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Le Travailleur Alpin

 

Journal de la Fédération de l'Isère du Parti Communiste Français

Publié le 11.09.2025 à 12:44

Didier Gosselin

Mercredi 10 septembre, 9 heures, quartier Champaret. À l’entrée du site du géant pharmaceutique Thermo Fisher qui emploie 600 personnes dont de nombreux cadres et techniciens, et où, sans être majoritaire, la section CGT (38 % dans l’établissement dont 90 % dans le collège ouvriers) est très active, les échanges — auxquels participent les militants communistes berjalliens venus apporter leur soutien — vont bon train. Ceci, notamment sur la forme de la mobilisation et la nécessité de la pratique démocratique pour faire grandir la conscience de classe. « Nous ne sommes certes pas très nombreux, mais on organise, on communique, on explique aux gens pourquoi c’est important de se mobiliser », souligne Pierre Claret, délégué CGT, « parce que la décision leur appartient et que, si on ne se mobilise pas, on finira tous précarisés ».

Piquet de grève devant le site du géant pharmaceutique Thermo Fisher.

Le prochain objectif, c’est le 18 septembre, journée qui ne s’oppose pas à celle d’aujourd’hui. « Tout mouvement est bon à prendre », insiste le syndicaliste. « Les revendications sont les mêmes que celles que nous défendons à la CGT et il faut qu’on soit là quand les gens ont envie de se mobiliser », ajoute-t-il, faisant référence au blocage en cours à Saint-Quentin-Fallavier. Christelle, fonctionnaire territoriale venue soutenir les grévistes de Thermo Fisher, explique de son côté la difficulté à mobiliser et à donner toute sa force à la grève. Car en face, les directions, elles, s’organisent « pour nous remplacer en utilisant les contractuels toujours plus nombreux afin de ne fermer aucun service ».

Retrouver du sens au travail dans des conditions décentes

Une réalité que l’on retrouve au centre éducatif Camille Veyron, à 10h30, dans le quartier de Champfleuri. Serge Mazars, délégué CGT, accuse ainsi la direction d’avoir « assigné » certains personnels pour limiter l’impact de la grève de ce jour, suivie par près de 50 % du personnel. Cet établissement médico-social, qui comprend cinq services, une administration et un service technique (fonction hôtelière et de maintenance) et qui accueille ou héberge notamment des enfants handicapés, concentre les problèmes de toute la filière privée du médico-social.

Ce piquet de grève du 10 septembre permet aux militants CGT de discuter avec les salariés. L’occasion de remettre en perspective la réalité quotidienne du travail ainsi que la nécessité d’agir pour faire bouger les choses et retrouver du sens au travail dans des conditions décentes. Austérité budgétaire, logique marchande, fermetures de services ou menaces sur l’indemnité Ségur sont en effet autant d’attaques contre les métiers, les salaires, les conditions de travail.

Devant les grilles du centre éducatif Camille Veyron, salariés et conseillères du Planning familial ont exprimé de nombreuses inquiétudes.

Réunies elles aussi devant le centre éducatif, des conseillères conjugales et familiales du CSS (Centre de santé sexuelle — Planning familial) de Bourgoin-Jallieu ne cachent pas leur inquiétude. En cause, l’absence de financements garantis pour assurer la pérennité du paiement de prime Ségur mais également de la structure CSS, et la montée en charge de leurs missions, notamment dans le cadre de la dégradation de la prise en charge de la santé mentale (fermeture d’un service dédié au Médipôle de Bourgoin-Jallieu). « Tous les jours, nous recevons des personnes qui vont mal dans leur vie, et le mal-être est parfois très important », souligne Laurence, conseillère au CSS. « Le mal-être des jeunes s’est accru, et la fermeture de structures comme la nôtre aurait de graves conséquences », déplore Laurence, qui travaille au Planning depuis plus de vingt ans et qui s’estime aujourd’hui « particulièrement inquiète ».

