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Le Travailleur Alpin

 

Journal de la Fédération de l'Isère du Parti Communiste Français

Publié le 15.10.2025 à 23:46

Manuel Pavard

L’opération est inédite à Grenoble, tant par son ampleur que par les moyens mobilisés, selon la police et le parquet. Environ 400 policiers se sont déployés dès 6 heures du matin à Mistral, ce mercredi 15 octobre, bouclant tout le quartier et coupant totalement la circulation sur l’avenue Rhin-et-Danube. Parmi eux, « 85 enquêteurs de police judiciaire, 300 effectifs de voie publique, deux compagnies de CRS en renfort, des services de la police aux frontières, des douanes et des agents de la préfecture », détaille la préfète de l’Isère Catherine Séguin.

« Une opération atypique car non attachée à un dossier particulier », explique le procureur de la République de Grenoble Étienne Manteaux. Une enquête préliminaire a ainsi été ouverte, en s’appuyant sur un constat : « L’immeuble du 74 avenue Rhin-et-Danube était identifié comme une place forte du deal mais on avait du mal à faire bouger les lignes », avoue le magistrat. Car après chaque intervention policière, « le deal reprenait ».

Vingt-quatre appartements vacants aux portes soudées

L’immeuble a donc été spécifiquement ciblé par les services de police judiciaire et administrative, qui ont travaillé main dans la main. Sur les 64 appartements du bâtiment, « le juge des libertés et de la détention a autorisé des perquisitions dans 24 appartements ciblés comme étant en lien [NDLR : direct ou indirect] avec le narcotrafic », précise le procureur.

Après le procureur de la République Étienne Manteaux, la préfète Catherine Séguin a expliqué les objectifs de l’État.

Des vérifications ont également été effectuées dans 24 autres appartements vacants, pour s’assurer qu’ils ne soient pas occupés par des dealers. Mais là, surprise ! Les agents, qui s’attendaient à trouver des lieux « nourrice », découvrent « des portes soudées, scellées par les trafiquants » dans les 24 logements, raconte la préfète. « On a dû intervenir à la disqueuse pour rouvrir les portes », ajoute-t-elle. Pour Étienne Manteaux, le but des dealers était de « neutraliser les appartements » et ainsi éviter que des policiers s’y installent en planque, par exemple.

Il restait 16 appartements — pour lesquels il n’existait pas d’indices compromettants — où des chiens de détection sont allés renifler au pied des portes. « Les chiens n’ont marqué sur aucun de ces appartements et il a été demandé aux habitants de ces 16 logements d’accepter des perquisitions », indique le procureur. Quinze d’entre eux y ont consenti, « ce qui nous a permis, à un appartement près, d’avoir une vision exhaustive de la situation dans cet immeuble », se félicite-t-il.

« La police entre dans tous les quartiers »

Bilan : entre mardi soir — une intervention avait déjà eu lieu la veille — et mercredi midi, dix kilos de résine de cannabis et une centaine de pochons de cocaïne, cannabis et MDMA ont été saisis ainsi que 10 000 euros en liquide, une arme de catégorie B et des munitions. Sans oublier quatre interpellations.

Mais pour Catherine Séguin, l’opération visait également à adresser « plusieurs messages : envoyer un signal aux habitants et se réapproprier l’espace public. » Et la préfète de lancer : « Nous ne lâcherons pas cet objectif de reconquête républicaine. » Jérôme Chappa, directeur interdépartemental de la police nationale (DIPN), acquiesce : « On montre qu’il n’y a pas de zones de non-droit à Grenoble et que la police entre dans tous les quartiers. »

L’opération, encore en cours ce mercredi soir, doit se prolonger sur deux jours et demi, donc jusqu’au vendredi 17 octobre. Après une première phase ayant « ciblé un immeuble complet », au 74 avenue Rhin-et-Danube, avec 63 appartements visités et fouillés, les forces de l’ordre vont dans un second temps, annonce la préfète, « élargir à d’autres secteurs du quartier Mistral ».

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Publié le 15.10.2025 à 16:15

Pierre-Jean Crespeau

Le Travailleur alpin — Dans quel contexte pour Teisseire a débuté ce mouvement de grève reconductible ?

