

En 2021, l'Atelier Paysan publiait son manifeste, Reprendre la terre aux machines. Ce mois-ci, comme une réponse, un collectif de chercheurs et chercheuses en sciences sociales publient un ouvrage académique intitulé Comment les machines ont pris la terre. Enquêtes sur la mécanisation de l'agriculture et ses conséquences. Sortie le 25 septembre !
Cet ouvrage est issu d'un projet de recherche participative sur les politiques de la machine agricole initié en 2018 par l'Atelier Paysan avec l'aide de la coopérative L'Atelier des Jours à venir, et mené de 2019 à 2025 grâce au soutien financier de la Fondation de France et de l'IFRIS (Institut Francilien Recherche, Innovation et Société).
L'Atelier Paysan n'est donc pas tout à fait étranger à ce livre. D'une part, car des sociétaires de la coopérative ont contribué à deux chapitres basés sur les résultats d'une enquête menée ensemble, avec les chercheurs et chercheuses, sur l'équipement des fermes. D'autre part, car nous souhaitions avec ce projet faire émerger un travail de recherche sur la machine agricole, pour qu'elle ne soit plus un impensé académique. C'est peu dire que le résultat dépasse nos attentes : non seulement cet ouvrage confirme nos intuitions et légitime nos analyses, en les approfondissant, mais il contribue à structurer un champ de recherche des sciences sociales autour des questions de mécanisation et de solutionnisme technologique en agriculture.

Il s'agit bien d'un ouvrage académique, dont les contributions ont fait l'objet d'un processus de validation scientifique. Les éditions de l'ENS de Lyon le présentent ainsi : "L'agriculture numérique – drones, tracteurs connectés, pulvérisateurs de « précision », etc. – est aujourd'hui présentée comme une solution incontournable pour affronter les défis alimentaires et écologiques globaux. Ce projet s'inscrit dans la continuité des politiques d'équipement agricole ayant favorisé la concentration des exploitations et l'intensification des modes de production depuis les années 1950. Les machines agricoles demeurent toutefois des technologies peu débattues et peu étudiées. Quelles sont les organisations économiques et professionnelles ainsi que les politiques publiques qui, hier comme aujourd'hui, promeuvent des technologies intensives en capitaux et gourmandes en énergies fossiles ? Quelles transformations du travail agricole et quelles conséquences environnementales en résultent ? Rassemblant les contributions d'historiens et d'historiennes, de sociologues et d'anthropologues, ce livre éclaire les formes des verrouillages sociotechniques dans lesquels sont pris les agriculteurs et les agricultrices, contraignant leurs choix, augmentant leur empreinte environnementale, limitant la maîtrise de leurs outils de travail, et décourageant leurs velléités de bifurcation."
Comment les machines ont pris la terre. Enquêtes sur la mécanisation de l'agriculture et ses conséquences, Sara Angeli Aguiton, Sylvain Brunier, Baptiste Kotras, Céline Pessis et Samuel Pinaud (Dir.), septembre 2025, Éditions de l'ENS de Lyon
👉 Des occasions de le découvrir :
- une conférence/débat/projection de film documentaire, le 2 octobre à 18h30, au théâtre Kantor à l'ENS de Lyon
- une conférence/débat aux Rendez-vous de l'histoire à Blois, le 11 octobre à 11h30, sur le thème "Qui gouverne la ferme France ?"
