LePartisan.info À propos Bastille Podcasts Fil web
Médias
flux grenoblois • Ensoleillé • 8°C

Le Travailleur Alpin

 

Journal de la Fédération de l'Isère du Parti Communiste Français

Publié le 02.12.2024 à 18:38

Didier Gosselin

L’annonce, ce mercredi 27 novembre, a fait l’effet d’une douche froide ! Valeo prévoit en effet 868 suppressions d’emplois en France, dont 238 à Saint-Quentin-Fallavier. Un coup de semonce qui confirme l’analyse faite par les syndicats CAT-CGT-Sud, minoritaires sur le site nord-isérois. Ceux-ci ont, dès juillet 2024, organisé la riposte au projet de la direction – mouvement auquel FO et la CGC, majoritaires, n’ont pas pris part. « Valeo n’a aucune volonté de développer la production et choisit la délocalisation, donc la mise en concurrence des travailleurs, pour réduire les coûts et rentabiliser le capital », rappelle Pierre-Ange Carmona pour l’intersyndicale CAT-CGT-Sud.

De fait, le projet « Valeo Power », présenté au printemps 2024, consiste à créer une nouvelle division dédiée à la mobilité électrique. Dans ce cadre, pour les stratèges de Valeo, « le projet de fusion des activités système techniques et propulsion vise à fournir des solutions toujours mieux adaptées aux attentes du marché de l’électrification et à améliorer la compétitivité et la performance financière de Valeo ». La restructuration, avec licenciements et fermeture de sites, correspond effectivement en langage capitaliste à l’objectif d’amélioration de la compétitivité et de la performance financière.

Concrètement, pour le site de Saint-Quentin-Fallavier, le Plan de sauvegarde de l’emploi (sic) comprend 188 « départs contraints » en recherche et développement (R&D), et 36 « départs volontaires » en production. Seuls 70 postes seront ainsi conservés.

« Tout le monde va être viré »

« Tout le monde va être viré, y compris les ingénieurs », souligne Pierre-Ange Carmona. « Ils n’ont même plus la volonté de garder la R&D en France », ajoute-t-il, amer. « Pourtant, on a des projets. Le moteur hybride DMG (Drivetrain Motor Generator) a été mis au point par nos ingénieurs, mais c’est pour la Turquie, à Bursa, alors qu’il devait être développé ici, à Saint-Quentin-Fallavier ». La transparence n’étant pas le fort de la direction de Valeo, « on ne sait pas tout, mais pour nous, CAT-CGT-Sud, c’est sûr qu’ils vont délocaliser », craint le syndicaliste.

En octobre 2022, la CGT avait appelé à la grève sur le site isérois, pointant déjà les choix industriels dangereux de Valeo. © Didier Gosselin

Là encore, l’intersyndicale voit juste puisque dans les perspectives stratégiques et financières 2022-2025 de Valeo, le plan « Move-up » vise à « tirer parti au maximum des quatre domaines dans lesquels Valeo dispose d’un leadership technologique et industriel pour compter parmi les grands gagnants » de cette transformation de l’industrie équipementière automobile. À savoir électrification, aides à la conduite, vie à bord et éclairages.

À partir de 2025, Valeo « entend profiter d’une décennie d’hyper croissance sur ces marchés ». Délocaliser, mettre en concurrence les travailleurs, produire à bas coût sont autant de moyens pour l’équipementier automobile d’atteindre ses objectifs de rentabilité. Pour Pierre-Ange Carmona, « les dirigeants de Valeo ont pris tout l’argent public possible, mais là, ils sentent que les robinets se ferment et ils se disent qu’il est temps d’aller faire de la marge ailleurs ».

« La direction a elle-même organisé cette perte »

Pour ne pas annoncer ouvertement qu’ils délocalisent en Turquie ou ailleurs, et pour justifier leurs restructurations, Valeo comme les autres entreprises du secteur dénoncent à la fois le coût du travail – sans jamais parler de leurs marges – et la concurrence chinoise sur le marché du véhicule électrique, voire les normes contraignantes européennes. Des rengaines ressassées pour masquer leurs responsabilités et le coût exorbitant du capital (rentabilité financières, dividendes).