Florent Duc — Pour faire l’historique, tout a commencé il y a quatre ans avec le plan d’externalisation des volumes. Plan qui était en lien avec un plan d’investissements. Du coup, on a perdu tous les volumes export que notre direction a envoyés à la Slaur, au Havre, en sous-traitance. Ce qui représente 20 millions de litres. Quant aux promesses d’investissements, il y avait deux équipements. Une ligne de fabrication qui n’a jamais marché, qui est à l’arrêt et qu’on a abandonnée. Et une sous-tireuse qu’on n’a jamais vue sur le site. L’investissement apparaît donc sur les comptes mais on ne profite pas de l’équipement.

Selon la direction de l’époque, ce plan d’externalisation devait nous permettre de faire de la place dans l’usine, pour récupérer de nouveaux volumes et la remplir. Car la direction nous disait qu’avec les volumes qu’on allait récupérer, l’usine allait devenir trop petite.

Comment cela s’est-il passé ensuite ?

Suite à ça, il y a un an, on a encore eu une perte de volumes concernant les marques distributeurs. On est arrivé à 40 millions de litres cette année alors qu’on tournait, pour info, à 90 millions de litres il y a cinq-six ans. Soit des volumes divisés par deux, et même un petit peu plus. Conséquence, qui dit moins de volumes dit augmentation du coût de production… Et donc plus compliqué pour obtenir de nouveaux volumes. Un cercle vicieux !

Comment se justifie la direction ?

La direction nous parle uniquement de plan marketing. C’est vrai que le budget marketing a été rehaussé, mais toujours pas au niveau des objectifs annoncés du groupe. En tout cas, elle mise tout — officiellement — sur ce plan marketing qui nous ramènerait des volumes… Mais qui, en réalité, nous a ramené, zéro en parts de marché, donc zéro en volume. En clair, la solution n’est pas ici.

En fait, ça fait deux ans que l’entreprise vit sur les royalties de sa production export. Et cette année, on nous annonce une perte de plus de quatre millions. Donc on demande à la direction de revoir les choix du passé vu qu’il s’est passé tout l’inverse de ce qui devait découler de ces choix.

Les salariés et la CGT appellent à un rassemblement devant le site, jeudi 16 octobre, pour les soutenir avant le CSE.

Que craignez-vous maintenant ?

Aujourd’hui, on est très inquiets pour la pérennité du site. Systématiquement, on demande le rapatriement des volumes parce que c’est le nerf de la guerre et c’est l’urgence pour retrouver de la rentabilité sur le site de Crolles. Choix que la direction ne souhaite pas. De leur côté, c’est une fin de non-recevoir. Ils se focalisent et s’entêtent sur ce plan marketing qui ne ramène pourtant aucun volume.

Nous, ce qu’on leur demande, c’est le rapatriement des volumes sous-traités, du moins des volumes sirops. Car il faut savoir que Teisseire est aussi propriétaire de Pressade et toute la production Pressade est sous-traitée. On a également Fruit Shoot, production qui est là encore entièrement sous-traitée. Donc des volumes pour remplir le site de Crolles, il y en aurait. Ce n’est qu’une question de choix stratégiques.

Que répond la direction à votre demande ?

La direction refuse tous ces choix et ne nous propose pas de solutions viables. Résultat des courses, depuis jeudi dernier, les salariés de l’usine sont en grève reconductible, rejoints hier [NDLR : lundi 13 octobre] par quelques dizaines de salariés du siège qui commencent à voir que ça devient inquiétant.

Ces derniers mois, on a en plus appris un nouveau projet de la direction dont on ne comprend pas vraiment la finalité : la vente de notre stock de matières premières. On nous a expliqué qu’on allait conserver trois mois de stock de matières premières sur le site et que tout ce qui dépasse trois mois de stock, on le vendrait à une entreprise de trading de matières premières. Avant de récupérer son montant pour le racheter plus tard. Honnêtement, on a du mal avec les explications. Le but de cette opération est assez flou. Au vu de la situation de l’entreprise, on commence à se demander si ce stock qui part reviendra. Parce qu’il faut savoir qu’on a été convoqués à un ordre du jour jeudi dernier : ordre du jour du CSE, réunion qui se tiendra ce jeudi.

Quelle est la finalité de ce CSE extraordinaire, selon vous ?

