Antigone

Échangisme littéraire – mai 2024

Les notes ci-dessous sont un résumé de ce qui a été dit sur chaque titre, et non une retranscription complète des propos échangés.

• Johnny s’en va-t-en guerre, Dalton Trumbo : Roman anti-guerre, première guerre mondiale.

  • Le scaphandre et le papillon, Jean-Dominique Bauby : roman autobiographique sur un homme qui ne peut plus communiquer qu’en clignant des paupières.
    

• The Shaolin Cowboy, Geof Darrow : Comics sur un cowboy qui fait du kung-fu et casse la gueule des gens qu’il croise.
  

• Tiny Tango, Judith Moffet : Roman de SF, publié en 1989. Parle du Sida mais en mode science-fiction.

• Apeirogon, Colum McCann : Roman, biographie romancée. Combat pour la paix de deux pères, l’un palestinien, l’autre israélien, ayant tous les deux perdu leur fille. La construction du récit est originale, les chapitres très différents.

• Les féministes blanches et l’Empire, Félix Boggio Ewanjé-Epée et Stella Magliani-Belkacem : court essai sur la contribution du féminisme blanc (et de la gauche) à l’empire français (la colonisation, le racisme…)
  • Il existe un chouette bouquin dont on a oublié le titre, sur le pinkwashing d’Israël au niveau des films, écrit par deux journalistes français (enquête journalistique).

• A mains nues, Amandine Dhée : Livre un peu hybride, entre autofiction et essai. Réflexion sur le couple, la sexualité, avec un prisme féministe. On suit la réflexion d’une femme, de toute petite jusqu’à sa vie de jeune femme.

• Machine : série Arte. Une saison (deux autres prévues), six épisodes d’une heure. Mélange entre kung-fu et lutte des classes. A aimé mais il y a des trucs nazes. Attention, scènes de violence.

• Le maître ignorant, Jacques Rancière : L’auteur présente la pensée de Jacotot, qui remettait en cause la pédagogie et visait l’émancipation. Alterne entre des textes de Jacotot et de Rancière.

• Le troisième policier, Flann O’Brien : Ne sait pas si a aimé. Roman policier humoristique où la police ne gère que les vols de vélos.

• Pee-Wee Big Adventure, Tim Burton : film qui parle aussi de folie du vélo.

• Portrait d’un architecte viennois, Hundertwasser, avec un album photos du quartier qu’il a fait à Vienne.

• Les impatientes, Djaïli Amadou Amal : Roman sur la polygamie au Cameroun, dans la société contemporaine.

• Neil Cicierega : Musicien états-unien qui fait des mash-up (mélange de chansons) improbables.

A Antigone, on rigole pas encore assez, alors on va accueillir du stand-up avec Florine et son spectacle “Fleministe”, dont voici la présentation :

Florine, “jeune” quadra bobo un chouia névrosée, a des solutions bien à elle pour sortir du patriarcat et sauver la planète !
Rassurez-vous, toutes ces solutions ne demandent pas trop d’effort puisqu’elle se revendique FLEMINISTE, un concept révolutionnaire qui changera le monde…  ou pas !

Au mieux on change le monde, au pire on se marre !

Ouverture des portes : 19h

Début : 20h

Prix libre

Échangisme littéraire – avril 2024

Les notes ci-dessous sont un résumé de ce qui a été dit sur chaque titre, et non une retranscription complète des propos échangés.

• Environnement toxique, Kate Beaton : BD autobiographique, 2006. Kate va travailler sur une plateforme d’extraction de pétrole (exploitation des sables bitumeux). Elle raconte son parcours de deux ans là-bas et ses rapports avec les autres, sachant que c’est un milieu très masculin. Elle est magasinière, puis travaille dans les bureaux. On oscille entre une solidarité profonde pour ce que ses collègues (et elle) vivent et une détestation à cause de ce qu’ils lui font subir car elle est une femme. C’est assez lourd mais ça se lit d’une traite. On apprend plein de choses sur le Canada, etc. Fait écho à des choses du quotidien, au sexisme ordinaire. Les dessins sont simples.

