Le vendredi 31 mai 2024, 9 maraîchers et maraîchères ont participé à une journée de co-conception d'une laveuse à légumes, animée par l'Atelier paysan et avec l'accompagnement d'un conseiller en prévention de la MSA.

Cette rencontre a permis aux membres du groupe de se rencontrer et d'initier le processus de co-conception avec l'Atelier paysan. Au programme : état des lieux de l'existant, partage des besoins, écriture du cahier des charges et émergence des premières idées en dessins.

Cet atelier s'inscrit dans le projet « Laveuse à légumes » porté par le GAEC Ferme Laporte, la MSA Gironde et l'Atelier paysan, et soutenu par la Fondation Au Nom de Sélène. L'objectif est de repenser le pôle lavage des légumes, trop souvent jugé moins prioritaire lors de l'installation, en prenant en compte la durabilité, l'autonomie, l'écologie, et surtout l'ergonomie.

Le travail avec le groupe va se poursuivre cet été, afin de valider une conception pour la laveuse à partir du cahier des charges et des idées émergées. Une première réunion à distance a déjà eu lieu cette semaine afin de continuer la réflexion, le partage des idées, et de comparer les premières solutions avec le cahier des charges. Une autre réunion est prévue le 1er juillet prochain.

L'objectif de ce projet étant de pouvoir construire un premier prototype en formation début 2025 !

État des lieux des installations recensées pour laver les légumes Partage des besoins et écriture du cahier des charges Émergence des premières idées et dessins

L'Atelier Paysan se situe naturellement plus volontiers du côté des mouvements sociaux que des rendez-vous électoraux. Pourtant, conscients du danger immense que représentent la poussée du RN et sa possible arrivée au pouvoir, nous apportons aujourd'hui clairement notre pierre aux fondations du nouveau front populaire.

Entre les trois blocs - la macronie, l'extrême-droite et le front populaire - pas de tergiversations et nul besoin de mettre des conditions préalables : l'urgence est là. Partout, nous appelons à rejoindre les mobilisations contre l'extrême droite, à voter et à se tenir prêt-es pour la suite. Mais si nous appelons au vote, c'est avant tout pour garder la possibilité de parer au pire : la perte massive et brutale de libertés.

Car dès le 8 juillet, comme nous l'avons toujours fait, nous serons sur le terrain, au coeur des territoires dans lesquels nous vivons, travaillons, cultivons et luttons, pour engager les rapports de force nécessaires à un véritable changement de société.

Notre action s'inscrit dans le temps long. Depuis 15 ans, nous construisons une alternative efficace, dont nous percevons l'impuissance à transformer le modèle de production de notre alimentation et au-delà à transformer notre société toute entière. Nous savons que rien ne sera concédé par la bourgeoisie qui domine maintenant de façon écrasante l'économie, les médias, et le pouvoir. Aussi nous appelons dès le lendemain des élections à engager tous les moyens nécessaires pour lutter contre le mépris social, l'accaparement de l'eau et des terres, la destruction des ressources et l'étau du complexe agro-industriel - État, FNSEA, firmes, banques, assurances, et leurs institutions satellites.

En zone rurale, le « malaise social » [1] sur lequel capitalise le RN s'est abreuvé à la source intarissable de l'élimination économique des paysan-nes. Nous avons vu la crise alimentaire se développer, un-e Français-e sur deux sautant désormais des repas pour des raisons économiques [2], dans les campagnes comme dans les quartiers populaires, où cette violence alimentaire vient s'ajouter aux violences policières. Nous avons vu se poursuivre de façon effrénée le même type de politiques agricoles, menant chaque jour à la disparition de davantage de fermes, par les traités de libre échange, l'accaparement des ressources, la mise en concurrence permanente au plan international et la prise en étau des paysan-nes entre fournisseurs amont (les vendeurs de pesticides, de semences, de machines, et les fournisseurs de services) et acheteurs aval (les industries agro-alimentaires et la grande distribution...).