- une présentation du livre dans le séminaire du laboratoire SADAPT à Saclay (AgroParisTech), le 18 novembre à 10h
- un court podcast à retrouver prochainement dans "Le sens des mots" , la série de podcasts des Éditions de l'ENS de Lyon
👉 Sommaire :
Introduction (disponible en ligne ici)
Première partie : mécanisation et environnement
- Chapitre 1. La motorisation et la pétrolisation de l'agriculture française (1944-1973). Une histoire désorientée (Chistophe Bonneuil)
- Chapitre 2. Soutien à l'investissement et fiscalité des machines. Persistance d'une logique productiviste au temps de l'écologisation (Sara Angeli Aguiton, Stéphanie Barral et Jeanne Oui)
- Chapitre 3. Sur les traces des machines forestières. Le développement du machinisme forestier à l'épreuve des sols (Charlotte Glinel)
Deuxième partie : organisations et marchés du machinisme agricole
- Chapitre 4. Consolider une industrie lourde : incitations fiscales et stratégies d'investissement en matériel agricole (Samuel Pinaud, Thomas Borrell, Odile Cassagnou, Marie-Océane Fekairi et Jérémie Grojnowski)
- Chapitre 5. L'agroéquipement : pièce maîtresse de la différenciation du marché de la sous-traitance agricole (Geneviève Nguyen et François Purseigle)
- Chapitre 6. Une particularité française : Les Cuma (coopératives d'utilisation de matériel agricole) (Véronique Lucas)
Troisième partie : travailler avec des machines
- Chapitre 7. L'appel aux manèges ? Persistance et usages des moteurs animés dans l'agriculture française du premier XXe siècle (François Jarrige)
- Chapitre 8. Le dépannage et la maintenance. Autonomie et délégation du travail de réparation des machines (Sylvain Brunier, Baptiste Kotras, Arca Arguelles-Caouette, Anne Kerdranvat et Joël Piles)
- Chapitre 9. Modernisation laitière et division du travail, de l'après-guerre à la robotisation (Théo Martin)
- Chapitre 10. Combler l'éloignement avec les abeilles par la surconnexion. Les trajectoires de numéri-mécanisation en apiculture face à l'incertain (Robin Mugnier)
Quatrième partie : les innovations machiniques, entre promotion et controverses
- Chapitre 11. Des exploitations familiales suréquipées ? Gouverner la motorisation de l'agriculture dans les années 1950 (Céline Pessis, Quentin Thubières et Christophe Bonneuil)
- Chapitre 12. Les tracteurs comme incarnation de l'identité masculine des agriculteurs. Analyse de la publicité agricole (Saône-et-Loire, 1960-1974) (Cassandra Martin)
- Chapitre 13. Le mythe de la machine dans le cinéma agricole français (Jérémie Grojnowski)
- Chapitre 14. Centraliser ou distribuer les données : deux imaginaires opposés pour la numérisation de l'agriculture (Léa Stiefel)

Période creuse à l'hiver dans votre filière ? C'est le moment pour penser son autonomie technique, se former et construire son outil pour la saison prochaine. Et côté outils, il y a de la nouveauté dans l'air !
Côté formation, le calendrier de la saison 2025 / 2026 est bien fourni et vous propose plus de 100 dates dans 43 départements différents ! Côté parc matériel, nous avons travaillé ces derniers mois pour faire évoluer certains outils ou en faire émerger de nouveaux !
Les paragraphes qui suivent mettent en avant – sans chercher à être exhaustifs - des innovations et évolutions issues de la conception participative :
Côté maraîchageLe maraîchage est toujours bien représenté, avec des évolutions sur des outils dits "complexes" (qui demandent plus de 5 jours de construction) tels que :
Parmi les nouveautés récentes, le catalogue inclue désormais :
Plus modestes en temps de construction (3 à 5 jours), la configuration des brouettes, (1 roue, 2 roues) a été revue et elles intègrent désormais un dimensionnement des poignées en fonction du gabarit des utilisateurs.
On peut citer aussi des évolutions sur le rouleau perceur-marqueur, et le système monokit pour serres mobiles et des nouveautés dans des petits outils plus rapides à construire (3 jours) tels que le découpeur thermique de bâche, le dérouleur de fil de fer ou encore la houe maraîchère(1 roue, 2 roues) et ses nombreux accessoires.
