Publié le 02.10.2025 à 19:36
Manuel Pavard
Nouvel épisode dans l’interminable saga judiciaire du Groupe hospitalier mutualiste (GHM) et du groupe Avec, repreneur de la clinique mutualiste grenobloise en 2020 — alors sous le nom de Doctegestio. Il s’agit cette fois des suites de l’information judiciaire ouverte en 2023 et ayant conduit à la mise en examen de l’ex-PDG Bernard Bensaid et de sa société. L’une des multiples procédures visant actuellement le sulfureux industriel.
Le procureur de la République de Grenoble Étienne Manteaux l’a annoncé ce jeudi 2 octobre, lors d’une conférence de presse : « Mardi, le parquet a remis au juge d’instruction un réquisitoire définitif aux fins de renvoi de M. Bensaid et de la société Avec devant le tribunal correctionnel. » Le tout sous deux qualifications différentes : le « détournement de fonds publics et privés » et la « prise illégale d’intérêts ».
Le parquet de Grenoble a également proposé une date d’audience, à savoir le 8 septembre 2026. Bernard Bensaid est en effet « déjà poursuivi dans le cadre d’une convocation en justice à cette audience », précise le magistrat. Et ce, pour des faits d’abus de bien social concernant la clinique de Chartreuse, à Voiron. Pour le reste, la balle est désormais dans le camp du juge d’instruction, « qui décidera des suites à donner à ce dossier à la lumière de notre réquisitoire définitif », indique Étienne Manteaux.
« Des fonds étaient prélevés dans des structures apparaissant plutôt en bonne santé financière, comme le GHM, pour renflouer les comptes de sociétés en difficulté. »
Étienne Manteaux, procureur de la République de GrenobleLe parquet a en tout cas considéré que les infractions étaient « largement constituées ». Pour le détournement de fonds, le procureur pointe ainsi une « confusion des patrimoines » de la part de Bernard Bensaid, auquel il est reproché d’avoir, dans le cadre de la gestion du GHM, transférer 8 millions d’euros à Doctocare. Une société sans salariés, qualifiée par la Métropole de Grenoble de « mutuelle de façade », qui avait « pour but de refinancer différentes cliniques également détenues par M. Bensaid » (dans l’Aube, dans la Manche, en Seine-et-Marne), explique Étienne Manteaux.
Autrement dit, traduit ce dernier, « des fonds étaient prélevés dans des structures apparaissant plutôt en bonne santé financière, comme le GHM, pour renflouer les comptes de sociétés en difficulté ». Des établissements qui se sont d’ailleurs tous retrouvés en redressement judiciaire, voire en liquidation pour certains.
Sur ces 8 millions d’euros, environ 1,6 millions ont pu être reversés, à la demande de la justice, au profit de la Mut’. Mais « il reste un trou estimé de 6,4 millions d’euros qui, compte tenu de la situation financière des sociétés (…), laisse très peu d’espoir que ces fonds soient reversés au GHM », affirme le procureur de la République.
Quant à la prise illégale d’intérêts, celle-ci est liée au contrat conclu par la clinique mutualiste avec Doctegestio (devenu depuis Avec) pour la fourniture de service support. Soit vingt-deux factures réglées par le GHM pour un montant total de 4,2 millions d’euros. Ciblée dès l’origine par le collectif des salariés et usagers, cette convention a été annulée par la cour d’appel de Grenoble en 2022, pour avoir été « conclue de manière tout à fait irrégulière », souligne le magistrat.
Bernard Bensaid a en outre fait l’objet de « saisies patrimoniales », poursuit-il. À savoir 700 000 euros prélevés sur ses comptes personnels, ainsi qu’un cautionnement de 500 000 euros dans le cadre de son contrôle judiciaire.
Quelles peines risque-t-il ? Bernard Bensaid encourt dix ans d’emprisonnement et un million d’euros d’amende pour le détournement de fonds, cinq ans d’emprisonnement et 500 000 euros d’amende pour la prise illégale d’intérêts. Pour le groupe Avec, les amendes encourues en tant que personne morale sont respectivement de 5 millions et 2,5 millions d’euros. L’ancien PDG a par ailleurs écopé d’une interdiction de gestion pour six ans, prononcée le 27 mai dernier par le tribunal correctionnel de Bobigny.