Cette mise sous pression permanente, couplée à une politique intentionnelle de dégradation des services publics pour mieux privatiser, a offert un terreau fertile à l'extrême-droite : quelques jours avant le scrutin des européennes, une étude montrait que 32,5 % des agriculteurs et agricultrices avaient l'intention de voter RN ou Reconquête, dont le score montait à 40 % dans l'ensemble du milieu rural [3].

Surfant sur les mobilisations du début d'année, sur la détresse agricole et le sentiment d'abandon des territoires ruraux - où l'on perçoit, plus que dans les bureaux du ministère de l'Agriculture, l'importance de maintenir le tissu social et économique que s'emploie à détruire le complexe agro-industriel -, le RN a fait de l'agriculture un de ses chevaux de bataille électoraux, multipliant les manœuvres de séduction, en totale contradiction avec son programme économique et social [4]. Il faut le répéter : le RN ne sera jamais la solution, ce n'est pas dans leurs intentions, et certains de ses électeurs et électrices pourraient bien en être les premières victimes.

Ne soyons pas dupes : une élection ne suffira pas à faire barrage à l'extrême droite et à cette idéologie nauséabonde que les précédents gouvernements de la droite, de la gauche et du centre ont largement contribué à installer. En appelant à faire barrage au RN à chaque élection, ils ont tous "en même temps" appliqué des politiques libérales au plan économique, réactionnaires au plan social, rétrogrades au plan écologique, répressives face aux mobilisations. Ils ont tant et si bien foulé au pied les électrices et électeurs venu-es en renfort, que ces sursauts ont été moqués et leurs artisans nommés « peuple des castors ».

Mais à l'Atelier Paysan nous respectons le peuple et nous respectons les castors. Nous savons que leurs barrages ne visent pas tant à endiguer qu'à édifier et irriguer, et c'est ce que nous nous engageons à faire pour rassembler, construire et mobiliser, au-delà de nos cercles, dans une perspective auto-gestionnaire et populaire. Nous serons présent-es, sur ce sujet comme sur tant d'autres, pour construire d'autres politiques publiques agricoles et que nos barrages soient enfin à la hauteur.

1. « Luc Rouban, politiste : "La généralisation du vote RN traduit un malaise social qui dépasse la question du racisme" », Le Monde, 11 juin 2024 2. « Un Français sur deux saute des repas, d'autres renoncent à aller chez le coiffeur… Les chiffres marquants du rapport de l'Ifop sur l'inflation », L'Obs, 1er juin 2023 3. Pierre-Henri Bono et François Purseigle, « Les agriculteurs et les européennes : un isolat électoral encore repérable, mais de plus en plus bigarré », Note de recherche, Élections européennes 2024, vague 4 de l'enquête électorale, note 11, mai 2024, 13 p. 4. Voir « Sur l'agriculture, les lignes erratiques des votes du RN », Pauline Graulle, Manuel Magrez et Amélie Poinssot, Mediapart, 2 mars 2024

L'année des 15 ans de l'Atelier Paysan, alors que nous célébrons le travail de diffusion de l'approche collective des technologies paysannes de la coopérative, nous l'enrichissons de la perspective féministe en incluant clairement et fièrement la voix des paysannes et la perspective de subsistance dans notre projet.

Pour développer cette perspective féministe, la coopérative s'est doté depuis l'AG de décembre 2023 d'un espace de discussion sur les liens entre technique, genre et agriculture : le groupe "Féminisme, Subsistance et Autonomie Paysanne" (FSAP). Ce groupe œuvre à construire un dialogue entre, notamment, les perspectives technocritiques, de subsistances et écoféministes – en s'assurant qu'elles soient inclusives, matérialistes et non essentialistes.

Lors de la fête des 15 ans de l'Atelier Paysan, les sociétaires impliqué·es dans le groupe FSAP ont donc proposé deux temps d'échanges politiques sur ces sujets : Une table ronde et un atelier d'éducation populaire.

