Journal de la Fédération de l'Isère du Parti Communiste Français
Publié le 09.11.2025 à 17:42
Luc RenaudJean Rabaté est mort des suites d’un cancer dans cette Corse qu’il avait rejointe en mai dernier, après avoir résidé quelques années à Saint-Egrève. Sa disparition a suscité une vive émotion parmi ses anciens collègues de l’Humanité, les communistes de Saint-Egrève et les rédacteurs du Travailleur alpin, journal auquel il nous avait fait l’amitié – et l’honneur – de collaborer pendant plusieurs années.
Jean Rabaté était un journaliste. De ceux qui avaient commencé à travailler à l’usine, dans l’aéronautique en région parisienne pour ce qui le concerne. Il était né à Moscou, en juillet 1931, mais sa naissance est enregistrée le 20 octobre 1931, à Paris : ses parents, Maria et Octave Rabaté, militants du PCF, recherchés par la police en ces moments de montée du fascisme, avaient dû trouver un refuge provisoire en URSS. Parents ensuite résistants en Corse et à Paris qu’il ne retrouva qu’en 1945 : de retour à Paris, Jean et sa sœur Claude furent hébergés dans le Poitou chez une famille amie.
Des parents dans la résistance
Son père, membre de l’Internationale communiste, fut le représentant de la CGT dans l’Internationale syndicale rouge. Déporté, ce sera l’un des animateurs de la résistance communiste à Mauthausen. Il fut directeur de publication de l’Humanité à partir de 1957. Sa mère fut membre du Comité parisien de Libération puis députée de Paris, une des premières femmes à l’assemblée, en 1947. Elle sera notamment à l’initiative de la loi interdisant les expulsions hivernales.
Jean Rabaté parmi ses camarades.Membre des Jeunesses communistes, Jean Rabaté débuta sa carrière de journaliste à l’Avant-Garde, le journal des JC. Il rejoint l’Humanité à la fin des années 1960, d’abord à la rubrique Luttes, puis exerça la responsabilité, ô combien essentielle dans un quotidien, de secrétaire général de la rédaction. Sa disponibilité, son empathie jamais prise en défaut, son sens minutieux de l’organisation lui permirent de laisser le souvenir d’un homme capable de gérer toutes les situations d’urgence… et les caractères bien trempés de journalistes dans un quotidien de peu de moyens.
Co-pilote de Jean-Claude Andruet
Le journalisme et la politique n’étaient pas les seules passions de Jean : il vibrait pour la course automobile. Il nous avait confié une fierté qu’il gardait par devers lui : le record, aujourd’hui encore inscrit sur les tablettes, qu’il détient, comme co-pilote de Jean-Claude Andruet (deux fois champion de France de rallye automobile), d’une spéciale du rallye de Corse arrivée à Bocogano – le village dont son épouse Hélène est originaire. C’était aussi un skieur émérite.
De sa gentillesse et de sa très riche expérience, nous avons eu le privilège de bénéficier pendant plusieurs années. Jean a longtemps tenu la rubrique « Histoire sociale » du Travailleur alpin. Il ne manquait pas aussi, à l’occasion, de proposer à nos lecteurs de ces reportages qui marquent la vie d’un journal, écrits d’une plume précise et truculente. Comme ce dossier écrit à l’occasion du cinquantième anniversaire des Jeux olympiques de Grenoble que Jean avait, en 1968, couverts pour l’Humanité avec Bernard Clavel, Abel Michéa, Roland Passevant et Paul Zilbertin. Ou ces articles dans lesquels il rendait compte de la situation et des luttes des travailleurs saisonniers dans les stations de ski.

Jean n’avait cessé d’être un militant communiste. Lors des dernières élections législatives, en 2024, ses camarades de Saint-Egrève se souviennent de son inlassable activité de colleur d’affiches, de la clarté et la finesse de ses interventions et de ses analyses, de la détermination avec laquelle il défendait son point de vue.
Jean était un homme de convictions, profondément humain, d’une modestie à toute épreuve.
