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29.12.2025 à 17:06

L’histoire édifiante du premier loup d’Éthiopie jamais capturé, soigné puis réintroduit dans la nature

Sandra Lai, Postdoctoral Researcher, Ethiopian Wolf Conservation Programme, University of Oxford
Peut-on sauver un animal sauvage sans nuire à l’équilibre naturel ? Dans les monts Simien, en Ethiopie, le destin d’un loup blessé par des hommes et sauvé par d'autres apporte une réponse riche en enseignements.
Texte intégral (1406 mots)

Blessé par balle dans les montagnes d’Éthiopie, un loup d’Éthiopie a survécu contre toute attente. Son sauvetage, inédit, a changé bien plus que son destin individuel.


Quelle est la valeur d’un seul animal ? Lorsqu’un animal sauvage est retrouvé grièvement blessé, l’option la plus humaine consiste souvent à pratiquer l’euthanasie pour lui éviter des souffrances prolongées. C’est le plus souvent ce qui se passe, parfois à bon escient. Car quand on réunit les moyens nécessaires pour le sauver, un animal ainsi réhabilité puis réintroduit dans la nature peut être rejeté par son groupe, peiner à trouver de la nourriture ou à échapper aux prédateurs. Et même s’il survit, il peut ne pas se reproduire et ne laisser aucune empreinte durable sur la population.

Mais il arrive parfois qu’un cas isolé montre qu’une intervention peut faire bien davantage que sauver la vie d'un individu. Elle peut aussi transformer notre idée de ce qui est possible.

C’est l’histoire d’une seconde chance qui s’est jouée dans les Monts Simien, en Éthiopie. Là-bas, à 3 000 mètres d’altitude, l’oxygène se fait plus rare. Les nuits sont froides, et la vie n’offre que peu de répit. C’est aussi le territoire du loup d’Éthiopie (Canis simensis), le principal prédateur de cet habitat et le carnivore le plus menacé d’Afrique. Il ne reste plus guère que 500 loups adultes dans les hauts plateaux éthiopiens, dont environ 60 à 70 dans les Monts Simien.

Début mai 2020, l'un d'entre eux a subi une blessure grave — une fracture du fémur causée par un tir d’arme à feu. Parce qu'il n'était plus capable de suivre sa meute dans les hautes terres implacables, son sort semblait scellé. Habituellement, l’histoire s’arrête là. Mais cette fois-ci, il en a été autrement.

Je suis chercheuse en postdoctorat au sein de l’Ethiopian Wolf Conservation Programme, un programme qui se consacre depuis trente ans à la protection du loup d’Éthiopie et de son habitat montagnard. J’ai eu l’honneur de faire partie de l’équipe qui a documenté, pour la toute première fois, le sauvetage d’un loup d’Éthiopie, son traitement clinique en captivité, puis sa remise en liberté réussie après réhabilitation.

Terefe, le survivant chanceux

Des gardes du parc ont découvert le loup étendu sous un pont et ont alerté Getachew Assefa, chef de l’équipe de suivi des loups du Ethiopian Wolf Conservation Programme dans le parc national des monts Simien.

Il est rare qu’un loup d’Éthiopie soit abattu à l’intérieur du parc. Les autorités éthiopiennes chargées de la faune sauvage et l’Ethiopian Wolf Conservation Programme ont donc décidé de capturer l’animal, effrayé, et de tenter de le sauver.

Il s’agissait d’une démarche sans précédent, aucun loup d’Éthiopie n’ayant jamais été maintenu en captivité auparavant. La décision de le sauver reposait à la fois sur l’origine humaine de sa blessure et sur le faible nombre de loups encore présents dans le massif du Simien.

Un petit refuge de montagne a rapidement été transformé en enclos de fortune pour l'accueillir. C’est là que, pendant les 51 jours suivants, sa réhabilitation s'est déroulée.

Durant ces quelques semaines, il a reçu des soins vétérinaires intensifs, sous la supervision d’experts. Il a été pris en charge par Chilot Wagaye, garde issu de la communauté locale. Les progrès ont d’abord été incertains, puis les os fracturés ont commencé à se ressouder et, au bout d’un mois, le loup a pu se tenir debout seul.