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Publié le 01.10.2025 à 12:52
Manuel Pavard
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Publié le 30.09.2025 à 20:51
Luc Renaud
La production de silicium en Europe est à l’arrêt. Parmi les usines concernées, celle des Clavaux, en basse vallée de la Romanche, ainsi que celles de Montricher en Savoie et d’Anglefort, dans l’Ain. Ces trois unités de production dépendent de Ferroglobe, un groupe américano-espagnol qui a racheté une partie de Pechiney électrométallurgie au groupe Alcan en 2005. Le site espagnol est également à l’arrêt.
Les 450 salariés de Ferroglobe France qui travaillent à la production en région Rhône-Alpes sont au chômage partiel depuis le 29 septembre pour trois mois, période renouvelable une fois. C’est dire que l’inquiétude est vive aux Clavaux, site qui emploie 150 salariés et autant d’emplois en sous-traitance ou en intérim. Le site avait déjà été menacé de fermeture en 2021 et n’avait dû son salut qu’à une vive mobilisation de la vallée et de ses élus.
Pour justifier cette décision qui concerne l’ensemble de ses sites européens, la direction de Ferroglobe met en avant la concurrence chinoise. Les droits de douane américains auraient conduit la Chine à inonder le marché européen du silicium à des prix très inférieurs aux coûts de production européens. Au premier trimestre 2025, la production française ne couvrait plus que 15 % de ses besoins, contre 30 % en 2019.
L’alliance des producteurs européens de ferro-alliage a demandé fin 2024 aux Etats concernés – France, Espagne, Allemagne, Pologne, Slovaquie – de solliciter des mesures de sauvegarde au niveau de l’Union européenne. Ces mesures sont été prises pour le ferro-silicium et le manganèse, mais refusées, le 31 juillet dernier, pour le silicium. Une cessation de la production en Europe laisserait la Chine seule maîtresse des prix du silicium au niveau mondial, les Etats-Unis protégeant leur industrie tout comme l’Australie et le Canada. L’Union européenne pourrait réexaminer le dossier du silicium métal dans le courant du mois de novembre.
La production de silicium est une industrie stratégique, matériau déclaré « critique et stratégique » par l’Union européenne en 2023. Le silicium métal est principalement utilisé dans les alliages d’aluminium – aéronautique, automobile, ferroviaire, armement…–, les cellules photovoltaïques, et l’industrie chimique, notamment pour la production de silicones.
Dans une déclaration du 24 septembre, la fédération communiste de Savoie souligne que cette décision intervient « trois ans après un plan social qui a déjà durement touché le salariés de Ferropem et alors même que le groupe vient de publier des résultats financiers en hausse (+ 26 % de chiffre d’affaires au deuxième trimestre 2025) » et un bénéfice de 22 millions d’euros.
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Publié le 30.09.2025 à 18:42
Manuel Pavard
Ce sera le troisième round de cette rentrée sociale explosive. Après la journée « Bloquons tout » du 10 septembre et la mobilisation interprofessionnelle du 18 septembre, les organisations syndicales ont décidé de reconduire une journée nationale d’action et de grève le 2 octobre. Une réponse à « l’échec de la consultation avec le Premier ministre Lecornu », indique l’intersyndicale de l’Isère (CGT, FSU, Solidaires, FO, CFDT, Unsa, CFE-CGC, CFTC, CNT) qui organisait une conférence de presse, ce mardi 30 septembre, à la bourse du travail de Grenoble.
« En Isère, on a déjà des boîtes qui sont en grève depuis un moment : Hexcel, Trédi, Legrand, Air Liquide… Mais aussi le Centre hospitalier Alpes Isère (NDLR : à Saint-Égrève) pour la fonction publique », détaille Léa Martinez-Comelli, secrétaire à la vie syndicale à la CGT Isère. Laquelle appelle à « maintenir la mobilisation, à se réunir dans les entreprises et administrations le 2 octobre et en amont du 2 ». Tout en se félicitant, comme l’ensemble des organisations, de « l’unité syndicale » qui persiste aussi bien en Isère qu’au niveau national.
La CGT souhaite également mettre « l’accent sur les 80 ans de la Sécurité sociale », précisent Léa Martinez-Comelli et le secrétaire départemental Nicolas Benoit, qui évoquent la Quinzaine de la sécurité sociale organisée en octobre par l’union locale Roussillon/Beaurepaire. L’une des nombreuses initiatives programmées au cours des prochaines semaines pour célébrer ce 80e anniversaire.
