Publié le 21.07.2025 à 12:52
Edouard Schoene
Jean-Louis Roux, connu en Isère pour son travail journalistique et littéraire (trente livres), ses nombreux articles sur l’art, son œuvre de photographe et tant d’autres compétences et réalisations, a excellemment présenté l’objet livre illustré par Loustal. Ce dernier est quant à lui intervenu avec simplicité et beaucoup d’anecdotes, permettant au public de comprendre le cheminement qui a abouti, en quatre ans, à la production de 86 panneaux d’autoroute de 20 m² en Drôme, Isère, Savoie et Haute-Savoie.
Jacques de Loustal, de son vrai nom, a une longue œuvre à son actif. Illustrateur, dessinateur de bandes dessinées, co-producteur d’albums, il a également travaillé avec des écrivains, illustré les couvertures de romans, produit des peintures — exposées notamment à Paris et Bruxelles — ou encore des carnets de voyages.
Le projet « autoroutes » remonte à sa découverte d’un panneau d’autoroute entre Paris et Lyon, signé Ted Benoit. Les artistes se rencontrent, puis Loustal se retrouve peu après en discussion avec les commanditaires des sociétés APRR et AREA. Au fil des réunions, commande est faite, mois après mois, de dessins pour la réalisation de panneaux autoroutiers.
« J’ai dû intégrer les contraintes de lisibilité rapide, de codes couleurs (pas de rouge, de bleu, de vert), relate Loustal. J’avais droit à quatre couleurs dont le marron, le noir. J’ai dû épaissir mes traits, réaliser des visuels qui ne sont perceptibles que trois secondes à 120 km/h. Je rendais des dessins sur papier au format A4. »
À l’écoute des deux artistes racontant la genèse du livre sorti il y a huit mois, on comprend que les exigences des commanditaires étaient énormes. Ce qui fait dire à Loustal qu’il aime beaucoup réaliser des peintures où le sentiment de liberté est bien plus grand.
Nombre de détails sur l’aventure de la réalisation des panneaux et sur la présentation des œuvres visibles sur les autoroutes sont à admirer dans le beau livre, dont une exposition est visible jusqu’au 27 septembre au couvent Sainte-Cécile, à Grenoble. Le public de la librairie Le Colibri, ravi, a fait preuve de patience, pour attendre en fil indienne — pendant 90 minutes pour certains — les dédicaces généreuses des deux auteurs (dessin et texte).
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Publié le 18.07.2025 à 19:41
Manuel Pavard
Majorité et opposition main dans la main. Outre Christophe Ferrari, tous les présidents de groupe du conseil municipal — Maxime Ninfosi pour « Pont-de-Claix, une ville qui avanсе », Patrick Durand pour « Pont-de-Claix, reprenons la parole », et Julien Dussart pour « Agir ensemble pour Pont-de-Claix » — ont cosigné le courrier daté du 7 juillet, à l’intention du ministre de l’Industrie Marc Ferracci. Des élus affichant leur unité pour défendre le projet Exalia, dernier espoir de redonner vie à la plateforme chimique.
Tous ont pourtant dû avaler bien des couleuvres au cours des derniers mois. À commencer par la décision du tribunal de commerce de Lyon validant la reprise partielle de Vencorex par BorsodChem, filiale du groupe chinois Wanhua. Et ce, au détriment de l’offre de reprise en société coopérative à intérêt collectif (SCIC) regroupant salariés, industriels locaux et collectivités territoriales, dont la ville de Pont-de-Claix.
Malheureusement, avec la liquidation judiciaire, « ce sont près de 90 % des activités de la plateforme chimique de Pont de Claix qui ont été mises à l’arrêt, la quasi-totalité des salariés licenciés, et des actifs industriels stratégiques laissés sans perspective, en dépit des financements publics ayant contribué à leur développement », déplore le maire et président de la Métropole. Malgré la déception, les acteurs potentiels de la SCIC n’ont « jamais baissé les bras » et sont restés mobilisés, afin d’imaginer un nouveau projet, baptisé Exalia.
