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19.11.2024 à 09:53

Secrets, fuites, fleuves : comment le journalisme d’investigation transfrontalier se déploie en Afrique

Ekpali Saint, Patrick Egwu,

#AfricaFocusWeek Du 18 au 24 novembre 2024, GIJN met en lumière le journalisme d’investigation en Afrique. Dans cet article, les journalistes Patrick Egwu et Ekpali Saint se penchent sur la montée en puissance du journalisme cross-border sur le continent africain, mais aussi sur les freins et défis à surmonter.
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#AfricaFocusWeek Du 18 au 24 novembre 2024, GIJN met en lumière le journalisme d’investigation en Afrique. Dans cet article, les journalistes Patrick Egwu et Ekpali Saint se penchent sur la montée en puissance du journalisme cross-border sur le continent africain, mais aussi sur les freins et défis à surmonter.

Tout comme leurs homologues aux quatre coins du monde, les organisations et journalistes d’investigation africains font appel à des partenaires transfrontaliers pour partager des ressources, traiter des volumes considérables de données et optimiser l’impact de leurs enquêtes. Cette collaboration a lieu dans des environnements parmi les plus difficiles et dangereux au monde pour les journalistes d’investigation.

Au cours des dix dernières années, des enquêtes transfrontalières complexes, comme Swazi Secrets, West Africa Leaks et des projets d’enquêtes régionales sur l’environnement, tels que InfoCongo et InfoNile, ont réunis des journalistes et des chercheurs de presque douze pays africains, avec et sans partenaires médias d’autres continents.

Un nombre croissant d’organisations en Afrique se consacrent à l’établissement de collaborations dans le cadre d’investigations, que ce soit dans plusieurs secteurs en mettant en contact des scientifiques et des journalistes, au-delà des frontières en servant de réseau régional, via des formations, en aidant les journalistes d’investigation à limiter les risques que présente la publication dans des pays dangereux et en fournissant des fonds ou en aidant les journalistes d’investigation à en lever.

GIJN a contacté des journalistes et organisations qui soutiennent des projets d’investigation transfrontaliers dans leurs régions, notamment l’Afrique australe, les Grands Lacs en Afrique de l’Est et le bassin du Nil, pour discuter de leurs projets, expériences et défis, ainsi que des outils de collaboration qu’ils utilisent.

CENOZO : #WestAfricaLeaks et au-delà

L’enquête West Africa Leaks publiée en 2018 et qui a révélé comment des corporations et individus puissants en Afrique de l’Ouest ont caché des milliards à l’étranger, a été menée par ce qui fut à l’époque la collaboration la plus importante de journalistes dans la région. Basée sur une analyse de toutes les références concernant l’Afrique de l’Ouest dans les 27,5 millions de documents de l’ICIJ (International Consortium for Investigative Journalism) liés aux fuites importantes de données, dont Offshore Leaks, Panama Papers et Paradise Papers, c’était la première fois que l’ICIJ se concentrait sur une région spécifique et coordonnait une collaboration impliquant une douzaine de journalistes dans 11 pays.

The 2018 ICIJ cross-border collaboration West Africa Leaks included reporters from 11 West Africa countries.

Le projet de collaboration transfrontalière de l’ICIJ et CENOZO de 2018, West Africa Leaks, comprenait des reporters de 11 pays africains. Image : Capture d’écran, ICIJ

Un des partenaires de l’ICIJ en Afrique de l’Ouest était la CENOZO, la Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest, une association régionale de journalistes d’investigation basée au Burkina Faso. Créée en 2015, la CENOZO sert de plateforme de réseau de journalistes ouest-africains et les aide à publier des enquêtes lorsqu’ils font face à trop de dangers s’ils les publient dans leur pays, les finance et les forme aux techniques d’investigation.

“Le problème majeur auxquels sont confrontés les journalistes dans notre région est le manque de ressources et de compétences pour réaliser des enquêtes approfondies sur des problèmes d’intérêt public,” déclare Ignace Sossou, le responsable des programmes de la CENOZO. Il ajoute qu’à l’heure actuelle, le problème qui les préoccupe le plus est celui de la dégradation de la sécurité en Afrique de l’Ouest, le manque accru d’accès aux sources et la démotivation des journalistes. En Afrique de l’Ouest, la sécurité et le climat politique sont fragiles, surtout dans la région du Sahel, où des terroristes armés sévissent dans plusieurs pays.

Les journalistes de la CENOZO ont également participé aux projets Shadow Diplomats et Pandora Papers, et aux enquêtes FinCEN Files coordonnés par l’ICIJ. En 2023, la CENOZO s’est associée avec le CCIJ (Center for Collaborative Investigative Journalism), un centre à but non lucratif axé sur les données et les contenus visuels, pour renforcer le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest.

IJ Hub : Encourager les enquêtes en Afrique australe

L’enquête Swazi Secrets, qui portait sur ce que l’ICIJ a décrit comme la fuite la plus importante de ce type provenant d’une cellule de renseignement financier dans un pays africain, a exposé les transactions et personnes à l’origine d’une économie régionale illégale, et impliqué certains individus parmi les plus connus en Afrique australe dans le domaine de la politique et des affaires.

Plus de 890 000 documents internes de l’EFIU (Eswatini Financial Intelligence Unit) ont été divulgués. L’organisation Distributed Denial of Secrets à but non lucratif les a obtenus et partagés avec l’ICIJ et sept partenaires médias. Trente-huit journalistes originaires de 11 pays, y compris l’Afrique du Sud, le Nigeria et la Zambie, ont participé à l’enquête.

