

C'est le moment de faire marcher le réseau et le bouche à oreille !
Basée à Saint Nolff (Morbihan 56) depuis quelques années, l'Antenne Grand Ouest cherche un nouveau point de chute pour organiser ses formations et chantiers d'autoconstruction d'outils agricoles (activités de métallurgie).
Hangar, hall, atelier partagé... le champs des possibles est ouvert, tant que le loyer, lui, reste modéré !
Parmi les critères :
📍Lieu : Dans l'est Morbihannais, idéalement entre Questembert et Redon 🏬 Un entrepôt/hangar/atelier 📏 100m² minimum 🚚 Accès poids-lourds pour des livraisons d'acier. 🔐 Le lieu doit être facilement sécurisable pour sécuriser les machines.
Bonus : 20 m² de bureaux, une salle de formation, un tiers-lieux ...
Si vous avez des idées ou pistes à étudier, vous pouvez contacter Mathilde, animatrice de l'antenne grand Ouest : m.szalecki[at]latelierpaysan.org - 07.66.92.75.72

La dérouleuse à botte a été conçue pour faciliter le transport des bottes de paille, lourdes à déplacer, et sont faciliter son étalage sur les planches du culture.
Quand on vous dit que les paysans et paysannes ont du talent !La complexité de transport des bottes de pailles et de son étalage lors de couverts végétaux de planches a amené Cyrille F et Benoît T, deux maraîchers sociétaires de l'Atelier Paysan, à dessiner leur propre outil pour répondre à un besoin technique mal satisfait. Après quelques croquis, ils ont chacun prototypé une "dérouleuse à botte" (ou "pique à boule" de son surnom).
Grâce à la mise à disposition d'un exemplaire monté, l'équipe de recherche et développement de l'Atelier Paysan a pu réaliser une modélisation 3D et faire mise en plan de cet outil afin de diffuser plus largement.
Des améliorations apportéesCes modèles ont été optimisés pour plus de précision, de sécurité et de praticité pour les usagers et les usagères. Les modifications ajoutées à ces prototypes comprennent principalement un système de verrouillage automatique de la pique et un ensemble de butées qui simplifient l'opération de saisie de la pique.
- Des béquilles ont été ajoutées pour faciliter le stockage de l'outil et assurer sa stabilité.
- Un système de butées facilite la manœuvre de saisie de la botte et de son pique sur le châssis. Pour charger la botte, il suffit de reculer jusqu'à ce qu'une première butée (représentée en jaune ci-dessous) viennent taper la pique. Cette modification permet de ne pas avoir à descendre du tracteur pour verrouiller la pique qui porte la botte de paille avec une goupille et facilite les manœuvres pour saisir la pique sur le châssis. En continuant de reculer, la pique heurte la seconde butée (de l'autre côté de l'outil) et s'oriente naturellement de manière parallèle à l'outil. Ainsi, on a pré-positionné notre botte correctement pour pouvoir la charger :


- Un système de verrouillage automatique de la pique par loquet (représenté en rouge ci-dessous) permet de ne plus avoir à descendre du tracteur pour placer une goupille de sécurité :



En partant de situations de sexisme vécues en formation, l'équipe technique de l'Atelier Paysan a construit le "baromètre de l'ambiance en formation", que nous expérimentons au printemps 2025.
En octobre 2024, un séminaire de 2 jours et demi a réuni l'ensemble de l'équipe technique (salarié·es et formateurs et formatrices externes). Entre quelques visites de fermes autour de leurs outils, des temps de perfectionnement des techniques de soudage, l'équipe a participé à 2 h d'atelier pédagogique autour des situations de sexisme vécues lors des formations de l'Atelier Paysan.

