Le Lierre
Les derniers travaux parlementaires remettent clairement en cause des mesures législatives censées favoriser et accélérer la transition écologique. Après les coupes budgétaires conséquentes du Ministère de la Transition Écologique, la remise en cause de l’objectif de ZAN (zéro artificialisation nette à horizon 2050 pour protéger nos sols et la biodiversité), les attaques ciblées contre les opérateurs environnementaux publics et la volonté affirmée de les fusionner, les affaiblir ou même les supprimer, le discours anti-écolo prospère, avec la loi Duplomb (qui vise entre autres à réintroduire certains néonicotinoïdes et poursuivre un modèle agricole à bout de souffle) et l’amendement visant à sécuriser la conformité de projets comme celui de l’autoroute A69. Dernier épisode en date, mercredi 28 mai, quand l’Assemblée adopte un amendement de suppression des ZFE (Zones à faibles émissions) dans le cadre de l’examen du projet de loi sur la simplification de la vie économique.
Nous vivons indiscutablement une période de recul des politiques publiques écologiques au moment même où les travaux du Secrétariat général à la planification écologique sont en panne. Le déroulement des travaux parlementaires, l’enchaînement des décisions politiques nationales et européennes (comme sur la CS3D), et la façon même dont se déroule le débat public en disent long sur la relégation des objectifs de transition écologique, souvent en mobilisant une rhétorique anti-science.
L’ensemble de ces décisions, si elles venaient à être confirmées et mises en œuvre, produiront des effets globalement néfastes pour l’atteinte des objectifs nationaux, alignés sur les engagements internationaux de la France.
La suppression pure et simple des ZFE illustre bien le gâchis – de temps, d’argent et de crédit politique – que représente une action publique mal conçue, portée et mise en œuvre. Si ce vote est confirmé au Parlement et validé par le Conseil constitutionnel, il conduira à abandonner ou à nous éloigner de l’objectif poursuivi d’amélioration de la qualité de l’air, pour la santé et toutes et tous. À l’instar des pesticides qui détruisent le vivant, la pollution de l’air n’est pas une vague notion de qualité de vie. Elle tue et vole des années de vie. Santé publique France a déterminé que la pollution de l’air est responsable de 40 000 décès prématurés chaque année, soit une perte d’espérance de vie de près de 8 mois, et 7% de la mortalité totale de la population française.
Initiées par la Loi d’orientation des mobilités de 2019 pour limiter les émissions de particules fines, les ZFE ont été renforcées par la loi Climat et Résilience de 2021, loi censée traduire une partie des 146 propositions de la Convention citoyenne pour le climat (CCC).
La principale faiblesse des ZFE est dans leur mise en œuvre, car en dépit des réussites constatées dans plusieurs pays européens et des rapports produits (voir le rapport de l’IGEDD sur le sujet) pour en améliorer le cadre et les conditions de déploiement, l’État n’a pas réussi à en faire un outil perçu comme utile et équitable pour les collectivités et publics concernés. Sans portage politique fort ni financement, les élus locaux se sont retrouvés en première ligne dans l’application d’une réglementation venue d’en haut, sans appui pour en faire la pédagogie (pourtant indispensable face aux crispations et craintes exprimées), ni moyens pour contrôler le bon respect des interdictions. La faiblesse des aides à l’achat des véhicules propres pour les ménages modestes et le sous-investissement chronique dans les trains du quotidien donnent des arguments à ceux qui prétendent que ces mesures nourrissent l’exclusion sociale.
L’impératif de justice sociale ne doit pas servir de prétexte à l’abandon en rase campagne de politiques de transition écologique incontournables à la protection de la santé et de l’environnement, mais au contraire appeler à les renforcer avec des mesures sociales et d’accompagnement ambitieuses.
Cette succession de mesures contraires aux objectifs de transition écologique doit servir d’électrochoc à tous celles et ceux qui ont conscience qu’il y a urgence à agir pour préserver l’avenir, sur une planète habitable et dans une société juste et soutenable.