« La direction se plaint de perdre de l’argent alors qu’elle a elle-même organisé cette perte en délocalisant en Pologne le production des démarreurs pour diesel, puis aujourd’hui en Turquie celle du moteur électrique GMG », tacle le représentant syndical. La Turquie, où Valeo emploie aujourd’hui plus de 1 000 salariés et exporte en Europe 60 % de sa production…

Les syndicats CAT-CGT-Sud n’ont jamais cru à la fable du repreneur, avancée début juillet par Valeo, pas plus qu’ils ne croient à celle de l’acquéreur, brandie aujourd’hui, ou à celle de l’UAP (Unité autonome de production) proposée pour Saint-Quentin-Fallavier. « Avec deux ou trois lignes de production dans cette immense infrastructure, la direction veut nous faire croire que c’est viable et qu’elle pourra absorber les frais fixes en louant ou vendant ses bâtiments. Selon nous, ce n’est pas possible », insiste Pierre-Ange Carmona.

L’usine Valeo de Reims, l’un des huit sites (dont deux fermés) touchés par ce plan. © G.Garitan, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Huit sites en France sont touchés par les annonces de Valeo, dont deux condamnés à la fermeture (dans la Sarthe et les Yvelines). Le site de Saint-Quentin-Fallavier sera fermé tôt ou tard selon les syndicats CAT-CGT-Sud. « Nous, syndicats minoritaires, ne sommes pas représentatifs et ce n’est pas nous qui allons négocier à partir du 11 décembre. C’est FO (42 %) et la CGC. Les salariés ont de moins en moins confiance dans ces deux syndicats », précise-t-il.

Journée d’action le 12 décembre devant le site

À la suite de la lutte depuis juillet, un accord de reprise du travail a été négocié, avec l’obtention de primes. Un accord qui court jusqu’au 10 décembre. Les trois syndicats appellent à une grève dès le 12 décembre et refusent la fermeture du site. Ils souhaitent créer un rapport de force pour imposer d’autres choix ainsi que le maintien des productions et de la R&D en France, notamment à Saint-Quentin-Fallavier.

Le maintien des 70 postes sur le site nord-isérois est un leurre et vise juste à honorer le contrat sur les moteurs hybrides GMG et GMG avec le client Magna International, contrat qui s’achèvera fin 2026. Sans inversion de la logique à l’œuvre, le site fermera définitivement.

Dans l’attente de ces négociations, le climat au sein de l’entreprise est tendu. Les représentants des syndicats CAT-CGT-Sud sont sous pression, constamment surveillés pour traquer la moindre faute. La direction leur a ainsi déjà notifié des avertissements. «La direction est en train de monter des dossiers contre nous. On défend notre outil de travail mais ils veulent nous faire passer pour des voyous. Nous ne nous laisserons pas faire et saisirons la justice s’il le faut », prévient Pierre-Ange Carmona.

D’ores et déjà, l’intersyndicale CAT-CGT-Sud donne rendez-vous le jeudi 12 décembre pour une grosse journée d’action devant l’entreprise, à l’occasion de la mobilisation nationale pour la défense de l’industrie. Les trois syndicats appellent à un très large rassemblement populaire, syndical et politique dans le Nord-Isère.

Cet article Valeo : l’électrification des véhicules se fera en Turquie est apparu en premier sur Travailleur Alpin.


Publié le 02.12.2024 à 14:18

Régine Hausermann

Le rideau s’ouvre sur cinq femmes en robes fluides à fleurs, alignées face au public, silencieuses, immobiles, visages fermés. Elles s’animent de gestes saccadés portés à leur visage, à leur corps. Violences qu’elles s’infligent ou mime de violences infligées ? Seuls sons : leurs halètements. Les mouvements sont mesurés, comme entravés. Cette entame met presque mal à l’aise.

Après un passage au noir, les cinq danseuses reparaissent avec d’autres robes, à dominante dorées, plus élégantes. Elles frappent le plateau de leurs pieds au rythme d’un roulement de basse puissant. Finie l’immobilité, place à l’action, à la détermination, à l’affirmation de soi. Plus tard, leur rage s’exprime à travers l’utilisation de pans de leurs robes comme serpillières essuyant le sol. La libération n’est pas instantanée, les tâches attribuées aux femmes continuent à leur coller à la peau.