Pour l’enquête Swazi Secrets, le partenaire média basé en Afrique du Sud était l’organisation amaBhungane Centre for Investigative Journalism sud-africaine indépendante, à but non lucratif et membre de GIJN, qui a fait ses débuts en tant qu’unité d’investigation pour le journal Mail & Guardian.

Swazi Secrets ICIJ investigation Eswatini

Le projet d’enquête Swazi Secrets a été mené par les médias ICIJ, amaBhungane, Finance Uncovered, Inhlase et MakanDay. Image : Capture d’écran, ICIJ

En 2019, amaBhungane a lancé IJ Hub pour soutenir les rédactions d’investigation dans la région en développant les capacités, en proposant un soutien éditorial et en partageant la collecte de fonds et les risques. Mis en place à l’origine sous la forme d’un incubateur chez amaBhungane, IJ Hub a été détaché de la rédaction en 2021 et compte actuellement sept centres membres dans six pays : Afrique du Sud, Lesotho, Eswatini, Zambie, Malawi et Namibie.

Cette année, trois membres de l’équipe d’IJ Hub, à savoir amaBhungane, MakanDay en Zambie et Inhlase en Eswatini, ont collaboré avec l’ICIJ dans le cadre de l’enquête Swazi Secrets. Ils ont exposé l’éventuelle implication de l’Eswatini qui aurait favorisé l’économie de contrebande d’or en Afrique australe, facilitée par des contrôles insuffisants pour lutter contre le blanchiment d’argent, ainsi que par les hommes politiques et les courtiers en énergie sud-africains impliqués. L’enquête a également révélé l’existence de deux raffineries fantômes qui ont acheminé des millions de dollars à destination de Dubaï, via l’Eswatini.

Troye Lund, la directrice générale d’IJ Hub, explique que l’enquête Swazi Secrets a permis aux journalistes “d’exploiter leurs ressources mutuelles pour un succès partagé”.

Elle ajoute que c’est l’accès aux informations qui leur a posé le plus problème, car il est “quasiment impossible” dans la plupart de ces pays. Par exemple, en Eswatini, la dernière monarchie absolue en Afrique, il est non seulement très difficile d’obtenir des informations, mais c’est également très dangereux. “Il faut contourner le problème et trouver des journalistes très expérimentés qui connaissent bien le processus”, explique-t-elle. Après l’enquête Swazi Secrets, les législateurs en Eswatini ont réprimé encore davantage la liberté de la presse dans le but d’empêcher d’autres fuites.

Lund a également édité une enquête collaborative sur une ONG chrétienne basée aux États-Unis, qui révèle que les fondateurs de l’organisme de bienfaisance ont empoché les dons destinés aux enfants malawiens pour financer leur train de vie opulent. L’enquête a été publiée par l’organisation malawienne PIJ (Platform for Investigative Journalism) avec le soutien éditorial d’IJ Hub et OpenUP/Africa Data Hub.

Les journalistes participant à ce projet ont collecté des documents financiers et des déclarations de revenus du Malawi et des États-Unis.

Après la publication de l’enquête, “l’organe de supervision des ONG au Malawi a ouvert une enquête sur l’organisme de bienfaisance, qui s’est traduite par la suppression de son statut de certification aux États-Unis et une enquête judiciaire. Plusieurs donateurs ont (également) désinvesti leur apport”, ajoute Lund.

Lund explique que, pour être efficace, une enquête doit mettre en relation des journalistes de différentes unités d’investigation qui réalisent une enquête et un rédacteur en chef spécialisé dans les investigations.

“Le rédacteur en chef spécialisé dirige les discussions autour du sujet principal de l’enquête, et des réunions hebdomadaires, ou plus fréquentes, sont organisées avec le rédacteur en chef afin de s’assurer du bon déroulement de l’enquête et de son orientation”, explique Lund.

“Le rédacteur en chef est expérimenté et peut animer des discussions sur la marche à suivre et la gestion des informations.”

InfoNile : ‘Géojournalisme’ dans le bassin du Nil

Les enquêtes d’investigation transfrontalières peuvent enrichir les connaissances et les compétences des journalistes qui partagent des idées, des ressources et des outils, mais elles peuvent également mettre les journalistes en relation avec des experts sur un sujet.

Le groupe InfoNile qui enquête sur des problèmes dans le bassin du Nil, une région qui regroupe 11 pays africains dont l’Égypte, le Soudan, l’Érythrée et l’Éthiopie, a été fondé en 2017 et est composé d’un “groupe transfrontalier de géojournalistes” qui réalise des enquêtes cruciales sur la question de l’eau sur le plus long fleuve du monde, et met en relation des chercheurs, des scientifiques, des journalistes et le public.

InfoNile investigation Sucked Dry land deals in Nile Basin

Enquête d’InfoNile « Sucked Dry » sur les affaires foncières dans le bassin du Nil. Image : Capture d’écran, InfoNile.

Sa co-fondatrice Annika McGinnis souligne que le journalisme transfrontalier a contribué à démasquer des voies commerciales transnationales. Leur enquête Dépossédés : saisies de terres et suppression de l’accès à l’eau dans le bassin du Nil (Sucked Dry: Land Grabs and Water Access in the Nile River Basin) a révélé que des investisseurs étrangers acquièrent de très vastes étendues de territoire en Éthiopie, en déplaçant par là même des communautés, pour cultiver des fleurs et les exporter en réalisant d’énormes bénéfices. Le projet a regroupé au sein d’une équipe plus de 10 rédacteurs en chef, journalistes d’investigation, data-journalistes, concepteurs et traducteurs de sept pays, et il a remporté le 3e prix dans la catégorie des enquêtes d’investigation exceptionnelles (Outstanding Investigative Reporting) du prix 2020 Fetisov Journalism Awards.

