LUNDI SOIR LUNDI MATIN VIDÉOS AUDIOS
14.05.2024 à 11:14
Ceci est une invitation
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Laboratoires d'Aubervilliers - Samedi 15 Juin 2024
Block Party II
Texte intégral (510 mots)
Entre les élections européennes du 9 juin et les Jeux Olympiques de juillet, il y aurait toutes les raisons de rester cloitré chez soi ou de fuir dans la Meuse. On vous propose donc l'exact contraire, à savoir une énorme journée-soirée aux Laboratoires d'Aubervilliers le 15 juin de 16h à 00h : avec le scribe de la horde, Alain Damasio accompagné de Yan Péchin – le guitariste d'Alain Baschung – , les magnifiques rappeurs philosophes Felhur x Andro, les beats anarcho-électro-soul de la fabuleuse Alicie et la new wave techno-punk-funk de Katchakine. On y prendra aussi le temps de débattre, de se rencontrer ou de se retrouver.
Invitation à la Bloc Party II - Nos devenirs furtifs
Laboratoires d'Aubervilliers - Samedi 15 Juin 2024
En Janvier 2023, nous avons organisé un Bloc Party. Il s'agissait de Reprendre l'offensive. De reposer les hypothèses stratégiques minimales par lesquelles tout défaire. S'en était suivi un grand feu d'artifice.
En Décembre 2023, par un froid glacial dans un Consulat glacial nous avons senti la nécessité de poser l'alternative la plus brute : Fascisme ou Révolution. Depuis, cette division du champ social n'a cessé d'être relancée, presque mécaniquement, sous l'effet du « maccarthysme » à la ramasse et de l'hégémonie médiatique des gros lardons.
Samedi 15 Juin 2024, aux Laboratoires d'Aubervilliers, de 16h à 00h, nous voulons adresser quelques questions pressantes et logiques. Si nous prenons au sérieux le raidissement du pouvoir et constatons une certaine fascisation, il nous faut repenser nos formes d'interventions et anticiper la reconfiguration du champ de bataille. Que reste-t-il de l'espace public quant y apparaître revient aussi à prêter le flanc à la répression ? Quelle visibilité trouver quand nous sommes déjà tenus par notre mise en spectacle sur les réseaux ? Quelle marge de clandestinité reste-t-il au milieu des smartphones et des smartcities ? Comment s'organiser, en somme, depuis les coordonnées actuelles du pouvoir ? Comment rester inventifs, rejoignables et offensifs ? Comment devenir furtifs ?
Une discussion suivie d'une fête explosive.
À très vite,
lundimatin
14.05.2024 à 10:53
Métrages courts
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Texte intégral (991 mots)
Après le moustachu avec un bic noir), de chouettes rencontres et (un feuilleton de famille, Fabien Drouet revient et récidives avec ces métrages courts.
On naît. On meurt. Entre les deux on vit. Besogneux ou flemmards, même programme pour tout le monde.
*
En mourant, nous lâchons notre dernier souffle et quelques pets. Le voilà donc, le poids de l'âme.
*
En ce 25 avril 2024,
à Lyon, il ne fait pas chaud.
8h45, à la station Guillotière,
un homme, en short, entre.
Il n'est pas frileux, me dis-je.
La tête dans le Q et le tout le reste
dans le métro D.
L'homme pas frileux porte une attelle bleue à la jambe droite.
Elle est d'un bleu qui pète,
bleu boum, bleu fluo, bleu hôpital.
Après trois arrêts passés debout
(côte à côte) : vous auriez peut-être aimé vous asseoir ?
Ah, oui, en effet. Pourquoi pas...
Avec le type pas frileux, nous contemplons l'absence
de sièges disponibles et le type grimace
au freinage un peu brusque du véhicule.
Les têtes dans le wagon se redressent,
les smartphones et le livre se dévissent des visages,
une fraction de seconde, au freinage,
puis tous les cous se repositionnent.
Je crois que personne ne vous a vu.
En effet. Oui, personne. C'est bizarre mais pas grave.