Après un autre passage au noir, elles apparaissent regroupées sur le devant de la scène, coquines, souriantes, aguicheuses. Autre stéréotype féminin, après la ménagère, la putain. Mais ce jeu ne dure pas. De nouveau alignées face à nous, elles entonnent à plein poumons, la chanson de Serge Lama, « Je suis malade / Complètement malade ». Enfin, elles semblent entonner, quand c’est la voix de Lara Fabian qui interprète l’impuissance, la colère, l’infantilisation par ces femmes à cause de l’homme qui les humilie :

T’arrives on ne sait jamais quand
Tu pars on ne sait jamais où
Et ça va faire bientôt deux ans
Que tu t’en fous
 
Mais elles prononcent les paroles avec un tel engagement, une telle torsion de leurs corps, qu’on croirait qu’elles chantent vraiment.


© Nora Houguenade

Plus tard encore, rentrées avec d’autres robes colorées laissant dépasser un jupon, elles tirent leurs robes sur leurs têtes pour en faire une sorte de burqa qui les emprisonnent, avant de se libérer et de pendre les objets de leur oppression à des crochets descendus des cintres. Elles entament alors, avec leurs seules robes gitanes noires, une danse échevelée qui en laissent deux épuisées sur le sol.

Dans le dernier tableau, elles rentrent avec plusieurs robes passées l’une sur l’autre dont elles se dépouillent progressivement pour finir en combinaisons blanches, agitant leurs robes au-dessus d’elles, comme les trophées de leur émancipation enfin gagnée.

Lors de la création de la pièce à La Garance, scène nationale de Cavaillon, Leïla Ka expliquait l’origine et l’usage de ces robes : « Nous portons une trentaine de robes dans la pièce, que j’ai dégotées en friperie. Elles sont toutes différentes, too much chacune dans leur style, trop grandes, souvent datées… et renvoient à des stéréotypes féminins. En revêtant ces habits, on rentre à chaque fois dans la peau d’une nouvelle femme, qui affecte nos façons de danser. Mais à l’inverse, on transforme aussi les clichés véhiculés par le costume. »

De fait, la pièce met en scène les divers sentiments qui peuvent traverser les femmes : la tristesse, la dépendance, la colère, la rage, l’insolence, le désir de liberté, la révolte. Il ne suffit pas de claquer dans les doigts pour se libérer, c’est une prise de conscience et c’est un combat. Un combat collectif, solidaire. Ce que ces cinq femmes manifestent avec panache.


© Nora Houguenade

Cet article MC2 – Grenoble – Maldonne de Leïla Ka. Danse avec les robes ! est apparu en premier sur Travailleur Alpin.


Publié le 02.12.2024 à 10:26

Maryvonne Mathéoud

« Nous avons besoin d’une gauche forte et unie et d’un mouvement social combatif pour relever le défi d’une autre politique au service du monde du travail ; c’est possible, l’histoire l’a montré. Et c’est lorsque le parti communiste est fort que la gauche est forte. L’idée fait son chemin, nous enregistrons de nouvelles adhésions. » Jérémy Giono, secrétaire départemental du PCF, s’exprimait lors du rendez-vous annuel des « vétérans », des communistes membres du PCF depuis plusieurs décennies. Un temps convivial, où débat, repas pris en commun et fraternité en chanson se succèdent.

Un temps où, assez logiquement, l’histoire et le regard qu’elle autorise sur les événements contemporains a sa place. Ainsi de la lutte contre l’extrême droite dont les vétérans sont bien placés pour connaître les dangers. Leurs votes à l’Assemblée sont clairs : contre l’augmentation des salaires, contre le rétablissement de l’impôt sur la fortune (ISF), contre la taxation des jets privés… « Chaque jour le masque tombe un peu plus, chaque jour l’extrême droite assume un peu plus de se positionner comme meilleur défenseur du capitalisme financier. Mais ils peuvent compter sur les médias des milliardaires pour mener leur propagande de division, toujours plus xénophobe, toujours plus réactionnaire », rappelait un intervenant au cours du débat.