Pression de la hiérarchie pour empêcher la mobilisation

À 11 heures, l’ambiance est détendue mais déterminée devant l’entrée du magasin Carrefour de l’Isle‑d’Abeau où la CGT a convié les quelque 200 salariés à se rassembler. Une vingtaine de membres du personnel ont répondu présent. Une forme de victoire pour les deux délégués CGT Yann Barreau et Nicolas Proietti, qui animent à eux seuls le syndicat CGT, tentant de renforcer leur section syndicale. Yann Barreau souligne que certains personnels n’ont pas pu résister à la pression de la hiérarchie qui fait tout pour empêcher la mobilisation. Et Nicolas Proietti rappelle qu’il y a toujours moins de personnels le mercredi. Selon eux, les salariés sont sensibles à l’actualité politique et sociale mais la mobilisation n’est pas simple dans cette période. Carrefour mise en effet toujours sur une location-gérance, menant une bataille idéologique et anti-syndicale dans ce sens.

Une vingtaine de salariés de Carrefour se sont réunis devant le magasin de l’Isle-d’Abeau, à l’appel de la CGT.

Pour Nicolas Proietti, « l’action de ce jour devant Carrefour est complémentaire avec la grande journée de manifestation citoyenne et se prolongera le 18 septembre ». « À la CGT Carrefour l’Isle‑d’Abeau, poursuit-il, nous avons décidé d’accompagner ce mouvement non pas dans la rue, non pas sur un rond-point, mais au sein même de notre entreprise où se joue l’avenir des salariés ». À l’issue de son discours faisant suite aux nombreuses discussions informelles, Nicolas Proietti a appelé les personnels présents à se syndiquer et à renforcer la CGT, seule présente ce jour.

« Une véritable déclaration de guerre sociale »

Les salariées de l’ESMPI (Etablissement privé de santé mentale des portes de l’Isère), qui jouxte justement le Médipôle, font les mêmes constats que leurs collègues du centre éducatif ou du Planning familial. Appelées à débrayer entre 12 et 14 heures, avant de rejoindre leurs camarades du centre hospitalier, elles dénoncent le gel des prestations sociales touchant leurs patients comme celui des salaires des fonctionnaires. Pourtant, s’insurge Nathalie Moreau, déléguée CGT de l’ESMPI, « nous sommes déjà en deçà, à l’ESMPI, des salaires de la fonction publique ». Une baisse de pouvoir d’achat estimée à 30 % depuis vingt-cinq ans, selon elle.

Les salariées de l’ESMPI ont débrayé ce mercredi midi, avant de rejoindre leurs camarades du centre hospitalier.

« Le gel des budgets publics, l’augmentation des impôts pour les ménages les plus modestes, la suppression des deux jours fériés, notamment le 8 mai, jour de la victoire contre le nazisme, le déremboursement des soins pour les malades chroniques, la suppression de 3 000 postes dans la fonction publique et le non-remplacement d’un tiers des départs — ce qui se fait déjà à l’ESMPI — forment une véritable déclaration de guerre sociale avant la vraie guerre qui, elle aussi, se prépare », s’inquiète la déléguée CGT.

« Le gouvernement veut faire payer la crise budgétaire qu’il a lui-même provoquée par ses cadeaux aux plus riches (exonérations de cotisations sociales, aides publiques sans contrôle ni contreparties, dividendes florissants versés aux entreprises du CAC 40…) alors qu’il ne donne toujours rien pour les salaires, les services publics et la transition écologique », conclut Nathalie Moreau.

Et la syndicaliste de rappeler les revendications de la CGT que les salariées de l’ESMPI porteront haut et fort le 18 septembre : abrogation de la contre-réforme sur les retraites, augmentation des salaires, investissements dans tous les services publics, reconquête industrielle, défi climatique…

Les militants communistes au cœur de l’action collective

Sur ces différents rassemblements, des communistes étaient présents pour apporter leur soutien et échanger avec les salariés et les syndicalistes CGT. Outre les propositions spécifiques du PCF sur le pacte pour l’avenir de la France, l’objectif des militants est bien d’être au cœur de l’action collective, seule à même de changer réellement les rapports de force, notamment au sein des entreprises et de l’industrie.

