03.11.2025 à 12:11
Zohran Mamdani, le socialiste qui rêve New York autrement
Texte intégral (767 mots)
Favori pour remporter la mairie de New York ce mardi, il incarne une gauche américaine qui s’assume et qui veut rassembler largement.
Voir surgir à New York, capitale mondiale du capitalisme financier, vitrine des inégalités les plus criantes, un jeune élu socialiste, c’est plus qu’un paradoxe : c’est un séisme politique. Dans la ville où l’argent est roi, Zohran Mamdani parle de classe. Car New York, ce n’est pas seulement le cœur battant de la finance. Une étude de 2023 le rappelait : un quart des New-Yorkais vit sous le seuil de pauvreté. Le Bronx, Queens, Staten Island… ces noms sont devenus synonymes de galère autant que de fierté. Et c’est là que Zohran Mamdani s’enracine.
TOUS LES JOURS, RETROUVEZ L’ESSENTIEL DE L’ACTU POLITIQUE DANS NOTRE NEWSLETTER
À 34 ans, il coche tout ce que le progressisme américain n’osait plus incarner : jeune, cultivé, urbain, diasporique et profondément socialiste. Né en Ouganda, fils d’un intellectuel marxiste ougandais et d’une cinéaste indo-américaine, élevé dans le Queens, il incarne cette Amérique du tiers-monde intérieur. Zohran Mamdani a tout compris du pouvoir contemporain : une communication léchée, un sourire ravageur, une éloquence qui claque, le tout au service d’un discours de fond. Il parle de lutte des classes avec les mots de tous les jours. De dignité comme d’un mot d’ordre. De race et de classe comme d’un même combat.
Ses propositions sont simples, concrètes, radicales : geler les loyers, rendre les transports publics gratuits, imposer les géants de l’immobilier, soutenir les travailleurs immigrés, repenser la police et la fiscalité, s’opposer de front aux milliardaires. Loin des abstractions, Zohran Mamdani parle de vie chère, de logements insalubres, de salaires minables. Son socialisme, c’est celui de la cuisine, du bus et du quartier. « Ce que nous faisons à New York, dit-il, c’est démontrer que la gauche peut gouverner sans renier ses idéaux. »
Zohran Mamdani ne s’oppose pas seulement à la droite trumpiste, mais aussi à l’ancien appareil démocrate. Il défie de front un parti embourgeoisé, coupé de la rue, des travailleurs, des loyers impayés. Alors il reconstruit une gauche de masse, patiente, concrète, joyeuse.
Zohran Mamdani ne s’oppose pas seulement à la droite trumpiste, mais aussi à l’ancien appareil démocrate. Il défie de front le maire sortant, l’ex-démocrate auquel Donald Trump a apporté son soutien. Dans cette trahison, Zohran Mamdani voit la confirmation d’un diagnostic : le Parti démocrate s’est embourgeoisé, coupé de la rue, des travailleurs, des loyers impayés. Alors il reconstruit une gauche de masse, patiente, concrète, joyeuse.
Aujourd’hui, sa candidature à la mairie de New York est un test : le socialisme peut-il conquérir la ville-monde ? Autre marqueur de courage politique : son soutien sans détour au peuple palestinien. Ce n’est pas un geste marginal, c’est un acte fondateur. Zohran Mamdani avance, sans hargne ni haine. Avec une élégance rare. Et s’il réussissait ?
Une question demeure : que dit le reste des États-Unis d’une telle victoire ? Ceux des champs de maïs et des usines fermées, des Walmart et des diners ? Pour offrir une perspective crédible, il faut parler à tous et à toutes. C’est là que se jouera la véritable épreuve du feu : parler aussi aux travailleurs de la Rust Belt, aux caissières de l’Ohio, aux ouvriers du Michigan, aux paysans du Kansas. À tous ceux qui, un jour, ont cru à Donald Trump faute d’avoir entendu autre chose.
03.11.2025 à 11:52
Zohran Mamdani, le socialiste qui rêve New York autrement
Texte intégral (1755 mots)
La newsletter du 3 novembre 
Favori pour remporter la mairie de New York ce mardi, il incarne une gauche américaine qui s’assume et qui veut rassembler largement.
Voir surgir à New York, capitale mondiale du capitalisme financier, vitrine des inégalités les plus criantes, un jeune élu socialiste, c’est plus qu’un paradoxe : c’est un séisme politique. Dans la ville où l’argent est roi, Zohran Mamdani parle de classe. Car New York, ce n’est pas seulement le cœur battant de la finance. Une étude de 2023 le rappelait : un quart des New-Yorkais vit sous le seuil de pauvreté. Le Bronx, Queens, Staten Island… ces noms sont devenus synonymes de galère autant que de fierté. Et c’est là que Zohran Mamdani s’enracine.
À 34 ans, il coche tout ce que le progressisme américain n’osait plus incarner : jeune, cultivé, urbain, diasporique et profondément socialiste. Né en Ouganda, fils d’un intellectuel marxiste ougandais et d’une cinéaste indo-américaine, élevé dans le Queens, il incarne cette Amérique du tiers-monde intérieur. Zohran Mamdani a tout compris du pouvoir contemporain : une communication léchée, un sourire ravageur, une éloquence qui claque, le tout au service d’un discours de fond. Il parle de lutte des classes avec les mots de tous les jours. De dignité comme d’un mot d’ordre. De race et de classe comme d’un même combat.
Ses propositions sont simples, concrètes, radicales : geler les loyers, rendre les transports publics gratuits, imposer les géants de l’immobilier, soutenir les travailleurs immigrés, repenser la police et la fiscalité, s’opposer de front aux milliardaires. Loin des abstractions, Zohran Mamdani parle de vie chère, de logements insalubres, de salaires minables. Son socialisme, c’est celui de la cuisine, du bus et du quartier. « Ce que nous faisons à New York, dit-il, c’est démontrer que la gauche peut gouverner sans renier ses idéaux. »
Zohran Mamdani ne s’oppose pas seulement à la droite trumpiste, mais aussi à l’ancien appareil démocrate. Il défie de front le maire sortant, l’ex-démocrate auquel Donald Trump a apporté son soutien. Dans cette trahison, Zohran Mamdani voit la confirmation d’un diagnostic : le Parti démocrate s’est embourgeoisé, coupé de la rue, des travailleurs, des loyers impayés. Alors il reconstruit une gauche de masse, patiente, concrète, joyeuse.
Aujourd’hui, sa candidature à la mairie de New York est un test : le socialisme peut-il conquérir la ville-monde ? Autre marqueur de courage politique : son soutien sans détour au peuple palestinien. Ce n’est pas un geste marginal, c’est un acte fondateur. Zohran Mamdani avance, sans hargne ni haine. Avec une élégance rare. Et s’il réussissait ?
Une question demeure : que dit le reste des États-Unis d’une telle victoire ? Ceux des champs de maïs et des usines fermées, des Walmart et des diners ? Pour offrir une perspective crédible, il faut parler à tous et à toutes. C’est là que se jouera la véritable épreuve du feu : parler aussi aux travailleurs de la Rust Belt, aux caissières de l’Ohio, aux ouvriers du Michigan, aux paysans du Kansas. À tous ceux qui, un jour, ont cru à Donald Trump faute d’avoir entendu autre chose.
SONDAGE DU JOUR
Pour contrer le RN, il n’y a pas 36 solutions

