Minuit dans le Siècle

Podcast antifasciste

Tous les mois, Ugo Palheta décortique le fascisme, non par fascination morbide pour les pires tendances de notre monde, mais pour regarder en face le danger, sans jamais séparer cette exploration de la lutte pour un autre monde. Dans « Minuit dans le siècle », on parle donc des origines du fascisme et de ses transformations, des rapports entre fascisme et police, entre fascisme et racisme ou entre fascisme et colonialisme, de la culture fasciste et des États fascistes, de la manière dont les fascistes investissent aujourd’hui le terrain de l’écologie. On explorera aussi des insurrections antifascistes du passé, des luttes qui sont menées ici et maintenant, des stratégies qui ont été et sont mises en œuvre par les mouvements antifascistes, des succès comme des échecs. Podcast produit pour Spectre.

mis en ligne le 24.05.2023 à 16:29

Nazis dans la rue, RN à l’Assemblée : c’est toute l’extrême droite qu’il faut combattre

Nouvel épisode de "Minuit dans le siècle", court et sans invité, pour aborder un point qui a beaucoup agité les médias ces dernières semaines : les agissements de la mouvance dite "ultra-droite". Attaque contre le maire de Saint-Brévin, défilé dans Paris le 6 mai, colloque de l'Action française, hommage à Dominique Venner organisé par l'Institut Iliade, marche aux flambeaux à Annecy, etc., les militants néofascistes, royalistes et ultra-réactionnaires sont à l'offensive. J'essaie dans cet épisode d'expliquer pourquoi cette catégorie d'ultra-droite est une mauvaise piste, en montrant qu'il s'agit plutôt de la frange extraparlementaire et militante d'une extrême droite qui a aussi une branche institutionnelle (le RN), avec laquelle elle partage une vision du monde. Je tente également de donner quelques éléments de compréhension concernant les fonctions de l'extrême droite extraparlementaire, et d'avancer enfin des pistes sur la riposte en abordant la question qui fâche : faut-il soutenir des dissolutions et des interdictions ?

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mis en ligne le 08.04.2023 à 14:17

Retraites : le FN/RN de Marine Le Pen, l’autre parti du capital

Le Front national devenu récemment Rassemblement national (FN/RN) a indéniablement conquis une frange de l'électorat populaire au cours des quatre dernières décennies. Pour autant, défend-il un programme favorable aux intérêts matériels des classes populaires ? Pas le moins du monde, comme on le montre dans cet épisode avec l'économiste Denis Durand. Après avoir promu des politiques violemment néolibérales pendant les deux premières décennies de son histoire, il défend depuis - avec des évolutions selon l'actualité - une variété particulière de néolibéralisme : hostile au droit de grève et aux syndicats, à la cotisation sociale (donc à la protection sociale) et aux fonctionnaires (donc aux services publics). Plus fondamentalement, le FN/RN se situe dans la continuité de toutes les idéologies d'extrême droite : en défense des hiérarchies supposées naturelles (dont la domination du patron sur les travailleur·ses) et de la liberté des capitalistes d'exploiter sans entraves (sous le faux nez de la "libre entreprise"), contre la fiscalité progressive et l'imposition forte des bénéfices des entreprises, etc. Et contrairement à une idée reçue le FN/RN ne défend nullement la retraite à 60 ans pour tou·tes à taux plein. Loin de là d'ailleurs puisqu'au vu de ses propositions, certain·es devraient attendre 67 ans pour toucher une retraite pleine. S'il prétend ainsi soutenir la mobilisation actuelle qui s'oppose à la contre-réforme des retraites, espérant profiter de l'hostilité à Macron pour se poser en alternative crédible et populaire, il n'a cessé de s'opposer au mouvement réel, notamment en dénonçant la grève reconductible et en défendant les innombrables violences policières contre les manifestant·es.

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mis en ligne le 24.02.2023 à 05:00

Face à la progression des forces ouvrières, le nazisme fut une contre-révolution

90 ans après l'arrivée de Hitler au pouvoir, le 30 janvier 1933, ce nouvel épisode de "Minuit dans le siècle" revient sur un moment historique un peu oublié mais qui contribua à électriser contre lui les forces nationalistes allemandes (dont les nazis constituaient la frange la plus extrême) : l'instauration de la République en novembre 1918, l'émergence de conseils d'ouvriers et de soldats partout dans le pays, et la possibilité réelle d'une révolution communiste. Avec l'historien Jean-Numa Ducange, autour de son livre récent "La République ensanglantée" (paru aux éditions Armand Colin), on discute également du cas autrichien, qui vit le parti socialiste le plus puissant au monde conquérir la capitale, Vienne, et la gouverner pendant plus d'une quinzaine d'années, puis être vaincu militairement par ce qu'on nomma l'austrofascisme. On essaie ainsi de comprendre comment les mouvements ouvriers les mieux organisés et les plus imposants au monde ont pu être défaits - sans combattre véritablement dans le cas allemand - par différentes variétés du fascisme, en rappelant l'origine et l'ampleur des sectarismes croisés entre socialistes et communistes qui les empêchèrent de bâtir un front uni face au danger mortel qu'ils affrontaient. Cet épisode permet ainsi d'aborder certains des débats stratégiques centraux pour l'antifascisme d'hier, mais aussi d'aujourd'hui.

