Le samedi 21 septembre, à 6h30, des militant.es des collectifs Extinction Rebellion et Stop Croisières ont bloqué la passe nord du grand port maritime de Marseille sur des canoës pour dénoncer la destruction du patrimoine maritime par l’industrie de la croisière.
Le blocage des 3 paquebots MSC World Europa, AIDAstella et Costa Smeralda a duré 2h avant que les militant.es ne soient évacué.es par les forces de l’ordre. Sur les 20 personnes interpellées, toutes ont été relâchées en début d’après-midi.
Cette action s’inscrit dans la série d’actions menées cet été par le collectif Européen ECAN, avec une campagne ayant mené des actions menées dans 20 villes portuaires.
Par cette action, les collectifs dénoncent le détournement du littoral, patrimoine maritime commun, pour une activité privée de loisirs et l’enrichissement de quelques-uns, le bénéfice économique étant capté par les compagnies de croisières et non par la ville, au détriment de la santé des riverain.es, de l’environnement et de la mer. Le littoral, riche de par l’air marin et frais qu’il pourrait apporter, devient de plus en plus une source de nuisances pour les marseillais.es, apportant particules fines, suies et maladies pulmonaires.
Extinction Rebellion et Stop Croisières s’opposent à la place croissante que prend le tourisme de croisière dans la ville de Marseille et dans son port. Avec 2.5 millions de croisiéristes reçus en 2023 (1 million de plus que l’année précédente) contre 1.5 millions de passagers de ferrys, le port de Marseille est devenu avant tout un port de croisières. Aucune réflexion collective n’a été mise en place et les marseillais.es n’ont pas eu leur mot à dire sur cette évolution.
Cet été a été le plus chaud jamais enregistré, les canicules marines se répètent, avec une mer Méditerranée à 30 degrés en surface étouffant les créatures marines et les catastrophes naturelles devient de plus en plus fréquentes (incendie géant aux portes d’Athènes et à Madère, records de température en arctique). Malgré les appels répétés à la sobriété du secrétaire général de l’ONU, malgré l’indéniable et urgent besoin de réduire nos impacts sur la biodiversité et le climat, l’industrie des croisières poursuit sa course aux excès. Toujours plus, toujours plus grand, toujours plus extravagant.
Stop Croisières et Extinction Rebellion appellent à penser dès maintenant la planification de la fin des croisières, pour accompagner la reconversion du port vers des activités utiles socialement en préservant les emplois, à rediriger les projets d’électrification des quais vers les ferrys et le chantier naval, à renoncer au projet de nouveau terminal d’accueil de croisières de luxe au J4 et à une communication ouverte et transparente sur les impacts sanitaires et environnement de l’industrie des croisières.
Profitons des Journées Européennes du Patrimoine, mettant cette année le patrimoine maritime à l’honneur, pour penser collectivement comment valoriser ce patrimoine commun. Souhaitons-nous en faire un objet de consommation ou un lieu de vie et d’hospitalité ? Comment préserver la richesse de ce bien commun, et en imaginer un partage qui ne mette pas en péril la santé des un.es pour l’enrichissement d’une poignée d’autres ?
Depuis le weekend Marseillais (lire notre article), qui a été très riche de rencontre et d’échanges, certains collectifs ont pris le slogan « Stop Croisières Everywhere » au pied de la lettre. Et pour montrer que ce problème doit trouver des réponses à l’échelle de l’Europe, nous avons enchaîné cet été les actions conjointes !
Le 1er juin a été l’officialisation du Wolrd Anti-cruises Day qui aura lieu chaque année le premier samedi de juin.
Ce jour-là ont eu lieu des actions visuelles et des manifestations dans 13 villes portuaires en Allemagne, en Espagne, aux Pays-Bas, en Italie et en France sous le même slogan « Cruises not here not anywhere ! »
Dans la foulée, une « cruise poursuit » a été lancée contre le bateau Azamara Quest, qui proposait une croisière de 35 jours en Europe. Les passagers de cette croisière de luxe ont bien du recevoir le message « stop sinking the climate » qui leur a été adressé sur tous les tons (en voiliers et canoës, en fanfare, en tapis rouge) dans 7 des ports Français où ils ont accosté : Marseille, Bordeaux, la Rochelle, Nantes, Brest, Saint-Malo et Cherbourg. Article détaillé sur notre site.