Cet espoir se nourrit d’une réalité bien concrète : celui des résultats obtenus dans les pays et les villes qui mettent en œuvre des politiques publiques de transition, malgré les résistances et les oppositions bruyantes. A Paris, la création des couloirs bus et des pistes cyclables a bouleversé les mobilités, grâce à un réseau de transport collectif très dense et dans lequel la puissance publique a massivement investi. A Dunkerque, la Ville et la Région Hauts-de-France portent la troisième révolution industrielle et investissent dans la transition énergétique pour conserver l’emploi des industries locales. A Lyon, la qualité de l’air s’améliore fortement depuis 2019, sous l’effet conjugué des investissements publics pour les mobilités décarbonées et des efforts entrepris par les industries (et les particuliers, pour le chauffage au bois) pour réduire leurs émissions polluantes (particules fines).
Une autre raison d’espérer est la confiance que nous avons sur notre capacité à faire mieux. Faire mieux, c’est améliorer l’action publique jusqu’au “dernier kilomètre”, c’est renforcer l’acceptabilité sociale et l’équité dans les efforts demandés à chacun, à hauteur de ses besoins, et en accompagnant davantage les usagers et acteurs territoriaux.
L’action publique autour de la mise en place des ZFE a pâti de nombreuses insuffisantes, dont nous avons à tirer les enseignements (manque de pédagogie en amont des mesures pour présenter les objectifs et en quoi ils répondent à l’intérêt général, aides financières complexes, insuffisantes et peu accessibles, peu d’accompagnement ciblé des professionnels du secteur automobile, manque d’investissement dans les alternatives à la voiture). Surtout, elle illustre la frilosité de l’État et des collectivités concernées à assumer des changements contraignants qui touchent au quotidien des habitants, à leur voiture et à la liberté de circulation qui est et doit rester un droit fondamental.
L’exemple des ZFE est instructif, et il n’est pas trop tard pour réussir leur déploiement, si c’est la volonté politique de nos décideurs (cf la note de Marine BRAUD pour Terra Nova, le think tank en ligne ici). Il éclaire les nombreuses difficultés auxquelles nous devons faire face dès qu’il est question de sortir du statu quo pour faire évoluer nos modes de vie, de production et de consommation vers plus de justice, de soutenabilité et de sobriété.
Le réseau du Lierre travaille sur ces questions, convaincu qu’une transformation profonde de l’action publique est nécessaire pour concrétiser la transition écologique et solidaire et atteindre des objectifs largement partagés dans la société.
De notre point de vue, la transition écologique doit absolument être pensée et mise en œuvre en partant des réalités sociales et dans une approche de transition juste. Les incitations, les mesures, les messages, doivent être clairs, concrets, adaptés aux réalités vécues de la population, aux possibilités d’action et aux responsabilités des uns et des autres. Une priorité absolue doit être donnée au partage et la redistribution des bénéfices et opportunités de la transition écologique dans un sens de justice sociale – qu’il s’agisse d’impacts positifs sur la santé, l’emploi, le cadre de vie ou la qualité de vie au quotidien…
Nous pensons aussi que l’implication directe de citoyens au niveau local, sur le modèle des Conventions citoyennes, permet de renforcer l’acceptabilité sociétale des feuilles de route déployées et la pertinence des actions identifiées, tout en contribuant à la vitalité démocratique locale et à réduire et restaurer la confiance entre gouvernés et gouvernants. La transition ne se fera que si les acteurs économiques et sociaux, les collectivités et les citoyens se l’approprient, coopèrent et se mobilisent autour d’un chemin construit collectivement, à l’image des COP régionales impulsées fin 2023 par l’État.
Ces convictions sont au cœur de notre premier ouvrage collectif, sorti le jour même du vote sur les ZFE, et qui associe une vingtaine de fonctionnaires, dirigeants, experts, élus, chercheurs et représentants syndicaux. Nous y présentons des pistes d’action et des orientations pour inventer un État stratège de la transformation écologique, du bien vivre et des communs. Nous y présentons surtout, comment la décision publique doit évoluer, pour mieux intégrer la science, les citoyens et les acteurs locaux, et créer de nouvelles alliances.
Nous voyons tous les jours l’urgence à agir pour adapter notre société, accompagner et protéger les populations les plus vulnérables. Nous croyons en la possibilité de créer de la cohésion sociale autour de l’impératif de transition écologique, à l’image des promesses de la convention citoyenne pour le climat. Nous croyons que l’action publique joue plus que jamais un rôle central pour répondre à l’urgence écologique et qu’il n’y a pas de fatalité, ni de raison de renoncer.