Celui-ci « incarne une volonté forte : celle de redonner à la plateforme chimique une vocation industrielle ambitieuse, durable et inscrite dans les transitions nécessaires », souligne Christophe Ferrari. « Il s’agit d’un projet pensé par le territoire, pour le territoire, dans la droite ligne de l’histoire industrielle pionnière de l’agglomération grenobloise. » L’idée est ainsi de relancer la production de sel, de chlore et de soude, de manière décarbonée, avec une mise en service programmée en septembre 2027.
Si les municipalités concernées ainsi que la Métropole de Grenoble et la région Auvergne-Rhône-Alpes se disent déjà prêtes à accompagner le projet, l’implication de l’État reste néanmoins « décisive pour garantir sa concrétisation ». Ceci notamment via un soutien financier, Exalia nécessitant un investissement de plus de 60 millions d’euros dans les deux ans à venir. Les élus de Pont-de-Claix interpellent d’ailleurs directement Marc Ferracci, lui rappelant ses promesses tenues le 26 juin dernier, lors de sa visite en Isère.
« Monsieur le ministre, il en va non seulement du devenir d’un site industriel stratégique, mais aussi d’un signal fort envoyé à tous les territoires qui refusent la résignation face aux logiques de désengagement industriel », affirment Christophe Ferrari, Maxime Ninfosi, Patrick Durand et Julien Dussart. Avant de conclure : « L’État doit être au rendez-vous. Nous espérons pouvoir compter sur vous. »
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Publié le 16.07.2025 à 17:31
Manuel Pavard
François Bayrou a présenté une stratégie budgétaire visant officiellement à réaliser 43,8 milliards d’euros d’économies en 2026. Mais pour la CGT, « ce n’est pas un plan d’économies, c’est une déclaration de guerre aux droits des travailleuses et des travailleurs ». Comme toujours, le gouvernement a choisi de faire payer les travailleur·euses, les chômeur·euses, les retraité·es et les précaires. Et ce, au lieu de « mettre à contribution ceux qui sont responsables du déficit, les plus riches et les grandes entreprises qui ont bénéficié de 73 milliards de baisse d’impôts chaque année et touchent 211 milliards d’aides publiques ».
Fidèle à lui-même, le Premier ministre propose ainsi « une cure d’austérité sans précédent pour le monde du travail », s’inquiète le syndicat. Avant de détailler les différentes mesures. L’une des plus révélatrices — et des plus lourdes de conséquences au niveau social -, c’est la fameuse « année blanche », c’est-à-dire, explique la CGT, « le gel des pensions des retraité·es, des prestations sociales (aides au logement, allocation adulte handicapés, allocations familiales…), des budgets des services publics, des salaires des fonctionnaires et l’augmentation des impôts et de la CSG ».
Autre annonce très décriée, « le gouvernement veut nous imposer deux jours de travail gratuit avec le vol de deux jours fériés, dont le 8 mai, jour de la victoire contre le nazisme ». Difficile de choisir pire symbole à l’heure où le fascisme frappe à nos portes ! La CGT cite également, pêle-mêle, les déremboursements des médicaments et des consultations, la suppression de trois mille postes de fonctionnaires et de nombreuses agences de l’État, le non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois — donc « moins de pompiers, d’infirmier·es, d’enseignant.e.s » — ou encore les privatisations.
Mais ce n’est pas tout. La confédération déplore aussi dans ce communiqué « un nouveau tour de vis, le plus violent de tous, pour les privé·es d’emploi dont les droits ont déjà été divisés par deux depuis qu’Emmanuel Macron est président de la République ». Sans oublier « la volonté d’imposer une remise en cause tous azimuts des droits des salarié·es avec des mesures qui pourraient être prises par ordonnance dès l’automne ».
« On ne soigne pas les finances publiques en saignant les droits sociaux et les services publics ! »
CGTEn revanche, toujours aucune trace de l’indispensable justice fiscale, « encore une fois renvoyée aux calendes grecques ». La CGT « dénonce avec la plus grande fermeté cette fuite en avant austéritaire », évoquant des annonces « tout aussi injustes qu’inefficaces ». Celles-ci auront « un impact récessif violent et ne feront qu’amplifier les difficultés économiques du pays. Elles vont plonger des milliers de familles dans la pauvreté qui atteint déjà un niveau record notamment chez les femmes et les jeunes », craint le syndicat. Et d’asséner : « On ne soigne pas les finances publiques en saignant les droits sociaux et les services publics ! »
Pas question toutefois de céder au défaitisme face à l’offensive conjointe de la droite et du patronat. L’heure est en effet à « préparer la mobilisation », en vue d’une rentrée sociale qui s’annonce bouillante. « La CGT mettra tout en œuvre pour empêcher ces violents reculs sociaux », conclut-elle.