On le baptisa alors Terefe, un nom qui signifie « survivant chanceux » en amharique, la langue locale.

Retour à l’état sauvage : une histoire d’espoir

Une fois sa patte rétablie, l’impatience de Terefe à quitter le refuge est vite devenue manifeste. La nuit, il hurlait, sans doute pour tenter d’appeler les membres de sa meute.

Fin juin 2020, il a été relâché près de son groupe, équipé d’un collier GPS léger — le tout premier jamais posé sur un loup d’Éthiopie. Ce dispositif a permis aux chercheurs de suivre ses déplacements et d’explorer une question cruciale : un loup réhabilité peut-il se réintégrer dans la nature ?

L’Ethiopian Wolf Conservation Programme a suivi les déplacements de Tefere après la guérison de sa blessure afin de s’assurer qu’il allait bien.

Peu après sa remise en liberté, les observations ont confirmé que Terefe avait été réintégré au sein de sa meute. Il est resté plusieurs semaines dans son territoire d’origine. Mais il a ensuite commencé à se déplacer plus largement dans les montagnes, rendant parfois visite à des meutes voisines, avant de finir par s’établir près du village de Shehano.

D'abord, les habitants ont été surpris de voir un loup s’approcher ainsi de leurs maisons et ils ont tenté de le chasser. Mais les agents de suivi, dirigés par Getachew et Chilot, leur ont raconté l’histoire de Terefe.

De cette meilleure compréhension a découlé une évolution des attitudes. Les villageois se sont alors montrés plus enclins à protéger Terefe… et les nouveaux membres de sa meute. Car le loup avait trouvé une partenaire et le couple avait donné naissance à une portée de louveteaux.

Un sauvetage historique qui a protégé bien plus qu’une vie

Aujourd’hui, la « meute de Terefe » existe toujours. Terefe a non seulement survécu, mais il a aussi laissé une descendance. Il a également modifié quelque chose de fondamental, mais difficile à mesurer : les perceptions locales. Les loups sont parfois considérés comme une menace. Avec Terefe, ils sont devenus un symbole de résilience et une source de fierté.

L’histoire de Terefe ne signifie pas que chaque animal sauvage blessé peut ou doit être sauvé. Mais lorsque l’intervention est menée avec rigueur, une seule vie peut avoir une portée bien plus grande qu’on ne l’imagine — non seulement pour une espèce menacée, mais aussi pour les populations qui vivent à ses côtés. Aujourd’hui, Getachew me répète souvent que personne n'oserait plus faire de mal à Terefe.

Sa notoriété protégera-t-elle les membres de sa meute lorsqu’il ne sera plus là ? Protègera-t-elle d’autres individus de son espèce ? Terefe a été sauvé d’une blessure infligée par la main de l’homme, alors que de nombreux autres loups disparaissent lentement et silencieusement, victimes de la rage et de la maladie de Carré transmises par les chiens domestiques — une conséquence indirecte de la présence humaine dans les montagnes.

L’histoire de Terefe rappelle toutefois que les efforts de conservation ne sont jamais aussi efficaces que lorsqu'ils sont menés de concert avec les communautés locales. Elle laisse entrevoir l'étendue de ce que l'on peut accomplir lorsque des personnes attachées à un même territoire unissent leurs forces.

The Conversation

Sandra Lai ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

29.12.2025 à 16:15

À pierre-feuille-ciseaux, nos cerveaux peinent à agir au hasard… et c'est plus important qu'il n'y paraît

Denise Moerel, Research Fellow in Cognitive Neuroscience, Western Sydney University
Manuel Varlet, Professor in Cognitive Neuroscience, Western Sydney University
Tijl Grootswagers, ARC DECRA Senior Research Fellow in Cognitive Neuroscience, Western Sydney University
Des chercheurs ont analysé 15 000 parties de pierre-feuille-ciseaux pour comprendre comment notre cerveau prend des décisions en compétition et pourquoi nous avons tant de mal à rester imprévisibles.
Texte intégral (1150 mots)

Une étude révèle que nos choix en compétition sont influencés par les manches précédentes, même lorsque s’appuyer sur le passé peut nuire à notre stratégie.