La table ronde « Féminisme, subsistance et autonomie paysanne »

Cette table ronde a consisté à mettre en lumière comment l'approche féministe peut nourrir les luttes paysannes. Pour ce temps dédié, nous avons eu le plaisir d'accueillir Geneviève Pruvost (sociologue médaillée de bronze du CNRS et autrice de Quotidien Politique, Inès de Rancourt (administratrice et référente sur le genre dans le réseau CIVAM et ancienne paysanne) et Agathe Demathieu (sociétaire de l'Atelier Paysan et autrice d'un mémoire de DU sur le rôle des techniques dans la division sexuelle du travail agricole.

Nous avons discuté de comment, à travers une analyse des bases matérielles du capitalisme, le féminisme de la subsistance montre que les rapports de pouvoir liés au genre font partie des verrous au développement d'une autonomie paysanne et alimentaire. En effet, l'émancipation n'est possible qu'avec un accès général à des moyens de subsistance. En tant qu'actrices de la subsistance à l'échelle mondiale, les femmes et les luttes qu'elles portent pour elles et leurs communautés dans leur ensemble sont primordiales pour augmenter nos capacités de résistance au capitalisme.

L'atelier d'éducation populaire « Il est où le mécano ? »

Cet atelier a porté sur l'accès inégal aux outils et aux compétences techniques ainsi que ses impacts sur la division sexuelle du travail.

Des échanges ont par ailleurs porté sur les possibilités de subversion de cette division sexuelle du travail via la montée en compétence technique grâce aux témoignages d'agricultrices engagées dans l'autoconstruction de leur matériel agricole et à une analyse de la participation des agricultrices aux activités de l'Atelier Paysan.

Ces temps ont permis de poser des lignes claires de la position du groupe FSAP, notamment que :

• La révolution sera féministe ou ne sera pas,
• Ni les fermes ne sont des territoires de conquêtes,
• Notre féminisme sera révolutionnaire ou ne sera pas

Si vous souhaitez rejoindre le groupe de travail FSAP, écrivez nous à la liste mail fsap[at]framagroupes.org. Nous vous donnerons les infos sur les prochaines rencontres.

Table ronde "Féminisme, autonomie paysanne et subsistance" lors de la fête des 15 ans de l'Atelier Paysan, juin 2024

Venez vous initier à l'électricité, la charpente, l'électronique libre, au travail du métal et à l'autoconstruction pour être à l'aise sur votre ferme et repartir avec votre outil. Inscription possible et souhaitable dès maintenant !

Formation métal/soudure à Renage (38)

Les premières formations débutent en octobre, vous pouvez retrouver le programme ici

Au programme :

Des formations pour bricoler à la ferme :

• formation initiation à l'électricité, du 1er au 3 octobre à Saint-Nolff (56)
• formation à l'électronique libre, du 4 au 6 novembre à Saint-Nolff (56)

Des formations pour s'initier au travail du métal :

• formation initiation au travail du métal, du 11 au 13 décembre à Renage (38)
• formation initiation au travail du métal pour les paysannes, du 4 au 6 décembre à Saint-Nolff (56)

Des formations pour construire des outils :

• formation métal pour construire un poêle cuiseur rocket, du 29 au 31 octobre, à Saint-Nolff (56)
• formations métal pour construire la butteuse, le cultibutte ou le vibroplanche, du 18 au 22 novembre à Saint-Nolff (56) ou à Renage (38)
• formation métal pour construire un épandeur ou un décortiqueur, du 16 au 20 décembre à Saint Nolff (56)
• formation travaux libres pour bricoler sur son projet (réservé aux initiés), du 16 au 20 décembre à Renage (38)
• formation autoconstrution d'outils agricoles, du 17 au 19 décembre à Brive (19)

Des formations pour travailler le bois, construire en bois :

• formations charpente du 14 au 18 octobre en Bretagne, et du 27 au 29 novembre en Isère.
• NOUVEAUTE : une formation pour s'initier au travail du bois, du 26 au 28 novembre à Saint Nolff (56). Ouvert aux débutants comme aux initiés.

Choisissez la formation qui vous convient et remplissez le formulaire de pré-inscription en ligne.