À l’ordre du jour de ce CSE, il y a un point sur l’activité du site. Le CSE est une instance qui est assez cadrée. L’ordre du jour sert également à échanger sur les points en cas d’incompréhension d’une des deux parties. L’autre partie se doit d’expliquer son point pour qu’il y ait une compréhension totale de l’ordre du jour. Mais il existe quelques cas où la direction ne doit pas expliquer le point, voire où il y a une interdiction de communiquer. C’est ce que m’a dit la DRH quand j’ai demandé des éclaircissements. Or, le cas qui interdit la communication, c’est une cession d’entreprise car on est des entreprises cotées en bourse et il y a priorité au marché. On s’inquiète donc fortement de ce cas-là.

À quelle autre possibilité pensez-vous ?

Un autre cas qui n’est pas une interdiction pour les directions, mais plutôt un usage, c’est un PSE. En tout cas, sur notre précédent PSE, c’est comme ça que ça s’était passé. La direction ne communique pas sur le point, nous convoque à un CSE extraordinaire et on commence par ce qu’ils appellent une réunion zéro où on nous donne les documents. Et puis, le PSE démarre par la suite.

Aujourd’hui, au vu de la santé de l’entreprise ces dernières années, au vu des choix de la direction qui sont au désavantage du site de Crolles, ça fait quelques mois qu’on tire la sonnette d’alarme. Ce rendez-vous à un CSE extraordinaire nous inquiète fortement et nombreux sont les salariés qui attendent une annonce grave, violente, ce jeudi. À quel niveau ? On aura la surprise. Mais c’est vrai que la situation n’est pas rassurante. Chaque salarié se dit qu’il est temps de se mobiliser pour inverser la tendance.

Rassemblement de soutien devant Teisseire

Les salariés de Teisseire sonnent la mobilisation et appellent à un rassemblement de soutien avant le CSE extraordinaire. Rendez-vous ce jeudi 16 octobre, à 9 heures, devant l’usine Teisseire, 482 avenue Ambroise-Croizat, à Crolles.

Cet article Crolles. Les salariés de Teisseire, en grève, craignent « une annonce grave » est apparu en premier sur Travailleur alpin.


Publié le 15.10.2025 à 15:35

Luc Renaud

 Notre salaire, c’est ce qui finance la Sécurité sociale. La part comprise entre notre salaire net et notre salaire brut. Et ce que l’on appelle les « cotisations patronales » ne sort pas de la poche des chefs d’entreprise : c’est une partie de la richesse créée dans l’entreprise. Autrement dit, la Sécurité sociale est financée par le travail et elle appartient aux salariés et non à l’État.

C’est l’une des conclusions qui ressortait du débat organisé le samedi 11 octobre à Saint-Martin‑d’Hères par la Société des lectrices et lecteurs de l’Humanité. La rencontre animée par Michel Cialdella, ancien administrateur de la Sécurité sociale ; Emmanuel Borot, ancien médecin conseil de la Sécurité sociale ; et Marc Eybert-Guillon, syndicaliste CGT de la santé ; portait sur le thème « 1945–2025 la Sécurité sociale, un acquis à défendre pour notre santé et nos retraites ».

Un débat animé par Emmanuel Borot, Alain Boussard, Marc Eybert Guillon et Michel Cialdella.

A sa création il y a 80 ans, en 1945, par le ministre communiste Ambroise Croizat, elle avait été conçue sur les bases du programme du Conseil national de la résistance avec une idée majeure : la solidarité face à la maladie et à l’âge.

Principe attaqué par la droite et le patronat depuis des décennies. Avec une volonté, le transfert aux assurances privées pour la couverture des soins et aux fonds de pension pour les retraites. Et comme moyens l’organisation de l’asphyxie du système de santé, des hôpitaux notamment, et la baisse des remboursements de sorte que la Sécurité sociale puisse être considérée comme défaillante. « Substituer à la logique collective et solidaire la logique assurantielle avec l’objectif de transférer au privé l’ensemble du système de soins », disait Emmanuel Borot. La retraite par capitalisation en est une illustration : « cela revient à jouer votre retraite en bourse », notait-il tandis que Marc Eybert Guillon précisait que « les fonds de pension qui gèrent cette capitalisation essorent des entreprises pour mettre des salariés aux chômage ; bilan : des retraites aléatoires et des entreprises liquidées ».

La salle Fernand Texier avait fait le plein.

Un autre volet de l’attaque contre la Sécurité sociale émane des grands groupes industriels, de la pharmacie comme des dispositifs médicaux. « Nous sommes soumis aux diktats des grands laboratoires pharmaceutiques qui fixent le prix des médicaments comme des industriels qui imposent leurs matériels aux hôpitaux et aux praticiens », soulignait Marc Eybert Guillon. Ce que démontre l’expérience conduite sous l’égide du syndicat CGT de Thales, à Moirans, avec Axel, un accélérateur industriel sous statut coopératif.