Jérémie Giono, secrétaire départemental du PCF.

Nécessité d’agir, également tandis que la casse du tissu industriel s’accélère. Dans notre département, ce sont les entreprises Logiplast, fabriquant de sièges auto pour enfants à Charvieu-Chavagnieux ; Valéo, équipementier automobile à Saint-Quentin-Fallavier ; Photowatt, fabriquant de panneaux solaires à Bourgoin-Jallieu ; Vencorex, producteur de vernis et peintures à Pont-de-Claix, dont la fermeture entraînerait en cascade une catastrophe sans précédent pour toute la filière chimique, et particulièrement les plateformes de Pont-de-Claix et Jarrie… tandis que le gouvernement reste passif.

De quoi souligner l’écart entre les conditions de vie et de travail qui s’aggravent pour le plus grand nombre alors que les dividendes versés aux actionnaires et le patrimoine des milliardaires explosent.

L’histoire de la résistance, pour mieux cerner les dangers de l’époque actuelle

Agir, mais comment ? Les vétérans ont des idées. A commencer par faire connaître l’histoire. « Nous pouvons affréter un car avec les familles de nos quartiers pour organiser une journée en montagne et visiter des sites de mémoire de la résistance au gouvernement d’extrême droite de Vichy comme Vassieux-en-Vercors, la grotte de la Luire, le mémorial du Vercors… », propose un participant. Témoigner, aussi, de l’histoire des acquis sociaux, des conquis par la lutte.

La question des drames du stalinisme est également posée. Sans rien, vraiment rien enlever à la critique sans concession de cette période de l’histoire de l’URSS, reste la question du « deux poids deux mesures », là encore. « Durant les pires années de répression en URSS, deux millions de personnes étaient privées de liberté pour une population de 203 millions d’habitants ; aujourd’hui, aux États-Unis, ce sont sept millions de personnes qui sont privées de liberté pour une population de 340 millions, soit deux fois plus », note un intervenant.

Les convives ont pris place dans la grande salle de la fédération du PCF.

D’autres propositions ont émergé, par exemple la réalisation d’expositions ou la rédaction d’un ouvrage sur l’histoire du PCF en Isère, des interventions sur le rôle de la résistance dans la libération du pays à l’occasion des cérémonies du 80e anniversaire de la victoire sur le nazisme, en 2025.

L’histoire, mais aussi les enjeux du XXIe siècle. Ce qui passe par « nous impliquer dans les actions quotidiennes en direction des droits des femmes, des droits des enfants, des travailleurs, des sans emplois, des retraités…. », indiquait Jérémie Giono.

Une paella maison, que l’on devait à Fred Vivancos.

Agir, c’est encore utiliser les outils dont disposent les communistes isérois, à commencer par « notre journal, le Travailleur alpin, avec l’arrivée d’un rédacteur en chef à plein temps, un nouveau site internet, une chaîne vidéo sur Youtube, l’actu du TA, sans oublier le rayonnement de la fête du TA », suggérait Jérémie Giono.

Après l’apéritif les convives ont été invités à déguster la délicieuse paella préparée par le camarade Fred Vivancos. Le repas terminé, place aux chansons révolutionnaires. Et, disons-le, Michel Vandel, comme à son habitude, ne s’est pas fait prier pour chanter.

Les échanges se sont poursuivis pendant l’apéritif et devant le buffet.

Cet article Se souvenir de ce qui s’est passé, un enjeu d’aujourd’hui est apparu en premier sur Travailleur Alpin.


Publié le 01.12.2024 à 18:20

Luc Renaud

Les sourires étaient de rigueur, rue Saint-François ce samedi, à deux pas de la place Grenette. Des sourires pour un aboutissement heureux : les livreurs à vélo disposent désormais d’un local fermé, mis à leur disposition par la ville de Grenoble.

Et ce n’est pas du luxe. Mohamed Fofana, qui intervenait au nom du syndicat CGT des livreurs et de l’Association pour les droits et l’accompagnement des livreurs indépendants (ADALI), le rappelait : « Qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige ou que ce soit la canicule… : par tous les temps nous attendons les commandes dans la rue ». Parfois sous un abribus ou l’auvent d’un commerce, avec les tensions que cela suscite parfois.

