de Ludovic Lerussi, enseignant et délégué syndical CGT des établissements du groupe CREEFI. Ne nous y trompons pas, dit la CGT, « c’est bien aujourd’hui l’ensemble de l’association CREEFI qui est en situation d’alerte économique ! Les trois établissements sont concernés et sont solidaires les uns des autres dans la comptabilité. À ce jour, aucune étude économique n’a été réalisée pour évaluer le coût et les gains potentiels d’un tel projet. Personne ne peut affirmer si les économies réalisées suffiront à sauver le CREEFI et les autres établissements. »  

Ludovic Lerussi, enseignant et délégué syndical CGT des établissements du groupe CREEFI.

De même, à ce stade, « aucune étude n’a été réalisée pour envisager d’autres scénarios. Reprise par l’État du Lycée, par un repreneur ? Maintien des activités et vente du bâtiment pour location ? Autres reprises ? », égrène le syndicat. La CGT a en tout cas réaffirmé son engagement total pour la défense des emplois, la protection des élèves et la sauvegarde de l’offre éducative sur le territoire. Ludovic Lérussi a en outre lu une lettre adressée par l’avocat conseil de la CGT à la direction du CREEFI pour entrave à la loi. Laquelle exige en effet la consultation des salariés avant l’annonce de fermeture d’un établissement.

La maire promet de « tout faire » pour garder le lycée ouvert

De son côté, Christel Mégret, maire d’Allevard, a elle aussi répondu au Travailleur alpin. « Je suis extrêmement déçue de cette situation. Très inquiète car je connais un certain nombre d’élèves et de professeurs. Je suis choquée », avoue l’édile. Et de promettre : « On fera tout jusqu’au dernier moment pour que ce beau lycée reste ouvert. C’est un maillage territorial précieux. Rien d’autre n’a été imaginé que la fermeture ! Je connais beaucoup de jeunes, de conditions modestes, pour qui c’était une deuxième chance, qui n’iront pas à Grenoble. »

La maire d’Allevard Christel Mégret assure de sa détermination à sauver le lycée Le Bréda.

À 11 heures, enseignants, parents d’élèves et lycéens tenaient conférence de presse. Vincent, enseignant, explique que le personnel a été informé le 26 novembre d’un projet de fermeture du lycée Le Bréda. Avec, en guise d’explications, quelques chiffres peu fiables (bilans annuels au rouge, trésorerie au rouge) et l’annonce d’un audit d’experts comptables en cours.

Enseignants, parents d’élèves et lycéens se sont exprimés devant la presse.

Pour information, l’établissement est le seul lycée professionnel entre Grenoble et Chambéry. À ce jour, lycée privé non confessionnel, Le Bréda n’a ni le soutien des établissements d’enseignement catholique ni celui du rectorat. Le tour de table fait apparaître une forte inquiétudes des parents d’élèves et lycéens qui n’imaginent pas vivre une future scolarité ailleurs du fait notamment des difficultés de transport.

« L’établissement de la seconde chance »

Un autre élément marquant des témoignages est celui du statut de l’établissement qui se caractérise « pour un tiers des lycéens comme l’établissement de la seconde chance ». « Ma fille a été en échec scolaire, cet établissement a été une chance, affirme ainsi un parent. Ma fille est contente d’aller en cours. »

Aloïs, lycéen, évoque quant à lui  « un virage de vie complexe : dépression, décrochage, déscolarisation. J’ai trouvé ici une étincelle à la suite d’une opération porte ouverte. Je réussis ici », se félicite-t-il. Même témoignage d’Anaïs : « J’ai retrouvé confiance ici. J’ai été bien accueillie par professeurs et élèves, assure-t-elle. Dès que j’ai une note en dessous de 15, je suis dégoutée. » La lycéenne cite également son voyage de classe en Pologne : « On a visité Auschwitz. Ce voyage a été magique ! »

Aloïs et Anaïs, lycéen-nes au Bréda, expliquent en quoi l’établissement leur a redonné confiance.

Les parents d’élèves précisent que les conditions sont particulièrement bonnes dans cet établissement avec 18 élèves par classe, des équipes très attentives au parcours de chaque lycéen. En fin de rencontre, il est fait état de la construction en cours de deux hôtels à Allevard, lesquels sont un atout supplémentaires pour les lycéens qui y trouveront des stages. Les soutiens du lycée Le Bréda, nombreux, ont d’ores et déjà fixé leur prochain rendez-vous : ce sera le mardi 16 décembre, date de réunion du conseil d’administration du CREEFI.