Le dernier sondage présidentiel Elabe sonne une fois de plus l’alarme. Une extrême droite au-dessus de 40%, une droite en morceaux et une gauche façon puzzle. Jean-Luc Mélenchon, Raphaël Glucksmann et Édouard Philippe sont loin derrière le RN. L’ancien premier ministre est le mieux placé pour atteindre le second tour, mais il accuse un recul. La faiblesse du total gauche est sans appel : Jean-Luc Mélenchon Raphaël Glucksmann sont au coude-à-coude mais la seule façon pour la gauche d’accéder sûrement au second tour est de s’unir. Reste à savoir quel est le meilleur candidat pour dynamiser la gauche et faire face à une extrême droite qui aura des réserves pour gagner l’élection…
R.M.
Que demande le peuple ! La parole est aux relégué.e.s

« Que demande le peuple ? » est une série de podcasts qui fait entendre la parole des oubliés, entre colère et solidarité. Proposé par les journalistes Pauline Maucort et Rémi Dybowski Douat, « Que demande le peuple ? » se veut un tour de France sonore, à hauteur de femmes et d’hommes, pour donner à entendre ce qui se dit loin des micros des plateaux télé. Mais pour que ce projet avance, ils ont besoin de vous. Et ça se passe par ici !
ON VOUS RECOMMANDE…

« Franco, le dernier dictateur », sur France TV. Il y a 50 ans disparaissait Franco, dernier dictateur d’Europe de l’Ouest… mais son ombre plane encore. 39 ans de pouvoir absolu, un régime national-catholique bâti sur la peur, la censure et la bénédiction de l’Église : Franco incarne la figure du tyran sans éclat, froid et tenace, qui préfère l’ordre à la gloire. Ce documentaire en deux parties retrace son ascension et sa survie politique, jusqu’à son intégration tacite dans le camp occidental pendant la guerre froide. Une plongée dans l’Espagne franquiste, qui interroge aussi nos présents : la mémoire refoulée de la dictature, la complaisance envers les héritiers de l’extrême droite et la résurgence des discours autoritaires sous couvert de religion ou de tradition.
C’EST CADEAU 