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mis en ligne le 12.01.2023 à 12:27

Trajectoires du fascisme en Turquie

Le meurtre récent en plein Paris de trois membres de la communauté kurde, ainsi que la grande manifestation en l’honneur de Fidan Doğan, Sakine Cansız et Leyla Söylemez, trois militantes du mouvement kurde assassinées il y a dix ans à Paris également, réclamant qu’enfin justice soit faite, est venue rappeler la brutalité de la persécution que subissent les populations kurdes en Turquie, de la part du régime de Recep Tayyip Erdoğan, mais aussi des mouvements d’extrême droite. Avec Emre Öngün, militant franco-turc et docteur en science politique, nous revenons dans ce nouvel épisode sur les trajectoires du fascisme en Turquie. Celui-ci est principalement incarné, depuis près d’un demi-siècle, par une organisation : le MHP (parfois connu à travers son symbole, le « loup gris »). Mais il trouve ses racines intellectuelles chez Nihâl Atsiz, un écrivain qui fut proche du nazisme et qui élabora les principaux fondements idéologiques du fascisme turc. Le MHP est depuis 2015 un allié d'Erdoğan, qui se trouve lui-même engagé depuis une dizaine d'années dans un processus de fascisation marqué par une répression féroce des mouvements kurdes, l'enfermement de milliers de militant·es (notamment du HDP), la suppression de nombreux médias indépendants du pouvoir, le licenciement de centaines de milliers d'employé·es de la fonction publique n'ayant rien à voir avec la tentative de coup d'État, et plus profondément la concentration des pouvoirs dans les mains du chef, la soumission de la justice, etc. Ainsi se nouent au sein du pouvoir turc une droite conservatrice en voie de fascisation et une extrême droite fasciste ancrée dans l'histoire du pays.

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mis en ligne le 20.12.2022 à 05:00

L’ère des rebelles réactionnaires ? Plongée au coeur de l’extrémisation des droites

On invoque souvent, à raison, le déclin des gauches et du mouvement ouvrier pour expliquer la montée des extrêmes droites. Mais on ne devrait pas sous-estimer ce qui se joue depuis au moins dix ans du côté des droites traditionnelles - libérales ou conservatrices - et de leurs électorats. Après tout, Trump et le trumpisme sont apparus dans l'orbite du Parti Républicain, sur un terrain préparé par le Tea-Party, des franges de la droite radicalisées par l'arrivée au pouvoir de Barack Obama. On voyait ainsi déjà progresser ce qui se présentait comme une "droite alternative" (alt-right). Ce qui était alors embryonnaire s'est développé et a fait de Trump, Bolsonaro ou Orbán les leaders d'un combat contre le mal : un cosmopolitisme progressiste qui chercherait à détruire tous les fondements de l'ordre traditionnel. Avec Pablo Stefanoni, auteur récent du livre "La rébellion est-elle passée à droite ?" (éd. La Découverte), c'est à comprendre ces dynamiques politiques et culturelles, qui pourraient bien devenir centrales au sein des droites à l'échelle mondiale, que nous nous consacrons dans cet épisode.

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mis en ligne le 15.11.2022 à 16:56

Au coeur du nouveau militantisme féminin d’extrême droite

On n'a sans doute pas assez insisté sur le rôle de la Manif pour tous, en France, dans le renouveau des extrêmes droites, dans la radicalisation de franges de la droite conservatrice mais aussi dans la stimulation d'un nouveau militantisme féminin ancré dans la sphère des droites radicales, identitaires et néofascistes. Dans ce nouvel épisode, on discute avec Magali Della Sudda de cette question à partir de son dernier livre, intitulé "Les nouvelles femmes de droite" et paru aux éditions Hors d'atteinte. On y évoque la création de nouveaux collectifs féminins, le socle éthique et politique qui les unit mais aussi les clivages qui les séparent, notamment entre antiféminisme et "féminisme identitaire". On revient sur les trajectoires, les propriétés sociales et les aspirations politiques de ces femmes - généralement jeunes - qui font le choix de militer dans ces collectifs. On parle enfin des nouvelles stratégies, communicationnelles et militantes, qu'elles mettent en oeuvre et la manière dont elles contribuent ainsi à la bataille culturelle.