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Publié le 12.07.2025 à 14:39
Luc Renaud
Depuis 2000, date de la seconde intifada, un million d’oliviers ont été arrachés, brûlés, détruits par les militaires et les colons israéliens.
Avec la construction du mur de l’apartheid et l’extension du nombre de colonies, les agriculteurs se trouvent privés de leur terre ancestrale et sans revenus. La culture de l’olivier représente un fort enjeu économique en Palestine : 35 à 45% de la population se trouve exposée à l’insécurité alimentaire.
La stratégie militaire israélienne est d’accaparer des milliers d’hectares de terres agricoles fertiles dans le nord de la Cisjordanie (Tulkarem, Naplouse, Ramallah, Jénine). C’est dans cette région attaquée que la campagne de solidarité est mise en œuvre où plus de 90 000 ha sont plantées en oliviers (46% des surfaces agricoles).
A l’initiative de la fédération communiste du Val-de-Marne avec l’association Amitié Palestine solidarité, une campagne de solidarité a été décidée, aujourd’hui relayée par le PCF au niveau national. Les communistes de l’Isère ont décidé de s’y associer.
L’opération « Un million d’oliviers pour la paix en Palestine » est organisée en partenariat avec l’Association des agronomes arabes (AAA) qui est implantée dans tous les territoires de la Palestine, Gaza et les territoires occupés de Cisjordanie. Cette ONG reconnue mène déjà depuis de nombreuses années des actions de solidarité en direction de toute la population palestinienne.
AAA est engagée dans le développement rural et agricole, la justice sociale et pour la libération nationale du peuple palestinien. Elle mène également des actions en direction de groupes de populations pauvres et précarisées et leurs organisations communautaires.
Les sommes collectées, 10 euros pour un olivier planté, serviront à l’achat sur place en Cisjordanie occupée de plants d’oliviers d’une taille d’environ 80 à 120 cm. Chaque olivier planté est un acte de résistance pacifique face à l’occupant.
AAA s’engage à produire des comptes-rendus de leurs actions sur le terrain : preuves d’achats, photos, liste des bénéficiaires, nombre d’oliviers achetés, localisation des plantations… Amitié Palestine solidarité s’engage à communiquer régulièrement aux donateurs le bilan de la campagne contenant les éléments fournis par AAA et les pièces comptables.
L’opération « Un million d’oliviers pour la paix » a été lancée le 22 avril à l’occasion de la journée internationale de la terre.
La campagne de financement participatif sur Helloasso s’effectue en France en coordination avec l’association Amitié Palestine solidarité et en Palestine avec l’Association des agronomes arabes.
Trois solutions pour verser vos dons :
- Directement en versant sur Hello asso : aller sur la page, cliquer sur contribuer au projet, indiquer le montant du don et cliquer sur choisir puis compléter les informations demandées. La contribution au financement de Hello asso n’est pas obligatoire. Elle est suggérée automatiquement. Vous pouvez ramener cette contribution à 0 en cliquant sur modifier ma contribution .
- En passant par la fédération PCF de l’Isère : la fédération récupère les chèques et les espèces et procède au versement groupé sur Helloasso. Libeller les chèques à l’ordre d’ADF PCF 38 et indiquer au dos des chèques « Campagne 1 million d’oliviers ». PCF Isère, 20 rue Emile Gueymard, 38000 Grenoble.
- En passant par Amitié Palestine solidarité : l’association procède au versement groupé sur HELLOASSO. Chèques à l’ordre de Amitié Palestine solidarité, indiquer au dos des chèques « Campagne 1 million d’oliviers » et les envoyer à Amitié Palestine solidarité, 90 avenue Gambetta, 93600 Aulnay-sous-Bois.