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Publié le 09.12.2025 à 14:37

Maryvonne Mathéoud

Après un rappel de l’organisateur Mazdak Kafai sur le succès de la manifestation nationale pour la Palestine — qui a réuni plus de 50 000 personnes à Paris, le 29 novembre -, sa camarade Marianne, militante également du NPA-l’Anticapitaliste, a introduit la conférence en présentant Gilbert Achcar. Intellectuel et militant libanais, professeur émérite à la School of Oriental and African Studies (École des études orientales et africaines — SOAS) de l’Université de Londres, il écrit régulièrement dans différentes publications, dont Le Monde diplomatique. Son dernier ouvrage, Gaza, génocide annoncé : un tournant dans l’histoire mondiale, est paru en mai 2025, aux éditions La Dispute.

Le public avait répondu présent à la Maison du tourisme, à l’invitation du NPA-l’Anticapitaliste et de plusieurs autres organisations. © Michel Szempruch

« Nous observons que le cessez-le-feu n’est pas respecté mais au-delà de ça, c’est la guerre d’Israël qui n’est pas terminée. » C’est par cette phrase qu’a débuté la conférence de Gilbert Achcar. « Pour Benyamin Netanyahou, le plan de paix de Trump n’est qu’une trêve pour que les otages soient libérés et pour donner un répit à son armée avant de se relancer dans la bataille, comme il l’avait fait quelques semaines après un cessez-le-feu. Son objectif est de prendre toute la bande de Gaza », a‑t-il affirmé.

« À ce jour, 53 % du territoire de Gaza est sous occupation israélienne. Le plan de paix de Trump n’ira pas loin, il est déjà bloqué », a poursuivi le chercheur libanais. Avant de détailler : « La résolution du conseil de sécurité de l’ONU vient d’analyser ce plan et ne fait que reprendre les termes du plan de Trump. Ce plan ne prévoit même pas le retrait total de Gaza de l’envahisseur. Ce texte est en violation du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Il fait fi du droit à l’auto-détermination du peuple palestinien de choisir ses représentants. Ce droit est signifié, dans le plan, comme une hypothèse au cas où l’Autorité palestinienne serait réformée selon les desiderata d’Israël. C’est une nouvelle version des mandats coloniaux de l’entre-deux-guerres. »

« Une guerre coloniale »

Gilbert Achcar est revenu sur l’histoire de la région et sur les origines du conflit, à savoir la Nakba. En 1948, 80 % des Palestiniens ont fui mais n’ont jamais pu revenir chez eux. Et quatre cents villages ont été détruits. Il s’agit bien d’une « guerre coloniale », a souligné l’intellectuel marxiste libanais. Et de pointer les discours tenus au sein du gouvernement israélien, avec « d’un côté, les civilisés et de l’autre, les barbares ». « Nous combattons des animaux humains », a d’ailleurs déclaré le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant.

Selon Gilbert Achcar, le 7 octobre était un mauvais calcul du Hamas, qui a permis la catastrophe que l’on connait aujourd’hui. Mais l’action d’Israel n’a plus rien à voir avec de l’auto-défense.

Le 7 octobre est ainsi devenu un prétexte pour poursuivre l’objectif de la droite israélienne dont la finalité est une opération ethnique, c’est-à-dire chasser les Palestiniens de Gaza mais aussi de Cisjordanie.

Dans la lutte anti-coloniale que mènent les Palestiniens depuis des décennies, il y a eu des « bourdes », a reconnu l’universitaire de 74 ans, à propos de l’attaque du 7 octobre 2023. Néanmoins, dans la guerre que mène Israël au peuple palestinien, il est évident que la supériorité miliaire est immense. Israël est mille fois plus armé que les Palestiniens. C’est la condition de la proportionnalité qui indique quand vous sortez du cadre du droit. Il s’agit alors d’un génocide, c’est une destruction massive.