Le 6 juillet, les activistes ont pris les rames : des actions de blocage ont eu lieu simultanément en France et en Allemagne. Ce jour-là, le Seven Seas Voyager a fait demi-tour devant les militants et renoncé à son escale à Concarneau, et deux bateaux de croisières ont été bloqués dans la baie de Kiel.
Le 18 août, un blocage d’écluse a interrompu la traversée d’un navire de croisières de 293,2 mètres de long pour 39,8 mètres de large navigant sous pavillon des Bahamas, le Serenade of the Seas, qui se rendait à Amsterdam. Des actions se sont poursuivies aux portes de la ville pendant plusieurs semaines, tant et si bien que le « Sidney Dream » a renoncé à son escale dans la capitale le 6 septembre.
Le 21 septembre, Stop Croisières et Extinction Rebellion Marseille ont bloqué l’entrée au port de 3 bateaux de croisières. Plus d’informations dans notre article dédié.
Ainsi, les activistes se lancent à la poursuite de ce bateau, c’est Marseille qui ouvre le bal !
Tôt vendredi 24 mai, le navire a été « accueilli » par le collectif Stop Croisières à grand renfort de cornes de brumes. Les croisiéristes sont descendus de leurs cabines et ont pu voir les messages portés par les embarcations des militant.e.s.
C’est dans un luxe débridé et une irresponsabilité totale que l’Azamara Quest navigue sur toutes les mers. Ce bateau visite jusqu’aux pôles Nord et Sud, invitant ses voyageurs à observer la fonte des glaces et la disparition de la banquise à laquelle il contribue…
Pour la croisière autour de l’Europe, il réalisera un voyage d’environ 4000 miles marins, et émettra 1940 tonnes de CO21 uniquement pour la consommation de carburant. Cela représente 3 tonnes de CO2 par croisiériste pour un seul voyage, tandis qu’il ne faudrait pas dépasser les 2 tonnes par personne et par an pour respecter les Accords de Paris d’ici 2050. Et cela sans compter les biens consommés à bord et le fait que la majorité de croisiéristes font l’aller-retour en avion.
Déconnectés des enjeux écologiques et de la réalité du dérèglement climatique, les 10% les plus riches sont responsables d’un quart des émissions de la France. Quant aux 1% des plus riches dans le monde (77 millions de personnes), ils représentent 16% des émissions mondiales liées à la consommation en 20192. Les plus riches sont ceux qui polluent le plus et qui subissent le moins durement les conséquences du changement climatique.
Outre son impact climatique, ce bateau pollue la mer et l’air, en échappant aux législations sociales et environnementales.
Comme de nombreux autres navires, la compagnie exploitant l’Azamara Quest a choisi de l’équiper de scrubber : afin de se conformer aux réglementations actuelles sur la pollution de l’air tout en continuant d’utiliser du fioul marin peu raffiné et à bas coût, il utilise ces « laveurs de fumées » qui permettent de transférer la pollution de l’air directement dans la mer en rejetant des eaux très acides et chargées en métaux lourd et hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP). Bien loin du faste et du verdissement affichés pour attirer la clientèle, cette pollution invisible constitue une grave atteinte à la biodiversité marine3.
Par ailleurs, le scrubber ne limite que la concentration en dioxydes de souffre et pas les particules fines et les autres polluants qui se trouvent dans la partie respirable de l’air : avec ou sans scrubber, les concentrations de particules inhalables sont pratiquement identiques4.
De plus, bien que la compagnie qui exploite le navire soit américaine, celui-ci est immatriculé à Malte, l’un des quatre principaux pavillons de complaisance permettant aux armateurs d’échapper aux législations sur le travail, à l’impôt, aux contrôles environnementaux.