C’est là en effet que le grand capital est touché au cœur, lorsque la production s’arrête et que les profits sont menacés. D’où la nécessité de soutenir les grévistes et un syndicat combatif tel que la CGT. Et ce, tout en ouvrant grand une perspective de transformation radicale portée par des propositions originales et à débattre collectivement. Rendez-vous est pris pour le 18 septembre.

Cet article « Bloquons tout ». Bourgoin-Jallieu : les raisons de la colère est apparu en premier sur Travailleur alpin.


Publié le 10.09.2025 à 23:29

Manuel Pavard

Combien étaient-ils à défiler entre la place Victor-Hugo et le parc Paul-Mistral ce mercredi après-midi ? Près de 30 000, selon les organisateurs ; environ 11 000 d’après la police — estimation objectivement très basse. Une chose est sûre, on n’avait pas vu une telle foule dans les rues de Grenoble depuis un bon moment, sans doute depuis les grandes manifestations contre la réforme des retraites, début 2023.

Des manifestants s’étirant à perte de vue dans les rues du centre-ville de Grenoble.

« Vous vous rendez compte, on est déjà au niveau des bulles alors qu’une partie du cortège n’a toujours pas bougé », s’exclame Alban, agent territorial. « Et un mercredi en plus ! » Un vrai succès pour les instigateurs locaux du mouvement « Bloquons tout », aréopage hétéroclite réunissant syndicalistes, militants politiques et associatifs, ex-gilets jaunes, membres de collectifs et citoyens. Mais aussi un joli pied de nez « à tous ces chroniqueurs et éditorialistes qui prédisaient un flop au mouvement du 10 septembre », tacle Cécile, infirmière se présentant comme « une révoltée par nécessité ».

La CGT avait appelé ses militants à se regrouper rue Félix-Poulat, avant de rejoindre en cortège le départ de la manifestation.

Pour la trentenaire comme pour de nombreux autres manifestants isérois, cette manifestation est venue ponctuer une longue et intense journée de mobilisation, débutée aux aurores. Des blocages et barrages fiiltrants ont ainsi été mis en place dès 6 heures du matin dans une grande partie du département : à Saint-Marcellin, Moirans, Crolles, Voiron, Saint-Quentin-Fallavier, Lans-en-Vercors, Vienne, Bourgoin-Jallieu… Et bien sûr dans l’agglomération grenobloise : Porte de France, pont de Catane, boulevard Jean-Pain, arrêt de tram La Poya à Fontaine ou encore rond-point d’Ikea à Saint-Martin-d’Hères.

Des automobilistes ralentis mais souvent compréhensifs

Si certains d’entre eux ont été assez rapidement délogés par la police, venue disperser les manifestants sans ménagement, d’autres ont tenu un peu plus longtemps, à l’instar du blocage boulevard Jean-Pain. Plus de 200 personnes s’y sont massées dans la matinée, filtrant à l’aide de barrières la circulation des automobilistes, contraints de rouler sur une seule file. Mais parmi ces derniers, beaucoup se montraient très compréhensifs, voire totalement solidaires du mouvement.

Un barrage filtrant a été mis en place sur le boulevard Jean-Pain, à quelques encablures du Stade des Alpes.

Belle mobilisation également à Fontaine où un barrage filtrant a été organisé dès 6h30 au niveau de l’arrêt de tram La Poya, terminus de la ligne A. Une demi-heure plus tard, ils étaient une bonne cinquantaine : chasubles CGT, Solidaires, gilets jaunes, militants PCF, LFI, NPA, libertaires… Et comme partout, beaucoup de jeunes.

Claudine Didier, cheffe de file de la coalition de gauche aux municipales 2026, présente sur le blocage fontainois, comme plusieurs militants communistes.

Les automobilistes ralentis ont accueilli avec le sourire l’attestation de retard ou absence délivrée par les manifestants et le tract appelant à la manifestation de l’après-midi. Certains ont même été « enrôlés », à l’image de ce jeune chauffeur déclarant aux militants : « Vous m’avez convaincu, je n’irai pas travailler aujourd’hui. Je manifesterai avec vous. » Et lorsque les publications sur les réseaux sociaux ont informé de la charge policière aux gaz lacrymogènes sur le pont de Catane, l’indignation a été générale.