“La collaboration transfrontalière, c’est la solution”, confirme McGinnis. “C’est le seul moyen d’exposer à une plus grande échelle la réalité de ces problèmes transfrontaliers et de suivre la trace du commerce transnational.”

McGinnis explique qu’InfoNile a vu le jour dans le cadre d’un projet de recherche appelé Open Water Diplomacy Lab, qui s’est intéressé à comment les médias enquêtaient dans le bassin du Nil sur les problèmes régionaux liés à l’eau. Il a découvert que, dans la majorité des pays, l’enquête adoptait “un point de vue très nationaliste plutôt qu’une perspective transfrontalière”. InfoNile est là pour combler cette lacune.

Alors qu’à l’origine InfoNile s’est concentré sur la question de l’eau, le groupe a rapidement compris que son approche lui permettrait de couvrir de nombreux sujets concernant la région. Par exemple, InfoNile s’est associé à l’organe de presse Oxpeckers Investigative Journalism Network, basé en Afrique du Sud et qui se spécialise dans l’environnement, pour couvrir le trafic d’espèces sauvages, et a réalisé de nombreuses enquêtes.

“Les espèces sauvages et produits qui en sont dérivés peuvent être obtenus d’un pays à un autre via des canaux illégaux et exportés à l’étranger ou dans une autre région. Il est important de couvrir ce commerce transnational sous un angle transnational”, ajoute McGinnis.

En 2022, InfoNile a lancé la plateforme NileWell qui met en relation des journalistes spécialisés dans l’environnement et des chercheurs dans le bassin du Nil. 233 chercheurs et plus de 500 journalistes sont enregistrés. InfoNile a également mis en place un programme mensuel appelé Science Wednesday, dans le cadre duquel des scientifiques spécialisés dans l’environnement ou l’eau présentent leurs travaux à un réseau de journalistes. Cette initiative aide les journalistes à trouver des idées d’enquête et donne aux scientifiques l’opportunité d’expliquer ou de clarifier certains termes scientifiques.

“Nous pensons que pour résoudre ces problèmes environnementaux, nous avons besoin d’expertise scientifique que nous devons pouvoir utiliser et convertir dans un format exploitable et compris de tous”, déclare McGinnis.

Le groupe InfoNile est basé en Ouganda, mais pour surmonter les éventuelles barrières linguistiques, il possède dans chaque pays du bassin du Nil un groupe de coordinateurs compétents en matière de journalisme environnemental et d’investigation. Ces derniers parlent la langue locale, peuvent communiquer avec les journalistes dans leur pays, facilitent le déploiement des programmes d’InfoNile, comme des formations, dans la langue principale de la région, et invitent des experts locaux.

L’IA et des outils de traduction comme Google Translate aident InfoNile à traduire la première ébauche d’une enquête d’une langue vers une autre. “Ce n’est pas l’idéal”, reconnaît McGinnis. “Mais cela nous permet de trouver davantage de points communs. Chaque méthode présente des problèmes, et les accents ne sont parfois pas toujours bien convertis ou la traduction n’est pas toujours correcte, par exemple. C’est un domaine que nous essayons constamment d’améliorer.”

Sécurité, outils, formation

Lorsque les journalistes d’investigation sont menacés dans leur propre pays, les investigations transfrontalières peuvent renforcer leur sécurité et atténuer les menaces, car l’enquête peut être publiée par plusieurs organes de presse, dans divers pays.

Un des principaux objectifs de la CENOZO est de proposer une plateforme pour les journalistes qui ne peuvent pas utiliser leur nom pour des raisons de sécurité ou lorsque la presse locale ne traite pas de sujets sensibles.

“En se regroupant, on répartit les risques”, déclare Gilbert Bukeyeneza, le fondateur d’Ukweli Coalition. “Il est plus facile de cibler un journaliste que plusieurs journalistes ou plusieurs organes de presse”, ajoute-t-il. L’entité Ukweli Coalition, dont le nom est dérivé d’un mot swahili qui signifie ‘fait’ ou ‘vérité’, a été fondé en mai 2023 pour soutenir le journalisme transfrontalier en Afrique de l’Est, et particulièrement dans la région des Grands Lacs. “La région des Grands Lacs est la partie francophone de l’Afrique de l’Est et de loin la moins évoluée en matière de liberté de la presse et de projets médias qui soutiennent les journalistes”, explique Bukeyeneza, journaliste depuis 12 ans. “Les journalistes de la région manquent sérieusement de financement. Ils n’ont aucun moyen d’agir.”

En juillet 2024, le centre Ukweli Coalition, en partenariat avec Africa Uncensored, a organisé un atelier pour 10 journalistes du Burundi et de la République démocratique du Congo, ce qui représente la première activité de la coalition depuis son lancement.

Les outils numériques jouent un rôle primordial dans la réussite des projets de journalisme d’investigation collaboratifs transfrontaliers, surtout en aidant les journalistes à toucher un plus grand public.