Aussi, Stop Croisières Marseille, le collectif ECAN et Extinction Rebellion dénoncent ce tourisme mortifère et demandent :
Nous demandons une consultation citoyenne concernant le projet de terminal de croisières de luxe sur l’esplanade du J4. Le projet consiste en un bâtiment de 1000 m2 et d’une hauteur maximale de 11m avec l’objectif d’accueillir 100 escales par an5.
En effet, étant donné les très nombreuses incidences de ces bateaux sur l’environnement, notre cadre de vie, notre santé, nous estimons qu’il est grand temps de commencer à limiter cette activité plutôt que d’encourager sa croissance. En outre, cet aménagement sur un espace public pour les loisirs d’une minorité ultra-fortunée est à questionner.
1 Selon la base de données Thetis MRV, ce bateau émet 486 kg de CO2/miles
2 Oxfam : les 1 % les plus riches émettent autant de CO2 que deux tiers de l’humanité,
3 « Assessment of possible impacts of scrubber water discharges on the marine environment ». Consulté le: 2 décembre 2023. [En ligne]. Disponible sur : https://www2.mst.dk/Udgiv/publications/2012/06/978-87-92903-30-3.pdf
4 Ralf Zimmermann, directeur de recherches à l’université de Rostock
5 https://mesinfos.fr/provence-alpes-cote-d-azur/marseille-rccl-et-alfonso-femia-vont-realiser-la-gare-maritime-du-j4-119776.html
Après la construction du réseau européen anti-croisière à Venise en septembre 2022, après une nouvelle rencontre donnant naissance au manisfeste du réseau à Barcelone en avril 2023, puis à un nouveau rendez-vous vénitien au Camp Climat de sept 2023
Les 9 et 10 mars 2024, 18 collectifs engagés dans la lutte contre les bateaux de croisières se sont réunis à Marseille. Intitulée “Stop Croisières Everywhere”, cette rencontre est la première de cette ampleur en Europe. Elle a permis de rassembler, pendant deux jours, une trentaine de militant.es venu.es d’Allemagne, d’Espagne, de France, de Grèce, d’Italie, du Royaume-Uni et des Pays-Bas.
Liste des 18 collectifs (8 français et 10 européens) présents les 9 et 10 mars 2024 à Marseille
Convaincus que la lutte contre cette industrie délétère se joue autant à l’échelle locale qu’à l’échelle européenne, les collectifs ont travaillé sur l’élaboration d’un agenda commun de revendications et d’actions. Pour Stop Croisières Marseille, organisateur de l’événement, “l’objectif de cette rencontre était aussi de démontrer qu’un peu partout en Europe, des collectifs de citoyen.es se mobilisent pour dénoncer les ravages de l’industrie de la croisière. Nous constatons toutes et tous les mêmes problèmes, subissons les mêmes nuisances de ces bateaux de croisière gigantesques dans nos villes.”
“Nous avons donc décidé d’unir nos forces pour lutter ensemble contre ces bateaux de croisière, synonymes de catastrophes écologiques et sociales. À ce jour, à Marseille comme ailleurs, aucune politique publique n’est sérieusement envisagée pour en contrer les méfaits et les villes continuent d’accueillir quotidiennement ces navires aux impacts absolument désastreux pour le climat, l’environnement et la santé. Il est urgent que cela change.”
Un Manifeste conjoint aux différents collectifs réunis, a été rendu public à cette occasion, les organisations participantes appelant à “des actions politiques qui tendent à supprimer l’activité des croisières, à promouvoir des alternatives économiques moins polluantes dans les territoires affectés, à une meilleure réglementation environnementale du secteur maritime ainsi qu’à une sensibilisation générale de la population.”
La rencontre à Marseille marque par ailleurs l’élargissement de l’European Cruise Activist Network (ECAN), coalition des mouvements anti-croisières fondée en 2022 à Venise, par No Grandi Navi Venezia (Venise), Stop Croisières (Marseille), Comissió ciutat port València (Valence), Plataforma contra els mega creuers Mallorca (Mallorque), Stop Creuers Barcelona (Barcelone), Stop Creuers Tarragona (Tarragone), Ecoloxistas en Acción Rías Baixas e Coruña (La Corogne) ou encore Mar de Fábula (Galice), rejoints par de nouveaux collectifs ce weekend.