Arboriculture et viticultureLes autres filières ne sont pas en reste, à l'image :
- Des étoiles de boudibinage précieux outils d'entretien du sol sur les lignes de plantation pour l'arboriculture et la viticulture,
- Du porte-outil sandwich, resté longtemps confidentiel et finalement construit en plusieurs exemplaire ces dernières années.
Les pépiniéristes profiteront prochainement d'une version améliorée de la souleveuse à treuil, qui facilite le travail d'arrachage des jeunes plants et qui a connu un certain succès pour sa première année de diffusion.
Filière apicoleLa servante à cadres apicoles, prototypée au printemps dernier, est désormais accessible en formation métal de 3 jours.
Filière laineÉgalement construite dernièrement, la table de tri de laine est au catalogue, constructible lors des formations métal de 3 jours.
Comment s'y retrouver ?Si vous souhaitez construire un outil en formation, 4 étapes simples :
1) Rendez-vous sur notre catalogue outils pour repérer votre outil (des filtres peuvent vous aider à trier !)
2) Sur la page de l'outil de votre choix, repérez le nombre de jours nécessaires à sa construction en formation (de 3 à 8 jours) et rejoignez la page "formation" pour identifier la ou les prochaines dates correspondant à votre durée
3) Pré-inscrivez-vous à la formation. Nous reviendrons vers vous pour vous accompagner dans la suite des démarches.
4) Sur la page de l'outil choisi, demandez un devis, qui vous permettra de rentrer en contact avec notre équipe logistique et, par la suite, de valider votre commande.
De nombreux autres travaux sont en cours, de mise à jour d'outils ou de nouvelles conceptions. Restez en veille !

Nous avons fait équipe avec l'ADAF, une association drômoise au service de l'agroforesterie et de l'agroécologie, pour travailler avec un groupe de maraîchers à l'émergence d'un nouvel outil. Ce projet, nommé SEVE, vise à co-concevoir un outil qui faciliterait un itinéraire technique sans travail du sol : un épandeur à compost manuel.
La co-conceptionAprès avoir débattu, les maraîchers du groupe se sont mis d'accord sur un outil : un épandeur à matière organique léger, manipulable à la main. Au cours de plusieurs réunions, un cahier des charges est établi et les contours de l'outil commencent à se dessiner.
Le châssis serait à mi-chemin entre une brouette deux-roues et un chariot 4-roues. Pour faire les aller-retours au tas de compost, l'outil s'utiliserait comme une brouette mais, une fois sur la planche, les 4 roues seraient posées au sol. Il faudrait alors le pousser pendant qu'un tapis roulant épandrait la matière organique.
Pour la motorisation du tapis roulant, on choisit d'utiliser une perceuse car cet outil est très présent sur les fermes et son moteur a exactement les caractéristiques de couple dont nous avons besoin. De plus, cette solution facilite la construction, diminue le coût de l'outil pour ceux qui ont déjà une perceuse et augment la fiabilité électrique. Pour les liaisons mécaniques qui mettent en mouvement le tapis, on choisit d'utiliser des rouleaux, dont un rouleau moteur et des rouleaux libres.
Ce choix technique a été fait grâce à la documentation d'une précédente tentative sur notre forum ici (paragraphe « Pourquoi ça ne marche pas »)
Merci à ceux qui prennent le temps de consigner leur trouvaille, quand bien même celle-ci n'est pas encore totalement fonctionnelle. Vous posez ainsi une première pierre sur laquelle d'autres peuvent bâtir plus tard !
Un pré-prototype est en cours de construction pour valider le système de tapis roulant sur rouleaux. Il consiste en un cadre en bois qui viendra se poser sur une brouette deux-roues existante. Ce châssis n'est par représentatif de l'architecture future mais permet d'avoir une première idée de la maniabilité de l'outil :
La gâchette de la perceuse sera activée via un système de câble de frein de vélo et sa vitesse de rotation devra être divisée par 6 pour que la vitesse du tapis soit satisfaisante. Le choix technique du moyen d'obtenir cette réduction n'est pas encore figé (engrenage, poulie ou chaîne)
Et la suite ?Le 14 octobre prochain, nous nous réunissons avec les maraîchers pour améliorer le prototype et concevoir le châssis de ce futur outil afin de le rendre le plus ergonomique possible.