Lund explique que le centre de membres d’IJ Hub et Oxpeckers Investigative Environmental Journalism, la première unité de journalisme environnemental d’investigation en Afrique ont développé plusieurs outils d’investigation transfrontaliers. #WildEye est un des outils clés capable d’assurer le “suivi des saisies, des arrestations, des affaires judiciaires et des condamnations pour des crimes liés aux espèces sauvages et à l’environnement dans le monde entier”. #PowerTracker est un autre outil qui “assure le suivi des projets d’énergies renouvelables et du démantèlement des usines de charbon en Afrique subsaharienne”.

McGinnis, la co-fondatrice d’InfoNile explore actuellement l’outil d’IA Claude for Sheets qui aide à rédiger des formules dans Google Sheets. “Cet outil est utile lorsque les données ne sont pas organisées ou qu’elles comprennent de long blocs de texte, et que vous essayez de comprendre leur signification ou de les classer d’une manière ou d’une autre”, explique-t-elle.

Souvent, les enquêtes collaboratives prennent plus de temps que les enquêtes traditionnelles, car les journalistes de divers pays doivent coordonner différents calendriers. Par ailleurs, puisque les articles sont souvent plus longs, il faut davantage de temps pour les rédiger et les éditer.

McGinnis explique que les enquêtes d’InfoNile peuvent durer trois mois, six mois, voire un an, selon le projet. “C’est la nature des enquêtes collaboratives. Nous ne nous contentons jamais de la première ébauche. Nous demandons toujours aux journalistes de trouver davantage d’informations, de creuser”, ajoute-t-elle.

Lund confirme. “Les collaborations transfrontalières demandent beaucoup de temps et de patience. Parfois, nous sommes frustrés par leur complexité. Il arrive que nous devions repousser la date de publication prévue de plusieurs semaines ou mois”, dit-elle.

McGinnis et Lund rappellent que, de par sa nature, le journalisme d’investigation transfrontalier nécessite des formations régulières. Alors qu’InfoNile a formé plus de 300 journalistes et accordé des subventions à environ 200 journalistes, au cours des 12 derniers mois, IJ Hub a organisé 34 ateliers, formé 667 participants et mis en place environ 12 bourses.

“La relation avec les journalistes est très interactive et concrète. Nous souhaitons que les formations soient sur mesure et sur le terrain, qu’elles correspondent aux besoins des équipes ou de chaque individu et qu’elles leur permettent de développer leurs compétences”, ajoute Lund. “Le potentiel des collaborations transfrontalières est énorme et nous aimerions nous y consacrer davantage, tant que des financements restent disponibles.”


Patrick Egwu est un journaliste indépendant d’origine nigériane qui a réalisé des reportages à Chicago, Toronto, Johannesburg, Berlin et Lagos pour un certain nombre de publications, dont le Globe and Mail, Foreign Policy, NPR, Rest of World, Daily Maverick, World Politics Review, America Magazine et d’autres.

 

Ekpali Saint est un journaliste indépendant basé au Nigeria. Il couvre le changement climatique, l’agriculture, l’environnement, la religion, l’éducation et d’autres questions liées au développement. Son travail a été publié dans Al Jazeera, openDemocracy, FairPlanet, African Arguments, America Magazine, Religion Unplugged et Down to Earth.

18.11.2024 à 12:18

Résilience, courage, détermination : le journalisme d’investigation africain à la hauteur du défi

Benon Herbert Oluka, Maxime Domegni

#AfricaFocusWeek Du 18 au 24 novembre 2024, GIJN met en lumière le journalisme d’investigation en Afrique. Pour cet article en forme d'état des lieux, les responsables des éditions Afrique francophone et anglophone de GIJN ont interrogé quelques unes des 26 organisations membres de GIJN sur le continent pour savoir ce qui rend le journalisme d'investigation unique en Afrique. 
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#AfricaFocusWeek Du 18 au 24 novembre 2024, GIJN met en lumière le journalisme d’investigation en Afrique. Pour cet article en forme d’état des lieux, les responsables des éditions Afrique francophone et anglophone de GIJN ont interrogé quelques unes des 26 organisations membres de GIJN sur le continent pour savoir ce qui rend le journalisme d’investigation unique en Afrique. 

Les journalistes d’investigation en Afrique doivent faire face à de nombreux obstacles : gouvernements répressifs, entreprises qui tentent de les réduire au silence, restrictions en matière de voyages et de visas, agressions physiques, poursuites judiciaires telles que les poursuites-bâillons, financement limité, faiblesse de capacité et de formation.

Pourtant, ils trouvent des moyens de surmonter ces difficultés. Les journalistes d’investigation africains ont toujours produit des articles percutants – année après année – tout en élaborant des stratégies pour accroître leur audience.

Les journalistes d’investigation sont menacés partout dans le monde, mais dans de nombreux pays africains, c’est une situation particulièrement dangereuse. Des journalistes d’investigation africains ont payé de leur vie leurs efforts pour demander des comptes aux dirigeants – au Ghana, au Cameroun, au Rwanda et dans plusieurs autres pays. Près de 50 journalistes africains croupissent en prison, selon le dernier décompte du Comité pour la protection des journalistes (CPJ). De nombreux journalistes africains ont dû éviter la mort ou l’emprisonnement en s’exilant.

Coïncidant avec la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes, les 450 participants de 55 pays à la Conférence africaine sur le journalisme d’investigation (AIJC), qui s’est tenue récemment à Johannesburg (Afrique du Sud), ont publié une déclaration visant à attirer « de toute urgence » l’attention sur les conditions dangereuses dans lesquelles les journalistes travaillent dans de nombreuses régions du continent, en demandant aux gouvernements de libérer les journalistes emprisonnés et aux organisations internationales de mettre en place un mécanisme de poursuite des crimes commis contre les journalistes en Afrique.