Stop Croisières en a aussi profité pour passer son argumentaire en outil de médiation ludique, un carnet de coloriage et quiz, édité dans toutes les langues de nos invités : Français – English – Deutsch – Español – Italiano – Greek (à imprimer en livret A4)
Après avoir participer à la manif féministe du 8 mars pour celleux arrivés la veille, le local de Sud Solidaire accueille nos retrouvailles et rencontres. Chacun prépare l’affiche permettant de présenter à toustes de son collectif, avant un temps presse qui permettra aux groupes de témoigner de la situation dans leurs ports respectifs. S’en suit un échange de drapeaux symbolique pour sceller l’alliance, puis des travaux en atelier pour s’accorder sur les messages communs à porter aux décideurs dans les prochains mois.
Tables rondes publiques sur la soutenabilité du tourisme, les alliances à construire et les fausses solutions avancées par l’industrie des croisières.
Puis balade dans Marseille jusqu’à la mer, et photo pour dénoncer l’impact climatique de l’utilisation du GNL et de ses fuites de méthane par les bateaux de croisière, bien plus responsable de cette pollution que les vaches.
Reporterre
https://reporterre.net/Marseille-Barcelone-Venise-Ils-s-unissent-contre-la-pollution-des-croisieres
Maritima
France 3
France bleu
La Provence
La Marseillaise
https://www.lamarseillaise.fr/societe/stop-cruise-une-vague-qui-gagne-l-europe-BI15599697
Le Parisien
Primitivi
https://www.primitivi.org/ (à venir)
Pour la seconde fois, Stop Croisières a reçu l’invitation de nos camarades italiens de No Grandi Navi, au Venise Climate Camp. Souvenirs de l’édition précédente ici.
Une première rencontre lors de l’édition précédente, en sept 2022, avait permis une grande table ronde sur les croisières, réunissant en particulier des luttes de Venise bien sûre, mais aussi Barcelone et Marseille. Cet échange fructeux avait permis le lancement d’un réseau européen anti-croisières, baptisé ECAN, pour European Cruise Activist Network, suivant l’exemple du réseau internationnal GCAN, pour Global Cruise Activist Network.
Il s’agit donc des 3ème rencontres du réseau, après celle du Venise Camp de septembre 2022, et celle de Barcelone d’avril 2023. Un réseau plutôt actif donc !
Retrouver le Manifeste ici : manifeste-ecan-european-cruises-activitst-network
Suite au lancement du mouvement ECAN à Venise le 10 septembre 2022, une réunion des mouvements contre les croisières en Méditerranée s’est tenue le 15 avril 2023 à Barcelone. Dans ce cadre, les organisations participantes ont décidé de s’accorder sur un cadre commun contre cette industrie touristique. L’essor du tourisme de croisière en Méditerranée coïncide avec la manifestation évidente d’une triple crise : climatique, énergétique et des ressources. Ces crises sont intrinsèquement liées à un modèle économique qui permet, légitime et promeut le tourisme de masse et creuse les inégalités. Les organisations participantes appellent à des actions politiques qui tendent à supprimer l’activité des croisières, à promouvoir des alternatives économiques moins polluantes dans les territoires affectés, à une meilleure réglementation environnementale du secteur maritime ainsi qu’à une sensibilisation générale de la population.
Les croisières sont le moyen de transport le plus polluant par personne et par kilomètre, selon l’International Council of Clean Transportation. Le grand nombre de personnes qu’ils transportent et les activités de loisirs qui s’y déroulent, axées sur la consommation, génèrent une immense quantité de pollution, de déchets et de résidus. La pollution atmosphérique, causée par des carburants extrêmement toxiques est un problème à la fois pour les riverains et pour l’environnement. C’est une contradiction flagrante : les villes promeuvent des mesures plus ou moins efficaces pour réduire la pollution générée par le trafic routier, mais autorisent des niveaux de pollution astronomiques générés par les croisières. Il s’agit là d’une nouvelle démonstration que les atteintes à l’environnement sont négligées au profit d’intérêts privés de court terme.