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mis en ligne le 10.10.2022 à 05:00

Aux sources du vote FN/RN (1) : la fabrique d’un « peuple de droite »

Dans ce nouvel épisode, on discute avec la sociologue Violaine Girard du vote pour l'extrême droite mais sous un angle un peu inhabituel : celui des politiques industrielles et d'aménagement urbain qui ont contribué à façonner un "peuple de droite". Dans son livre "Le vote FN au village" (éd. Le Croquant), elle montre en effet à quel point le vote pour le FN/RN doit être lu en lien avec ce qui se joue au travail mais aussi dans l'espace résidentiel. Elle insiste également sur le fait que les pouvoirs publics ont façonné une classe ouvrière conservatrice en implantant de nouvelles industries dans des territoires marqués par une faiblesse des solidarités collectives (notamment syndicales), mais ont aussi mené - sans le dire - des politiques de peuplement visant à construire ou maintenir un entre-soi blanc. Si l'éloge de la "valeur travail" et de la "méritocratie" mais aussi la stigmatisation des "assistés", de l'immigration et des quartiers populaires avaient permis à Nicolas Sarkozy de s'attirer les votes d'une partie des travailleurs·ses de ces territoires, la déception et la défiance vis-à-vis des élites politiques traditionnelles les a fait pencher largement depuis vers Marine Le Pen et l'extrême droite. On voit donc moins ici le basculement des classes populaires de la gauche vers l'extrême droite que la radicalisation d'un "peuple de droite", dans un contexte de montée des concurrences sur le marché du travail et dans l'espace résidentiel.

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mis en ligne le 19.09.2022 à 05:00

Fratelli d’Italia : qui sont les néofascistes aux portes du pouvoir ?

Le parti Fratelli d'Italia caracole en tête des sondages d'opinion pour les élections qui doivent se dérouler dans quelques jours. Giorgia Meloni, sa présidente et principale figure publique, pourrait ainsi prendre la tête d'une coalition des droites - avec Forza Italia de Silvio Berlusconi et la Lega de Matteo Salvini - et diriger le prochain gouvernement italien. Ce n'est pas la première fois que l'extrême droite figurerait dans un gouvernement, notamment en Italie, mais c'est la première fois qu'elle dominerait une coalition au pouvoir dans un des principales puissances capitalistes européennes. Avec David Broder, responsable éditorial de la revue Jacobin et historien spécialiste de l'Italie, nous revenons sur les origines, le projet et la stratégie de Fratelli d'Italia, et nous tentons de comprendre comment ce parti peut être actuellement la force dominante dans le champ politique italien. Nous nous interrogeons enfin sur ce qui pourrait déboucher d'une telle expérience, dans un pays où la gauche semble désespérément incapable de renouer un lien avec les classes populaires et d'entraver l'ascension des néofascistes.

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mis en ligne le 29.08.2022 à 05:00

Comprendre et combattre le fascisme avec Gramsci

Gramsci est devenu une icône, célébrée par tou·tes ou presque (y compris les extrêmes droites contemporaines, héritiers de ses pires ennemis politiques), réduite à quelques citations (les fameux "monstres" qui surgissent dans le "clair-obscur" de la crise), en somme une figure parfois dépolitisée, souvent privée de son tranchant politique. Ce qu'on oublie bien souvent, c'est que Gramsci fut un dirigeant du parti communiste italien, s'inscrivant dans la filiation de Lénine et de la révolution russe, enfermé par la dictature mussolinienne. Mais on oublie aussi et surtout ses apports spécifiques à la compréhension du fascisme et de la lutte pour le communisme. Avec Yohann Douet, on se propose donc dans cet épisode de vous aider à naviguer parmi les textes, les idées et les concepts de Gramsci, en soulignant à quel point elles permettent de penser le fascisme, le danger qu'il représente et les voies par lesquelles il progresse. Chemin indispensable pour nous, au regard de la montée des extrêmes droites, en France et dans le monde.

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mis en ligne le 07.06.2022 à 05:00

Peste brune et greenwashing : vers l’écofascisme ? (partie 2)

Dans ce nouvel épisode, on continue avec Pierre Madelin notre série sur l'écofascisme, et plus largement sur les rapports entre les extrêmes droites et l'écologie. Pour mieux combattre les écologies identitaires, qui ne se réduisent pas à une simple tactique électorale mais renvoient à une vieille préoccupation d'une certaine extrême droite, pour mieux montrer l'impasse dans laquelle ces écologies nous enferment, il faut comprendre la manière dont les néofascistes pensent l'environnement, s'approprient la question du climat, élaborent des arguments et popularisent des solutions (qui n'en sont pas). À rebours des logiques xénophobes et racistes qu'elles promeuvent, Pierre Madelin plaide pour une refondation internationaliste de l'écologie, montrant en particulier qu'il n'y a rien de contradictoire à défendre la solidarité avec les exilé·es et l'attention portée aux territoires.

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