La suite au prochain épisode !
Voir aussi : notre épandeur à compost attelé

Un groupe d'une vingtaine de personnes est accueilli dans les locaux de la Fédération Rénova, association active dans la préservation des espèces végétales locales et des savoir-faire qui vont avec : arboriculture fruitière, transformation des fruits, plantations de haies…
Ce jour-là, c'est plus précisément autour de l'extraction de graines que les collecteurs, les pépiniéristes et les conseillers de différentes structures sont réunis pour partager leurs connaissances, essais divers et besoins. L'enjeu : améliorer les techniques qui facilitent le travail de d'extraction et préparation de semences d'espèces locales, en vue de leur réimplantation massive dans les territoires de collecte (haies, agroforesterie…).
Décryptage des opérations et identification de techniques existantesPour commencer, il a fallu se mettre d'accord sur les mots à attribuer aux différentes catégories d'opérations, et le groupe y est parvenu péniblement : premier tri, préparation préalable, libération de la graine, isolation de la graine... Ces étapes recouvrent chacune de multiples possibilités d'opérations selon l'espèce mais aussi l'état de maturité des fruits collectés : il y a des fruits durs, d'autres mous, certains avec des graines fragiles, certains qui nécessitent des étapes préalables avant de pouvoir commencer à séparer la pulpe des graines… on comprend alors qu'un travail exclusivement manuel peut vite s'avérer pénible et chronophage… et qu'une recherche foisonnante de solutions est naturellement à l'œuvre pour faciliter la production de graines et amplifier la valorisation de la génétique locale.
Le groupe a donc listé une multitude d'étapes, dont la chronologie n'est pas identique d'une espèce à l'autre : ça a parlé fusain, églantier, chèvrefeuille, alisier, cormier, prunelles, nèfles, pommes et poires sauvages, nerprun alaterne… Une bonne partie de la journée a été consacrée à observer et débattre de différentes solutions mécaniques à l'essai : grugeoir à pommes à rouleaux et marteaux, fouloir à raisins à rouleaux, épépineuses à moteur électrique, plateau d'écrasement à lattes, bétonnière avec mélange fruits-cailloux/galets, moulins à grains modifiés et entrainés manuellement ou à l'aide de perceuse électrique, mélangeur à béton, vortex pour faciliter la séparation pulpe-graines, séries de tamis pour séparation au jet d'eau ou au karcher… beaucoup de détournements d'usages d'outils low-tech et parfois anciens, et de multiples adaptations permettant de gagner en précision, temps ou ergonomie. Les systèmes de séchage et de tri des graines ont aussi fait l'objet de discussion.
Perspectives pour l'Atelier PaysanPour l'Atelier Paysan, ce fut une superbe occasion de s'immerger dans cette thématique et d'engranger une somme d'informations conséquente qui servira au recensement en cours des solutions techniques mises en œuvre par les spécialistes de cette activité. Ce travail a démarré à l'initiative du Parc Naturel Régional de la Brenne et associe d'autres acteurs des filières Végétal Local un peu partout en France. Il se poursuit sur la fin de l'année 2025.
Tous les volontaires qui ont des contacts ou des solutions sur le sujet sont invités à se manifester : g.delaunay(at)latelierpaysan.org.
Moulin à grains mis en mouvement par perceuse électrique, ici extraction des graines de cynorrhondon.
Graine de cormier, avec et sans le tégument qui l'entoure. Ce dernier crée une dormance et doit donc être retiré pour obtenir de bonnes levées en pépinière.