Si vous souhaitez organiser une formation près de chez vous, c'est possible ! Il faut constituer un groupe (8 personnes), trouver un lieu et nous contacter pour construire le programme.

Vous pouvez consulter notre offre de formation complète sur le catalogue des formations.

La programmation est en cours d'élaboration pour début 2025.

Plus d'informations : formations[at]latelierpaysan.org / 04 76 65 85 98

Photos d'une formation multi supports à Renage (38) : outils de maraîchage, et prototypage d'un décortiqueur à épeautre

Formation charpente 5 jours

Lors d'une formation dédiée aux porteurs de projet d'installation agricole à Félines-Minervois (34), nous recherchons des fermes intéressées pour convertir leur parc matériel au triangle d'attelage en novembre prochain, sur un chantier de deux jours.

L'utilisation du triangle d'attelage permet un gain de temps et d'ergonomie sur la ferme.

Une fois le choix fait, il est nécessaire de convertir l'ensemble du parc matériel en un minimum de temps. C'est ce que nous proposons en venant avec un groupe de 5 stagiaires accompagnés d'un formateur. On peut adapter 6 à 8 outils selon la complexité, et ouvrir à la réparation/adaptation d'outils existants également.

Vous trouverez ici des infos et exemples de chantiers triangle d'attelage.

La ferme doit disposer d'un espace couvert de 200 m2 et d'une puissance électrique minimale de 12kVa, et se trouver dans un rayon de 2 heures maximum de Félines-Minervois.

En contrepartie, il est demandé à la ferme d'héberger le groupe, d'assurer la restauration le midi et de participer à l'amortissement du plateau technique déployé.

Si vous êtes intéressé ou pour plus d'informations, veuillez nous contacter : formations-installation[at]latelierpaysan.org / 04 76 05 33 90

Triangle d'attelage

L'Atelier Paysan recrute un·e Animateur.rice développement local / Responsable de site à Saint-Nolff (Morbihan). Envoi des candidatures par mail exclusivement, avant le 18 août, à recrutement[at]latelierpaysan.org. Merci d'indiquer la référence « Candidature CDD_24.06.01_AP » dans l'objet du mail.

Cliquez-ici pour télécharger l'offre d'emploi au format PDF

1. CONTEXTE DE LA COOPERATIVE

L'Atelier Paysan est une Société Coopérative d'Intérêt Collectif (SCIC SA), qui promeut une approche des technologies paysannes comme levier de transformation sociale à travers différentes pratiques : tournées de recensement d'innovations paysannes, animation de groupes de Recherche & Développement d'outils et bâtiments, animation de formations pour l'appropriation des technologies agricoles, achat-revente de pièces détachées et de kits pour l'auto-construction d'outils, production et expression d'une analyse sur les conséquences des technologies agricoles sur les systèmes agricole et alimentaire. La coopérative propose ses activités partout en France : soit sur un de ses sites d'activités situés à Renage (38), Félines-Minervois (34) et Saint-Nolff (56), soit sur des ateliers mobiles installés sur les fermes partenaires.

Notre SCIC, à but non lucratif, s'appuie sur environ 215 sociétaires et une trentaine de salariés organisés en pôles d'activité. La Maison des Technologies Paysannes Grand Ouest – MTP-GO, mobilise actuellement 2 animateurs formateurs en charge d'animer des formations au travail du métal et à l'autoconstruction et d'accompagner les projets de R&D participatifs, dans tout le Grand Ouest. La MTP-GO a pour ambition de contribuer à initier et animer une dynamique collective autour des technologies paysannes et d'accompagner à la résolution des problématiques agricoles du territoire, en complémentarité avec les autres acteurs locaux.

