06.04.2025 à 14:26
Ils sont venus, ils étaient tous là, les sondeurs invités à être auditionner devant la commission d'enquête parlementaire sur l'organisation des élections. Trois heures de catéchisme ont été infligés à la commission.
Pas un soupçon de désaccord entre des « instituts » qu'on aurait pu croire concurrents. Pas un soupçon de doute non plus. Ils se connaissent bien et s'appellent tous par leur petit nom et se tutoient. Imperturbablement, ils disent la même chose depuis une trentaine d'années. Les sondages (...)
Ils sont venus, ils étaient tous là, les sondeurs invités à être auditionner devant la commission d'enquête parlementaire sur l'organisation des élections. Trois heures de catéchisme ont été infligés à la commission.
Pas un soupçon de désaccord entre des « instituts » qu'on aurait pu croire concurrents. Pas un soupçon de doute non plus. Ils se connaissent bien et s'appellent tous par leur petit nom et se tutoient. Imperturbablement, ils disent la même chose depuis une trentaine d'années. Les sondages contribuent à la démocratie avec, au passage, un petit coup de pied sans risque contre les régimes autoritaires où l'on ne fait pas de sondages (c'est faux mais tant pis). El la contribution aux régimes pluralistes ?
Décisive. Comment ferait-on s'il n'y avait pas des sondages sur les intentions de vote pour choisir les candidats (même si on l'a fait pendant un siècle par le vote des militants) ? Qui inviterait-on sur les plateaux ? Des questions sur les échantillons ? Ils sont bien fait et nous travaillons à les améliorer. La transparence ? Ce serait ajouter à la confusion. Comment caractériser une communauté professionnelle aussi unanime ? Une communauté autiste ? Un bel exemple d'objet sociologique qui trouvera bientôt son chercheur.
03.04.2025 à 17:10
Le sondage de l'Ifop, à défaut de transporter d'aise M. Le Pen, ne pouvait cependant que lui plaire et la conforter dans sa situation de victime du « système » (le Jdd, 30 mars 2025). Selon les hypothèses, elle totalise entre 34 et 37% des voix au premier tour de la présidentielle de 2027. « Soit 14% de plus qu'en 2022 » précise (avec gourmandise ?) F. Daby (DG de l'Ifop). Peut importe qu'à deux ans du premier tour de tels sondages ne valent strictement rien, ou que les sondés qui ne se prononcent pas (...)
- ActualitéLe sondage de l'Ifop, à défaut de transporter d'aise M. Le Pen, ne pouvait cependant que lui plaire et la conforter dans sa situation de victime du « système » (le Jdd, 30 mars 2025). Selon les hypothèses, elle totalise entre 34 et 37% des voix au premier tour de la présidentielle de 2027. « Soit 14% de plus qu'en 2022 » précise (avec gourmandise ?) F. Daby (DG de l'Ifop). Peut importe qu'à deux ans du premier tour de tels sondages ne valent strictement rien, ou que les sondés qui ne se prononcent pas représentent 30% de l'échantillon final. Quant il s'agit de compter et de mobiliser ses voix, les questions qui obèrent la validité d'un sondage n'importent jamais. Le problème, car il y en a « un », c'est que M. Le Pen, n'avait, peut-être, pas prévue qu'Elabe en ferait lui aussi un sur la décision de justice. Les « joies » du sondage en ligne (Elabe, BFMTV, 31 mars).
« 57% des Français estiment que la décision de justice est normale aux vues des faits reprochés à M. Le Pen ». La « volonté du peuple » n'a marché, si l'on peut dire, que quelques heures. Pour se contredire, plus exactement, pour être battu en brèche par un autre sondage tout aussi...« valable ». L'application de inéligibilité de 5 ans étant exécutoire immédiatement malgré l'appel de la décision (c'est la loi). Ce n'est donc à tout le moins pas une condamnation politique, bien évidemment. Rappelons que même le FN d'alors n'avait pas manqué de voter avec l'ensemble des députés, cette disposition législative. Quoi de plus représentatif en effet qu'une décision « anti-élite » aux yeux du FN (réduit en nombre mais pas en voix, M. L. Pen était députée) que cette mesure aujourd'hui honnie.