Des jeunes présents en nombre

Pour Cécile, la présence policière massive et les nombreuses interventions des forces de l’ordre, tout au long de la matinée, témoignent d’un « pouvoir macroniste aux abois, qui ne tient plus que par la répression tellement tout le monde les déteste ». Rencontrée au départ du défilé, place Victor-Hugo, l’infirmière est, comme ses collègues, « agréablement surprise de voir autant de monde. Et surtout ravie du nombre de jeunes présents », affirme-t-elle.

Les jeunes, notamment les étudiants, étaient majoritaires dans le cortège.

Ceux-ci sont en effet largement représentés, avec notamment un cortège étudiant très imposant. Rien d’étonnant, à en croire Alice et Mehdi, en licence à l’Université Grenoble Alpes (UGA) où tous les étudiants ont pu bénéficier d’une levée d’assiduité. « Pour nous, c’est vraiment de pire en pire », déplorent les deux amis. « On a du mal à se loger, du mal à se nourrir, du mal à se chauffer… Et on ne voit aucune amélioration à l’horizon ! » L’étudiante raconte la file de « plusieurs centaines de personnes qui faisaient la queue, dimanche dernier, pour une distribution alimentaire sur le campus ». « Même quand on travaille à côté, on galère », abonde son camarade.

La file ininterrompue de manifestants sur les quais de l’Isère.

Plus loin, Sylvain, militant CGT, ne décolère pas. « Ce qu’on fait aux jeunes, c’est lamentable : on leur laisse une planète détruite, un avenir avec du chômage et des salaires de misère…Comment voulez-vous qu’ils n’aient pas envie de se révolter ? » Lui ne se « remet pas des mesures d’austérité » avancées par François Bayrou, avant sa démission : « Nous sucrer les deux jours fériés, c’est vraiment le pompon ! Surtout quand on voit les 211 milliards d’aides publiques pour les entreprises. »

« Macron, démission »

Melina, salariée dans le secteur culturel, fait quant à elle des allers-retours sur les quais de l’Isère noirs de monde, comme pour mieux évaluer l’ampleur de la foule. « C’est impressionnant », se félicite-t-elle. « Mais en même temps, c’est normal vu comment Macron se fout de notre g… (sic) Nommer Lecornu, un mec de droite, Premier ministre, dans le contexte social actuel, c’est vraiment de la provocation ! Je ne devrais pas mais il arrive encore à me surprendre, dans le mauvais sens du terme. »

Beaucoup de manifestants brandissaient pancartes et slogans.

Melina était loin d’être la seule à citer le président de la République, qui concentrait une grande partie des griefs et critiques. Illustration, le succès des « Macron, démission » entonnés à tue-tête, comme d’autres slogans, plus radicaux, visant le chef de l’État. Beaucoup ne voient d’ailleurs pas d’issue positive au mouvement tant qu’Emmanuel Macron sera à l’Élysée.

Macron, un président très impopulaire…

Après un passage par les places Notre-Dame et Sainte-Claire, les manifestants ont fait halte devant la préfecture, place de Verdun. Le tout sous la surveillance étroite des policiers, cibles de différents slogans scandés par la tête du cortège. Le défilé s’est ensuite achevé dans le parc Paul-Mistral, plusieurs milliers de personnes investissant l’anneau de vitesse pour une assemblée générale destinée à évoquer les suites du mouvement.

Militants pro-palestiniens et Organisation de solidarité trans (OST) côte à côte dans le cortège.

Après ce galop d’essai réussi, tous ont en effet le regard tourné vers les prochains jours. Avec de nouveaux blocages prévus dès le lendemain matin, jeudi 11 septembre. Et une nouvelle manifestation samedi 13 septembre, à 16 heures, à Grenoble, avant la grande manifestation intersyndicale programmée lors de la journée nationale de grève du 18 septembre.

Milliardaires et ultra-riches étaient ciblés par de nombreux slogans, comme ici sur la place de Verdun.