Au-delà des effets sur la santé et l’environnement, l’impact négatif des croisières se traduit également dans la ville sous la forme du tourisme de masse. L’expulsion de la population en raison de la hausse des prix et du manque de services de base sur le lieu de résidence, les effets de stress sur l’espace public (concentration des flux touristiques aux mêmes endroits), la transformation du commerce – devenu touristique – et les problèmes de mobilité en sont les signes les plus courants et les plus évidents. Aussi, le modèle de la croisière repose sur des règles injustes : les retombées économiques sur les territoires ne compensent pas les frais que ceux-ci doivent débourser pour les dégâts sur la santé des travailleur.eus.s et des habitant.e.s. Le jeu des pavillons de complaisances permet également aux armateurs de se soustraire aux impôts et aux réglementations sur le travail qui ont lieu en Europe.
Enfin, dans un contexte de pénurie et de rationnement énergétique, il est urgent et prioritaire d’intervenir dans les secteurs climaticides et fortement consommateurs d’énergie, en particulier dans le secteur des croisières, en raison des impacts sociaux, environnementaux et sanitaires élevés et inacceptables qu’il génère. D’autant plus que des alternatives bas carbone et plus inclusives existent (train, bus, voiliers, …).
La crise climatique nous oblige à des changements qui doivent primer sur la recherche du profit. C’est pourquoi nous pensons que la Méditerranée doit rejeter les croisières et opter pour un autre modèle. Nous pensons que cette transition doit se faire avec les travailleurs du secteur
En tant que réseau de mouvements et de collectifs qui subissent les effets de l’industrie des croisières, nous avons décidé de lutter ensemble. En conséquence, les organisations signataires se sont mises d’accord sur la nécessité de s’organiser pour obtenir les mesures suivantes :
Cliquer ici pour lire le manifeste en Anglais, Espagnol ou Français
Stop Croisières a organisé le 17 juin 2023 après midi un rassemblement nautique pour alerter sur l’usage du Gaz Naturel Liquéfié (GNL) par les bateaux de croisière, carburant représentant une véritable bombe à retardement climatique. Alors que la haute saison des croisières débute, nous sommes déterminés à faire entendre la voix critique des Marseillaises et Marseillais sur cette industrie adepte du greenwashing. Plus de 100 personnes étaient présentes sur l’eau, en canoës kayaks ou sur des voiliers.
Présenté comme un “nouveau” carburant miracle (il existe pourtant depuis 2003), le Gaz Naturel Liquéfié est l’une des fausses solutions les plus souvent mises en avant par l’industrie de la croisière.
Nous ciblons le « MSC World Europa », premier navire neuf propulsé au GNL de l’armateur MSC, en escale hebdomadaire à Marseille. Plus gros paquebot de croisière en Europe, il coche toutes les cases de la démesure tristement habituelle de la croisière : 333 mètres de long, pouvant accueillir jusqu’à 6 762 passagers, des parcs d’attraction, piscines, bars et restaurants à foison… Une aberration de plus sur nos mers, à l’heure de l’appel des scientifiques du GIEC à une sobriété vitale pour notre planète. Cerise sur le gâteau illustrant le cynisme sans borne de MSC : le navire a été inauguré à l’occasion de la coupe du monde de football au Qatar, marquée par les scandales écologiques et sociaux. Pourtant, l’amateur met particulièrement en avant le caractère « plus durable » de ce bateau grâce à l’utilisation d’une « énergie nouvelle génération » : le GNL[1].
Cette manifestation fait écho à la sortie d’un rapport de l’ONG Belge Transport & Environment[2] sur le sujet. Soyons clairs : l’utilisation du Gaz Naturel Liquéfié (GNL) est bénéfique du strict point de vue de la pollution de l’air par rapport au fioul lourd, généralement utilisé par le secteur maritime. Il supprime quasi intégralement le rejet des oxydes de soufre (SOx), et diminue les émissions d’oxydes d’azote (NOx) et de particules fines[3].
Pour autant, le GNL n’est en aucun cas une solution « durable ». Il constitue au contraire une véritable bombe climatique et les conditions de son extraction génèrent des impacts considérables sur l’environnement.