Ces dangers n’ont pas empêché les journalistes d’investigation africains de faire un travail difficile et exceptionnel. Parmi les exemples récents d’investigations notables en provenance d’Afrique, on peut citer :

GIJN a pour mission de fournir l’ossature organisationnelle du journalisme d’investigation et compte 26 membres basés en Afrique, répartis de manière très large – de la Gambie en Afrique de l’Ouest à la Tunisie au nord, en passant par le Zimbabwe et le Mozambique au sud-est. Pour cet article, GIJN s’est entretenu avec des responsables de rédaction, des rédacteurs en chef et des journalistes de ses organisations membres africaines sur ce qui distingue le journalisme d’investigation sur le continent et sur les défis auxquels ils sont confrontés.

AIJC 24 group photo

Des centaines de journalistes de plus de 50 pays ont participé à la dernière conférence africaine sur le journalisme d’investigation qui s’est tenue à Johannesburg, en Afrique du Sud, du 30 octobre au 1er novembre 2024. Image : Capture d’écran, AIJC

Qu’est-ce qui rend le journalisme d’investigation unique en Afrique ?

Plusieurs membres de GIJN ont cité la résilience comme une qualité qui caractérise le journalisme d’investigation mené en Afrique, alors qu’ils sont confrontés à de graves violations de leurs droits – et pire encore – dans l’exercice de leur travail.

Le directeur exécutif d’Inkyfada, basé en Tunisie, Malek Khadhraoui, fait remarquer que « le meilleur journalisme d’investigation dans la région MENA se distingue par sa résilience, sa collaboration et le courage nécessaire pour opérer dans un environnement extrêmement difficile », où « l’autoritarisme, la censure et les menaces à l’encontre des journalistes sont monnaie courante ».

« Le journalisme d’investigation ici est également profondément lié à la justice sociale et à l’engagement communautaire », ajoute-t-il.

La justice sociale est un élément important du journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest également. « Ce qui distingue le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest, c’est qu’il s’attache à dénoncer la corruption, les violations des droits de l’homme et les problèmes environnementaux qui sont souvent profondément enracinés dans la région », explique Gideon Sarpong, cofondateur d’iWatch Africa au Ghana. « Les journalistes de la région doivent faire face à d’énormes pressions politiques, sociales et économiques pour mettre en lumière des sujets cruciaux, souvent au péril de leur vie ».

La rédactrice en chef de New Narratives au Liberia, Prue Clarke, travaille avec une poignée de reporters courageux qui ne laissent pas l’intimidation – un risque professionnel important – entraver leur travail. « L’accès à l’information et la lutte contre les menaces sont des facteurs dominants dans la région », explique Prue Clarke. « Mais lorsque le journalisme est bien fait, il peut avoir un impact considérable.

Rahma Behi, chef du département des enquêtes internationales à Alqatiba en Tunisie, explique également qu’ils poursuivent leur travail en dépit des menaces et de la montée du populisme sur le continent. «Malgré un environnement difficile marqué par la montée du populisme et des pressions gouvernementales, nous restons inébranlables dans notre quête de vérité… Même le plus petit changement alimenté par notre travail est une victoire à nos yeux.»

Défis internes et externes

Luís Nhachote, coordinateur exécutif du Centro de Jornalismo Investigativo au Mozambique, note que le journalisme d’investigation en Afrique est confronté à deux types de défis, à la fois internes – tels que les contraintes de financement et de ressources dans un environnement médiatique changeant et commercial – et externes – tels que les lois, les politiques et les environnements médiatiques restrictifs. Il cite la sécurité et l’absence de droit d’accès à l’information comme les principaux défis locaux.

Parmi les autres défis externes figurent la répression juridique et politique, l’accès restreint à l’information, les espaces de liberté d’expression de plus en plus réduits et les procès ou autres actions en justice visant à réduire au silence ou à la faillite les journalistes et leurs organisations – tels que les procès SLAPP, que Dayo Aiyetan, directeur exécutif de l’International Centre for Investigative Reporting du Nigeria, cite, avec «la répression de l’État et la répression des médias », comme des obstacles majeurs auxquels sont confrontés les journalistes au Nigeria.

Charles Mafa, directeur associé du Makanday Centre for Investigative Journalism en Zambie, déclare qu’un autre défi systémique auquel est confrontée la profession sur le continent, outre les intérêts politiques et commerciaux qui influencent la presse, est « l’absence de programme d’études pour le journalisme d’investigation dans les écoles et universités zambiens».

Behi, d’Alqatiba, estime qu’il faut accorder plus d’attention à la question de la viabilité financière du journalisme d’investigation en Tunisie et dans d’autres régions d’Afrique.

«Avec les défis économiques actuels et les restrictions sur les financements étrangers [en Tunisie], il est de plus en plus difficile d’obtenir les ressources nécessaires pour des enquêtes à long terme », explique-t-elle. « Faute de financement et de protection suffisants, de nombreux médias risquent de ne pas survivre, ce qui pourrait compromettre leur capacité à produire des reportages approfondis et de qualité. »

Khadhraoui, d’Inkyfada, également originaire de Tunisie, partage cet avis. « Si nous pouvions obtenir des sources de financement diversifiées et indépendantes, que ce soit par le biais de modèles de revenus basés sur la technologie, de subventions ou d’un soutien direct de l’audience, cela constituerait un filet de sécurité indispensable pour le journalisme d’investigation dans la région ».