C'est au genou qu'il a mal, il m'en parle,
ligaments croisés antérieurs, oh, chiant, ça,
puis nous imaginons que sous nos yeux,
il y a un.e voyageur.se s'apprêtant à signer une pétition
« Pour que les métros lyonnais soient équipés
de places handicapées »
Nous rions, chuchoté, noir.
Consolons-nous, nous disons-nous,
si Bug's Bunny ou le Bon Dieu en Personne
apparaissaient, nous serions les deux seuls
à les reconnaître, à en profiter,
à grave halluciner.
*
Soldes de fin du monde. 2 mort.es et 26 blessé.es à l'ouverture du Salon de l'Auto.
*
Il paraît que l'homme et la femme invisible se ressemblaient beaucoup.
*
Un homme dans le métro
prend la parole
« une petite pièce »
une femme souffle
cherche complice à son souffle
qu'est-ce qu'ils nous emmerdent, hein,
les pôvres.
*
Cônnasse.
*
L'homme est sorti.
La femme aussi.
Dans le métro,
une fille
(sept ou huit ans)
raconte
à son p'tit frère
(trois ou quatre ans)
que s'il n'est pas sage
des monstres vont sortir
de sous son lit
et puis ensuite...
Le petit écarquille les yeux
puis semble se reprendre :
non mais tu t'fous d'ma gueule !??!
*
On s'ignore,
On ne se conna ît pas
puis
On se re ncontr e
on s'aime b ie n,
Peu t-être même bea uco u p.
Ç a a rr i v e ,
de s fo i s .
*
Son dernier titre de séjour courait sur dix ans.
Etait valable jusqu'en septembre 2023.
Elle est arrivée en France en 1975,
à l'âge de trois ans.
En octobre 2023, elle a obtenu
(ça ne tombe pas du ciel,
paperasse et lettres de motivation et une dizaine
de rendez-vous)
un titre de séjour, d'un an.
Un titre de séjour d'un an.
Elle a fait de la prison, purgé sa peine.
Avec un titre de séjour de dix ans elle n'était pas
expulsable.
Avec un titre de séjour d'un an,
depuis octobre 2023, donc :
elle l'était devenue.
« Votre présence sur le territoire représente un danger ».
Le dernier titre de séjour, d'un an,
était une manigance.
Non, monsieur. Non, madame. C'est la loi.
Nous l'avions fêté autour d'une
pizza (Regina) et d'une bouteille d'Oasis.
M. a cinquante-deux ans.
Elle est arrivée en France à l'âge de trois ans.
Dans trois mois, elle retournera dans son pays
d'origine.
Fabien Drouet
14.05.2024 à 09:58
Démanteler la catastrophe : tactiques et stratégies
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Un lundisoir avec les Soulèvements de la terre
- 13 mai / Avec une grosse photo en haut, Mouvement, lundisoir, 2Texte intégral (3506 mots)
Comment agir à la hauteur du désastre écologique ? Où trouver les forces pour tirer le frein d'arrêt d'une civilisation qui œuvre à sa propre destruction ? Comment se donner les moyens d'une bifurcation hors du monde de l'économie ? Certains s'accrochent à capitaliser les petits gestes ou essaient de croire à une transition écologique gouvernementale, d'autres s'enterrent dans le cynisme ou s'abandonnent à la désolation. Depuis trois ans, les Soulèvements de la terre proposent une autre hypothèse : s'organiser pour déployer un mouvement d'action directe de masse, trouver les complicités et forger les alliances qui permettent de penser et d'agir.
Premières secousses (La Fabrique) est un livre important et qui fera date dans la pensée politique, écologiste, stratégique et révolutionnaire. Il s'agit moins d'un bilan des campagnes écoulées ou d'un programme que d'un rapport d'étape et une tentative de clarification tactique et stratégique. Paradoxalement, sa richesse et son audace, tiennent moins des propositions qu'il contient : désarmer, démanteler, reprendre les terres ; que de l'humilité avec laquelle les tensions, les contradictions et les obstacles rencontrés et à venir sont patiemment dépliés et offerts à la discussion. Trois participants aux Soulèvements sont venus en discuter pour ce lundisoir. La discussion a été longue pour ce format particulier qui ne se partage que derrière un écran mais elle a certainement était trop courte pour que nous puissions aborder et approfondir les points les plus importants et à débattre du livre. Un premier entretien pour de premières secousses.