Avec le GNL, les émissions de dioxyde de carbone (CO2) sont réduites de 20 % par rapport au fioul lourd[4][5] ; mais comme le démontre l’ONG Transport & Environment dans son tout récent rapport, la diminution de CO2 est plus que compensée par les fuites de méthane[6]. Et comme le note l’ONG, “lorsque le méthane (CH4) est libéré dans l’air – même en très petites quantités – son impact sur le climat est désastreux”. En effet, l’extraction du gaz naturel, le processus de liquéfaction, son transport et sa combustion comme carburant marin produisent inéluctablement des fuites de méthane[7], dont l’effet de serre est beaucoup plus élevé que celui du CO2[8]. Globalement, le bilan climatique est ainsi négatif par rapport aux carburants actuellement utilisés !
Comme l’indique le rapport de Transport & Environment, ”il est probable qu’une part substantielle du GNL utilisé par les navires qui s’approvisionnent en Europe soit issue de la fracturation hydraulique”[9].
Une part conséquente du GNL utilisé en Europe est donc très probablement du gaz de schiste. Les États-Unis, qui développent actuellement leurs exportations de GNL, le produisent à partir de cette méthode de fracturation hydraulique, dont les impacts environnementaux sont dévastateurs. L’impératif européen de sortir de la dépendance au gaz russe à la faveur de la guerre en Ukraine a conduit les Etats-Unis à devenir un fournisseur stratégique de GNL pour l’Europe (à hauteur de 44% des importations européennes en 2022).
Par ailleurs, les projets d’extraction de gaz dans le monde défraient la chronique par leurs impacts environnementaux majeurs. Pour ne citer que l’entreprise française Total Energies, qui espère devenir le leader mondial du GNL, les exemples suivants sont édifiants :
CONCLUSION
Malgré ces éléments, le lobby de la croisière continue de faire passer ses nouveaux navires alimentés au GNL, combustible fossile, comme une transition écologique du secteur, alimentant volontairement la confusion entre pollution de l’air et impact climatique. Une fois de plus, l’industrie de la croisière fait diversion et nie l’évidence : la croisière durable est et restera de la poudre aux yeux.
L’impasse que constitue le GNL d’un point de vue climatique et environnemental renforce la position de fond de notre collectif : “Stop Croisières !”. La bonne croisière est comme le bon déchet : celle que l’on ne produit pas.
[1]https://www.msccroisieres.fr/nos-croisieres/navires/msc-world-europa
[2]“Gaz fossile : la pilule empoisonnée du transport maritime” – mai 2023 – Transport et Environment ; lien
[3]« Schéma national d’orientation pour le déploiement du gaz naturel liquéfié comme carburant marin » – 2016. Direction générale des infrastructures, des transports et de la mer ; lien
[4]« Le GNL et carburant maritime : état des lieux et perspectives » – gaz mobilite.fr ; lien
[5]« Informations méthodologiques pour la Base Carbone > Scope 1 > Combustibles > Liquides » – ? ; bilan-ges.ademe.fr ; lien
[6]“Gaz fossile – La pilule empoisonnée du transport maritime” – mai 2023 – Transport et Environment. Lien
[7]« Exploitation des hydrocarbures : des chercheurs identifient plus d’un millier de fuites majeures de méthane dans le monde » – 2022. France Info ; lien
[8]« Méthane et changements climatiques : un danger négligé qui s’accroît » – 2017. Réseau Action Climat France ; lien
[9]“L’exploitation du gaz de schiste dévaste les Etats-Unis” – 2019 – Reporterre ; lien
[10]« Yamal LNG : comment les intérêts de l’industrie pétrolière continuent à primer sur la sauvegarde du climat… et même sur les sanctions commerciales » – 2018. Observatoire des multinationales ; lien
[11]“L’océan : destruction TOTAL” – octobre 2022 – BLOOM et The Green Connection ; lien
Crédits photo à la une : Grégoire Edouard.