Petit système de racloir construit à partir de lames de terrasse rainurées.

La nouvelle saison de formation débutera fin septembre 2025 et les pré-inscriptions sont ouvertes !
Au programme cette annéeRetrouvez nos 4 thématiques sur près de 100 dates dans 43 départements :
- Travail du métal et autoconstruction d'outils agricoles
- Travail du bois
- Mécanique agricole
- Autres technologies paysannes
Lors des formations au travail du métal, vous pouvez construire votre outil de la gamme Atelier Paysan :
- En formation 3 jours - petits outils, principalement des outils manuels ou équipements d'atelier
- En formation 5 jours - (presque) tous les outils de la gamme Atelier Paysan, toutes filières confondues : triptyque, rouleaux, bineuse, BPO...
- En formation 8 jours - outils plus complexes : épandeur à compost/fumier, four à pain, décortiqueur à petit épeautre, brosse à blé...
Les outils sont également disponibles en kit prêt-à-assembler, livrés chez vous pour une autoconstruction en toute autonomie.
Quelques nouveautés sont déjà disponibles et vous seront présentées à la rentrée !
Consulter le catalogue outils

Lors des incendies de cet été, en plus des forêts, ce sont des hectares de terres habitées et agricoles qui sont sinistrées, pour beaucoup en viticulture et en élevage.
Le Tiers-lieu Paysan Beauregard et l' ASPIC, tous deux essaims de l'Atelier Paysan, animent cette chaine de solidarité locale depuis près 2 semaines. Et ils ont besoin de renfort pour venir en aide directe aux paysans, paysannes et habitant-es victimes des incendies de cet été.
Vous pouvez donner :
- De votre temps : visites des fermes sinistrés pour recenser les besoins et urgences, chantier (réparation, arrosage, clôtures., déblayages..) , gestion des dons financiers et matériels, cuisine et approvisionnement, accueil et replacement des animaux, accueil des sinistrés et des bénévoles...
Le collectif est d'ailleurs à la recherche urgente d'un ou d'une coordinatrice bénévole pour coordonner l'action sur 1 à 3 semaines !
- De l'argent, via lacagnotte en ligne : L'intégralité des dons sera utilisée avec transparence pour agir dans les zones sinistrées par l'entraide et la mutualisation. Plus de 25 000 euros en quelques jours... il en faut encore !
- Du matériel et des denrées alimentaires, tels que :
- Nourriture pour humains et pour animaux
- Bocaux, bidons et cuve pour l'eau.
- Matériel d'irrigation, de plomberie et de clôture.
- Equipement Protection Individuelle : chaussures sécu, lunettes, casques + anti-bruits gants.
CONTACTEZ L'ASPIC : 06 86 01 60 93 ou le Tiers Lieux de Beauregard : 06 15 09 50 76
Actualités et info à suivre sur les pages des 2 structures : [Tiers-Lieu Paysan de Beauregard Facebook ou site web
- ASPIC : Facebook

Depuis plusieurs années, notre société coopérative d'intérêt collectif, la SCIC L'Atelier Paysan, traverse des difficultés financières importantes. Ces derniers mois, des choix difficiles ont été faits (non-renouvellement de postes, licenciements économiques, arrêt de certaines activités).
Malgré cela, il nous a fallu saisir début juillet le tribunal de commerce, qui a placé la SCIC en procédure de sauvegarde à compter du 15 juillet 2025. Cette décision n'est pas une surprise, elle ne nous prend pas au dépourvu.
Nos difficultés tiennent à la fois à la complexité de faire vivre un modèle de formation technique dédié à l'outillage paysan, à la difficulté de financer des communs (l'élaboration de plans d'outils, tutoriels, méthodes de travail à faire vivre auprès d'une communauté d'usager·es) et à un endettement significatif qui pèse aujourd'hui lourdement sur notre fonctionnement. La procédure de sauvegarde vise à nous donner un cadre sécurisé pour poursuivre nos activités dans les mois à venir, sous la supervision du tribunal.