À voir mardi 14 mai à partir de 19h
Version podcast
Pour vous y abonner, des liens vers tout un tas de plateformes plus ou moins crapuleuses (Apple Podcast, Amazon, Deezer, Spotify, Google podcast, etc.) sont accessibles par ici.
Voir les lundisoir précédents :
Crimes, extraterrestres et écritures fauves en liberté - Phœbe Hadjimarkos Clarke
Pétaouchnock(s) : Un atlas infini des fins du monde avec Riccardo Ciavolella
Le manifeste afro-décolonial avec Norman Ajari
Faire transer l'occident avec Jean-Louis Tornatore
Dissolutions, séparatisme et notes blanches avec Pierre Douillard-Lefèvre
De ce que l'on nous vole avec Catherine Malabou
La littérature working class d'Alberto Prunetti
Illuminatis et gnostiques contre l'Empire Bolloréen avec Pacôme Thiellement
La guerre en tête, sur le front de la Syrie à l'Ukraine avec Romain Huët
Feu sur le Printemps des poètes ! (oublier Tesson) avec Charles Pennequin, Camille Escudero, Marc Perrin, Carmen Diez Salvatierra, Laurent Cauwet & Amandine André
Abrégé de littérature-molotov avec Mačko Dràgàn
Le hold-up de la FNSEA sur le mouvement agricole
De nazisme zombie avec Johann Chapoutot
Comment les agriculteurs et étudiants Sri Lankais ont renversé le pouvoir en 2022
Le retour du monde magique avec la sociologue Fanny Charrasse
Nathalie Quintane & Leslie Kaplan contre la littérature politique
Contre histoire de d'internet du XVe siècle à nos jours avec Félix Tréguer
L'hypothèse écofasciste avec Pierre Madelin
oXni - « On fera de nous des nuées... » lundisoir live
Boxe et lutte des classes avec Selim Derkaoui
Commentaires (cosmo) anarchistes avec Josep Rafanell i Orra
Une histoire globale des révolutions avec Une histoire globale des révolutions avec Ludivine Bantigny, Eugenia Palieraki, Boris Gobille et Laurent Jeanpierre
Les anges de la réalité, de la dépolitisation du monde avec Ghislain Casas
Tout le monde peut-il être soeur ? Pour une psychanalyse féministe avec Silvia Lippi et Patrice Maniglier
La rébellion est-elle passée à droite ? Rencontre avec Pablo Stefanoni et Marc Saint-Upéry
Sortir les ingénieurs de leur cage avec Olivier Lefebvre
Du milieu antifa biélorusse au conflit russo-ukrainien
Une histoire illustrée du tapis roulant avec Yves Pagès
Radiographie de l'État russe, entretien avec Alexander Bikbov et Jean-Marc Royer
Un lundisoir à Kharkiv et Kramatorsk, clarifications stratégiques et perspectives politiques
Sur le front de Bakhmout avec des partisans biélorusses, un lundisoir dans le Donbass
Vers une anthropologie Métaphysique avec Mohamed Amer Meziane
Éloge de l'émeute avec Jacques Deschamps
Une histoire personnelle de l'ultra-gauche avec Serge Quadruppani
Pour une esthétique de la révolte, entretient avec le mouvement Black Lines
Dévoiler le pouvoir, chiffrer l'avenir - entretien avec Chelsea Manning
Nouvelles conjurations sauvages, entretien avec Edouard Jourdain
La cartographie comme outil de luttes, entretien avec Nephtys Zwer
Pour un communisme des ténèbres - rencontre avec Annie Le Brun
Philosophie de la vie paysanne, rencontre avec Mathieu Yon
Défaire le mythe de l'entrepreneur, discussion avec Anthony Galluzzo
Parcoursup, conseils de désorientation avec avec Aïda N'Diaye, Johan Faerber et Camille
Une histoire du sabotage avec Victor Cachard