• Je m’appelle humain, Kim O’Bomsawin : Film documentaire. On suit Joséphine Bacon : anthropologue, poétesse, documentariste appartenant au peuple autochtone des Innus, un peuple vivant au nord du Canada. On découvre des régions magnifiques et assez sauvages. J. Bacon a plus de 70 ans mais déborde d’énergie et est engagée politiquement, car les peuples autochtones ont été culturellement exterminés par les colons, et notamment leurs langues. Ce film est une sorte de road-movie où on la suit, accompagnée d’une jeune femme écrivaine. Joséphine raconte son passé, parle de l’importance de la transmission, du rôle des aînés. Il y a transmission à plusieurs niveaux (Joséphine et la jeune écrivaine, Joséphine et ses aînés, Joséphines et les spectateur·ices…). Elle explique comment elle a renoué avec la culture innu. Très peu de paroles et beaucoup de poèmes dits (en innu et en français). Les poèmes sont écrits sur les paysages filmés, il y a tout un travail esthétique dans ce film. Joséphine lutte pour protéger les “mots en voie de disparition” de sa langue. Ce film ouvre à un monde, une poésie, une mythologie qu’on ne connaissait pas. On sort galvanisé, avec l’envie d’écrire, de lire ses poèmes, etc. Le livret proposé avec le DVD est super intéressant. La documentariste a la trentaine et est engagée pour la défense des peuples autochtones + les luttes féministes. On peut trouver ce DVD à la bibliothèque Kateb Yacine.

• Elan.school : Webcomics (comics en ligne) autobiographique. En cours de lecture. En anglais. L’auteur raconte comment, à 16 ans, il a été légalement kidnappé par des gens. Ses parents pensaient l’envoyer dans un centre de rééducation pour jeunes troublés, mais en fait il s’agissait d’une secte, dans un lieu paumé au fond du nord-ouest des États-Unis. Les jeunes enfermés-là n’avaient pas le droit de sortir. Fonctionnement à l’intérieur de cette secte : hiérarchie entre les jeunes, abus institutionnalisé. Iels se surveillent, au moindre faux pas iels hurlent sur la personne, dans une réunion prévue à cet effet. Les adultes n’ont même pas besoin d’agir, tant les jeunes sont lobotomisés et auto-entretiennent ce système. L’école a été fermée depuis, mais elle a pu fonctionner pendant 40 ans en toute impunité, et il en existerait d’autres. L’auteur a voulu témoigner pour alerter. Ce comics prend aux tripes, raconte très très bien l’horreur. Il y a beaucoup de suspens à la fin de chaque chapitre, des rebondissements. Ça retourne.

• Rage assassine : Mettre fin au racisme, bell hooks : En cours de lecture. Recueil de textes que bell hooks a écrit sur le racisme, indépendants les uns des autres. Il y a un texte sur les écoles créées spécifiquement pour recadrer les jeunes hommes noirs. Ce qui est bien avec bell hooks, c’est qu’elle tape sur tout le monde et là où c’est inconfortable : elle tape facilement sur les conservateurs et les libéraux, mais aussi sur la gauche blanche, les féministes blanches, et sur elle-même. Bell hooks parle des hommes noirs obligés de se plier à la masculinité blanche, etc. Elle analyse différents mécanismes bien précis de racisme. Il y a beaucoup de réflexions sur violence légitime/illégitime. Et comment on consent au système de domination pour en tirer un privilège (ou un fantasme de privilège). Très bien, comme tous les livres de bell hooks. Très facile à lire, presque comme un roman → c’est un des engagements de bell hooks, écrire de façon à être accessible à toutes & tous.

• Pour une forêt primaire en Europe de l’ouest : Un manifeste, Francis Hallé : Manifeste. Il y a 5 ans environ, Francis Hallé, botaniste, a monté un projet pour recréer une forêt primaire en Europe de l’ouest. Pour cela, il faut une grande surface non-close (environ 70 000 hectares) et zéro intervention humaine. Il veut partir d’une forêt d’environ 200 ans, gérée par l’ONF, et la laisser tranquille pendant 800 ans. Il a écrit ce manifeste pour défendre son projet. C’est plutôt bien, notamment en matière d’imaginaire. À l’heure actuelle, ils (lui et les personnes ayant rejoint son projet) réfléchissent au lieu idéal et à comment empêcher l’intervention humaine. Dans le documentaire Into the rewild, il présente son projet.

  • Ses livres de vulgarisation sont souvent très bien illustrés, passionnants et drôles.

• The Royal Hotel, Kitty Green : Film australien. Deux voyageuses états-uniennes cherchent un boulot après avoir fait la fête et être à court d’argent. Elles vont devenir serveuses dans le bar d’un hôtel à côté d’une mine, au fond de l’Australie. La réalisatrice veut mettre en scène la violence et la dangerosité des hommes : à l’exception d’un homme aborigène, tous sont des bêtes, il n’y a pas de complexité des personnages. Met très bien en lumière la position des deux femmes, mais le traitement des personnages masculins est fantasmatique : ce sont juste des monstres, pas d’intelligence dans le propos. Le rapport blanc/aborigène revient pas mal et est traité assez subtilement. Film qui laisse mitigé, il y a des trucs intéressants et d’autres pas du tout. La fin est sympa.

