Revue de presse forestière [15-31/10/2024]
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Temps de lecture : 4 minutes
La protection de la biodiversité capturée par des grands organismes. Une nouvelle tendance à la marchandisation de la nature
La COP16 est censée résoudre des questions vitales mais restée en suspens concernant le nouveau «plan d’action» mondial pour la biodiversité, connu sous le nom de Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal. Ce qui est en jeu ici pourrait avoir des conséquences dramatiques pour des millions de personnes dans le monde, en particulier pour les communautés autochtones [au sens de originaires du lieu où elles vivent] et locales, car le cadre présente un certain nombre de failles fatales. Un article à lire sur À l’encontre.
Des scientifiques en rébellion relaxés pour « état de nécessité », une légitimation de leurs actions
Poursuivis en justice pour s’être introduits dans le Muséum National d’Histoire Naturelle lors d’une action alertant sur l’extinction des espèces, des scientifiques en rébellion ont été relaxés par la justice. Le juge a reconnu l’état de nécessité, estimant qu’il n’y avait aucun doute sur la gravité de la situation. Si le Parquet a toutefois fait appel, cette décision pourrait constituer une jurisprudence bénéfique pour les mobilisations écologistes. Un article à lire dans La Relève et la Peste.
Balades en forêt : quels avantages pour la santé ?
… se demande Sud-Ouest dans cet article où il est question du projet “Forêts, arbres, santé humaine et bien-être” lancé en 2004 et financé par l’Union européenne. Il n’existerait selon ses rapporteurs “à ce jour aucune preuve tangible que cette exposition à la forêt améliore le système immunitaire, la motricité ou encore l’apprentissage”.
Aucune preuve tangible selon cette étude mais beaucoup de témoignages en faveur de la fréquentation d’écosystèmes riches en biodiversité microbienne, recueillis par Marie-Monique Robin auprès de chercheurs, allergologues, biologistes, épidémiologistes, immunologues sur quatre continents, et invitée sur France Culture, dans une émission à réécouter ici pour son film Vive les microbes, visionnable jusqu’en janvier sur Arte et le livre du même titre.
Des granulés aussi en Saône-et-Loire
Une énième usine de granulés a ouvert ses portes en France. L’entreprise située à La Guiche, en Saône-et-Loire, a bénéficié d’une subvention de 300 000 € sur le fonds Feder, soit près de 10 % des investissements. Les bâtiments ont été construits sur une zone humide, dont ses promoteurs disent avoir ignoré l’existence alors qu’elle est classée ZNIEFF (ils devront “compenser”). Et l’on peut lire dans cet article du Journal de Saône-et-Loire, qu’il conviendrait plutôt d’appeler publireportage, que l’objectif est de “produire 10 000 tonnes de pellets par an” à partir de 18 000 tonnes de bois issu “de billons 100 % résineux, non utilisables pour le bois d’œuvre, acheminés dans un rayon de 80 kilomètres”.
Des écrits du philosophe Jacques Chevalier sur la forêt de Tronçais réédités
Le philosophe Jacques Chevalier était un amoureux de la forêt de Tronçais (Allier). Deux de ses livres, réunis en un seul, viennent d’être réédités. L’ouvrage s’intitule La forêt de Tronçais en Bourbonnais. Un article à lire dans La Montagne
Un an après la tempête Ciaràn, comment revit la forêt bretonne ?
Dans la nuit du 1er au 2 novembre 2023, la tempête Ciaràn s’abattait sur la Bretagne, avec des vents à plus de 200 km/h sur les côtes. La forêt a beaucoup souffert avec 150 000 arbres à terre, ce qui représente un volume de 110 mille m3 de bois. Un reportage un an après, de Ouest-France et HitOuest à lire et à écouter ici.
Vol de bois dans la Meuse
Une quinzaine de petits propriétaires ont porté plainte après avoir découvert leurs parcelles de forêt “saccagées et ponctionnées de leurs essences les plus chères dans la Meuse. Des pillages pas vraiment discrets en pleine recrudescence, alors que la forêt française est de plus en plus fragile”, relate Le Parisien dans un article à lire ici.