Alain Lavy, responsable de l’union locale CGT, a présenté un diaporama qui retrace les luttes de livreurs à vélo.

Certes, les revendications demeurent : les plateformes (Uber, Deliveroo…) contraignent les livreurs au statut d’autoentrepreneur, en ignorant ainsi « toutes les obligations d’un employeur classique. Nous devons financer nous mêmes nos outils de travail, vélo, téléphone, équipements… » Avec des revenus uniquement liés au temps passé sur le vélo : « Nous sommes payés à la course, et non sur notre temps de travail réel qui comprend de nombreux temps d’attente, pendant lequel nous restons à la disposition des plateformes, sans être payés », soulignait Mohamed Fofana.

Steeve Fluxman, secrétaire du syndicat CGT des sans-papiers, invitait à participer au rassemblement du 4 décembre, devant la préfecture.

Mais si la reconnaissance de la réalité du statut d’employeur des plateforme reste à conquérir, l’heure était à la satisfaction, ce samedi soir. Les premiers contacts avec la ville de Grenoble remontent à 2021, à l’initiative de l’union locale CGT. Une solution transitoire avait été trouvée, à la maison des habitants du Vieux temple. Après travaux de remise en état, les livreurs disposent désormais d’un local bien à eux, chauffé l’hiver et permettant de se mettre à l’ombre l’été. Laura Pfsiter, adjointe au maire de Grenoble, et les responsables de la MDH du Vieux Temple en ont été dûment remerciés.

Livreurs, syndicalistes, représentants de la ville et de la MDH du Vieux-Temple, ce 30 novrembre, il était difficile de trouver place pour tout le monde.

Une soirée qui marque un succès des livreurs et de leur syndicat pour l’amélioration de leurs conditions de travail.

Avec un rappel : « le combat des livreurs contre la précarité concerne tous les salariés, insistait Alain Lavy, militant de l’union locale CGT, ce contre quoi ils luttent, c’est ce que voudrait imposer le patronat à tous les salariés et grignotant les droits acquis l’un après l’autre ».

La préfecture bloque les titres de séjour

Le syndicat CGT des travailleurs sans-papiers de l’Isère et le Collectif d’associations africaines et étudiante de l’Isère appellent à un rassemblement mercredi 4 décembre à 11h15, devant la préfecture, place de Verdun.

Les deux organisations protestent contre le blocage de la préfecture. Il devient en effet impossible d’obtenir le simple renouvellement d’un titre de séjour, ou encore de déposer une demande. « La préfecture devient inaccessible et il est impossible d’obtenir des rendez-vous », relevait ainsi Steeve Fluxman, responsable du syndicat CGT des sans-papiers, présent lors de l’inauguration du local des livreurs. « Les conséquences de ces blocages sont grave : perte de travail et d’aides sociales, perte d’alternance, impossibilité de poursuivre des études pour les étudiants… »

Une réalité et une injustice que syndicalistes et étudiants feront entendre sous les fenêtres de la nouvelle préfette ce mercredi 4 décembre.

L’un des responsables du collectif étudiant qui appelle à manifester le 4 décembre.
Mohamed Fofana.
La soirée inaugurale s’est achevée par un repas préparé par les livreurs.

Cet article Grenoble. Le local de travail des livreurs, ce n’est plus seulement la rue est apparu en premier sur Travailleur Alpin.


Publié le 01.12.2024 à 10:16

Jean-Claude Lamarche


J’ai lu quelque part que cette « oeuvre » est en fait un questionnaire sur l’art : qu’est-ce que l’art ? Est-il éphémère alors que les artistes croient que leurs oeuvres sont éternelles ? Tout objet déposé sur une cimaise est-il de ce fait une oeuvre d’art ? Être accrochée dans un musée confère-t-il à une peinture le statut de chef d’oeuvre ? L’art est-il objet de spéculation ? Je vous laisse imaginer plein d’autres questions… J’ai lu aussi à propos de la banane une référence à l’urinoir de Duchamp. La référence est fondée mais c’est là qu’il y a un gros problème : toutes ces questions et bien d’autres ont déjà été posées par les artistes depuis maintenant plus d’un siècle et même avant pour ce qui est du caractère éphémère des oeuvres d’art. Sur ce point, à moins d’être totalement hors sol, les artistes comme les spectateurs, les collectionneurs, les conservateurs de musée… savent que les oeuvres d’art s’abiment, s’érodent, sont détruites, usées par le temps, éphémères… les exemples sont des milliers. Bref, si cette banane est un questionnaire sur l’art, ce n’est qu’un plagiat et non une oeuvre originale, donc de très peu d’intérêt.