Pour aller plus loin :
Le Lierre
☘️ Le Lierre a le plaisir de vous annoncer la sortie de son premier livre, en librairie le 28 mai !
📗 Ce livre est le résultat d’un travail collectif mené pendant plusieurs mois par des membres du Lierre, des fonctionnaires, des chercheur.e.s et des syndicats. Les auteur.e.s vous invitent à vous saisir de cet ouvrage pour interroger les pratiques de l’action publique, dépasser les blocages, imaginer de nouvelles idées, donner du sens à notre action et porter une transformation écologique des politiques publiques au service de tous et de la protection du vivant. Avec un mot d’ordre : pas de fatalisme et un engagement résolu à décider et agir !
Découvrez le résumé du livre :
Dans une période où les efforts de planification écologique pourraient être balayés, les institutions publiques sont plus que jamais en première ligne pour défendre l’intérêt général et celui des futures générations, la cohésion de notre société et l’habitabilité de nos territoires.
L’État, les collectivités territoriales, les services publics et leurs agents disposent déjà de puissants leviers d’action pour concrétiser la transition écologique. Mais ils butent souvent sur de multiples freins et blocages, dans un contexte économique, démocratique et géopolitique incertain.
Cet ouvrage collectif s’appuie sur l’analyse et l’expérience d’acteurs publics engagés et convaincus par la nécessité d’une transformation profonde du processus de décision. Ils formulent des propositions concrètes pour décider et agir avec la science, les citoyens et par le dialogue social, créer de nouvelles alliances, planifier et transformer les pratiques professionnelles.
⏳ Vous ne pouvez pas attendre sa sortie en librairie ?
Pré-commandez-le dès maintenant à tarif réduit ! 👇
Rendez-vous le 27 mai pour la soirée de lancement du livre à Paris, en compagnie de plusieurs contributeur.ices dont Dominique Méda, professeure de sociologie à l’Université Paris Dauphine, auteure de la préface du livre, et Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, pour débattre et échanger sur les sujets abordés dans l’ouvrage. Inscription ci-dessous 👇
Le Lierre
Suite à la publication de son dernier livre : Une société désirable, comment prendre soin du monde, Le Lierre et la Fondation pour l’écologie politique ont eu le plaisir de recevoir Dominique Méda à l’Académie du Climat
Animée par la philosophe Céline Marty, cette conférence a permis de répondre à plusieurs questions concernant le rôle des services publics dans une transition écologique et l’inclusivité possible d’une telle transition.
C’était l’occasion de comprendre différents éléments de cette reconversion ambitieuse de la société :
1️⃣ Le rôle que les services publics -et les fonctionnaires- pourraient jouer,
2️⃣ Le rôle que pourrait prendre l’Etat,
3️⃣ La place de l’Europe et l’espoir qu’elle peut représenter,
4️⃣ Comment résister à la recherche systémique de performance ?
Dominique Méda a pu mettre en lumière le pouvoir d’agir de chacun.e dans une reconversion écologique et inclusive de la société.
☘ Consultez ici le compte rendu de ces échanges :
Le Lierre
🌿 Le réseau professionnel du Lierre recrute un-e chef-fe de projet, en charge de l’animation des dynamiques territoriales et du projet “Transitions territoriales”.
Missions principales :
Organisation de l’activité : Le travail est organisé sous la responsabilité hiérarchique du Secrétaire général et un lien fonctionnel avec les référents du projet “Territoires & Transitions”, et l’équipe dirigeante du Lierre (appelée équipe d’animation). Le travail quotidien implique des liens réguliers avec les partenaires du projet (institutions, ONG, réseaux professionnels, think tank, associations) et les membres actifs du réseau, notamment les pilotes des groupes thématiques et groupes locaux.
Le ou la chef-fe de projet a vocation à assurer les activités suivantes :
Coordonner le projet stratégique “Transitions territoriales »
Structurer et coordonner les groupes locaux et leur développement
Participer à la communication
Expériences, compétences et savoir-être
Conditions du poste :
Si vous êtes intéressé.e par ce poste et que vous pensez correspondre au profil recherché, merci d’envoyer rapidement votre CV, lettre de motivation (ou vidéo, si vous voulez) à l’adresse : contact@le-lierre.fr en mettant “Candidature Territoires & Transitions” et vos prénom et nom de famille dans l’objet du mail.