2. MISSIONS

En charge de développer et coordonner la MTP-GO, vous mettrez en œuvre la stratégie de déploiement définie par le directoire. Vous travaillerez en étroite collaboration avec les autres salariés de la MTP-GO, ainsi que les responsables d'activité basés ausiège. Vous aurez en charge les missions suivantes : • Initier, développer et animer les partenariats locaux et régionaux : associations de développement agricole, coopératives agricoles, collectivités territoriales, Chambres d'agriculture, établissements d'enseignement agricole, … • Structurer les activités de l'antenne pour en faire un lieu d'accueil et d'échanges en lien avec les activités existantes • Favoriser l'implication des sociétaires et les associer aux actions de l'antenne • Relayer la diffusion de nos offres de produits et de prestations, organiser et mettre en œuvre la prospection pour le développement des activités de l'antenne (actions de formation, ventes de kits, R&D…) • Organiser et coordonner les activités de diffusion des technologies paysannes : journées techniques de démonstration, interventions, diffusion des supports de communication... • Contribuer à l'identification et au positionnement de la MTP-GO sur des programmes de financements territoriaux • Participer au suivi administratif, comptable et financier des activités de l'antenne • Déplacements régionaux fréquents

3. PROFIL RECHERCHÉ

• Animation et gestion de projet (y compris sur les aspects budgétaires et financiers) • Connaissance des acteurs agricoles institutionnels, associatifs et territoriaux • Sensibilité pour l'Agriculture Paysanne et Biologique, et le monde coopératif • Aisance avec l'outil informatique et les réseaux sociaux • Excellent relationnel, capacité à dialoguer auprès d'acteurs variés (institutions, partenaires, public, paysans, presse) et à animer des groupes de travail. • Dynamisme, polyvalence et adaptabilité • Expérience professionnelle de 2 ans minimum sur un poste similaire souhaitée • Permis B valide obligatoire

4. CONDITIONS D'EMPLOI

Poste à pourvoir le 09/09/2024 : CDD d'un an à temps partiel (24,5 heures hebdomadaires) - statut cadre Poste basé à Saint-Nolff (56) Rémunération de 1929 € brut mensuel. Titres-restaurant, mutuelle prise en charge à 75%

5. ORGANISATION DU RECRUTEMENT

Candidature (CV + lettre de motivation) par mail exclusivement à recrutement@latelierpaysan.org Merci d'indiquer la référence « Candidature CDD_24.06.01_AP » dans l'objet du mail. Les candidat·es retenu·es seront convoqué·es par mail ou téléphone. Entretiens prévus le mardi 27 août en présentiel à St Nolff (56)

Date limite de dépôt des candidatures : 18/08/2024

... ou comment être un recours local pour renforcer l'autonomie technique des fermes ?

Fidèle aux actes fondateurs et à la vision émancipatrice de la coopérative, nous nous appliquons à faire mouvement et diffuser les technologies paysannes par tous les moyens. Un bel atelier dans l'espace EDUC POP à la fête des 15 ans de la coopérative a accueilli près de cinquante personnes avec une dizaine d'intervenants qui se demandaient : comment aider l'Atelier Paysan dans cette aventure ? Zoom sur notre proposition : prendre part à l'essaimage !

En 2019, lors de son Assemblée Générale pour promouvoir l'autonomie technique des communautés paysannes et alimentaires, l'Atelier Paysan a pris un tournant décisif : opter pour l'essaimage comme stratégie de développement. Essaimer, comme des abeilles, sur d'autres territoires notre projet technique et politique.

Qui sont les essaims ? Des structures animant les communautés paysannes autour de projets et campagnes partenariales pilotées par l'Atelier Paysan pour promouvoir l'autoconstruction. Dix ans d'efforts de colportage visant à transformer les demandes individuelles en chantiers collectifs (par la formation, la Recherche & Développement, la diffusion de kits) nous ont amenés à faire bilan lucide : pour massifier la diffusion de savoir et savoir-faire et pour généraliser l'approche des technologies paysannes, une approche plus collective et structurée est essentielle.

C'est pour cela que des sociétaires et salariés ont préparé un programme pluriannuel sur l'essaimage pour y arriver. Il vise à construire un réseau de 20 structures alliées capable de se faire le relais et progressivement s'autonomiser pour répliquer localement une partie de nos activités.

Et aujourd'hui ?