Mais j’en viens à la question qui me tracasse le plus. Elle renvoie à une interrogation de Marx sur ce qui fait la valeur (qui peut beaucoup varier dans le temps) d’une œuvre d’art. Car il n’est pas possible de soutenir que 6 240 000 dollars représentent la valeur de la quantité de travail réifiée dans la banane. Si le prix de la banane peut atteindre de tels sommets, c’est probablement parce qu’il y a des personnes physiques, ou des établissements financiers, des banques, des grandes entreprises… qui spéculent sur tout et qui peuvent pour ça débourser des millions de dollars ou d’euros pour acheter une banane parce qu’ils pensent qu’ils la revendront encore plus cher par la suite. A sa naissance, en 2019, la banane a été vendue 120 000 dollars. Voyez comme elle a bien vieilli ! Et pourquoi peuvent-ils débourser 6 240 000 dollars (sans que ça les prive du nécessaire pour vivre), c’est parce qu’ils les ont volés en exploitant le travail d’autres personnes qui elles peuvent avoir des fins de mois difficiles. Le prix des œuvres d’art est un baromètre de l’exploitation capitaliste en même temps qu’un indicateur du niveau de la spéculation financière. Aujourd’hui, les super riches (les parrains de Macron par exemple) achètent ou font acheter des oeuvres d’artistes, non parce qu’ils les aiment (il arrive qu’ils ne les voient même pas) mais comme des lingots d’or et ils les font conserver dans des coffres spécialement conçus pour cet usage, situés dans des grands ports dans le monde entier, juste comme une réserve financière. De ce fait, beaucoup d’oeuvres ne sont jamais présentées au public. Le public est privé des oeuvres et les artistes sont privés de public.


Heureusement, la plupart d’entre nous pouvons encore nous payer une banane sur le marché local ou chez le primeur du coin ! Après, si vous la collez sur un mur de votre salon, évitez l’accusation de faussaire en changeant la couleur de l’adhésif par exemple. Et si vous trouvez fastidieuse la corvée de remplacement régulier et fréquent du fruit qui s’abime, faites plutôt votre œuvre d’art avec une noix de coco, c’est moins périssable et ça fera original, ce qui ne gâte rien. Vous arriverez peut-être à la vendre 120 000 dollars à un amateur d’art à la noix.

Cet article Avoir ou ne pas avoir… la banane est apparu en premier sur Travailleur Alpin.


Publié le 29.11.2024 à 16:31

Manuel Pavard

Guerres au Proche-Orient ou en Ukraine, montée du fascisme, dérèglement climatique et catastrophes environnementales, démantèlement des services publics, fermetures d’usine et plans de licenciements, persistance du sexisme… C’est dans ce contexte particulièrement lourd que s’est tenu le 59e congrès de l’union départementale CGT Isère, du mercredi 20 au vendredi 22 novembre, à l’Heure bleue, à Saint-Martin-d’Hères.

Le congrès a réuni 188 délégués représentant 83 syndicats CGT.

Durant trois jours, 188 délégués représentant 83 syndicats CGT ont échangé sur les différents thèmes d’actualité et les futures luttes à mener. Avec de multiples enjeux. Au niveau des instances tout d’abord, avec une nouvelle commission exécutive, renouvelée à plus de 50 % et rajeunie. À sa tête, Nicolas Benoit a été réélu secrétaire général, tandis que Nathalie Geldhof, en charge auparavant de l’éducation, devient administratrice.

Les services publics sacrifiés

Sur le fond ensuite, les syndicats CGT ont adopté une résolution d’actualité s’ouvrant sur « leur indéfectible soutien aux peuples palestinien, libanais, ukrainien, russe, sacrifiés par leurs gouvernements et à tous les peuples opprimés qui subissent les horreurs et les carnages des guerres ».