Des mises en cause de la solidarité qui, si l’on peut dire, obtiennent des résultats. La mortalité infantile en France est supérieure à la moyenne des pays développées et elle est en hausse ces dernières années. L’espérance de vie en bonne santé stagne.

Une large partie du débat était également consacrée aux propositions.

Pour Michel Cialdella, il faut remettre en cause la gestion de la Sécurité sociale. « Elle nous appartient et elle doit être gérée par des représentants des salariés, par des élus sur listes syndicales. » C’était le cas à la création de la Sécu et les élections ont été supprimées par les ordonnances Jeanneney en 1967, rétablies en 1983 sous la présidence de Mitterrand puis à nouveau supprimée en 1996 par la droite et le gouvernement Juppé.

Le débat s’est poursuivi dans la salle.

Emmanuel Borot appelle quant à lui à « une politique de santé publique dans laquelle la Sécurité sociale pourrait jouer un rôle essentiel ». Maintenir la population en bonne santé par des politiques de prévention – on pense par exemple aux Comité d’hygiène et sécurité et des conditions de travail supprimés par Emmanuel Macron – plutôt que s’en tenir à une médecine du soin, qui intervient une fois la pathologie diagnostiquée.

Marc Eybert Guillon intervient pour sa part sur la modernisation du financement. « Mettre à contribution une partie des revenus financiers permettrait de faire face à la nécessaire augmentation des dépenses de santé quand la population vieillit », constate-t-il. La perspective, aussi, c’est celle du développement des centres de santé, avec une médecine salariée et non plus rémunérée à l’acte, pour développer la prévention et aussi lutter contre les dépassements d’honoraires.

David Queiros, maire et conseiller départemental de Saint-Martin-d’Hères, est intervenu dans le débat.

David Queiros, maire de Saint-Martin‑d’Hères et conseiller départemental est intervenu en conclusion du débat pour souligner l’engagement de la ville à faire vivre la mémoire de la création de la Sécurité sociale et des luttes pour la défendre comme un outil majeur de l’amélioration des conditions de vie des travailleurs.

Il était temps de passer à table pour un banquet républicain qui a réuni 123 convives autour d’un menu concocté maison par d’infatigables militants. Et qui s’est alangui sous les frais ombrages de l’espace Fernand Texier. Pour la bonne cause : les bénéfices de l’initiative ont été reversés à l’Humanité.

Cet article Saint-Martin‑d’Hères. La santé pour tous avec une Sécurité sociale d’aujourd’hui est apparu en premier sur Travailleur alpin.


Publié le 14.10.2025 à 14:00

Manuel Pavard

Alan Confesson suspendu de LFI (mise à jour 15/10/2025)

Lui s’attendait à une exclusion pure et simple. C’est finalement une suspension qu’a prononcée le Comité de respect des principes de la France insoumise, mardi 14 octobre, à l’encontre d’Alan Confesson, en réaction à son ralliement à la liste de Laurence Ruffin.

Comme pour Émilie Marche, deux semaines plus tôt, « un simple mail aura suffi » pour entériner la sanction, ironise l’élu grenoblois ce mardi soir. L’instance de LFI indique, dans ce mail, avoir décidé de suspendre Alan Confesson « au moins jusqu’à la fin des élections municipales 2026 ». Par ailleurs, le comité « demandera la suppression de [son] groupe d’action au pôle des groupes d’action ».

[Encadré ajouté mercredi 15 octobre à 14h57]

« J’annonce aujourd’hui mon ralliement à la liste d’union de la gauche écologiste conduite par Laurence Ruffin. J’y figurerai en tant que candidat insoumis historique et unitaire, fidèle à son histoire, à son parcours. Ma loyauté va à Grenoble avant tout. » Cette annonce, Alan Confesson le sait, fera parler. Car l’homme est à la fois un historique de la majorité municipale, adjoint au maire depuis la première élection d’Éric Piolle en 2014, et de la France insoumise, militant du mouvement depuis sa création. Deux casquettes qu’il a cumulées tout au long de ces années.