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Publié le 09.07.2025 à 16:34
Manuel Pavard
Le mouvement a été largement suivi au sein de l’enseigne Action de Saint-Marcellin, avec une majorité de salariés en grève vendredi 11 juillet. À l’entrée du magasin — ouvert en raison du recours aux intérimaires — un piquet de grève était installé par la CGT, qui distribuait aux clients des tracts expliquant les raisons de la mobilisation.
Une délégation a été reçue par la direction du magasin, afin d’exposer ses revendications concernant les problèmes de climatisation et le manque de protection face à la canicule. Sans oublier sa demande de revalorisation salariale. La balle est maintenant dans le camp de la direction générale du groupe. Le préavis de grève courant jusqu’en septembre, la contestation pourrait s’étendre d’ici là à de nouveaux magasins Action, partout en France.
[Mise à jour du jeudi 17 juillet 2025]
Cela fait des semaines qu’ils tirent la sonnette d’alarme sur les conditions de travail « désastreuses » au sein de l’enseigne discount non alimentaire, souligne la CGT Action dans un communiqué daté du 9 juillet. Mais la récente canicule a encore aggravé la situation des salariés d’Action, notamment à Saint-Marcellin.
« Nous avons des magasins où les températures sont insupportables », déplore le syndicat, regrettant que plusieurs d’entre eux « ne disposent pas d’équipements adaptés pour protéger les salariés et éviter les risques liés à ces vagues de chaleur ». La CGT dénonce en outre l’inaction de la direction dont les « simples discours » ou les « mesurettes » ne sauraient en aucun cas contenter les travailleuses et travailleurs de l’enseigne.
Elle exige donc que la direction d’Action prenne des mesures « en mettant des dispositifs et équipements adéquats à cette situation ». Pour la CGT, « travailler dans ces conditions n’est pas acceptable ». D’où la nécessité d’une revalorisation salariale, revendication de longue date du syndicat. « Il est plus qu’urgent que les salaires augmentent chez Action », assène-t-il.
C’est pour toutes ces raisons que la CGT Action appelle à la grève illimitée à compter du vendredi 11 juillet. Rendez-vous est donné dès 8h30 aux salariés — ainsi qu’à toutes les personnes désirant les soutenir — devant le magasin de Saint-Marcellin (34 avenue de Provence).
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Publié le 08.07.2025 à 10:10
Luc Renaud
Le 30 juin dernier, les élus du groupe communiste au conseil municipal du Pont-de-Claix ont rencontré le maire de la commune, Christophe Ferrari. Patrick Durand, Alain Simiand et Daniel Bey entendaient ainsi lui faire part de la proposition de constituer une liste commune à gauche lors de la prochaine élection municipale.
Cette démarche a été entreprise après que le maire a donné une suite favorable à la demande du groupe communiste de pouvoir participer « à des groupes de travail sur divers sujets comme le nouvel Ehpad, la propreté de la ville et les relations avec les services techniques de Grenoble Alpes métropole », indique le groupe communiste dans un communiqué.
Les élus communistes du Pont-de-Claix souhaitent désormais ouvrir une nouvelle étape : « En nous rassemblant, nous pouvons bâtir des programmes cohérents, qui répondent aux attentes de nos concitoyens sur des sujets aussi essentiels que la transition écologique, la justice sociale, l’accès aux services publics de proximité, la démocratie participative et le développement local solidaire. »
Ils appellent à « faire de ces élections municipales de 2026 le point de départ d’un nouvel élan pour la gauche. Un élan fondé sur l’unité, la confiance et la volonté inébranlable de construire des villes plus humaines, plus justes et plus durables ».
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Publié le 07.07.2025 à 20:58
Manuel Pavard
C’était il y a trois mois, au même endroit, avec les mêmes personnes. Le 10 avril, Séverine Dejoux, déléguée syndicale CGT, Olivier Six, PDG de CIC Orio, et Christophe Ferrari, président de la Métropole de Grenoble et maire de Pont-de-Claix, commentaient, le cœur lourd, la décision rendue quelques heures plus tôt par le tribunal de commerce de Lyon, qui entérinait la cession de Vencorex à BorsodChem, filiale du groupe chinois Wanhua. Jugement qui, de facto, enterrait le projet de reprise en coopérative porté par les salariés. Pourtant, ce lundi 7 juillet, le trio est de retour devant la plateforme chimique et l’amertume a laissé place à l’espoir. Un espoir nommé Exalia.