Ses obsèques ont lieu ce lundi 10 novembre, à 11h30, au crématorium d’Ajaccio. Le Travailleur alpin présente à Hélène, sa compagne, à Fabien et Marianne, ses enfants, à Hélène, Rémy et Ange, ses petits-enfants, toutes ses condoléances.
Cet article Jean Rabaté, la disparition d’un homme droit est apparu en premier sur Travailleur alpin.
Publié le 07.11.2025 à 21:50
Maryvonne MathéoudCe jeudi 6 novembre, à l’appel de la CGT, CFTC, CFE-CGC, FSU, Solidaires, FGR FP, LSR, Ensemble et solidaires, une centaine de militants se sont retrouvés rue Félix-Poulat, à Grenoble. Venus crier leur colère, les retraités se mobilisent contre le projet de loi de finances (PLF) et le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2026.
Claire Tranchant, militante communiste, fidèle au poste.En effet, le projet de budget 2026 du gouvernement Lecornu bis reprend les mesures d’austérité contenues dans celui de François Bayrou et ce sont les personnes en retraite qui sont les plus visées. Gel des pensions en 2026, doublement des franchises médicales, gel de l’ASPA (Allocation de solidarité aux personnes âgées), recul des services publics dont ils ont particulièrement besoin, suppression de l’abattement de 10 % remplacé par un forfait de 2 000 euros… Des personnes non imposables le deviendront et perdront des prestations sociales.
Taxer les riches
Autant de mesures que les manifestants dénoncent, demandant plus de justice fiscale. Tous les Français paient en moyenne 50 % de prélèvements obligatoires (impôt sur le revenu, impôt sur la fortune, cotisations sociales, mais aussi TVA et autres taxes). Seule exception, les ultra-riches qui ne paient que 27 % de prélèvements fiscaux et sociaux, ce qui représente deux fois moins que le reste de la population.
Les drapeaux de la CGT et de la FSU flottaient sur la place.Au moins 79 % des Françaises et Français [voire même 86 % selon un récent sondage] soutiennent la taxe Zucman, avec un impôt plancher de 2 % sur les patrimoines des ultra-riches. Cet impôt, qui concerne les fortunes dépassant les 100 millions d’euros, pourrait rapporter jusqu’à 40 milliards d’euros. Précisons que le patrimoine des cinq cents plus grandes fortunes de France est passé de 200 milliards en 2010 à 1200 milliards en 2024. « Et si on taxait les riches autant que les pauvres ? », réclament les manifestants, à Grenoble comme à La Tour-du-Pin et partout en France.
Les manifestants ont rappelé leur soutien à la taxe Zucman, largement plébiscitée par les Français.Cet article Grenoble. Les retraité-e‑s en colère face aux budgets d’austérité est apparu en premier sur Travailleur alpin.
Publié le 07.11.2025 à 19:19
Travailleur AlpinLa MJC de Rives, c’est l’accueil de loisir enfance-jeunesse qui prend en charge les enfants de 3 à 12 ans les mercredis, mais aussi des dizaines d’activités réalisées pour petits et grands : yoga, gymnastique, modern jazz, arts… et des animations majeures comme le carnaval.
On peut donc dire que dans la commune, c’est une véritable institution. Une institution qui est aujourd’hui en danger.
Les salariés tirent la sonnette d’alarme
Ils étaient présents mercredi 5 novembre, en dehors de leur temps de travail, pour informer et échanger avec les familles venant chercher leurs enfants au centre des 3 fontaines. Un préavis de grève, inédit, a été déposé pour le mercredi 19 novembre.