Octobre 2024 - L'équipe technique de l'Atelier Paysan, internes comme externes, (presque) au complet !
Ces retours ont ensuite été complétés par quelques situations tirées de la BD Il est où le patron ? de Maud Bénézit & Les paysannes en polaire (que nous recommandons !), où l'on suit 3 paysannes, aux profils différents, qui gèrent leur propre ferme et se heurtent au machisme du milieu agricole... et à qui on demande souvent : "il est où le patron ?"
Ce baromètre est une tentative de hiérarchisation des situations de violences, y compris sexistes et sexuelles. Il rappelle que le malaise n'est pas binaire, et peut s'installer progressivement - jusqu'aux cas les plus graves, dont aucun réseau et aucune organisation n'est à l'abri.
Destiné à être affiché dans les espaces de formations, il permet d'identifier des situations problématiques (dont certaines sont susceptibles de constituer un délit), tout en reconnaissant les situations et comportements souhaitables et confortables pour toutes et tous. En permettant de mieux reconnaitre les situations, cet outil doit renforcer la légitimité pour un témoin d'intervenir ou d'une victime de demander de l'aide.
L'outil est en cours d'expérimentation et d'amélioration, n'hésitez pas à nous faire vos retours et suggestions en écrivant à formations[-at-]latelierpaysan.org !

La semaine du 24 février 2025, 8 maraîchers et maraîchères ont participé à une semaine de chantier prototypage d'une laveuse à légumes, animée par l'Atelier Paysan et avec l'accompagnement d'un conseiller en prévention de la MSA.
Une réflexion collectiveCe prototypage fait suite à 8 mois de co-conception pour le projet « Laveuse à légumes » porté par le GAEC Ferme Laporte, la MSA Gironde et l'Atelier paysan, et soutenu par la Fondation Au Nom de Sélène. L'objectif est de repenser le pôle lavage des légumes, trop souvent jugé moins prioritaire lors de l'installation, en prenant en compte la durabilité, l'autonomie, l'écologie, et l'ergonomie.
Le processus de co-conception avec l'Atelier Paysan a été initié le 31 mai 2024 lors d'une rencontre avec les membres du groupe et la MSA (voir l'article dédié), et s'est poursuivie à distance avec des réunions en visio régulières afin de permettre à l'Atelier Paysan de dessiner (en 3D puis en plan) une première version de l'outil correspondant aux besoins du groupe.
Un chantier prototypageLe prototypage s'est déroulé en Girond, au cours d'une semaine de formation au travail du métal animé par Pierre, formateur à l'Atelier Paysan, du 24 au 28 février 2025. La fabrication de l'outil s'est principalement déroulée sur les 4 premiers jours, permettant des tests et ajustements le 5ème et dernier jour.
Après une semaine stimulante et challengeante, le groupe est reparti avec beaucoup de fierté, satisfait de cette conception et construction participative. Quelques finitions restent à apporter par les heureux nouveaux propriétaires de cette laveuse, qui pourront la tester ce printemps.




Après les premiers essais à la ferme le groupe se réunira à nouveau pour faire des premiers retours sur la fabrication du prototypage, son utilisation et pour réfléchir aux améliorations possibles. Ce sera ensuite à l'Atelier Paysan de jouer pour mettre à jour la conception en fonction de ces retours, et proposer ensuite au plus vite et au plus grand nombre cette belle innovation collective !
Une machine prometteuseCette laveuse à légumes à été dimensionnée pour les petits volumes et peut laver 1 à 2 caisses max à la fois.
Ses points forts :
- Son tambour inox muni d'une spirale permet une sortie efficace des légumes même en l'inclinant. Il a été pensé pour permettre une grande économie d'eau tout en assurant un nettoyage efficace des légumes ! En effet, avec ses deux sens de rotation, elle permet dans un sens de brasser les légumes dans l'eau pour bien les laver, puis de les faire remonter hors de l'eau jusque dans la caisse dans le sens contraire.
- Elle est facilement déplaçable grâce à ses roulettes.
- Elle est aussi facile d'entretien car la cuve bascule ou se détache entièrement pour retirer les sédiments.
- Elle est très ergonomique ! Mieux valait faire attention sous la supervision de la MSA ;) La rotation est effectué avec une manivelle à main, bien dimensionnée pour ne pas fournir trop d'effort. Et le versement des légumes dans le tambour est guidée par une bascule à actionner à la main avec un bras de levier qui permet également de réduire l'effort.
- On lave ses légumes au sec !
Cette laveuse permet donc de laver ses légumes - sans une éclaboussure - de manière efficace, ergonomique et économe en eau, tout en étant facile d'entretien et déplaçable... pour un coût d'achat en formation d'environ 1500€ !