Christophe Ferrari se félicite en effet de pouvoir, pour la première fois depuis longtemps, « annoncer une bonne nouvelle ». Ceci « pour le territoire, pour la filière chimie et pour l’avenir industriel de notre pays. Le projet de reprise de Vencorex n’est pas mort », assène l’élu. Si l’idée de SCIC a, elle, été abandonnée, « depuis la décision du tribunal de commerce, les porteurs de projet, les collectivités, les industriels ont continué à travailler main dans la main pour trouver une solution à la reprise de l’outil industriel », indique-t-il.
Ceux-ci, à l’instar d’une partie des salariés, ne pouvaient pas « se résigner » à accepter la liquidation de Vencorex, sans envisager de suite. « On savait qu’il y avait quelque chose à faire, qu’il y avait une pépite derrière nous, à Pont-de-Claix », raconte Séverine Dejoux. « On a une plateforme qui, historiquement, a toujours produit du chlore. Puis, on a cette électrolyse, payée largement par les deniers publics et qui est quasi neuve. Et on a une mine de sel à 83 kilomètres d’ici, qui produit un sel d’une extrême pureté, transporté via un saumoduc, c’est-à-dire de manière totalement décarbonée jusqu’ici. »
C’est donc en prenant conscience de ces multiples atouts que les porteurs ont imaginé ce projet « né de la résilience et de la sueur de beaucoup d’entre nous », souligne l’ex-élue CGT au CSE de Vencorex. « Exalia, c’est la renaissance industrielle au cœur des Alpes. Un nouveau projet pour une chimie plus sobre, plus responsable », poursuit-elle.
L’idée initiale est de relancer le cœur de la plateforme et plus largement de la chimie grenobloise. « On promet simplement, dans un premier temps, de recommencer à produire du sel, du chlore et de la soude. Soit la base de toute la chimie », explique Olivier Six, PDG de CIC Orio, qui serait l’actionnaire majoritaire de la future société commerciale Exalia. L’industriel insiste lui aussi sur leur « chance incroyable ». À savoir « des barrages juste au-dessus qui produisent une énergie décarbonée et pas très chère » ainsi qu’une « mine de sel qui amène le sel en tuyaux jusqu’ici ».
« On va transformer cette usine et en faire une des usines les plus modernes, les plus efficientes et les plus décarbonées d’Europe. »
Olivier Six, PDG de CIC OrioExalia permettrait ainsi de redonner vie à une filière essentielle à la souveraineté économique et à la transition écologique. Le chlore est un intrant critique pour de nombreux secteurs, nucléaire, pharmaceutique, plastique, électronique ou le traitement de l’eau. La soude est, elle, indispensable à la chimie, l’agroalimentaire, la santé, l’hygiène et l’eau potable. Et le sel ultra-purifié est stratégique pour l’industrie spatiale, militaire et technologique.
Tout ceci ne se fera cependant pas avec un simple redémarrage des unités. « Suite à un dépôt de bilan, une faillite, on va transformer cette usine et en faire une des usines les plus modernes, les plus efficientes et les plus décarbonées d’Europe », assure Olivier Six. Pour cela, « il faut un peu de temps et des investissements », reconnaît-il.
Les promoteurs d’Exalia se donnent ainsi deux ans avant la mise en service industrielle, avec un calendrier idéal prévoyant un démarrage opérationnel du projet en septembre prochain. L’objectif est de profiter de ces deux ans d’arrêt pour faire de la plateforme de Pont-de-Claix « un site moderne, exemplaire et attractif pour de nouveaux projets industriels durables ». Néanmoins, une telle ambition a naturellement un coût. Obtenir une installation moderne, sobre et compétitive nécessitera plus de 60 millions d’euros d’investissements industriels, mobilisés jusqu’en septembre 2027.