Il existe une stratégie optimale pour gagner plusieurs manches de pierre-feuille-ciseaux : être aussi aléatoire et imprévisible que possible ; ne pas tenir compte de ce qui s’est passé lors de la manche précédente. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire.

Pour comprendre comment le cerveau prend des décisions en situation de compétition, nous avons demandé à des participants de jouer 15 000 parties de shifumi, tout en enregistrant leur activité cérébrale.

Nos résultats, publiés dans Social Cognitive and Affective Neuroscience, confirmaient que ceux qui se laissaient influencer par les manches précédentes avaient effectivement tendance à perdre plus souvent. Nous avons également montré que les humains peinent à véritablement agir de manière aléatoire, et que l’on peut discerner divers biais dans leur activité cérébrale lorsqu’ils prennent des décisions dans un contexte compétitif.

Ce que l’on peut apprendre d’un jeu simple

Le domaine des neurosciences sociales s’est surtout attaché à étudier le cerveau d’individus pris isolément. Pourtant, pour comprendre comment notre cerveau prend des décisions lorsque nous interagissons en société, il faut recourir à une méthode appelée « hyperscanning ». Cette méthode permet aux chercheurs d’enregistrer l’activité cérébrale de deux personnes ou plus pendant qu’elles interagissent, offrant ainsi une mesure du comportement social plus proche des situations réelles.

Jusqu’à présent, la plupart des travaux utilisant cette approche se sont concentrés sur la coopération. Lorsqu’on coopère avec quelqu’un, il est utile d’agir de la manière la plus prévisible possible afin de faciliter l’anticipation des actions et des intentions de chacun.

De notre côté, nous nous sommes intéressés à la prise de décision en situation de compétition, où l’imprévisibilité peut conférer un avantage — comme lorsqu’on joue à pierre-feuille-ciseaux. Comment notre cerveau prend-il des décisions, et garde-t-il la trace des actions précédentes, à la fois les nôtres et celles de l’autre joueur ?

Pour explorer ces questions, nous avons enregistré simultanément l’activité cérébrale de paires de participants pendant qu’ils jouaient 480 manches de shifumi l’un contre l’autre sur ordinateur. Soit un total de 15 000 manches à partir duquel nous avons constaté que les joueurs peinaient à rester imprévisibles lorsqu’il s’agissait de choisir l’option suivante.

Même si la meilleure stratégie est d'agir de manière aléatoire, la plupart des personnes présentaient un biais net, en jouant trop souvent l’une des options. Plus de la moitié des joueurs privilégiaient « pierre », suivie de « feuille », tandis que « ciseaux » était l’option la moins choisie.

Par ailleurs, les participants avaient tendance à éviter de répéter leurs choix : ils optaient pour une option différente à la manche suivante plus souvent que ce que le hasard seul aurait permis d’attendre.

Des décisions en temps réel

Nous pouvions prédire la décision d’un joueur — choisir « pierre », « feuille » ou « ciseaux » — à partir de ses données cérébrales avant même qu’il n’ait donné sa réponse. Cela signifie que nous pouvions suivre le processus de prise de décision dans le cerveau à mesure qu’il se déroulait, en temps réel.

Nous avons non seulement trouvé dans le cerveau des informations sur la décision à venir, mais aussi sur ce qui s’était produit lors de la partie précédente. Le cerveau contenait des informations à la fois sur la réponse précédente du joueur et sur celle de son adversaire durant cette phase de prise de décision.

Cela montre que, lorsque nous prenons des décisions, nous utilisons des informations sur ce qui s’est passé auparavant pour orienter la suite : « il a joué pierre la dernière fois, alors que dois-je faire ? »

Nous ne pouvons pas nous empêcher d’essayer de prédire ce qui va se passer ensuite en regardant en arrière.

Or, lorsqu’il s’agit d’être imprévisible, s’appuyer sur les résultats passés est contre-productif. Seuls les cerveaux des joueurs qui ont perdu la partie contenaient des informations sur la manche précédente — ceux des gagnants n’en contenaient pas. Cela montre qu’une dépendance excessive aux résultats passés nuit bel et bien à la stratégie.

Pourquoi est-ce important ?

