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10.11.2025 à 18:30

Moscou procède à une « mobilisation cachée » pour compenser ses pertes en Ukraine

Marin Saillofest

Afin d’augmenter le nombre de soldats disponibles sur le front ukrainien sans avoir recours à une nouvelle mobilisation, qui serait très impopulaire en Russie, Vladimir Poutine a ratifié le 4 novembre une loi autorisant le recours aux réservistes même en temps de paix.

Depuis, près de 20 régions ont lancé des campagnes de mobilisation de réservistes pour protéger des infrastructures critiques, principalement dans l’ouest du pays — signalant un potentiel déploiement en Ukraine à moyen et long terme.

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Texte intégral (886 mots)

L’armée russe a subi plusieurs dizaines de milliers de pertes humaines au cours de la bataille pour le contrôle de Pokrovsk, dans l’oblast de Donetsk, qui a débuté il y a plus d’un an. Selon le chef d’état-major général ukrainien Andriy Hnatov, environ 2 000 combattants russes sont tués ou blessés chaque jour depuis quatre mois dans ce secteur du front 1.

Si Moscou était auparavant en mesure de remplacer ses pertes grâce au recrutement de soldats sous contrat, l’offensive de Pokrovsk semble avoir contribué à épuiser ce modèle.

  • Les données du ministère russe des Finances analysées par Janis Kluge indiquent que les recrutements de soldats sous contrat ont atteint près de 90 000 combattants au premier trimestre 2025 — soit environ 30 000 par mois.
  • Or, si ce chiffre représente une augmentation de 22 % en glissement annuel, le niveau élevé de pertes sur le front implique une dégradation continue des forces russes qui n’est plus suffisamment compensée par le recrutement.

Afin d’augmenter le nombre de soldats disponibles en Ukraine — conformément aux objectifs du Kremlin — tout en évitant une mobilisation, le gouvernement russe a recours à ce que le directeur du Centre de lutte contre la désinformation du Conseil national de sécurité et de défense ukrainien, Andriy Kovalenko, ainsi que d’autres experts qualifient de « mobilisation cachée » 2.

  • Selon Kovalenko, ce terme recouvre toutes les mesures prises par le Kremlin pour augmenter le nombre de soldats disponibles tout en évitant une nouvelle mobilisation, qui serait très impopulaire en Russie.
  • En plus du recrutement de soldats russes sous contrat ainsi que de combattants étrangers venus de pays d’Asie centrale, d’Amérique latine ou de Chine, Moscou a autorisé le recours aux réservistes en temps de paix lors d’opérations armées — notamment hors de Russie.
  • Lundi 10 novembre, le journal russe Kommersant (Коммерса́нтъ) a révélé que l’armée avait commencé à mobiliser des réservistes pour protéger des infrastructures critiques : raffineries, centrales électriques, usines, dépôts de munitions 3

Ces campagnes ont débuté dans 19 régions russes, suite à la ratification de la loi le 4 novembre par Vladimir Poutine. Si aucun ordre n’a été donné pour le déploiement de ces dizaines de milliers de réservistes en Ukraine, la concentration de ces opérations dans l’ouest du pays suggère que l’objectif du Kremlin pourrait être in fine de déployer ces unités sur le front, notamment dans les régions de Kharkiv et de Soumy.

  • L’analyste ukrainien Vadym Denysenko estime que l’objectif serait de recruter 110 000 à 150 000 réservistes dans le cadre de cette campagne au cours de l’hiver 4.
  • Avec un nombre de réservistes estimé à 2 millions par le vice-président de la commission parlementaire russe chargée de la Défense, Alexeï Jouravlev, le Kremlin pourrait ainsi bénéficier d’effectifs supplémentaires considérables.
  • En septembre, Poutine avait déclaré que 700 000 combattants russes étaient déployés en Ukraine 5. En début d’année, Zelensky avait placé le chiffre pour les forces armées ukrainiennes à 880 000 combattants.
Sources
  1. Втрати неймовірні, але РФ все ж просувається : військовий розповів, що зараз у Покровську », УНІАН, 9 novembre 2025.
  2. Publication sur Telegram d’Andriy Kovalenko, 10 novembre 2025.
  3. Регионы подтягивают резервы », Коммерса́нтъ, 10 novembre 2025.
  4. Publication sur Facebook de Vadym Denysenko, 10 novembre 2025.
  5. Путин : в зоне спецоперации находятся 700 000 российских бойцов », Ведомости, 18 septembre 2025.

10.11.2025 à 18:30

« Nous vivons un moment 1939 » : Pete Hegseth prépare l’industrie américaine à la guerre (discours intégral)

Matheo Malik

« Nous orientons le Pentagone et notre base industrielle vers un temps de guerre. Nous posons les bases d'une domination continue pour les décennies à venir. »

Pour Pete Hegseth, les États-Unis sont au bord d’un choc militaire massif.

Il appelle les industriels américains à s’armer — « à vitesse de guerre ».

Nous le traduisons.

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Texte intégral (14572 mots)

Ce vendredi 7 novembre au National War College à Washington, devant des responsables de l’armée et des représentants de l’industrie de défense, le secrétaire à la Guerre Pete Hegseth a dévoilé sa stratégie pour doper l’armée américaine. 

Contre les règlements jugés trop lourds et les marchés publics obligatoires pour l’acquisition de nouvelles armes, il s’agit de mener une guerre intérieure contre un « adversaire des États-Unis », « l’un des derniers bastions mondiaux de la planification centralisée » : la « bureaucratie du Pentagone ».

Le but est simple : se réarmer plus vite.

À travers une série d’annonces de simplification, Hegseth proclame la métamorphose de l’industrie américaine de l’armement en comprimant les délais du prototype d’arme à son usage sur le champ de bataille pour consolider l’hégémonie américaine. 

À cette fin, la révocation des contrôles et tests usuels pour l’acquisition d’armes et l’extension des partenariats avec des acteurs privés sont présentées comme le moyen clef.

Si cette doctrine annoncée était mise en œuvre, elle représenterait un tournant dans la politique d’achat du Pentagone.

« Amis de l’industrie, vous devez savoir que nous comprenons votre besoin de réaliser des marges et des profits en tant que capitalistes. Mais vous devez investir par vous-même plutôt que de faire supporter tous les coûts aux contribuables » prévient Hegseth. En accélérant ainsi le traitement des contrats d’armement, le secrétaire à la Guerre entend de plus en plus explicitement préparer les États-Unis au choc d’un affrontement militaire.

À la tête de 3,5 millions de personnel militaire et civil, assis sur un budget annuel de plus de 800 milliards de dollars, il entend réaliser la vision du Commander in Chief Donald Trump et redéployer dans le monde la puissance américaine autour de la Maison-Blanche : 

« Nous sommes prêts à utiliser pleinement et à tirer parti des nombreux pouvoirs accordés au président qui garantissent que le Département peut obtenir de l’industrie tout ce qui est nécessaire pour mener et gagner les guerres de notre nation. »

Devant les généraux de l’armée le 30 septembre 2025, il s’était concentré sur la nécessité de rétablir au sein de l’armée américaine une « éthique guerrière » — s’attaquant à cette occasion aux politiques anti-discriminatoires en vigueur dans l’armée américaine. 

La rencontre de ce vendredi marque un nouveau jalon dans la grande réforme de l’armée entreprise par l’administration Trump.

Au combat moral et culturel mis en avant par la nomination de Pete Hegseth se greffe une nouvelle économie politique : un pacte entre les industriels et le Pentagone.

Mesdames et Messieurs les membres du Congrès, Monsieur le Secrétaire adjoint, Monsieur le Secrétaire Feinberg, rien de tout cela n’aurait été possible sans vous. Sans lui, rien n’aurait été possible ; il a montré la voie. Sans son leadership, rien de tout cela n’aurait été possible aujourd’hui — les réformes dont vous allez entendre parler aujourd’hui n’auraient pas été possibles.

Cofondateur du fonds d’investissement Cerberus et figure très discrète du pouvoir à Washington, il occupe dans l’administration Trump un rôle pivot à l’intersection de la finance, de la sécurité nationale et de la restructuration institutionnelle en tant que Secrétaire adjoint à la Guerre.

Proche du président et réputé pour sa discipline opérationnelle, il est, avec Elbridge Colby, l’architecte silencieux des réformes mises en avant par l’exécutif, coordonnant les acteurs clefs — Maison-Blanche, Pentagone, agences — pour débloquer des dossiers sensibles et accélérer l’exécution. 

Monsieur le Président, membres du Comité des chefs d’état-major, secrétaires de nos départements militaires, sous la direction du sous-secrétaire Duffey également, sans qui cela n’aurait pas été possible non plus. Professionnels des marchés publics, dirigeants d’entreprise, éminents responsables du département de la Guerre, responsables de l’industrie de la défense.

Bonjour et bienvenue.

Beaucoup d’entre vous ont fait un long voyage pour être ici et nous vous sommes reconnaissants d’avoir pris le temps de vous joindre à nous aujourd’hui. Nous pensons que ce sujet est très important pour l’avenir de notre nation.

Aujourd’hui, j’aimerais vous parler d’un adversaire qui représente une menace, une menace très sérieuse pour les États-Unis d’Amérique.

Cet adversaire est l’un des derniers bastions mondiaux de la planification centralisée.

Il gouverne en dictant des plans quinquennaux depuis une seule capitale. Il tente d’imposer ses exigences à travers les fuseaux horaires, les continents, les océans et au-delà. Avec une cohérence brutale. Il étouffe la libre pensée et écrase les nouvelles idées. Il perturbe la défense des États-Unis et met en danger la vie de nos hommes et femmes en uniforme.

Cela ressemble peut-être à l’ancienne Union soviétique, mais cet ennemi a disparu depuis longtemps. L’adversaire dont je parle est plus subtil et implacable. 

Vous pensez peut-être que je décris l’un des derniers dictateurs décrépis du monde. Mais leur heure est également presque certainement passée. Et ils ne peuvent rivaliser avec la taille et la force de cet adversaire. Je ne parle pas non plus du Parti communiste chinois. L’adversaire dont je parle est beaucoup plus proche de chez nous. 

Il s’agit de la bureaucratie du Pentagone. 

Pas les personnes qui en font partie, mais la procédure. Pas les civils, mais le système ; pas les hommes et les femmes en uniforme, mais l’uniformité de pensée et d’action qui leur est trop souvent imposée.

Malgré cette période de ressources limitées, mise à rude épreuve par des menaces croissantes, l’argent disparaît dans des tâches redondantes et une bureaucratie pléthorique, non pas à cause de la cupidité, mais à cause de l’enlisement. L’innovation est étouffée non pas par de mauvaises intentions, mais par l’inertie institutionnelle. Tout comme nous devons transformer la capacité militaire américaine pour faire face à l’évolution des menaces, nous devons transformer le fonctionnement du département et ses activités. Nous devons construire un département où chacune des personnes dévouées qui y travaillent, en particulier les véritables entrepreneurs et innovateurs de notre base industrielle, puisse mettre ses immenses talents au service de la défense de l’Amérique, là où ils disposent des ressources, de l’accès à l’information et de la liberté d’agir.

Notre défi consiste à transformer non seulement notre manière de dissuader et de défendre, mais aussi notre manière de mener nos activités quotidiennes. La modernisation du département de la Défense est d’une urgence capitale. 

Comme il le révèle quelques lignes plus bas, Hegseth emprunte en fait ces lignes à un discours de Donald Rumsfeld — c’est la raison pour laquelle il est question de département de la Défense et non de la Guerre, comme il a été rebaptisé par l’administration Trump.

En fait, il n’est pas exagéré de dire qu’il s’agit d’une question de vie ou de mort, en fin de compte, pour chaque Américain.

Je vais maintenant vous confier un petit secret.

Le discours que j’ai prononcé jusqu’à présent n’est pas le mien.

Ces propos sont pratiquement tirés mot pour mot d’un discours prononcé par le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld le 10 septembre 2001.

Une copie presque conforme 24 ans plus tard.

Le monde a changé le lendemain de ce discours, le 11 septembre ; puis les guerres en Irak et en Afghanistan ont commencé. En conséquence, le secrétaire Rumsfeld n’a jamais vraiment eu l’occasion de mettre en œuvre bon nombre de ses réformes.

Pour le citer ou le paraphraser à nouveau, nous sommes entrés en guerre avec l’armée dont nous disposions, et non avec celle qu’il souhaitait ou que nous souhaitions. Aujourd’hui, la nécessité de transformer le Pentagone — et pas seulement de le réformer — est encore plus urgente qu’elle ne l’était lorsque le secrétaire Rumsfeld a prononcé ces mots il y a près d’un quart de siècle.

Et ses paroles sont tout aussi vraies aujourd’hui qu’elles l’étaient alors.

Les menaces auxquelles nous sommes confrontés sont sophistiquées et pluriformes. La technologie évolue à un rythme accéléré. Le paysage informationnel est de plus en plus segmenté et personnalisé, et exploité par nos ennemis. Comme vous le savez, nombre de nos adversaires ne portent pas d’uniformes et utilisent des civils comme boucliers humains. Nos ennemis agissent souvent en dessous du seuil du conflit armé, dans la zone grise, et cherchent à nous détruire de l’intérieur.