« Aujourd’hui, le patronat et les gros industriels s’enrichissent sur le dos des populations et de ceux qui meurent sur le terrain », dénonce Nicolas Benoît, pointant la « montée des nationalismes » et la nécessité de s’opposer aux « exactions génocidaires » du gouvernement israélien. La CGT accuse par ailleurs Emmanuel Macron de « sacrifier le financement des services publics sur l’autel de la guerre », avec une « coupe budgétaire de 60 milliards d’euros infligée aux travailleurs ».

Nicolas Benoit entame un nouveau mandat, à la tête d’une commission exécutive renouvelée à plus de 50%.

Le secrétaire général évoque également les conséquences de la progression de l’extrême droite, qui s’attaque à la fois aux conquis sociaux, aux droits LGBT ou à ceux des femmes. « La CGT Isère est féministe et réaffirme son engagement à lutter pour gagner l’égalité de traitement entre les femmes et les hommes et combattre les violences sexistes et sexuelles », indique-t-elle ainsi dans sa résolution d’actualité.

Le syndicat a aussi affiché sa « solidarité avec les collectivités subissant les foudres du gouvernement », ajoute Nicolas Benoit. « Quand on a 10 millions de moins sur les budgets, à la ville de Grenoble ou dans d’autres collectivités, ça se traduit forcément par le non-remplacement de personnels partant en retraite ou l’arrêt de services pour les donner au privé. »

Les délégués à l’issue du 59e congrès de l’UD CGT.

Lors du congrès, la CGT a réaffirmé « la nécessité de dégager les moyens nécessaires au financement des services publics » et de « porter des propositions en vue des assises des services publics organisés par la confédération CGT fin 2025 ». Elle redoute notamment les économies prévues sur le financement de la Sécurité sociale, qui se feront « sur le dos des assurés », à l’image – exemple parmi d’autres – de la mise en place des trois jours de carence.

Pour la nationalisation des secteurs stratégiques

Sur le plan de l’emploi local, Nicolas Benoit cite les « 300 entreprises du BTP qui ont mis la clé sous la porte » en Isère, ainsi que les combats menés à Vencorex, Photowatt, Valeo, la clinique du Dauphiné… « Les plans de licenciements, les fermetures d’usines et de supermarchés annoncés ces derniers jours, chiffrées à 150 000 postes en France, doivent nous faire prendre conscience que si nous voulons maintenir nos emplois, seule la lutte nous le permettra », assène le syndicat.

Concernant Vencorex, « il ne faut pas qu’on lâche et qu’on gagne la nationalisation », souligne le secrétaire général. « Sans cela, cette boîte fermera et c’est l’ensemble de la chimie qui va couler » dans le sud grenoblois. La CGT défend d’ailleurs la nationalisation de plusieurs secteurs stratégiques comme l’énergie, la production de médicaments et les transports.

Autres thèmes abordés à l’Heure bleue, la question environnementale que les syndicats CGT s’engagent à « intégrer dans l’ensemble de leur activité revendicative ». Ou encore le besoin de poursuivre le travail en faveur de la syndicalisation des travailleurs.

La nécessité de syndiquer encore davantage de travailleurs a été rappelée au cours du congrès.

Les délégués ont enfin rappelé leurs principales revendications : « la retraite à 60 ans et moins pour les travailleur·euses exposé·es aux travaux pénibles, avec 37,5 annuités ; la réduction du temps de travail à 32h par semaine ; l’interdiction des licenciements et la nationalisation des secteurs stratégiques ; l’augmentation générale des salaires, des pensions et des minimas sociaux ; la reconquête des services publics et des droits syndicaux ; une réappropriation par les travailleurs de notre Sécurité sociale ».

Des demandes portées par les militants lors des nombreuses mobilisations programmées dans les semaines suivant le congrès, de la manifestation féministe du 25 novembre à la grande journée de mobilisation dans les industries du 12 décembre, en passant par la mobilisation des retraités du 3 décembre ou le mouvement de la fonction publique du 5 décembre. Un calendrier des luttes « mis en place avant une indispensable convergence des luttes que nous appelons de nos vœux », conclut la CGT.