Mais le choix du comité électoral national de LFI de présenter une liste autonome emmenée par Allan Brunon a constitué la goutte d’eau. Alors, après les vives critiques de la conseillère régionale Émilie Marche — suspendue le soir même -, après les doutes affichés par plusieurs militants insoumis grenoblois, Alan Confesson s’est résolu à son tour à s’exprimer publiquement, ce lundi 13 octobre. Sans langue de bois.

Une décision « extrêmement grave » et « irresponsable »

Impossible en effet pour lui de s’associer « à une démarche aussi nuisible et mortifère. Si LFI, à Grenoble, a décidé de renoncer à la loyauté à ses engagements, ce ne sera pas mon cas », assène-t-il. Pour l’élu municipal, poursuivre l’expérience grenobloise d’union de la gauche en 2026 semblait « naturel ». « Pourtant le mouvement politique auquel j’appartiens, LFI, vient de prendre la décision extrêmement grave de rompre cette alliance, de manière brutale et irresponsable, pour aucun motif sérieux », déplore-t-il.

Laurence Ruffin lors de sa première conférence de presse comme tête de liste, aux côtés de militantes de divers partis de gauche mais sans LFI.

Alan Confesson a des mots très durs pour la France insoumise comme pour sa tête de liste. Allan Brunon « qui n’est pas de Grenoble, qui ne connaît pas notre ville, dont personne ne peut penser sérieusement qu’il peut être maire et qui se désintéresse totalement des dossiers locaux », dénonce-t-il. Un candidat qui aura pour stratégie « d’insulter à peu près tous ses concurrents en permanence, d’instruire des procès en trahison aux uns et aux autres ». Le tout, sans « aucun lien avec les problématiques municipales ou métropolitaines ».

« LFI s’apprête à mener une campagne dans une logique purement identitaire et sectaire. (…) Tout, en tout temps et en tout lieu, doit être mis au service de l’ambition présidentielle de Jean-Luc Mélenchon. »

Alan Confesson

Allan Brunon, d’ailleurs, ne s’en cache pas, souligne Alan Confesson. Et « pour cause, il a d’autres ambitions en tête. LFI s’apprête à mener une campagne dans une logique purement identitaire et sectaire. Avec à la clé un seul but, totalement décorrélé de Grenoble : renforcer les groupes d’actions insoumis pour être prêts en vue de la prochaine élection présidentielle. » De fait, aujourd’hui, à la France insoumise, s’insurge l’adjoint, « tout, en tout temps et en tout lieu, doit être mis au service de l’ambition présidentielle de Jean-Luc Mélenchon ».

Cette ligne, assumée de plus en plus ouvertement par LFI, a fini par provoquer des remous en interne. Ainsi, « les insoumis les plus unitaires ou plus simplement les plus constructifs ont fini par déserter des réunions atterrantes de médiocrité dans les arguments employés. De cinquante à la première assemblée municipale, les insoumis n’étaient plus qu’une vingtaine à celle qui a intronisé Allan Brunon tête de liste », constate Alan Confesson, dépité.

Alan Confesson se dit fidèle à son parcours en choisissant l’union de la gauche et non une démarche « sectaire ».

De même, aucun élu LFI de la majorité municipale n’était présent à la conférence de presse organisée le 19 septembre, à la Villeneuve, pour annoncer la candidature d’Allan Brunon. Tout simplement car Laura Pfister et Alan Confesson n’ont « pas été invités », affirme ce dernier. « M. Brunon a déclaré ensuite qu’un processus était en cours pour nous intégrer dans la liste, je n’en ai jamais vu la couleur, ajoute-t-il. Je ne pense pas qu’ils souhaitent avoir les élus sortants sur leur liste de toute façon. »

« Violence systémique »

Conséquence, « cette future liste insoumise sera constituée des éléments les sectaires et les plus vindicatifs de LFI », regrette le maire adjoint du secteur 2. Lequel fustige « un mouvement de masse réduit localement à une échelle groupusculaire tant la violence systémique qui guide l’action de ses actuels dirigeants a pu dégouter celles et ceux qui venaient en quête d’un engagement sincère pour des radicalités concrètes ».

Alan Confesson craint-il maintenant le retour de bâton de la part des instances insoumises ? Le précédent avec Émilie Marche n’incite guère à l’optimisme de ce côté. « Je n’ai aucun doute, reconnaît-il. Je pense même que je serai directement exclu. Mais c’est la manière de fonctionner de la France insoumise. »

L’élue régionale Émilie Marche avait déjà tiré à boulets rouges sur la décision de LFI le 1er octobre, avant de se faire suspendre dans la foulée.