Le rappel de cet événement ne doit rien au hasard. Car « l’héritage de la Sécu, c’est notre héritage commun », souligne la représentante CGT. Et sa remise en cause par la droite et le patronat se situe dans un contexte global « d’accélération de la casse des conquis sociaux », ajoute-t-elle.
De manière générale, personne n’est dupe au sein des syndicats. Confronté à l’ultimatum intersyndical et à la pression populaire, « le gouvernement a reculé sur les deux jours fériés mais il ne rétropédale pas sur le reste », déplore Léa Martinez-Comelli. Gel des pensions de retraite, baisse des prestations sociales, suppression de postes dans la fonction publique… La plupart des mesures défendues par Sébastien Lecornu demeurent « inacceptables », dans la droite ligne de celles proposées par son prédécesseur à Matignon.
« Même s’il y a une diminution de moitié du projet tel qu’il était porté par Bayrou, ça restera un budget d’austérité », affirme ainsi Philippe Beaufort, secrétaire général de FO Isère, redoutant « les coupes sombres qui se profilent dans le service public ». Et de rappeler également l’indispensable « abrogation de la réforme des retraites », revendication partagée par l’ensemble des organisations syndicales.
Delphine Serra, représentante de Solidaires Isère, tire quant à elle à boulets rouges sur « l’énième réforme de l’assurance chômage » qui semble s’annoncer. Encore une fois, « ce sont les personnes qui ont déjà perdu des droits qui doivent payer ces budgets d’austérité », s’insurge-t-elle. La militante constate par ailleurs la « convergence » potentielle entre la mobilisation syndicale et les « autres formes de mobilisation ». Une référence notamment au mouvement « Bloquons tout » et à l’occupation de la Bobine que Delphine Serra « soutient » pleinement.
De son côté, David Sujobert, co-secrétaire de la FSU 38, insiste sur la dimension « sexiste » des mesures d’austérité. « Aujourd’hui, les agents en arrêt maladie ne perçoivent plus que 90 % de leur salaire, ce qui est un recul majeur… Notamment pour les femmes enceintes qui ne sont en rien responsables mais qui ont malgré tout un abattement de 10 %. »
Autre point problématique à ses yeux, particulièrement dans l’Éducation nationale, « la santé mentale. Cela fait plusieurs années que nos collègues se sont poignarder ou assassiner », s’émeut le syndicaliste enseignant, pointant « des enfants qui ne vont pas bien. Mais il faut des crédits pour pallier à ça. »
« On sait qu’on ne va pas les convaincre, on veut qu’ils reculent. »
Léa Martinez-Comelli, CGT IsèreTous s’accordent également sur la nécessaire « taxation des grandes fortunes et des profits », comme le rappelle la CGT. Nicolas Benoit pointe ainsi, indigné, « les 211 milliards d’aides publiques distribuées sans contrôle et sans contrepartie aux entreprises privées ». Et le secrétaire départemental de la CGT de citer par ailleurs les cas de Ferroglobe ou de Photowatt : « La question, c’est comment on redistribue l’argent ? »
Face à la propagande d’un « patronat revanchard » et au « mépris » affiché par Emmanuel Macron et Sébastien Lecornu, « la colère monte », observent les syndicats. Tout comme la demande de « justice sociale, fiscale et environnementale ». « On veut rappeler que sans nous, sans les salariés, ça ne fonctionne pas », explique Léa Martinez-Comelli. Que ce soit le patronat ou le gouvernement, « on sait qu’on ne va pas les convaincre », poursuit-elle. « On veut qu’ils reculent ! »
L’intersyndicale s’appuie en outre sur un constat : celui d’un pouvoir et d’un Premier ministre qui n’ont « jamais été aussi fragilisés ». D’où cette conviction qu’en accentuant la pression et en accélérant, les choses peuvent basculer. Nicolas Benoit le promet, « on ne s’arrêtera pas le 2 octobre ».
Grenoble : départ à 14h, angle Alsace-Lorraine et Jean-Jaurès, arrivée à l’anneau de vitesse.
Vienne : départ à 9h, gare routière Champs de Mars.
