17.09.2025 à 16:15
« La crise du néolibéralisme pousse les milieux d’affaires dans les bras de l’extrême droite »
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Laurent Mauduit, journaliste, cofondateur de Mediapart, auteur de « Collaborations, enquête sur l’extrême droite et les milieux d’affaires » aux éditions La Découverte, est l’invité de #LaMidinale.
17.09.2025 à 11:42
Meurtre de Charlie Kirk : une occasion pour écraser la gauche et la société
Texte intégral (1479 mots)
La lettre du 17 septembre 
par Catherine Tricot
Cela fait à peine 10 mois que Trump a été élu, moins encore qu’il est président des Etats-Unis. Jour après jour, il faut prendre la mesure de la radicale rupture qu’il a opérée en mettant en cause la mondialisation libérale, l’alliance occidentale, le consensus sur l’égalité de genre, la démocratie.
L’assassinat du jeune leader d’extrême droite Charlie Kirk pourrait amplifier la dynamique trumpienne et avoir de gigantesques répercussions. En mettant en berne les drapeaux américains, Donald Trump l’érige en héros national. Dans la foulée, il se dit favorable « à 100 % » à la désignation des « antifas » comme organisation terroriste. Le vice-président JD Vance et le chef adjoint de l’administration Stephen Miller ont donné une portée générale à leurs discours : tous deux s’en sont pris à « la gauche » et son « réseau d’organisations » accusés de soutien aux émeutiers. Dans le viseur des deux idéologues au pouvoir : les employés fédéraux, les éducateurs, les infirmières, les professeurs… Assurant vouloir « escalader la montagne de la vérité », ils ont proféré un discours de guerre civile et désigné leurs ennemis : « il n’y a pas d’unité avec ceux qui célèbrent l’assassinat de Charlie Kirk », avec « ceux qui financent ces articles, qui paient les salaires de ces sympathisants des terroristes ». Trump a demandé au ministère de la justice d’engager des procédures en lien avec le crime organisé contre ceux qui « consacrent des millions et des millions pour de l’agitation ». Trump et Vance veulent intimider, faire taire, écraser leur propre société. Et ils ne sont pas sans succès : des universités négocient, la presse tremble, les artistes se taisent, le Parti démocrate se terre.
Trump s’en prend à toutes les institutions qui ont un poids réel et symbolique : les universités, les journaux, les juges locaux, la Fed. Le mensuel de la gauche intellectuelle américaine, The Nation, est accusé d’être au centre d’« un vaste écosystème d’endoctrinement organisé ». Trump est menaçant. D’autant que le Président vient d’assigner le New York Times devant les tribunaux et lui réclame 15 milliards de dommages et intérêts. Trump compte une fois encore sur la Cour suprême qu’il appellera à arbitrer en dernière instance. Associés au pouvoir concentré du président, ses juges nommés à vie se révèlent être le bras armé de la déstabilisation de la démocratie américaine. Elle apparaît bien fragile. Le pouvoir fédéral est asservi à une seule idéologie, à un homme et son clan. Trump use sans limites de tous les moyens de l’État pour empêcher la contestation – la police, l’armée, la justice et l’argent.
Dans la bouche du président étasunien, la brutalité se présente dans un langage enfantin et naïf. Dans celle de JD Vance, elle s’exprime dans un registre messianique, retournant les concepts démocratiques. Tous deux se veulent les défenseurs de l’histoire américaine et du premier amendement qui sanctuarise le free speech, la liberté d’expression. Bon sens, mission divine et retour à l’ordre inégalitaire – de race, de sexe, de classe : ces dimensions s’entremêlent dans le discours trumpiste. On les retrouve de plus en plus en Europe. Le fascisme se met en place. Il faut constater ses soutiens. Il faut le combattre et nullement tenter de l’amadouer comme trop de gouvernants le tentent encore. Au risque de finir rangés derrière lui.
Catherine Tricot
COUP POLITIQUE DU JOUR
Primaire de la gauche : le retour des écuries ?

