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L’OBSERVATOIRE DE L’ANTHROPOCÈNE est un outil de documentation et d’information sur des thématiques diverses (énergie, climat, ressources, risques systémiques, biodiversité,…) permettant une meilleure compréhension de notre époque et des contraintes qui pèsent sur l’avenir de nos sociétés. .

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15.04.2024 à 12:35
oamaster
Texte intégral (1162 mots)
Xavier Fettweis (*)

Pour la première fois depuis l’ère préindustrielle (1850-1900), le fameux seuil de +1.5°C a été atteint ou presque (+1.48°C signalé par Copernicus (*) à l’échelle globale pulvérisant le précédent record (2017) de +0.17°C. Depuis juillet 2023, c’est en fait tous les jours ou presque que la température bat les précédents records journaliers avec des anomalies à l’échelle globale atteignant parfois les +2°C ces derniers mois. Enfin, la hausse du niveau des mers a fait un « bond » en 2023 en augmentant de presque un facteur deux par rapport aux précédentes années. Si une telle accélération de la hausse du niveau marin a été observée, ce n’est pas à cause d’une fonte subite des calottes polaires mais, à cause de l’expansion thermique des océans qui se sont « subitement » réchauffés en 2023. En Atlantique Nord par exemple, la température de surface a augmenté de +0.4°C par rapport à 2022 alors qu’elle n’avait quasiment plus évolué sur la période 2020-2022. Mais pourquoi un tel emballement des températures des océans, en particulier de l’Atlantique et Pacifique Nord ?

Tout d’abord, il est évident que ces anomalies climatiques sont une conséquence directe du réchauffement global en cours (attribué sans équivoque aux activités humaines par le GIEC). Alors qu’on suivait la médiane des modèles du climat du GIEC depuis quelques années, 2023 sort du lot en atteignant maintenant le percentile 20 % des 30 modèles globaux considérés ici. Selon la médiane des modèles pour le scénario SSP370 (trajectoire +3°C), une anomalie de +1.5°C n’était pas prévue avant 2030 ce qui suggère que d’autres facteurs que le réchauffement climatique ont impactés la hausse des températures en 2023.

Parmi ces autres facteurs, citons d‘abord l’événement El Niño en cours depuis le printemps 2023 empêchant les eaux froides de remonter en surface dans le Pacifique Sud mais expliquant à priori uniquement l’anomalie positive à l’ouest de l’Amérique du Sud.

Comme autre facteur naturel qui pourrait avoir impacté la température, il y a l’éruption du Volcan Tonga (toujours dans le Pacifique Sud) en Janvier 2022 qui a propulsé dans l’atmosphère une importante quantité d’eau qui, rappelons-le, est le gaz a effet de serre le plus puissant. Toutefois, les volcans ont aussi un rôle refroidissant en émettant des aérosols qui vont réfléchir les rayonnements du soleil et favoriser la formation de nuages réfléchissant eux aussi les rayons du soleil. Dans le cas du volcan Tonga, l’effet réchauffant de la vapeur d’eau serait plus fort que celui des aérosols mais tout le monde ne semble pas d’accord sur ce sujet. Sachant que le temps de résidence de la vapeur d’eau et des aérosols émis dans l’atmosphère est à priori inférieur à 1 an, on peut donc supposer qu’il aurait jouer un rôle mineur dans les anomalies de température observées en 2023.

Pour expliquer le réchauffement de l’Atlantique Nord qui n’a jamais été aussi chaud à l’échelle journalière depuis mars 2023, une nouvelle législation dans le transport maritime en 2020 qui a réduit drastiquement la teneur en soufre des carburants des bateaux est souvent pointée du doigt. Ces aérosols de soufre (nocifs pour la santé), comme ceux des volcans, atténuaient le réchauffement des océans jusqu’à maintenant. Même si cela ne fait aucun doute qu’avec moins d’aérosols au-dessus des océans, plus de soleil arrive maintenant à la surface des océans qui se réchauffent donc d’avantage, la diminution de ces aérosols aurait toutefois un impact global d’au plus +0.05°C (*) et ne pourrait donc pas expliquer à elle seule le réchauffement de l’Atlantique Nord et du Pacifique Nord. Notons toutefois que le rôle des aérosols sur la formation de nuages bas est très difficile à évaluer par les modèles du climat car cela fait intervenir des processus sous-maille très dépendants des paramétrisations utilisées dans les modèles, qui pourraient donc sous-estimer leur rôle refroidissant.