Qui n’a jamais souhaité savoir ce que son adversaire allait jouer ensuite ? Des jeux les plus simples à la politique internationale, une bonne stratégie peut offrir un avantage décisif. Nos travaux montrent que notre cerveau n’est pas un ordinateur : nous cherchons spontanément à prédire ce qui va se passer ensuite et nous nous appuyons sur les résultats passés pour guider nos décisions futures, même lorsque cela peut s’avérer contre-productif.

Bien sûr, pierre-feuille-ciseaux est l’un des jeux les plus simples qui soient — ce qui en faisait un bon point de départ pour cette recherche. Les prochaines étapes consisteront à transposer nos travaux à des contextes compétitifs où il est plus stratégique de tenir compte des décisions passées.

Notre cerveau est mauvais lorsqu’il s’agit d’être imprévisible. C’est généralement une bonne chose dans la plupart des contextes sociaux, et cela peut nous aider lorsque nous coopérons. En situation de compétition, en revanche, cela peut nous desservir.

En définitive, on peut en tirer une leçon simple : ceux qui cessent de trop analyser le passé ont peut-être davantage de chances de gagner à l’avenir.

The Conversation

Manuel Varlet a reçu des financements de l'Australian Research Council.

Tijl Grootswagers a reçu des financements de l'Australian Research Council.

Denise Moerel ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.

28.12.2025 à 18:00

Duralex : et si les citoyens sauvaient nos usines ?

Caroline Diard, Professeur associé - Département Droit des Affaires et Ressources Humaines, TBS Education
Olivier Meier, Professeur des Universités, président de l'Observatoire ASAP, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC)
L’entreprise emblématique Duralex a récolté 20 millions d’euros en 48 h en lançant une campagne de crowdfunding. Ce succès donne-t-il des espoirs pour un nouveau modèle de réindustrialisation ?
Texte intégral (1525 mots)
Quel est ton âge ? Les verres Duralex ont bercé l’enfance de millions de Français et Françaises. Wikimediacommons

En 2025, l’entreprise iconique française a réussi à récolter 20 millions d’euros auprès de 13 467 investisseurs intéressés par « moderniser son outil industriel et rayonner à l’international ». Que dit cet engouement pour soutenir cette société coopérative de production (SCOP) via une campagne de crowdfunding ?


Le 3 novembre dernier, la France se réveille avec une nouvelle inattendue : une campagne de crowdfunding est lancée par Duralex. Cette levée de fonds dépasse toutes les attentes. Alors que l’objectif initial était de 5 millions d’euros, en 48 heures 20 millions d’euros d’intentions sont récoltés.

La campagne, visait une levée destinée à moderniser l’usine et développer de nouveaux produits. En quarante-huit heures, les intentions d’investissement atteignent près de quatre fois l’objectif, portées par plus de vingt mille personnes et un ticket moyen avoisinant neuf cents euros. Devant cet afflux inédit, la société coopérative de production (SCOP) a dû plafonner les participations pour permettre au plus grand nombre de contribuer. Il s’agit d’un véritable raz-de-marée citoyen.

Comment une entreprise en crise, reprise par ses salariés, a-t-elle réussi à fédérer des dizaines de milliers de citoyens ? Que révèle cet engouement sur notre rapport à l’industrie, au territoire et à l’économie locale ? Alors que les délocalisations et fermetures d’usines rythment régulièrement l’actualité, Duralex démontre qu’une voie alternative est possible.

Si nous avons étudié la transformation de la société Duralex et son passage au statut de société coopérative de production (SCOP), nous décryptons ici les enseignements de cette levée de fonds historique.

Quel est ton âge ?

L’effet made in France joue à plein. Soutenir Duralex, c’est défendre une production locale et un secteur emblématique du verre. À cela s’ajoute la transparence de l’entreprise, qui communique en temps réel sur l’utilisation des fonds – qu’il s’agisse de la modernisation des fours, de l’innovation ou de la formation.

L’émotion fait le reste. Sauver Duralex, c’est sauver une part de notre patrimoine industriel. Il y a beaucoup d’affects avec cette marque qui a marqué des générations d’enfants. « Quel est ton âge ? » était le jeu préféré dans les cantines grâce aux verres Duralex.

Peu de campagnes industrielles ont atteint de tels montants ; Duralex rejoint le cercle très restreint des réussites comparables à celles de certaines SCOP comme le spécialiste de la laine Bergère de France il y a un an.