L'essaimage de l'Atelier Paysan, c'est à dire sa stratégie d'implantation locale par l'accompagnement de groupes locaux autonomes et fédérés, se poursuit un peu partout... et en Normandie ça bouge !
Dans la Manche :En novembre le collectif des Démanché-es, s'est lancé dans la Manche et se met en action. Ils lancent d'ailleurs leur toute première gazette :la Techno conviviale !
Dans le Calavos :Samedi 1er mars, environ 25 paysannes, paysans, artisanes, artisans, membres de Tiers lieux et d'autres associations citoyennes ont travaillé toute une journée à l'émergence d'une dynamique d'entraide autour des technologies paysannes dans le Calvados.
Dans le bocage à 30 kms de Caen, après une soirée très suivie (70 personnes !) pour la présentation de notre manifeste Reprendre la terre aux machines, à l'invitation du Comité 14 des Soulèvements de la Terre, le collectif naissant a décidé de se structurer autour de plusieurs actions :
• 8 rendez-vous « bricolages paysans », réparation et entretien de matériel ce printemps dans 3 secteurs du départements • des visites de fermes pour cartographier les savoir-faire, outils, ateliers et ressources disponibles sur le territoire • une campagne de recensement des besoins pour programmer des formations au prochain semestre • un chantier (de long cours) pour doter la dynamique d'un atelier fixe, une Maison normande des technologies paysannes • une grande fête d'inauguration de l'essaim en septembre !
Rejoignez cette dynamique soutenue par l'ARDEAR Normandie, les CIVAM et la Confédération Paysanne !
Finistère et Côtes d'ArmorLa rencontre aura lieu le 5 mars...
Ailleurs...Vous êtes autre part et ça vous donne envie de rejoindre ou initier une dynamique locale ? Rdv sur le site de Soudons, fermes !, la communauté des essaims de l'Atelier Paysan.


Projet VIREG : Le réemploi dans l'autoconstruction et la gestion des couverts végétaux en viticulture
L'Atelier Paysan s'est engagé en 2024 dans le projet "VIREG", porté par le programme national CASDAR de FranceAgriMer.
Celui-ci a pour but de co-concevoir des outils viticoles facilitant la gestion des couverts végétaux dans la vigne. La fabrication de ces outils devra faire intervenir du réemploi ou du recyclage d'outils existant sur les fermes.
Cinq groupes de viticulteurs répartis sur toute la France participent à ce projet. Avec des besoins spécifiques à son territoire, chaque groupe fabriquera un prototype d'outil adapté. Le choix de cet outil a été établi lors de réunions entre viticulteurs à la suite desquelles un consensus sur un besoin a été trouvé à chaque fois.
Les recherches et prototypages de chaque groupe seront minutieusement documentés afin de pouvoir diffuser leurs retours d'expérience et les plans des outils.
Voici la liste d'outils sur lesquels chaque groupe a prévu de travailler :
1) Dans le sud de la Drôme : plaque de décompaction sous le rang afin de préparer le sol à de l'ensemencement par des micro-organisme. L'inspiration pour cet outil est une plaque de décompaction utilisée autour des chênes truffier. Celle-ci sera montée sur un bras de mini-pelle hydraulique :

2) En Occitanie, dans le Minervois : une faucheuse de couverts végétaux réglable en largeur pour faucher dans l'inter-rang en recyclant une écimeuse. Celle-ci reprendra des éléments de ces deux outils repérés lors de tournée de recensement :

3) Dans le Diois : Réemploi de cadres de travail du sol pour en faire des cadres extensibles (réglables en largeur actionné par l'hydraulique) de binage.

4) Dans le nord de l'Ardèche : un semoir à couvert végétaux sous le rang de vigne. L'idée serait de semer un couvert végétal entre les ceps de vignes. L'enjeu est de rappuyer sur les graines pour assurer un bon contact avec la terre sans endommager les ceps. Un système de lanières lestées avec effacement mécanique va être testé.