Date limite des candidatures le jeudi 3 avril 2025 (la date initiale du 9 avril a été avancée face au nombre élevé de candidatures reçues en mars).
Le Lierre
La proposition de loi “TRACE” discuté mi-mars prochain au Sénat propose d’instaurer une trajectoire de réduction de l’artificialisation des sols concertée avec les élus locaux. Dans la perspective des débats parlementaires, le groupe Aménagement du territoire du Lierre analyse – dans cette tribune parue dans la Gazette des communes – les enjeux du ZAN et les inconvénients apportés par cette proposition de loi qui détricote dangereusement le cap nécessaire de la sobriété foncière.
N’oublions pas les raisons d’être du ZAN : Les sols sont le support et le lieu d’habitat de la biodiversité, ils nous nourrissent, ils régulent les bioagresseurs et les maladies, préservant la santé des plantes, ils régulent le cycle de l’eau, ses flux et sa qualité, prévenant les inondations et nous donnant accès à de l’eau potable ; ils captent le carbone. L’artificialisation galopante qui détruit les sols pose un vrai risque dont nous mesurons aujourd’hui parfaitement les conséquences – sans parvenir encore à en traiter l’origine. En France, plus de 20 000 hectares de sols sont artificialisés par an1.
Le ZAN devrait être un impondérable parce qu’il permet de préserver une ressource essentielle qui ne l’était pas suffisamment jusqu’à présent : l’assouplissement prévu dans la proposition de loi sénatoriale est contre-productif, ne faisant que reporter la nécessité d’agir.
Ainsi entre autres mesures, la proposition de loi “TRACE”2 prévoit non seulement de supprimer l’objectif intermédiaire de réduction de moitié de l’artificialisation d’ici 2030, mais elle va jusqu’à modifier la définition juridique de l’artificialisation : non plus “l’altération durable de tout ou partie des fonctions écologiques d’un sol”, mais seulement “la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers”. Cette reformulation appauvrit le sens du ZAN et ignore la dimension qualitative de la fonction écologique des sols.
Plutôt que d’abroger l’objectif intermédiaire à 2030 initial, il faudrait concentrer tous les efforts sur les moyens – techniques et financiers – à trouver pour l’atteindre.
L’argument des « maires bâtisseurs »
Comme ses prédécesseurs, le Premier ministre a promis de soutenir les « maires bâtisseurs » lors de sa déclaration de politique générale le 14 janvier 2025. Mais cette vision, quelque peu désuète et décalée au regard des enjeux actuels, mérite d’être remise en question.
Le développement du territoire et la mise en œuvre de nouveaux projets ne doit plus se traduire systématiquement par la consommation d’espace et l’artificialisation des sols.
L’attractivité d’un territoire passe également par l’amélioration du cadre de vie et donc par le réusage et la rénovation du bâti et des espaces urbains existants. Il faut donner les moyens aux élus de favoriser à chaque fois des approches alternatives, comme la densification urbaine et la requalification. En prenant en compte les enjeux locaux, les besoins réels en logements et la nécessaire réindustrialisation des territoires, il faut pouvoir arbitrer et innover non pas contre, mais dans le cadre du ZAN.
Ces solutions sont souvent plus complexes et plus coûteuses, certes, mais seulement si on en a une approche à court terme. Il faut changer nos manières de faire en nous adaptant à cette nouvelle trajectoire de l’aménagement, qui peut d’ailleurs favoriser la créativité et l’émergence de nouveaux métiers et de nouvelles filières.
Il ne s’agit pas d’éluder les difficultés de mise en œuvre du ZAN bien réelles, mais ce qu’il faut savoir c’est que des solutions existent et doivent être expérimentées, y compris pour adresser la diversité des contextes territoriaux des collectivité : plusieurs associations et instituts ont déjà fait des propositions concrètes d’outils fiscaux, techniques et juridiques pour y répondre.
De fait, plusieurs territoires ont déjà fait d’immenses progrès dans le domaine de la sobriété foncière et de la préservation des sols, les retours d’expériences réussies en ce domaine ne manquent pas. On peut à ce titre mentionner les cinq régions (Bretagne, Normandie, Bourgogne Franche-Comté, Nouvelle Aquitaine, Hauts-de-France) qui ont déjà adopté la mise à jour de leurs schémas d’aménagement (SRADDET).