Roussillon : départ à 9h30, place du Château. À 18h, à la salle polyvalente de Beaurepaire, réunion publique « Quelles solutions face au désert médical ? », dans le cadre de la Quinzaine de la Sécurité sociale, organisée par l’UL CGT Roussillon / Beaurepaire.
Bourgoin-Jallieu : départ à 10h, place de la République.
Voiron : départ à 16h30, bourse du travail, place Jacques-Antoine-Gau.
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Publié le 29.09.2025 à 15:09
Luc Renaud
« Un étudiant est revenu pour nous dire que les poires étaient bonne », sourit Naomi Mondange, secrétaire fédérale des Jeunes communistes de l’Isère. Le stand « fruits et légumes solidaires » avait pris ses quartiers sur le campus, ce lundi – un autre était tenu ce lundi par les communistes grenoblois à la Villeneuve après les douze autres points de vente de cette fin de semaine.
Sur le campus de Saint-Martin‑d’Hères, elles étaient une dizaine de militantes – des jeunes femmes, très majoritairement – pour assurer la vente, mais aussi engager le débat aux quatre coins du parvis. Des étudiantes de la première année de licence au master, mais aussi une lycéenne en bac pro, une jeune femme à la recherche d’un emploi… et un étudiant en première année de sciences humaines.
L’initiative rencontrait un écho particulier. « La précarité étudiante étant ce qu’elle est aujourd’hui, très peu de jeunes achètent des fruits et légumes, encore moins des frais », constate Naomi. Aussi la première réaction est-elle de s’étonner des prix pratiqués sur ces points de vente. « C’est vraiment pas cher. » Pas cher et pourtant rémunérateur pour les producteurs. « Du bio, en circuit très court, pas cher… ça montre bien qu’il y a quelque chose qui ne va pas avec la grande distribution. » La qualité en prime. « Une dame avait acheté des fruits dimanche à la Capuche au stand du PCF et elle est revenu ce lundi en nous disant que c’était vraiment bon et pas cher. »
Une démonstration sur l’alimentation qui s’accompagne de bien d’autres débats. Un tract de la JC était diffusé pour appeler à la manifestation de ce jeudi 2 octobre, un autre pour exiger un service public de l’orientation en remplacement de Parcoursup. « La sélection instaurée par Parcoursup, ça concerne les lycéens, mais aussi tous les étudiants en réorientation. »
La vente des fruits et légumes solidaires, pour les jeunes communistes, c’est un moment de solidarité étudiante, mais pas que.
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Publié le 27.09.2025 à 19:27
Luc Renaud
Voir un train de nuit Paris-Briançon stationner en gare de Grenoble ? C’est possible. A partir de lundi et jusqu’à jeudi prochain. Il faudra se lever tôt ou se coucher un peu plus tard : à l’aller, il passe à 4 heures, au retour vers 23 heures. Vous ne pourrez cependant pas embarquer, c’est un arrêt technique.
Tout cela reste expérimental. Il s’agit pour la SNCF de vérifier la possibilité pour ce train de nuit de circuler sur un itinéraire bis – Lyon Grenoble, Lus-la-Croix-Haute, Veynes – pour éviter la vallée du Rhône et les travaux en cours de nuit à hauteur de Livron. Permettre ainsi au Paris-Briançon de continuer à rouler en empruntant un itinéraire de délestage.
C’est ce que pourront faire des voyageurs cette semaine, en couchette, pour une soixantaine d’euros, moyennant tout de même 13h43 de voyage entre Paris Austerlitz et Briançon – le train ne prend pas de voyageurs entre Paris et Veynes – compte tenu d’un arrêt de service de deux heures en gare de Grenoble.
Nous n’en sommes pas à une exploitation commerciale régulière. Mais l’expérience est concluante du point de vue technique. Elle démontre la possibilité de faire passer un train de nuit, sur la ligne des Alpes. Cet itinéraire pourra ainsi être utilisé lors des travaux qui auront lieu en 2026 dans la Drôme. Plus généralement, voilà qui ouvre des perspectives à l’exploitation de la ligne Grenoble Gap.
Le Collectif de l’étoile ferroviaire de Veynes salue « cette victoire ». « C’est un premier pas essentiel pour que la réflexion ne porte plus sur « roule ou roule pas », mais par ou il passe en cas de travaux sur le trajet habituel », se réjouit le collectif.