Pour être au plus proches des besoins des paysannes et paysans, nous avons déployé ce programme. Financés par la Fondation de France depuis 2023, nous travaillons collectivement à donner corps à la communauté des essaims. Cette communauté porte un nom : Soudons, fermes ! Ainsi, devenir essaim de l'Atelier Paysan c'est être membre l'association de personnes morales que représente Soudons, fermes ! et adhérer à la charte que nous avons écrite.

Durant la saison de formation, de septembre à avril, le pôle animation a arpenté la France pour aller à la rencontre de collectifs paysans locaux suite aux colportages menés sur le manifeste de l'Atelier Paysan "Reprendre la Terre aux Machines".

L'objectif ? Esquisser 7 essaims futurs prêts à rejoindre Soudons, fermes ! Mission réussie… A la fin de ce premier acte, Soudons, fermes ! compte quatre membres structurés (l'Atelier Paysan, Manufacture Paysanne, la Smalah, De Rives en Rêves). Deux autres structures sont en train de nous rejoindre (Atelier Paysan Suisse ; Vilaine Fabrique) et quatre collectifs que nous avons fait émerger - avec l'appui des structures alliées de l'agroécologie paysanne - travaillent désormais à se structurer, animer et faire grandir la communauté paysanne d'usagers de nos outils (Alsace, Drôme, Ardèche, Ain). Dès la rentrée, vous pourrez nous retrouver : Gironde, Gard, Lozère, Ile et Vilaine, Manche, Cote d'Or et Alpes Maritimes. Plus d'informations à venir !

Les essaims ont quelque chose que l'Atelier n'a pas : ils s'inscrivent dans le territoire et entretiennent des relations privilégiées avec les partenaires locaux. Ce sont des collectifs de paysans courageux et de paysannes courageuses qui décident de faire le relais de nos activités. Progressivement, ils s'autonomisent et finissent par les réaliser, une fois qualifiés, grâce au travail partenarial mené avec l'Atelier Paysan. Les essaims qualifiés deviennent qualifiants et s'engagent à aider les autres membres de la communauté Soudons, fermes !

L'essaimage, c'est tout le temps la fête !

Une partie essaims structurés, en structuration ou en émergence sont venus pour animer un temps public le samedi 8 juin 2024 lors de fête des . Ils ont raconté leur 15 ans de l'Atelier Paysan.

Tous les essaims ont manifesté la volonté de tisser des partenariats privilégiés afin d'accompagner les usagères et usagers des fermes à développer l'autoconstruction. Cette démarche passe par la diffusion de nos kits, la démonstration d'outils, l'acte de formation au travail du métal et enfin la conception d'outils vivants par les chantiers de recherche et développement ascendants. Avec la démultiplication de ces temps collectifs animés localement, nous créons une société de convivialité et de célébration continue - l'essaimage c'est une grande fête ! Certains débutent, d'autres se rodent. Il y a parmi les essaims, des associations mais aussi des coopératives. Certains collectifs essaims préexistaient et s'intéressaient à l'autoconstruction depuis longtemps, d'autres naissent et s'y forment grâce à des communautés paysannes qui organisent localement les réseaux d'entraide… Tous ont une chose en commun : leur passion et volonté de participer à renforcer l'autonomie technique sur les fermes. Des membres du public se sont donc rapprochés des essaims de leur région pour proposer leurs appuis, connaissances et compétences, tandis que d'autres se sont aperçus qu'il n'y avait pas d'essaim près de chez eux et qu'ils avaient la volonté d'en créer !

Le message a été entendu : être essaim de l'Atelier Paysan c'est être une structure adhérente à Soudons fermes ! qui se fait relais local des activités de la coopérative et qui travaille avec les autres essaims à diffuser le projet technique. Objectif atteint… Nous continuons nos efforts pour fédérer autour de l'autoconstruction depuis une démarche d'éducation populaire pour renforcer l'action collective !

Prochainement, un espace virtuel et une gazette trimestrielle seront ouverts pour suivre les actualités liées à l'essaimage, dès septembre 2024. Vous y retrouverez les dates de nos prochains événements.

Vous voulez nous aider ?