Le monde semble plus petit et plus familier, mais en même temps plus complexe. Comme je l’ai évoqué dans mon discours à Quantico il y a quelques semaines, nous entreprenons aujourd’hui une transformation à l’échelle du département et de nos ventes militaires à l’étranger, en nous attaquant à une fonction essentielle de notre travail au département de la Guerre : identifier les besoins de nos combattants, déterminer comment acquérir ces capacités, puis comment les partager avec nos alliés et partenaires — le tout dans le but de remporter de manière décisive n’importe quelle guerre que nous devrions mener.

Pendant trop longtemps, notre département a été entravé par une bureaucratie enlisée dans des procédures lourdes et inefficaces, paralysée par des seuils de risque impossibles à atteindre et distraite par des agendas qui n’ont rien à voir avec la guerre.

Naturellement, un tel système donne naissance à une certaine culture au sein de l’organisation, et les gens s’adaptent à cette culture afin de s’épanouir en son sein. L’institution façonne les individus autant que les individus façonnent l’institution. 

Un cercle vicieux s’installe.

Avec le temps, le modèle dominant s’enracine de plus en plus, devenant avers au risque et immuable, au point que toute la psychologie du Département est coincée dans un système où ce sont les procédures, et non les résultats, qui comptent. Les administrations précédentes ont tenté sans succès de résoudre ces problèmes, cherchant à contourner la procédure plutôt que de l’affronter de front, affaiblissant notre armée et notre base industrielle.

La procédure perverse du Département a à son tour favorisé une culture dans la base industrielle de défense actuelle qui la rend différente de tout autre marché américain, adaptée de manière unique au Pentagone, dans le pire sens du terme.

Des signaux de demande instables, des projections incertaines et une clientèle volatile ont conduit l’industrie de la défense à adopter — pardon de le dire — la même culture enracinée, averse au risque et léthargique que celle que nous avons au sein de l’administration. Le résultat ? Un manque d’empressement, une peur de l’innovation et un manque fondamental de confiance entre le client militaire et notre base industrielle, qui est limitée, plus limitée qu’elle ne devrait l’être.

Pire encore, l’industrie de la défense tire un avantage financier de notre culture rétrograde. 

Les dépassements de délais, les énormes retards dans les commandes et les augmentations de coûts trop prévisibles deviennent la norme. Nos militaires et nos contribuables ont besoin d’une base industrielle de défense sur laquelle ils peuvent compter pour s’adapter rapidement en cas de crise, et non d’une base qui se contente d’attendre l’argent avant de prendre des mesures urgentes. Cela concerne l’ensemble de la base industrielle et, surtout, les grandes entreprises avec lesquelles nous travaillons aujourd’hui. Ces grandes entreprises de défense doivent changer, se concentrer sur la rapidité et le volume et diriger leurs propres capitaux pour y parvenir.

Si nous faisons cela, le ministère de la Guerre soutiendra bien sûr les profits. Après tout, nous sommes capitalistes. Mais si nous ne le faisons pas, ces grands acteurs disparaîtront.

Nous avons tous déjà entendu ce genre de discours.

La transformation de notre procédure d’acquisition sera une guerre d’usure. Une guerre que nous avons l’intention de gagner jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, année après année. Je vous le dis, Feinberg et Duffy ne s’arrêteront pas. C’est la faute du Département si nous sommes dans cette situation depuis trop longtemps. Et il faudra des efforts ciblés et soutenus pour réussir. Et nous devons réussir.

Nous n’ignorerons plus la poutre fichée dans notre œil.

Le but de ce discours n’est pas de nommer et de pointer du doigt des personnes, des entreprises ou des départements. Beaucoup d’entre vous ont accompli un travail important et patriotique pour notre nation et ce département pendant des années, voire des décennies. Mais je voulais plutôt avoir l’occasion de vous regarder, mes chers compatriotes, droit dans les yeux et vous dire à quel point vous êtes importants. C’est vous qui déterminerez si nous tiendrons nos promesses envers nos combattants. C’est vous qui déterminerez si nous gagnerons notre prochaine guerre.

Soit vous — nos entreprises, nos industries, notre base industrielle de défense — tenez vos promesses ; soit nous échouons.

C’est littéralement une question de vie ou de mort.

Chaque dollar gaspillé en redondances et en bureaucratie est un dollar qui pourrait être utilisé pour équiper et approvisionner les soldats. Nous devons mener une campagne sans merci pour rationaliser les procédures du Pentagone, libérer notre personnel des tâches improductives et transférer nos ressources de la bureaucratie vers le champ de bataille.

Notre objectif est simple. Transformer l’ensemble du système d’acquisition pour qu’il fonctionne en temps de guerre, accélérer rapidement le déploiement des capacités et se concentrer sur les résultats. 

Notre objectif est de construire, de reconstruire l’arsenal de la liberté.

L’industrie américaine et son esprit d’innovation ne demandent qu’à être libérés pour résoudre nos problèmes de guerre les plus complexes et les plus dangereux.

Nous devons sortir des sentiers battus et entrer dans un véritable partenariat avec vous plutôt que de vous imposer des règles excessives et de ralentir votre progression naturelle.

En retour, l’industrie doit percevoir les relations commerciales avec le secrétariat de la Guerre sous l’angle de la croissance : assumer les risques liés à un partenariat avec les États-Unis. La rapidité et la focalisation sur les résultats sont deux choses essentielles à une dissuasion efficace. Nos combattants ont besoin de capacités approfondies pour dissuader toute agression et, si nécessaire, vaincre de manière décisive tout ennemi qui oserait défier l’Amérique.

Nous parlons ici de transformation — pas de réforme inefficace.

Et nous la voulons rapidement.

Maintenant.

Certains diront que tout effort visant à réformer la bureaucratie du Pentagone est une punition pour des fautes réelles ou supposées. Nous pensons que c’est une interprétation absurde. Je ne suis pas ici pour punir mais pour libérer. Je ne suis pas ici pour réformer, mais pour transformer et donner des moyens d’action. Nous voulons sauver la bureaucratie d’elle-même, car le président et moi-même en parlons tout le temps.

Nous vivons un moment 1939 — ou, espérons-le, un moment 1981. Un moment d’urgence croissante. Les ennemis se rassemblent, les menaces s’intensifient. Vous le sentez, je le sens.

Abondamment repris, ce passage peut être lu comme la clef du discours : le scénario central du département de la Guerre est celui de l’imminence du choc d’un affrontement armé.

Si nous voulons prévenir et éviter la guerre — ce que nous souhaitons tous — nous devons nous préparer dès maintenant.

Nos adversaires ne restent pas les bras croisés. Ils agissent rapidement. Ils développent et déploient de nouvelles capacités à un rythme qui devrait donner à réfléchir à tous les Américains, en particulier à ceux qui travaillent au Pentagone et dans le secteur de la défense.

Leurs ambitions et leurs intentions sont audacieuses. Leurs actions en disent long et, franchement, nous avons parfois été trop lents à réagir.

Mais avant de parler davantage de la transformation, permettez-moi de rendre hommage à qui le mérite.

Le président Trump a pris quatre décrets présidentiels sur cette question, ordonnant la transformation des marchés publics de défense, stimulant l’innovation dans le secteur de la défense en particulier, et l’ensemble de la procédure des marchés publics fédéraux et des ventes militaires à l’étranger en général.

Le président reconnaît un fait simple. L’armée américaine est de loin la plus puissante au monde, et nous devons veiller à ce qu’elle le reste. Notre commandant en chef montre la voie. C’est ce qui est essentiel dans tout effort de ce type : nous donner les moyens de faire rapidement des choses importantes, difficiles et nécessaires.

Les membres de la commission des forces armées de la Chambre des représentants et du Sénat, sur une base bipartisane, ont présenté des propositions visant à réformer les marchés publics du Pentagone par le biais du SPEED Act et du FoRGED Act grâce à leur étroite collaboration et à leurs échanges approfondis avec le Congrès. Une grande partie de ce que nous prévoyons et annonçons reflète directement les idées de réforme qui ont émergé de ces partenariats continus.

Bon nombre des changements que nous mettons en œuvre aujourd’hui sont le résultat direct de ces efforts du Congrès, et nous sommes impatients de poursuivre cette collaboration essentielle alors que nous transformons le département. Je tiens donc à remercier tout particulièrement les présidents de la Commission Wicker et Rogers pour leur leadership sur ces questions. Ensemble, ces décrets, les réformes du Congrès et les efforts des services et des dirigeants du département, dont beaucoup sont déjà en cours, permettront cinq grandes transformations.

  • Premièrement, inciter l’industrie américaine à devenir une base industrielle en temps de guerre qui se concentre sur la rapidité et le volume grâce à une demande fiable et à des pratiques commerciales adaptables, tant pour les partenaires actuels que pour les nouveaux entrants.
  • Deuxièmement, libérer le potentiel des effectifs de la défense, de l’industrie et du gouvernement en encourageant le progrès plutôt que les procédures.
  • Troisièmement, privilégier la rapidité, la flexibilité et l’efficacité dans les nouvelles procédures de marchés publics et de respect des normes.
  • Quatrièmement, promouvoir l’excellence technique et des seuils de risque plus élevés afin d’accélérer la production à haut rendement.
  • Cinquièmement, provoquer une accélération pour atteindre une vitesse de guerre, en achetant rapidement et en maintenant la rentabilité comme norme, et non comme exception.

En résumé, ce sont là les grands principes. Nous voulons augmenter le risque d’acquisition afin de réduire le risque opérationnel.

Je le répète : nous voulons augmenter le risque d’acquisition afin de réduire le risque opérationnel. 

En creux, et au-delà des termes volontairement larges employés par Pete Hegseth, le Secrétaire à la Guerre souhaite concrètement faire sortir le domaine de l’industrie militaire — toute la question étant de comprendre jusqu’à où peut s’étendre cette exemption — du droit des marchés publics en resserrant la prise de décision et la commande autour du pouvoir exécutif et en supprimant les contrôles techniques, administratifs et législatifs en amont et en aval.

En prenant des risques calculés plus importants dans la manière dont nous construisons, achetons et entretenons nos systèmes, nous gagnerons en rapidité pour fournir plus rapidement des capacités sur le champ de bataille. 

Une solution bonne à 85 %, entre les mains de nos forces armées aujourd’hui, est infiniment meilleure qu’une solution bonne à 100 % qui resterait inaccessible. Une solution soumise à des tests sans fin ou en attente de développements technologiques supplémentaires n’est d’aucune utilité pour les troupes en danger.

Alors, aux hommes et aux femmes de ce département, militaires et civils, qui travaillent dans le domaine des acquisitions, à nos partenaires industriels, permettez-moi de dire ceci.

Vous n’êtes pas nos ennemis dans cet effort, mais vous êtes nos alliés. 

Vous êtes Obi-Wan Kenobi. Vous êtes notre seul espoir.

Dans la saga Star Wars, le message envoyé par la princesse Leia à destination d’Obi-Wan Kenobi est le dernier espoir d’une résistance qui risque de se faire écraser par l’Empire.

J’entends les frustrations liées à la bureaucratie absurde, les contraintes.

Je les entends tous les jours. Vous savez qu’il y a du gaspillage. Vous savez qu’il y a des abus. Vous savez qu’il existe des réglementations obsolètes, inutiles et absurdes qui gaspillent l’argent des contribuables. Vous avez également des idées pour nous aider à défendre les États-Unis. Mieux vaut réformer nos procédures pour les améliorer, afin qu’elles répondent mieux aux besoins des combattants.

À mesure que nous avançons, nous avons besoin de votre aide pour transformer cet effort. Comme je l’ai dit à Quantico, considérez-vous comme libérés. 

En transformant les règles des marchés publics au sein du Pentagone, nous nous appuierons sur les principes de restauration de l’éthique guerrière, de reconstruction de l’armée et de rétablissement de la dissuasion. Nous ne pouvons pas atteindre les deux derniers objectifs sans insuffler le premier dans tout l’écosystème des acquisitions, y compris les salles de réunion, les laboratoires et les usines de nos partenaires industriels indispensables.

La première étape pour atteindre l’éthique guerrière, comme je l’ai souligné à Quantico, exige que nous attendions la même chose de nos partenaires. Il est impératif que l’industrie se concentre sur le recrutement et la promotion des individus en fonction du mérite et non d’une norme idéologique absurde. La DEI a échoué à tous les niveaux de toutes les organisations de notre système de marchés publics. 

« Diversity, equity and inclusion » : Hegseth désigne ici les politiques anti-discriminatoires adoptées sous les administrations précédentes. 

Nous sommes tous au service des hommes et des femmes en uniforme et responsables devant les contribuables américains. Mais nous avons tous un rôle spécifique à jouer. Le Pentagone établit les attentes, les résultats à atteindre et les responsabilités. L’industrie fournit les talents, l’innovation, l’agilité et la capacité qui nous permettent d’atteindre nos objectifs.

Comme pour nos guerriers, les normes de performance que l’industrie doit respecter doivent être élevées et inébranlables. La tolérance à l’égard des performances insuffisantes et des échecs doit être faible.

Et l’impératif d’amélioration continue doit être implacable.

Pour atteindre ces objectifs, il est primordial que les décisions en matière de capital humain dans l’ensemble du secteur des marchés publics liées à la guerre soient fondées sur le mérite et permettent de manière optimale le recrutement, la fidélisation et la mobilité des meilleurs talents de notre nation.

Tout comme je l’ai dit aux militaires, le personnel est une question de politique. De même, dans le domaine des acquisitions, les décisions en matière de capital humain axées sur le recrutement, la promotion, la récompense et la responsabilité détermineront directement le succès de la réforme des marchés publics et, plus important encore, le fait que nous sauvions ou non notre République.