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Publié le 10.09.2025 à 14:39

Manuel Pavard

Éducateurs-trices spécialisé-e‑s, moniteurs éducateurs, accompagnants éducatifs… Ils sont près de 200 salariés de l’Afiph à manifester bruyamment, ce mardi 9 septembre, sous les fenêtres du siège grenoblois de l’association, qui accueille au même moment une réunion cruciale du comité social et économique central (CSEC). Des travailleuses et travailleurs sociaux mobilisés depuis plus d’un an et demi contre la décision de la direction de dénoncer les accords d’entreprise de 1999 sur les conditions de travail.

Sur le bâtiment, les drapeaux des trois organisations syndicales (CFDT, CGT, Sud) unies dans ce combat.

Le directeur général propose ainsi « un accord qui détruit l’attractivité de notre métier puisqu’il réduit nos congés et nous met en-dessous du code du travail », s’insurge Isabelle Darthez, déléguée syndicale Sud santé sociaux et éducatrice spécialisée à l’Afiph. Le tout bien sûr « sans contrepartie financière ». Inacceptable pour les trois syndicats (CGT, Sud, CFDT) qui ont refusé d’une seule voix. Mais devant l’échec des négociations, la direction a tenté d’appliquer une décision unilatérale de l’employeur (DUE).

« Ça nous enlève quasiment 21 jours de congés par an »

Principal motif de discorde, la remise en cause des « 18 jours de congés trimestriels, mis en place pour la pénibilité physique et psychique dans l’accompagnement des personnes », explique Isabelle Darthez. Un point qui ne passe pas du tout pour les manifestants. « Nous, ça nous enlève quasiment 21 jours de congés par an », déplore un petit groupe de salariés de l’Afiph exerçant en ESAT (Établissement et service d’accompagnement par le travail).

Pour ces moniteurs et éducatrices, ces journées supplémentaires, loin d’être un privilège, permettaient de « compenser un peu les difficultés du métier, notamment cette fatigue psychologique omniprésente ». La pilule passe d’autant plus mal « qu’il manque déjà du personnel — dans certaines équipes, la moitié des éducateurs — et que nos salaires ne bougent pas. Pourtant, malgré ça, ils nous enlèvent le seul avantage qu’on avait », s’indignent les grévistes. « Ce n’est pas un hasard s’il y a de plus en plus d’arrêts maladie. »

Problème d’équité

Les salariés pointent en outre « un gros problème d’équité, tout le monde n’étant pas logé à la même enseigne ». En effet, « au siège, ils gardent leurs 18 jours de congés trimestriels », constate Isabelle Darthez. Et ce, « alors qu’eux n’accueillent pas d’usagers ». « C’est vraiment la goutte d’eau qui fait déborder le vase », réagit un moniteur éducateur.

Les salariés de l’Afiph ont finalement obtenu un léger répit à l’issue du CSE, avec la réouverture des négociations.

In fine, les manifestants ont obtenu un léger sursis à l’issue du CSEC. « Suite au mouvement de grève des salarié-es de l’Afiph, la direction générale a décidé de la prorogation de l’accord de 1999 pour un an et la réouverture des négociations syndicales sur l’organisation du temps de travail », informe la déléguée syndicale Sud, quelques heures plus tard.

Une lutte observée avec attention par Baptiste, éducateur en prévention spécialisée, dans la protection de l’enfance, et délégué CGT de l’Apase (Association pour l’action sociale et éducative). « On est solidaires de nos collègues qui se battent et qui ne se laissent pas faire depuis maintenant plusieurs années. Une victoire pour l’Afiph, c’est une victoire pour tous les travailleurs sociaux », assène-t-il. Avant de donner rendez-vous dans la rue dès le lendemain, pour le mouvement « Bloquons tout » du 10 septembre.