Parallèlement, le projet lancé il y a une quinzaine d'années par une poignée de passionné·es et qui s'est structuré à partir de 2014 au sein de la SCIC, continue d'inspirer et de prendre forme dans d'autres structures. L'association Communs Paysans, dédiée à des activités non commerciales, et les essaims réunis dans le réseau Soudons Fermes permettent notamment de faire vivre et rayonner cette aventure collective - à la fois technique et politique. C'est d'ailleurs ce réseau qui va porter la prochaine saison de formation, dont le catalogue est presque prêt, et favoriser son déploiement dans de plus en plus de territoires.
Alors si, face à cette nouvelle, vous vous demandez « Que faire ? », la réponse est simple : faire connaître ces activités d'apprentissage et d'auto-construction en faveur de l'autonomie technique, via l'offre de formation et les catalogues outils par filière, vous mobiliser contre l'agriculture industrielle et l'escalade technologique, ou encore contribuer à la dynamique d'essaimage dans votre territoire… Bref, susciter l'appétit, avec nous. Car si la SCIC a un genou à terre, l'Atelier Paysan garde les crocs.

Les parcs de démonstration d'outils maraîchers autoconstruits (projet Outildem) visent initialement à faciliter la mise en œuvre et la diffusion des pratiques d'agriculture écologique par le test et le prêt d'outils dans les fermes.
Il a désormais aussi comme raison d'être l'exploration de solutions techniques dans des territoires aux conditions a priori peu propices au maraîchage, où des paysans courageux, souvent contraints par le manque d'accès au foncier dans des secteurs plus favorables, cherchent à réussir à produire des légumes pour les citoyens qui les entourent.
Tour de France des parcs de démonstrations existants et à venir...
Saint-Antonin, dans les Alpes-Maritimes...C'est là, sur le haut d'une colline aux sols hétérogènes, que Renaud et Maeva sont installés depuis 5 ans. Ils ont planté de nombreux arbres fruitiers, installé plusieurs poulaillers qui abritent leurs poules pondeuses et cultivent des légumes en agriculture biologique. Renaud connaît l'Atelier Paysan, il a construit un semoir maraîcher en formation, une lame souleveuse et récupère pas mal d'outils pour adapter les siens. Contacté par la Manufacture Paysanne en début d'année 2025 dans le cadre du travail d'essaimage et du projet de parc de démonstration Outildem, Renaud a répondu favorablement à l'idée d'aller plus loin dans la stratégie de préparation des sols en planches permanentes, qu'il réalisait jusque là par un enchainement standard d'un décompacteur à dents droites et rigides suivi d'un travail au rotavator.
Courant juin 2025, le tryptique du travail en planches permanentes était livré sur sa ferme : butteuse, cultibutte, et vibroplanche. C'est tard pour la saison maraîchère, mais Renaud a débuté quelques tests, sur des planches qu'il a semées de carottes. Début juillet, le rendez-vous était pris avec la Manufacture Paysanne et l'Atelier Paysan, qui assurent ensemble l'accompagnement des maraîchers bénéficiaires d'un d'outil de prêt dans le département.
Premiers passages de butteuse chez Renaud
Et s'agissant du tryptique, le temps de prise en main et de familiarisation n'est pas à négliger : les réglages sont multiples, la combinaison d'usage des différents outils aussi. En fonction de l'état du sol initial, de sa nature, de la préparation visée, chaque outil peut être utilisé avec des réglages adaptés. Renaud aura du temps pour l'appropriation, après le gros des récoltes cet automne et en 2026. Pour l'heure, c'est avec la butteuse que la transmission a débuté concrètement, par la préparation de planches destinées à accueillir des engrais verts avant des cultures d'automne :
- Renaud a d'abord passé un broyeur sur la végétation spontanée qui s'était installée ce printemps.