André Malraux, né le 3 novembre 1901, demeure l’un de ceux qui ont le plus profondément façonné notre rapport à la culture et à l’art. La vision qu’il a donnée à la France continue d’imprégner ce que nous sommes aujourd’hui. Ministre des affaires culturelles sous la présidence du général de Gaulle, il initia dans les années 1960 la création des Maisons de la culture, destinées à rendre l’art et le savoir accessibles à tous, sur tout le territoire. Voici son discours prononcé lors de l’inauguration de celle d’Amiens, en 1966.
ÇA SE PASSE SUR REGARDS.FR
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01.11.2025 à 12:00
Comment le RN digère la droite
Texte intégral (1755 mots)
Comme chaque semaine, le débrief politique de Catherine Tricot et Pablo Pillaud-Vivien !
31.10.2025 à 12:30
Un jeudi qui acte la reddition morale de la droite
Texte intégral (712 mots)
Marine Le Pen a raison : ce jeudi fut une journée historique. Pour la première fois, un texte du Rassemblement national a été adopté à l’Assemblée nationale. Pour la première fois, la République a validé, par un vote, une proposition issue du parti fondé par les héritiers de l’OAS.
La résolution du RN dénonçait l’accord franco-algérien de 1968 qui réglemente les déplacements et les conditions d’installation des Algériens en France. Au fil des années, cet accord avait fait l’objet de révisions, rapprochant ces conditions du droit commun des étrangers. Contrairement à ce qu’écrivent de nombreux journaux, même bien intentionnés, les Algériens sont soumis à l’obtention de visas depuis 1986. Il existe même un organisme dédié, Capago, qui fait payer ses prestations en sus du coût du visa. Hocine Zeghbib, maître de conférences honoraire à la faculté de droit de l’Université Montpellier fait le point dans l’Humanité à ce sujet. Ce n’est pas à une situation d’exception que le RN a voulu s’attaquer mais à un symbole. Il n’avait qu’une valeur : continuer le combat politique commencé dès les années 1950 dans les guerres contre les indépendances.
TOUS LES JOURS, RETROUVEZ L’ESSENTIEL DE L’ACTU POLITIQUE DANS NOTRE NEWSLETTER
Cet accord de décembre 1968 constitue un héritage diplomatique d’une histoire longue et complexe : celle de 132 ans de colonisation et d’une guerre faite de massacres et d’humiliations. Il tient compte de l’intensité des liens humains entre les deux pays. On estime que près d’un Français sur quatre a des liens familiaux ou a vécu en Algérie. Notre pays est le fruit de millions d’ouvriers algériens venus construire la France, de harkis, de pieds noirs, de coopérants et de pieds rouges, de mariages mixtes. C’est cette histoire-là que l’extrême droite veut piétiner. Pour les héritiers du tortionnaire mais vaincu Jean-Marie Le Pen, l’Algérie doit expier. Ce pays a conquis son indépendance et soutenu les autres pays dans leur lutte anticoloniale. Plus que tout autre, l’Algérie est l’obsession du RN. Et c’est pourquoi ses députés ont choisi de mettre cette résolution en première ligne de leur niche parlementaire. A ceux qui prétendent que le RN a changé, qu’il a fait son aggiornamento, ce texte vient l’infirmer et même confirmer le fil ininterrompu de ce parti d’extrême droite : xénophobe, raciste, nostalgique de l’empire colonial.
Circonstance particulièrement aggravante, le RN est accompagné dans sa croisade depuis des mois. Par le président de LR Bruno Retailleau qui a fait de ses provocations agressives contre l’Algérie un identifiant politique. Par le président de Renaissance Gabriel Attal et celui d’Horizons Édouard Philippe qui avaient eux aussi enfourché ce combat d’extrême droite. Hier, ce glissement s’est traduit dans l’hémicycle. Tous les députés d’Horizons et de LR présents ont voté en faveur du texte d’extrême droite. Les députés Modem et Renaissance faisaient, eux, la politique de la chaise vide.
Le RN a été porté, accompagné, légitimé. L’extrême droite remporte bien plus qu’un vote : elle impose son tempo idéologique. Toutes les finesses pour ou contre l’alliance des droites se résolvent en une vérité : la droite est en train de se faire manger par l’extrême droite.
31.10.2025 à 12:28
Un jeudi qui acte la reddition morale de la droite
Texte intégral (1500 mots)
La newsletter du 31 octobre 
par Catherine Tricot et Pablo Pillaud-Vivien
Marine Le Pen a raison : ce jeudi fut une journée historique. Pour la première fois, un texte du Rassemblement national a été adopté à l’Assemblée nationale. Pour la première fois, la République a validé, par un vote, une proposition issue du parti fondé par les héritiers de l’OAS.
La résolution du RN dénonçait l’accord franco-algérien de 1968 qui réglemente les déplacements et les conditions d’installation des Algériens en France. Au fil des années, cet accord avait fait l’objet de révisions, rapprochant ces conditions du droit commun des étrangers. Contrairement à ce qu’écrivent de nombreux journaux, même bien intentionnés, les Algériens sont soumis à l’obtention de visas depuis 1986. Il existe même un organisme dédié, Capago, qui fait payer ses prestations en sus du coût du visa. Hocine Zeghbib, maître de conférences honoraire à la faculté de droit de l’Université Montpellier fait le point dans l’Humanité à ce sujet. Ce n’est pas à une situation d’exception que le RN a voulu s’attaquer mais à un symbole. Il n’avait qu’une valeur : continuer le combat politique commencé dès les années 1950 dans les guerres contre les indépendances.
Cet accord de décembre 1968 constitue un héritage diplomatique d’une histoire longue et complexe : celle de 132 ans de colonisation et d’une guerre faite de massacres et d’humiliations. Il tient compte de l’intensité des liens humains entre les deux pays. On estime que près d’un Français sur quatre a des liens familiaux ou a vécu en Algérie. Notre pays est le fruit de millions d’ouvriers algériens venus construire la France, de harkis, de pieds noirs, de coopérants et de pieds rouges, de mariages mixtes. C’est cette histoire-là que l’extrême droite veut piétiner. Pour les héritiers du tortionnaire mais vaincu Jean-Marie Le Pen, l’Algérie doit expier. Ce pays a conquis son indépendance et soutenu les autres pays dans leur lutte anticoloniale. Plus que tout autre, l’Algérie est l’obsession du RN. Et c’est pourquoi ses députés ont choisi de mettre cette résolution en première ligne de leur niche parlementaire. A ceux qui prétendent que le RN a changé, qu’il a fait son aggiornamento, ce texte vient l’infirmer et même confirmer le fil ininterrompu de ce parti d’extrême droite : xénophobe, raciste, nostalgique de l’empire colonial.
Circonstance particulièrement aggravante, le RN est accompagné dans sa croisade depuis des mois. Par le président de LR Bruno Retailleau qui a fait de ses provocations agressives contre l’Algérie un identifiant politique. Par le président de Renaissance Gabriel Attal et celui d’Horizons Édouard Philippe qui avaient eux aussi enfourché ce combat d’extrême droite. Hier, ce glissement s’est traduit dans l’hémicycle. Tous les députés d’Horizons et de LR présents ont voté en faveur du texte d’extrême droite. Les députés Modem et Renaissance faisaient, eux, la politique de la chaise vide.
Le RN a été porté, accompagné, légitimé. L’extrême droite remporte bien plus qu’un vote : elle impose son tempo idéologique. Toutes les finesses pour ou contre l’alliance des droites se résolvent en une vérité : la droite est en train de se faire manger par l’extrême droite.
Catherine Tricot et Pablo Pillaud-Vivien
CHIFFRE DU JOUR
Derrière le storytelling de la réindustrialisation, 444 plans sociaux en 2 ans