L’élu grenoblois pointe ainsi l’atmosphère régnant au sein du mouvement, citant « des insultes systématiques, des cas de harcèlement à caractère sexiste et sexuel qui sont en cours de traitement. Il y a aussi un cas d’un militant qui a été double adhérent à Europe Écologie les Verts [et LFI] pendant plusieurs mois. Aucun retour du comité de respect des principes sur ces questions. »

En revanche, poursuit Alan Confesson, « quand vous prenez position dans une élection sur un sujet qui n’est pas conforme à la ligne de la France insoumise, vous êtes exclu séance tenante, par le biais d’un mail. Vous n’êtes même pas auditionné, vous n’avez pas la possibilité de vous défendre », s’indigne-t-il.

La main tendue aux insoumis « de bonne foi »

Que pense-t-il du choix d’Élisa Martin de soutenir cette liste autonome ? Une « vieille amie » dont il a partagé de nombreux combats, au conseil municipal mais aussi en étant son directeur de campagne lors des législatives 2022. Il juge donc la démarche de la députée de l’Isère « en contradiction avec l’engagement qu’elle a eu en 2014 et en 2020. Le bilan des municipalités Piolle est aussi le bilan d’Élisa Martin. (…) Toute son histoire, c’est d’être dans des unions à gauche », rappelle l’adjoint au commerce, qui « ne comprend pas » ce positionnement.

Pour Alan Confesson, Élisa Martin devrait être à ses côtés, tout comme une grande partie des militants LFI auxquels il tend désormais la main : « J’appelle toutes les insoumises et insoumis qui veulent y contribuer de bonne foi à nous rejoindre. » Et de conclure : « Notre sensibilité à toute sa place dans une majorité municipale que nous avons contribué à façonner au fil des ans. Nous sommes fiers de notre histoire, il est temps de l’assumer. »

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Publié le 13.10.2025 à 12:36

Didier Gosselin

À l’initiative de l’union locale CGT de la Tour-du-Pin, et avec l’appui des UL de Bourgoin-Jallieu et d’Annecy, des militant·es se sont donné rendez-vous pour une distribution massive de tracts, ce samedi 11 octobre au matin, à Aoste, en direction des élu·es venu·es assister au congrès des maires de l’Isère.

Pour le syndicat CGT il s’agissait notamment de rappeler la réalité que subissent les populations dans les communes rurales et périurbaines avec « la fermeture, l’éloignement ou les suppressions du service des bureaux de poste, gare, trésorerie, hôpitaux de proximité ». Et le tract de rappeler, commune par commune, la mise à mal des services publics de base, avec la désertification médicale mais aussi l’éloignement des gares routières, le manque de transports de proximité, le manque de pistes cyclables, les fermetures ponctuelles des urgences à Pont-de-Beauvoisin et Bourgoin-Jallieu, ou la fermeture des derniers bureaux de poste à Saint-Genix ou Les Avenières-Veyrins-Thuellin.

Les militants CGT ont distribué des tracts aux élus assistant au congrès des maires de l’Isère, à Aoste.

Environ 5 milliards en moins pour les collectivités territoriales

Autant de choix politiques effectués au détriment de l’égalité républicaine et à mettre en regard de la hausse des coûts pour les collectivités locales étranglées par les baisses de dotations et la logique d’austérité. Le projet de loi de finances 2026, avec les 40 milliards d’économies dans les dépenses publiques, « prévoit, selon la CGT, que l’État et ses opérateurs se retrouvent privés de 21,5 milliards, soit plus de la moitié des réductions de dépenses prévues ». Les collectivités territoriales notamment perdraient 5 milliards d’euros et la Sécurité sociale 14,8 milliards…

Le coût du capital plombe les finances publiques

La CGT revendique un réel investissement dans le service public de proximité et un financement juste des collectivités en compensant par exemple intégralement les transferts de compétences et en renforçant la péréquation. Pour le syndicat, aucun territoire ne doit se retrouver délaissé et ce « maillage territorial de services publics et d’infrastructures pour préparer l’avenir » s’inscrit dans un projet visant à « mettre le budget au service d’un plan stratégique de réindustrialisation du pays ».