Malheureusement, la position de cette PPL fait l’inverse : partir de l’existant, ne rien changer, en dépit du fait manifeste que tout change autour de nous. C’est un retour en arrière. Il semble pourtant incohérent de vouloir conserver des manières de faire héritées de la France des années 1970 quand le béton coulait à flot, les matériaux étaient peu chers et le pétrole abondant. Face aux défis actuels, le gouvernement en tant que garant de l’intérêt général, doit pouvoir faire preuve de vision, d’ambition et de courage politique. Les aléas climatiques, l’extinction de la biodiversité, les conflits d’usages, ne disparaîtront pas magiquement en mettant le ZAN sous le tapis.
Améliorer, pas affaiblir
Détricoter le ZAN, c’est également balayer d’un revers de manche les efforts réalisés par les nombreux acteurs dans les régions, les communes, les métropoles, les instances déconcentrées…qui ont œuvré depuis 2021 pour le mettre en œuvre.
C’est le rôle de l’État et du service public que d’avoir une vision ambitieuse des efforts à fournir tout en donnant de réels moyens aux collectivités pour la mettre en œuvre. Des élus locaux se sont exprimés en ce sens dans une tribune récente, demandant à ce qu’il n’y ait pas de retour en arrière.3
Le mérite du débat actuel autour du ZAN est qu’il met en lumière une interrogation plus profonde : à quand la fin du pointillisme politique et de la multiplication des plans et programmes sans cohérence les uns avec les autres ?
Quand serons-nous capables de construire avec les collectivités territoriales une stratégie d’aménagement du territoire suffisamment ambitieuse pour faire face aux enjeux actuels, économiques, démographiques et écologiques ?
Il est temps que l’État affirme, au côté des collectivités territoriales, un rôle plus fort en faveur de la régulation et de la préservation des espaces naturels, en adressant les contradictions manifestes. Cela nécessite une vision claire, qui ne cède pas face aux pressions ou aux résistances, mais qui place l’intérêt général au cœur de ses décisions.
Une tribune du Groupe de Travail Aménagement et Territoire du Lierre
à retrouver sur le site de La Gazette
Le Lierre
Comment faire évoluer les compétences et métiers des agents publics à l’aune des transitions écologiques et sociales ? Comment intégrer la transition écologique dans le dialogue social ? Peut-on améliorer l’attractivité de l’emploi public, en valorisant l’engagement écologique des agents ?
Mardi 18 mars a eu lieu une conférence de lancement de notre guide « RH & Transition Écologique », co-rédigé par le groupe de travail RH du Lierre et FPTE.
Retrouvez ci-dessous le compte-rendu écrit de l’événement de lancement ainsi que le replay
Découvrez et téléchargez ici le guide 👇
☘️ La transition écologique ne peut pas se faire contre, ou sans les agents ; elle doit au contraire se faire avec eux.
Responsables de la gestion des agents, les DRH ont un rôle-pivot permettant ou facilitant l’engagement écologique de toute la structure administrative pour laquelle elles travaillent.
Le guide pratique « les DRH au service de la transition écologique » interroge, avec de nombreux exemples et suggestions à l’appui, chacune des fonctions de gestion des ressources humaines sous l’angle de la transition écologique.
1️⃣ Dans une première partie, il propose en 6 chapitres une planification RH de la transition écologique :
1. comment repenser l’organisation à l’aune de la transition écologique,
2. comment identifier les compétences et faire évoluer les métiers,
3. comment recruter les personnels dotés des compétences nécessaires et les fidéliser,
4. comment orienter la masse salariale vers la transition écologique,
5. quelles adaptations du temps de travail adopter,
6. et comment intégrer la transition écologique dans le dialogue social.
2️⃣ La deuxième partie se penche, en 5 chapitres, sur l’accompagnement des agents pour la transition écologique :
7. le développement des parcours individuels et collectifs (plan de formation) de formation pour la transition écologique,
8. la valorisation de l’engagement écologique des agents,
9. le développement de la Qualité de Vie et des Conditions de Travail grâce à la transition écologique,
10. la prise en compte de l’impact des crises écologiques dans la prévention des risques physiques et psychosociaux,
et 11. la mise en place d’une action sociale écologique.
Le chapitre conclusif revient sur les interconnexions entre la DRH et les autres directions, et le rôle-pivot de la première pour la mise en œuvre de la transition écologique dans la structure administrative concernée.