C’est dire à quel point c’est important.

Le temps des demi-mesures est révolu depuis des décennies. Comme nous le rappelle le discours du secrétaire Rumsfeld, nous prenons des mesures audacieuses et rapides pour transformer l’élaboration des besoins, réviser nos procédures et améliorer les ventes militaires à l’étranger. Mais nous ne le faisons pas de manière isolée. Le développement de cette transformation a donné la priorité à la collaboration entre les civils et les militaires à chaque étape, en veillant à ce que nos dirigeants civils et militaires de tous les services et de l’état-major interarmées contribuent directement à l’élaboration de la coordination de cette refonte. Il s’agissait d’une collaboration entre le Pentagone, les services et l’état-major interarmées pour déterminer comment nous pouvions y parvenir. C’est un effort d’équipe au Pentagone — et pas une prise de contrôle hostile.

Voici les cinq piliers transformateurs qui constituent le fondement de la procédure des marchés publics.

  • Premièrement, nous allons stabiliser les signaux de la demande. Nous attribuerons aux entreprises des contrats plus importants et plus longs pour des systèmes éprouvés, afin que ces entreprises aient confiance pour investir davantage afin de développer la base industrielle qui fournit nos systèmes d’armes, pour les recevoir plus rapidement et en plus grande quantité.
  • Deuxièmement, nous donnerons la priorité à l’achat de solutions industrielles, commerciales en premier lieu, qui répondent plus rapidement à nos besoins. Même si cela signifie que les offres ne répondent pas à toutes les exigences. Cela signifie que nous serons ouverts à l’achat d’une solution bonne à 85 %, solution que nous itérerons ensemble au fil du temps pour parvenir à une solution bonne à 100 %. Cela signifie également qu’il n’y aura pas de propositions non conformes.
  • Troisièmement, nous donnerons à nos responsables de programme les compétences et l’autorité nécessaires pour contrôler les résultats des programmes, déplacer les fonds et ajuster rapidement la priorité des performances requises du système afin de livrer dans les délais et dans les limites du budget.
  • Quatrièmement, nous insufflerons un sentiment d’urgence et d’excellence dans la base industrielle de défense. Le ministère de la Guerre ne traitera qu’avec des partenaires industriels qui partagent notre priorité absolue en matière de rapidité et de volume et qui sont prêts à stimuler la production américaine à la vitesse de l’ingéniosité afin de fournir rapidement et de manière fiable nos combattants.
  • Cinquièmement, la réforme réglementaire. Nous supprimerons la Federal Acquisition Regulation et le Defense Federal Acquisition Regulation Supplement, deux règles excessives et contraignantes, les exigences en matière de rapports, les normes comptables, les tests excessifs, la surveillance, les études et analyses excessivement longues. Tout ce qui ralentit inutilement les contrats gouvernementaux sera éliminé.

En résumé, ces changements nous feront passer d’un système actuel dominé par les principaux contractants, caractérisé par une concurrence limitée, un verrouillage des fournisseurs, des contrats à prix coûtant majoré, des budgets serrés et des contestations frustrantes, à un avenir alimenté par un espace dynamique de fournisseurs qui accélère la production en combinant des investissements à un rythme commercial avec la capacité unique des États-Unis à s’adapter rapidement.

Ensemble, nous reconstruirons la base industrielle de défense pour en faire un nouvel arsenal de liberté.

Ce que nous faisons aujourd’hui marque un nouvel horizon dans la manière dont nous acquérons et fournissons des capacités de combat. Nous donnons la priorité à la rapidité, à la flexibilité, à la concurrence et à la prise de risques calculés. Nous achèterons des solutions commerciales dans la mesure du possible et nous veillerons à ce que nos systèmes puissent produire à grande échelle et se concentrer sans relâche sur la fourniture d’armes modernes et meurtrières à nos combattants. Fin de l’histoire.

Pour corriger l’ensemble de cette procédure, nous devons corriger son cœur, à savoir les critères d’évaluation de nos programmes de défense

Pendant des décennies, notre procédure d’évaluation, connue sous le nom de Joint Capabilities Integration Development System (JCIDS), est devenue un système bureaucratique inefficace qui nécessite une refonte complète. 

C’est pourquoi aujourd’hui, sous ma direction, nous transformons la procédure du département pour déterminer ensemble quels sont les critères ; repenser ceux-ci est une étape décisive dans la reconstruction de la nation qui a autrefois mené le monde en transformant les idées en puissance de combat, les pensées en létalité.

J’abroge le JCIDS, qui avançait à la vitesse de la paperasserie, et non à celle de la guerre. Pour le dire clairement, le JCIDS est devenu un boulet bureaucratique qui nous a freinés pendant des années, tandis que nos adversaires allaient de l’avant avec détermination et précision. Le JCIDS se concentrait sur la définition des besoins en matière de systèmes, leur dotation en personnel par le biais d’innombrables comités de surveillance, puis leur verrouillage.

Alors que les menaces et les technologies continuaient d’évoluer, pour valider les documents relatifs aux besoins, le JCIDS prenait souvent plus de 300 jours ; oui, 300 jours pour aboutir.

Près d’une année entière juste pour approuver un seul document. 

Au moment où celui-ci était tamponné, il était probablement déjà obsolète. La menace avait changé et les besoins des combattants avaient évolué.

La procédure était si compliquée qu’il fallait un manuel de 400 pages, un manuel d’instructions, juste pour la comprendre, imposant des modèles et des niveaux de révision sans fin.

Le JCIDS comptait des dizaines de réviseurs et de signataires et des centaines de commentaires pour approuver un seul document. C’est un écosystème à part entière, dont la majeure partie n’apporte peu ou pas de valeur ajoutée. Nous avons essayé de satisfaire tout le monde, alors nous avons recherché le consensus plutôt que la clarté. C’est devenu un processus de compromis. Pour quel résultat ? 

Des exigences trop spécifiques qui satisfont tout le monde et ne servent personne. Une procédure conçue pour servir la procédure.

Nos partenaires industriels savent que le plus grand obstacle n’est pas la technologie : ce sont nos procédures.

Les exigences sont floues ou trop prescriptives, voire contradictoires — comme cette dernière phrase.

Elles sont soit si rigides qu’elles étouffent l’innovation, soit si vagues que personne ne sait à quoi ressemble le résultat final. Les entrepreneurs perdent leur temps à essayer de deviner au lieu de construire. Le résultat ? Des dépassements de coûts, de la frustration des deux côtés et des retards de livraison aux combattants. Ce que l’industrie demande, ce sont des énoncés de problèmes simples, clairs et stables, fournis suffisamment tôt pour planifier, embaucher et former la main-d’œuvre, puis investir dans la modernisation des capitaux.

Nous faisons rarement appel à des innovateurs dès le début, et lorsque nous le faisons, la procédure tente d’adapter leurs idées à des formats obsolètes. Les partenaires industriels existants qui comprennent la lourdeur de la procédure ne prennent même pas la peine d’innover. Ils savent que l’innovation ne présente aucun avantage.

Des normes rigides et des modèles archaïques étouffent l’agilité dont nous avons besoin. C’est pourquoi les groupes d’innovation existent pour contourner complètement les JCIDS ; pour livrer plus rapidement.

La leçon est évidente.

Si nous voulons de l’innovation — et nous en avons désespérément besoin — nous devons mettre en place un système de critères qui l’accueille favorablement au lieu de l’étouffer. Vous pouvez avoir un aperçu de la direction que nous prenons en ce qui concerne notre engagement à acquérir des munitions critiques et le Dôme d’or. 

Le Golden Dome est un projet de bouclier antimissiles annoncé par le président Donald Trump en mai 2025.

Le secrétaire Gates, par exemple, a contourné la procédure du Pentagone pour développer et déployer rapidement le MRAP.

Le MRAP est un véhicule blindé conçu pour résister aux explosifs.

Aujourd’hui, nous avançons déjà à la vitesse de la guerre sur ces deux fronts, le Dôme d’or et les munitions, en dehors de la lente procédure bureaucratique.

Mais nous ne devrions pas avoir à contourner la procédure pour que cela fonctionne. Les besoins urgents sont satisfaits en le contournant, mais nous ne pouvons pas compter là-dessus. Au contraire, l’ensemble de la procédure doit avancer à la vitesse des munitions critiques.

En bref, nous ne pouvons pas continuer à faire de grandes promesses que nous ne pouvons pas tenir.

Les personnes qui définissent nos besoins ne sont pas en lien avec celles qui contrôlent les fonds ou construisent les systèmes. Les critères sont donc peu à peu respectés sur le papier, mais le financement et l’exécution ne suivent pas. Soit dit en passant, si les gens nous regardent en direct sur Fox News, ils doivent lever les yeux au ciel, mais tout le monde dans cette salle comprend exactement ce dont je parle.

Quel est le résultat ?

Des plans sans ressources, des programmes qui ne décollent pas et des combattants qui réclament des capacités qui arrivent en retard ou qui n’arrivent jamais. Pas de boucle de rétroaction, pas de priorités communes et pas de responsabilité ; tant que nous ne relierons pas les capacités économiques et la livraison d’armes sous un même toit, nous continuerons à produire des listes de souhaits au lieu d’armes.

Le président Trump a reconnu cette réalité et a mis notre département au défi d’adopter un état d’esprit de guerre pour faire face à une bureaucratie pléthorique et inefficace. C’est pourquoi, sous ma direction, nous entreprenons aujourd’hui une série d’actions qui changent immédiatement et fondamentalement la manière dont nous élaborons les besoins afin de mettre rapidement les capacités entre les mains de nos combattants.

Nous mettons fin à un système conçu pour la paperasserie, et non pour les missions. Le JCIDS est mort, il était lent, pléthorique et déconnecté de la réalité. Et nous ferons mieux. Je demande au Joint Requirements Oversight Council (JROC) de cesser de valider les critères d’évaluation des services et de mettre fin à la culture de la paperasserie qui enterre les idées avant même qu’elles n’atteignent le terrain. À la place, nous mettons en place un nouveau modèle axé sur la rapidité, l’alignement et l’action.

Nous réorientons également le JROC afin qu’il commence à identifier et à classer les problèmes les plus difficiles des forces interarmées. Ce que nous appelons les problèmes opérationnels interarmées. Ces problèmes détermineront les priorités de l’ensemble du département. C’est pourquoi, sous ma direction, nous mettons aujourd’hui en place trois nouveaux forums de décision à la place du JCIDS.

Le premier est le Requirements and Resourcing Alignment Board (RRAB), un nouveau forum de décision codirigé par le secrétaire adjoint à la Guerre et le vice-président du Comité des chefs d’état-major interarmées, qui permettra de lier directement les fonds aux priorités opérationnelles les plus importantes. Nous veillerons à ce que les problèmes les plus urgents des forces interarmées soient financés.

Nous créons également le Mission Engineering and Integration Activity (MEIA) afin de réunir dès le début les meilleurs esprits, le gouvernement, l’industrie et les laboratoires pour expérimenter, intégrer, itérer et prototyper des solutions. Au lieu de voir de bonnes idées mourir à cause d’une procédure inutile, nous voulons nous assurer qu’elles ne périssent pas dans la tristement célèbre « vallée de la mort ». 

Dans le jargon du Pentagone, l’expression « vallée de la mort » désigne le hiatus entre un concept ou prototype prometteur et sa mise en œuvre au sein d’un programme formel.

Nous mettons en place la Joint Acceleration Reserve (JAR), un fonds de financement réservé pour mettre directement en œuvre les solutions prometteuses.

Enfin, chaque service militaire examinera et réformera sa propre procédure d’évaluation, en réduisant les formalités administratives, en impliquant plus tôt l’industrie et en alignant les priorités internes sur le nouveau système interarmées.

En proclamant la mort d’un processus unique (JCIDS) à des fins de simplification, Hegseth en annonce trois nouveaux (RRAB, MEIA et JAR).

Que pensons-nous que cette nouvelle manière de faire permettra d’accomplir ? La rapidité remplace la procédure, l’argent suit les besoins. Les problèmes interarmées stimulent l’action. L’expérimentation accélère la mise en œuvre, et les services agissent plus rapidement et plus intelligemment.

Prenons l’exemple de la logistique.

Lorsque nous combattons, notre capacité à acheminer des armes, des fournitures et des renforts vers le front et à les ramener est cruciale. Nous ne pouvons rester dans la bataille qu’autant que notre logistique nous soutient. Nos adversaires le savent et ils attaqueront nos voies d’approvisionnement, nos ports, nos aérodromes, nos dépôts et nos systèmes d’information. Afin de nous perturber. Nous devons être capables de combattre dans cet environnement de conflit. Et ces réformes nous permettront d’y parvenir.

Nous commencerons par faire de la logistique en situation de conflit un problème opérationnel prioritaire.

Nous allons travailler main dans la main avec nos partenaires industriels pour trouver des solutions innovantes grâce à l’expérimentation et au prototypage rapide, et nous assurer que le financement nécessaire est disponible.

La logistique sera prioritaire, intégrée et fournie aussi longtemps, aussi rapidement et aussi longtemps que nos combattants en auront besoin.

Vous voyez, nous passons de la procédure à l’objectif ; du papier à la projection de puissance. Et il ne s’agit pas d’une réforme mineure des exigences. Il s’agit d’une transformation. Un changement qui nous permet de devancer nos adversaires, de restaurer rapidement nos capacités de dissuasion sur le terrain et d’accueillir de nouveaux entrants.