La fabrique du muscle avec Guillaume Vallet
Violences judiciaires, rencontre avec l'avocat Raphaël Kempf
L'aventure politique du livre jeunesse, entretien avec Christian Bruel
À quoi bon encore le monde ? Avec Catherine Coquio
Mohammed Kenzi, émigré de partout
Philosophie des politiques terrestres, avec Patrice Maniglier
Politique des soulèvements terrestres, un entretien avec Léna Balaud & Antoine Chopot
Laisser être et rendre puissant, un entretien avec Tristan Garcia
La séparation du monde - Mathilde Girard, Frédéric D. Oberland, lundisoir
Ethnographies des mondes à venir - Philippe Descola & Alessandro Pignocchi
Enjamber la peur, Chowra Makaremi sur le soulèvement iranien
Le pouvoir des infrastructures, comprendre la mégamachine électrique avec Fanny Lopez
Comment les fantasmes de complots défendent le système, un entretien avec Wu Ming 1
Le pouvoir du son, entretien avec Juliette Volcler
Qu'est-ce que l'esprit de la terre ? Avec l'anthropologue Barbara Glowczewski
Retours d'Ukraine avec Romain Huët, Perrine Poupin et Nolig
Démissionner, bifurquer, déserter - Rencontre avec des ingénieurs
Anarchisme et philosophie, une discussion avec Catherine Malabou
La barbarie n'est jamais finie avec Louisa Yousfi
Virginia Woolf, le féminisme et la guerre avec Naomi Toth
Françafrique : l'empire qui ne veut pas mourir, avec Thomas Deltombe & Thomas Borrel
Guadeloupe : État des luttes avec Elie Domota
Ukraine, avec Anne Le Huérou, Perrine Poupin & Coline Maestracci->https://lundi.am/Ukraine]
Comment la pensée logistique gouverne le monde, avec Mathieu Quet
La psychiatrie et ses folies avec Mathieu Bellahsen
La vie en plastique, une anthropologie des déchets avec Mikaëla Le Meur
Anthropologie, littérature et bouts du monde, les états d'âme d'Éric Chauvier
La puissance du quotidien : féminisme, subsistance et « alternatives », avec Geneviève Pruvost
Afropessimisme, fin du monde et communisme noir, une discussion avec Norman Ajari
Puissance du féminisme, histoires et transmissions
Fondation Luma : l'art qui cache la forêt
L'animal et la mort, entretien avec l'anthropologue Charles Stépanoff
Rojava : y partir, combattre, revenir. Rencontre avec un internationaliste français
Une histoire écologique et raciale de la sécularisation, entretien avec Mohamad Amer Meziane
LaDettePubliqueCestMal et autres contes pour enfants, une discussion avec Sandra Lucbert.
Basculements, mondes émergents, possibles désirable, une discussion avec Jérôme Baschet.
Au cœur de l'industrie pharmaceutique, enquête et recherches avec Quentin Ravelli
Vanessa Codaccioni : La société de vigilance
Comme tout un chacune, notre rédaction passe beaucoup trop de temps à glaner des vidéos plus ou moins intelligentes sur les internets. Aussi c'est avec beaucoup d'enthousiasme que nous avons décidé de nous jeter dans cette nouvelle arène. D'exaltations de comptoirs en propos magistraux, fourbis des semaines à l'avance ou improvisés dans la joie et l'ivresse, en tête à tête ou en bande organisée, il sera facile pour ce nouveau show hebdomadaire de tenir toutes ses promesses : il en fait très peu. Sinon de vous proposer ce que nous aimerions regarder et ce qui nous semble manquer. Grâce à lundisoir, lundimatin vous suivra jusqu'au crépuscule. « Action ! », comme on dit dans le milieu.