  • Il reste encore demain, Paola Cortellesi : Débat sur ce film, sur la façon de dénoncer le sexisme dans le film. Il fallait être là pour en savoir plus, c’est trop compliqué de résumer !

  • Projet crocodiles, Juliette Boutant & Thomas Mathieu : Blog BD recueillant des témoignages de harcèlement et sexisme ordinaire. Le contenu du blog a ensuite été publié en deux bandes dessinées papier. Dans ces témoignages, le choix a été fait de dessiner tous les hommes en crocodiles, pas seulement les agresseurs. L’auteur (le blog a d’abord été créé par Thomas Mathieu) avait expliqué son choix car cela avait fait débat, son explication est hyper intéressante (et se trouve dans la rubrique FAQ du blog, ou à la fin des BD).

  • Le koala tueur : Et autres histoire du bush, Kenneth Cook : Recueil de nouvelles inspirées des tribulations de l’auteur en Australie. On y rencontre un éleveur de serpent alcooliques, on apprend des trucs sur la reproduction des crocodiles… C’est toujours très drôle et léger, il y a beaucoup de comique de situation. Les nouvelles sont très courtes.

• Tu, mio, Erri de Luca : Roman. Années 50. L’auteur a un gros passé politique, puis il est passé à autre chose. Ce roman a plus ou moins été inspiré de sa vie. Un ado’ va pêcher tous les jours sur une île vers Naples. Le sujet, c’est comment on devient un homme dans ce milieu-là à cette époque. Ébloui par le style simple mais évocateur et clair, il n’y a rien en trop. Histoire d’amour. Petit à petit un truc se construit, un peu “religieux” (=tout un réseau de superstition), ce qui fait se détacher un peu du livre, car c’est un peu artificiel. Mais recommande quand même ce roman car c’est très intéressant. L’auteur a traduit la Bible, a appris l’hébreu et a écrit des essais sur l’hébreu, bref, il semble fasciné. Magnifiquement écrit.

• Triste tigre, Neige Sinno : Objet littéraire atypique, hybride entre autofiction et essai. L’autrice parle d’elle, de se vie, met beaucoup de théorie, fait référence à beaucoup de penseuses et c’est très documenté. Elle parle de l’inceste et de comment elle a vécu ça par son beau-père dans une famille recomposée. Le beau-père a dit au procès “évidemment que c’était elle, jamais je l’aurais fait à mes filles”. Elle écrit à 45 ans, après avoir porté plainte, sa mère l’a soutenue, son beau-père a reconnu les faits et a été condamné → il y a du recul et une épaisseur dans sa façon de raconter. Travail de recherche énorme. Éclaire de nombreuses facettes de ce qu’est l’inceste, a cherché qui sont les agresseurs. Œuvre remarquable, au-delà du témoignage très intéressant. Pointe le fait qu’on est toutes et tous proches et/ou témoins d’inceste (10 % de personnes victimes d’inceste). Toute cette réflexion sur la place de témoins est intéressante. Le propos est d’une immense violence mais ce livre n’est pas glauque, ni dur à lire.

• D.R.U.G.S, Neal & Jarrod Shusterman : Roman ado’. L’histoire se passe à notre époque, aux États-Unis. Il traite de l’addiction, avec une spécifité : les drogues sont personnifiées. Nous suivons l’histoire du point de vue de 4 personnages : Ivy, lycéenne, qui va accepter de prendre de l’Adderall pour gérer son hyperactivité. Son frère Isaac, qui a un an de moins. Suite à une blessure, il va prendre de l’oxycodone pour soulager sa douleur. Les deux vont petit à petit tomber dans l’addiction… et les deux autres personnages sont Addison (l’Adderall) et Roxy (l’oxycodone), qui ont fait un pari : le premier qui réussit à tuer sa victime a gagné. Très bon roman ado’, l’histoire est bien ficelée, le suspens présent du début à la fin. Hormis le premier chapitre, le propos n’est pas moralisateur. La plupart des drogues rencontrées sont légales et c’est intéressant de montrer qu’une substance légale (médicament, alcool…) peut créer une addiction. Le roman montre également comment l’addiction se développe de façon sournoise, et les multiples raisons qui font que l’entourage ne voit pas forcément le problème/le minimise.

Selon la météo, la permanence d’Antigone sera annulée mercredi 1er mai :

• S’il ne pleut pas, nous tiendrons toute la journée un stand librairie à l’Anneau de vitesse dans le cadre de la manif’ du 1er mai –> la permanence de mercredi sera annulée.
• S’il pleut, nous ne tiendrons pas de stand et ouvrirons de 18h30 à 21h30, comme chaque mercredi ou presque