Une chance de réaliser la vision du président Trump d’une paix fondée sur la force.

Chaque dirigeant, chaque programme et chaque dollar sera soumis à un test simple. 

Fournissons-nous aux combattants des capacités réelles plus rapidement qu’auparavant ? Si la réponse est non, nous nous adapterons. Nous n’arrêterons pas et nous ne reculerons pas.

J’ai traité des exigences en matière d’acquisitions et de marchés publics : la transformation dans ce domaine va de pair avec celles des exigences. C’est pourquoi aujourd’hui, sous ma direction, le secrétariat de la Guerre va immédiatement commencer à mettre en œuvre une refonte complète de notre système d’acquisition.

Le président Trump ne nous a pas envoyés ici pour faire des petits ajustements.

Il nous a envoyés ici pour régler le problème. Et c’est exactement ce que nous comptons faire. Comme mentionné précédemment, les décrets présidentiels de Donald Trump enjoignent au département de moderniser les acquisitions afin de gagner en rapidité, en flexibilité et en efficacité. De revitaliser la base industrielle de défense et de tirer parti de l’innovation commerciale américaine. De motiver notre personnel chargé des acquisitions, d’encourager la prise de risques et de réduire les formalités administratives, en favorisant l’efficacité et en renforçant la concurrence.

C’est pourquoi aujourd’hui, sous ma direction, le système de marchés publics de défense tel que vous le connaissez est mort. Il s’agit désormais d’un système pour la guerre. Et il ne s’agit pas seulement d’un changement de nom. Il s’agit d’un changement fondamental dans la façon dont nous concevons et pratiquons les acquisitions.

Le général Omar Bradley a un jour fait remarquer que les amateurs parlent de tactique, mais que les professionnels étudient la logistique. Il a raison. Les guerres ne sont pas seulement gagnées ou perdues par les guerriers sur le champ de bataille, mais aussi par les professionnels des acquisitions et de l’industrie qui façonnent le combat des années avant que celui-ci se déroule.

L’acquisition est une fonction de combat et elle doit permettre et encourager l’adaptation et l’amélioration continues de notre capacité de combat. 

Nous avons besoin qu’elle soit, dans l’industrie, aussi forte et rapide que nos combattants. 

Le système d’acquisition de matériel de combat raccourcira considérablement les délais, améliorera et élargira la base industrielle de défense, stimulera la concurrence et permettra aux responsables des acquisitions de prendre des risques et de faire des compromis.

Nous abandonnons l’ancienne procédure qui a échoué et adoptons à la place une nouvelle approche agile et axée sur les résultats. Ce qui prenait auparavant, parfois en ajoutant de nouveaux critères, trois à huit ans, peut désormais être réalisé en un an.

L’ancienne approche présentait trois problèmes systémiques.

  • Premièrement, une responsabilité fragmentée où aucun dirigeant ne pouvait faire de compromis entre la rapidité, la performance et le coût, et où personne n’était responsable.
  • Deuxièmement, des incitations inefficaces qui récompensaient le respect des règles et des réglementations, ignorant les retards prévus et les dépassements de coûts, ce qui obligeait nos combattants à utiliser d’anciens systèmes hérités peu fiables.
  • Et troisièmement, un environnement chaotique en matière d’exigences, de budgétisation et de passation de marchés qui décourageait les investissements industriels, ce qui conduisait à une capacité limitée qui ne pouvait pas augmenter ou s’adapter rapidement sans l’intervention du gouvernement et, bien sûr, sans un financement supplémentaire.

Le principe fondamental de la transformation des marchés publics que nous dévoilons aujourd’hui est simple.

Placer les décideurs responsables aussi près que possible de l’exécution du programme, éliminer les couches de bureaucratie qui les entravent, puis leur donner les pouvoirs et la flexibilité nécessaires pour assurer une livraison dans les délais.

Éliminer les couches bureaucratiques signifie que chaque programme, chaque procédure, chaque réunion et chaque examen doit justifier son existence en démontrant en temps utile sa valeur pour les combattants. Ceux qui ont peu ou pas de valeur seront éliminés afin que nous puissions continuer à accélérer la livraison aux combattants.

Voici ce à quoi vous pouvez vous attendre.

Aujourd’hui, sous ma direction, nous transformons et réorganisons les programme executive offices, ou PEO, en portfolio acquisition executives, ou PAE.

La chaîne de commandement en matière d’acquisition reliera directement le responsable du programme au PAE. Chaque PAE sera le seul responsable des résultats de son portefeuille et aura le pouvoir d’agir sans passer par des chaînes d’approbation qui peuvent prendre des mois, voire des années. Et ils seront tenus responsables des résultats obtenus.

Désormais, ces PAE seront habilités à prendre des décisions sur les compromis en matière de coûts, de calendrier et de performances qui donnent la priorité au temps nécessaire à la mise en service et aux résultats des missions. Cela signifie moins de temps passé à identifier les besoins de nos combattants, à lancer des appels d’offres auprès de l’industrie et à finaliser les contrats pour lancer la production à grande échelle.

Comme vous le savez, nos combattants ne peuvent pas attendre des décennies pour obtenir les outils dont ils ont besoin pour dissuader et mener nos guerres.

Et pour les gagner.

Le rythme actuel de l’innovation technologique est sans précédent.

Nos services y sont confrontés chaque jour. Au moment où nous déployons de nouvelles capacités, celles-ci doivent être mises à niveau à plusieurs reprises afin de conserver notre avantage sur nos adversaires. Ce ne sont pas seulement les logiciels qui doivent être régulièrement mis à jour, mais aussi les composants critiques.

Cependant, le temps nécessaire pour effectuer ces mises à jour en production, sans parler de leur intégration dans les contrats, retarde les calendriers de plusieurs années. Tout le monde ici le sait. Des années. Et nous en avons assez de ce statu quo. C’est pourquoi aujourd’hui, sous ma direction, le secrétariat à la Guerre publiera dans les 180 prochains jours des directives à l’intention des responsables des acquisitions de portefeuille afin qu’ils mettent en œuvre plusieurs pratiques révolutionnaires.

Nous mettrons en place des méthodes de test adaptables qui permettront une certification rapide.

Nous évaluerons des stratégies d’acquisition à plusieurs volets afin de permettre à des tiers d’augmenter leur capacité de production.

Nous maintiendrons une norme exigeant au moins deux sources qualifiées pour la production initiale.

Enfin, nous mettrons en place une concurrence au niveau des modules grâce à une approche modulaire ouverte.

Le Department’s Office of Acquisition et le Department’s Office of Research and Engineering, dirigé par le sous-secrétaire à la Guerre Emil Michael, avec Michael Duffey, publieront ces directives révisées.

Fini de rester les bras croisés et de discuter des avantages des capacités modulaires. Nous allons concrétiser cela.

Les responsables des acquisitions de portefeuille auront désormais le pouvoir de mettre en œuvre l’approche modulaire ouverte. C’est une technique que l’industrie commerciale pratique et utilise depuis des années.

Imaginez pouvoir échanger des pièces ou des logiciels d’une munition critique sans avoir à repenser complètement le missile. C’est du bon sens de pouvoir procéder ainsi, mais nous ne le faisons pas. La mise à jour en temps réel de nos capacités létales devrait être la norme ; de même qu’il devrait être normal de ne pas attendre des années pour repenser chaque produit, pour les recevoir ensuite sans pouvoir en jouir, alors qu’ils doivent subir une nouvelle série de mises à jour — ce 24 heures sur 24.

Les mises à jour logicielles devraient être quelque chose de simple, tout comme sur votre smartphone, pour améliorer les performances et protéger de manière critique nos infrastructures contre les cybermenaces en constante évolution.

Il s’agit de favoriser l’innovation et non de la freiner. Il s’agit de défense.

L’industrie de la défense peut tirer parti de ces pratiques.

Le secteur commercial a déjà perfectionné des domaines tels que la conception assistée par ordinateur, les processus numériques, la construction de modèles virtuels et l’impression 3D.

Nous allons démanteler les systèmes monolithiques et construire un avenir où notre technologie s’adaptera à la menace en temps quasi réel.

Les agents contractuels seront intégrés aux équipes de programme et rendront compte aux responsables de programme. Aux côtés de nos ingénieurs, opérateurs et combattants — ce sont ces derniers, les utilisateurs finaux, qui peuvent fournir des commentaires critiques sur le terrain aux ingénieurs et aux agents contractuels.

Les performances seront jugées non pas sur le respect aveugle de milliers de pages de réglementations, mais sur les résultats des missions. 

La chaîne de commandement du portefeuille est responsable. Elle est chargée de la réussite de la mission. Si la mission échoue, il y aura des conséquences réelles. Nous garantirons la responsabilité en prolongeant la durée du mandat des PAE au-delà de la durée actuelle des services des PEO. Nous utiliserons l’argent des contribuables de manière plus responsable, plus flexible et plus réfléchie afin de maximiser sa valeur dans l’ensemble des portefeuilles de capacités. Nous réaffecterons les fonds au sein des limites autorisées des portefeuilles de manière rapide et décisive afin de maximiser les résultats des missions. Si un programme est en difficulté, le financement sera réaffecté au sein du portefeuille afin d’accélérer ou de développer une priorité plus importante. Si une technologie nouvelle ou plus prometteuse émerge, nous saisirons l’occasion et ne serons pas freinés par des contraintes artificielles et des limites de financement qui prennent des mois, voire des années, à surmonter. Et nous travaillerons en partenariat avec le Congrès à chaque étape du processus afin de rechercher une flexibilité maximale ; cette transparence nous renforcera.

Au lieu que chaque programme acquière sa propre infrastructure, les portefeuilles investiront dans des plateformes, des interfaces et des gammes de tests communes. Fini les retards interminables et les blocages bureaucratiques. Fini les voies d’acquisition personnalisées. 

Le champ de bataille ne fonctionne pas ainsi, et nos programmes de développement des capacités ne devraient pas non plus être dictés par des calendriers avec des cycles de livraison fixes qui favorisent l’apprentissage par le développement itératif.

Avec ce système, nos commandants de combat disposeront de capacités opérationnelles sur des technologies matures des années plus tôt — avant que la fenêtre de menace ne se referme réellement. Nous exigerons des dates de mise en service rapides, avec des objectifs clairs en matière de plafonds de coûts unitaires et de normes raisonnables d’efficacité des missions. Tous les autres attributs doivent rester négociables.

Nous ferons preuve d’agilité et réagirons aux menaces et aux conditions du champ de bataille en constante évolution, en habilitant le PAE à rechercher des dérogations, des exemptions et des délégations de pouvoirs afin d’offrir une capacité d’acquisition hautement réactive. 

Nous éliminerons les normes techniques et les exigences de conformité inutiles qui n’apportent que peu ou pas de valeur ajoutée à la mise en service de capacités létales.

Nous créerons des procédures de conseil technique allégées afin d’accélérer la prise de décision.

Nous voulons une rigueur technique sans sacrifier la rapidité. La rigueur technique ne peut venir que des personnes les plus impliquées dans le programme, qui doivent avoir leur mot à dire dans le processus. Finies les longues révisions inefficaces par des personnes qui ne sont pas au courant et qui ne font que rallonger la marche des choses. Nous nous concentrerons sur les problèmes opérationnels que les solutions matérielles sont censées résoudre. Nous privilégierons les propositions ou solutions alternatives qui s’écartent des exigences énoncées mais qui permettent d’atteindre plus efficacement les objectifs opérationnels. Les critères d’évaluation se concentreront sur l’efficacité de la mission, et non sur la conformité à des spécifications particulières.

Nous ne faisons pas uniquement qu’acheter des équipements.

Nous résolvons des problèmes de vie ou de mort pour nos combattants.

Nous ne construisons pas pour le temps de paix.

Nous orientons le Pentagone et notre base industrielle vers un temps de guerre, en produisant pour la victoire si nos adversaires nous attaquent.

C’est pourquoi aujourd’hui, sous ma direction, le département de la Guerre présente un plan visant à rationaliser les exigences en matière de tests et d’évaluation. Il est essentiel de procéder à des essais précoces et fréquents à certaines étapes du développement, mais les essais pour le simple plaisir d’essayer freinent les progrès et retardent la livraison.

Nous mettrons également l’accent sur les normes de performance.

C’est pourquoi, sous ma direction, nous imposons aujourd’hui des tableaux de bord avec des mesures de performance, en nous concentrant sur ce qui compte vraiment : le temps nécessaire pour mettre les armes entre les mains de nos hommes et femmes qui les utilisent en cas de besoin. Nous continuerons également à nous concentrer sur la disponibilité opérationnelle et les taux de capacité pour emploi en mission de nos systèmes d’armes actuels.

Beaucoup trop de nos systèmes ne sont pas disponibles pour combattre à l’heure actuelle. 

Ils languissent dans des dépôts et des chantiers navals pour être réparés et entretenus, ou attendent pendant des années que le principal contractant leur fournisse les pièces nécessaires à leur réparation.

Nous maximiserons le nombre de systèmes d’armes disponibles pour les conflits.

Plus vite nous pourrons livrer des systèmes d’armes modernes, plus vite nous pourrons retirer les systèmes hérités, vieux de plusieurs décennies. Nous adapterons d’autres mesures aux besoins spécifiques de chaque portefeuille. Pas de dissimulation, pas d’excuses. Les résultats seront clairs et favoriseront l’amélioration. Et chacun est responsable de multiplier les opportunités d’amélioration.