« Les peuples colonisés se libèrent (…) par les mobilisations de masse des peuples eux-mêmes et par la solidarité des peuples d’autres pays. »

Gilbert Achcar

Poursuivant son exposé à la tribune, le militant libanais a évoqué plusieurs épisodes importants. La première intifada, en 1987, résistance et vraie lutte populaire. L’OLP s’en est saisie et a proclamé l’indépendance de l’État palestinien un an plus tard. Un long processus qui a abouti sur les accords d’Oslo, en 1993. Puis la seconde intifada, lutte armée qui a conduit, en 2001, à l’arrivée au poste de Premier ministre d’Ariel Sharon. Lequel avait allumé l’incendie par sa visite sur l’esplanade des Mosquées, en tant que chef de l’opposition israélienne.

Pour Gilbert Achcar, « les peuples colonisés ne se libèrent pas par les luttes armées qui sont souvent faibles par rapport à l’occupant mais par les mobilisations de masse des peuples eux-mêmes et par la solidarité des peuples d’autres pays ». Il a également commenté la création du Hamas, mouvement issu des Frères musulmans, favorisé alors par Israël qui s’en sert comme d’un repoussoir — et qui y voyait, à l’époque, un contrepoids aux organisations composant l’OLP (Fatah, FPLP, FDLP…).

Dans la salle, avant le coup d’envoi de la conférence-débat. © Michel Szempruch

Le chercheur a en outre apporté un éclairage sur le soutien américain à Israël ainsi que sur les intérêts commerciaux des États-Unis et — plus personnellement — de Donald Trump avec les monarchies pétrolières du Golfe. Revenant sur les chiffres du génocide de Gaza, il a enfin insisté sur un élément lourdement incriminant pour le gouvernement israélien : sur les 70 000 victimes directes, 70 % sont des femmes et des enfants. Et parmi les 30 % restants, une petite partie seulement représente des combattants — lesquels sont pour la plupart dans des galeries souterraines.

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Publié le 08.12.2025 à 16:39

Pierre-Jean Crespeau

Cette soirée du 4 décembre, organisée dans la salle Cascade, à Crolles, est l’aboutissement d’un processus de co-construction initié par les élus du mandat actuel et des précédents, auxquels se joignent des personnes prêtes à s’engager et des compagnons de route. Depuis 2020, les élus de l’opposition n’ont cessé de s’investir dans la vie de la commune, de porter leurs propositions et d’exprimer leurs points de vue. Chaque personne a ainsi apporté sa pierre à une dynamique qui prend forme et qui, peut-être, gagnera en mars prochain.

Edwige Infanti, du Grenoble Alpes collectif (GAC), et Nicolas Bourdeaud, de Fréquence commune, coopérative soutenant les listes et communes participatives, étaient invités à s’exprimer devant les militants crollois.

Pour le déroulé de la présentation, le collectif Crolles 2026 a invité Nicolas Bourdeaud, de Fréquence commune, une coopérative qui accompagne les listes et mairies participatives depuis 2019, aux côtés d’Edwige Infanti, militante du Grenoble Alpes collectif (GAC). L’annonce est enfin faite, Adelin Javet est désigné tête de liste par le collectif !

« La solidarité, l’écologie et la participation citoyenne sont les trois piliers de notre projet. Ils ne sont pas négociables car ils sont interdépendants. »

Adelin Javet, tête de liste de Crolles 2026

Crolles 2026, explique le candidat, s’inscrit dans la ligne directe du collectif précédent, Crolles 2020, qui avait présenté une liste citoyenne et participative lors des dernière élections municipales. En tête au premier tour, celle-ci s’était inclinée de 135 voix. Adelin Javet rappelle d’ailleurs qu’au second tour, le Parti socialiste avait retiré l’investiture du maire sortant, Philippe Lorimier, à la suite de la fusion de sa liste avec celle de droite.

Adelin Javet, conseiller municipal d’opposition de Crolles 2020, mènera la liste Crolles 2026 en mars prochain.

« La solidarité, l’écologie et la participation citoyenne sont les trois piliers de notre projet, souligne la tête de liste. Ils ne sont pas négociables car ils sont interdépendants. Nous ne pourrons pas avoir un Crolles plus vert sans l’intelligence collective de ses habitants, ni une ville plus solidaire sans une gestion sobre et responsable de nos ressources. »

Et Adelin Javet de poursuivre : « Notre liste propose un changement de méthode et de cap pour que Crolles devienne un modèle de démocratie locale, écologique et humaine. Rejoindre et voter pour notre liste, c’est choisir un Crolles où personne n’est laissé pour compte, une ville où l’expérience des uns fait la force et l’avenir des autres. Les meilleures idées sont chez vous. Nous ne décidons plus pour vous, nous décidons avec vous », assène-t-il.