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Publié le 26.09.2025 à 11:33
daniel Oriol
Anthony Martinez a d’abord présenté cette campagne, affirmant que « celle-ci était bien plus qu’un simple moment de mobilisation, c’est un acte fort, un cri collectif pour défendre et reconquérir notre modèle social ». Pour le secrétaire de l’UL CGT, cette Quinzaine de la Sécurité sociale « s’inscrit dans un contexte politique et social tendu, où les attaques contre nos droits et nos acquis se multiplient ».
« Le climat actuel en France montre clairement que les Françaises et les Français aspirent à un changement profond, a‑t-il souligné. Les gouvernements passent, mais les politiques restent les mêmes : austérité, libéralisme, régression sociale. Et ce sont toujours les classes populaires qui trinquent. Celles et ceux à qui l’on demande de se serrer la ceinture pendant que les plus riches engrangent les profits. »
Et de poursuivre : « Depuis cet été, et plus encore depuis la rentrée, l’inquiétude grandit. Les discours de François Bayrou, les décisions de la macronie, tout cela confirme une chose : cette politique est faite pour les puissants. Elle divise, elle stigmatise, elle affaiblit. Ce jeu dangereux ouvre un boulevard à l’extrême droite, qui n’a qu’à attendre son heure. Le macronisme, c’est le marchepied de l’extrême droite. »
Anthony Martinez a également replacé la création de la Sécurité sociale dans son contexte historique, tout en dressant un parallèle avec la situation actuelle : « Il y a 80 ans, la France sortait de la guerre. Le nazisme était vaincu, mais pas éradiqué. Et cette mémoire, pourtant si récente, semble s’effacer. Partout dans le monde, l’extrême droite progresse. Partout, les conflits se multiplient. L’humanité n’a pas su tirer les leçons du passé. »
Le secrétaire de l’UL a aussi rappelé que « le 27 mai 1943, dix-sept personnalités issues de partis politiques et de syndicats (la CGT, la CFTC) fondaient le Conseil national de la Résistance. L’extrême droite, complice du régime de Vichy, en était exclue. Ce n’était pas seulement une organisation de lutte contre l’occupant : c’était une vision pour une France libre, juste, solidaire et de cette vision est né le programme des Jours heureux. »
« Sous l’impulsion d’Ambroise Croizat, ministre communiste du Travail et militant CGT, la Sécurité sociale est créée. Elle garantit à toutes et tous une protection contre les aléas de la vie : maladie, accident, chômage, vieillesse », a vanté le syndicaliste. Avant de conclure : « Cette histoire doit être connue de toutes et tous. Trop souvent, les salarié·e·s ignorent les origines de la Sécu. C’est pourquoi nous lançons cette campagne : pour faire vivre la mémoire sociale, pour rappeler que c’est un Parti communiste fort et un syndicalisme de masse qui ont permis l’émergence d’une protection sociale de haut niveau. »
Cette idée de sécurité sociale où chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins est plus que toujours une idée moderne. Toutefois, c’est de moins en moins vrai. La loi de financement de la Sécurité sociale, censée garantir l’équilibre du système, est utilisée depuis des décennies pour imposer des logiques comptables au détriment de la santé publique. Elle ne prend pas suffisamment en compte les recettes, notamment celles perdues par les exonérations de cotisations patronales. Une récente commission sénatoriale menée par Fabien Gay dénonçait ainsi 211 milliards de cadeaux aux entreprises !
Les exonérations de cotisations patronales sont remplacées par l’impôt et la TVA, qui représentent aujourd’hui 50 % des recettes de la Sécu. Or, l’État ne compense pas toujours ces pertes, fragilisant notre système. Alors que nous célébrons les 80 ans de la Sécu, cette Quinzaine est l’occasion de reconstruire un rapport de force dans les entreprises, pour défendre et améliorer notre modèle social envié par les travailleurs d’autres pays.
Rappelons d’ailleurs l’exemple récent édifiant de l’athlète américaine Ariana Ramsey déclarant, surprise, lors des Jeux olympiques de Paris : « Ici, en France, nous avons eu des soins de santé gratuits. C’est fou ! Ce sera mon combat aux États-Unis pour la gratuité des soins médicaux ! »
Voici le programme de cette quinzaine :
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