5) En Alsace
Le groupe veut développer deux outils :
- Un outil à disques de travail du sol en surface dans l'inter-rang pour limiter l'enracinement du couvert végétal qui ressemblerait à celui-ci :

- Un cadre enjambeur pour travailler le sol au plus près des ceps dont la géométrie reste à définir.
La prochaine étape pour chacun des groupes est d'affiner le cahier des charges et de travailler avec l'Atelier Paysan à la co-conception de chaque outil puis à son prototypage en automne ou hiver 2025.
La suite au prochain épisode !

Six organisations paysannes départementales, régionales ou nationales ayant leur siège sur le territoire du Schéma de cohérence territoriale (SCoT) de la région grenobloise publient une lettre ouverte aux élu-es de son comité syndical, alors qu'une concertation est en cours sur la modification des documents d'urbanisme pour agrandir la ZAE du parc des Fontaines à Bernin, dans le Grésivaudan. L'objectif de ces modifications est de permettre l'agrandissement d'usines de micro-électronique... au détriment de terres agricoles.
Mesdames les élues, Messieurs les élus,
Y aurait-il toujours une "bonne raison" pour détruire du foncier agricole ? Nos organisations se le demandent, au vu des démarches administratives engagées pour étendre une industrie sur 11,2 hectares du Grésivaudan. Un projet de « déclaration d'utilité publique » au détriment de certaines des meilleures terres agricoles de la vallée.
Vous pourrez nous objecter, peut-être, que le projet d'agrandissement de la zone d'activité économique (ZAE) du parc des Fontaines à Bernin relève d'un « projet de rang national européen », sur lequel vous n'avez pas prise et qui justifie aux yeux de l'État de déroger à son engagement général de ne plus artificialiser de terrains (loi dite « Zéro artificialisation nette »). Ou encore, plus cyniquement, que 11 hectares sont finalement assez peu à l'échelle de la vallée du Grésivaudan, de la grande région grenobloise ou du département. Nous pensons, pour notre part, que les élus locaux que vous êtes devraient être vent debout contre cette nouvelle décision d'artificialisation de terres agricoles. Il s'agit, rien de moins, de la capacité future à nourrir le territoire et à y maintenir une activité économique héritière de l'histoire locale et garante de notre cadre de vie. A fortiori quand cette artificialisation se décide au nom d'une ambition industrielle dont la faisabilité à court terme semble compromise, puisque l'entreprise Soitec a ajourné son projet d'extension.
Nos organisations, ancrées dans ce territoire, pensent comme vous que « des entités agricoles suffisamment vastes doivent être préservées pour y développer une agriculture extensive locale et pour préserver la fonctionnalité des espaces économiquement compétitifs pour une agriculture confrontée à une concurrence européenne et mondiale. » Cette phrase n'est en effet pas de nous. Elle est tirée du Projet d'aménagement et de développement durables du Schéma de cohérence territoriale (PADD du SCoT, p.37) validé par votre institution il y a dix ans. Aussi sommes-nous convaincus que, comme le rappelle votre Document d'orientation et d'objectifs (p.100), « les collectivités locales doivent veiller à préserver l'ensemble des espaces naturels, agricoles et forestiers » identifiés lors de votre cartographie des zones à enjeux. Et vous n'ignorez pas que, bien que leur délimitation sur cette carte soit grossière, les terres agricoles du cône du Manival, dont il est question, font partie de ces sites à enjeux.
Aujourd'hui, nous vous appelons à vous positionner ouvertement et publiquement pour la défense des terres agricoles du territoire : celle-ci ne saurait être brandie comme une posture générale qu'on détricote à l'envi, selon les circonstances. Puisque l'État prépare une Déclaration d'utilité publique pour transformer ces 11 hectares en éventuelle usine future, nous attendons que vous vous exprimiez pour le maintien de leur vocation agricole, sans ambiguïté. L'agriculture ne peut pas être la cinquième roue de notre carrosse territorial, qu'on valorise et célèbre seulement là où les autres activités ne cherchent pas à se développer. La préservation de ces champs en zone de plaine – un trésor agricole, dans un territoire de montagne comme le nôtre – a désormais valeur de test.
Signataires :
- Quatre structures départementales ou régionales : ADDEAR 38, Alliance PEC 38, Association locale Accueil Paysan AURA, Confédération Paysanne 38
- Deux structures nationales ayant leur siège dans la "Grande Région de Grenoble" couverte par le SCoT : Atelier Paysan, Fédération Nationale Accueil Paysan

