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La Lettre de Philosophie Magazine

▸ les 10 dernières parutions

14.09.2025 à 08:00

L’amour, c’est (aussi) l’enfer : Maggie Millner répond à notre questionnaire de Socrate

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L’amour, c’est (aussi) l’enfer : Maggie Millner répond à notre questionnaire de Socrate nfoiry

Avec Couplets, son premier roman écrit en vers libres qui a défrayé la chronique aux États-Unis et qui sort en cette rentrée aux éditions Les Escales, Maggie Millner a trouvé une forme créative brillante pour raconter le vécu contemporain de l’amour. Dans notre nouveau numéro, elle répond à notre questionnaire de Socrate.

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13.09.2025 à 15:00

Entre addiction et manipulation, TikTok, une véritable drogue numérique

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Entre addiction et manipulation, TikTok, une véritable drogue numérique hschlegel

Le rapport de la commission d’enquête parlementaire est univoque : la plateforme TikTok est « un réseau hors de contrôle à l’assaut de la jeunesse ». Pour comprendre son pouvoir addictif, nous vous invitons à relire cette analyse.

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13.09.2025 à 08:00

“La Déprise”, de Clotilde Leguil : apprendre à ne pas céder sur son désir

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“La Déprise”, de Clotilde Leguil : apprendre à ne pas céder sur son désir nfoiry

Dans son nouvel essai La Déprise, la philosophe et psychanalyste Clotilde Leguil offre une vision lumineuse des rapports amoureux, qui n’occulte pas le risque inhérent à toute rencontre. Un livre qui a séduit Clara Degiovanni dans notre nouveau numéro.

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12.09.2025 à 18:00

“Sirāt” : marche ou rave

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“Sirāt” : marche ou rave hschlegel

Que faire au fond, sinon danser ? C’est la question que s’est posée Ariane Nicolas en regardant Sirāt, d’Oliver Laxe, en ce moment à l’affiche. Car à travers la quête éprouvante d’un père pour retrouver sa fille, ce road movie zigzaguant au milieu de raves techno dans le désert marocain nous offre peut-être la métaphore du mois au cinéma…

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Ce texte est extrait de notre newsletter hebdomadaire « Par ici la sortie » : trois recommandations culturelles, éclairées au prisme de la philosophie, chaque vendredi soir. Abonnez-vous, elle est gratuite !

 

« Luis, un père de famille taciturne et paumé (Sergi López), s’invite dans une rave party organisée au beau milieu du désert marocain dans les années 1990. Accompagné de son fils Esteban, il y cherche sa fille Marina qui a récemment pris la poudre d’escampette. Sur le terrain ocre balayé par les vents, les enceintes empilées comme les pierres d’un temple inca crachent une techno hypnotisante. Après une évacuation forcée de l’armée – une guerre semble se préparer dans cette zone disputée avec la Mauritanie – Luis s’engage dans un road trip dantesque. Il accompagne deux antiques camions de raveurs pour rejoindre une autre fête désertique où, pensent-il, Marina se situerait. Croisement entre Mad MaxZabriskie Point et Le Salaire de la peur, Sirāt, du réalisateur espagnol Oliver Laxe, a envoûté le public au festival de Cannes, où il a reçu le prix du jury. Non sans raison. Âpre, aventureux, sans pitié, Sirāt est autant la quête dangereuse d’un être cher qu’une métaphore sous acide de la vacuité de l’existence. Que faire, au fond, sinon danser ? Le film s’oriente dans deux directions. D’un côté, il essaie de rendre visible, palpable, le phénomène magique par lequel des ondes traversent le corps humain et l’activent lorsqu’on danse. De l’autre, il déploie un joli motif, celui de l’effritement des corps et du monde, qui n’est pas sans rappeler un autre film de vraie-fausse apocalypse, Alpha, de Julia Ducournau (sorti le 20 août dernier). À l’image de cette roche grattée par les roues des véhicules, plusieurs personnages ont des corps amputés, comme raclés par la vie. Au IVe siècle avant J.-C., Aristote a tenté de décrire le phénomène amenant tout ce qui naît à disparaître inéluctablement, et qui implique le processus d’“altération” de la matière : “Il faut nécessairement considérer la production et la destruction des choses comme une simple altération” (De la génération et de la corruption). Les personnages de Sirāt ne sont pas les seuls à être “altérés” par cette expérience éprouvante. La montagne ressort pareillement métamorphosée. On comprend alors qu’un corps inerte peut aussi être, à sa manière, bien vivant. »

 

Sirāt, film franco-espagnol d’Oliver Laxe (1h55). Avec Sergi López, Jade Oukid, Bruno Núñez Arjona... Sortie le 10 septembre. Voir les séances.