Les mesures évoquées dans ce guide pratique sont possibles à droit constant.
Cependant, les auteurs suggèrent aussi quelques évolutions normatives qui faciliteraient la mise en ouvre RH de la transition écologique.
Retrouvez ci-dessous le compte-rendu écrit de l’événement de lancement ainsi que le replay 👇
🎦Replay de l’événement :
👉 Compte-rendu complet de l’événement de lancement :
Ce guide a fait l’objet de plusieurs mentions dans la Presse : sur Acteurs publics le 19 février, dans la Gazette des communes le 21 février, sur la plateforme Weka.fr, ainsi que sur le site de l’INSP (ex-ENA).
Les rédacteurs ont également pu présenter ce guide à l’occasion de 2 événements de la communauté RH de la fonction publique :
Le Lierre
« ADEME, OFB, Agence Bio : depuis plusieurs semaines, ces trois structures sont ciblées de façon très marquée par une partie de la classe politique. Celle-ci, invoquant notamment le contexte budgétaire, demande la diminution des prérogatives de ces opérateurs et, pour l’Agence Bio, sa disparition, matérialisée par un vote au Sénat.
Nous, agents publics impliqués dans la transition écologique de nos modèles agricoles et alimentaires, pointons les risques de ces propositions, qui menacent la dynamique fragile de transition agro-écologique et l’accompagnement de nos agriculteurs face aux défis environnementaux, sans répondre pour autant aux enjeux budgétaires et d’efficience de l’action publique.
Nos systèmes agricoles sont intrinsèquement dépendants d’un climat stable et d’écosystèmes en bonne santé.
Face aux conséquences déjà visibles des crises environnementales, une transition massive vers des solutions agroécologiques prometteuses, couplée à une évolution de notre alimentation, sont nécessaires. Elles seules garantiront notre santé et notre sécurité alimentaire, la protection de nos écosystèmes et la pérennité économique de notre agriculture. Dans un contexte troublé pour la transition agroécologique (restrictions budgétaires, normes agro-environnementales contestées, difficultés économiques des exploitations freinant leurs investissements verts…), protéger les acteurs et agents publics qui accompagnent le monde agricole face à l’urgence environnementale doit être une priorité absolue pour pérenniser les dynamiques balbutiantes de transition.
Ces éléments n’ont malheureusement aujourd’hui que peu de poids face aux arguments budgétaires. Or, si un débat sur l’agenciarisation de l’État, ses coûts, et le contrôle de ses opérateurs, mérite d’être posé au vu de l’état de notre démocratie et de nos finances publiques, cibler ces trois agences semble peu compréhensible au vu de leurs performances récentes. Affaiblir ou supprimer ces opérateurs ne se soldera ni par une augmentation de l’efficience de l’action publique, devant guider les choix budgétaires actuels, ni par de réelles économies budgétaires de court terme, ni par des gains à long terme. Cela risque même d’augmenter les coûts de l’inaction environnementale qui grèvent toujours plus les budgets de l’État (coûts de dépollution de l’eau, de santé, de soutien des agriculteurs face aux aléas climatiques…).
Fragiliser ces opérateurs fait aussi planer le risque d’une dégradation du service rendu à nos agriculteurs en pleine crise. Les expertises techniques et de gouvernance partenariale de ces structures au service du monde agricole ne seront pas intégralement reprises, si elles sont diluées dans les actions déjà gérées par FranceAgriMer ou le ministère de l’Agriculture.
Supprimer l’Agence Bio pourrait fragiliser durablement le rôle de force d’entraînement de la filière bio pour nos filières agricoles dans les transitions agroécologique et alimentaire, et l’écosystème partenarial bio construit depuis la création du logo AB en 1985 par le Ministère de l’Agriculture. Cela risque de détruire l’efficience de l’action publique sur le bio, fondée sur une expérience de l’Agence consciencieusement acquise depuis plus de 20 ans et un accompagnement sur-mesure de la filière que ses agents mettent en œuvre : son efficacité et celle du travail de ses salariés ont justement été soulignées par la Cour des comptes en 2022. Le licenciement de ses employés sera brutal, et occasionnera une perte majeure de compétences pour l’Etat qui mettront des années à être reconstruites. Comme l’attestent les réactions unanimes du monde agricole et de l’agroalimentaire ces derniers jours, l’hypothèse d’une disparition de cette agence fait aussi craindre un éloignement et une standardisation de l’accompagnement de l’État au secteur, alors que la filière bio est en cours de rémission d’une crise très violente.
