Alexia Soyeux
(337 mots)
Sofia Kabbej est chercheuse au sein du Pôle Climat, énergie et sécurité de l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques. Elle travaille sur les impacts sécuritaires du changement climatique, et étudie également la géo-ingénierie du climat, un sujet aux contours flous encore peu évoqué en France, mais qui génère déjà de gros investissements.
La géo-ingénierie correspond à l’ensemble des techniques mises en œuvre afin de corriger les effets de la pression humaine sur l’environnement. On distingue deux grandes familles : celle qui agit sur les causes du réchauffement, c’est à dire la concentration de CO2 dans l’atmosphère ; et celle qui agit sur les conséquences du réchauffement, c’est à dire l’augmentation de la température moyenne. On parle ici de “gestion du rayonnement solaire”, avec des techniques qui visent à modifier la quantité de soleil reçue par la Terre.
Face à l’échec des politiques de réduction des émissions, et à mesure que la dérive climatique s’accélère, le discours d’apprenti sorcier de la géo-ingénierie semble gagner de l’importance, mais suscite le débat et la controverse. En effet, les risques politiques, scientifiques et sociaux associés à ces techniques sont nombreux et donnent le vertige.
Par ailleurs, en concentrant le débat sur l’enjeux climatique et en faisant miroiter des solutions miracles, on néglige les autres limites planétaires (telle que la biodiversité, les pollutions ou l’acidification des océans) tout en maintenant le statut quo du capitalisme fossile.
Qui investit dans la géo-ingénierie ? Quelles sont les techniques les plus étudiées ? Quels risques, quelle gouvernance, et quelle bataille des idées se joue ?
Entretien enregistré le 3/2/2022
Approfondir :
https://www.presages.com/blog/2022/sofia-kabbej
Suivre Sofia Kabbej sur Twitter : https://mobile.twitter.com/kabsofia
Rapport REAGIR “Réflexion systémique sur les enjeux et méthodes de la géo-ingénierie de l'environnement” :
https://anr.fr/fileadmin/documents/2016/Rapport-final-ARP-REAGIR-mai-2014.pdf
Alexia Soyeux
(447 mots)
Comment s’articulent les luttes LGBTQI+ et les questions écologiques ?
Pourquoi peut-il être compliqué de militer en tant que queer dans le milieu écolo, notamment en France ?
Quel enrichissement des perspectives politiques les luttes LGBT peuvent-elles apporter à l’écologie ?
Comment dépasser la conception mythifiée d’une nature binaire et l’essentialisation des rapports sociaux ?
---
Cy Lecerf Maulpoix est journaliste et militant, engagé pour la justice climatique et dans les luttes LGBTQI+
Il est l’auteur du livre Écologies déviantes, dans lequel il étudie l’articulation des luttes LGBT et des questions écologiques.
Quels sont ces liens entre ces deux thématiques que l’on n’a pas l’habitude de penser ensemble a priori ?
De plus en plus de personnes queer s’engagent au sein du mouvement écolo, mais peuvent peiner à y trouver leur place, du fait des mécaniques sexistes et virilistes qui y existent comme ailleurs.
Pourtant, nous verrons que les personnes LGBT peuvent avoir des vulnérabilités spécifiques aux impacts de la crise climatique, du fait de leur plus grande précarité et de leur marginalisation, mais également parce qu’en cas de gestion de catastrophe, la vision hétéronormée qui domine privilégie les familles et les personnes cisgenres.
Si on observe depuis quelques temps une prise de conscience de la nécessité de penser ensemble les différentes discriminations systémiques et les questions écologiques, on assiste en même temps à une montée en puissance d’une forme d’écologie réactionnaire, ancrée aussi bien à droite qu’à gauche.
En effet, on retrouve aussi bien au sein de l’écologie intégrale catholique qu’au sein de la pensée technocritique ou décroissante la conception figée d’une « Nature » constituée de lois et de limites, au sein de laquelle l’hétérosexualité et la binarité homme/femme sont la norme.
L’homosexualité et les transidentés peuvent ainsi être catégorisées comme "contre-nature », et l’argument écologique s’associe à la critique de la technologie pour légitimer plus ou moins frontalement l’exclusion et les violences à l’égard des personnes « déviantes ».
Face à ces constats, l’ouvrage Écologies déviantes propose un parcours parmi des figures et des mouvements passés et présents, afin d’enrichir les perspectives politiques et de recomposer les luttes en prenant en compte la diversité des expériences.