- Puis progressivement, il a formé les buttes à la butteuse, d'abord lentement au premier passage avec l'outil très incliné vers l'avant, puis à vitesse un peu plus rapide au deuxième voire troisième passage en ramenant l'outil en position horizontale. Une première étape indispensable, menée prudemment pour tirer des planches bien rectilignes et s'éviter des corrections de trajectoires compliquées par la suite…
- ... qu'il assurera en autonomie, par un éventuel nouveau passage de la butteuse, puis avec le cultibutte et éventuellement le vibroplanche en fonction de la qualité de préparation désirée.
Plus au Nord, nous faisons étape chez Boris Monnier, à Rosans dans les Hautes-Alpes. Ce secteur des Baronnies est plus une terre d'élevage de moutons que de maraîchage. Boris conjugue les deux sur sa ferme qu'il mène avec sa compagne Aurélie. Ils cultivent aussi des céréales.
Son cheminement agronomique, dans des sols argilo-calcaires très compliqués, l'a amené à tester des solutions de travail du sol différentes des pratiques locales traditionnelles - labour automnal puis reprise de sol en sortie d'hiver et rotavator.
Depuis 8 ans, il utilise des outils de travail du sol en planches permanentes. Ses sols ne lui facilitent pas la tâche : quand les mottes sèchent en surface, l'horizon du dessous reste toujours humide et plastique, obligeant à répéter les passages d'outils, pour faire ressortir des mottes plus grosses et denses, les laisser s'assécher, mais pas trop, avant de repasser un outil pour parvenir à réduire petit à petit leur taille. Et quand le sol est trop sec en surface, ce pilotage s'accompagne d'arrosages ciblés, destinés à offrir le niveau de ressuyage optimal.
Equipé d'un cultibutte et d'un vibroplanche, Boris a fait évoluer ces deux outils : en équipant le vibroplanche de roulémiettes d'une part, et en remplaçant les dents de son cultibutte par des étoiles de bêches roulantes d'autre part. Satisfait de ce dernier test et pour limiter les changements de dents sur son cultibutte, Boris a finalement récupéré ce printemps le prototype de bêches roulantes construit il y a quelques années à l'Atelier Paysan.
Boris teste les bêches roulantes dans son sol des Baronnies
Boris participe à un GIEE tout frais consacré à la réduction du travail du sol en conditions difficiles des Baronnies. Lui et d'autres maraîchers de son secteur sont accompagnés techniquement par Agribiodrôme, pour partager leurs besoins et explorations. Leurs réflexions pourraient conduire à tester d'autres outils et combinaisons, possiblement dans le cadre du parc de démonstration Outildem.
Direction le Sud-Ouest, dans les LandesTraversée de la France, arrivée dans les Landes. Après labarre-porte-outiléquipée d'étoiles de binage avec guidage prêtée à la ferme de Chaoulo ce printemps, c'est dans ce département qu'un autre tryptique de prêt devrait être acheminé en fin d'été 2025.
D'abord sur une ferme maraîchère, puis il devrait migrer à l'Airial du Tastot, sur la commune de Pontenx-les-Forges. C'est ici que le tiers-lieux rural La Smalah porte un vaste projet d'espace agricole, lieu et projet à la fois pédagogique, de démonstration et de test. Un contexte idéal pour mettre en vitrine l'autoconstruction d'outils pour le maraîchage et l'autonomie qu'elle apporte aux fermes. Un contexte de sol certes plus facile – on est sur des sables – mais néanmoins fragile, qui requiert une attention différente mais vitale pour pérenniser le potentiel de fertilité sans gaspillage d'intrants.
L'Airial du Tastot, futur espace agricole dans les Landes
Bouclons ce tour d'horizon, en retournant dans les Alpes Maritimes, et allons au bout du fil conducteur de cet article autour des outils autoconstruits prêtés dans le cadre du projet Outildem.