Enfin, sachant que le ralentissement observé (*) de la circulation thermohaline (MOOC en anglais) devrait plutôt atténuer le réchauffement de l’Atlantique Nord que l’accélérer, il est aussi possible qu’une rétroaction positive mal prise en compte dans les modèles emballe le réchauffement de l’Atlantique Nord ou alors, que cette accélération du réchauffement n’est que le résultat de la variabilité naturelle du climat liée à l’Oscillation Atlantique Multi-décennale par exemple. L’année 2024 sera donc particulièrement intéressante à surveiller pour vérifier i) si ce réchauffement des océans s’accélère ce qui suggérerait que les modèles sous-estimeraient le réchauffement global ou, ii) au contraire, si on revient dans des conditions plus normales sachant qu’on sera cette année en mode « La Niña » (anomalie froide dans le Pacifique Sud). Dans tous les cas, même s’il y a encore beaucoup d’incertitudes, tout ceci montre que les projections futures ne sont certainement pas trop pessimistes comme beaucoup le pensent mais au contraire, elles sont la fourchette basse de ce qui nous pourrait nous attendre si on ne stoppe pas nos émissions de gaz à effet de serre.


Documentation : mers et océans


10.04.2024 à 12:21
oamaster
Texte intégral (1314 mots)

Le dixième record de chaleur mensuel consécutif inquiète et déconcerte les climatologues

Si l’anomalie ne se stabilise pas d’ici le mois d’août, « le monde se retrouvera en territoire inconnu », déclare un expert du climat

Jonathan Watts

Traduction Deepl Josette – The Guardian

Un mois de plus, un nouveau record de chaleur à l’échelle mondiale qui laisse les climatologues perplexes, espérant qu’il s’agit d’un phénomène lié à El Niño et non d’un symptôme d’une santé planétaire plus mauvaise que prévu.

Les températures à la surface du globe en mars étaient supérieures de 0,1 °C au précédent record pour ce mois, établi en 2016, et de 1,68 °C à la moyenne préindustrielle, selon les données publiées mardi par le Copernicus Climate Change Service.

Il s’agit du dixième record mensuel consécutif dans une phase de réchauffement qui a pulvérisé tous les records précédents. Au cours des 12 derniers mois, les températures mondiales moyennes ont été supérieures de 1,58 °C aux niveaux préindustriels.

Ce chiffre dépasse, du moins temporairement, le seuil de 1,5 °C fixé comme objectif dans l’accord de Paris sur le climat, mais cet accord historique ne sera considéré comme violé que si cette tendance se poursuit à l’échelle d’une décennie.

Le Met Office britannique a précédemment prédit que l’objectif de 1,5 °C pourrait être dépassé sur une période d’un an et d’autres organisations de surveillance du climat ont déclaré que les niveaux actuels de réchauffement restaient dans les limites prévues par les modèles informatiques.

Toutefois, la forte augmentation des températures au cours de l’année écoulée a surpris de nombreux scientifiques et suscité des inquiétudes quant à une éventuelle accélération du réchauffement.

Diana Ürge-Vorsatz, l’une des vice-présidentes du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) des Nations Unies, a noté que la planète s’est réchauffée à un rythme de 0,3 °C par décennie au cours des 15 dernières années, soit près du double de la tendance de 0,18 °C par décennie observée depuis les années 1970. « Est-ce dans la fourchette de la variabilité climatique ou le signal d’un réchauffement accéléré ? Je crains qu’il ne soit trop tard si nous attendons de voir », a-t-elle tweeté.

Gavin Schmidt, directeur de l’Institut Goddard d’études spatiales de la NASA, a noté que les records de température sont battus chaque mois de 0,2°C. « C’est une leçon d’humilité et un peu d’inquiétude que d’admettre qu’aucune année n’a autant déconcerté les capacités de prévision des climatologues que 2023 », a écrit le successeur de Jim Hansen dans un récent article publié dans la revue Nature.