Cette mobilisation est révélatrice de la volonté d’adhérer à un projet commun, presque un rêve partagé. Les consommateurs ne se contentent plus d’acheter : ils investissent dans des projets porteurs de sens et se projettent dans l’image renvoyée par Duralex. En témoignent les chiffres du crowdfunding en France.

La défiance envers les grands groupes, alimentée par les délocalisations et les scandales industriels, renforce la volonté de soutenir des alternatives. L’attachement au territoire joue également un rôle déterminant. Les Français aspirent à des entreprises ancrées, transparentes et dotées d’une histoire à laquelle ils peuvent s’identifier.

D’après une étude (Ipsos), 54 % des Français, soit environ 26 millions de personnes, déclarent avoir un lien de proximité avec l’industrie. Ce chiffre illustre l’ancrage fort de ce secteur dans le quotidien des citoyens, qu’il s’agisse de relations familiales ou sociales.


À lire aussi : La coopérative : une solution contre les faillites d’entreprise ?


Comme nous l’avions souligné dans notre étude de cas sur Duralex, la légitimité des dirigeants n’est plus conférée par un organigramme. Elle s’est construite collectivement à travers la confiance, la transparence et la capacité à embarquer les équipes dans un projet commun qui est presque devenu un projet sociétal au sens large.

Les salariés, désormais actionnaires majoritaires, deviennent des parties prenantes actives de la gouvernance.

Concurrence chinoise, gouvernance et facture énergétique

Les défis restent nombreux. L’argent ne suffira pas à garantir la réussite. La concurrence chinoise continue de peser, avec des coûts de production plus bas. Les prix à la production en Chine ont baissé de 2,2 % en glissement annuel en novembre 2025.

La facture énergétique demeure une vulnérabilité majeure, malgré les efforts réalisés pour la maîtriser.

La gouvernance représente également un enjeu. Gérer une SCOP de 228 actionnaires est un exercice quotidien d’équilibre et de dialogue. Le principe de la SCOP « un homme, une voix » nécessite un dialogue social réinventé et un mode de gestion collaboratif.

Les fonds permettront certes de lancer une nouvelle gamme de verres écoconçus, mais le véritable test sera de convaincre les distributeurs d’accorder une place en rayon à ces produits face au low-cost asiatique. Un pas a déjà été fait en ce sens avec des actions marketing : diversification de la gamme, vente en ligne, corner au bon marché rive gauche… L’entreprise a très vite compris les défis imposés par une concurrence acerbe.

L’industrie de demain

Duralex s’impose comme un laboratoire potentiel de l’industrie de demain.

Son modèle associant SCOP et crowdfunding pourrait inspirer d’autres PME dotées d’un fort capital sympathie. Pour les pouvoirs publics, l’expérience souligne l’importance de faciliter les reprises en SCOP, notamment en simplifiant les démarches et en proposant des formations.

Le statut de SCOP implique que les salariés investissent dans l’entreprise, ce qui fait peser le risque entrepreneurial sur leurs épaules. Cela peut mettre en péril un bassin d’emploi, des familles… Autre point et non des moindres, les salariés n’ont pas nécessairement la formation ou les compétences nécessaires pour affronter le monde des affaires.

Pour les consommateurs, elle rappelle que le made in France a un coût, mais qu’il crée de la valeur locale en préservant des emplois et des savoir-faire. La capacité à réformer son modèle commercial (vente en ligne, magasin..) A permis de séduire de nouveaux marchés.

Duralex montre que l’industrie française peut rebondir grâce à l’innovation, la transparence et l’intelligence collective. Reste à savoir si ce modèle est transposable à d’autres secteurs. Une certitude : les citoyens se disent prêts à jouer leur rôle.

Bien que l’entreprise Brandt ait proposé comme alternative à la liquidation, le passage en SCOP et malgré l’aval du gouvernement pour ce statut salvateur, le tribunal de Nanterre a malheureusement préféré sceller le destin du groupe le 11 décembre dernier. Peut-être, demain d’autres usines en difficulté pourront-elles suivre la voie de Duralex qui a déjà prouvé qu’un pari fou pouvait inspirer tout un pays.

The Conversation

Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre affiliation que leur organisme de recherche.

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