La rapidité et le volume seront les maîtres mots. Nous encouragerons la concurrence, adopterons la modularité et rechercherons des marchés publics multi-sources à chaque occasion, en agissant rapidement pour conclure des contrats, tester, mettre à l’échelle et déployer.

Lorsqu’une solution est claire, nous nous efforcerons de maintenir au moins deux sources qualifiées pour les composants critiques du programme. Nous réduirons au minimum les situations où nous dépendons d’une seule source et où les entrepreneurs ont un pouvoir monopolistique sur une capacité de combat clef. Nous permettrons l’intégration de tiers sans les goulots d’étranglement des entrepreneurs principaux. Le succès sera mesuré par la capacité des fournisseurs qualifiés à développer, tester et intégrer de manière indépendante des modules de remplacement, au niveau des composants tout au long du cycle de vie du système.

Fini la complaisance et les monopoles. Pour faciliter la concurrence, nous augmenterons les incitations à la concurrence au niveau des composants. Il ne s’agit pas seulement d’une question d’image. Il s’agit de fournir de meilleurs composants à moindre coût.

L’acquisition multitrack est désormais l’avenir. Je ne parle pas de deux sources rachetées par le même contractant principal pour donner l’illusion du choix. Je parle d’un choix significatif où la qualité et la rapidité comptent et où les prix baissent.

De plus, aujourd’hui, sous ma direction, les produits et offres commerciaux seront la politique par défaut. 

Nous renforcerons la présomption de commercialité dans un délai de 90 jours. 

Nous publierons des directives exigeant une politique donnant la priorité aux propositions commerciales, en laissant des alternatives afin d’améliorer la flexibilité. Nous mobiliserons davantage d’entreprises innovantes américaines afin qu’elles concentrent leurs talents et leurs technologies sur nos problèmes de sécurité nationale les plus difficiles.

Nous laissons aujourd’hui trop de choses de côté. Nous voulons que ces entreprises apportent des solutions novatrices à nos combattants afin que nous puissions avoir un avantage écrasant dans les guerres futures. Notre objectif, comme vous le savez, est de ne jamais entrer dans un combat équitable.

En fin de compte, nous achetons des solutions, pas des spécifications. Nous évaluerons les résultats, pas la paperasse. Si une meilleure solution existe en dehors des canaux traditionnels, nous la trouverons et nous l’acquerrons.

C’est pourquoi, dans le cadre de cette transformation, nous créons aujourd’hui, sous ma direction, la Wartime Production Unit, au sein du département de la Guerre.

Cette nouvelle unité a été repensée à partir de la cellule conjointe d’accélération de la production existante ; elle se concentrera sur la transformation de la manière dont nous accélérons la fourniture de capacités critiques à nos combattants.

Nous y parviendrons en nous appuyant sur une équipe dédiée, habilitée à conclure des accords commerciaux novateurs qui révolutionneront la capacité de production et réformeront complètement l’exécution des contrats. L’équipe chargée des accords renforcera notre personnel chargé des contrats, lui permettant de travailler avec les PAE nouvellement habilités pour négocier avec les fournisseurs en se basant sur une perspective plus large de l’ensemble des activités du fournisseur au sein du département, plutôt que sur un seul programme. Cela permettra de créer des leviers et des incitations qui n’étaient pas appliqués auparavant.

Cette équipe chargée des accords élaborera des incitations financières qui stimuleront les performances des entrepreneurs, en exigeant la livraison dans les délais des armes dont nos combattants ont désespérément besoin. Il s’agit d’accélérer les négociations, d’obtenir de meilleurs résultats et de s’engager à assurer une transparence et une coopération totales entre le gouvernement et nos partenaires industriels. La Wartime Production Unit gérera et exécutera le soutien direct de nos principales priorités en matière d’acquisition et de production.

Afin de nous assurer que nous disposons des meilleurs cerveaux du secteur, nous ferons appel à un large éventail d’experts parmi les plus talentueux du pays pour nous conseiller sur l’optimisation de la production industrielle. Nous le faisons déjà. Cette initiative est dirigée par le secrétaire adjoint à la Guerre et les résultats obtenus jusqu’à présent sont fantastiques. Nous prévoyons de l’étendre rapidement.

De nombreux opérateurs talentueux sont déjà à bord au Pentagone, d’anciens cadres de l’industrie qui servent notre pays pour assurer son succès. Nous les appelons les opérateurs commerciaux pour la défense nationale.

J’encourage ceux qui écoutent et qui sont intéressés à nous contacter s’ils ont les compétences nécessaires pour contribuer au renouveau industriel de la défense dans lequel nous nous engageons. Cela peut sembler être un changement évident, mais c’est une nouveauté pour notre département que de donner les moyens à des opérateurs de classe mondiale de contribuer à mener à bien les changements nécessaires.

Du Pentagone à l’industrie, cette initiative n’est pas un projet pilote. Il s’agit d’un changement fondamental dans la manière dont nous armons nos combattants. Nous sommes déterminés à dominer le champ de bataille moderne. Et cette domination commence par une base industrielle en temps de guerre axée sur l’exécution et le succès opérationnel.

Comme vous le savez, la construction de l’arsenal de la liberté ne se fera pas du jour au lendemain. Elle nécessitera des investissements considérables et une grande détermination. Pour accroître le pouvoir d’achat du département.

Comme vous le savez tous, le cycle des budgets annuels empêche le département de fournir des signaux de demande à long terme à l’industrie. Cependant, il existe de nombreuses possibilités d’investissements alternatifs pour élargir notre base industrielle. C’est pourquoi aujourd’hui, sous ma direction, le département de la Guerre publiera de nouvelles directives afin de garantir que les entrepreneurs soient clairement incités à livrer dans les délais, à augmenter leur capacité de production et à disposer des signaux de demande nécessaires pour attirer les investissements privés.

Nous encouragerons et accélérerons les stratégies créatives en matière d’investissement et de marchés publics afin d’augmenter la production, d’élargir la base industrielle de défense avec de nouveaux entrants et d’inciter les entreprises à dépenser davantage de leurs propres capitaux. Pour revitaliser notre BITD et approvisionner nos soldats, nous mettrons en œuvre des stratégies qui créent des signaux de demande stables, clairs et cohérents pour que l’industrie investisse et augmente la production de capacités létales. Cela inclut un partenariat avec le Congrès afin d’obtenir les pouvoirs législatifs et la flexibilité budgétaire nécessaires pour faire du département un partenaire plus prévisible pour l’industrie. Des autorités des marchés publics aux pouvoirs renforcés er pluriannuels, des commandes garanties et des mécanismes de financement stables constitueront la base permettant de libérer des investissements sans précédent du secteur privé dans les capacités de production de défense. Cela s’appuiera sur l’excellent travail déjà accompli pour améliorer la procédure PPBE (Planning, Programming, Budgeting and Execution) et la manière dont l’Office of Cost Assessment and Program Evaluation et le contrôleur général des États-Unis interagissent avec le Congrès.

Nous nous engageons à faire notre part, mais l’industrie doit également être disposée à investir ses propres fonds pour répondre aux signaux de demande à long terme qui lui sont fournis. Si elle ne le fait pas, elle doit dépenser pour moderniser ses installations, améliorer les compétences de sa main-d’œuvre et augmenter ses capacités.

Nous sommes prêts à utiliser pleinement et à tirer parti des nombreux pouvoirs accordés au président qui garantissent que le département peut obtenir de l’industrie tout ce qui est nécessaire pour mener et gagner les guerres de notre nation. Notre sécurité nationale passe avant tout. Vous, nos amis de l’industrie, devez savoir que nous comprenons votre besoin de réaliser des marges et des profits en tant que capitalistes. Mais vous devez investir en vous-même plutôt que de faire supporter tous les coûts aux contribuables.

Pour ceux qui nous suivent, ce sera une formidable opportunité de croissance et vous tirerez des profits que n’obtiendront pas ceux n’étant pas prêts à prendre des risques pour travailler avec l’armée.

Nous devrons peut-être vous souhaiter bonne chance dans vos projets futurs, qui se dérouleront probablement en dehors du Pentagone. Nous allons rendre les contrats de défense à nouveau compétitifs. Et ceux qui sont trop satisfaits du statu quo pour être compétitifs ne seront pas les bienvenus dans la majorité de l’industrie américaine, qui bénéficie d’une demande stable — les grands fabricants qui ont construit notre pays.

À ceux d’entre vous qui ne sont pas dans cette salle aujourd’hui parce qu’ils ne font pas actuellement affaire avec le Pentagone : le ministère de la Guerre souhaite que vous fassiez tous partie de notre base industrielle. Nous recherchons tous ceux qui sont prêts à passer à la vitesse de guerre. Nous nous engageons à être de meilleurs clients et cette transformation de l’acquisition démontre notre engagement.

Le secrétaire adjoint à la Guerre a déjà contacté nombre d’entre vous pour évaluer votre intérêt. J’ai parlé à beaucoup de gens. Nous n’avons jamais eu de secrétaire adjoint comme cet homme, qui possède une telle expérience et de telles connaissances dans le domaine des affaires, et nous en tirons pleinement parti. Au nom du ministère et de notre pays, je vous encourage à répondre à son appel lorsqu’il vous le demandera.

Aucun de ces efforts de transformation ne serait possible sans un changement culturel massif au sein de notre personnel chargé des acquisitions. La Defense Acquisition University  est obsolète.

Elle doit devenir un incubateur d’excellence et accélérer la procédure d’acquisitions. C’est pourquoi, sous ma direction, nous la transformons immédiatement en un établissement d’enseignement basé sur les compétences, appelé « War Fighting Acquisition University ». Elle sera le tremplin de notre personnel chargé des acquisitions, imprégné d’un état d’esprit guerrier transformateur.

La même éthique guerrière que j’ai invoquée à Quantico doit s’étendre à l’ensemble de l’écosystème des acquisitions, aux agents contractuels, aux gestionnaires de programmes, aux ingénieurs systèmes et aux développeurs de normes. Les hommes et les femmes patriotes de cette audience qui conçoivent, développent et acquièrent la technologie la plus meurtrière et la plus performante au monde doivent être libérés afin de fournir l’arsenal de la liberté plus rapidement que jamais. La Warfighting Acquisition University donnera la priorité aux programmes de groupe combinant un apprentissage expérimental et fondé sur des projets portant sur des défis réels liés au portefeuille, des échanges avec l’industrie et le gouvernement, et un enseignement par cas qui développe la pensée critique et la prise de décision rapide.

Fini le temps où l’on s’asseyait dans des salles de classe pour apprendre les procédés qui ont échoué dans le passé. Notre système d’acquisition ne vaut que ce que vaut notre personnel. Croyez-moi, je comprends les défis auxquels celui-ci est confronté. Les portefeuilles et les programmes ne peuvent pas réussir lorsque les dirigeants changent tous les deux ans. Une plus grande stabilité garantit une meilleure compréhension de la technologie, des relations avec les entreprises, du développement du personnel et de la responsabilité de fournir des résultats.

C’est pourquoi aujourd’hui, sous ma direction, le département élabore des politiques visant à créer des parcours professionnels mixtes pour les responsables clefs des portefeuilles et des programmes, en prolongeant leur mandat d’au moins quatre ans avec des extensions de deux ans, et en liant leurs incitations à la capacité de concurrence, aux délais de livraison et aux résultats des missions. Cela garantira la responsabilité des stratégies et des décisions avec une amélioration continue tout au long des phases d’exécution.

Encore une fois, nous ne nous contentons pas d’apporter des modifications mineures, nous changeons fondamentalement notre façon de travailler. Ce ne sont pas que des mots. Nous avons déjà accompli une grande partie du travail. En fait, la nouvelle stratégie de transformation des acquisitions est publiée aujourd’hui et, pour beaucoup d’entre vous dans cette salle, elle arrive en ce moment même dans votre boîte mail, tout comme l’ensemble des directives que nous annonçons. Vous les aurez avant de quitter cette salle. C’est une lecture très intéressante. Je vous encourage à la consulter, j’ai lu plus que le résumé.

La rapidité de livraison est désormais notre principe organisateur. C’est le facteur décisif pour maintenir la dissuasion et l’avantage au combat. Si nos combattants meurent ou si notre pays perd parce que nous avons mis trop de temps à leur fournir ce dont ils avaient besoin, nous avons échoué. C’est aussi simple que cela. C’est notre métier. Nous discutons avec beaucoup de personnes qui travaillent dans ce bâtiment depuis longtemps. Le sentiment d’urgence s’est trop estompé. Et quand on regarde ce à quoi nous sommes confrontés, nous devons le retrouver.

Les ventes militaires à l’étranger transforment les exigences et les acquisitions, mais cela ne suffit pas. Nous devons également améliorer la manière dont notre département et la base industrielle soutiennent les ventes d’armes à nos alliés et à nos partenaires. C’est une priorité absolue pour mon équipe, en partenariat avec le secrétaire Rubio et le secrétaire Lutnick.

Grâce aux efforts du président Trump, nous avons atteint un niveau record dans nos ventes militaires à l’étranger. Le président Trump conclut des accords les uns après les autres pour apporter de l’argent comptant aux fabricants américains. Mais nos procédures sont trop lentes et notre base industrielle trop inefficace pour suivre le rythme et livrer à temps à nos alliés et partenaires.