C’est une info révélée par Antoine Oberdorff (L’Opinion) : Les Écologistes ont décidé de mettre à l’ordre du jour de leur prochain conseil fédéral, le processus qui désignera leur candidat.e à la primaire de la gauche en vue de 2027. Si on suit les écologistes, l’affaire serait faite : ce sera une primaire de partis, où chaque formation aura son ou sa champion.ne. Avec le retour des écuries en compétition, on peut redouter celui des coups bas et des manigances d’arrière-cuisines. Cette approche des écologistes est loin de faire consensus : tous leurs partenaires ne sont pas convaincus que la confrontation entre candidat.es de partis soit la voie d’une dynamique populaire. Le risque est celui du pugilat fratricide plus que de l’élan commun.
P.P.-V.
ON VOUS RECOMMANDE…

Dans un documentaire passionnant en 2 parties sur Arte, Israël et les Palestiniens, de hauts responsables politiques racontent comment leurs tentatives pour résoudre ce conflit ont échoué et comment, au cours de 20 ans de négociations infructueuses, le Hamas a renforcé son pouvoir, jusqu’à aboutir aux attentats du 7 octobre.
C’EST CADEAU 


La présidente Claudia Sheinbaum célèbre la fête de l’indépendance du Mexique. Avec puissance et verve, elle rend hommage aux femmes indigènes et anonymes qui ont fait l’histoire de son pays.
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16.09.2025 à 12:18
Le patronat a un plan : l’extrême droite au pouvoir
Texte intégral (805 mots)
Le Medef oppose une levée de boucliers à toute idée de redistribution des richesses, quitte à bloquer encore plus la situation politique…. car il a une alternative du côté de chez Marine Le Pen.
« Si les impôts augmentent, il y aura une grande mobilisation patronale, au-delà du Medef », menace Patrick Martin, le patron des patrons. Et de prévenir : les entreprises ne sauraient être la « variable d’ajustement » du budget 2026. La « taxe Zucman », défendue par la gauche, serait « un frein terrible à l’investissement et à la prise de risque », voire « une forme de spoliation ». Le patronat ne se contente plus de faire pression discrètement. Les patrons ont un plan.
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Chaque fois que la gauche a esquissé un projet de redistribution ou d’émancipation, le camp patronal s’est levé comme un seul homme. Dans les années 1970 déjà, à la perspective de l’arrivée de la gauche au pouvoir, les « forces vives de la nation » (mdr !) se coalisaient pour alerter sur la « catastrophe » économique à venir (qui n’est pas advenue). Quelques décennies plus tard, en 1997, la mise en place des 35 heures fut accueillie par une campagne patronale massive, saturant les tribunes médiatiques de prédictions apocalyptiques.
Ces épisodes rappellent une évidence : le patronat ne se vit pas seulement comme un acteur économique mais comme une classe sociale qui défend ses intérêts. Mais à cette tradition s’ajoute aujourd’hui une nouveauté inquiétante. Le patronat ne ferme plus la porte à l’extrême droite : il l’entrouvre, parfois même l’ouvre en grand. Laurence Parisot, présidente du Medef au tournant des années 2010, pouvait encore affirmer qu’« il n’y avait pas de valeurs communes avec le Front national ». Cette mise en garde a fait long feu… Désormais, de grands PDG ou même le patron du Medef rencontrent Marine Le Pen et le Rassemblement national est convié au grand rendez-vous annuel des patrons. Le danger n’est plus l’extrême droite mais la gauche et ses projets fiscaux. De fait, aux dernières élections législatives, le patronat n’a pas appelé au barrage républicain. Il préfère, comme l’écrit Laurent Mauduit dans Collaborations (La Découverte), travailler à amender le programme du RN « afin qu’il s’écarte le moins possible d’une ligne pro-Europe et pro-business ».