Les porteurs de projets attendent, outre la vingtaine de millions d’euros de fonds privés déjà quasiment acquis, une vingtaine de millions d’euros de subventions et peuvent déjà compter sur le soutien des communes concernées, de la Métropole et de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Mais ils espèrent aussi bénéficier de dispositifs nationaux et européens. « On n’est pas là pour faire la mendicité, affirme Olivier Six. On a un projet qui est juste, viable, et qui est un projet d’avenir : construire la chimie de demain. Donc on attend bien sûr un appui très fort de l’État. » Un soutien financier mais également une véritable aide des services.
Quid des emplois ? « Dès le mois de septembre, quand l’entité sera créée, on construira une équipe projet : quinze personnes dans un premier temps, puis on embauchera au fur et à mesure les personnes dont on aura besoin », précise Séverine Dejoux. L’un des objectifs de cette présentation était ainsi de « faire appel aux salariés de Vencorex », ajoute leur ancienne collègue. « On a besoin de leurs compétences, de leur savoir-faire, de leur technicité. On a donc mis à disposition des réseaux sociaux pour qu’ils puissent prendre contact avec nous. »
Le projet vise ainsi à créer plus de 250 emplois directs et indirects à court terme, soit dans les deux années à venir. Parmi eux, une équipe de recherche et développement qui devra être recrutée d’ici la fin de l’année 2025, afin de « développer des produits innovants et adaptés aux nouvelles exigences industrielles et environnementales ». À plus long terme, Exalia table sur plus d’un millier d’emplois recréés sur la plateforme, à l’horizon 2030. Le tout notamment grâce à l’installation d’industriels partenaires et au lancement d’une pépinière d’entreprises de la chimie du chlore décarbonée et biosourcée.
Deux écueils restent toutefois à surmonter… Et pas des moindres. Tout d’abord, la reprise de tous les actifs industriels non cédés à Borsodchem lors du plan de cession. Une offre de reprise de ces actifs sera déposée auprès du liquidateur de Vencorex France dès que possible. Mais la balle est dans le camp du tribunal de commerce. « Le juge décidera soit de nous céder les actifs, soit de découper l’usine en morceaux, expose Olivier Six. On appelle clairement le tribunal à aller dans notre sens et à avoir une vision d’intérêt général. »
Deuxième sujets, la saline d’Hauterives, dans la Drôme. Les porteurs d’Exalia ont fait une offre pour la reprise de la mine de sel et du saumoduc, qui appartiennent encore à Vencorex Holding. Les discussions sont aujourd’hui en bonne voie et proches d’aboutir mais attention. « On aura besoin là aussi de l’accord de l’État », prévient le PDG de CIC Orio. En effet, cela relève « du droit minier et l’État peut donc s’opposer à ce transfert ».
Un point qui interpelle d’ailleurs le conseiller régional communiste Éric Hours. S’il salue « un beau projet industriel et écologique », celui-ci s’inquiète malgré tout du « rôle de l’État, en sachant qu’il peut mettre son veto sur la mine. Aujourd’hui, on sent bien que l’État est réticent sur ce projet ; le ministre de l’Industrie est venu mais n’a pas pris d’engagement réel. » L’élu PCF peine à voir le vrai projet de l’État, rappelant son opposition à la nationalisation temporaire de Vencorex, puis à la SCIC. D’où l’appel lancé par Éric Hours à l’ensemble des collectivités, pour « faire pression » sur le gouvernement.
Garant de la souveraineté industrielle et d’une chimie « responsable, intégrée et sobre », Exalia aurait en outre l’avantage de s’inscrire pleinement dans l’écosystème de la chimie du sud grenoblois, en ravivant notamment la connexion avec les entreprises de la plateforme chimique de Jarrie. Aujourd’hui, Framatome utilise du chlore qu’elle fait venir d’Italie et d’ailleurs tandis qu’Arkema va chercher du sel en Allemagne, en provenance de Pologne.
Selon Olivier Six, les deux sociétés seraient ainsi « extrêmement intéressées » que leur chlore et leur sel respectifs soient fournis localement, à des coûts incomparables. Sans parler de la qualité. Un nouvel atout — un de plus — à mettre au crédit d’Exalia. Certes, le chemin est encore long et tortueux mais, conclut Christophe Ferrari, « une nouvelle espérance s’est levée ».
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