En Afrique de l’Ouest, La Maison des Reporters, basée au Sénégal, a expérimenté un modèle économique basé exclusivement sur les dons du public. Elle n’accepte pas les subventions des institutions, qu’elle s’efforce de « tenir à distance », car le site opère dans un climat marqué par « la méfiance à l’égard du travail journalistique, quelle que soit sa qualité », explique Moussa Ngom, coordinateur de La Maison des Reporters. Leur défi particulier, ajoute-t-il, est de « maintenir à tout prix notre modèle économique, basé sur les dons du public et la qualité de notre production ».

Collaborer au-delà des pays – et des continents

Comme dans d’autres parties du monde, les collaborations transfrontalières en matière d’enquête sont en augmentation en Afrique – et plusieurs médias africains et associations régionales facilitent ou soutiennent activement de telles enquêtes – mais l’infrastructure pour les collaborations transfrontalières varie selon les régions, et les membres notent que davantage peut être fait pour promouvoir la collaboration intra-africaine sans partenaires internationaux.

Il est remarquable que plusieurs enquêtes collaboratives citées par les organisations membres de GIJN impliquent des partenariats avec des groupes extérieurs à l’Afrique. Makanday de Zambie, ainsi que d’autres médias d’Afrique australe, ont collaboré avec l’ICIJ pour produire l’enquête Swazi Secrets; Alqatiba de Tunisie a collaboré avec l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) sur une série d’enquêtes transfrontalières qui ont abouti aux révélations internationales Dubai Unlocked; iWatch Africa s’est associé à Lighthouse Reports des Pays-Bas pour un article sur le financement par l’Europe de pesticides interdits par l’UE au Ghana.

iWatch Africa collaborative investigation into EU-banned pesticides in Africa

iWatch Africa a collaboré avec Lighthouse Reports, membre du GIJN basé aux Pays-Bas, pour une enquête sur l’utilisation de pesticides interdits par l’UE en Afrique. Image : Capture d’écran, iWatch Africa

Collins Mtika, directeur éditorial du Centre for Investigative Journalism Malawi, souligne le fait que la concurrence pour obtenir des articles «exclusifs» reste un obstacle local à la poursuite de la collaboration. « Les journalistes d’investigation du Malawi résistent encore ou ne veulent pas collaborer avec leurs collègues », souligne-t-il. « L’intérêt de la concurrence est tellement inhérent que l’intérêt public est rarement pris en compte lors de la rédaction des articles ».

Malek Khadhraoui, d’Inkyfada, note qu’il existe une culture établie de collaborations transfrontalières dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA), orchestrée par des réseaux tels que Arab Reporters for Investigative Journalism (ARIJ).

«Ces collaborations permettent aux journalistes d’aborder des sujets complexes tels que la corruption, les violations des droits de l’homme et le crime organisé, qui dépassent souvent les frontières nationales », explique-t-il. « En travaillant avec des partenaires internationaux comme l’ICIJ ou l’OCCRP, les journalistes d’investigation de la région MENA peuvent accéder à des outils avancés et à une expertise mondiale, ce qui leur permet de révéler des histoires qui pourraient autrement rester cachées en raison de restrictions locales.»

Selon M. Khadhraoui, la collaboration avec les réseaux internationaux de journalisme de redevabilibité présente un autre avantage : elle accélère l’innovation dans la région en mettant davantage l’accent sur l’utilisation du journalisme numérique et de données moderne, ainsi que sur d’autres ressources d’investigation modernes. « C’est essentiel pour découvrir les crimes financiers et la corruption qui nécessitent une analyse sophistiquée des données, faisant du journalisme d’investigation un outil vital pour la transparence et la responsabilité dans la région », note-t-il.

En Afrique de l ‘Ouest, la Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest (CENOZO) connecte déjà des journalistes d’investigation pour qu’ils travaillent ensemble dans une région très instable où quatre pays ont subi des coups d’État ces dernières années, et où le régime militaire a rendu encore plus difficile la pratique du journalisme indépendant.

CENOZO, basé en Afrique de l’Ouest, est l’une des ces organisations journalistiques du continent qui s’emploie à former des reporters et à encourager des enquêtes plus collaboratives au-delà des frontières nationales. Image : Capture d’écran, GIJN

Pour Oxpeckers Investigative Environmental Journalism d’Afrique du Sud, le nombre considérable d’articles produits pour leur projet de reportage #PowerTracker au cours des deux dernières années est le résultat de collaborations avec des journalistes du Mozambique, du Zimbabwe, d’Afrique du Sud, de Namibie et de la République démocratique du Congo.

L’ICIR du Nigéria collabore localement avec des organisations médiatiques complémentaires telles que Signature Television afin d’amplifier la portée de leurs enquêtes et la distribution de contenu multimédia. New Narratives a développé un réseau de plus de 10 rédactions au Libéria, au Ghana et dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, où ils diffusent leur contenu, tandis que sept des centres de journalisme d’investigation d’Afrique australe sont membres de l’ IJ Hub, le point de ralliement de la région pour le journalisme collaboratif.

Il existe des plans pour améliorer et soutenir davantage d’enquêtes transfrontalières en collaboration.

Lors de l’AIJC2024, la directrice du Wits Centre for Journalism, Dinesh Balliah, a annoncé la création d’un réseau africain de journalisme d’investigation (AIJN), précisant qu’il «répondra aux besoins urgents de nombreux journalistes indépendants sur le continent, qui manquent de soutien organisationnel et d’association institutionnelle pour accéder au financement de leurs projets critiques de journalisme d’investigation ».