Vu de Chartreuse : usine de micro-électronique au milieu des terres agricoles de plaine, dans la vallée du Grésivaudan (crédit photo Atelier Paysan)

Profitez des dernières formations avant le printemps pour vous équiper et vous former aux techniques d'autoconstruction !
Le fonds de formation des métiers de l'agriculture (VIVEA) est plutôt généreux avec les professionnels du secteur. Le fonds VIVEA est renouvelé chaque année, profitez-en ! D'autres organismes soutiennent également vos besoins de formation.
Voici les prochaines dates pour lesquelles il reste de place :
🛠️ Pour s'initier au travail du métal/construire du petit outillage :- 3 jours en Ardèche, du 18 au 20 mars
- 3 jours dans la Loire, du 22 au 24 avril
- 3 jours dans le Nord, du 7 au 9 avril
- 3 jours dans l'Hérault, du 8 au 10 avril
- 3 jours en Isère, du 28 au 30 avril
- 3 jours dans le Morbihan, du 29 au 30 avril
- Four à pain et Souleveuse à treuil, 8 jours dans le Morbihan, du 25 mars au 3 avril
- Outils de meunerie et maraichage, 8 jours en Isère, du 24 mars 2 avril
- 3 jours en Isère, du 19 au 21 mai
- 2 jours en Isère, du 1er au 2 avril sur la mécanique tracteur
- 1 jour dans le Var, le vendredi 28 mars, pour apprendre à entretien des outils à moteur 2 temps (débroussailleuse, tronçonneuse, taille-haie…)
- 1 jour dans l'Hérault, le mardi 27 maipour apprendre à entretien des outils à moteur 2 temps (débroussailleuse, tronçonneuse, taille-haie…)
- 1 jours dans dans l'Hérault, le mercredi 28 mai en en non mixité choisie, pour apprendre à entretien des outils à moteur 2 temps (débroussailleuse, tronçonneuse, taille-haie…)
- Formation à distance, 2 x 4h, les 24 et 31 mars
📆 Pour retrouver le programme complet des formations de l'année : https://latelierpaysan.org/La-gamme-de-formations
Vous pouvez aussi demander à organiser une formation près de chez vous à tout autre moment de l'année !
Contact : formations@latelierpaysan.org / 04 76 65 85 98

Alors que vous êtes plus de 2 700 à l'utiliser...
Le forum de l'Atelier Paysan a été attaqué par un robot informatique ce week-end, rendant son accès indisponible.
Afin de limiter les risques de "contamination", nous avons mis le forum en quarantaine, le temps de lui trouver un antidote.
L'équipe technique fait tout son possible pour résoudre ce problème au plus vite.
En attendant, vous pouvez toujours consulter les autres espaces de notre site, notamment la page Outils et Plans, et faire part de vos retours et trouvailles aux formateurs et formatrices que vous croisez ainsi qu'aux référent.es outils.