Avec Crolles 2026, une autre manière de faire

Un travail collectif a été effectué jusqu’à la présentation des résultats du questionnaire, initiée par Stéphane Giret qui nous dresse le portrait des répondants. Ensuite, un état des lieux de Pierre-Jean Crespeau et Claire Quinette-Mourat exposant à la fois les atouts de Crolles — une ville agréable à vivre — mais aussi les motifs de critiques.

Le public a pu découvrir les différentes propositions soumises et portées par Crolles 2026.

Françoise Lejeune a quant à elle développé les priorités qui sont ressorties du questionnaire concernant l’adaptation au climat et la végétalisation. Les thèmes de la mobilité et de la sécurité ont, eux, été pris en main par Adrien Edouardo Pedone, conscient des préoccupations des Crollois. Enfin, Solenn Gouasdoué a expliqué la démarche participative du collectif, alimentée elle-même par le questionnaire. C’est une autre manière de faire que propose et applique déjà Crolles 2026.

Avant de profiter du pot convivial, la trentaine de personnes présentes ont participé à la priorisation des propositions réparties au travers des trois axes de campagne : vivre ensemble, prendre soin, préparer l’avenir. Le principe ? C’est David Roux qui le détaille : chaque personne reçoit onze gommettes à coller devant les propositions qu’elle souhaite mettre en avant, dans la limite de trois par proposition.

Les participants étaient conviés à sélectionner leurs propositions favorites au moyen de gommettes de couleur.

Certes, la période est moins propice à la participation qu’en 2020, et le collectif cherche encore des volontaires — en particulier des femmes. Néanmoins, quand on porte fièrement des valeurs de gauche, celles-ci ne se bradent pas au profit d’une alliance opportuniste avec la droite ou l’extrême droite. À bon entendeur…

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Publié le 06.12.2025 à 19:36

Travailleur Alpin

Michel Barrionuevo se pince, pour y croire. Puis il raconte. « Mardi 2 décembre 2025, j’ai vécu une humiliation comme si j’avais été un criminel ».

Michel Barrionuevo est candidat à la prochaine élection municipale de Sassenage. Il est donc en campagne. Pour réaliser les documents qui seront remis aux électeurs, il a besoin de photos de la commune. « Je suis allé [] prendre quelques photos de bâtiments publics de la ville de Sassenage : château des Blondes, façade de la police municipale » et du groupe scolaire Vercors, le bâtiment de l’école primaire,la cour de l’école maternelleainsi que celle de l’école primaire étant toutes deux désertes à cette heure-là.

C’est là que ça devient… curieux. « Le chef de la police municipale de Sassenage m’a interpelé pour me demander si j’avais pris des photos, je lui ai répondu par l’affirmative. Et là alors que j’avançais vers lui, quelle ne fut ma surprise d’entendre cet agent municipal, mettant la main sur la crosse de son arme, me dire : ‘n’avancez pas, restez où vous êtes !’»

Michel Barrionuevo se fait connaître, pensant calmer le jeu.Il explique qu’il photographie des murs, visibles de la voie publique, pour illustrer des documents de campagne électorale. La suite est carrément ubuesque. « Il est interdit de prendre des images des bâtiments publics, donnez-moi votre pièce d’identité », assène sans rire le gradé de la police municipale – ignorant par ailleurs les règles en vigueur sur la durée de validité des cartes d’identité.

La photo « interdite », selon un agent municipal semble-t-il très mal informé.

Chacun sait que la loi précise le droit à l’image des personnes. Et non des immeubles. Des personnes et plus particulièrement des enfants. Des enfants, en l’occurrence, il n’y en avait pas.

Michel Barrionuevo s’est adressé au maire de Sassenage pour s’inquiéter du comportement de certains de ses policiers municipaux. Lequel lui a répondu qu’il ferait le point avec ces agents.

« Suite à ce que j’appelle un grave incident, mon témoignage sur les réseaux sociaux a délié les langues et de très nombreuses personnes dénoncent ces attitudes de cow-boy. J’ai reçu un peu plus d’une centaine de messages de soutien, je dois dire que ça fait du bien », conclut Michel Barrionuevo.

La relation de cet incident par sa victime figure sur le site sassenage.net.

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