Cette perspective ne deviendra opérationnelle qu’avec l’intervention des salarié·es et citoyen·nes pour mettre en place une réforme fiscale juste et mobiliser les moyens financiers énormes à disposition. Moyens actuellement gâchés par le capital et son coût exorbitant : aides publiques sans conditionnalité (211 milliards), exonérations de cotisations (100 milliards), intérêts aux crédits bancaires (204 milliards), optimisation ou fraude fiscale (90 milliards annuels), et bien sûr dividendes versés aux actionnaires (264 milliards en 2023 dont 100 pour les seules entreprises du CAC 40)…

Les associations en danger

Étaient également présents des représentants du collectif Alerte associations 38 dans le cadre d’une journée nationale d’action. En Isère, 260 000 bénévoles et 30 000 salarié·es animent 28 000 associations. Lesquelles contribuent pour 3,3% de la richesse produite dans le département, soit 1,5 milliards d’euros et pour 9% de l’emploi salarié. Les associations agissent dans les communes « au service de l’intérêt général, du bien commun, du respect mutuel, de l’éducation, de l’innovation et de la cohésion sociale » souligne le Collectif 38.

La dégradation de la situation des associations est due « à la baisse sans équivalent des financements publics de l’Etat et des collectivités :

  • En 15 ans la part des subventions a baissé de 41% dans les budgets des associations.
  • En 10 ans les subventions de l’Etat ont diminué de 45% et celles des collectivités de 25%.
  • En 2025 15% des missions de service civique ont été supprimées.
  • Le Pass Culture est réduit en 2025 et très menacé pour sa part collective en 2026.
  • Le Pass Sport (50 euros) n’est plus accessible pour les enfants de 6 à 13 ans ».

Le collectif Alerte associations 38 tire la sonnette d’alarme et souligne que « 50% des associations ont des difficultés de trésorerie », qu’un tiers d’entre elles ont été contraintes d’augmenter les tarifs d’accès aux activités et qu’un plan social silencieux de près de 250 suppressions d’emploi en Isère est en cours depuis le début de l’année 2025.

Cet article Congrès des maires de l’Isère. La CGT veut des moyens pour les communes et les services publics est apparu en premier sur Travailleur alpin.


Publié le 12.10.2025 à 02:01

Manuel Pavard

C’était il y a 80 ans. L’ordonnance du 11 octobre 1945 permettait à l’État de réquisitionner provisoirement des logements vides depuis au moins six mois, pour des sans-logis et des mal logé-es. C’est donc pour demander l’application de cette loi de réquisition que des action étaient organisées dans onze villes de France, ce samedi 11 octobre 2025, dans le cadre de la campagne nationale « Action réquisition ». À Grenoble, un rassemblement se tenait ainsi à partir de 15 heures dans le parc Paul-Mistral, derrière la mairie, à l’appel de plusieurs organisations : Apardap, Adali, Cisem, Cimade, FCPE, DAL, RESF, Unef, AG des travailleurs en lutte, Solidaires, inter-collectif des écoles occupées, intersyndicale « enfants migrant.es à l’école ».

Les représentants de différents collectifs, syndicats et associations ont pris la parole.

Une initiative visant à la fois les collectivités, les élus, les bailleurs sociaux et le grand public. Objectif : notamment « publiciser le fait que la réquisition n’est pas un vol », explique Garance, militante du DAL 38, précisant que « les propriétaires sont indemnisés ». Particularité ici, les manifestants « s’adressent au maire de Grenoble, qui a promis au printemps dernier d’appliquer la loi de réquisition et qui ne l’a toujours pas fait », rappelle-t-elle.

Environ 17 000 logements vides dans l’agglomération

Si Éric Piolle « ne semble pas avoir abandonné », d’après Garance, celle-ci attend « des actes » maintenant. « Il y a des promesses, on a l’impression qu’ils étudient le sujet, mais le problème, c’est qu’il y a des personnes derrière », souligne-t-elle. On compte en effet près de 4 000 personnes domiciliées au CCAS de Grenoble, sachant que tous les sans-logis ne sont pas recensés, loin de là. Et ce, pour quelque 17 000 logements vides dans la métropole de Grenoble, selon les estimations des associations.

Ces dernières tirent une énième fois la sonnette d’alarme, avec une angoisse décuplée à l’approche de l’hiver. Samia, également militante du DAL, décrit ainsi des profils très variés parmi les personnes se retrouvant à la rue : « Il y a des gens qui arrivent en fin de RSA, d’autres qui perdent leur travail, des familles avec des enfants, des personnes déboutées du droit d’asile… » Le tout, sans « aucune avancée » de la part des pouvoirs publics, déplore-t-elle.