--
Entretien enregistré le 4/11/2021
Approfondir
Ecologies déviantes, édition Cambourakis
https://www.cambourakis.com/tout/sorcieres/ecologies-deviantes/
Mediapart - Cy Lecerf Maulpoix : « La lutte climatique demeure encore très blanche et hétérocentrée »
https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/240721/cy-lecerf-maulpoix-la-lutte-climatique-demeure-encore-tres-blanche-et-heterocentree?onglet=full
Alexia Soyeux
(381 mots)
Faut-il en finir avec la civilisation ?
Qu’est-ce le courant de pensée primitiviste ?
Existe-t-il une rupture fondamentale expliquant l’origine de la crise écologique ?
Les sociétés de chasseurs-cueilleurs étaient-elles exemptes de rapports de domination ?
Ce sont les questions abordées avec Pierre Madelin, avec qui l’on parle aussi des définitions, des racines et des risques de l’écofascisme.
-
Pierre Madelin est traducteur et auteur. Son dernier livre, Faut-il en finir avec la civilisation ? (Ecosociété), propose une analyse des courants de pensée « primitivistes » et hostiles à l’idée de « civilisation ». Ce courant soutient l’idée que le désastre écologique global trouverait sa source au néolithique, lorsque les humains renoncent au mode de vie chasseur-cueilleur et mettent en place la domestication. Cette rupture serait à l’origine de la domination sous toute ses formes ; la domestication étant ainsi conçue comme la matrice de toutes les dominations.
Bien que ces sensibilités à proprement parler soient très peu répandues, on en retrouve certaines idées chez des auteurs tels que Yuval Noah Harari ou Jared Diamond, ainsi qu’au sein de mouvements écologistes, anarchistes et féministes, qui interrogent l’origine de la violence et de la domination, et l’imbrication entre la domination de la nature et les hiérarchies sociales (de classe, de genre et de race).
Pierre Madelin entreprend ainsi de démêler les faits et les mystifications quant aux sociétés de chasseurs-cueilleurs. Car, si elles n’étaient pas structurées autour de l’État ou de la productivité capitaliste, elles furent en réalité bien loin de sociétés idéales faites d’égalité, de non-violence et d’harmonie.
Dans la deuxième partie, nous parlons de son article sur l’écofascisme, pour tenter d’en donner des définitions, et en comprendre les origines idéologiques et les dangers.
-
Entretien enregistré le 10/10/2021
-
Approfondir
Présages : https://www.presages.fr/blog/2021/pierre-madelin
Faut-il en finir avec la civilisation ? Primitivisme et effondrement, Editions Ecosociété
https://ecosociete.org/livres/faut-il-en-finir-avec-la-civilisation
Ballast : Pierre Madelin : « Il existe des possibilités réelles de désertion »https://www.revue-ballast.fr/pierre-madelin-il-existe-des-possibilites-reelles-de-desertion/
Terrestres - La tentation éco-fasciste : migrations et écologie, Pierre Madelin https://www.terrestres.org/2020/06/26/la-tentation-eco-fasciste-migrations-et-ecologie/
Alexia Soyeux
(212 mots)
Valérie Masson-Delmotte est paléoclimatologue, directrice de recherche au CEA, membre du haut conseil pour le climat, et co préside depuis 2015 le groupe 1 du GIEC.
Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, créé en 1988, évalue l’état des connaissances sur l’évolution du climat, ses causes, ses impacts. Le GIEC ne produit donc pas de nouvelle recherche, mais synthétise l’état des connaissances à partir de la littérature scientifique, afin de fournir un socle de connaissance précis et pertinent pour éclairer la prise de décision.
Le groupe I travaille sur les bases physiques du climat et analyse les climats passés, présents et futurs. Il établit différents scénarios possibles en fonction des émissions de gaz à effet de serre émises par l’humanité. La contribution du groupe I au 6ème rapport du GIEC est paru début aout 2021.
Personnalité incontournable du monde scientifique, Valérie Masson-Delmotte communique inlassablement sur les enjeux climatiques avec calme, précision et bienveillance.
Nous avons parlé du processus d’élaboration du rapport, de ses points clés, du rôle et de l'utilité du GIEC, et du sentiment de responsabilité qui l’anime.
enregistré le 10/09/2021
Suivre Valérie Masson-Delmotte : https://twitter.com/valmasdel
Approfondir : https://www.presages.fr
Bon Pote
Actu-Environnement
Amis de la Terre
Aspas
Biodiversité-sous-nos-pieds
Bloom
Canopée
Décroissance (la)
Deep Green Resistance
Déroute des routes
Faîte et Racines
Fracas
F.N.E (AURA)
Greenpeace Fr
JNE
La Relève et la Peste
La Terre
Le Lierre
Le Sauvage
Low-Tech Mag.
Motus & Langue pendue
Mountain Wilderness
Negawatt
Observatoire de l'Anthropocène