13.05.2024 à 20:31
À bas les pacificateurs
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Texte intégral (997 mots)
Mardi 7 mai, alors que la Sorbonne était occupée pour dénoncer le génocide en cours à Gaza, les forces de l'ordre sont intervenues pour déloger les manifestants pacifistes et placer 88 d'entre-eux en garde à vue. Le Comité préoccupé du Quartier Latin nous a transmis ce texte qui pointe et regrette les limites d'une non-violence bon teint et soucieuse d'être reconnue par un pouvoir contre lequel il s'agit justement de lutter. En écho aux camarades états-uniens qui oeuvrent sur les campus à une escalade de la conflictualité, le comité rappelle : « La non-violence s'arrête précisément là où un génocide commence. »
Ce que nous avons vu et vécu hier soir, mardi 7 mai, devrait nous enrager. 88 personnes ont été interpellées pour avoir posé quelques tentes dans un amphithéâtre et s'être réunies aux alentours de la Sorbonne, où avait lieu une occupation contre le génocide en cours en Palestine. Une fois l'amphithéâtre occupé et les impératifs pratiques remplis, se succèdent certaines discussions qui alternent entre pacification de l'occupation en cours et justification des violences de l'administration. Des propos tous plus lunaires les uns que les autres sont balancés à la volée ("Vigiles, ouvriers de la sécurité", par exemple). Entre ces positions opportunistes et électoralistes, certaines voix divergentes se font entendre : “On est pas là pour faire avancer la carrière d'un fils de chien”.
En plus de limiter le champ des possibles dans notre réponse collective face à la présence policière à un attentisme stérile, cette pacification de l'occupation sert une volonté d'assagir les protestations, de donner un visage "respectable" à la contestation, d'une jeunesse qui se tient sage et du côté de la vertu. Comble de cette soirée, nous apprenons que ces mêmes personnes osent flouter le visage des keufs sur l'une de leurs vidéos. Le pacifisme est un fléau.
La réaction immédiate de la plupart des organisations de gauche fut d'appeler à un rassemblement pacifique le lendemain, devant l'Hôtel de Ville de Paris, loin de toute possibilité d'intervention hors-slogans, afin de demander calmement la levée des gardes à vue et l'arrêt de toute poursuite.
Cet ensemble de réflexes légalistes (demande de cessez-le-feu, demande de libération des camarades), même effectués par des personnes sincères dans leurs luttes, déplace les coordonnées du rapport de force dans les mains de nos oppresseurs. La non-violence s'arrête précisément là où un génocide commence. Il semble y avoir une inconséquence dans le discours exigeant des orgas de gauche qui, dans leurs revendications et leurs pratiques héritées d'une idéologie pacifiste, prône le gentil citoyennisme et les postures pseudo-sacrificielles comme seul horizon stratégique viable, nuit et dessert nos objectifs. Ces derniers sont de mettre fin au génocide en cours et donc de détruire les institutions et les pouvoirs qui l'ont rendu possible et quasi acceptable dans la majorité de l'opinion.
L'année dernière, dans un campus universitaire du Nord de Paris, une tentative d'occupation avait donné lieu à 29 interpellations violentes. La réaction estudiantine a été un envahissement suffisamment insistant pour obtenir de la présidence la libération immédiate sans poursuites de 28 interpellé.es. Si cela a pu être fait dans le contexte du mouvement des retraites, cela peut être fait dans le contexte d'un mouvement contre un génocide.
Si nous voulons réellement défendre les occupations, imiter avec panache nos vaillant.es camarades américain.es, il faut dire que le pacifisme nous met en danger et ne nous protège pas. Car le pacifisme découle d'une vision contre-révolutionnaire de la lutte qui consiste à attendre des avancées de la part de ceux qui autorisent les massacres et la répression. Pire, la patience du pacifisme nous contraint à livrer le peu de force qui se trouve de notre côté à l'ennemi. Le pacifisme freine notre capacité à nous organiser et à gagner parce qu'il permet au discours de l'adversaire de pénétrer dans nos luttes et de prévenir toute montée en intensité. Il est flagrant de voir que la répression policière, tout à fait normale (et non signe de la dérive de l'état de droit en état autoritaire) dans n'importe quel contexte de désordre, émeuve sans susciter le moindre désir de rendre coup pour coup.