Croyez-moi, j’entends parler de cela à chaque voyage à l’étranger et chaque conversation que j’ai avec chaque président, Premier ministre et ministre de la Défense porte sur ce qui ne va pas avec nos ventes militaires à l’étranger. Ils me disent avoir passé commande en 2014,  ne rien avoir aujourd’hui en 2025, et attendre la livraison pour 2032. Et je reste là, sans savoir quoi dire ; ce n’est pas nous qui avons cassé le système, mais nous allons le réparer.

Non seulement les ventes militaires à l’étranger et les ventes commerciales dans le domaine de la défense sont importantes pour notre base industrielle américaine, mais elles sont également essentielles à notre vision stratégique sur la scène mondiale. Le partage des charges a été un pilier essentiel du programme du président Trump et du département de la Guerre. Pour y parvenir, nos alliés et partenaires doivent être équipés des meilleurs systèmes d’armes au monde, qui soient également les plus interopérables. Les ventes militaires à l’étranger permettent à nos combattants de se tenir aux côtés de nos alliés pour faire face aux dangereux défis mondiaux.

Nous sommes en train de résoudre ce problème.

Les centaines de milliards de dollars générés chaque année par les ventes militaires à l’étranger et les ventes commerciales de défense pour les systèmes d’armes fabriqués aux États-Unis fourniront à nos entreprises les moyens d’investir dans de nouvelles usines de fabrication, d’embaucher des ingénieurs et de s’approvisionner en composants et en matériaux auprès de milliers de sous-traitants et de fournisseurs. Des programmes FMS et DCS plus efficaces contribueront à revitaliser la base industrielle ; des dizaines, voire des centaines de milliers d’emplois américains seront créés. Nous voulons aussi réduire le coût de la dissuasion pour le contribuable américain et accélérer la mise à disposition des capacités.

Pete Hegseth fait ici référence à des programmes facilitant les ventes américaines d’armes à l’étranger.

Nos partenaires qui souhaitent acheter des produits américains ne veulent pas acheter des produits russes, italiens ou français — mais ils ne veulent pas attendre dix ans pour obtenir les nôtres. Alors, quel est le problème ? La bureaucratie, l’inefficacité et le manque d’investissement dans notre base industrielle de défense, ce alors que nous avons une occasion unique de dynamiser nos ventes dans le domaine de la défense et notre puissance industrielle afin d’augmenter la capacité de production dont nous avons besoin pour accroître le volume des stocks américains.

La clé réside dans l’optimisation de l’efficacité des procédures et l’alignement des ventes sur nos efforts de revitalisation de la base industrielle de défense. Nous devons éliminer les retards et renforcer les chaînes d’approvisionnement critiques qui contribuent aux retards de livraison. Lorsque nous promettons de fournir à nos partenaires des capacités critiques, nous devons toujours livrer à temps. Notre succès garantit leur capacité à se battre et à gagner, et nous pouvons et devons faire mieux.

Nous prenons des mesures décisives pour résoudre ce problème.

Nous nous sommes efforcés d’intégrer l’exportabilité dans le cycle de vie des acquisitions dès le début, et nous investissons massivement pour que cela devienne une réalité. Nous modernisons nos systèmes informatiques et établissons des indicateurs de performance clairs pour suivre les progrès et identifier les goulots d’étranglement au niveau opérationnel. Certains de nos commandements de combat, je l’ai constaté de mes propres yeux, ont également commencé à supprimer les inefficacités sur le terrain.

La prochaine étape est cruciale. C’est pourquoi, sous ma direction, je supervise aujourd’hui la réorganisation du contrôle opérationnel de la Defense Security Cooperation Agency (DSCA) et de la Defense Technology Security Administration (DTSA), qui passe du secrétaire à la Guerre chargé des politiques publiques au sous-secrétaire à la Guerre chargé des acquisitions et du soutien. Nous passons donc de la politique à l’action.

Vous vous demandez peut-être en quoi un changement interne au sein du département de la Guerre et sur ses structures hiérarchiques peut faire une différence.

Cela fait une énorme différence dans la fourniture d’articles et de services de défense à nos alliés et partenaires. Il s’agit d’un processus complexe, et sa réussite exige une approche unifiée tout au long du cycle de vie des acquisitions — depuis les premiers dollars investis dans la recherche et le développement jusqu’à la maintenance et la livraison des pièces de rechange.

Lorsqu’un partenaire ou un allié étranger a besoin d’acquérir une nouvelle capacité auprès des États-Unis, nous devons nous assurer que les procédures du département sont efficaces, efficientes et optimales. Pour examiner rapidement ces capacités en vue de leur transfert ou de leur mise sous contrat, puis les livrer le plus rapidement possible sans entraver les livraisons aux combattants américains.

En planifiant en fonction d’une image globale de la demande mondiale par rapport à notre puissance industrielle, nous pouvons obtenir des résultats révolutionnaires en équipant rapidement nos alliés, en renforçant la stabilité mondiale et en projetant la puissance américaine.

C’est exactement ce que vise ce réalignement de la DSCA et de la DTSA.

Nous assurons ainsi le leadership, la concentration et établissons des lignes de responsabilité claires.

Nous l’intégrons mieux à notre système d’acquisition pour les forces armées et à nos activités de base industrielle de défense.

On obtient ainsi une plus grande cohésion de notre coopération en matière de sécurité des acquisitions et de notre entreprise de sécurité technologique. La préparation opérationnelle et industrielle des États-Unis est maximisée — et l’interopérabilité avec les alliés est renforcée.

Si cela est bien fait, année après année, les ventes de systèmes fabriqués aux États-Unis vont monter en flèche. Vous devriez tous vous en réjouir. À partir d’aujourd’hui, nous gérerons notre entreprise de vente de défense avec une vision unique et intégrée. De la planification initiale à l’exécution du contrat, en passant par la livraison.

Lorsque nous avons essayé de nous familiariser avec un système particulier, pour savoir à qui nous le vendions, combien nous leur en vendions et quand nous le leur vendions, cela nous a pris plusieurs semaines rien que pour comprendre ce système. Ce n’était pas un système complexe. Nous n’avions aucune idée de sa destination, du temps que cela prendrait, ni des compromis que cela impliquerait pour nous.

La moitié du travail consiste donc à comprendre ce processus de A à Z. En fin de compte, le fait de regrouper les ventes de défense sous un même toit au sein du département de la Défense garantit que nous ne faisons pas de promesses que nous ne pouvons pas tenir et que nos alliés reçoivent les capacités dont ils ont besoin quand ils en ont besoin.

Mais ce n’est que le début de la transformation de notre approche des ventes de défense.

Il y a beaucoup plus à venir dans les mois à venir, car il ne s’agit pas seulement de vendre des armes. Il s’agit de construire des partenariats, de renforcer notre base industrielle et de veiller à ce que les équipements militaires fabriqués aux États-Unis restent la référence en matière de défense dans le monde entier.

Nous pensons que ce que nous avons annoncé aujourd’hui est une transformation totale de la façon dont nous menons nos activités au sein du département de la Guerre. Il ne s’agit pas d’une simple réforme, mais d’un changement fondamental dans le fonctionnement du département de la Guerre.

Cette transformation est, comme je l’ai dit plus tôt, une guerre d’usure bureaucratique. Et c’est une guerre que nous avons l’intention de gagner.

Ce n’est pas un discours, ce n’est pas une déclaration en l’air. C’est le début d’une offensive implacable visant à changer notre façon de travailler et à changer la façon dont la bureaucratie réagit. Nous ne céderons pas et nous ne dormirons probablement pas tant que nous n’aurons pas gagné, car nous pensons que c’est important pour nos combattants sur le terrain. Nous nous éloignons d’une culture bureaucratique et d’aversion au risque pour adopter une culture d’agilité, d’innovation et de résultats.

Nous allons revitaliser notre base industrielle de défense en changeant notre façon de travailler avec nos prestataires actuels, en encourageant la concurrence et en adoptant des solutions commerciales. D’ailleurs, certains de nos services ont déjà fait un excellent travail dans ces domaines — certains ont déjà une longueur d’avance dans ce domaine. Notre travail s’appuie sur ces acquis, en tirant parti de certaines des leçons apprises et en accélérant nos efforts à l’échelle du département.

Nous réformerons notre procédure de normes afin de garantir que nos combattants disposent des capacités dont ils ont besoin quand ils en ont besoin, sans être ralentis par des retards bureaucratiques. Nous moderniserons notre procédure d’acquisition afin de raccourcir les délais, d’envoyer des signaux de demande cohérents et de donner à nos responsables des acquisitions les moyens de prendre des décisions rapides et éclairées, sans être entravés par la procédure. 

Nous supprimons les barrières à l’entrée pour les entreprises de la base industrielle de défense afin d’encourager l’innovation rapide, la concurrence et l’expansion. Et nous supprimons les barrières à l’innovation pour les entreprises déjà présentes dans la diversité afin de leur permettre de se développer. Au sein du Pentagone, nous facilitons les affaires non seulement pour les entrepreneurs de la défense, mais aussi pour les entreprises commerciales. Nous exploitons le potentiel inutilisé de la base manufacturière américaine pour atteindre de nouveaux sommets. Les petites, moyennes et grandes entreprises sont toutes les bienvenues. Nous instaurons aussi une culture de responsabilité liée aux résultats, et non à la procédure.

Plus d’emplois, une livraison plus rapide de capacités létales et une base industrielle capable de se mobiliser en cas de besoin. Ce n’est pas seulement un rêve. Nous avançons à ce rythme. Nous ne nous contenterons pas d’améliorations progressives. Il s’agit de remodeler fondamentalement notre approche, du concept à la livraison. Nous insufflons vitesse et agilité dans tous les domaines, afin de pouvoir devancer nos adversaires et conserver notre avance technologique dans des domaines tels que l’IA, le cyberespace et l’espace.

Il ne s’agit pas seulement de construire une armée forte, mais aussi de la rendre adaptable, résiliente et prête à relever tous les défis grâce à une capacité d’armement qui garantit que tout combat que nous choisissons ou qui nous est imposé est une bataille inégale. Il ne s’agit pas seulement de ce que nous pouvons fabriquer, mais de combien nous pouvons en fabriquer et à quelle vitesse nous pouvons le livrer.

Aujourd’hui, nous ne nous contentons pas de construire une armée plus forte. Nous posons les bases d’une domination continue pour les décennies à venir. Nous avons l’intention de mettre en place un système dynamique et réactif, capable de s’adapter aux menaces émergentes et de tirer parti des nouvelles technologies. Nous veillons à ce que les futures générations de combattants disposent des outils et des capacités nécessaires pour défendre notre nation.

Le département de la Guerre sera prêt le moment venu. Nous disposerons de l’arsenal nécessaire pour défendre la liberté, et nous en serons les gardiens.

Le monde nous observe. Nos adversaires nous observent. Nos alliés nous observent. Nous devons leur montrer que l’Amérique est de retour, plus forte et plus déterminée que jamais. Pour défendre nos intérêts et préserver la liberté.

Nos combattants comptent sur nous, et nous ne pouvons pas échouer. Cela ne fait aucun doute.

Les 2,1 millions d’Américains qui portent l’uniforme de notre nation et les centaines de milliers de personnes qui les soutiennent en costume, en combinaison ou en casque de soudeur constituent la meilleure armée de l’histoire du monde. Il ne fait aucun doute qu’ils sont prêts à faire face à toute menace, à tout moment et en tout lieu.

Le président Trump le répète sans cesse, et il a tout à fait raison. Nous avons la meilleure armée, la plus forte et la plus meurtrière au monde. Notre travail consiste à la libérer de tout système et incitation obsolète du passé, afin de lui offrir rapidement l’armée du futur.

Nous connaissons la menace.

Je connais la menace.

Vous connaissez la menace.

Nous connaissons l’environnement.

C’est notre moment.

Puissions-nous repartir d’ici avec un sens renouvelé de notre mission et un engagement commun à agir — vous repartirez certainement avec une boîte de réception pleine.

Les membres du public ont effectivement reçu un long mail résumant le plan Hegseth.

Si nous le devons, nous entrerons en guerre avec l’armée et l’équipement dont nous disposons, et nous gagnerons.

Nous avons les meilleurs et les plus forts. 

Mais aujourd’hui, appuyons-nous sur la vision à laquelle aspirait le secrétaire Rumsfeld dans son discours du 10 septembre 2001, « construire l’armée que nous voulons et dont nous avons besoin. L’arsenal de la liberté. »

C’est cela, mes amis, que nous devons à nos guerriers, présents et futurs. 

Je vous remercie donc tous pour ce que vous faites.

Que Dieu vous bénisse et continue de bénir notre grande république.

Merci.

10.11.2025 à 13:44

Al-Charaa est le premier président syrien à se rendre à la Maison-Blanche 

Marin Saillofest

Près d’un an après la chute du régime de Bachar el-Assad, le nouveau dirigeant syrien formellement nommé président en janvier, Ahmed al-Charaa, sera reçu aujourd’hui, lundi 10 novembre, à la Maison-Blanche par Donald Trump.

Les discussions entre les deux dirigeants devraient principalement porter sur la levée des sanctions américaines, la lutte contre l’État islamique ainsi que la préparation d’un accord de sécurité entre Damas et Tel-Aviv.

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Texte intégral (1103 mots)

Aujourd’hui, lundi 10 novembre à 17h (Paris), Donald Trump accueillera Ahmed al-Charaa à la Maison-Blanche. Il s’agit de la première visite d’un chef d’État syrien à Washington depuis l’indépendance du pays en 1946. En septembre, al-Charaa était devenu le premier président syrien à participer à l’Assemblée générale de l’ONU depuis 1967.