Dans un dossier accablant, la CGT recense 444 plans de suppressions d’emplois entre septembre 2023 et octobre 2025 : plus de 100 000 postes supprimés ou menacés, dont près de la moitié dans l’industrie. En comptant les effets indirects, le syndicat évalue à 102 675 emplois menacés ou supprimés. Il en a fait une cartographie précise secteur par secteur. Pendant que l’Élysée vante les 13 000 créations promises par Choose France, le syndicat décrit une vague de casse industrielle : chimie, auto, métallurgie, papier, commerce, santé… rien n’y échappe. Voilà le résultat de 10 années de politique pro-business conduite par Emmanuel Macron.
P.P.-V.
ON VOUS RECOMMANDE…

Male America Great Again, une solide réflexion de la députée Clémentine Autain : face à l’internationale réactionnaire qui fait du genre son champ de bataille, elle rappelle que le féminisme est une force centrale de l’émancipation. Contre le virilisme et le ressentiment, elle appelle à un féminisme populaire, global, capable de répondre à la vague brune.
C’EST CADEAU 


Puissante prise de parole de la députée communiste Elsa Faucillon à l’Assemblée nationale qui dit les termes concernant la proposition de résolution du RN dénonçant l’accord franco-algérien de 1968.
ÇA SE PASSE SUR REGARDS.FR
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