M. Schmidt a énuméré plusieurs causes plausibles de l’anomalie : l’effet El Niño, la réduction des particules de dioxyde de soufre refroidissantes due aux mesures antipollution, les retombées de l’éruption volcanique Hunga Tonga-Hunga Ha’apai de janvier 2022 à Tonga, et l’intensification de l’activité solaire à l’approche d’un maximum solaire prévu.

Toutefois, sur la base d’analyses préliminaires, il a déclaré que ces facteurs n’étaient pas suffisants pour expliquer l’augmentation de 0,2 °C. « Si l’anomalie ne se stabilise pas d’ici le mois d’août – ce qui est une attente raisonnable si l’on se réfère aux événements El Niño précédents – le monde se retrouvera en territoire inconnu. Cela pourrait signifier que le réchauffement de la planète modifie déjà fondamentalement le fonctionnement du système climatique, bien plus tôt que les scientifiques ne l’avaient prévu ».

Le cœur du problème – les émissions de combustibles fossiles – est bien connu et largement incontesté par la communauté scientifique. Une enquête portant sur près de 90 000 études liées au climat montre qu’il existe un consensus à 99,9 % sur le fait que l’homme modifie le climat en brûlant du gaz, du pétrole, du charbon et des arbres.

« Pour arrêter le réchauffement, il faut réduire rapidement les émissions de gaz à effet de serre », a déclaré Samantha Burgess, directrice adjointe du Copernicus Climate Change Service.

Michael E. Mann, le scientifique dont le « graphique de la crosse de hockey » de 1999 a montré la forte augmentation des températures mondiales depuis l’ère industrielle, a déclaré que les tendances actuelles étaient prévisibles compte tenu de l’augmentation continue des émissions. Mais il a ajouté que cela ne devait pas être une source de réconfort. « Le monde se réchauffe AUSSI VITE que nous l’avions prédit, et c’est déjà assez grave », a-t-il tweeté.

Ce n’est pas la science qui s’oppose à ce point de vue, mais l’industrie des combustibles fossiles – en particulier les 57 entreprises responsables de 80 % des émissions – qui risque de perdre des milliers de milliards de dollars. Le mois dernier, le directeur général de Saudi Aramco, Amin Nasser, a été applaudi lors d’une conférence de l’industrie pétrolière à Houston pour avoir déclaré : « Nous devrions abandonner l’idée d’éliminer progressivement le pétrole et le gaz ». Cette déclaration a été faite alors que son pays et d’autres avaient accepté, quatre mois auparavant, de renoncer aux combustibles fossiles lors du sommet sur le climat de la Cop28 à Dubaï.



03.04.2024 à 09:31
oamaster
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ObsAnt.eu

Le dimanche 9 juin 2024, se dérouleront les élections européennes, fédérales et régionales belges.

L’Observatoire de l’Anthropocène vous aide à participer aux différents débats qui animent ces dernières semaines avant le scrutin.

Deux outils ont été mis en ligne

Juin2024.eu

Sur ces pages, nous collationnons pour vous des références d’articles, de propositions, de mémos et d’informations concrètes. Plus de 200 références.

Un blog reprend des articles en lien avec cette actualité.

En consultant ces pages, mises à jour régulièrement, vous aurez un aperçu des initiatives alternatives aux programmes des partis déjà représentés dans les différents parlements.

https://obsant.eu/juin-2024-blog/

Le Parti climat

Quelles pourraient être les propositions prenant réellement en compte les urgences écologiques et climatiques ?

Comment faire entrer notre société dans le cadre d’une trajectoire sociétale compatible avec les contraintes énergétiques et environnementales ?

Le Parti Climat – projet porté par l’Observatoire de l’Anthropocène – vous propose de retrouver les idées, propositions, programmes, mémorandums, contributions issus d’associations ou de particuliers sur les thèmes de l’écocide, du climat, de l’environnement, la biodiversité et la santé.

Avec le Parti Climat, il vous est possible de participer en proposant – individuellement ou collectivement – vos idées pour une société plus résiliente.

https://obsant.eu/parti-climat/

Un Agenda alternatif est également mis à votre disposition :

https://obsant.eu/events/

Une démocratie, c’est aussi la richesse des débats citoyens.

N’hésitez pas.



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