Ces arguments sont aussi valables pour l’ADEME, qui portait à elle seule en 2022 deux-tiers des aides de l’État aux entreprises sur la transition écologique. L’inspection générale des finances invitait d’ailleurs en 2023, à faire de l’ADEME “le maître d’ouvrage privilégié des aides à la transition écologique des entreprises” en soulignant son expertise reconnue en matière environnementale, permise par le travail et l’engagement professionnel de ses agents.
L’affaiblissement de l’ADEME menace d’entraîner une perte de compétences unique de l’État sur les enjeux environnementaux, dont ceux de transition agro-écologique (agrivoltaïsme, valorisation des haies, diagnostics climatiques de fermes…). Veut-on vraiment priver le monde agricole, percuté par les crises environnementales, de l’expertise cruciale de cette agence ?
Quant à l’OFB, vouloir son affaiblissement indique une méconnaissance de l’histoire et du rôle majeur de cet opérateur. Cette structure, issue d’une fusion récente (2020) de deux opérateurs, a déjà permis de diminuer le nombre d’opérateurs publics. Son action est décisive sur le plan environnemental, la Cour des comptes reconnaissant en 2024 que l’objectif lui ayant été assigné à sa création était atteint, malgré la complexité de la tâche.
Affaiblir l’OFB mettrait en péril l’exercice de ses missions, dont la préservation de la qualité de l’eau et des écosystèmes essentielle à une agriculture saine, à notre sécurité alimentaire, à notre santé, et surtout à celle des agriculteurs très exposés aux pollutions en milieu rural.
Dans un triple contexte de crise environnementale, agricole et budgétaire, nous exprimons et apportons tout notre soutien à nos collègues et au travail fait par ces trois acteurs reconnus pour l’impact et l’efficience de leurs actions, au contact quotidien du monde agricole et essentiels pour la transition agroécologique, notre sécurité alimentaire et notre santé collective.
Nous appelons à ce que les arbitrages sur le devenir de ces structures continuent de porter ces priorités collectives de transition écologique et de santé ».
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Signatures :
Le Lierre
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🌿 Adaptation : comment vivre dans un monde à + 4 degrés ? 🌍
Dans le cadre de la consultation ouverte par le gouvernement sur les contours du 3eme plan national d’adaptation au changement climatique, Le Lierre a proposé une série de leviers concrets et structurants pour engager un changement de paradigme, impératif pour relever les défis du changement climatique. Au-delà de la nécessité d’un pilotage stratégique qui doit être porté au plus haut niveau de l’Etat, nos préconisations s’inscrivent dans la nécessité d’une approche coordonnée avec des moyens et des financements à la hauteur des besoins.
Notre contribution est structurée autour d’objectifs transversaux au secteur public, accompagné d’un focus spécifique sur les enjeux de santé publique :
🏛️ Principes généraux
1️⃣ Pour des financements à la hauteur des enjeux
2️⃣ Pour des politiques publiques mieux coordonnées
3️⃣ Pour un soutien renforcé aux collectivités
💡 Zoom sur les enjeux de santé
Nous avons souligné l’enjeu primordial des impacts du changement climatique sur la santé publique en reprenant et approfondissant les mesures proposées par le projet actuel du PNACC 3 🏥
Découvrez notre contribution !
Le Lierre
Vous faisiez quoi, en novembre 2019 ? De notre côté, nous lancions Le Lierre avec une trentaine de personnes ! 5 ans après, nous avons fêté l’anniversaire du réseau le samedi 23 novembre à Paris ! ☘️ Découvrez les meilleurs moments de la journée à travers ce court billet et les illustrations de Claire Masson (@Clérème).
Nos 5 ans étaient l’occasion d’une journée “bilan & perspectives” pour analyser ensemble l’état de notre société et des transformations à conduire, et passer collectivement l’action, malgré les obstacles croissants, notamment les reculs politiques et la montée des résistances face aux enjeux environnementaux ! ✅
Pour cela, nous avons organisé une matinée spéciale ouverte aux membres du Lierre pour faire un bilan des actions conduites par le réseau depuis 5 ans et discuter de nos projets et perspectives, notamment pour favoriser l’implication d’un nombre croissant d’acteurs publics, de membres du Lierre et de partenaires dans nos projets. L’après-midi, ouvert au grand public réunissait une dizaines d’intervenants autour de 3 tables-rondes dont vous trouverez plus bas les grandes lignes !