#MarégionSud : La mauvaise foi éhontée au détriment d’un débat démocratique éclairé sur la croisière à Marseille (et ailleurs…)
Marseille, le 5 mai 2023
Cela pourrait paraître anodin, mais la publication, le jeudi 4 mai 2023, de posts sur les réseaux sociaux de M. Renaud MUSELIER (et d’autres élu-es régionaux) prétendant à un soutien populaire à la croisière à Marseille est révélatrice de l’état du débat actuel sur le devenir de cette activité..
Le Président de la Région Sud, soutien notoire de la croisière, y prétend qu’une étude l’INSEE prouverait un soutien populaire « massif » des marseillais à cette industrie.
D’abord les faits :
● L’étude de l’INSEE publiée le 2 mai 2023 porte sur le poids du cluster industrialo-portuaire de Marseille-Fos en matière d’emploi. Elle n’aborde À AUCUN MOMENT l’opinion des marseillais sur la croisière.
● Cette soi-disant opinion marseillaise émane en réalité d’un sondage réalisé par la société Mars Marketing sur une commande… du Grand Port Maritime de Marseille (GPMM) lui-même ! En termes de garantie de neutralité, on a connu mieux… Et nous sommes bien loin de l’autorité de l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques dont se prévaut le Président de la Région.
● 500 personnes ont été interrogées, dont moins de la moitié marseillaises (236).
Parmi ces personnes interrogées, 66% se déclarent favorables à la croisière, soit 330 personnes (dont 165 marseillais-es). Faut-il rappeler que la pétition de la ville de Marseille contre la pollution des navires a récolté plus de 50 000 signatures et la pétition de soutien aux victimes de la pollution des navires (Alternatiba Marseille, Cap au Nord et Stop Croisières) plus de 5 000 ? Quelle valeur donner à ces résultats au regard de l’échantillon et surtout du commanditaire de l’étude ?
Au-delà du GPMM qui cherche à auto-légitimer sa stratégie par un pseudo soutien populaire qui ne trompe personne, c’est la manipulation éhontée des informations par nos élus qui nous semble dramatique.
Le collectif Stop Croisières le revendique depuis sa création : l’avenir de la croisière devrait faire l’objet d’un débat public, démocratique et éclairé. Nous ne pouvons que déplorer les manipulations criardes de la majorité régionale, la surdité aux protestations des riverains du port impactés par la pollution dans leur chair (40% des oxydes d’azote à Marseille sont liés au trafic maritime selon Atmosud), et l’absence de prise en compte du consensus scientifique international sur la nécessité de réinterroger nos activités au regard de l’enjeu climatique (cf. 6 ème rapport du GIEC).
Nous continuerons de demander à ce que des études INDÉPENDANTES soient conduites sur l’impact de la croisière à tous les niveaux : santé, environnement, emploi, retombées économiques, fiscalité (ou absence de fiscalité…), investissements publics… La qualité du débat public sur ce sujet brûlant en dépend.
Etude de l’INSEE :
https://www.insee.fr/fr/statistiques/7614185
Enquête d’opinion du GPMM auprès d’habitants des Bouches-du-Rhône :
https://www.marseille-port.fr/actualites/enquete-dopinion-des-habitants-des-bouches-du-rhone
Tweet Renaud Muselier :
https://twitter.com/RenaudMuselier/status/1653631933270687744?ref_src=twsrc%5Egoogle%7Ctwcamp%5Eserp%7Ctwgr%5Etweet
Linkedin Renaud Muselier :
https://www.linkedin.com/feed/update/urn:li:activity:7059414608373006336/
Tweet Isabelle Campagnola Savon :
https://twitter.com/isasavon/status/1653656582738046977
Suite à l’annonce du souhait gouvernement de dissoudre les Soulèvements de la terre, des comités locaux se sont créés partout en France pour montrer qu’un mouvement qui repousse partout ne peut être dissout. Ont répondu à l’appel plusieurs collectifs, associations et syndicats Marseillais qui se sont rassemblés pour une conférence de presse au Parc Longchamps : la Confédération Paysane, ANV Cop 21, Extinction Rébellion, les Ateliers écologiques et politiques d’Aix en Provence, Alternatiba, les scientifiques en rébellion, le collectif anti carrière de Mazaugues, le NPA, Solidaires et Stop croisières.