Un nouveau sapin président de la forêt du Risoux, dans le Jura
La tradition du Sapin Président est née dans le Jura à la fin du XIXe siècle. Chaque année, le sapin le plus majestueux de la forêt est élu lors d’une cérémonie festive qui réunit les forestiers, les élus et le public local, venus honorer dignement le nouveau Président. Celui a été élu dans la forêt de Risoux est un sapin pectiné de 40 mètres de haut, avec un diamètre impressionnant de 120 cm et une circonférence de 3,70 mètres. Un article à lire dans La Voix du Jura, qui pourrait donner des idées ailleurs, avec d’autres essences…
Des maires du Jura en détresse face au trafic de champignons lactaire
Chaque année, la cueillette du lactaire sanguin, un champignon particulièrement apprécié en Espagne, provoque des perturbations dans les forêts du Jura. Les maires d’Aiglepierre et Pretin, touchés par ce phénomène, témoignent de leur agacement : (la loi fixe une récolte maximale équivalente à cinq litres par personne et par jour). Un article à lire sur le site France 3 Bourgogne-Franche-Comté.
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Soigner moins, brûler plus : le projet de loi de finances continue de sacrifier les forêts
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À contresens des nécessités imposées par l’état dégradé des forêts françaises, le projet de loi de finances (PLF) présenté à l’Assemblée nationale privilégie, pour la forêt aussi, la réduction des moyens de l’État avec de nouvelles coupes dans les effectifs de l’Office national des forêts (ONF) et maintient le financement d’un “renouvellement” forestier qui transforme les écosystèmes en usines à produire du bois.
Le bouleversement climatique et l’augmentation de la charge de travail confiée à l’ONF (lutte contre le risque d’incendies, adaptation pour faire face au bouleversement climatique…) auraient pu faire croire à une prise de conscience. Les suppressions de postes qui avaient été prévues dans le contrat État-ONF pour 2023 et 2024 avaient été annulées. Avec le dépôt de deux propositions de loi, dont une transpartisane qui prévoyait un renforcement du service public de la forêt, on se prenait même à croire qu’une augmentation des effectifs serait envisagée.
Dans un rapport sur l’ONF publié il y a tout juste un mois, la Cour des comptes, constatant que “soumis pendant de nombreuses années à des schémas d’emplois contraignants visant à réduire ses effectifs (-12,3 % depuis 2013) et, par conséquent sa masse salariale, les moyens humains de l’établissement apparaissent désormais insuffisants pour répondre aux missions croissantes qui lui sont assignées”, concluait que “l’ONF restera tributaire des subventions de l’État pour poursuivre sa mission de gestion durable des forêts publiques”.
Nouvelle saignée du service public des forêts
La Cour recommandait “une priorisation des objectifs” de l’ONF et “l’adaptation de ses moyens humains et financiers afin qu’il puisse y répondre”. Voilà donc les objectifs du gouvernement “priorisés” dans le projet de loi de finances déposé le 10 octobre 2024 à l’Assemblée nationale, et détaillés dans le “projet annuel de performances“.
C’est au détriment des forêts : non seulement le PLF annonce la suppression de 95 postes, mais les missions forestières de l’Office se verraient en plus privées de 154 équivalent-temps plein supplémentaires, en grande partie transférés vers sa filiale Vegetis, dont l’activité est orientée vers l’entretien des espaces environnant les infrastructures de réseaux (voies ferrées, canaux, lignes électriques, etc.), l’entretien de parcs urbains…
C’est aussi au détriment des personnels de l’ONF, déjà réduits de plus d’un tiers en vingt ans (de 12 500 à 8 000), à qui sont confiées des surfaces impossibles à gérer sans épuisement. “Supprimer encore des postes, c’est intenable, on ne pourra plus assurer nos missions”, s’est indigné Patrice Martin, dans une déclaration à l’AFP. Le secrétaire général du Snupfen-Solidaires, syndicat majoritaire à l’ONF, membre de SOS Forêt, a annoncé la préparation d’un “amendement pour rehausser les effectifs de l’office” de “478 ETP, soit un par service, parce que tous les services sont à l’os aujourd’hui”.