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12.09.2025 à 12:00

Laure Gillot-Assayag : “Le compromis n’est pas aujourd’hui considéré comme une vertu politique”

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Laure Gillot-Assayag : “Le compromis n’est pas aujourd’hui considéré comme une vertu politique” hschlegel

Pourquoi le compromis est-il si compliqué dans une Assemblée nationale sans majorité ? Laure Gillot-Assayag, doctorante à l’École des hautes études en sciences sociales et philosophe au Cespra, nous répond en mobilisant la pensée éthique de Paul Ricœur.

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Pour quelles raisons la politique du compromis de François Bayrou a-t-elle échoué ?

Laure Gillot-Assayag : Parce qu’il s’agit justement d’une politique de compromis, et non d’une véritable éthique du compromis. Cela peut sembler jouer sur les mots, mais la distinction est essentielle. L’échec du compromis est d’abord un échec de méthode, d’écoute et de prise en compte des partenaires. Au lieu de s’engager dans une période de négociation préalable, le Premier ministre a pris le Parlement de court en déclarant le 25 août que la discussion sur les orientations budgétaires n’aura lieu qu’après un vote de confiance. À l’inverse, le compromis éthique suppose l’inclusion en amont des acteurs concernés, la mise en commun des perspectives pour permettre la co-construction de solutions, et gouverner dans un contexte politique fragilisé et divisé. Un compromis éthique n’est pas une tactique de négociation, ni une issue de secours personnelle ou politique. La défiance de l’opinion à l’égard des institutions et des responsables politiques – les partis politiques, qui se rêvent encore majoritaires – participe aussi à cet échec du compromis. Il faut noter que le mot de « compromis » souffre en France d’une mauvaise réputation. Il évoque la trahison mais également la tiédeur. Cette compréhension erronée du compromis – assimilé à une compromission avec la politique d’un gouvernement contesté ou à de simples calculs électoraux de court terme – entrave toute dynamique de coalition susceptible de dépasser les crises politiques.

 

À lire aussi : Philosophie magazine n°187, « Faut-il faire des compromis pour avoir la paix ? »

 

Comment le compromis devient-il une vertu politique ?

À partir du moment où l’on ne le conçoit plus comme un défaut de radicalité. Un compromis éthique ne signifie pas la recherche d’un accord total et parfait – c’est un second-best – ni un abandon de ses valeurs, mais une solution travaillée pour être suffisamment partagée et permettre la coexistence pacifique et la poursuite du bien commun. Il faut cependant rappeler, avec Avishai Margalit, un auteur sur lequel je publie un ouvrage collectif en décembre, qu’il existe toutefois des compromis inacceptables : ceux qui instituent un système d’humiliation comme dans les régimes totalitaires. Mais la France n’en est évidemment pas là. 

“L’échec du compromis de Bayrou est d’abord un échec de méthode et d’écoute” Laure Gillot-Assayag

 

En Allemagne, en Suède, en Belgique et même en Espagne, les partis politiques semblent davantage disposés à travailler ensemble pour dégager des compromis. Pourquoi la France fait-elle exception ?

Deux éléments me paraissent décisifs : l’histoire politique et sociale de notre pays et la structure institutionnelle française. Historiquement, la France est marquée par une culture politique dominée par le système électoral majoritaire à deux tours : ce système offre généralement une majorité à un seul parti, qui n’a pas besoin de passer des compromis avec les partis minoritaires. Institutionnellement, la Ve République repose sur un présidentialisme fort, que De Gaulle a conçu en parfaite opposition au régime du compromis de la IVe République, pour mettre fin à l’instabilité chronique des alliances. Dans un contexte de pluralisme politique, le résultat est cependant paradoxal. La concentration du pouvoir décisionnel a accru la défiance à l’égard du régime, ce qui fait monter des partis minoritaires et semble exiger un recours plus fréquent au compromis ! Par ailleurs, le poids de l’imaginaire révolutionnaire qui veut que les droits sociaux – les 35 heures par exemple – aient été « arrachés » au pouvoir plutôt que négociés, nourrit aussi une culture du conflit et l’idée que la victoire politique doit être totale, et non partagée. Contrairement à la France, en Europe, dans la plupart des régimes parlementaires ou semi-présidentiels, les coalitions sont une pratique courante. Elles peuvent être homogènes et regrouper des partis du même bord politique comme en Espagne (coalition de centre-gauche) ou en Italie (coalition des trois forces d’extrême droite et de droite), ou hétérogènes et associer des partis aux positions parfois éloignées, comme en Allemagne et en Belgique… L’expérience suédoise, elle, fait l’objet d’une observation particulière. La coalition compte l’un des partis sociaux-démocrates les plus puissants d’Europe mais aussi les partis de la droite et de l’extrême droite. Dans tous les cas, ces coalitions nécessitent toujours des compromis importants pour assurer la stabilité gouvernementale et une gouvernance efficace. 