Les associations appellent la population à repérer des logements vides et à les signaler.

Toutes deux regrettent que la réquisition soit trop souvent caricaturée alors qu’il s’agit seulement de la loi. Et puis, « les propriétaires ne sont pas perdants. Leur logement est même entretenu », insiste Samia. « C’est une mesure d’urgence, abonde Garance. On parle de trouble à l’ordre public lorsque des personnes dorment dehors. » Point assez ironique au regard de la situation à Grenoble — comme partout en France.

Déjà sept écoles occupées depuis la rentrée

Illustration, les occupations d’école par des parents d’élèves, afin de mettre à l’abri des familles avec enfants, ont repris de plus belle à Grenoble depuis septembre. « On a recommencé la rentrée avec déjà sept écoles occupées et plus d’une dizaine de familles mise à l’abri dès les premiers jours », indique Marie, membre de l’intersyndicale « enfants migrant.es à l’école » et représentante de l’inter-collectif des écoles occupées.

De nouveaux collectifs se créent ainsi sans cesse dans les écoles grenobloises. « Le point positif, c’est qu’il y a beaucoup de solidarité parmi les parents d’élèves et le personnel des écoles », se félicite la militante et enseignante. Problème, le nombre croissant de situations, avec « de moins en moins de places d’hébergement », ajoute-t-elle. « Par exemple, on constate que les familles en demande d’asile, qui avaient autrefois des propositions assez rapidement en Cada, restent aujourd’hui systématiquement à la rue durant des semaines, voire des mois. »

L’école Malherbe est, cette année encore, occupée par des parents d’élèves pour mettre à l’abri une famille.

Si la liaison avec la ville, malgré quelques couacs, existe toujours, du côté de la préfecture et du département, les sollicitations débouchent « à chaque fois sur une fin de non-recevoir », s’insurge Marie. « On va les relancer cette année car on estime que ce sont les véritables responsables de la situation, à la fois pour la protection de l’enfance qui n’est pas du tout assurée et pour l’hébergement qui n’est pas honoré non plus. »

« Les propriétaires sont indemnisés »

Pour Stéphane Dezalay, coprésident de la Cimade, la situation « empire, dans la mesure où la politique du logement est bloquée et même toute la pyramide. Les gens qui sont dans un hébergement d’urgence ne peuvent pas passer dans un logement normal. » D’où un choix très simple à faire, sans autre alternative : « On laisse les gens à la rue ou on regarde s’il y a un toit possible. Quand on voit des familles avec des enfants, des bébés de trois mois, à la rue, on n’hésite pas. C’est l’humanité minimum ! »

Comment expliquer alors l’enlisement, voire la dégradation actuelle ? Le blocage viendrait, estime Stéphane Dezalay, « d’un gouvernement de droite paralysé par le droit de la propriété. Ils fantasment complètement en disant qu’on va nous enlever nos biens… alors que la réquisition est légale et concerne des bâtiments vides et que les propriétaires sont indemnisés », rappelle-t-il à son tour.

Peser sur la campagne des municipales

Le responsable de la Cimade est par ailleurs plus indulgent avec la municipalité que ses camarades d’autres organisations. Il juge ainsi positif le travail de la mairie de Grenoble, qui doit cependant être « soutenu par les citoyens. C’est pour ça qu’on est là aujourd’hui », poursuit-il, appelant la population à se positionner en faveur de la réquisition.

Le contexte politique n’est pas non plus oublié par les manifestants. À cinq mois des élections municipales, les associations entendent en effet mettre la question du logement au cœur de la campagne. Avec une attention particulière aux positions et propositions des candidats — notamment de gauche — à ce sujet.

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Publié le 10.10.2025 à 13:06

daniel Oriol

Dans le cadre de la journée d’action syndicale CGT santé, une partie du personnel de la clinique des Côtes du Rhône, à Roussillon, a débrayé ce jeudi 9 octobre et tenu un piquet de grève, malgré la pression de la direction essayant d’empêcher le rassemblement.

Aline Caire, secrétaire du syndicat, rappelle les revendications : des conditions de travail dégradées pour tout le personnel — soignant comme administratif — de l’établissement, un manque de personnel, le non-remplacement en cas d’absence… Sans oublier la « cerise sur le gâteau » : aucune augmentation de salaire depuis plusieurs années !

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