Les communes forestières dénoncent une suppression de postes “inacceptable”
Entre autres tâches, les agents de l’ONF élaborent les plans d’aménagement forestiers des forêts communales. L’annonce de nouvelles suppressions de postes a donc logiquement fait bondir la Fédération nationale des communes forestières (FNCOFOR). Dans un communiqué titré “Les forêts en péril : l’inacceptable suppression de postes à l’Office national des forêts”, la FNCOFOR déclare qu’elle “s’oppose fermement aux projets de suppression de postes à l’Office national des forêt (ONF)” qui iraient “à l’encontre des engagements pris par l’État en matière de durabilité et de protection de l’environnement”.
Avec des forêts “confrontées à de multiples défis : changement climatique, biodiversité menacée et pression foncière”, ajoute le communiqué, “les élus locaux, en première ligne, portent la voix des territoires et sont les garants d’une gestion équilibrée et responsable de ces espaces vitaux. En tant que véritables acteurs de la transition écologique, ils ont besoin d’une équipe renforcée à l’ONF pour mener à bien leur mission”.
1 minute pour couper un arbre, au moins 50 ans pour qu’il repousse
Lors de son discours de politique générale, Michel Barnier avait plutôt rapidement évoqué la question écologique. De la forêt, il n’avait pas été question, sinon pour un éloge de sa richesse en biodiversité. C’est dans un ensemble “biomasse” que le Premier ministre l’avait concrètement envisagée, en mentionnant notamment la production de carburant pour les avions. Priorité encore : la forêt, pour l’exécutif, semble d’abord perçue comme une ressource énergétique.
“L’augmentation de la récolte de bois pour l’énergie issue de la biomasse ligneuse primaire dans les dix années à venir pose question. En effet, ce bois contribue à augmenter les émissions de CO2 sur un laps de temps pendant lequel celles-ci ne seront pas compensées par une séquestration équivalente.”
Extrait du rapport de l’Académie des sciences “Les forêts françaises face au changement climatique” publié en juin 2023
Après la chaleur directe et la multiplication des méga usines de fabrication de granulés dénoncée par les associations écologistes, l’accent est à présent mis sur les carburants dits “bio” : du biokérosène, comme celui du projet E-CHO dans les Pyrénées-Atlantiques (2 milliards d’euros d’investissements) ou de l’hydrogène “vert”, comme le projet Hylann à Lannemezan, dans les Hautes-Pyrénées (1,2 milliard d’euros) pour produire de l’hydrogène par électrolyse, donc avec de l’électricité… issue de la biomasse !
La biomasse disponible ne suffira pas à alimenter les projets de carburants, mais peu importe ! Il suffit de com-pen-ser. Comme si planter des arbres sur des coupes rases générait instantanément des forêts.
En toute logique (du gouvernement), malgré le bilan du plan de relance qui s’est traduit par 88 % des projets financés pour installer des plantations en plein après coupe rase, le budget des aides au renouvellement forestier serait donc maintenu. L’appel à projet, publié le 5 juillet (entre les deux tours des élections législatives) et ouvert le 15 octobre, prévoit ce maintien “dans le cadre de l’objectif de planter 1 milliard d’arbres en 10 ans”.
Renouvellement forestier : coupes rases et enrésinement massivement financés
Pour sa première année, 60 % du budget des aides au renouvellement forestier a bénéficié aux propriétaires privés, qui ont déposé 86 % des dossiers.
Sur les 50 millions d’arbres plantés, 15 millions de plants ont remplacé sur 10 000 hectares, des forêts qualifiées de “pauvres”, selon le bilan France Relance du ministère de l’Agriculture.
Dès avril 2022, Canopée avait publié une enquête intitulée « Planté ! Le bilan caché du plan de relance ». Cette enquête a été la première à lancer l’alerte : plus de 85 % des projets financés sont des coupes rases. Les arbres plantés sont, en large majorité, des résineux en monoculture. Le premier arbre planté est le douglas, alors que cet arbre n’est pas adapté au climat qui se réchauffe.
Signe de l’imprévoyance absolue des concepteurs de la loi de finances qui, semblant confondre météo et climat, se basent sans doute sur l’abondante pluviométrie de cette année, le budget alloué à la défense des forêts contre les incendies en forêt privée, qui était de 34 millions d’euros par an, est réduit à 0€ !