Les patrons ont une alternative politique qui leur convient, qui est compatible avec l’idée qu’ils se font du monde, de leur place dans ce monde : celle de chefs qui le méritent. Ils quittent les rives de la démocratie. Et si pour cela, il faut s’allier à l’extrême droite, qu’importe.
Les patrons ne sont pas seulement opposés aux projets de gauche. Désormais ils ont une alternative politique qui leur convient, qui est compatible avec l’idée qu’ils se font du monde, de leur place dans ce monde : celle de chefs qui le méritent. Ils quittent les rives de la démocratie. Et si pour cela, il faut s’allier à l’extrême droite, qu’importe. L’humanité n’est pas leur critère, la justice sociale encore moins. Leur combat : préserver l’investissement, encourager la prise de risque, sauver l’économie. Derrière ces mots, il y a une logique de classe : refuser toute redistribution qui viendrait rogner les profits, même marginalement. Il y a une pensée de la dynamique sociale : elle se doit d’être inégalitaire.
L’histoire sociale française a montré que les patrons savaient s’opposer aux conquêtes sociales. Aujourd’hui, ils traversent des frontières politiques jugées infranchissables depuis 1945… Actant la déroute de la Macronie, le patronat a un plan B : dealer avec l’extrême droite voire lui paver le chemin du pouvoir. Ce serait la conséquence consciente de leur intransigeance sur le conclave sur les retraites et leur refus catégorique de toute redistribution. L’indignation morale ne suffira pas. Il faut une mobilisation intellectuelle et sociale.
16.09.2025 à 12:17
🔴 COUP POLITIQUE DU JOUR
Lire plus (163 mots)
Primaire de la gauche : le retour des écuries ?
C’est une info révélée par Antoine Oberdorff (L’Opinion) : Les Écologistes ont décidé de mettre à l’ordre du jour de leur prochain conseil fédéral, le processus qui désignera leur candidat.e à la primaire de la gauche en vue de 2027. Si on suit les écologistes, l’affaire serait faite : ce sera une primaire de partis, où chaque formation aura son ou sa champion.ne. Avec le retour des écuries en compétition, on peut redouter celui des coups bas et des manigances d’arrière-cuisines. Cette approche des écologistes est loin de faire consensus : tous leurs partenaires ne sont pas convaincus que la confrontation entre candidat.es de partis soit la voie d’une dynamique populaire. Le risque est celui du pugilat fratricide plus que de l’élan commun.
16.09.2025 à 12:14
Le patronat a un plan : l’extrême droite au pouvoir
Texte intégral (1584 mots)
La lettre du 16 septembre 
Le Medef oppose une levée de boucliers à toute idée de redistribution des richesses, quitte à bloquer encore plus la situation politique…. car il a une alternative du côté de chez Marine Le Pen.
« Si les impôts augmentent, il y aura une grande mobilisation patronale, au-delà du Medef », menace Patrick Martin, le patron des patrons. Et de prévenir : les entreprises ne sauraient être la « variable d’ajustement » du budget 2026. La « taxe Zucman », défendue par la gauche, serait « un frein terrible à l’investissement et à la prise de risque », voire « une forme de spoliation ». Le patronat ne se contente plus de faire pression discrètement. Les patrons ont un plan.
Chaque fois que la gauche a esquissé un projet de redistribution ou d’émancipation, le camp patronal s’est levé comme un seul homme. Dans les années 1970 déjà, à la perspective de l’arrivée de la gauche au pouvoir, les « forces vives de la nation » (mdr !) se coalisaient pour alerter sur la « catastrophe » économique à venir (qui n’est pas advenue). Quelques décennies plus tard, en 1997, la mise en place des 35 heures fut accueillie par une campagne patronale massive, saturant les tribunes médiatiques de prédictions apocalyptiques.