Non. Une nouvelle fois, il faudra tranquillement se pointer aux comicos avec drapeaux et slogans, faire des courbettes devant la justice — simple auxiliaire de la police militarisée —, recommencer sans tirer de conclusions et éventuellement piétiner la volonté de certain·es de ne plus, précisément, rentrer dans ce vaste simulacre.
Nous croyons qu'un génocide, le meurtre d'un ado sous les coups de la police, une quelconque attaque de l'État contre le mouvement (expulsion, garde-à-vue, mutilation…) doit nécessairement amener à prendre des risques. Les causes de la domination ne vont pas chuter en un jour mais elle n'ont jamais eu un avenir aussi radieux qu'aujourd'hui, où le pacifisme fait son retour. Celui-ci n'instaure aucun rapport de force. Au contraire, il continue de s'en tenir au niveau de confrontation que l'ennemi impose et, conséquence désastreuse, nous pousse à nous retirer dans nos vies privées, loin de la chaleur d'une université, d'un ministère ou d'un rectorat en flammes.
Que vive le peuple palestinien et nik le rectorat et sa porcherie !
Comité préoccupé du Quartier Latin
Le 8 mai 2024
13.05.2024 à 15:49
Encerclés
dev
Texte intégral (651 mots)
Arbres déchirés, leurs profils nets dans la pâleur de l'air.
Un rail froid pour annuler les distances, pour annuler le paysage…
Wagons accrochés au bruit qui les tire.
Je ne peux pas respirer. Je ne peux pas respirer.
L'eau, ce premier langage qui m'a faite… l'eau
séparée de ses eaux, vendue au plus offrant.
L'eau privatisée. À quel prix – nos vies ?
Pétrole et domination : l'œil du maître sévit
sur la pièce de monnaie qui roule.
Business sur la mort de tout.
Je ne consens pas. Je ne consens pas.
J'use mes os à ma pensée, mon souffle à la vie matérielle.
Le texte m'implique, mes choix m'impliquent.
Les mots sont des risques que je suis prête à prendre
maintenant.
Je n'entre pas dans la pacification qui dresse des murs.
Je n'entre pas dans le puritanisme qui me dresse.
J'utilise les failles, l'immense imprévisibilité des nuages.
Ma colonne d'air ne dépend pas d'une gestion…
elle s'abouche au sensible, loin des connexions commerciales.
Je sors du vide. Je sors du vide.
L'espace est suspendu à l'appel qui vient de surgir de la gorge d'un chien !
Je vois mieux la malfiguration du monde, je vois son design
sceller la séparation du corps et de l'esprit.
Trop de hiérarchisation – les sols en meurent.
Trop d'espace virtuel – notre liberté est devenue inopérante.
Pays aux contours lisses – intelligence artificielle :
il n'y a même plus de boutons, il n'y a qu'un ordre
et il peut venir de n'importe où.
Notre monde sans contact… qui relève d'un plan,
et c'est à cela qu'on reconnaît l'enfer.
Je n'arrive pas à lire les signes. Y a-t-il encore des signes ?
Éradication des temps morts – je perds la mémoire sans eux !
Je me défends. Je me défends. Ma liberté n'est pas croyante.
Elle mord la poussière pour apprendre à parler. Elle goûte
la tombe du monde. Elle retire le couvercle des définitions.
Moins on se laisse définir, moins on est manipulable.
Mes forces reviennent, désir de naître sans toute frontière.
Il neige sur les jours ensevelis. Il tombe des cordes
sur les corps liquidés. La douleur est quotidienne,
elle blesse les chairs.
Ralentir ! Alors le carnage se voit.
Ralentir encore. La guerre d'à côté nous regarde.
Ne pas baisser les yeux. Ne pas baisser les yeux.
Dans une langue étrangère, incomprise, des mots me reviennent,
mots infirmes, partis à la recherche de la forme gutturale des sons.
On ne copie pas l'espace, on ne copie pas le temps.
Je ne laisserai pas le printemps lettre morte…
C'est toute ma patience. C'est toute ma patience.
Impénitente.
Natanaële Chatelain
À Paris, mai 2024