Contactez par mail Arina, chargée de mission essaimage (a.susa [at] latelierpaysan.org) si :

• vous développez déjà des actions d'autoconstruction lié au travail du métal localement ?
• vous avez un atelier à mettre à disposition de nos formateurs ou de collectifs paysans qui souhaitent assembler leurs outils ?
• vous êtes vous-même dans un collectif de fermes prêtes à accueillir des formations ?
• vous détectez une structure qui pourrait accueillir les activités d'un essaim ?
• vous avez envie de vous engager dans cette démarche en vous rapprochant d'essaims proche de chez vous ?

On a besoin de vous. Rejoignez-nous !

À l'occasion de la fête des 15 ans de l'Atelier Paysan, trois prototypes de brouettes conçus et fabriqués dans le cadre du stage de fin d'étude de Nicolas (stagiaire R&D à l'Atelier Paysan) ont pu être mis à l'épreuve par plusieurs dizaines d'usagères et usagers habitué.es à ce genre d'engins. Dans une démarche de recherche et développement ascendante, ce temps a eu pour but de confronter les choix techniques par l'essai et l'expérience.

Trois modèles ont été présentés lors de l'animation : la brouette à deux roues centrées, la brouette à une roue centrale et la brouette “escalier”.

Les trois modèles de brouettes

Sous le regard d'utilisateurs et d'utilisatrices aguerri.es, les questions, remarques et idées fusent. Certain.es griffonnent des propositions sur le carnet mis à disposition, d'autres s'approprient les mises en plan des brouettes pour y indiquer un retour.

En parallèle, un panneau de votation (sous forme de grille) a permis de recueillir, selon quatre critères, des retours sur la prise en main des brouettes.

Grille de votation pour recueillir les retours sur les différentes brouettes

Version clarifiée de la grille de votation

Résultats

Il ressort du sondage et des échanges, les tendances suivantes :

La brouette à deux roues a été utilisée pendant tout le montage et le démontage de la fête. Elle a permis de transporter de nombreuses palettes, des poubelles, des caisses, du bois, des structures de toilettes sèches.

Quant au plateau grillagé, il a permis une grande polyvalence. Une fois chargé, son inertie est importante et nécessite de forcer un peu au lancement. Ce modèle permet un poids faible dans les mains, un équilibre des charges et une bonne maniabilité. C'est une brouette appréciée.

La brouette centrale a beaucoup intrigué. Il est manifeste que l'équilibre de cette brouette est précaire en ne déplaçant les masses que de quelques centimètres. Un usage pour un transport de charge équilibré par nature semble plus prometteur (seau et bidons). Cette brouette n'est pas adaptée pour un terrain qui présente de grosses ornières (pieds qui touchent). La brouette est peu polyvalente en raison de la grande roue centrale.

Ce modèle permet un poids faible dans les mains. Son équilibre est instable, causant de gros efforts pour maintenir la brouette. Elle présente une bonne maniabilité faiblement chargée. C'est une brouette qui n'est pas appréciée.

La brouette escalier, plus courante dans les usages actuels en maraîchage, est souvent préférée à la brouette à deux roues en raison de sa finesse qui permet de passer dans des endroits étroits et de sa roue unique qui permet de passer par des chemins de petite taille. Ce modèle induit un poids dans les mains plus important que sur les deux autres brouettes. Elle est jugée plus équilibrée que la brouette à une roue centrale. C'est la brouette la plus maniable de par sa finesse et son unique roue. C'est une brouette qui a été appréciée.

L'ensemble des échanges nous ont permis d'identifier un ensemble d'améliorations :

• Mettre des patins au niveau des pieds pour glisser sur les bâches tissées • Faire une encoche dans le tube carré avant de la brouette à deux roues pour renforcer la soudure • Excentrer les roues de la brouette à deux roues à un tiers en partant de l'avant pour éviter un basculement vers l'avant • Mettre en place un système permettant d'avoir de multiples prises aux brouettes : soit statique avec une géométrie de poignet avec angle ; soit réglable (rotation axe / translation) • mettre des renforts par l'intérieur pour éviter le décalage des roues / passer les renforts en fer rond • Penser aux pieds rétractables, • Mettre des roulettes / pieds pour limiter le déséquilibre de la brouette centrale • Faire un tableau / formule de cotation pour les hauteurs • Avoir une brouette tournée vers l'élevage : transport de seaux, bidons… • Mettre une grille moins chère pour la brouette à deux roues • Existe-t-il un compromis entre la brouette à roue centrale et la brouette escalier avec des caisses à l'avant de cette dernière ?