Les deux dirigeants se sont rencontrés une première fois en mai à Riyad, à l’occasion de la tournée de Trump au Moyen-Orient.

  • Suite à cette rencontre, facilitée par le prince saoudien Mohammed ben Salmane (MBS), Donald Trump avait qualifié al-Charaa « d’homme séduisant » et de « dur à cuire au passé très solide ».
  • La veille, le président américain avait annoncé son intention de lever les sanctions sur Damas, imposées pour la première fois en 1979 lorsque Hafez el-Assad était au pouvoir en raison de son implication dans la guerre civile libanaise.

Une partie de ces sanctions ont été levées via la signature le 30 juin d’un décret présidentiel. Toutefois, si Donald Trump est le faiseur de deals, une levée totale nécessitera l’approbation du Congrès, qui est pour l’heure divisé sur le sujet.

  • Au cours des derniers mois, al-Charaa a rencontré plusieurs élus américains, démocrates comme républicains, notamment fin août en accueillant à Damas une délégation bipartisane menée par la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen 1.
  • Tandis que la commission du Sénat sur les Affaires étrangères a inclus dans sa version du National Defense Authorization Act pour 2026 l’abrogation des sanctions imposées par le Caesar Act de 2019, ce n’est pas le cas pour le texte préparé par la Chambre.
  • Le président républicain de la Commission sur les Affaires étrangères de la chambre basse, Brian Mast, ainsi que le ranking member démocrate Gregory Meeks figurent parmi les principaux opposants.
  • Meeks invoque notamment la formule de Reagan « Trust, but verify » (« Faites confiance, mais vérifiez »), et plaide pour une levée des sanctions progressive 2.

Pour Trump, la rencontre avec al-Charaa est l’occasion d’intégrer la Syrie dans la coalition américaine contre l’État islamique et de prolonger les discussions sur la reconstruction du pays après la guerre civile ainsi que sur les investissements étrangers.

Trump cherche également à faire conclure d’ici la fin de l’année un accord de sécurité ou de non-agression entre Damas et Tel-Aviv.

  • À cet effet, selon plusieurs sources consultées par Reuters, les États-Unis se préparent à établir une présence militaire dans une base aérienne à Damas 3 — ce que les autorités syriennes démentent 4.
  • Suite à la chute du régime al-Assad, Tsahal a étendu son contrôle du plateau du Golan à la zone tampon démilitarisée et maintient une présence armée à moins d’une cinquantaine de kilomètres de Damas.
  • Bien qu’il semble qu’Al-Charaa soit prêt à signer un accord avec Israël qui comprendrait très probablement un retrait de l’armée israélienne, celui-ci exclut toute adhésion future aux Accords d’Abraham — l’un de des principaux projets de Donald Trump en matière de politique étrangère.

Si l’établissement d’une présence militaire américaine durable à Damas signalerait un rapprochement inédit avec Washington, al-Charaa souhaite maintenir des liens étroits avec Moscou. Lors d’une rencontre avec Poutine à Moscou le mois dernier, le président syrien aurait demandé à son homologue russe la reprise des patrouilles militaires dans le pays en échange du maintien des bases de Tartous et Hmeimim.

Sources
  1. Ranking Member Shaheen’s Travel to Syria and Meeting with President Ahmed Al-Sharaa, Senate Foreign Relations Committee, 25 août 2025.
  2. Lawmakers dish at UN General Assembly », Punchbowl News, 24 septembre 2025.
  3. US military to establish presence at Damascus airbase, sources say », Reuters, 6 novembre 2025.
  4. دمشق تنفي إقامة قواعد أمريكية جنوبي سوريا », Enab Baladi, 6 novembre 2025.

10.11.2025 à 11:24

Géopolitique de la COP30

Matheo Malik

Aujourd’hui s’ouvre dans le Brésil de Lula la 30e Conférence des parties (COP) sur le changement climatique.

Après une phase d’épuisement tactique, le sommet de Belém peut être un moment de bascule stratégique dans une confrontation entre blocs.

Le point sur ce qu’il faut attendre des négociations.

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Texte intégral (4763 mots)

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Un Davos de l’énergie ? La fin des vraies COP

La COP30 qui se réunit à Belém au Brésil du 10 au 21 novembre 2025 sera la 30e conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique, issue du sommet de Rio en juin 1992 1.

Cette réunion fait suite à trois COP 2 qui ont vu le processus connaître plusieurs évolutions préjudiciables.

En premier lieu, le débat s’est replié de la question de la lutte effective contre le changement climatique — en veillant à donner à chaque État-partie des moyens adaptés selon ses propres capacités et ses contributions historiques aux émissions de gaz à effet de serre — à celle des « pertes et préjudices », c’est-à-dire des moyens financiers versés par les États historiquement industrialisés — Europe, Canada, etc. — aux pays en voie de développement au titre des dégâts du changement climatique. Ce principe est inscrit dans l’Accord de Paris, à l’article 8, dans la continuité du Mécanisme de Varsovie ; il a cependant été instrumentalisé en bonne mesure par certaines parties émergentes comme la Chine et l’Inde pour obfusquer leurs propres responsabilités dans les émissions actuelles, et structurer le débat autour d’un ressentiment Nord/Sud et des transferts financiers, plutôt que d’actions concrètes.

En second lieu, on observe un décalage croissant entre l’objet de l’événement — l’ambition climatique mondiale — et son format qui tient parfois plus d’un « Davos de l’énergie » que d’une réelle conférence d’États-parties, compte tenu du nombre de side events où les principaux acteurs économiques présentent leurs annonces en matière de performance climatique. L’événement peine à associer efficacement la société civile et les différentes parties prenantes et donne souvent l’impression de « faire entrer les marchands dans le Temple ».

Ce décalage s’est tout particulièrement ressenti à Sharm-el-Sheikh et à Bakou. 

Lors de cette dernière COP, il fut renforcé par des appels légitimes au boycott compte tenu des différentes critiques qui pouvaient être portées à l’endroit de la présidence azérie sur son bilan environnemental comme sur le respect des droits humains.

Le cycle de négociation des COP passées parvient à son épuisement tactique, dont le retrait américain n’est que le stade terminal et non l’élément déclencheur.

Pierre Jérémie

En troisième lieu, la situation est celle d’un contexte économique dégradé, marqué par des tensions d’approvisionnement énergétiques et l’impact du conflit russo-ukrainien sur les marchés énergétiques mondiaux.

Il est de plus en plus manifeste que l’objectif de « poursuivre l’action menée pour limiter l’élévation de la température à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels, étant entendu que cela réduirait sensiblement les risques et les effets des changements climatiques » inscrit dans l’Accord de Paris devient impossible à atteindre. Le 19 juin 2025 est ainsi paru un article de référence 3 dressant ce constat de manière définitive dans la communauté scientifique.

Climat : la décennie critique

Dix ans après l’accord de Paris, le droit peut-il nous aider à affronter la décennie qui vient  ?

Le nouveau numéro de la Revue européenne du droit (RED) est dirigé par Laurent Fabius et Jorge Viñuales.

Disponible en pré-commande.

Avec les contributions de Yann Aguila, André Anranha Corrêa do Lago, Fatih Birol, Marko Bošnjak, Etienne Espagne, Daniel Esty, Laurent Fabius, Emanuela Fronza, Rémy Heitz, Anne Hidalgo, Dale Jamieson, Ariane Joab Cornu, Ginevra Le Moli, Zhenmin Liu, Luiz Inácio Lula, Jean-François Mercure, Alexandria Mishko, Baptiste Morizot, Laurent Neyret, Adam Nieto, Damilola Olawuyi, Béatrice Parance, Cyril Ramaphosa, Teresa Ribera, Pedro Sanchez, Jim Skea, Christophe Soulard, Anne Stevignon, Didier Tabuteau, Volker Türk, Sebastian Valdecantos, Luis Vassy, Jorge Viñuales.

Sortir de l’impasse

Les difficultés se sont encore accrues à partir de novembre 2024, quelques semaines avant la COP29 à Bakou, avec l’élection américaine.

Comme entre 2016 et 2020 mais de manière nettement plus délibérée et cohérente sur le plan idéologique, la nouvelle administration Trump affirmé une position de double rejet du processus climatique.

Le revirement américain

Ce rejet américain tient d’une part d’une opposition de principe à tout cadre multilatéral normatif au-dessus des souverainetés nationales.

Cette réticence n’a rien de spécifique aux positions de Donald Trump mais trouve ses racines dans le courant paléo-conservateur républicain 4. Elle s’appuie sur un raisonnement juridique, l’originalisme constitutionnel. La Constitution de 1787 n’offre guère de notion de hiérarchie des normes au sens où l’entend Hans Kelsen 5 ; cette hiérarchie n’était tout simplement pas dans l’espace de pensée des rédacteurs. Ce raisonnement est doublé d’un argument géopolitique : la singularité des États-Unis — empire et continent à la fois — les projetant dans un rôle unique plutôt que dans celui d’un interlocuteur discutant, comme simple partie, avec des égaux, fût-ce au titre de primus inter pares 6.

Le rejet américain procède d’autre part de positions climato-sceptiques très ouvertes de la part de l’administration Trump — cohérentes avec celles déjà défendues par l’administration Bush en 2000-2008 mais dépassant le cadre de la pure défense d’intérêts sectoriels — secteur pétrolier et gazier — et territoriaux — élus des États pétroliers du Midwest et de la côte du Golfe du Mexique.

Le projet actuel se radicalise pour se mêler à une tendance plus populiste d’appel au « bon sens » et de rejet du consensus scientifique voire de complotisme 7 : face à la « convergence des luttes » — climatique, antiraciste, pour l’égalité des genres — portée par un ennemi « mondialiste » en grande partie fantasmé, l’administration se porte en défense d’une « vraie réalité » enracinée pétrie de « convergence des réactions ». 

Enfin, la position américaine procède d’une défense stricte et radicale des intérêts économiques nationaux et d’un pur calcul coût-bénéfice, en rejetant l’existence de tout œcoumène ou d’un espace de biens communs. Cette approche voit derrière toute action climatique le risque d’une désindustrialisation et d’un simple déplacement du lieu des émissions.

Si action climatique il y a de la part des États-Unis, elle vient ainsi après un examen du trade-off entre recours aux énergies fossiles par l’économie américaine et dommages liés au réchauffement climatique sur le sol américain.

Selon les termes du secrétaire à l’Énergie Chris Wright 8 : « Le rapport de l’Académie nationale, qui a commencé par des déclarations alarmistes sur la science, est irréfutable et affirme que le changement climatique est une catastrophe. Il indique que le niveau de la mer augmentera de 17,5 centimètres entre 1900 et 2024. Bon, peut-être s’agit-il plutôt de 19 centimètres, et nous devons corriger l’élévation historique du niveau de la mer d’un centimètre et demi. Cela ne change rien aux faits, ni aux données, ni aux compromis. Nous sommes donc tout à fait disposés à avoir un dialogue honnête sur les compromis entre le changement climatique et la vie humaine. »

Les COP peinent à associer efficacement la société civile et les différentes parties prenantes et donnent souvent l’impression de « faire entrer les marchands dans le Temple ».

Pierre Jérémie

Des résultats mitigés

Malgré ces difficultés, le processus a permis quelques avancées laborieusement obtenues.

À la COP28 a été posé pour la première fois un objectif de sortie des énergies fossiles, qui sera l’objet de longs débats 9 et ne sera pas repris dans le texte final de la COP29. Malgré cela, ce changement de posture des principales parties concernées, y compris les pays émergents, acte un réel changement d’époque.

Le bilan mondial de la COP 28 a ainsi invité « les parties à prendre des mesures pour tripler, à l’échelle mondiale, les capacités en matière d’énergies renouvelables et doubler les améliorations en matière d’efficacité énergétique d’ici à 2030 ».

Ce succès a été d’autant plus remarquable qu’il a été le fruit des efforts de la présidence émiratie, dont les qualités ont été saluées par les différentes parties 10 et qui s’était engagée pleinement dans le processus pour en faire un événement illustrant le nouveau rôle diplomatique international que les Émirats arabes unis entendaient se donner. 

Autre avancée importante, à la COP29 furent pris des engagements sur la réduction des fuites de méthane, capitalisant sur de premières annonces de la COP28 11 reliées aux textes européens associés à ce sujet 12 comme le règlement 2024/1787. Celui-ci assumait pleinement l’effet extraterritorial de l’action climatique européenne, puisqu’il imposait à ceux qui exportent du gaz naturel vers l’Europe de démontrer que le gaz est produit dans son pays d’origine selon des standards élevés de réduction des fuites de méthane.

Les résultats de la COP29 ont une importance particulière puisqu’ils touchent le secteur des énergies fossiles ; ils ont été pris postérieurement aux élections américaines.

À Belém, une COP30 sous tension

Ces différentes avancées, comme ce contexte international très particulier, placent la COP 30 à un moment charnière pour le processus climatique. Sur un plan stratégique, depuis vingt ans, les COP ont été un exercice extrêmement collégial et multilatéral, qui s’est progressivement laissé enfermer dans une dialectique Nord/Sud autour des pertes et préjudices et de questions de redistribution entre pays développés et pays les moins avancés.

Petit à petit, une « guerre de position » sur la rédaction fine des déclarations de conclusion a pris le relais sur les premiers objectifs.

Ce cycle de négociation parvient à son épuisement tactique — dont le retrait américain n’a été que le stade terminal et non l’élément déclencheur.