Côté bilan, nous pouvons notamment mettre au crédit des pionniers qui ont lancé le Lierre :
Côté perspectives, nous avons pu discuter avec nos membres des orientations suivantes :
Le Lierre tient à remercier chaleureusement l’ensemble des membres et partenaires présents lors cette journée engagée et vivifiante !
🟢 Table-ronde 1 : La transition écologique coûte-t-elle trop cher ?
Avec Selma Mahfouz (économiste), Nathalie Lhayani (ex-Présidente du FIR, membre du comité d’orientation du Lierre), Benoît Leguet (DG d’I4CE), Guillaume Duval (journaliste, ex rédacteur en chef d’Alternatives Économiques).
Au cœur des négociations de la COP 29 à Bakou, la question du financement de la transition écologique est centrale dans l’atteinte des objectifs.
Dis concrètement, il s’agit de décider de qui va payer, et ça soulève beaucoup de questions complexes. Est-ce seulement aux États ou aussi aux acteurs privés de payer ? Et parmi les Etats concernés et responsables, quels États ? Quel rôle pour l’Union européenne ? Est-ce une question de financements publics (nationaux et internationaux) ou de réorientation des investissements privés ? En France, quelles réponses et suites au rapport Pisani-Ferry chiffrant à environ 66Md€ les investissements supplémentaires en France, chaque année ? Nous avons discuté de ces questions ainsi que des solutions possibles, tant par le levier des choix budgétaires, monétaires et fiscaux, que celui du changement des modèles économiques des entreprises pour mieux intégrer le risque environnemental dans l’économie.
🟢 Table-ronde 2 : L’écologie, plus que jamais un combat ?
Avec Mylène Jacquot (CFDT), Erwan Lecoeur (sociologue), Léa Falco (Pour un réveil écologique), Sébastien Maire (France Villes et territoires durables) et Noël Mamère (ex-député européen). Animée par Clémence Boullanger du Lierre.
Vous êtes déprimés par l’élection américaine ? Par les reculs du Green Deal européen ? Nous avons pu réfléchir ensemble au sens de l’engagement dans la transition écologique et sur l’avenir de ses combats. Nous avons parlé action politique, engagement militant, rôle du service public et des collectivités, syndicats et élections municipales, au cœur d’un débat résolument combatif dont le document de synthèse vous restitue les grandes lignes !
🟢 Table-ronde 3 : S’engager, c’est créer ! Quelles stratégies pour nos organisations ?
Avec Wandrille Jumeaux (co-fondateur du Lierre), Marie Pla de Nos Services Publics, Ludovic Grousset de Sens du Service Public, Julian Perdrigeat, DG de La Fabrique des Transitions, Anne Bringault, Directrice du Réseau Action Climat et Clara Léonard, DG de l’Institut Avant Garde.
Le Lierre a proposé cet échange à quelques uns de ses partenaires pour partagé leur raison d’être, la trajectoire et les principales réussites de leur organisation (association, collectif, réseau, think tank ou alliance transpartisane de territoires et de réseaux), ainsi que leurs stratégies & priorités au regard des contextes national et international. Nous avons pu notamment discuté des principaux chantiers sur lesquels travailler, ensemble ou séparément, au regard de la complémentarité de nos approches. Le contenu des échanges de cette table-ronde est réservé aux participants et à nos membres. Il va notamment nourrir les prochaines temps de travail collectif que le Lierre va proposer à ses membres en janvier 2025 pour travailler sur notre feuille de route 2025-2027. Un compte-rendu très synthétique des échanges figure dans le document ci-dessus.
Bon Pote
Actu-Environnement
Amis de la Terre
Aspas
Biodiversité-sous-nos-pieds
Bloom
Canopée
Décroissance (la)
Deep Green Resistance
Déroute des routes
Faîte et Racines
Fracas
F.N.E (AURA)
Greenpeace Fr
JNE
La Relève et la Peste
La Terre
Le Lierre
Le Sauvage
Low-Tech Mag.
Motus & Langue pendue
Mountain Wilderness
Negawatt
Observatoire de l'Anthropocène