Du 7 au 26 janvier 2025, nous, 13 femmes, essentiellement paysannes, de la Confédération Paysanne, du réseau CIVAM et de l'Atelier Paysan, sommes allées à la rencontre du Mouvement des Sans Terre (MST) dans l'Etat du Pernambouc au Brésil. Ce voyage a été organisé par l'association AMAR de Rennes et RBS Réseau Bretagne Solidaire. Organisé par le MST, le programme contenait autant des temps de formation politique que des visites d'occupations, de communautés et de cantines solidaires. Les échanges avec les militant·es du MST, pour la plupart paysan·nes, furent nombreux et riches. Nous avons souhaité faire un retour collectif écrit de ce voyage.
NB : Cet article est publié dans le numéro à paraître du bulletin Correspondances Paysannes. Illustration : crédit photo MST PE.
Durant 3 semaines en janvier 2025, nous, 13 femmes, essentiellement paysannes, de Bretagne et Rhône-Alpes, sommes allées à la rencontre du Mouvement des Sans Terre (MST) au Brésil. Le Mouvement des Sans Terre est un mouvement de masse populaire. De masse, car depuis 40 ans il a permis l'installation de 450 000 familles sur des terres appartenant à la bourgeoisie de l'agro-business. Populaire, parce qu'il est ouvert à toute personne décidée à se battre pour une terre, la travailler, et que chacune de ces personnes participent activement à la politique du mouvement. Il n'existe pas de tel mouvement en Europe. Nos processus d'installation ne sont ni de masse, ni populaire.
Leur méthodologie d'action : l'occupation. Après avoir identifié des terres (terres de très grands propriétaires - les latifundios- , en monoculture, où les conditions de travail sont dramatiques ...), les militant·es du MST vont à la rencontre des classes populaires sans terre de la région. Un long travail de base est effectué, afin de les accompagner dans la prise de conscience de leurs droits, des inégalités et des injustices sur l'accès à la terre, et donc sur l'accès à leurs moyens de subsistance. Après plusieurs mois de rencontre et d'organisation, c'est à la tombée de la nuit, que des mouvements de 20 et parfois jusqu'à plus de 2 000 familles se mettent en action pour occuper ces terres ! Dès le lever du jour, tout le monde s'affaire à couper du bois, à trouver des bâches pour construire les cabanes dans lesquelles ils vivront temporairement, à travailler le sol , à mettre en place des réserves d'eau... Puis créer des "nucleo de base" (groupe de 10 familles) pour s'organiser et prendre des décisions, choisir des référentes et des référents par secteur (éducation, genre, production, jeunesse, santé, etc.),... C'est par toutes ces actions profondément politiques qu'un acampamento nait. Mais ce mouvement déplait fortement à la bourgeoisie de l'agro-business (les propriétaires des terres, les agro-industries, les banques, les états...). La preuve en est, lors de notre séjour, la milice d'une grosse entreprise immobilière a assassiné 2 militants du MST et blessé 6 autres. Et comme le disent les camarades du MST : « Pas une minute de silence pour nos camarades assassinés, mais toute une vie de lutte ! ». C'est justement par la lutte, ici juridique et politique, que les acampamentos du MST parviennent à être légalisés au bout de plusieurs mois, voir plusieurs années. Les acampamentos deviennent alors des assentamentos, où chaque famille obtient équitablement et légalement un droit d'usage des terres, la possibilité de construire une maison, un droit à la subsistance.
Nous nous sommes aussi questionnées sur l'agroécologie, qui n'est pas abordé de la même manière qu'en France. Chez nos camarades du MST, la protection de l'environnement et la production d'aliments sains sont deux notions fondamentales, mais la lutte contre les inégalités sociales, pour l'accessibilité de la terre à toutes et tous, est prioritaire face à la recherche des meilleures techniques de production. La lutte du Mouvement des Sans Terre passe donc par la défense d'une agriculture familiale qui nourrit et subvient aux besoins de la communauté, une lutte qui passe avant tout par l'émancipation humaine et la lutte contre l'agro-bussiness.
Le Mouvement des Sans Terre ne lutte pas que pour l'accès à la terre au coup par coup par les occupations. Il lutte également depuis 40 ans pour une réforme agraire populaire, c'est à dire la répartition et la socialisation des terres à l'échelle du Brésil. Ce qui explique son échelle nationale, ses alliances avec le Parti des Travailleurs de Lula, son institutionnalisation croissante... Des sujets qui font débat au sein du mouvement...