Pour Jean-Baptiste, délégué du personnel, l’heure est grave : « Face à l’augmentation des coûts de tous les côtés et au gel – voire à la baisse – des financements publics, ça fait plusieurs années que la MJC est contrainte de puiser dans ses réserves pour boucler ses budgets. Sauf que les réserves s’amenuisent, et on arrive au bout : sans un sursaut, ce sont des suppressions de postes qui se profileront, et donc la mort à petit feu de la MJC… »
Celui qui est par ailleurs responsable du pôle animation enfance-jeunesse depuis 2021 insiste : « On s’adresse à tous. Notre mouvement est apolitique, nous ne sommes pas là pour influencer le débat [NDLR : les élections municipales se tiendront les 15 et 22 mars 2026] mais s’il n’y a pas de prise de conscience, c’est un acteur majeur du lien social et de l’éducation populaire qui va disparaitre, et rien ne remplacera cela. »
Une MJC qui se développe, malgré les contraintes
Il faut dire que les équipes de salariés et bénévoles se démènent. En cinq ans, le nombre d’adhésions a ainsi grimpé de plus de 50 % et depuis quelques années, la MJC assure la formation des jeunes animateurs au BAFA. En 2025, ce sont vingt-cinq jeunes qui auront eu leur diplôme dans ce cadre-là, une bouffée d’oxygène dans un contexte général de pénurie de personnel qualifié.
Pourtant, les financements publics, qui représentent la moitié des recettes de la MJC, ne suivent pas. Pire, d’un côté, l’État supprime certains programmes de subventions, et de l’autre, la municipalité de Rives lui fait porter de nouvelles contraintes financières, avec notamment la fin de la mise à disposition du minibus, auparavant fourni par la ville. L’association a donc dû investir, payant les frais de fonctionnement de son transport.
En parallèle, le portage de la formation des animateurs BAFA représenterait un coût supplémentaire de 12 000 euros, et l’augmentation de tous les coûts liés à l’inflation vient encore creuser le déficit. Ceci, au point qu’une sortie du centre de loisirs, lors des dernières vacances, n’a pu avoir lieu que grâce à la contribution d’un généreux donateur, outré par le fait que la MJC n’ait plus les moyens d’en organiser.
Le double discours de la municipalité fait grincer
Pour un bénévole, l’équipe municipale élue en 2020 tient en réalité un double discours : « D’un côté, ils [NDLR : les élus de la majorité] se vantent sur tous les toits d’avoir alloué 10 000 euros supplémentaires à la MJC dans la convention. Mais de l’autre, les subventions restent gelées et ils font porter sur nous des coûts directs plus importants, tout en augmentant leurs exigences en termes d’objectifs ! »
La MJC et la ville de Rives concluent en effet ce qu’on appelle une « convention d’objectifs et de moyens ». Laquelle stipule que, si les objectifs ne sont pas remplis, la subvention baissera… tout en — aux dires de beaucoup — ne donnant pas les moyens à la MJC de réaliser ces objectifs. L’actuelle convention s’achevant en juin 2026, elle devra donc être renégociée, avec l’équipe qui sera élue en mars prochain.
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Publié le 07.11.2025 à 18:18
Pierre-Jean CrespeauLe Travailleur alpin — Comment avez-vous réagi à l’annonce de la fermeture ?
Pascal Kroepfle — Ça fait toujours un choc ! Quand on a fait quarante ans dans la même boîte, comme moi chez Teisseire, on connaît tout le monde. Mes collègues sont devenus des copains, on a nos enfants qui ont grandi ensemble pour certains…
Comment avez-vous eu l’idée de cette initiative ?
Comme ça, naturellement ! J’ai vu que les salariés avaient lancé une cagnotte sur internet mais j’ai préféré faire autre chose. Organiser ça et aller voir les commerçants de Crolles pour les solliciter, je me suis dit que ce serait plus sympa. En plus, c’était le meilleur moyen de voir si ces commerçants étaient solidaires ou pas. Et au final, la plupart l’ont été… sauf certaines grandes surfaces.
On a cru comprendre que vous aviez une certaine expérience de ces grands repas collectifs ?
Oui, quand je travaillais à Teisseire, j’avais l’habitude d’organiser dans mon service des repas tous ensemble. Du coup, ça ne me dérange pas de l’avoir fait, surtout pour Teisseire !
Quatre semaines de grève
Cela fait désormais quatre semaines que les salariés de Teisseire sont en grève, sur le site de Crolles. Un mouvement débuté le 9 octobre et qui s’est encore durci depuis l’annonce par la direction, le 16 octobre, de la fermeture de l’usine prévue au printemps 2026. Le tout, avec 205 emplois supprimés à la clé.