L'animateur de cet atelier, Nicolas, a beaucoup apprécié ce travail d'exposition des étapes de conception, de mise en évidence des choix techniques et de recueil de retours d'usages. Merci à toutes les personnes qui ont participé ! Ces nombreux retours seront incorporés dans les nouvelles versions de brouettes.

Les plans de brouettes seront mis à disposition sur le site dans les prochains mois.

La fête des 15 ans de l'Atelier paysan a également permis de faire découvrir les coulisses de la conception d'outils paysans, avec notamment la présentation « C'est quoi ces plans ? ».

La Conception Assistée par Ordinateur (CAO) fait partie intégrante du processus de conception des outils à l'Atelier Paysan. C'est une étape clé qui permet à l'Atelier Paysan de mettre à disposition toutes les informations nécessaires pour permettre l'auto-construction d'un outil (plans, détails de toutes les pièces, quincaillerie nécessaire, etc.). Il semblait donc important de mettre la lumière sur ce travail peu visible, grâce à des temps de présentation et de questions-réponses avec les membres de l'équipe CAO/R&D.

L'occasion également de dénouer les contradictions apparentes mais travaillées de cet outil numérique : dépendance à un réseau, achat de licences propriétaires, utilisation des outils industriels et donc d'une partie de leurs usages, centralité des données... En bref, comment ne pas devenir tendanciellement un bureau d'études !

Merci à celles et ceux qui ont participé à ces temps d'échange !

Ambiance de gueule de bois en ce début de semaine à l'Atelier paysan : la fête organisée sur la ferme des Volonteux (Drôme) pour nos 15 ans a été un franc succès. Difficile retour à un quotidien devenu subitement exceptionnel, depuis dimanche soir.

Plus d'un millier de personnes ont participé durant trois jours aux tables rondes et discussions politiques, aux ateliers soudure, aux démonstrations d'outils… et aux concerts et temps festifs bien sûr. Merci aux Volonteux pour leur accueil, aux bénévoles qui ont rendu cet événement possible, à toutes et tous les participant-es pour leur bonne humeur et aux partenaires venu-es parfois de très loin : les Soulèvements de la terre, la Confédération paysanne de la Drôme, Pas Sans Nous !, le Mouvement des Sans Terre, l'association drômoise l'Ébullition, le Conseil National de l'Agriculture Biologique au Burkina Faso et tous les groupes de musique qui se sont succédé sur nos deux scènes de concert.

Lundi, il a fallu finir de ranger, dans une ambiance de gueule de bois… politique. Après un week-end plein d'énergie collective et d'envies partagées, tandis qu'une autre mobilisation battait son plein contre l'A69 et son monde du côté de Castres, nous avons été comme tout le monde sidéré-es par des bruits de bottes qui n'ont rien à voir avec celles des paysan-nes. Yoyo émotionnel et politique, donc, mais qui n'enlève rien à notre détermination.

Bref retour en images ci-dessous, comme un échantillon de l'énergie dégagée durant ces trois jours. (Crédit photos : L'Atelier paysan, sauf indication contraire)

Atelier collectif de sculpture métal Conférences et tables rondes sous chapiteaux

Visite de la ferme des Volonteux « C'est quoi ces plans ? » (Présentation de la démarche de conception d'outils paysans) Démonstration d'outil : vibroplanche à étoiles "La Machine à drôles" : Manège pour enfants, auto-construit Concerts Fatum Fratras, Kinkin, A Shimp Case, Cie kta, La Ronce Sculpture en métal réalisée collectivement lors de la fête (Crédit Photo : Mélanie Heller)