« Nous faisons face à un gouvernement qui méprise ouvertement toutes les revendications sociales et écologiques, qui se font pourtant de plus en plus pressantes. Que nous fassions des manifestations, des pétitions, des concertations, des lettres, des assemblées citoyennes, rien n’y fait, nous sommes ignoré.e.s pendant que des projets destructeurs sont au contraire promus. Nous n’avons ainsi d’autre choix que celui de s’opposer avec nos corps, face à ces projets qui menacent les conditions d’existence et face à cette politique qui va à l’encontre du vivant.
Nous sommes toutes et tous choqué.e.s par ce qu’il s’est passé à Sainte-Soline. Les scènes auxquelles nous avons assisté ont clairement pour but d’intimider et d’étouffer les mouvements de luttes écologiques et sociales. Dans un climat d’ores et déjà tendu, le gouvernement ne cesse de faire monter la pression. Notamment en tentant d’invisibiliser les personnes blessées lors des manifestations, en refusant d’étudier la question de l’interdiction de la Brav-M, en évoquant la dissolution des soulèvements de la terre, en annonçant la création d’une cellule anti-ZAD, et en allant même jusqu’à remettre en question la Ligue des Droits de l’Homme.
Nous répondons et répondrons à ces oppressions par la multitude. Partout où se dresseront des projets injustes et destructeurs, se forgeront des oppositions, dans l’objectif d’atteindre une société plus équitable, plus juste, plus écologique et plus vivable pour les humains, pour le vivant.
Avec les soulèvements de la terre, nous montrons que l’on peut s’organiser pour la défense de l’intérêt commun. Ce mouvement rassemble, non pas seulement des français et françaises, mais aussi des habitants de nos pays voisins.
Que ce soit des méga-bassines ou des méga bateaux de croisières, c’est une évidence que nous devons nous mobiliser localement et collectivement contre ces aberrations destructrices de futurs.
L’industrie de la croisière met en grave danger les écosystèmes marins, provoque des maladies chez les riverains, consomme des quantités indécentes de ressources et d’énergies et échappe à toute réglementation concernant la droit du travail, la sécurité des personnes et le paiement des impôts.
Pourtant, cette industrie continue à s’imposer et à croitre, d’une part en alimentant le mythe de retombées économiques indispensables au territoire, et d’autre part en présentant de fausses solutions technologiques qui sont en réalité inopérantes.
Les remèdes à ces modèles touristiques, agricoles ou industriels malades reposent sur des principes simples et connus : décroissance, relocalisation, partage. Nous sommes et serons de plus en plus nombreux et nombreuses à défendre ce changement de paradigme.
A Stop croisières, nous faisons partie de cette lame de fond, nous sommes les soulèvements de la mer, avec tous les collectifs et toutes les personnes qui sont venues se mobiliser, nous sommes les soulèvements de la terre. »
Article de presse : https://www.lamarseillaise.fr/societe/les-soulevements-de-la-terre-essaiment-un-peu-partout-PN13696229
Ce week-end se sont réunis différents collectifs anti-croisières du sud de l’Europe, sous la bannière de l’European Cruise Activist Network (ECAN). Nous avons échangé à propos de nos inquiétudes et des problématiques liées au secteur des croisières autour de tables rondes concernant les impacts environnementaux et sociaux, les problèmes dus au tourisme de masse, le contexte politique de nos différentes villes et l’alliance en Méditerranée et en Europe.
Nous travaillons à une ligne d’actions communes à l’échelle de la Méditerranée et avons co-écrit un manifeste (ci-dessous).
Ont participé : Stop Creuers Catalunya, Stop Croisières Marseille, Comitato Nograndinavi Commisió ciutat Ciutat Port València et Plataforma contre els Megacreuers de Mallorca
Retrouver le Manifeste ici : manifeste-ecan-european-cruises-activitst-network
Article de presse : https://www.publico.es/public/mobilitzacio-els-creuers-7-maig-barcelona-i-tarragona.html?utm_campaign=twitter
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