Le groupe Carlsberg et l’ancien propriétaire Britvic sont jugés responsables de la situation actuelle par les salariés.Côté syndical, les négociations qui se sont ouvertes, fin octobre, en CSE, sur le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), sont aujourd’hui dans l’impasse. Mardi 4 novembre, le deuxième round a ainsi tourné court, la CGT claquant la porte à la suite d’échanges houleux avec la direction. La prochaine réunion liée au PSE est programmée le 13 novembre.
Les grévistes ont accroché devant l’usine des affiches portant les noms et visages des 205 victimes de la fermeture.Ce vendredi 7 novembre, vers 18 heures, le montant des dons collectés sur la cagnotte mise en ligne sur Leetchi, en soutien aux salariés de Teisseire en grève, atteignait 5206 euros. Il est toujours possible de participer, tout don étant le bienvenu, souligne le collectif des salariés à l’initiative de la cagnotte.
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Publié le 07.11.2025 à 12:55
Didier GosselinPorter une nouvelle fois les revendications du syndicat et obtenir un rendez-vous avec le sous-préfet : tels étaient les deux objectifs principaux du rassemblement organisé ce jeudi 6 novembre, devant la sous-préfecture. Les orateurs successifs, s’exprimant au nom des différents syndicats de retraités (Daniel Barbier pour Bourgoin, Josiane Blanc pour La Tour-du-Pin, Daniel Merighi pour Villefontaine) et de l’UL de La Tour-du-Pin (Isabelle Fayolle), ont inscrit les revendications de la CGT dans la grande bataille des retraites menée ces dernières années. Laquelle a permis, sinon l’abrogation, du moins la suspension et le retour au premier plan de cette grande question sociale. Daniel Barbier a insisté sur le rapport de force qui a certes permis de faire évoluer la situation mais qu’il convient d’élever et d’élargir pour obtenir satisfaction.
Les retraité·es CGT du Nord-Isère se mobilisaient notamment, ce jeudi, pour exiger la revalorisation de 10 % de toutes les pensions et des mesures concrètes immédiates pour les petites retraites. Mais aussi pour l’indexation des pensions sur l’évolution des salaires, le retour à la retraite à 60 ans avec des départs anticipés pour les métiers pénibles, le maintien de l’abattement fiscal de 10 %.
Attaques tous azimuts contre les retraité·es en 2026
Isabelle Fayolle a quant à elle dénoncé les attaques prévues en 2026 contre les retraité·es : l’année blanche avec la non-revalorisation de l’ensemble des prestations sociales, la revalorisation des pensions à minima de 0,4 point sous l’inflation de 2027 à 2030 (une quinzaine de milliards d’économie sur trois ans !) et le gel de la retraite complémentaire imposé par le patronat, qui préfère acheter 3,6 millions d’euros d’actions dans des entreprises d’armement avec les cotisations des salarié·es…
Dénoncés également le doublement des franchises médicales, la remise en cause du statut « Affection de longue durée », la diminution de la prise en charge des cures thermales et l’absence de mesures sur la prise en charge de la perte d’autonomie… Autant de décisions qui vont contraindre nombre de retraités à se priver de soins et de suivi médical.
Les retraités du Nord-Isère sont bien décidés à rester mobilisés pour faire aboutir leurs revendications.
Cet article La Tour-du-Pin. Les retraités se rassemblent devant la sous-préfecture est apparu en premier sur Travailleur alpin.
Publié le 07.11.2025 à 11:56
daniel OriolNommé ministre de la Santé dans le gouvernement de François Bayrou, le 23 décembre 2024, Yannick Neuder avait dû être remplacé au Palais Bourbon par sa suppléante Sylvie Dézarnaud. Redevenu député de la septième circonscription de l’Isère, après la démission de l’ex-Premier ministre, il retrouvait l’Assemblée nationale ce jeudi 6 novembre. L’occasion pour le syndicat CGT des retraité-es de se rappeler à son bon souvenir.