Cet article La CGT Isère fixe ses actes de lutte à son 59e congrès est apparu en premier sur Travailleur Alpin.


Publié le 29.11.2024 à 12:57

Régine Hausermann

Hofesh Shechter, chorégraphe et compositeur

Hofesh Shechter. © Victor Frankowski

Hofesh Shechter, chorégraphe israélien installé en Angleterre, a choisi la France pour élaborer et répéter sa nouvelle, commande du Théâtre de la Ville à Paris. On peut mesurer l’engouement suscité par le travail du chorégraphe à la vingtaine de structures françaises et européennes qui ont co-produit ce « théâtre de rêves », au public qui a rempli la salle du théâtre de la Ville lors de la création en juin et juillet derniers et à celui qui se presse depuis le lancement de la tournée en France cet automne. On se surprend à penser que le film de Cédric Klapisch En Corps dans lequel Hofesh Shechter joue son propre rôle a renforcé sa notoriété et séduit le public par sa personnalité.

Pour les amateurs de danse contemporaine, chaque nouvelle pièce d’Hofesh Shechter, né en 1975 à Jérusalem, est un événement. Depuis sa première pièce Fragments en 2003, il développe son style fait de virtuosité, de puissance collective. Son style, c’est aussi la musique, qu’il crée en fonction de ses chorégraphies, qu’il joue quelquefois en tant que percussionniste.

Entrez dans un espace inconnu, pulsionnel

C’est l’invitation qui nous est faite par un danseur, venu du couloir d’accès à la salle, côté cour, portant un costume décontracté à motifs bleus. Il se hisse sur scène, nous regarde, puis se glisse dans un interstice du rideau d’avant-scène. Avec lui, nous entrons dans le rêve, dans le flux des images.

Dans un premier temps, nous n’en saisissons que des fragments, des instantanés. Un groupe de danseurs et danseuses figé·es, bras levés, dont les silhouettes se découpent entre deux rideaux. Une danseuse seule dans la lumière, également cadrée dans un court espace que les rideaux cadrent selon la volonté des autres. Des arrêts sur images de quelques secondes se succèdent, au premier plan, au second plan, à l’arrière-plan, selon un rythme rapide, dans une bande-son puissante qui emporte les corps des treize danseurs et danseuses. Des corps jaillissent, apparaissent, disparaissent, reparaissent entre deux pans de rideaux, à des profondeurs différentes. Tantôt dans des lumières éclatantes, tantôt crépusculaires, tantôt en ombre chinoise. C’est beau, mais les tableaux sont si fugaces – cinématographiques – qu’on en est presque frustrée. Ces fragments de vie, de rêve sont d’une force extrême, primitive, tellurique, à l’image des pulsations ininterrompues de la musique qu’on imagine être celles du magma cherchant son chemin vers l’explosion.

© Tom Visser

Apaisement du retour au réel, du partage

Soudain, le trio de musiciens en costumes rouges, entrés sur scène après coup, comme pour intensifier encore la puissance sonore, se met à jouer une bossa nova. Quelle douceur, quelle légèreté soudain ! Chaque danseur et danseuse se laisse aller à la langueur des rythmes brésiliens puis invite le public à se lever et danser avec elles et eux. « Ne soyez pas timides, lance le danseur aux cheveux verts ! »

Retour dans le théâtre des rêves

L’énergie est toujours aussi intense mais les tableaux sont plus longs, le « montage » moins fragmenté. Les mouvements du groupe se déploient avant d’exploser ! La rage, l’urgence de vivre, toujours. Ensemble. A un moment, les treize – que l’on reconnaît bien maintenant avec leurs styles vestimentaires particuliers – s’asseyent devant les trois musiciens écarlates, écoutent puis reprennent leur danse, animés par une infatigable énergie et un inépuisable désir d’être ensemble.

Applaudissements debout, sifflements de joie, rappels d’un public enthousiaste.

Cet article MC2 – Grenoble – Theatre of dreams. La rage de vivre d’Hofesh Shechter est apparu en premier sur Travailleur Alpin.


fr3 DL TA
 Outils hébergés
 Services externes