En Afrique de l’Est, Africa Uncensored, basé au Kenya, est le fer de lance de l’East Africa Investigative Journalism Network, qui sera lancé lors d’une conférence régionale inaugurale sur le journalisme d’investigation à Mombasa, au Kenya, au début du mois de décembre 2024.

Formation, innovation et avenir

Pour combler le manque d’opportunités de formation et de compétences, plusieurs membres africains de GIJN se sont concentrés sur le développement de compétences et de formations pour les jeunes journalistes. L’ICIR affirme avoir formé plus de 1 000 journalistes dans de nombreuses salles de rédaction et financé quelque 2 000 projets d’enquête depuis la création de l’organisation en 2010 ; iWatch Africa dit avoir formé plus de 200 journalistes, les dotant de compétences en matière de droits numériques, de journalisme de données et d’investigation (et a offert des bourses d’enquête à plusieurs journalistes).

Anton Harber, membre du conseil d’administration du GIJN et directeur général de la fondation sud-africaine Henry Nxumalo, qui accorde des subventions de journalisme d’investigation, déclare : « Notre principale réussite est d’avoir soutenu plus de 90 projets en 15 ans, dont certains ont eu un impact majeur », comme l’enquête Viewfinder sur la criminalité policière (lauréate du Global Shining Light Award en 2023 ) et l’enquête Daily Maverick sur les contrats d’influence.

Oxpeckers, le premier média d’enquête en Afrique spécialisé sur les questions environnementales, a développé ses propres ressources de formation pour l’analyse des données et la géocartographie, entre autres. Fiona Macleod, directrice exécutive d’Oxpeckers, déclare : « Nos 13 outils axés sur les données alimentent nos reportages publiés en ligne et par l’intermédiaire de nos partenaires médiatiques, les preuves sous-jacentes et autres sources étant mises à la disposition des autres médias et défenseurs de l’environnement pour qu’ils puissent les utiliser dans leur propre travail ».

D’autres outils ont été adoptés par les rédactions d’investigation africaines :

  • L’IA, qui aide les petites salles de rédaction dans leurs tâches de routine et les outils de visualisation des données, pour automatiser les tâches de transcription et de traduction, améliorer l’efficacité des enquêtes multilingues et la vérification du contenu, en particulier lorsqu’il s’agit de vérifier de grandes quantités de données visuelles ou textuelles provenant de sources diverses.
  • Des logiciels d’analyse de données avancés et des langages de programmation tels que Python, R et Tableau pour analyser de grands ensembles de données tout en enquêtant sur les tendances en matière de corruption financière, de migration et de responsabilité politique.
  • Des outils de recherche libres (open source) pour suivre les empreintes numériques, vérifier les informations et rassembler les données publiques accessibles, en particulier lors d’enquêtes sur des réseaux cachés ou sur la corruption liée au gouvernement.
  • Les plateformes en ligne des gouvernements. Initialement introduites pour fournir des services publics en ligne, ces ressources sont devenues utiles pour récupérer des documents essentiels, tels que les registres des sociétés et les registres fonciers, sans qu’il soit nécessaire de se rendre en personne dans les bureaux de l’administration.
  • Des outils de cryptage comme PGP (Pretty Good Privacy) et des applications de messagerie sécurisée (Signal, Wire) pour protéger les sources sensibles et garantir la sécurité du travail d’enquête en cours, en raison des préoccupations croissantes concernant la surveillance et la liberté de la presse.

Malgré la grande diversité des réponses, il y a des points communs sur les listes de souhaits des membres de GIJN pour améliorer le journalisme de surveillance sur le continent. Il s’agit notamment de

  • Améliorer le financement à travers l’Afrique pour soutenir, former et encadrer les prochaines générations de journalistes d’investigation.
  • Promulguer des réformes politiques et législatives qui protègent la liberté de la presse et mettent les journalistes à l’abri du harcèlement et de la répression.
  • Déployer davantage d’outils d’IA pour les enquêtes, la vérification des faits et les opérations de publication.
  • Établir et faire respecter des normes éthiques élevées pour renforcer la crédibilité et la fiabilité du journalisme d’investigation.
  • Fournir des outils de communication et des techniques d’analyse de données plus sûrs afin que les journalistes d’investigation puissent travailler plus efficacement et en toute sécurité.

Pour améliorer le journalisme d’investigation dans les pays africains, il est essentiel d’être proactif sur plusieurs fronts, à commencer par le recrutement et la formation de jeunes journalistes, note Collins Mtika du Centre pour le journalisme d’investigation du Malawi.

« Nous devons continuer à créer un cadre pour attirer de nouveaux journalistes et à les encadrer », explique Collins Mtika. «Nous devons également renforcer notre réseau et nos collaborations avec les journalistes d’investigation du pays et de la région… [et] nous devons participer en permanence à des ateliers internationaux et à des webinaires, afin de rester au fait des tendances en matière de journalisme d’investigation».


Benon Herbert OlukaBenon Herbert Oluka est le responsable Afrique de GIJN. Journaliste multimédia ougandais, il est cofondateur de The Watchdog, un centre de journalisme d’investigation dans son pays d’origine, et membre de l’African Investigative Publishing Collective. M. Oluka a été reporter et rédacteur en chef pour les journaux The East African, Daily Monitor et The Observer. Il a également travaillé au bureau de l’Afrique subsaharienne de l’agence de presse Reuters à Johannesburg, en Afrique du Sud, et au programme Newsday de la BBC World Service Radio à Londres, au Royaume-Uni. En tant que journaliste indépendant, les travaux d’Oluka ont été publiés dans The Africa Report, Africa Review, Mail & Guardian Africa, Mongabay et ZAM magazine.