Le projet de loi de finances peut encore être amendé. Il pourra aussi faire l’objet de rectification. Une nouvelle politique forestière peut être menée, qui prendra acte de l’effondrement de la biodiversité et du puits de carbone forestier, des dépérissements, qui réévaluera la ressource en bois réellement disponible, et qui traduira en actes l’impérieuse nécessité de restaurer la nature et le service public qui en a la charge.
C’est le but des actions menées par les membres de SOS Forêt, quand ils informent sur les écosystèmes forestiers, manifestent contre les coupes rases, alertent sur des projets industriels prédateurs ou interpellent les responsables, comme l’a fait Canopée en écrivant le 7 octobre au Premier ministre et aux deux ministres en charge de la forêt. Il est encore temps, mais le temps presse.
Image : en bord de route, branches prêtes à être chargées pour alimenter les usines à granulés.
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Revue de presse forestière [1-15/10/2024]
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Budget 2025 : “La somme dédiée à la transition écologique n’est pas à la hauteur”
Les coupes budgétaires annoncées pour 2025 n’épargnent pas la transition écologique. Émeline Notari, du Réseau Action Climat, fait le point sur le manque d’ambition de la loi de finances. Et les maigres avancées qu’elle contient. Un article à lire dans Reporterre
Des suppressions de postes “inadmissibles” à l’ONF, dénoncent des syndicats
Alors que les agriculteurs voient leur fiscalité allégée par le projet de budget du gouvernement, le tour de vis au ministère de l’Agriculture, de la souveraineté alimentaire et de la forêt concerne quasi exclusivement l’ONF, gestionnaire des forêts publiques françaises. Or, les effectifs de l’Office ont déjà fondu ces dernières années, passant de 12.500 à 8.000 entre 2000 et 2022, un nombre “insuffisant” selon la Cour des comptes. Un article à lire dans La Tribune.
La forêt française s’étend… mais elle est malade
Le dernier inventaire forestier national (IFN) couvrant la période 2019-2023 décrit une forêt française toujours en expansion mais affectée par les sècheresses récurrentes et les maladies. Le puits de carbone terrestre s’essouffle. Un article à lire dans Sciences et Avenir.
Les forêts se déplacent aussi… vers l’ouest
Nous savons que les plantes, y compris celles des forêts se déplacent pour aller vers des lieux où leur conditions de vie seront meilleures. Avec le réchauffement climatique, on entend souvent que cette migration se ferait vers le nord et en altitude. Une étude réalisée par des chercheurs de 11 pays européens sur 266 espèces de plantes forestières et plusieurs décennies (les plus anciennes datent de 1933) démontre que sur notre continent, elle se sont déplacées 2,6 fois plus vers l’ouest que vers le nord, à la recherche d’azote notamment. Même si ce déplacement évoluera forcément, voilà de quoi remettre en question le dogme de l’adaptation des forêts par le remplacement artificiel des essences… Un article à lire dans Science.
Feux de forêt : un site internet et une campagne pour sensibiliser au débroussaillement
Le gouvernement a annoncé, mardi 15 octobre, le lancement d’une campagne nationale qui commencera la 21 octobre pour rappeler l’importance du débroussaillement pour prévenir les feux de forêt. Un article à lire dans Ouest France.
Les granulés de bois sont-ils une bonne solution pour se chauffer ?
…se demande France Info. Y est mentionnée la manifestation du 5 octobre à Guéret contre l’installation de Biosyl, mais le dernier mot est donné au représentant des fabricants de granulés. Y est mis en avant le faible coût à l’achat des granulés, mais on cherchera en vain le montant des subventions à la filière. Y est mentionnée la part minoritaire aujourd’hui dans les volumes de bois destinée aux granulés, mais pas celle qui va résulter de la multiplication usines et de leurs capacités. Un article à lire ici.
La manifestation de Guéret dans les médias
Cette manifestation, où SOS Forêt était présente, fut une grande réussite à n’en pas douter et relayée par de nombreux médias : La Montagne, bien sûr, Reporterre, France Bleu, Challenges, France Info, France 3, 20 Minutes…
Une “contre-manif” organisée par les défenseurs du projet devait être organisée le même jour, mais a été reportée à la semaine d’après. France Bleu Creuse en a fait une brève, indiquant qu’elle a réuni… 60 personnes.
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