La COP30 doit être la « COP des prix », celle où sera bâti un consensus mondial des parties sur la mise en œuvre de systèmes de tarification du carbone.

Pierre Jérémie

Le multilatéralisme en danger : un nouveau temps des blocs ?

À l’heure où les relations commerciales sont elles aussi redevenues non plus l’objet d’un ordre international multilatéral sous l’égide de l’OMC mais de rapports entre blocs commerciaux — États-Unis, Chine, Europe, Mercosur, Inde, etc. — qui construisent un jeu stratégique d’alliances cherchant à isoler les partenaires les moins coopératifs, la même logique peut et doit prévaloir sur le plan climatique.

Il s’agit pour la première fois de discuter de bloc économique à bloc économique en assumant pleinement un jeu stratégique : les positions que prendra la COP30 et les alliances qui s’y dégageront auront une valeur certes pour leurs résultats concrets mais aussi pour ce que donneront ces alliances nouvelles dans la construction d’un ordre multipolaire.

Ce contexte implique sans doute d’intégrer plus profondément la négociation à la COP 30 avec nos intérêts économiques et commerciaux, puisque le choix européen — mécanisme d’ajustement carbone aux frontières et tarification du carbone, Pacte Vert européen — a été de lier indissolublement ces intérêts à la question climatique, en faisant de la décarbonation et de la compétitivité les deux revers de la même pièce. Dans cette perspective, les politiques publiques concrètes, leurs impacts industriels, et les rapports de force commerciaux qui s’en déduisent sont un élément du travail climatique.

Cela implique également de bâtir les dynamiques de négociation autour des alliances plus transversales qu’on souhaite nouer — vers l’Inde et le Moyen-Orient, vers l’Amérique latine via un partenariat avec le Mercosur, vers le Canada et le Royaume-Uni, etc. Il s’agit également de juger si l’on souhaite acter un isolement — comme celui des États-Unis — ou chercher à reconstruire des ponts.

Les débats à venir : une « COP des prix » et une « COP des peuples »

Sur le plan de la forme, la COP 30 peut également être le lieu d’une réaffirmation du rôle de la société civile, des ONG et des populations dans le processus climatique — thématique à laquelle l’exécutif brésilien qui porte sa présidence est de par son histoire particulièrement sensible.

Les expérimentations françaises récentes de dialogue avec la société civile en matière climatique — notamment avec la Convention citoyenne pour le climat — ont été un échec regrettable, notamment à cause d’une absence de pilotage du processus pour parvenir à des mesures concrètes acceptables.

L’Europe a cependant un rôle particulier à jouer pour faire de cette COP une « COP des peuples » ; c’est là un moyen pour elle d’empêcher les opposants réactionnaires au processus climatique de le caricaturer comme un objet « hors-sol » de diplomatie multilatérale, déconnecté des réalités concrètes et du vécu des populations.

Si, jusqu’à 2023, la France a joué un rôle essentiel dans le travail européen sur les sujets énergie-climat, l’exécutif du pays a depuis engagé un retrait très perceptible.

Pierre Jérémie

La mise en avant, dans ce cadre, de témoignages de personnes et de territoires affectés par le changement climatique et les bouleversements agricoles qu’il entraîne 13 — ce y compris sur le sol français — permet de ne pas laisser l’espace du « bon sens » et de la « vraie vie des gens qui travaillent » aux seuls opposants à l’action climatique ; la démonstration des progrès très concrets que la transition permet de réaliser dans la vie quotidienne de beaucoup y contribue de même. 

Sur le plan des résultats concrets et des « grands objets » de négociation, la COP30 doit aussi être une « COP des prix », c’est-à-dire celle où pour la première fois sera bâti un consensus mondial des parties sur la mise en œuvre, dans leurs économies, de systèmes de tarification du carbone qui font payer aux émetteurs le prix des pollutions qu’ils engendrent.

L’Article 6.4 de l’Accord de Paris ouvre une telle voie sans être explicite, et la mise en œuvre par les grands États-parties de leurs propres politiques publiques en la matière — système de quotas européen, canadien, chinois, australien déjà en place, et progrès turcs, brésiliens, japonais, coréens sur le sujet — offre les conditions de possibilité d’un compromis.

Celui-ci comporte plusieurs volets : une « taxe carbone aux frontières », l’éventuelle redistribution d’une partie des recettes associées aux États les plus affectés par le changement climatique et l’exemption de mesures pour certaines économies encore en développement 14 seront les éléments déterminants.

Un tel accord, qui lierait échanges commerciaux et action climatique, acterait le double isolement américain sur ces questions. Il consacrerait aussi le succès des politiques européennes et leur aptitude à emmener le reste du monde dans l’action climatique : le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières européen présente effectivement au plan économique cette propriété intéressante d’être proliférant, c’est-à-dire d’inciter nos partenaires à le répliquer s’ils sont rationnels.

L’accord ouvrirait ainsi la voie à un renouveau de l’action climatique ; il ferait également le lien entre « politique de la fin du monde et politique de la fin du mois », reliant l’action climatique internationale à des conséquences économiques très concrètes dans le système de prix, et à une meilleure protection de nos filières industrielles — par le mécanisme aux frontières. On réfuterait ainsi de façon définitive toute accusation de « dumping climatique ».

Parvenir à un tel succès lors des négociations qui s’ouvrent supposera de trouver une place particulière pour l’Inde, dont le rattrapage industriel est aujourd’hui pleinement engagé avec des émissions — et une dépendance aux fossiles — plus forte que la Chine — comme en témoignent les débats de fin octobre 2025 sur les sanctions contre Rosneft et Lukoil.

Sans faire participer l’Inde au dialogue, il sera pourtant impossible de trouver un accord satisfaisant.

La matrice d’une initiative française ? 

Dans ce dialogue, la France pourrait retrouver son rang.

Si, jusqu’à 2023, Paris a joué un rôle essentiel dans le travail européen sur les sujets énergie-climat, notamment pour parvenir au succès du Pacte Vert — Fit for 55 — lors d’une présidence française et pour soutenir l’accord ambitieux de la COP28, l’exécutif du pays a depuis engagé un retrait très perceptible au niveau européen.

Il procède en premier lieu de l’impuissance de l’exécutif à conduire une politique nationale. Celui-ci s’est soumis aux choix thématiques de ses partenaires de coalition parlementaire — immigration, sécurité, comptes publics, etc. — et a fait le choix de composer avec une tentation eurosceptique marquée — présente jusqu’au sein de la droite de gouvernement.

Le désengagement procède en second lieu d’un désintérêt personnel pour le sujet chez les principales figures de l’exécutif ; il découle aussi de pressions importantes du monde patronal français, lui-même en partie travaillé par l’extrême droite et sensible à un discours « réaliste » sur le climat et ouvertement europhobe 15 : de l’aveu des principaux partenaires de la France — Confindustria, BDI, BusinessEurope — son patronat est aujourd’hui le plus « dur » sur le sujet énergie-climat, alors que l’économie française est plutôt l’une des moins affectées par l’effort européen — électricité compétitive, faible poids de l’industrie lourde, etc.

En 2025, un capital considérable de crédibilité a été dépensé par les autorités françaises du plus haut niveau pour saboter à Bruxelles le processus d’élaboration des Contributions déterminées au niveau national (CDN) prévues à l’article 4 de l’Accord de Paris, alors que celui-ci fixait pour l’Europe un objectif de réduction de 90 % des émissions à l’horizon 2040. 

Alors que cet objectif était maintenu par la Commission dès le milieu du premier semestre et devait être adopté à la fin de l’été après la fin de la présidence polonaise de l’Union, la France a demandé le report du débat au Conseil européen de fin octobre, au motif allégué de négociations auprès de de la Commission sur le cadre de politiques publiques qui accompagneraient un tel objectif ambitieux — sans pour autant que les positions françaises fussent très lisibles sur le sujet.

En pratique, ces négociations n’ont pas à ce jour conduit à une position claire sur la manière de corriger les principaux défauts du Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, ou sur le déploiement des recettes du système de quotas et du budget de l’Union d’une manière permettant d’accompagner et de protéger la décarbonation profonde de l’industrie européenne, mais principalement à une dilution des objectifs — acceptation d’un quota de 5 % de crédits internationaux, contre 3 dans la proposition initiale de la Commission — et à un report de certains objets clefs 16.

L’Europe a un rôle particulier à jouer pour faire de cette COP une « COP des peuples ».

Pierre Jérémie

Cette attitude n’a jusqu’à présent pas été dénoncée publiquement, mais il s’en est fallu de très peu : lors de l’Assemblée générale des Nations Unies, elle lui a valu d’être pendant quelques heures mise au ban de la réunion de la coalition des États les plus ambitieux — High Ambition Coalition.

La France est l’État qui dès 2009 a porté les politiques de « taxe carbone aux frontières » au niveau européen 17. Elle dispose d’un système énergétique plus décarboné que ses comparables européens et de leviers​​ industriels et de politique publique indéniables en la matière. Le pays peut aussi compter sur une longue tradition diplomatique dans le jeu européen comme dans le jeu multilatéral.

Dans cette séquence, contrairement à l’Allemagne et à l’Italie, Paris dispose d’une légitimité unique. La France pourrait s’en servir pour revenir au centre du jeu.

Sources
  1. For the 2015–2024 decade average, observed warming relative to 1850–1900 was 1.24 [1.11 to 1.35] °C, of which 1.22 [1.0 to 1.5] °C was human-induced. The 2024-observed best estimate of global surface temperature — 1.52 °C — is well above the best estimate of human-caused warming — 1.36 °C — .”
  2. Théorie pure du droit, 2e édition, trad. Charles Eisenmann, Paris, Dalloz, 1962.
  3. Returning to Common Sense Energy and Climate Policies with Secretary of Energy Chris Wright, Département d’État des États-Unis, 24 septembre 2025.
  4. Conference of the Parties serving as the meeting of the Parties to the Paris Agreement, Fifth Session, Nations Unies, 13 décembre 2023.
  5. règlement 2024/1787 du 13 janvier 2024.

10.11.2025 à 06:30

La COP30 s’ouvre à Belém

Ramona Bloj

La COP30 s’ouvre aujourd’hui, 10 novembre, à Belém, au Brésil. Les parties ont jusqu’au 21 novembre pour parvenir à un accord.

Parmi les principaux sujets de discussion, l’adaptation et les ressources financières consacrées à la lutte contre le changement climatique dans les pays en développement figureront en tête de liste.

L’article La COP30 s’ouvre à Belém est apparu en premier sur Le Grand Continent.

Texte intégral (632 mots)

Dix ans après la COP21 de Paris, l’édition de Belém se présente comme une « COP de la mise en œuvre », où l’enjeu est de montrer que les engagements précédents sont concrets. 

  • Les États doivent notamment faire le point sur leurs contributions nationales (NDC) et définir une feuille de route pour combler le déficit d’ambition d’ici 2030. 
  • À la veille du début de la COP, selon Climate Watch, environ deux tiers des pays avaient soumis leurs nouveaux objectifs nationaux de réduction des émissions, qui ne couvrent toutefois que 10 % de la baisse nécessaire pour atteindre l’objectif de + 1,5 °C d’ici 2035.
  • Selon le rapport annuel « Emissions Gap » du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), la hausse de la température mondiale pourrait atteindre 2,8 °C au cours de ce siècle si seules les politiques actuelles sont mises en œuvre. Cette hausse pourrait être limitée à 2,3-2,5 °C si les engagements nationaux sont pleinement respectés 1.
  • S’exprimant lors du sommet des dirigeants mondiaux en fin de semaine passée, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a qualifié l’incapacité à rester en dessous de 1,5 °C d’« échec moral et de négligence mortelle » : « Chaque fraction de degré supplémentaire signifie davantage de faim, de déplacements et de pertes — surtout pour ceux qui en sont les moins responsables ».

Outre les capacités d’adaptation — un objectif clef est l’adoption d’une liste finale d’environ 100 indicateurs permettant de mesurer les progrès du « Global Goal on Adaptation » — la question des moyens financiers sera au centre des discussions. Les parties tenteront de faire passer les flux à destination des pays en développement à un objectif de 1 300 milliards de dollars par an d’ici 2035, selon la « feuille de route de Bakou à Belém ».

  • Le choix de Belém, à la porte de l’Amazonie, témoigne de la volonté de faire de la protection des forêts un axe central de la COP. Lula souhaite « éradiquer la déforestation d’ici 2030 ». 
  • Le Brésil propose notamment la création d’un mécanisme de rémunération des pays à couvert forestier, le Tropical Forests Forever Facility (TFFF), doté de 125 milliards de dollars (25 milliards provenant des États et 100 milliards d’investisseurs), afin d’inciter à la conservation. Des règles d’importation « sans déforestation » sont également à l’ordre du jour.
  • Le président brésilien Lula a aussi appelé à accélérer la sortie des combustibles fossiles. Toutefois, le Brésil reste le 8e producteur mondial de pétrole. Le sujet n’est pas officiellement à l’ordre du jour du sommet.

Si aucune délégation américaine ne sera présente à Belém, la politique du président américain et de son administration dominera le contexte des négociations.   

  • Donald Trump avait déclaré en septembre à la tribune des Nations unies que le changement climatique est « la plus grande escroquerie jamais perpétrée dans le monde ».
  • Selon le CAAD et l’Observatoire de l’intégrité de l’information, les contenus de désinformation liés à la COP ont augmenté de 267 % entre juillet et septembre. 
Sources
  1. Emissions Gap Report 2025, 4 novembre 2025.
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