D'autres défis nous attendent là : équiper les fermes maraîchères de petite taille, installées où elles le peuvent, parfois en plaine mais aussi parfois dans les collines de l'arrière-pays niçois, repoussées par l'urbanisation dans les restanques traditionnelles moins accessibles et surtout peu mécanisables.
La Manufacture Paysanne a arpenté le secteur depuis 2024 à la rencontre des maraîchers, afin de comprendre leurs besoins et difficultés, en lien avec les outils de travail. Une dynamique en est née, pour tester différents petits outils du catalogue maraîchage, en les construisant ensemble au préalable pour monter en compétences : la construction a démarré cette fin de printemps avec le rouleau perceur et des cloches pour perçage thermique de bâches. A partir de l'automne, suivront un lit de désherbage, une enrouleuse de bâches, un chariot porte-tout et des brouettes maraîchères, une récolteuse à doryphores, une lame souleveuse pour les récoltes.

Rouleau perceur, premier outil construit par le groupe des Alpes-Maritimes

A l'automne 2025 et l'hiver 2026, Soudons Fermes et l'Atelier Paysan reprennent la route à la rencontre des collectifs volontaires pour initier une dynamique locale autour de l'autonomie technique paysanne !
Pour la deuxième saison d'essaimage, ce sont une douzaine de territoires qui se préparent à la tenue d'une journée de lancement d'une dynamique locale autour du projet technique et politique de l'Atelier Paysan. Cette année, ce sont Claire, Albin et Tom, tous les trois sociétaires de l'Atelier Paysan, qui animeront ces rencontres.
Les objectifs de ces journées sont co-portés entre Soudons Fermes et la structure locale volontaire. Il s'agit de : discuter des besoins (autoconstruction, développement d'outils, de formations, partage sur le projet politique, entraide entre pairs, repérage des outils présents sur les fermes…), jauger le niveau de motivation collective et le cas échéant, se fixer quelques objectifs et premières briques de travail pour concrétiser l'action locale. C'est le début d'une aventure pour, pourquoi pas, devenir un essaim de l'Atelier Paysan et intégrer le réseau Soudons Fermes !
Ces évènements sont gratuits, sur inscription et ouverts à toute personne intéressée pour s'informer ou prendre part à la dynamique : paysannes, paysans, artisans, artisanes, acteurs locaux, citoyens et citoyennes...
Toutes les informations pratiques seront ajoutées au fil de l'eau sur la page "agenda" de www.soudons-fermes.org
Agenda Localisation Date) Structure porteuse Gers 17 octobre 2025 Ferme des Mawagits Indre et Loire 05 novembre 2025 Tiers Lieu Sud Touraine / Ferme de Belêtre Gard 05 novembre 2025 collectif en construction Indre 18 novembre 2025 GAB, PNR, CIAP Creuse 25 novembre 2025 Pépnionière Doubs 25 novembre 2025 La Maison Grand Seine et Marne 13 janvier 2026 Ferme de Verdelot Pyrénées Orientales 16 janvier 2026 collectif en construction Orne 20 janvier 2026 Les Fourmies Vertes Picardie 27 janvier 2026 INPACT Picardie Corse janvier 2026 (date à définir) collectif en construction Ariège 03 février 2026 collectif en construction
Dans le cadre du projet VIREG, le groupe de viticulteurs du Diois a construit des étoiles de binage.
A la suite d'un montage sur une barre extensible nous avons ensemble réalisé des tests et déterminé les meilleurs réglages de ces étoiles de binage. Ce travail permettra de clarifier et d'expliciter leur fonction, ainsi que de montrer un réglage satisfaisant pour un fonctionnement standard de l'outil.
Ces réglages sont a retrouver dans la brochure récapitulative de l'outil « Etoiles de boudibinage » ou directement dans le pdf ci dessous (cliquez sur l'image).
Bonne lecture et bons réglages !