Yannick Neuder au soir de sa réélection comme député de la 7e circonscription de l’Isère, en juillet 2024.C’est donc une petite centaine de militant-es qui est partie dès 8h30 de Roussillon, pour se retrouver sur la place, devant la mairie de Saint-Étienne-de-Geoirs, où se tenait le rassemblement, à partir de 10 heures. Alain Issartel et Anthony Martinez, respectivement secrétaire du syndicat des retraité-es et secrétaire de l’union locale CGT Roussillon / Beaurepaire, ont été reçus par le chef de cabinet du député LR de l’Isère.
Objet de la discussion, porter leurs revendications dans le cadre de l’examen du budget de la Sécurité sociale et de la mise en place d’un centre de santé sur le territoire. Yannick Neuder étant absent — puisque de retour à l’Assemblée nationale ce jeudi -, il a été proposé la date du 28 novembre pour une rencontre avec celui-ci.
Cet article Nord-Isère. Les retraités CGT mobilisés pour le retour de Yannick Neuder à l’Assemblée est apparu en premier sur Travailleur alpin.
Publié le 06.11.2025 à 18:53
Manuel Pavard« Pas de moyens, pas de rentrée ! » Le mot d’ordre choisi par les personnels des écoles et collèges de l’agglomération grenobloise pour leur journée de grève du 3 novembre témoigne autant de leur dépit que de leur détermination. Enseignants, AESH, AED… Tous partagent le même constat : malgré les mobilisations massives — parties des quartiers populaires de Grenoble, avant de gagner le reste du territoire métropolitain — des 10 avril, 5 mai, 14 mai et 26 juin, « les moyens promis par le recteur ne sont pas au rendez-vous au démarrage de cette nouvelle année scolaire », déplorent-ils dans un communiqué.
Enseignants et personnels de l’école Jean-Racine étaient en grève dès le matin, réclamant des moyens à la hauteur de la situation des élèves.Rassemblés devant le rectorat de l’académie de Grenoble, à l’heure de la pause méridienne, les enseignants étaient nombreux à reconnaître une réelle impasse. Après les vacances de la Toussaint, beaucoup auraient ainsi préféré se retrouver devant leurs élèves en ce jour de reprise des cours. Mais dans des conditions aussi dégradées, impossible de faire une rentrée dans un climat serein et acceptable… Pour eux comme pour les élèves.
Écoles orphelines, comme des REP, sans les moyens des REP
L’un des cas les plus édifiants à cet égard est celui des écoles dites « orphelines » (Simone-Lagrane, Marguerite-Tavel, Jean-Racine, Anatole-France, Libération, Malherbe…). Des établissements victimes d’une « injustice », s’insurge Nelly Grazia, enseignante à l’école Jean-Racine : « On devrait être classé en réseau d’éducation prioritaire (REP) du fait d’un IPS très faible [NDLR : l’indice de position sociale (IPS) est un indicateur évaluant les conditions socio-économiques et culturelles des familles des élèves accueillis dans l’établissement]. Donc avec des moyens supplémentaires. Mais avec les difficultés qu’on connaît dans l’école, on n’a même pas ce minimum ! »
Des enseignantes des écoles orphelines, en difficulté mais non classées en REP, ont pris la parole lors du rassemblement.Nelly Grazia énumère ainsi les « avantages » inhérents au REP dont est injustement privée l’école Jean-Racine : « des formations supplémentaires, des enseignants surnuméraires, des effectifs réduits en CP et CE1 — alors qu’on a des effectifs similaires à ceux d’écoles n’ayant pas un IPS aussi faible. Il nous manque aussi 96 heures d’AESH. » Ce qui a de lourdes conséquences pour les élèves à besoin éducatifs particuliers : « Aujourd’hui, on a des enfants qui ne peuvent pas venir à l’école tant qu’il n’y a pas ces AESH, ils doivent rester à la maison. »
« On a des enfants qui ne peuvent pas venir à l’école »
L’enseignante accuse aussi le rectorat de les avoir « baladés » tout au long des derniers mois, sans tenir ses promesses. Les services académiques ont en effet proposé à l’école Jean-Racine, comme aux autres écoles orphelines, un contrat local d’accompagnement (CLA), destiné aux établissements en difficulté ne relevant pas du statut REP. « Sur le papier, on a un contrat qui nous donne un enseignant surnuméraire et des formations spécifiques. Mais à ce jour, on n’a toujours rien obtenu », se désole Nelly Grazia. Idem pour le dispositif inclusif Respire, qui connaît de nombreux ratés au démarrage. « Ce n’est pas ce qu’on demande », résume-t-elle.