Maxime Koami DomegniMaxime Domegni est responsable Afrique francophone de GIJN un journaliste primé qui possède des années d’expérience dans le journalisme d’investigation. Au cours des dix dernières années, il a travaillé, entre autres, comme rédacteur en chef du journal d’investigation togolais L’Alternative. Il a également collaboré avec différentes organisations médiatiques, notamment avec la Fondation Hirondelle, basée en Suisse, en tant que correspondant pour l’Afrique de l’Ouest du site web justiceinfo.net, et avec l’organisation néerlandaise RNW Media pour la version française du site web « This is Africa ». Il est basé à Dakar, au Sénégal, où il a travaillé pour BBC Afrique en tant que journaliste et producteur de planning pour l’Afrique francophone. M. Domegni est également membre de plusieurs organisations de journalisme d’investigation, dont la Cellule Norbert Zongo de journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest (CENOZO), le Network of African Investigative Reporters (NAIRE) et le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ).

12.11.2024 à 18:38

Webinaire GIJN – Comment intégrer l’Afrique à vos enquêtes (REPLAY)

Maxime Domegni

Dans le cadre de sa semaine spéciale Africa Focus Week, Gijn vous invite à un webinaire, gratuit mais soumis à inscription, sur comment trouver un angle Afrique à vos enquêtes. Rendez-vous mardi 26 novembre.  
Texte intégral (984 mots)

#AfricaFocusWeek Du 18 au 24 novembre 2024, GIJN a mis en lumière le journalisme d’investigation en Afrique… et organisé pour l’occasion un webinaire spécial, avec des journalistes chevronnés, pour vous aider à connecter vos enquêtes à l’Afrique. Voici le replay :

 

Plus que jamais, des recherches en investigation révèlent des pistes qui finissent très loin de leur point d’origine. Une enquête sur un meurtre dans une mine en République démocratique du Congo pourrait mener au siège londonien de l’une des principales sociétés diamantaires au monde. Une enquête sur la corruption au Libéria pourrait mener à un cabinet d’avocats ou à une société financière d’Amérique centrale. De même, une histoire sur le trafic d’espèces sauvages en Asie pourrait trouver son origine en Afrique du Sud.

Par conséquent, les journalistes d’investigation ont souvent besoin d’un coup de main pour mener à bien leurs enquêtes en accédant à des informations provenant de régions du monde auxquelles ils ne peuvent pas accéder facilement. En Afrique, plus que dans la plupart des autres régions du monde, les obstacles que les journalistes doivent surmonter pour réaliser des reportages en dehors de leur pays ou de leur continent sont nombreux, qu’il s’agisse de limitations financières, de restrictions en matière de visas ou de barrières technologiques. Les reporters étrangers se heurtent également à des difficultés uniques en Afrique, que les journalistes locaux ont les compétences et l’expérience nécessaires pour surmonter.

Le journalisme d’investigation collaboratif gagne donc en importance en tant qu’outil mutuellement bénéfique pour les journalistes et les rédactions désireux de raconter des histoires en Afrique ou sur l’Afrique, comme le montrent les exemples récents du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et de ses partenaires en Afrique australe, Africa Uncensored et Lighthouse Reports, le Pulitzer Center, ainsi que ce premier et ce deuxième sujets réalisés par les équipes d’Associated Press.

Dans le prolongement de sa série Africa Focus Week (prévue du 18 au 22 novembre), GIJN est heureux d’avoir organisé ce webinaire au cours duquel des journalistes africains qui ont mené des enquêtes collaboratives percutantes ont discuté de la manière de relier les points entre l’Afrique et votre prochain sujet d’enquête. Notre panel d’experts s’est appuyé sur leurs propres expériences et connaissances pour identifier des conseils utiles pour enquêter sur les méfaits des multinationales, l’exploitation des ressources naturelles et l’impunité au-delà des frontières.

Grace Ekpu est photographe et réalisatrice de documentaires. Anciennement productrice de nouvelles à TVC News Africa et journaliste senior à la BBC, elle a rejoint en 2022 l’unité d’enquêtes internationales de l’Associated Press, où elle couvre les océans et les pêcheries grâce à son expertise visuelle.

Cynthia Gichiri est reporter et productrice à Africa Uncensored, un média d’investigation et de journalisme d’intérêt public de référence. Au cours d’une carrière où son travail a été récompensé à plusieurs reprises, elle a participé à plusieurs projets locaux et internationaux de journalisme d’investigation collaboratif.

Madeleine Ngeunga est Editor pour l’Afrique au Pulitzer Centre, qui finance des reportages et enquêtes indépendants sur des questions systémiques sous-estimées dans le monde entier, y compris en Afrique et à propos de l’Afrique.

Micah Reddy est le coordinateur pour l’Afrique du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), qui s’est associé à plusieurs centres de journalisme d’investigation et à des médias en Afrique pour réaliser des enquêtes percutantes.

La modératrice est Dinesh Balliah, directrice du Wits Centre for Journalism et organisatrice de la Conférence africaine sur le journalisme d’investigation 2024.

Surveillez notre fil Twitter @gijnAfrique et abonnez-vous à notre bulletin d’information en français pour plus de détails sur les événements à venir.

Date du webinaire : Mardi 26 novembre 2024

 

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