“Nos partis ont plus de mal qu’ailleurs dans le monde à travailler ensemble en raison de l’histoire politique, de la structure institutionnelle et du système électoral français” Laure Gillot-Assayag

 

Vous avez travaillé sur l’œuvre de Paul Ricœur. Son éthique pourrait-elle nous permettre de repenser la politique française ? 

Ricœur a peu écrit sur la notion de compromis, mais ses intuitions sont précieuses. Le compromis est une figure de la mise en accord en situation de profond désaccord, ce qui caractérise parfaitement la situation politique française. En situation de pluralisme, l’alternative est soit un consensus introuvable, soit un agonisme permanent, c’est-à-dire une guerre politique sans fin. Le compromis trace donc une voie médiane : il ne cherche pas à supprimer le conflit mais à frayer une solution suffisamment partagée pour permettre la coexistence pacifique et la poursuite du bien commun. Paul Ricœur y voyait une option à la fois « forte et fragile » : forte, car seule capable de viser le bien commun au-delà des factions ; fragile, car toujours menacée par le soupçon ou le retour du conflit. Cette perspective repose sur une forme de sagesse pratique. Il ne s’agit pas d’un idéalisme naïf mais de la capacité à agir dans des conditions non idéales, à établir des priorités, à définir des lignes rouges qui ne peuvent être franchies et à reconnaître que nul parti ne peut incarner à lui seul la totalité de l’intérêt général. Dans mon travail de recherche, je démontre que Ricœur pense le compromis non comme une simple concession mais sous l’angle d’une éthique politique de création commune : il consiste à inventer des intersections originales entre des valeurs et intérêts opposés. Ricœur met aussi en garde contre une réduction du politique à l’économique. L’économie est importante mais elle ne doit pas absorber les dimensions éthique et politique de notre monde. Le compromis suppose au contraire de penser l’équilibre entre ces trois sphères : économique, politique et éthique, ce qui ouvre la voie à des discussions prometteuses en termes de compromis, où les projets politiques croisent la réalité économique sans oublier la justice sociale. Il considère d’ailleurs que l’échec du compromis est lié à une « carence d’imagination ». Il existe sans doute de multiples voies pour réduire la dette, au-delà du sacrifice unilatéral qui est demandé. Faute de cette créativité, les propositions se révèlent incapables d’ouvrir de nouveaux horizons conciliateurs pour sortir de la crise économique. La voie ouverte par Ricœur – celle d’une éthique du compromis – est exigeante. Elle ne promet pas des solutions rapides, idéales, mais un travail besogneux et agile. Elle offre toutefois un horizon enthousiasmant – celui de reconnaître que la politique démocratique n’est pas l’art de vaincre mais l’art de tenir ensemble malgré nos divergences. Envisagé dans une perspective éthique, le compromis contribue même à rétablir la confiance en s’appuyant sur la reconnaissance mutuelle de soi et d’autrui, comme l’explique Ricœur dans son Parcours de la reconnaissance (Stock, 2004). Il permet à chaque partie de sauvegarder les valeurs qu’elle considère essentielles, tout en maintenant les responsabilités politiques de chacun.

“Chez Ricœur, le compromis ne doit pas concéder mais créer : inventer des intersections originales entre des valeurs et intérêts opposés. Quand on échoue, c’est qu’on manque d’imagination !” Laure Gillot-Assayag

 

Avez-vous des exemples de mesures qui pourraient nous faire davantage accepter le compromis en politique, et transformer l’ennemi en simple adversaire ?

Nous pouvons citer des mesures portées depuis des années, comme l’adoption d’une dose de proportionnelle dans le système électoral. Cela permettrait une représentation plus équitable de l’opinion, une visibilité des petits partis, et renforcerait la nécessité du compromis. Nous pouvons penser aux mesures allant dans le sens de la démocratie participative et délibérative pour sortir de la personnification politique et de son spectacle médiatique. Mais je suis convaincue que modifier les règles du jeu est insuffisant. Il faut également sensibiliser les acteurs à « l’esprit du compromis », selon l’expression d’Amy Gutmann et Dennis Thompson, en proposant par exemple une formation éthique des responsables politiques sous la forme d’éducation continue, un lifelong learning appliqué à la démocratie. Il s’agit par cette mesure de s’assurer que ceux qui exercent des responsabilités publiques disposent des compétences éthiques nécessaires pour représenter le peuple et apprennent à forger des compromis éthiques inventifs, inclusifs mais cohérents avec leurs engagements. Gouverner n’est pas une œuvre de cavalier seul mais un devoir collectif : celui de prendre en compte la diversité politique des citoyens et de guider l’action collective vers le bien commun. Je suis persuadée que l’absence durable de majorité absolue à l’Assemblée nationale peut offrir une occasion unique de replacer l’éthique du compromis au centre de la démocratie comme manière de gouverner.

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