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Publié le 09.09.2025 à 18:33

Manuel Pavard

C’était le 8 septembre 2024… Témoin d’un accident de la circulation, boulevard Jean-Pain, entre le Stade des Alpes et la mairie de Grenoble, Lilian Dejean tentait d’empêcher la fuite du chauffard qui dégainait alors une arme et ouvrait le feu. L’agent municipal au service de la propreté urbaine, en poste ce matin-là, s’effondrait, mortellement touché de deux balles au thorax. Le meurtre du père de famille de 49 ans, unanimement apprécié, avait suscité une immense émotion, à Grenoble et même au-delà.

Élus métropolitains et municipaux ont pris la parole devant la déchèterie Jacquard, avant de dévoiler la fresque en hommage à Lilian Dejean.

Un an après, jour pour jour, « le traumatisme et la déchirure sont toujours là », a souligné Éric Piolle en ouvrant, ce lundi 8 septembre 2025, la journée d’hommage à Lilian Dejean. L’annonce de sa mort « nous a fracassés », a également reconnu le maire de Grenoble, évoquant le choc ressenti bien sûr par sa famille, ses proches et ses collègues, mais aussi par « l’ensemble des agents du service public, partout en France ». Des témoignages de solidarité avaient ainsi été envoyés des quatre coins de l’Hexagone, tandis que de nombreuses collectivités avaient observé une minute de silence en sa mémoire. Des marques de sympathie qui avaient « énormément touché » Jean-Marc Dejean, comme il l’a rappelé ce lundi.

Jean-Marc Dejean, l’un des deux frères de Lilian Dejean.

Entouré de sa famille et des nombreux anciens collègues et camarades de son frère Lilian, ce dernier a assisté aux diverses cérémonies organisées pour ce triste anniversaire. Première étape, en début de matinée, à la déchèterie Jacquard où la Métropole de Grenoble a dévoilé la fresque murale qui sera réalisée en l’honneur de l’agent assassiné. Sélectionnée par un comité réunissant la famille et des élus, l’artiste Valoushka a donné le premier coup de pinceau de cette œuvre « très colorée », chargée de symboles (l’hibiscus, le colibri…) renvoyant aux « origines guadeloupéennes » dont Lilian Dejean était si fier.

Vanoushka, sélectionnée parmi 24 artistes, commence sa fresque, qui sera inaugurée début octobre.

Sur la fresque — qui sera inaugurée d’ici le 3 octobre -, une citation symbolise le « geste désintéressé » accompli par ce « héros discret du quotidien », explique la street-artiste montpelliéraine : « Les héros tombent mais leur chute élève les consciences ». Une phrase résumant parfaitement celui « qui aurait pu détourner le regard mais qui ne l’a pas fait ». Des propos tenus par la préfète de l’Isère Catherine Séguin, et répétés dans des termes très proches par Éric Piolle et Jean-Marc Dejean.

Les agents ont assisté nombreux à la cérémonie derrière l’hôtel de ville.

Tous trois se sont exprimés à la tribune installée sur les marches situées derrière l’hôtel de ville de Grenoble. Peu après le temps de recueillement organisé par la CGT, à l’abri des regards des médias, au pied du Stade des Alpes, les agents municipaux se sont rassemblés en masse, ce lundi midi, pour assister à cette cérémonie officielle. L’occasion de voir la préfète remettre à la famille la Légion d’honneur, décernée à titre posthume à Lilian Dejean.

Lichouki, autre frère de Lilian Dejean, a reçu la Légion d’honneur décernée à Lilian, des mains de la préfète de l’Isère.

Un homme qui a eu « le courage » de se dresser « debout face à l’inacceptable », a aussi salué Catherine Séguin, au moment de dévoiler — ultime temps de ces cérémonies — la plaque apposée en hommage à Lilian Dejean sur le parvis de l’hôtel de ville. Une manière de rappeler « aux passants, aux générations futures, à ses collègues et à nos concitoyens » cet épisode tragique.

Une plaque en mémoire de Lilian Dejean est désormais apposée dans le parvis de l’hôtel de ville.