Les écoles orphelines souffrent toutes d’un manque de personnel et moyens criant.Le bilan n’est pas plus positif avec le déploiement depuis la rentée de septembre des Pôles d’appui à la scolarité (PAS), autre dispositif visant à l’inclusion des élèves à besoins particuliers. « Dans notre collège, la mise en place des PAS avait été présentée comme une réponse aux besoins mais pour l’instant, c’est loin d’être le cas », observe Christelle Blanc-Lanaute, professeure de français au collège Vercors.
Valérie Favier, du syndicat SNUIPP-FSU, enseignante à l’école des Genêts.« On n’a jamais vu autant de fluctuation des conditions de travail de nos collègues AESH qui suivent des enfants, puis qui ne les suivent plus, souligne-t-elle. Certaines vont dans les écoles, en plus du collège, et ensuite, il y a des besoins dans les écoles donc on ne les voit plus. » De fait, il manque 22 heures d’AESH au collège Vercors. Et « un peu moins de 200 heures sur l’ensemble du PAS » — qui inclut le collège Vercors, le lycée Argouges et les écoles primaires de secteur (Léon-Jouhaux, Jules-Ferry et Clémenceau) — selon sa collègue d’anglais Soundous.
Les AESH veulent de vraies formations et des salaires décents
Au total, en Isère, quelque 700 enfants ne disposent pas d’un accompagnement suffisant, dont 140 à 150 qui ne sont pas du tout accompagnés. Toujours dans le département, près d’un enfant sur six qui devrait être suivi par un AESH n’en a pas en réalité, selon les propres estimations de l’Éducation nationale.
Émilie (CNT) et Salomé (Sud), AESH, ont évoqué les conditions de travail très précaires de leur métier.Particulièrement mobilisés ce lundi 3 novembre, AESH et AED dénoncent par ailleurs des conditions de travail qui n’aident pas à l’attractivité de la profession. Outre de vraies formations sur leurs missions, leurs droits, et sur le handicap, ceux-ci réclament une augmentation générale des salaires, des postes supplémentaires, de vraies primes REP et REP+ égales à celles des enseignant·es… Sans oublier « un vivier de remplaçant·es pour les AESH et de vrais remplacements d’équipe de vie scolaire, pas des brigades qui sont aujourd’hui le relais du rectorat et permettent de casser les grèves en utilisant la précarité des contractuel·les et AED ».
Le rassemblement s’est terminé par un concert de casseroles afin de « perturber la sieste du recteur », ironisaient les manifestants.Pour couronner le tout, le sous-effectif concerne également d’autres catégories de personnel, dans une grande partie des établissements scolaires de l’agglomération — et plus globalement de l’Hexagone. Illustration au collège Vercors où « il manque également une enseignante référente et un médecin scolaire », déplore Christelle Blanc-Lanaute. Résultat des courses, « les conditions d’inclusion des enfants ne sont pas du tout satisfaisantes ». Et pour recruter de nouveaux AESH, il faudra bien « former correctement des gens et les payer en conséquence ».
Deux représentantes de l’intersyndicale enfants migrants ont rappelé la situation des écoles occupées (douze actuellement à Grenoble) pour mettre à l’abri des familles à la rue.Cet article « Pas de moyens, pas de rentrée ! » : enseignants et AESH à bout à Grenoble est apparu en premier sur Travailleur alpin.