La lutte pour la Terre et la lutte pour une réforme agraire populaire sont inscrites, et n'ont de sens que dans un objectif fort de transformation sociale. Sinon quel intérêt d'avoir accès à la terre si les femmes continuent d'être battues sur celles-ci, si les plus riches conservent plus de pouvoir que les plus précaires, si l'éducation n'est pas accessible à toutes et tous, si les personnes noires n'ont pas accès cette terre, ... ?
Le Mouvement des Sans Terre nous a également mis en face de plusieurs manques dans notre classe paysanne française. Notamment celui du manque de formations politiques et d'espaces d'éducation populaire. Pourquoi les espaces populaires, comme ceux proposés par le MRJC [1], si nombreux dans les années 80, sont-ils si difficiles à trouver aujourd'hui ? Que sont devenues les Bourses du travail de nos grands-parents et arrière grands-parents ? Nous manquons terriblement d'espaces pour nous rencontrer, discuter, débattre entre pairs, nous organiser, nous former politiquement, mettre en place des actions sur notre territoire pour défendre nos droits, créer des caisses de solidarités, des cantines, ... Le MST l'a bien compris, la formation politique est primordiale pour savoir qui nous sommes, pourquoi nous luttons et contre qui, et ainsi pouvoir transformer la société. Car rappelons-le l'objectif n'est pas seulement de produire, mais bien de transformer la société. On retrouve donc de très nombreux espaces d'éducation populaire et politique au sein du mouvement : que ce soit pour les référent·es de chaque secteur, pour les cadres, les contributrices des cantines, pour l'ensemble de la base, ... Chaque interstice est prétexte à formation. Sans jamais oublier que le meilleur acte de formation est celui de la lutte en action, même 10 années de formation politique théorique assis sur une chaise ne sauront le remplacer !
Le Mouvement des Sans Terre nous a également mis face au manque criant d'internationalisme dans notre classe paysanne française. Nos fermes, nos territoires, nos productions sont inscrites dans une logique internationale. Nous ne pouvons pas démanteler seul·es dans nos territoires le système agroalimentaire mondial. C'est en se nourrissant des luttes menées ailleurs, en ancrant nos luttes locales dans une lutte internationaliste que nous pourrons alors espérer démanteler l'agro-business. L'internationalisme n'est ni un rêve, ni une théorie à étudier, c'est une stratégie collective de survie. Comme l'on écrit Les Peuples Veulent dans leur manifeste l'année dernière : « Seules trois options se présentent à nous : continuer à regarder l'Empire nous entraîner dans l'abîme en faisant mine de ne pas savoir où il nous mène ; céder à la panique générale et rester prostré·es en attendant la fin ; ou organiser méticuleusement notre plan de sortie en faisant le pari que de l'improbable nous allons extraire le possible. C'est non seulement pour survivre mais aussi pour enfin bien vivre, qu'il nous faut retrouver un horizon révolutionnaire internationaliste. »
Un horizon révolutionnaire oui, car nous aspirons à une transformation sociale radicale où ce ne sont plus les grands propriétaires agricoles qui continuent de s'agrandir en empêchant d'autres de s'installer, où ce ne sont plus les autres politiciens qui décident pour nous, où l'extrême droite n'est plus une menace vitale pour des milliers de personnes, ...
Le Mouvement des Sans Terre nous a également rappelé que la lutte pour cet horizon est joyeuse. A chaque rencontre, une Mistica avec des chants entrainants, des poèmes scandés, de la nourriture partagée, des photos. Créer des rites pour marquer les rencontres, les actions, les temps de formation, réenchanter la lutte pour continuer à s'indigner et à rêver.
Nous, paysannes, nous nous questionnons désormais sur comment nous inspirer concrètement de ces rencontres et de ces transmissions reçues pour nourrir et renforcer nos luttes. Quels processus pour que chaque personne, quelque soit son milieu social, sa diversité sexuelle et de genre, son origine supposément raciale ou ethnique soit inclue depuis là où elle se situe dans le processus de formation politique et d'émancipation collective ? Comment transposer cette stratégie de massification au sein de nos luttes paysannes et rurales en France ? Comment reprendre la terre et ses moyens de subsistance depuis une perspective populaire et intersectionnelle ?
Dans les acampamentos et les assentamentos, nous nous sommes reconnues entre camarades, nous nous sommes donné de la force et de la joie pour nos luttes. Nous rentrons avec l'envie forte d'œuvrer à la transformation sociale.

"Grupo de mulheres camponesas da França participam de intercâmbio com MST em PE", mst.org, 14 janvier 2025 (Photo : MST PE)
[1] MRJC : Mouvement rural de la jeunesse chrétienne