« Quand des gens sont dans le besoin, (…) il n’y a que deux choix possibles : aider ou détourner le regard », a asséné Jean-Marc Dejean au micro. Avant de conclure, les yeux humides, en pensant à son frère : « Et si certaines consciences se sont élevées grâce à son acte, quoi qu’il arrive, il aura réussi sa vie. »

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Publié le 08.09.2025 à 14:34

Max Blanchard

Au fil de ses écrits commémoratifs, la naissance du journal est racontée comme un conte de fées. « Il a donc fallu que quatre résistants de la première heure se décident à prendre les choses en main, renverser la table et le destin ». Sans dénier la filiation résistante (le Mouvement de libération nationale), l’évolution économique et politique a pour autant quelque peu pesé dans la balance. La lutte politique est hâtivement éliminée : « le DL est né pour ne pas avoir su s’entendre avec les Allobroges [seule mention de ce titre] pour un journal commun”.

C’est faire silence sur la bataille politique menée à l’encontre des communistes, sur l’existence du quotidien concurrent issu du Front national de la Résistance, les Allobroges ; de la levée des séquestres liés au journal collaborationniste Le Petit Dauphinois le 8 juin 1950, sur les soutiens financiers dont bénéficiera le DL

Une situation qui permettra par la suite à Louis Richerot – premier gérant du DL – de déclarer en août 1950 : « Maintenant on peut le dire la tête haute, le DL est la suite logique du Petit Dauphinois. »

Rappeler

Loin de faire un historique exhaustif qui n’a pas sa place ici, il est souhaitable de rappeler la nature et la qualité de l’ouvrage de l’historien Bernard Montergnole (qui fut également adjoint socialiste échirollois et député de 1983 à 1986), La presse grenobloise de la Libération, paru en 1974 aux Presses universitaires de Grenoble. Un livre qui valut à l’auteur d’être boycotté par le DL. Mais aussi du besoin de s’y reporter avec intérêt.

Nous n’en extrairons que ces quelques lignes : « La levée du séquestre profitait bien sûr à l’ex-propriétaire [Marcel Besson, ex-directeur du Petit Dauphinois]… mais les dirigeants du Dauphiné libéré partageaient avec M. Besson le profit de cette opération : financièrement mieux assuré, il voyait s’approcher le jour où il pourrait devenir le maître des locaux qu’il occupait et apparaître comme l’héritier incontestable et presque légitime de l’empire de M. Besson… »

Une histoire oubliée ?

Oublier l’oubli

L’historien Jacques Godechot, préfacier de l’ouvrage concédait : « Le DL a fini par l’emporter, mais avec sa victoire, c’est sous un autre titre, pratiquement le Petit Dauphinois qui reparait. Ainsi tombent les espoirs et les illusions de la Libération et s’organise à Grenoble, comme dans la plupart des villes de la province française, un presse à monopole, le système du journal unique. C’est la main mise progressive d’un journal à grand tirage sur l’opinion de toute une population ».

Commentant pour sa part la sortie de l’ouvrage, Pierre Rolland dans le Travailleur alpin (8/14 juillet 1974) écrivait : « Le livre souligne parfaitement que si la route du journal de la Résistance, Les Allobroges, fut parsemé d’épines, les hommes du DL surent balayer tous les obstacles devant leur porte avec l’aide de la grosse finance et le soutien subjectif du collabo Besson ».

L’histoire est à rappeler et à méditer, et non à oublier.

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Publié le 05.09.2025 à 18:31

Manuel Pavard

La CGT Isère annonce la couleur dès le titre de son communiqué de presse, diffusé ce vendredi 5 septembre : « Les 10 et 18 septembre, on arrête de produire ! » L’union départementale appelle ainsi les salarié·e·s à « s’organiser pour arrêter le travail par la grève les 10 et 18 septembre prochains dans les entreprises, collectivités et services à partir des revendications locales ».

Un bras de fer engagé avec François Bayrou, qui a décidé « d’engager la responsabilité de son gouvernement auprès de l’Assemblée nationale lundi 8 septembre pour cautionner un budget 2026 antisocial ». La CGT dénonce les provocations incessantes du Premier ministre, qui tente de « faire culpabiliser les travailleur·euse·s, prenant même en otage les retraité·e·s afin de nous faire payer le prix du capital ».

Manifestation interprofessionnelle, le 5 juin 2025, à Grenoble.