Ne reste que la violence qui n'a pas tardé éclaté. Des incitations aux meurtres des juges concernés, aussitôt suivies en réponses par l'ouverture d'enquêtes du parquet. Les réactions des politiques n'ont pas manquées également, au premier rang desquels celle E. Macron. « La justice est indépendante et doit être protégée » (Le Monde, 2 avril). J-L. Mélenchon quant à lui continue son long naufrage. Il a rejoint les critiques de M. Le Pen. « La décision de destituer un élu devrait revenir au peuple ». « L'appel au peuple » comme toujours. Qui se ressemble se rejoigne à défaut de s'assembler. Mais les ennuis judiciaires qui s'accumulent sur la tête du leader de LFI ne sont sans doute pas étranger à cette déclaration.
Des manifestations de colère (de protestation) sont prévues ses prochains jours. « On ne va pas faire le 6 février 1934 » ironisait-on au RN en référence, ce jour là, aux actions violentes organisées par des ligues d'extrêmes droites. « Ce n'est pas un coup de force » se défendait J. Bardella mercredi 2 avril (Le Monde 2 avril). On verra bien. L'entreprise dé-diabolisation menée avec maints efforts, et d'atermoiements, va-elle enfin compte se dégonfler ? On verra là encore, mais le RN n'est pas composé que de ses électeurs potentiels, loin s'en faut. Les sondeurs l'ont-ils oublié ?
17.03.2025 à 13:37
La commission des sondages n'intervient pour ainsi dire jamais dans l'espace publique ou dans la presse. Aussi son audition récente par la commission d'enquête parlementaire sur les élections créée juste après les législatives de 2024 nous est apparu utile. Précisons toutefois qu'un tableau (très) critique de son activité avait été dressé juste avant son intervention, par Jean Pierre Sueur (ancien ministre, ancien sénateur), Luc Bronner (Le Monde) et Alexandre Dézé (professeur science politique) toujours (...)
- Actualité / Représentativité, Commission des sondages, Échantillon représentatif, Souvenons-nousLa commission des sondages n'intervient pour ainsi dire jamais dans l'espace publique ou dans la presse. Aussi son audition récente par la commission d'enquête parlementaire sur les élections créée juste après les législatives de 2024 nous est apparu utile. Précisons toutefois qu'un tableau (très) critique de son activité avait été dressé juste avant son intervention, par Jean Pierre Sueur (ancien ministre, ancien sénateur), Luc Bronner (Le Monde) et Alexandre Dézé (professeur science politique) toujours devant la même la commission.
Rappelons que pour un organisme public chargé avant tout « d'assurer l'objectivité et la qualité » on pourrait s'étonner qu'elle n'est jamais donné lieu à une condamnation, si petite soit elle, alors qu'elle en a la possibilité légale.
Les réponses de la commission sont toujours marquées par son juridisme et son légalisme. La mention et son rappel (encore et toujours), à la loi et ses diverses amendements intervenus depuis son adoption. Pour le « reste », à savoir le travail concret, au jour le jour de l'organisme, composé essentiellement de personnes incompétentes en matière des sondages, aucun mot. Qui sont les deux experts qui oeuvrent de fait pour son compte dans leurs bonnes relations avec les sondeurs ? Non plus.
La commission, aujourd'hui (comme hier), n'est donc qu'une chambre de blanchiments de leur « bonne volonté ». A en croire son président et son secrétaire général, les sondages, contrairement aux assertions de J-P. Sueur (ancien ministre et ancien sénateur), L. Bronner, et encore plus de A. Dézé, sont de bien meilleure qualité qu'avant (au temps du face à face ou du téléphone). Et ce grâce à son contrôle. Ils se sont même « permis » de ne pas répondre à certaines questions.
Un petit scoop pourtant. Pour améliorer, encore plus si l'on peut dire (à l'impossible nul n'est tenu) la qualité des sondages, une rencontre avec les critiques des sondages est prévue. D'ici peu ? Ce serait une première en plus de cinquante ans d'existence. Faut-il s'attendre à qu'A. Garrigou soit entendu ?