Ces épisodes rappellent une évidence : le patronat ne se vit pas seulement comme un acteur économique mais comme une classe sociale qui défend ses intérêts. Mais à cette tradition s’ajoute aujourd’hui une nouveauté inquiétante. Le patronat ne ferme plus la porte à l’extrême droite : il l’entrouvre, parfois même l’ouvre en grand. Laurence Parisot, présidente du Medef au tournant des années 2010, pouvait encore affirmer qu’« il n’y avait pas de valeurs communes avec le Front national ». Cette mise en garde a fait long feu… Désormais, de grands PDG ou même le patron du Medef rencontrent Marine Le Pen et le Rassemblement national est convié au grand rendez-vous annuel des patrons. Le danger n’est plus l’extrême droite mais la gauche et ses projets fiscaux. De fait, aux dernières élections législatives, le patronat n’a pas appelé au barrage républicain. Il préfère, comme l’écrit Laurent Mauduit dans Collaborations (La Découverte), travailler à amender le programme du RN « afin qu’il s’écarte le moins possible d’une ligne pro-Europe et pro-business ».
Les patrons ne sont pas seulement opposés aux projets de gauche. Désormais ils ont une alternative politique qui leur convient, qui est compatible avec l’idée qu’ils se font du monde, de leur place dans ce monde : celle de chefs qui le méritent. Ils quittent les rives de la démocratie. Et si pour cela, il faut s’allier à l’extrême droite, qu’importe. L’humanité n’est pas leur critère, la justice sociale encore moins. Leur combat : préserver l’investissement, encourager la prise de risque, sauver l’économie. Derrière ces mots, il y a une logique de classe : refuser toute redistribution qui viendrait rogner les profits, même marginalement. Il y a une pensée de la dynamique sociale : elle se doit d’être inégalitaire.
L’histoire sociale française a montré que les patrons savaient s’opposer aux conquêtes sociales. Aujourd’hui, ils traversent des frontières politiques jugées infranchissables depuis 1945… Actant la déroute de la Macronie, le patronat a un plan B : dealer avec l’extrême droite voire lui paver le chemin du pouvoir. Ce serait la conséquence consciente de leur intransigeance sur le conclave sur les retraites et leur refus catégorique de toute redistribution. L’indignation morale ne suffira pas. Il faut une mobilisation intellectuelle et sociale.
SOUTIEN DU JOUR
Trump s’immisce dans l’élection municipale à New York

Zohran Mamdani fait peur. Âgé de 33 ans, proche d’Alexandria Ocasio-Cortez et de Bernie Sanders, il a remporté en juin dernier la primaire du Parti démocrate sur une ligne très à gauche – créer des garderies publiques pour les enfants de moins de six ans, augmenter le salaire minimum, accroître les impôts sur les riches… Voir arriver à la mairie de New York un « socialiste démocrate » suscite toutes les inquiétudes. Ainsi, Donald Trump suggère au candidat républicain de se retirer et de soutenir Andrew Cuomo, l’ancien gouverneur démocrate de New York désormais candidat indépendant – mais avec le soutien de Bill Clinton et de l’ancien maire Michael Bloomberg. À noter que Cuomo dispose d’un gros chèque de 25 millions de dollars pour mener sa campagne… Les militants démocrates appellent le parti à prendre fermement position en faveur de Zohran Mamdani. Scrutin le 4 novembre.
C.T.
ON VOUS RECOMMANDE…

« Charlie Kirk, le martyr du trumpisme », sur The Conversation. Depuis l’assassinat de cet « influenceur », les États-Unis sont en mode chasse aux sorcières. D’un côté, les hommages sont lancés à l’excès et, de l’autre, toute critique de Charlie Kirk est synonyme de crime de lèse majesté. Mais qui était cet homme et comment comprendre l’ampleur de l’onde de choc provoquée par sa mort ?
C’EST CADEAU 


D’habitude à Los Angeles, les Emmy Awards sont très politiques. Pas cette année. À deux exceptions près, deux courageux « Free Palestine ». Il y a eu celui de l’actrice Hannah Einbinder, lancée lors d’une remise de prix – on vous l’a mis dans la newsletter d’hier ! –, voilà celui de l’acteur espagnol Javier Bardem.
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