Le syndicat fustige notamment les attaques visant la Sécurité sociale — dont on fête cette année les 80 ans — et s’insurge devant « la dérive autoritaire et raciste consistant à s’en prendre aux travailleur·e·s étranger·e·s en attente de régularisation par la dégradation de l’aide médicale d’État ».

Plusieurs rendez-vous programmés en Isère

Dans ce contexte, la CGT Isère invite les salarié·e·s, les jeunes, les retraité·e·s, à rejoindre les multiples actions et initiatives organisées sur tout le territoire dans le cadre du mouvement « Bloquons tout » du 10 septembre. Plusieurs rendez-vous sont ainsi déjà prévus en Isère (voir ci-dessous).

  • Roussillon : rassemblement à 8h, Inspira
  • Voiron : tractage au rond-point de Centr’Alp, à 7h30
  • Crolles : tractage au rond-point (ST/Soitec), à 12h
  • Bourgoin-Jallieu : rassemblement de soutien aux salarié·e·s de Thermofisher (matin)
  • Grenoble : manifestation au départ de la place Victor-Hugo, à 16h

À Grenoble, l’UD donne d’ailleurs rendez-vous « aux agents et salarié·e·s, aux militant·e·s, avec banderoles et drapeaux des syndicats CGT », à 15h30, rue Félix-Poulat, ce mercredi 10 septembre. Ceci afin de converger ensuite massivement vers le départ du cortège, à Victor-Hugo.

Inscrire la mobilisation dans la durée

L’objectif est bien sûr de construire et inscrire la mobilisation dans la durée, en vue de la journée de grève interprofessionnelle du jeudi 18 septembre, à l’appel de l’intersyndicale (CGT, FO, CGC, CFTC, Solidaires, FSU, CFDT, Unsa).

La CGT Isère relie ainsi les deux dates, en conclusion de son communiqué : « Face à l’ampleur de l’attaque du gouvernement et du patronat sur le droit du travail et contre nos conquis sociaux, après le 10 septembre, nous appelons les salarié·e·s à débattre des modalités de reconduction de la grève, dans l’unité syndicale, pour permettre une mobilisation d’ampleur le 18 septembre. »

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Publié le 04.09.2025 à 17:42

Travailleur Alpin

Le groupe montagne inter-alpin du PCF, l’un des groupes de travail de la commission écologie, a participé dimanche 31 août, dans la commune de Huez (Isère), à la commémoration de la disparition du glacier de Sarenne. Une cérémonie organisée par Mountain Wilderness France, France nature environnement Isère (FNE), l’association Oblique, le Club alpin français (CAF) de l’Oisans et la section des Alpes occidentales d’International Glaciological Society (IGS-SAO), en présence de Guillaume Gontard, sénateur de l’Isère et président du groupe écologiste au Sénat.

Au programme : une randonnée sur les traces du glacier disparu (4,6 kilomètres, 1000 mètres de dénivelé) et un pique-nique convivial au Col de Sarenne réunissant des scientifiques, des syndicalistes, des professionnels de la montagne (guides et accompagnateurs), d’anciens membres du Grenoble Université Club (GUC) et des habitants sensibilisés aux conséquences du réchauffement climatique.

Le site enneigé du glacier en 2014, avant que sa fonte n’entraîne sa disparition officielle en octobre 2023, sa surface étant devenue dérisoire. © Vivien Jouan, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

Lors de cet événement ouvert à toutes et à tous, nos camarades Michelle Pelletier et François Simon ont reçu un accueil chaleureux de la part de l’ensemble des montagnards présents, agréablement surpris de découvrir l’intérêt porté par le Parti communiste à la protection des glaciers et désireux d’en apprendre davantage. Le plan climat et sept exemplaires du numéro de Progressistes présentant notre stratégie alternative de développement de la montagne ont été diffusés. Une syndicaliste de l’UGICT-CGT a par ailleurs demandé à rejoindre le groupe montagne du PCF à l’issue de ces échanges, qui se sont déroulés à 2000 mètres d’altitude sous un soleil radieux et le regard attentif d’un aigle royal.

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